"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 19 mars 2024

Higoumène Mariam [Zacca]: Le labeur d'une vie

L'higoumène Mariam (Zacca) dirige une communauté monastique dans l'archidiocèse du Mont Liban de l'Église orthodoxe d'Antioche. Dans sa jeunesse, elle était spirituellement dirigée par le saint staretz Sophrony (Sakharov), qui la bénit pour fonder une sororité près du village de Douma. Vous trouverez ci-dessous ses réflexions spirituelles sur l'amour de ses ennemis.

Higoumène Mariam [Zacca]     

À la porte de chaque maison, au milieu de l'obscurité nocturne et de la chaleur du jour, dans le gel blanc de l'aube, le Seigneur frappe. Il nous dit : Mon fils, donne-moi ton cœur (Prov. 23:26). Il demande notre cœur pour le purifier avec Sa tendresse, pour le réchauffer avec Son amour, pour illuminer ses ténèbres avec Sa lumière et pour le purifier avec le feu de Son amour.

Il demande spécifiquement le cœur afin que celui-ci puisse apprendre l'amour divin dont il s'est éloigné à la chute : Apprenez de moi ; car je suis doux et humble de cœur (Mt. 11:29), car un cœur qui est brisé et humilié, Dieu ne le méprisera pas (Ps. 50:19). Si un homme se donne à Dieu de cette façon, alors le Seigneur l'entendra, parce que son cœur veut être lavé, être purifié du péché, aimer Dieu et son prochain, et son ennemi. Un tel cœur veut recevoir l'amour de Dieu et l'Esprit de Dieu, et il les reçoit par le contact de Dieu, par la grâce qui s'est déversée sur lui et par son consentement à l'appel de Dieu.

Lorsqu'un homme se rend à Dieu pour être purifié de toutes les souillures de son âme, de son corps et de son esprit, et pour être fait un réceptacle du Saint-Esprit, il commence à suivre le long et étroit chemin de l'amour tout au long de sa vie. Bien-aimés, cela ne peut être réalisé que par le strict respect des commandements de l'Évangile tout au long de notre vie. C'est l'œuvre de toute la vie d'un chrétien, et il n'y a pas d'autre œuvre qui serait plus noble, plus difficile et plus lumineuse.

L'amour qui est exigé de nous est l'amour qui nous sort des limites étroites de notre "je" afin que nous puissions voir Dieu en notre frère, notre prochain et notre ami. Mais le Seigneur attend plus de nous, parce que l'amour de Dieu ne connaît pas de limites. En plus de L'aimer et d'aimer son prochain, Il nous demande d'aimer nos ennemis.

Quel est le sens du commandement du Christ d'aimer [nos] ennemis (Mt. 5:44) ? Pourquoi le Seigneur a-t-il dit : Si quelqu'un est décidé à faire la volonté de Dieu, il reconnaîtra bien si mon enseignement vient de Dieu ou si je parle de ma propre initiative (Jn. 7:17) ? Comment saint Silouane l'Athonite comprend-il cela ?

Dieu est l'amour absolu, qui embrasse toute la création dans son abondance. Dieu est présent comme amour même en enfer. En donnant à l'homme une véritable connaissance de Son amour dans la mesure où il est capable de le recevoir, le Saint-Esprit lui révèle ainsi le chemin menant à la plénitude de son existence. Ceux qui ont atteint le Royaume des cieux et qui sont en Dieu, voient en Dieu tous les abîmes de l'enfer, parce qu'il n'y a pas de place dans toute la création qui ne connaisse pas la présence de Dieu. Habitant au ciel, les saints voient aussi l'enfer et l'embrassent aussi dans leur amour.

Saint Staretz Silouane l'Atonite
     

Frère Silouane a dit : « Le ciel et tous les saints vivent par le Saint-Esprit, et rien dans tout l'univers ne Lui est caché. Ceux qui détestent leur frère et le rejettent rabaissent leur propre existence. De telles personnes n'ont pas appris à connaître le vrai Dieu, qui est l'amour qui englobe tout, et ils n'ont pas trouvé le chemin qui mène à Lui. »

Le commandement du Christ d'aimer [nos] ennemis est le reflet de l'amour parfait du Dieu Trine dans ce monde ; c'est la pierre angulaire de tout notre enseignement orthodoxe. C'est la synthèse finale de toute notre théologie, afin que nous puissions avoir la vie, et ... l'avoir plus abondamment (Jn. 10:10). C'est ce que saint Jean-Baptiste en dit : Il vous baptisera du Saint-Esprit et du feu (Mt 3:11). Le commandement d'aimer vos ennemis est ce feu que le Seigneur est venu apporter sur terre ; c'est le Royaume de Dieu en nous, venez avec puissance (Mc 9:1) ; c'est notre ressemblance avec Dieu.

Aussi sage, érudit et noble qu'un homme puisse être, s'il n'aime pas ses ennemis, c'est-à-dire chaque personne, il n'a pas encore connu Dieu. Et d'autre part, peu importe à quel point une personne peut être simple, pauvre et ignorante, si elle porte cet amour dans son cœur, alors elle demeure en Dieu, et Dieu en elle (1 Jn. 4:16). Aimer nos ennemis avec compassion est impossible sans Dieu Lui-même, a déclaré saint Silouane. Le porteur d'un tel amour prend part à la vie éternelle et en a un témoignage indubitable dans son âme. Un tel homme devient un lieu de séjour du Saint-Esprit et un ami du Christ.

Bien-aimé, ces mots sont très difficiles à appliquer dans notre vie quotidienne, dans la communauté dans laquelle nous vivons, même s'il s'agit d'une communauté monastique, et plus encore dans le monde. Quelle est donc la solution ? Tous ont péché et sont privés à la gloire de Dieu (Rom. 3:23). Mais la gloire de Dieu a été révélée sur la Croix. C'est pourquoi un homme doit rester soumis sur la Croix du Christ chaque minute du jour et de la nuit, et alors Dieu ne nous quittera pas.

     

Je ne vais pas entrer dans le mystère de la douleur ici, quand, comme le Christ, nous nous crucifions même pour le bien de ceux qui ne nous aiment pas. Car la face de mon Christ est mon refuge, Son Évangile ma nourriture, et l'accomplissement de Ses commandements ma vie. 

Ainsi, en se crucifiant, l'homme quitte le royaume du raisonnable et du possible pour le Divin, pour la découverte du Royaume de Dieu déjà ici sur terre, et entre dans cette vie que personne ne peut embrasser. Mais il doit d'abord se repentir et prier en larmes pour ses péchés. Un tel homme cherche comment plaire à son Seigneur et passe sa vie en larmes et en prières, parce qu'il comprend que son cœur est impur, faible, volontaire, plein d'orgueil et dépourvu de capacité d'aimer vraiment. Un tel homme supplie Dieu de lui apprendre à aimer...

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

lundi 18 mars 2024

LE METROPOLITE ONUPHRE BÉNIT LA RÈGLE DE PRIÈRE SPÉCIALE DE CAREME POUR LES FIDELES UKRAINIENS

Métropolite Onuphre

Photo : news.church.ua
Kiev, le 15 mars 2024

     

Comme chaque année, le Primat de l'Église orthodoxe ukrainienne a béni les fidèles en leur demander d'adopter une règle spéciale de prière de carême pour la croissance spirituelle et pour la paix.

Dans son discours de carême, Son Béatitude le Métropolite Onuphre de Kiev et de toute l'Ukraine, donne la bénédiction aux fidèles pour "faire sept prosternations accompagnées de la prière de Jésus chaque jour - pour le pardon de nos péchés, et pour lire un chapitre du Saint Évangile - pour la paix sur notre terre et dans le monde entier".

Lisez son adresse complète :

Chers frères et sœurs ! Enfants bien-aimés de l'Église du Christ !

Par la grâce de Dieu, les jours du Grand Carême commencent - un moment spécial qui, à l'image de la parabole de l'Évangile, nous ramène de la lointaine terre du péché à la maison de notre Père céleste (Luc. 15:11-32).

Chaque année, la venue des jours salvifiques du Carême nous donne l'occasion de mettre de côté les œuvres des ténèbres (Rom. 13:12) et de revenir sur le chemin de la vie (Ps. 16:11). Cela est facilité à la fois par la période calendaire des quarante jours sacrés, coïncidant avec la saison de l'éveil de la nature du printemps, et par l'atmosphère pénitentielle spéciale des offices de Carême.

L'observation du Grand Carême est non seulement importante, mais aussi une condition essentielle pour [prendre] le bon chemin vers le salut. Le Grand Carême ouvre nos yeux spirituels et nous donne l'occasion de voir notre véritable moi devant Dieu, de nous analyser et de nous corriger à la lumière de l'éternité à venir. En instruisant ses enfants sur le temps du jeûne rempli de grâce, la Sainte Église nous rappelle que nous sommes appelés à être éclairés par la puissance spirituelle du Seigneur, qui est Lumière, et en qui il n'y a pas du tout de ténèbres (1 Jean. 1:5). La vie spirituelle véritable n'est pas seulement la renonciation au mal et la perfection morale, mais aussi l'acquisition de la Grâce du Saint-Esprit, la transformation de l'âme humaine par la puissance divine de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est ressuscité des morts.

Dans les jours sacrés des quarante jours, intensifions nos prières ferventes pour la paix au Dieu de la paix (1 Thess. 5:23). Que les fruits de notre jeûne soient l'accroissement de l'amour, la cessation de l'hostilité et de l'effusion de sang, l'éradication de la haine et de toute malice, afin que, ayant passé dignement l'épreuve de la lutte spirituelle, nous soyons morts au péché et vivants à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur (Rom. 6:11).

Chaque année, pendant les quarante jours sacrés, nous nous sommes imposé des règles de prière spéciales pour nous-mêmes. Cette année, les fidèles de notre Sainte Église ont la bénédiction pour faire sept prosternations avec la prière de Jésus chaque jour - pour le pardon de nos péchés, et de lire un chapitre du Saint Évangile - pour la paix sur notre terre et dans le monde entier.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

Père Victor Potapov: Dimanche du Pardon

 

Père Victor Potapov
Recteur de la Cathédrale St John the Baptist
Washington DC
USA

Chers frères et sœurs en Christ,

Il y a longtemps, on nous a appris à dire "Pardonne-moi".  Nous avons appris à dire ces mots dans notre enfance lorsque nous voulions que nos frères et sœurs continuent à jouer avec nous, ou que notre mère nous laisse regarder la télévision le soir.  Dans notre jeunesse, nous avons appris à les dire lorsque nous voulions reprendre une conversation téléphonique de plusieurs heures avec un ami ou chuchoter entre nous à notre pupitre à l'école...

          En tant qu'adultes, nous nous efforçons de faire la paix avec nos parents âgés lorsqu'ils se plaignent - avec ou sans raison - et de faire la paix avec ces mêmes amis proches et, en fin de compte, avec ceux que nous aimons.

          Cependant, avec l'âge, il arrive de plus en plus souvent que les mots "pardonne-moi" prennent un sens plus profond que lorsque nous les prononçons en passant, entre d'autres sujets et d'autres pensées. 

          C'est alors que cette phrase, si facile et commode pour résoudre les problèmes, devient insupportablement lourde et difficile.

          Elle reste coincée sur la langue, elle frappe avec force dans notre tête, elle nous serre la gorge.

          Il nous semble que nous pouvons nous convaincre de nous défaire de notre obligation de demander pardon, parce que nous n'avons pas le temps, ou parce que "les choses vont se résoudre d'elles-mêmes", ou parce que "il/elle a déjà compris".  Nous n'évoquerons même pas les excuses si commodes : "et puis, pourquoi devrais-je le faire ?" ou "c'est lui qui est en cause".

          Ainsi, les non-dits s'accumulent et le cœur est de moins en moins souvent saisi par la conscience.

          Nous nous habituons peu à peu au fait que marcher devient moins facile qu'avant, qu'il est plus difficile de respirer librement, et que croire n'est pas si simple.

          Il nous semble qu'il en a toujours été ainsi et qu'il en sera toujours ainsi.

          Puis vient le jour de l'année où nous sommes inévitablement et directement confrontés à la pensée de notre dette impayée.

          Il est alors impossible de se détourner, de rentrer la tête dans les épaules ou de se cacher derrière les excuses et les raisons habituelles.

          Et bien souvent, nous avons bien plus de dettes que celles qui nous viennent à l'esprit dans ces premières minutes :

          Les "Pardonne-moi" adressés aux parents - pour avoir été agacés par leurs conseils, par leurs plaintes routinières sur la santé.  Après tout, un jour, nous serons à l'autre bout du fil, à nous plaindre à nos enfants.

          "Pardonne-moi" à nos enfants - de ne pas passer des minutes et des heures avec eux, de ne pas les féliciter à haute voix, de ne pas éviter les paroles dures.

          "Pardonne-moi à ceux que nous aimons pour toutes nos actions qui ne correspondent pas au terme "amour". ...

          "Pardonne-moi" à ceux à qui nous sommes redevables - pour avoir si vite oublié la dette.

          "Pardonne-moi" à ceux qui nous sont redevables - pour nous être encore souvenus de cette dette.

 "Pardonne-moi" à Celui qui, avec tant d'amour et de sollicitude, nous a donné et continue à nous donner la vie, malgré le nombre de fois où nous avons oublié ou omis de dire "pardonnez"....

          "Pardonne-moi" à Celle qui supplie chaque jour son Fils de nous donner plus de temps pour nous souvenir et réaliser tout cela.

          Le plus souvent, ôter le poids du non-dit qui s'est solidement ancré en nous demande un grand effort.  Mais expérimenter une seule fois ce que c'est que de respirer profondément, de sentir combien il est plus facile de marcher la tête haute - c'est quelque chose que vous n'oublierez pas, quelque chose qui vous poussera à vous précipiter à la recherche de ce pardon chaque année.  Mieux encore : chaque jour.  Toute votre vie.

          Cela vaut la peine de passer cette journée à tirer de votre mémoire accommodante et oublieuse les personnes devant lesquelles votre culpabilité s'est accumulée depuis longtemps, ou qui sont apparues soudainement et par inadvertance alors que vous étiez en train de "courir à toute allure".  Ceux devant lesquels notre conscience nous dit que nous devons encore être acquittés.

          Deux mots : "Pardonne-moi". "

          Ils ne garantissent pas qu'à l'avenir nous ne commettrons pas d'erreurs ou que nous ne serons pas injustes, mais en eux réside la possibilité de retrouver la capacité de croire et d'aimer vraiment.

          Ainsi, alors que nous entamons notre pèlerinage vers la Terre Sainte de Pâques, pardonnez-moi, moi votre pasteur et recteur, toutes mes transgressions qui vous ont affectés, vous et les vôtres.

       Seigneur, aie pitié de moi pécheur !

En Christ

Père Victor Potapov

Version française Claude Lopez-Ginisty




dimanche 17 mars 2024

DIMANCHE DE LA Tyrophagie

St. Gérasime du Jourdain


Le calendrier des saints donne des jours fixes pour la commémoration de ces justes et saints, qui ne coïncident évidemment pas toujours avec un dimanche. 

Cette année, en cette période de pré-carême, un fil conducteur monastique a traversé ces commémorations et ce dimanche nous donne saint Gérasime du Jourdain. Il est né au début du Ve siècle en Lycie, en Cappadoce. Le Prologue d'Ochrid rapporte : "Ce saint bien connu a d'abord appris l'ascétisme dans la Thébaïde égyptienne, mais il s'est ensuite rendu au Jourdain et y a fondé une communauté d'environ soixante-dix moines qui subsiste encore aujourd'hui. Il formula une règle particulière pour son monastère : les moines passaient cinq jours par semaine dans leur cellule à tresser des paniers et des nattes ; ils n'avaient pas le droit de chauffer leur cellule ; pendant cinq jours, ils ne mangeaient qu'un peu de pain sec et quelques dattes ; les moines devaient laisser leur cellule ouverte, même lorsqu'ils sortaient, de sorte que chacun pouvait, s'il voulait quelque chose, le prendre dans la cellule d'un autre". Ils ne mangeaient ensemble que le week-end et c'était un repas de légumes bouillis. Ils buvaient aussi un peu de vin pour louer Dieu. Le Prologue rapporte également que "chaque moine apportait et déposait devant l'higoumène le travail qu'il avait accompli au cours des cinq jours précédents. Chaque moine n'avait qu'un seul vêtement. Saint Gérasime était un exemple pour tous. Pendant le Grand Carême, il ne mangeait rien d'autre que ce qu'il recevait dans la Sainte Communion". 

Les icônes de saint Gérasime le représentent toujours avec un lion. Cela rappelle l'histoire de la rencontre du saint avec un lion dans le désert. Le lion souffrait d'une épine à la patte. Le saint homme se signa, s'approcha et retira l'épine. Le lion s'apprivoisa tellement qu'il suivit le moine jusqu'à son monastère et resta avec lui. 

Concile de Chalcédoine

À la mort de saint Gérasime, le lion succomba à une maladie et mourut à son tour. Saint Gérasime démontre également que même les saints sont humains et ne sont pas infaillibles. À son époque, l'Église était troublée par l'hérésie monophysite (la négation des deux natures du Christ). 

Saint Euthyme le Grand

Le quatrième concile œcuménique, qui s'est tenu en 451, fut convoqué pour résoudre ce problème. Gérasime avait hésité et avait été tenté par l'hérésie. Il assista ensuite au concile de Chalcédoine et fut convaincu de la vérité de la doctrine orthodoxe par la prédication du grand saint Euthyme. C'est ainsi que saint Gérasime reçut sa récompense éternelle, en l'an 475, en tant que pilier de l'Orthodoxie et exemple pour nous tous.  

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Dans le livre The Lenten Spring, de Thomas Hopko, nous trouvons le paragraphe suivant au chapitre 4, qui a pour titre Return to the Father (Retour au Père).

"Les gens se sentent malheureux et ne savent pas pourquoi. Ils sentent que quelque chose ne va pas, mais ils n'arrivent pas à mettre le doigt sur ce qui ne va pas. Ils se sentent mal à l'aise dans le monde, confus et frustrés, aliénés et éloignés, et ils ne peuvent pas l'expliquer.

 Ils ont tout et pourtant ils en veulent plus. Et lorsqu'ils l'obtiennent, ils restent vides et insatisfaits. Ils veulent le bonheur et la paix, mais rien ne semble le leur apporter. Ils veulent être comblés, mais cela ne semble jamais advenir. Tout va bien, mais tout va mal. 

En Amérique, il s'agit presque d'une maladie nationale. Elle est recouverte par une activité frénétique et une course incessante. Elle est noyée dans les activités et les événements. Elle est noyée dans les programmes télévisés et les jeux. Mais lorsque le mouvement s'arrête, que l'écran est éteint et que tout est calme (.....), l'effroi s'installe, l'absurdité de tout cela, l'ennui et la peur s'installent. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que l'Église nous dit que nous ne sommes vraiment pas chez nous. Nous sommes en exil. Nous sommes aliénés et éloignés de notre véritable pays. Nous ne sommes pas avec Dieu notre Père sur la terre des vivants. Nous sommes spirituellement malades. Et certains d'entre nous sont déjà morts".

Ce passage résume l'éthique de la société contemporaine qui nous entoure. Bien que Père Thomas se réfère à l'Amérique, où il vivait, la même description s'applique à la plupart des sociétés contemporaines. À l'approche du Grand Carême, nous avons réfléchi à la question du jeûne et il est facile de gémir et d'être morose à ce sujet. Les disciplines du Carême remontent à plusieurs siècles et c'est pourquoi il n'est pas question de café, de fumer ou de regarder la télévision, pour ne citer que quelques exemples qui étaient inconnus au premier millénaire.  Quelle est la vertu du jeûne ? Est-ce la substitution [de nos aliments]par des produits végétaliens ? Les jours de jeûne mis à part, lorsqu'on nous demande ce que nous aimerions manger, nous pouvons répondre : "J'aimerais un pâté de porc" ou "J'aimerais un sandwich au fromage". L'essence du choix est que j'aimerais cela. La décision est entièrement centrée sur l'ego. Pendant le Grand Carême, et les jours de pénitence en général, nous sommes invités à ne pas nous mettre à la première place, mais à être plus effacés et, par conséquent, à nous centrer sur Dieu.

Lors de la liturgie du Dimanche du Carnaval, nous avons entendu la lecture d'un passage de l'Évangile dans lequel le Christ mentionne des actes de bonté tels que nourrir les affamés et visiter les malades. Cela pourrait être compris comme signifiant que la chose la plus importante est de faire quelque chose. Bien sûr, c'est important, mais deux semaines plus tôt, nous avons entendu, dans la lecture de l'Évangile, l'histoire du pharisien qui faisait ce qu'il fallait, c'est-à-dire jeûner et faire l'aumône, mais qui était critiqué à cause de ses motivations. C'est là que nous voyons le thème émerger. Aucune de ces leçons et aucun de ces avertissements ne sont isolés, mais ils font partie de quelque chose de beaucoup plus large et ne doivent pas être pris hors contexte. La parabole du Fils Prodigue constitue un élément central de ce thème en développement. Il a été distrait par les plaisirs du monde, mais lorsqu'il a repris ses esprits, il a dit : "Je me lèverai et j'irai vers mon père". Nous voyons ici la pensée qui sous-tend les textes liturgiques du Triode et la raison pour laquelle les expressions sont souvent à la première personne. Je me ressaisirai, j'abandonnerai les plaisirs du monde, je ferai l'effort de revenir à Dieu. Une vie égocentrique est facile, mais je dois dire à mon âme que la vie théocentrique [centrée sur Dieu] est la seule qui mène au salut. Je dois donc agir en conséquence.

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Saint Théophylacte


Le Grand Carême commence demain et nous sommes dans la dernière phase de notre préparation. La lecture de l'Évangile d'aujourd'hui (Matthieu 6, 14-21) est brève et tellement explicite que même le commentaire de Théophylacte est assez bref. Le chapitre 6 de l'Évangile selon saint Matthieu commence par les paroles du Christ sur l'aumône, dont il dit qu'elle doit être faite discrètement. Les donateurs qui font d'importantes donations charitables sous les feux de la rampe sont récompensés par les louanges du monde. 

Il nous est enseigné de ne pas rechercher les honneurs du monde, mais plutôt de faire ce qui plaît à Dieu. Le chapitre se poursuit par l'enseignement aux disciples de la prière, avec les paroles que nous connaissons sous le nom de "Notre Père". Nous arrivons ensuite aux versets qui sont lus dans la liturgie d'aujourd'hui.  Le commentaire attire notre attention sur la tristesse feinte des hypocrites, qui se sont grimés le visage. Ce stratagème théâtral, destiné à suggérer la douleur, est rejeté comme étant sans valeur.  Il y a ensuite une référence à l'huile, manifestement de l'huile d'olive. Une note de bas de page du traducteur, plus haut dans le commentaire, dit : ..... En grec, les mots pour "olive" et "miséricorde", elaias et eleos, sont très similaires à l'oreille, bien qu'ils ne soient pas liés par l'étymologie. Ces deux mots sont souvent associés l'un à l'autre. C'est un exemple où une nuance dans une langue peut être rendue, difficilement, dans une traduction. Ainsi, la référence à l'onction implique de faire preuve de miséricorde, ce qui s'exprime par l'aumône. La lecture se termine par le sujet qui est revenu plusieurs fois auparavant, la question des biens matériels. Qu'aimons-nous le plus, les choses de Dieu ou les choses de ce monde ? Le Seigneur dit : "Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur".                              

Les textes liturgiques d'aujourd'hui prennent pour cadre l'histoire d'Adam, mais nous retrouvons l'utilisation grammaticale de la première personne. Ici, on nous apprend à regarder l'essence plutôt que le récit. La base de l'histoire est la volonté de désobéissance, qui est aggravée par une tentative de rejeter la responsabilité sur quelqu'un d'autre. Lorsqu'on vous reproche une transgression, combien de fois n'avez-vous pas utilisé l'excuse suivante : "Ne me blâmez pas parce que.....ceci, cela ou autre chose" ? 

Dans le Canon et les autres textes liturgiques d'aujourd'hui, le pronom de la première personne est utilisé parce que je ne devrais pas examiner les fautes ou pointer du doigt la responsabilité d'une autre personne, Adam ou qui que ce soit d'autre, mais je m'accuse moi-même. 

Cette approche est démontrée à la fin des vêpres du dimanche après-midi, lorsque nous avons le rite du pardon mutuel. Nous nous demandons mutuellement pardon pour tous nos manquements, lorsque nous n'avons pas été à la hauteur de notre vocation chrétienne. Nous nous humilions devant nos frères et sœurs en Christ en reconnaissant nos propres faiblesses. 

Ce n'est que par une véritable humilité que nous pouvons nous rapprocher de Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND 


Bishop Irenei and Bishop Alexander Jointly Announce the Latter’s Retirement for Reasons of Health. | Епископ Ириней и епископ Александр совместно объявляют об уходе на покой последнего по состоянию здоровья. | Mgr Irénée et Mgr Alexandre annoncent conjointement la retraite de ce dernier pour raisons de santé.

Evêque Alexandre de Vevey

Lors de sa réunion ordinaire du mardi 21 février / 5 mars 2024, le Saint-Synode des Évêques a accepté la demande de la retraite de Son Excellence Mgr Alexandre, qui, depuis cinq ans, a exercé les fonctions d’évêque de Vevey, Vicaire du diocèse de Grande-Bretagne et d’Europe occidentale.

Communiquant la nouvelle au clergé du diocèse, le hiérarque dirigeant, Son Excellence l’évêque Irénée de Londres et d’Europe occidentale, a écrit :

« Comme beaucoup d’entre vous le savent, mon frère-hiérarque, Mgr Alexandre, souffre depuis longtemps et de plus en plus de problèmes de santé, qui sont pour lui une source de tristesse car ils nuisent gravement à sa capacité de voyager, de célébrer et d’accomplir d’autres tâches. Je suis profondément reconnaissant pour les prières que vous avez tous offertes et que vous continuez d’offrir pour la santé et la guérison de Son Excellence, notre cher Vladyka Alexandre ! C’est à la lumière de ces afflictions que, en dialogue avec moi et avec mon plein soutien, Son Excellence a demandé au Saint-Synode la retraite pour raisons de santé, que le Synode a à son tour accordée, avec ses prières. »

S’adressant conjointement au clergé, Mgr Irénée et Mgr Alexander ont ajouté : « Nous souhaitons souligner, ensemble, que cela ne signifie en aucun cas que notre frère Mgr Alexandre quitte le service de la Sainte Eglise, mais plutôt une adaptation aux nouvelles circonstances. Son Excellence reçoit la bénédiction de continuer à servir dans la paroisse protégée par Dieu de la Mégalo-martyre Sainte Barbara à Vevey, en Suisse … et il a indiqué qu’à l’instar des hiérarques retraités d’autres diocèses de notre Eglise, il aimerait continuer à visiter les paroisses — par exemple, pour la célébration du Sacrement de l’Onction pendant le Grand Carême, pour les fêtes patronales, etc. — et, plus généralement, poursuivre son assistance dans la vie diocésaine, dans la mesure où sa santé le permet. Cela nous apporte un grand bonheur et nous sommes impatients de faire appel à son Excellence et d’implorer ses saintes prières pour nous tous. »

L’évêque dirigeant a transmis ses remerciements pour le travail et les prières de son frère-évêque : « Je souhaite exprimer ma plus profonde gratitude à Son Excellence Mgr Alexandre pour tout ce qu’il a fait au cours de ces cinq années en tant que Vicaire, et pour tout ce qu’il continuera sûrement à faire pour la Gloire de Dieu dans son statut de retraité. »

En conclusion de leur communication commune, Mgr Irénée et Mgr Alexander ont écrit : « Nous saluons ensemble tous les prêtres, diacres, moines et fidèles de notre diocèse dans l’unité de l’amour chrétien et avec les prières que nous continuerons à offrir ensemble pour vous tous. Que Dieu Tout-Puissant vous fortifie tous alors que nous entrons ensemble dans la période sanctifiante du Grand et Saint Carême ! »


Source: 

orthodoxEurope

samedi 16 mars 2024

Père Raphael [Noica]: Irai-je en enfer? Dieu est fâché avec moi...


Dans cet enregistrement vidéo, Père Raphael [Noica],  disciple de St. Sophrony l'Athonite, qui vit maintenant comme un ermite dans les montagnes roumaines, nous réconforte et nous dit que "la perte est "impossible", parce que Dieu est tout-puissant et que Son amour n'est vaincu par aucun péché... Et Dieu "sait seulement" comment nous sauver, parce qu'Il aime".

Source vidéo : « Din ce moarte ne-a izbavit Hristos ? » 15 décembre 2005, Alba Iulia, Roumanie

Père Raphael: 

Pouvez-vous imaginer un Dieu en colère ? Oh, combien de fois j'ai vécu cela et je l'ai entendu de tant d'entre vous dans des lettres et dans des conversations : "peut-être que j'ai péché et que Dieu s'est fâché et ne veut plus m'entendre". C'est de l'hérésie ! J'ai commencé par dire qu'il est important de s'en souvenir : dans les moments difficiles où, en gardant notre esprit en enfer - pas comme Silouane - nous ne savons pas, nous n'avons pas cette expérience complète - mais quand j'ai un sentiment de culpabilité, quand je commence à ressentir mon péché [...] il n'y a pas besoin de se cacher derrière mon imagination ou dans les buissons comme Adam, ou quelque chose comme ça.

Il s'agit d'accepter qui je suis, peu importe à quel point je suis laid, peu importe à quel point je suis mauvais. Parce que de ce ce pécheur, que je suis pour de vrai, Dieu me fait sortir de ce péché. Et d'une part, Il est tout-puissant et Il peut me faire sortir de n'importe où, il n'y a pas de limite à la puissance de Dieu, d'autre part, Son amour, en bref, est vainqueur de tout péché. Eh bien, paradoxalement, plus je suis pécheur, plus l'amour de l'omnipotence de Dieu est rayonnant ou la toute-puissance de l'amour de Dieu se montre, parce qu'Il m'en sort, par les moyens que mon péché offre à Dieu, pour ainsi dire. Et je veux dire que si vous considérez l'amour de Dieu, est-il possible que l'homme périsse ?

La perdition est « impossible », parce que Dieu est tout-puissant et que Son amour n'est surmonté par rien, quel que soit le péché que j'ai commis. Alors pourquoi parlent-ils de la perdition ? Tout est une question de liberté humaine. Comme les anges, certains d'entre eux sont tombés et d'autres sont restés avec Dieu. 

La liberté est peut-être le point numéro un de cette image de Dieu et de la ressemblance avec Dieu. Si Dieu me sauvait par la force, ce ne serait pas un dieu, parce que je serais forcé. Il s'agit de ma liberté, de pouvoir dire non à la toute-puissance et à l'Amour de Dieu et de périr. Et c'est, dans le négatif, une mesure de la liberté de l'homme et de l'amour de Dieu dans laquelle Il a fait de l'homme comme Dieu. La même liberté peut, malgré tout, me conduire à la perdition et à la mort. Bien sûr, cette liberté est ce que Dieu m'a donné pour que, malgré tout, je puisse être sauvé. Et Dieu "sait seulement" comment nous sauver, parce qu'Il aime.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Orthodox Elders

vendredi 15 mars 2024

Métropolite Christophe de Jordanie: Le Jugement dernier arrive. Dois-je en avoir crainte?


Rejoignez l'archevêque Christophoros de Jordanie alors qu'il explore l'essence de notre voyage spirituel vers la vie éternelle. Découvrez pourquoi notre motivation devrait découler de l'amour plutôt que de la peur, ce qui nous amène à rechercher la purification, le repentir et la prière. 

Apprenez comment notre amour pour le Christ nous pousse à Le rencontrer, à Le voir et finalement à hériter de la vie éternelle. Trouvez l'inspiration pour la période de jeûne à venir en tant que période de préparation spirituelle et de recherche de la sainteté. Il s'agit d'un sermon enregistré le dimanche du Jugement dernier, le 27 février 2022, par l'archidiocèse orthodoxe grec - Amman - Jordanie.

Source vidéo (regardez la vidéo complète ici) : Archidiocèse orthodoxe grec - Amman - Jordanie

Archevêque Christophe :

Notre motivation pour la vie éternelle ne devrait pas être la peur de la punition du feu de l'enfer et du tourment éternel. Dans notre vie spirituelle, la peur est là pour nous conduire à la repentance, mais nous ne devrions pas nous arrêter à la peur ; nous devrions aller au-delà pour atteindre l'amour.

J'aime rencontrer Jésus, voir son visage, Le voir. Cet amour est notre motivation à prier, à nous purifier, et c'est pourquoi nous venons à l'Église, parce que nous aimons Jésus, nous voulons Le rencontrer et Le voir. Nous Le désirons ardemment. Nous L'adorons.

C'est pourquoi, par la prière de Jésus : « Seigneur, Jésus-Christ, aie pitié de moi, pécheur ! » nous essayons de nous purifier dans l'esprit et le cœur. Et notre vie plaît à Dieu en gardant les commandements divins et l'enseignement de l'Évangile et en faisant de bonnes actions par amour pour le Christ.

Le chrétien devrait faire de bonnes actions par amour du Christ, parce qu'il aime le Christ, et non pour la bonté ou à cause de la morale de la société ou de la culture. C'est une chose terrestre. Parce que chaque société a son éthique et sa morale.

Mais par notre lutte spirituelle, nous recevons l'esprit du Christ. Nous nous revêtons du Christ. Donc, tout ce que nous faisons vient du Christ et c'est pour le Christ : avec amour pour le Christ, avec amour pour le prochain et pour nous-mêmes.

Qu'est-ce que l'amour de soi ? Cela peut devenir un vice par l'égoïsme, quand nous ne nous voyons que nous-mêmes et ignorons les autres. L'amour de soi est notre capacité à devenir l'image de Dieu. Il cherche à purifier l'image de Dieu en nous, à hériter de la vie éternelle.

Afin que nous soyons prêts à entrer lorsque la porte de la vie éternelle s'ouvrira. « C'est la vie éternelle, afin qu'ils Te connaissent, le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que Tu as envoyé. » [Jean 17:3] Comment héritons-nous de la vie éternelle ? Cela arrive plus nous nous purifions, plus nous nous repentons et plus nous prions.

Le repentir et la prière mènent à la pureté du cœur et de l'esprit, et ainsi l'homme est capable de voir Dieu. C'est pourquoi notre motivation pour la vie éternelle est notre amour de rencontrer Dieu ; c'est très essentiel ! Ainsi, la période de jeûne à venir et toutes les périodes de jeûne dans l'Église devraient être une préparation spirituelle, afin que, par la pureté, le repentir et les prières, nous puissions voir Dieu et lutter pour atteindre la sainteté.

Parce que c'est le but de notre vie.

Version française Claude Lopez-GInisty

d'après

Orthodox Elders