"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 27 mars 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



14/27 mars
2ème dimanche de Carême – St Grégoire Palamas

Synaxe de tous les saints de la Laure des Grottes de Kiev ; Saint Benoît de Nursie, (543) ; saint Alexandre de Pidna en Macédoine, martyr (vers 310) ; saint Euschimon, évêque de Lampsaque, confesseur (IXème s.) ; saint Rostislav-Michel, prince (1167) ;  saint Théognoste, métropolite de Kiev (1353).

Liturgie de saint Basile le Grand

Lectures: Hébr. I, 10- II, 3 ; Hébr. VII, 26 – VIII, 2; Mc. II, 1-12 ; Jn. X, 9-16

L’ENSEIGNEMENT DE ST GRÉGOIRE PALAMAS[1]

À
 l’époque de St Grégoire Palamas, un moine originaire de Calabre, Barlaam (1290-1348), s’était acquis une brillante renommée dans les milieux intellectuels de la capitale, grâce à son habilité pour les spéculations abstraites. Il aimait particulièrement commenter les écrits mystiques de saint Denys l’Aréopagite, mais il en donnait une interprétation purement philosophique, ne faisant de la connaissance de Dieu que l’objet de froids raisonnements et non le fruit d’une expérience vécue. Ayant fait la connaissance de quelques moines simples à Thessalonique, ce délicat humaniste avait été scandalisé par leurs méthodes de prière et par la place qu’ils laissaient à l’élément sensible dans la vie spirituelle. Il prit cette occasion pour calomnier les moines et les accuser d’hérésie messalienne auprès du Synode permanent de Constantinople (1337). Les hésychastes firent alors appel à St Grégoire qui rédigea plusieurs traités, dans lesquels il répondait aux accusations de Barlaam en situant la spiritualité monastique dans une vaste synthèse théologique. Il y montrait que l’ascèse et la prière sont l’aboutissement de tout le mystère de la Rédemption et qu’elles sont le moyen offert à chacun pour faire éclore la grâce déposée en lui au baptême. Il défendait aussi le bien-fondé des méthodes utilisées par les hésychastes pour fixer l’intelligence dans le cœur, car, depuis l’Incarnation, c’est dans nos corps sanctifiés par les sacrements et greffés par l’Eucharistie au Corps du Christ que nous devons rechercher la grâce de l’Esprit. Cette grâce est la gloire de Dieu elle-même qui, jaillissant du corps du Christ le jour de la Transfiguration, a frappé les disciples de stupeur (cf. Mt XVII) et qui, lorsqu’elle resplendit dans notre cœur purifié de ses passions, nous unit vraiment à Dieu, nous illumine, nous déifie et nous donne un gage de la gloire qui brillera aussi sur le corps des saints après la Résurrection générale. En affirmant ainsi la pleine réalité de la déification, Grégoire ne niait pourtant pas que Dieu soit absolument transcendant et inconnaissable dans Son essence. À la suite des saints Pères, mais de manière plus nette, il distingue en Dieu l’essence imparticipable et les énergies éternelles, créatrices et providentielles, par lesquelles le Seigneur fait participer les êtres créés à Son Être, à Sa vie et à Sa lumière, sans toutefois n’introduire aucune division dans l’unité de la Nature divine. Pour saint Grégoire, Dieu n’est donc pas le concept des philosophes, mais il est Amour, Personne vivante et feu dévorant, comme l’enseigne l’Écriture, et Il fait tout pour nous déifier. D’abord reconnues par les autorités de l’Athos en 1340, les réfutations du saint furent ensuite adoptées par l’Église, qui condamna Barlaam — et avec lui l’humanisme philosophique qui devait bientôt animer la Renaissance européenne — au cours de deux conciles réunis à Sainte-Sophie, en 1341.

Tropaire du dimanche, ton 2
Егда́ снизшéлъ ecи́ къ смéрти, Животé безсме́ртный, тогда́ а́дъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́: eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
Tropaire de St Grégoire Palamas, ton 8
Правосла́вiя свѣти́льниче, Цépкве утвержде́нie и yчи́телю, мона́ховъ добро́то,  богосло́вовъ побо́рниче непpeбори́мый, Григо́рiе чудотво́рче, Фeccaлонíтская похвалó, проповѣ́-дниче благода́ти, моли́cя вы́ну спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Flambeau de l’Orthodoxie, soutien et docteur de l’Église, modèle des moines, défenseur invincibles des théologiens, ô Grégoire thaumaturge, fierté de Thessalonique, prédicateur de la Grâce, intercède toujours pour le salut de nos âmes. 

Kondakion de St Grégoire Palamas, ton 8
Прему́дрости свящéнный и Боже́ственный opга́нъ, богосло́вія свѣ́тлую coглácно трyбу́, воспѣва́емъ тя́ Григо́рiе Богоглаго́льниче ; но я́ко у́мъ умý пе́рвому предстоя́й, къ Нему́ у́мъ на́шъ О́тче наста́ви, да зове́мъ : ра́дуйся проповѣ́дниче благода́ти.

Instrument sacré et divin de la Sagesse, porte-voix lumineux de la théologie, nous te chantons d’une seule voix, Grégoire aux paroles divines ; mais toi qui es intelligence devant la Première Intelligence, conduis vers Elle notre intelligence, pour que nous te clamions : réjouis-toi, ô père, prédicateur de la Grâce.


Kondakion du triode, ton 4
Ны́нѣ вpéмя дѣ́лательное яви́ся, при двépexъ cýдъ, воста́немъ у́бо постя́щеся, пpинесе́мъ сле́зы умиле́нія, ми́лостынями, зову́ще : coгрѣши́хомъ па́че песка́ морска́го, но осла́би содѣ́телю всѣ́xъ, я́ко да пріи́мемъ нетлѣ́ныя вѣнцы.

Maintenant est venu le temps de nous mettre à l’œuvre, le jugement est proche ; hâtons-nous donc de jeûner, apportons les pleurs de componction avec des œuvres de miséricorde et disons : nos péchés sont plus nombreux que les grains de sable de la mer, mais Toi, le Créateur de toutes choses, pardonne-nous, afin que nous recevions les couronnes incorruptibles.

Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR LE JEÛNE

C'est aujourd'hui un jour de fête et d'allégresse, et notre assemblée est plus nombreuse qu'à l'ordinaire. A quoi faut-il l'attribuer? Au jeûne. C'est le fruit de sa présence, ou plutôt de son approche. Le jeûne nous rassemble dans la maison de notre père; le jeûne réveille notre zèle, et nous ramène dans les bras de notre mère. Mais si l'attente seule nous inspire une telle ardeur, combien plus sa présence même nous rendra-t-elle vigilants et attentifs ! Une ville que doit visiter un gouverneur sévère sort de son engourdissement, et déploie toute son activité. Mais que cette comparaison du jeûne avec un gouverneur sévère ne vous effraye pas; ce n'est pas pour vous qu'il est redoutable, c'est pour les démons. Qu'un homme soit agité de l'esprit impur, montrez-lui seulement la figure du jeûne; enchaîné par la crainte, il deviendra calme et aussi immobile qu'un terme, surtout s'il voit associée au jeûne sa sœur et sa compagne, je veux dire la prière. Cette espèce de démon, dit Jésus-Christ, ne se chasse que par le jeûne et la prière. (Matth. XVII, 20) Puisque le jeûne chasse les ennemis de notre salut, et qu'il est redoutable à nos adversaires les plus terribles, nous devons, loin de le craindre, le chérir et l'embrasser avec joie. C'est l'ivresse, c'est l'intempérance, et non le jeûne, qu'il faut redouter. L'intempérance nous charge de fers, elle nous livre à la tyrannie de nos passions comme à un maître dur et cruel, au lieu que le jeûne, brisant nos liens, nous affranchit du joug insupportable d'une odieuse servitude, et nous rend la liberté que nous avions perdue. Si donc il combat nos ennemis, s'il nous fait passer de l'esclavage à la liberté, où trouver une preuve plus forte de son amour pour l'espèce humaine ? La plus forte preuve d'amitié que l'on puisse donner à quelqu'un, n'est-ce pas d'aimer ce qu'il aime et de haïr ce qu'il hait? Voulez-vous apprendre comment le jeûne est le plus bel ornement de l'homme, et sa plus forte défense, pensez à l'ordre bienheureux et admirable des solitaires. Ils ont fui le tumulte de ce monde pour se réfugier sur le sommet des montagnes, et se formant des cabanes dans la solitude, comme dans un port tranquille, ils ont pris le jeûne pour leur associé et pour leur compagnon. Le jeûne en a fait des anges; il les élève au faîte d'une philosophie sublime, et non seulement eux, mais tous ceux encore qui dans les villes suivent fidèlement ses leçons. Moïse et Elie, qui s'élèvent comme des tours sublimes parmi les prophètes de l'Ancien Testament, ces hommes si illustres et si grands, avaient beaucoup de crédit auprès de Dieu; cependant toutes les fois qu'ils voulaient en approcher et converser avec lui, autant qu'il est possible à un simple mortel, ils avaient recours au jeûne, qui les conduisait comme par la main auprès de la Divinité. Aussi lorsque Dieu eut créé l'homme, il le mit aussitôt entre les mains du jeûne, comme entre les mains d'une mère tendre et d'un excellent maître. Ces paroles : Tu peux manger de tous les fruits des arbres de ce jardin, mais ne touche pas au fruit de l'arbre de la science du bien et du mal (Gen. II, 16, 17), sont une espèce de précepte du jeûne. Or, si le jeûne était nécessaire dans le paradis terrestre, à plus forte raison l'est-il dans le monde. Si le remède était utile avant la blessure, à plus forte raison l'est-il après; si nous avions besoin d'armes lorsque les passions ne nous avaient pas encore déclaré la guerre, à plus forte raison le jeûne nous est-il nécessaire, maintenant que les passions et les démons se liguent pour nous combattre. Si Adam avait écouté la première parole de Dieu, il n'eût pas entendu cette seconde : Tu es terre et tu retourneras en terre. (Gen. III, 19.) C'est parce qu'il a désobéi qu'il a trouvé la mort, les ronces, les épines, le travail, une vie agitée par les inquiétudes, une vie plus triste que la mort même.


VIE SUCCINCTE DE SAINT BENOÎT DE NURSIE

Saint Benoît naquit à Nursie en Italie vers 480. Il abandonna vers l’an 500 toutes les richesses paternelles et ses parents eux-mêmes pour se retirer dans la solitude ; à Enfide d’abord, puis à Subiaco où, se rapprochant de Dieu par la vertu et les exercices ascétiques, il obtint de Lui le don des miracles et des guérisons. Son exemple suscita de nombreux imitateurs ; c’est pourquoi il construisit un monastère sur le mont Cassin en Campanie et fixa ses règles de vie monastique. Il mourut en paix vers 547. Une partie de ses saintes reliques se trouvent aujourd’hui au Mont Cassin, et une autre, en France.



[1] Tiré du Synaxaire du P. Macaire de Simonos Petras

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