"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 30 janvier 2018

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (8)



Le martyre sous le régime oustachi
Le jour même de la proclamation de « l’État indépendant de Croatie », le 10 avril 1941, le métropolite Dosithée fut arrêté par les oustachis avec son diacre Lazare Živandinović. Le jour de l’arrestation, il était malade et alité. Il fut conduit à moitié déshabillé dans la rue, où l’on se moquait de lui et on le frappait. Il fut ensuite incarcéré à la prison de la rue Petrinjska, de sinistre réputation, à Zagreb. Il s’y trouva en compagnie des pires criminels. Un témoin a écrit : « Il était terrible de voir le vieux métropolite Dosithée, malade, infirme et complétement épuisé par les coups, se trouvant dans le corridor de la prison parmi les criminels ». Selon le récit du gardien, parmi ceux qui excellaient dans la violence à l’égard du métropolite, se trouvait l’étudiante Stilinović de Gospić. Elle le frappait à coup de revolver sur la tête et les mains, lui arrachait la barbe et lui crachait au visage. Un diplomate occidental, Arnold Robert, qui regarda le métropolite à travers un trou dans la porte de la cellule s’est écrié : « Ô mon Dieu, quelles sauvageries font ces gens !». Un autre témoin rapporte qu’une prostituée avait rossé le métropolite. On avait promis la liberté à celle-ci à condition qu’elle frappât le prélat à coup de matraque. Le métropolite fut frappé à ce point qu’il perdit connaissance. Ne souhaitant pas que le métropolite mourût en prison, les oustachis l’amenèrent à l’hôpital des sœurs catholiques de la charité. Au lieu de le soigner, les « sœurs » se moquaient de lui et lui faisait subir des sévices presque quotidiennement.

Le 7 mai 1941, il fut transféré dans un état grave à Belgrade, à la prison de la Gestapo. Se vantant de ses « exploits », Božidar Cerovski, chef de la police oustachie, raconta que « le métropolite a été exposé à de telles souffrances, à la fois physiques et mentales, que lorsqu’on le mit dans le train pour Belgrade, il était à peine en vie ». Arrivé à la gare, il perdit connaissance. À Belgrade, selon le témoignage de l’un des médecins de la prison, deux SS amenèrent le métropolite en haillons, respirant difficilement et n’étant pas en état de parler. Tout son corps était couvert d'ecchymoses et de contusions. Il fut ensuite transféré au sanatorium Žiković, où il resta une quinzaine de jours, inconscient. Selon le témoignage du métropolite Joseph de Skoplje, locum tenens du trône patriarcal serbe, il était « sans vêtements, sans sous-vêtements et chaussures » et  le rapport de l'hôpital à l'arrivée à Belgrade mentionnait : "Le métropolite est dans un état de stupeur grave et de désorientation psychique : il parle difficilement, de façon incohérente, indistincte et ne réagit à aucun contact physique, comme un objet chaud, des piqûres, ou une pression. Son visage est ecchymosé, boursouflé, couvert de suffusions sanguines. Les poils de la barbe et les cheveux sont arrachés par endroits couverts de sang. La poitrine, le dos, les épaules et les bras sont couverts d’ecchymoses et sont enflés, les poignets, les avant-bras et la main sont enflés, bleus, déformés. Les cuisses sont couvertes de bleus, les genoux enflés et les mouvements articulatoires lui sont impossibles. Sa langue est pendante, bleue et sanglante. Le blessé est fébrile, montrant des signes d'insuffisance cardiaque aiguë et manifestant des signes bronchiques. Le test des réflexes est impossible en raison des enflures, comme ceux des yeux, en raison du sang et de l’arcade sourcilière enflée qui ferme complètement l’orbite. La partie inférieure de l'abdomen est gonflée à cause de la rétention d'urine. Toute la nature des blessures externes et internes sont d’une nature traumatique grave, infligés par des objets contondants ». Le métropolite Joseph de Skoplje lui rendit visite et écrivit : « Il m’a reconnu. Il était heureux de ma venue, il pleurait et se plaignait des actes criminels ‘de ceux de Zagreb’ contre lui. Il était encore tout boursouflé, dans le vague, mais calme, bien qu’apeuré ».  Un riche commerçant belgradois le fit sortir du sanatorium, et l’hébergea chez lui, dans de bonnes conditions et entreprit de le faire soigner. Après un séjour à l’hôpital, où les médecins constatèrent qu’ils ne pouvaient rien faire, il fut placé au monastère de l’Entrée au Temple de la Mère de Dieu, à Belgrade, le 15 février 1943. Selon le rapport du métropolite Joseph de Skoplje, « Les moniales l’accueillirent comme un parent qui autrefois les avait aidées à chaque occasion. Il eut là une grande chambre et disposait d’une infirmière jour et nuit, tel un ange gardien… On voit chez lui de l’apathie et un déclin mental »,

 Le 13 janvier 1945, le métropolite Dosithée mourut des séquelles de ses blessures et fut enterré au monastère de l’Entrée au Temple au de la Très sainte Mère de Dieu (« Vavedenje »), à Belgrade.

La canonisation
Le 8 mai 1998, le Concile des évêques de l’Église orthodoxe serbe a canonisé le hiéromartyr Dosithée. En 2008, ses reliques ont été exhumées et reposent désormais au monastère de l’Entrée au Temple de la Très sainte Mère de Dieu. Le 22 décembre 2010, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe d’Ukraine a pris la décision d’entrer dans son ménologe le saint. La mémoire du saint hiéromartyr Dosithée a été fixée 13 janvier (31 décembre, selon l’ancien calendrier). Sa mémoire est également fêtée le jour des saints de Russie subcarpathique.


Saint Dosithée, prie Dieu pour nous!


Version française Bernard Le Caro

BIBLIOGRAPHIE

Досифей - Православная энциклопедия Т. 16, С. 51-52

Вељко Ђурић Мишина, "Српска Православна Црква у НДХ 1941-1945”, Ветерник 2002. год.

Мемоари Патриарха Српског Гаврила, Paris 1974

Сергей Фомин, Апостол Камчатки Митрополит Нестор Анисимов

Свято-Богородицкий Леснинский монастырь, Madrid 1973

Митролит Јосиф Мемоари, Cetinje 2006

Храм Памятник в Брюсселе, Moscou 2005

"Православная Карпатская Русь", 15-ХI-1932. г.

Bosko Bojović, L’Église orthodoxe serbe, Histoire, spiritualité, modernité, Belgrade 2015

Confessor Dositej Vasic, Fr. Milovan Katanic,

Галина Гуличкина, «Восемнадцать лет в Индии», http://www.pravoslavie.ru/sm/54046.htm

Священноисповедник Досифей (Васич), митрополит Загребский, Карпаторуский

Иеромонах Игнатий (Шестаков) Когда террор становится законом Церковный вестник, № 21 (250) 2002 г.

Sv. Dositej Zagrebački, http://radiosvetigora.wordpress.com

Свети исповедник Доситеј Васић, Митрополит загребачки www.spc.rs/ sveti ispovednik dositej vasitsh mitropolit zagrebachki.

Два Христова апостола, стубови СПЦ у делу спољашње мисије…

Časa stradanja 1941-45

К. А. Фролов,Апостол Карпатской Руси
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lundi 29 janvier 2018

Communiqué de presse du 15 janvier 2018: Le clergé orthodoxe et les laïcs prennent position contre les diaconesses…


WASHINGTON - Cinquante-sept ecclésiastiques et leaders laïques orthodoxes, y compris les chefs de deux importants séminaires orthodoxes des États-Unis, ont publié une déclaration publique appelant les dirigeants de l'Église à défendre l'enseignement orthodoxe sur la création et la mention de l'homme en tant qu'homme et femme en s’opposant à la nomination des diaconesses dans l'Église orthodoxe.

La déclaration fait suite à une déclaration publique publiée en octobre par neuf érudits en liturgie orthodoxe aux États-Unis et en Grèce, exprimant leur soutien à la décision du Patriarcat d'Alexandrie de novembre 2016 de «restaurer» l'ancien ordre des diaconesses et sa nomination de diaconesses en février 2017 en République démocratique du Congo.

L'Église catholique romaine a également fait le premier pas vers la nomination de diaconesses avec la création par le pape François en 2016 d'une commission chargée d'étudier la question. Cette commission est dirigée par Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. La moitié des membres de la commission sont des femmes. L'une d'elles, Phyllis Zagano, professeur de religion à l'Université Hofstra, est une partisane notoire des diaconesses.

Plusieurs églises protestantes, y compris les anglicans, les luthériens, les méthodistes et les presbytériens, ont commencé à nommer des femmes diaconesses au XIXe siècle. La plupart ont depuis ordonné des femmes à tous les ordres supérieurs tels que prêtre et évêque.

La déclaration des opposants orthodoxes aux diaconesses remet en cause la représentation liturgique de la place des diaconesses dans la tradition orthodoxe et soulève de graves questions doctrinales liées à l’ordination des diaconesses. On se demande aussi si la nomination de diaconesses par Alexandrie au Congo a ravivé un ordre ancien ou institué un nouvel ordre avec un nom ancien.

Les signataires comprennent 35 prêtres et sept diacres, ainsi que 15 laïcs (dont quatre femmes) qui sont professeurs d'université ou éditeurs de journaux. Ils appartiennent à sept juridictions orthodoxes: l'archidiocèse orthodoxe antiochien d'Amérique du Nord (AOCANA), le patriarcat œcuménique (au Royaume-Uni), l'archidiocèse orthodoxe grec d'Amérique (GOAA), le patriarcat grec orthodoxe d'Alexandrie (Afrique), l’Église orthodoxe en Amérique (OCA), l'Église orthodoxe russe hors frontières (ROCOR/ ERHF) et le Mont Athos en Grèce.

Pour plus d'informations, contactez le Protodiacre Brian Patrick Mitchell à protodeaconpatrick@gmail.com.

*

Déclaration publique sur les diaconesses orthodoxes par le clergé et des laïcs inquiets

La nomination par le Patriarcat d'Alexandrie de six «diaconesses» au Congo en février 2017 a suscité des appels dans certains lieux pour que d'autres églises locales suivent leur exemple. En particulier, un groupe d'érudits en liturgie orthodoxe a publié une déclaration ouverte de soutien à Alexandrie, déclarant que "la restauration du diaconat féminin est telle que ni les questions doctrinales ni les précédents faisant autorité ne sont en jeu." (1)

Nous, le clergé et les laïcs soussignés, sommes d’un avis différent et nous écrivons maintenant avec trois objectifs: remettre en question ce qui a été accompli au Congo, clarifier le dossier historique sur la place des diaconesses dans la tradition orthodoxe, et souligner les graves problèmes doctrinaux soulevé par la nomination des diaconesses.

Tout d'abord, concernant ce qui a été accompli au Congo, nous remarquons que le patriarche d'Alexandrie n'a pas utilisé le rite d'ordination byzantin pour les diaconesses (2). Il a imposé les mains [chirothèse] sur une femme en la faisant «diaconesse de la mission». Il a prié ensuite sur cinq autres femmes utilisant une "prière pour celui qui entre dans le ministère ecclésiastique", bénédiction générique dans l’euchologe épiscopal en langue grecque pour le laïc qui commence un travail dans l'église. Il n'avait encore donné d'orarion à aucune des femmes, mais les cinq femmes avaient aidé au lavement des mains, comme le feraient les sous-diacres. Tout cela n'a pas été fait pendant la Divine Liturgie, comme lors d’une ordination, mais à la fin de celle-ci. Ces faits, en plus des rapports anecdotiques d'Afrique selon lesquels ces nouvelles diaconesses ont été assignées aux devoirs des lecteurs, remettent en question l'affirmation selon laquelle ce qui s'est passé au Congo, était vraiment une "restauration du diaconat féminin", car leur manière de faire et leurs tâches ne ressemblent que partiellement à celles des anciennes diaconesses.

Deuxièmement, ce que l'on peut dire avec certitude de la présence historique, du rôle et du statut des diaconesses dans l'Église orthodoxe, c'est que la séparation des femmes comme diaconesses n'était qu'un des moyens par lesquels l'Église primitive cherchait à protéger la pudeur des femmes en confiant à certaines d’entre elles des tâches telles qu’aider lors du baptême et de l'onction des femmes adultes et rendre visite aux femmes dans leurs foyers où et quand les hommes n'y étaient pas autorisés, strictement dans les limites spécifiées pour les femmes par les saints apôtres dans les Saintes Écritures. Les devoirs et le statut des diaconesses variaient avec le temps et le lieu, tout comme la façon dont celles-ci étaient nommées. Les mêmes devoirs étaient également assignés aux veuves, aux femmes laïques, au clergé masculin, ou aux moniales, ainsi le besoin de diaconesses n'existait pas universellement. 



Une grande partie de l'Église ancienne n'a jamais eu de diaconesses. En dehors de la Syrie, de l'Anatolie, de la Grèce et de la Palestine, les diaconesses étaient rares ou inexistantes (3).




L’institution des diaconesses n'était pas non plus sans créer de controverse. Plusieurs conciles locaux ont interdit leur nomination (Nîmes en 396, Orange en 441, Épaone en 517, Orléans en 533) et de nombreux textes témoignent du souci des Pères de l'Église de minimiser leur rôle, parfois en faveur des veuves. 



L'ordre semble avoir atteint son apogée au cinquième ou sixième siècle, survivant principalement dans les grandes villes orientales comme office honorifique pour les pieuses nobles, les épouses des hommes devenus évêques, et les chefs des communautés monastiques féminines. 



Le canoniste du douzième siècle Théodore Balsamon écrivit que les «diaconesses» de Constantinople n'étaient pas de vraies diaconesses à son époque. Un siècle plus tard, saint Athanase, patriarche de Constantinople, ordonna qu'aucune nouvelle diaconesse ne fût faite. Des propositions dispersées et des tentatives de nommer à nouveau des diaconesses aux XIXe et XXe siècles n'ont pas reçu suffisamment de soutien pour provoquer une relance durable de l'ordre. Même maintenant, d'autres églises orthodoxes autocéphales ne se sont pas précipitées pour suivre l'exemple d'Alexandrie.





Troisièmement, certains reprochent aux opposants aux diaconesses leurs préjugés purement culturels envers les femmes, mais cette accusation traite l'Église elle-même de façon injuste, voire méprisante, en ignorant les objections prudentielles légitimes à la création de diaconesses motivées par le souci sincère de la préservation de respect manifestement apostolique de la distinction entre homme et femme, à laquelle notre monde post-chrétien est de plus en plus hostile.





La déclaration des liturgistes elle-même donne lieu à une telle préoccupation. Son argument pour «raviver» l'ordre de diaconesse ne repose pas sur les besoins des femmes à être servies par les diaconesses - besoins qui nécessitent d'une certaine manière l'ordination, besoins que les moniales, les laïcs hommes ou femmes ou le clergé ne rencontrent pas encore. Au contraire, l'argument de la déclaration est basé sur le besoin supposé des femmes d'être diaconesses. Les faire diaconesses serait une «réponse positive» au «monde contemporain», une «opportunité pour les femmes qualifiées d'offrir à notre époque leurs dons uniques et spéciaux» et une «façon spéciale» de souligner la «dignité des femmes et de donner reconnaissance de leur contribution au travail de l'Église. » (4) Ces justifications dénigrent la vocation des laïcs orthodoxes, impliquant que seuls les clercs servent l'Église de manière significative, contrairement à la croyance orthodoxe selon laquelle tous les chrétiens orthodoxes reçoivent les dons du Saint-Esprit et un appel personnel à servir l'Église lors de la sainte Chrismation.





La déclaration des liturgistes montre aussi clairement qu'ils n'entendent pas là, une véritable «restauration» de l'ancien ordre des diaconesses; leur but est un nouvel ordre du clergé autorisé à faire des choses jamais accomplies par les diaconesses orthodoxes et dans certains cas explicitement interdites par les prescriptions apostoliques et les canons de l'Église. 



Ils feraient prêcher des femmes, ce que les apôtres et les Pères n'ont jamais permis à l'Église. Ils laissent ouverte la question des autres devoirs liturgiques, n'admettant aucune limitation que les évêques doivent respecter. Ils s'interrogent sur l'importance des «qualités et qualifications», doutant que les diaconesses doivent être mûres et non mariées, malgré l'ancienne règle, sur laquelle saint Justinien avait le plus insisté au sixième siècle en tant qu'empereur, à savoir que les diaconesses doivent être au moins d'âge moyen, et rester célibataire comme diaconesses.(5)



L'affirmation la plus sinistre des liturgistes est leur note subtile, en prévision de l'opposition populaire, selon laquelle "une préparation et une éducation adéquates" ne sont pas nécessaires aux femmes pour être nommées diaconesses mais "aux personnes qui seront appelées à recevoir, honorer et respecter les diaconesses assignées à leurs paroisses.» Clairement, ils prévoient la nécessité d'obliger les membres du clergé et les laïcs à accepter les diaconesses, ce qui est un manque de confiance au Saint-Esprit ou de respect traditionnel de l'Église orthodoxe pour l'autorité épiscopale.



En résumé, l'accent mis par la déclaration sur la satisfaction des femmes, le mépris de la tradition et le recours à la force témoigne d'une perspective et d'une approche féministes compatibles avec le monde occidental sans foi, mais pas avec l'Église orthodoxe. Plus de preuves de la perspective des liturgistes est disponible ailleurs. Par exemple, deux des liturgistes ont appelé à la suppression d'Éphésiens 5 du rite du couronnement au motif que cela est incompatible avec la pensée moderne et donc susceptible d'être mal compris. Ils suggèrent une épître différente ou peut-être une version aseptisée d'Ephésiens 5 sans le verset 33 ("Néanmoins, chacun de vous en particulier aime sa femme comme lui-même, et la femme doit veiller à révérer [phobétai, craindre] son ​​mari." ) (6)



Compte tenu de cet état de foi, nous croyons que la nomination de diaconesses sous quelque forme que ce soit à l'époque actuelle est susceptible de diviser l'Église et de désoler les fidèles en remettant en question la compréhension fondamentale de la nature humaine telle que la conçoit l'Église. 



Dieu a fait de chacun de nous un homme ou une femme et a ordonné que nous vivions en conséquence comme un homme ou une femme. Il nous a aussi fourni de nombreux préceptes faisant autorité qui distinguent les hommes et les femmes, dans la Loi, dans les saints Apôtres, dans les canons de l'Église et dans la littérature de nos saints Pères, dans des passages trop nombreux pour être cités. Mais si les lois, les canons et les préceptes ne suffisent pas à nous repentir, Dieu nous a donné deux modèles distincts d'humanité parfaite, un homme et une femme: Jésus Christ, le Verbe Incarné de Dieu, et Sa Mère Très Pure, la Théotokos (Génitrice de Dieu), dont les icônes sont toujours devant nous dans le culte comme des rappels de ce que nous sommes censés être en tant qu'hommes et femmes.



Pourtant, il existe des défenseurs des diaconesses qui souhaitent voir les femmes traitées comme les hommes dans l'Église comme dans le monde et qui utilisent le rite de «l'ordination» (chirotonie) des diaconesses dans une poignée de livres d’offices byzantins pour soutenir que les diaconesses étaient jadis «clergé majeur». Ces avocats convoitent le rang, l'honneur et l'autorité du clergé. Certains voudraient que les diaconesses soient semblables aux diacres, avec pour seule différence qu’elles sont des femmes. Ils mettraient fin à l'ordre naturel et économique des hommes et des femmes pour élever les femmes au-dessus des hommes dans la hiérarchie de l'Église. Ils «ordonneraient» des femmes jeunes, mariées et avec enfants, et ils leur donneraient un rôle vocal dans le culte et toute l'autorité qu'un diacre pourrait exercer sur les hommes aussi bien que sur les femmes. Les liturgistes ne vont pas si loin, mais leur déclaration laisse ouverte cette possibilité en ignorant ou en remettant en question les limites traditionnelles des diaconesses, tout en soulignant la prérogative exclusive des évêques de faire des diaconesses ce qu'ils veulent.



Nous ne pouvons donc pas prendre au sérieux l'affirmation des liturgistes selon laquelle «la restauration du diaconat féminin est telle que ni les questions doctrinales ni les précédents faisant autorité ne sont en jeu.» Nous ne pouvons pas non plus accepter leurs assurances que les diaconesses d’aujourd'hui ne conduiront pas à des prêtresses demain, sachant où des innovations incrémentales similaires ont conduit dans les communions hétérodoxes. 



Nous ne devons pas non plus penser seulement à ce que nous pourrions nous-mêmes tolérer aujourd'hui. Nous devons penser en terme de génération. Tout comme les enfants qui grandissent dans des paroisses avec des lectrices ont plus tendance à croire lorsqu’ils sont adultes, que les femmes devraient être diacres ou diaconesses, les enfants qui grandissent dans des paroisses avec des diaconesses seront plus enclins à croire adultes, que les femmes devraient être prêtres et évêques.



Nous exhortons donc tous les hiérarques orthodoxes, les autres membres du clergé et les théologiens à défendre l'enseignement dogmatique de l'Église concernant la création et la vocation de l'homme en tant qu'homme et femme en résistant à l'appel entraînant la division à nommer des diaconesses.

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Version française Claude Lopez Ginisty

d’après



NOTES

1. Evangelos Theodorou, et al., “Orthodox Liturgists Issued a Statement of Support for the Revival of the Order of Deaconess by the Patriarchate of Alexandria,” Panorthodox Synod, https://panorthodoxcemes.blogspot.ca/2017/10/orthodox-liturgists-issued-statement-of.html?m=1, Oct. 24, 2017.

2. Voir “Το Πατριαρχείο Αλεξανδρείας για Διακόνισσες και Αγία Σύνοδο,” [Le Patriarcat d’Alexandrie au sujet des diaconesses et du Saint Concile] Romfea, http://www.romfea.gr/epikairotita-xronika/11485-to-patriarxeio-alejandreias-gia-diakonisses-kai-agia-sunodo, 16 novembre 2016; et, “Στην Αφρική εόρτασε τα ονομαστήρια του ο Πατριάρχης Θεόδωρος,” [Le patriarche Théodore a célébré sa fête onomastique en Afrique] Romfea, http://www.romfea.gr/patriarxeia-ts/patriarxeio-alexandreias/13147-stin-afriki-eortase-ta-onomastiria-tou-o-patriarxis-theodoros-foto, 18 février, 2017.

3. Pour une étude en profondeur du sujet voir : Aimé Georges Martimort, Deaconesses: An Historical Study, trans. K.D. Whitehead (San Francisco: Ignatius Press, 1986). Pour une étude approfondie, voir Brian Patrick Mitchell, “The Disappearing Deaconess: How the Hierarchical Ordering of the Church Doomed the Female Diaconate,” http://www.brianpatrickmitchell.com/wp-content/uploads/2012/09/Disappearing-Deaconess-2017-03-10.pdf.

4. La « réponse positive » et la « façon spéciale » sont tirées d’un rapport du Symposium inter-orthodoxe à Rhodes en 1988, intitulé “The Place of the Woman in the Orthodox Church and the Question of the Ordination of Women” (Istanbul: The Ecumenical Patriarchate, 1988), que les liturgistes citent favorablement.

5. L’âge minimum pour les diaconesses ont changé plusieurs fois au cours des années : l’empereur St Théodose le Grand le fixa dans sa législation à 60 ans en 390, à savoir l’âge fixé par l’apôtre Paul pour être inscrites sur le rôle (cf I Tim. 5,9). Le 15ème canon de Chalcédoine l’a abaissé à l’âge de 40 ans en 451. La Novelle 6 de St Justinien l’a élevé à 50 ans en 535, faisant une exception pour les femmes vivant dans des ermitages et n’ayant pas de contacts avec les hommes. Sa Novelle 123 a abaissé de nouveau l’âge à 40 ans en 546, ce qui fut confirmé par le canon 14 In Trullo en 692.

6. Alkiviadis Calivas et Philip Zymaris, “Ephesians 5:20-33 as the Epistle Reading for the Rite of Marriage: Appropriate or Problematic?” Public Orthodoxy, https://publicorthodoxy.org/2017/09/08/ephesians-rite-of-marriage/, 4 novembre 2017.

(notes traduites par B. Le Caro)

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Signataires de la pétition

  • Archimandrite Luke (Murianka), D.A. (Cand.)
    Rector & Associate Professor of Patrology, Holy Trinity Orthodox Seminary (ROCOR)
  • Archpriest Chad Hatfield, D.Min., D.D.
    President, St. Vladimir’s Orthodox Theological Seminary (OCA)
  • Archpriest Alexander F.C. Webster, Ph.D.
    Dean & Professor of Moral Theology, Holy Trinity Orthodox Seminary (ROCOR)
  • Protopresbyter George A. Alexson, Ph.D. (Cand.)
    Holy Apostles Greek Orthodox Church (GOAA), Sterling, VA
  • Mitred Archpriest Victor Potapov
    St. John the Baptist Russian Orthodox Cathedral (ROCOR), Washington, DC
  • Archimandrite Demetrios (Carellas)
    Greek Orthodox Archdiocese of America (GOAA)
  • Archpriest A. James Bernstein
    St. Paul Orthodox Church (AOCANA, Lynnwood, WA
  • Archpriest Lawrence Farley
    St. Herman of Alaska Orthodox Church (OCA), Langley, BC
  • Archpriest Stephen Freeman
    St. Anne Orthodox Church (OCA), Oak Ridge, TN
  • Archpriest Fr. Thaddaeus Hardenbrook
    Saint Lawrence Orthodox Church (GOAA), Felton, CA
  • Archpriest Lawrence Margitich
    St. Seraphim of Sarov Orthodox Church (OCA), Santa Rosa, CA
  • Archpriest Patrick Henry Reardon
    All Saints Orthodox Church (AOCANA), Senior Editor, Touchstone, Chicago, IL
  • Archpriest Peter Heers, D.Th.
    Assistant Professor of Old and New Testament, Holy Trinity Orthodox Seminary (ROCOR)
  • Archpriest Geoffrey Korz
    All Saints of North America Orthodox Church (OCA), Hamilton Ontario
  • Archpriest Miroljub Srb. Ruzic
    St. Nicholas the Wonderworker Orthodox Church (OCA), Center for Slavic and East European Studies, The Ohio State University, Columbus, OH
  • Archpriest David C. Straut
    St. Elizabeth the New Martyr Orthodox Church (ROCOR), Rocky Hill, NJ
  • Archpriest John Whiteford
    St. Jonah Orthodox Church (ROCOR), Spring, TX
  • Hieromonk Patrick (John) Ramsey, Ph.D.
    (ROCOR) [On loan to the Metropolis of Limassol, Cyprus], Distance Tutor, Institute for Orthodox Christian Studies, Cambridge, England
  • Hieromonk Alexander (Reichert)
    Acting Abbot, SS. Sergius & Herman of Valaam Monastery (ROCOR), Atlantic Mine, MI
  • Hieromonk Alexis Trader, D.Th.
    Karakallou Monastery, Mt. Athos (Greece)
  • Fr. John E. Afendoulis
    St. Spyridon Greek Orthodox Church (GOAA), Newport, RI
  • Fr. Kristian Akselberg, D.Phil. (Cand.)
    St Andrew’s Greek Orthodox Church (Ecumenical Patriarchate}, London, England
  • Fr. Christopher Allen
    SS. Joachim and Anna Orthodox Church (ROCOR), San Antonio, TX
  • Fr. John Boddecker
    SS. Theodore Orthodox Church (ROCOR), Buffalo, NY
  • Fr. Ignatius Green
    Holy Virgin Protection Russian Orthodox Church (ROCOR), Nyack, NY, Editor, St Vladimir’s Seminary Press
  • Chaplain (Major) George Ruston Hill,
    U.S. Army (OCA) Ethics Instructor, The Judge Advocate General’s Legal Center and School, Charlottesville, VA
  • Fr. Johannes Jacobse
    St. Peter the Apostle Orthodox Church (AOCANA), Bonita Springs, FL
  • Fr. Nathaniel Johnson
    Saint Lawrence Orthodox Church (GOAA), Felton, CA
  • Fr. Andrew Kishler
    St. George Antiochian Orthodox Church (AOCANA), Spring Valley, IL
  • Fr. Seraphim Majmudar
    Saint Nicholas Greek Orthodox Church (GOAA), Tacoma, WA
  • Chaplain (Captain) Christopher Moody
    U.S. Army (GOAA) Fort Sill, OK
  • Fr. John A. Peck
    All Saints of North America Orthodox Church (GOAA), Sun City, AZ
  • Fr. John Schmidt
    (OCA-ROEA) St. Elias Orthodox Church, Ellwood City, PA
  • Fr. Gregory Telepneff, Th.D.
    Senior Research Scholar, Center for Traditionalist Orthodox Studies
  • Protodeacon Jeremiah Davis
    Greek Instructor, Orthodox Pastoral School in Chicago, Christ the Savior Orthodox Church (ROCOR), Wayne, WV
  • Protodeacon Brian Patrick Mitchell
    St. John the Baptist Russian Orthodox Cathedral (ROCOR), Washington, DC
  • Deacon Nicholas Dujmovic, Ph.D.
    Visiting Assistant Professor, Department of Politics, The Catholic University of America, Protection of the Holy Mother of God Orthodox Church (OCA-ROEA), Falls Church, VA
  • Deacon Stephen Hayes, D.Th.
    Archdiocese of Johannesburg and Pretoria, Greek Orthodox Patriarchate of Alexandria and All Africa
  • Deacon Alexander William Laymon
    Colonel, U.S. Army, Retired, St. Herman of Alaska Orthodox Church (ROCOR), Stafford, VA
  • Deacon Michael Pavuk
    Director of Development, Holy Trinity Orthodox Seminary (ROCOR), Jordanville, NY
  • Deacon Ananias Sorem, Ph.D.
    Lecturer in Philosophy, California State U. Fullerton, Falling Asleep of the Ever-Virgin Mary Church (OCA-ROEA), Anaheim, CA
  • Teena H. Blackburn
    Lecturer in Philosophy and Religion, Eastern Kentucky University
  • David Bradshaw, Ph.D.
    Professor of Philosophy, University of Kentucky
  • Mark J. Cherry, Ph.D.
    Professor in Applied Ethics, Department of Philosophy, St. Edward’s University 
  • Corinna Delkeskamp-Hayes
    Editor, Christian Bioethics, Freigericht, Germany
  • Tristram Engelhardt, Jr., Ph.D., M.D.
    Professor, Rice University, Professor Emeritus, Baylor College of Medicine
  • Bruce V. Foltz, Ph.D.
    Emeritus Professor of Philosophy, Eckerd College
  • David Ford, Ph.D.
    Professor of Church History, St. Tikhon’s Orthodox Theological Seminary (OCA)
  • Nancy Forderhase, Ph.D.
    Emerita Professor of History, Eastern Kentucky University
  • Ana S. Iltis, Ph.D.
    Professor of Philosophy, Director, Center for Bioethics, Health and Society, Wake Forest University
  • Nathan A. Jacobs, Ph.D.
    Visiting Scholar of Philosophy, University of Kentucky, President, 5Sees Production Company
  • Joel Kalvesmaki, Ph.D.
    Editor in Byzantine Studies, Dumbarton Oaks
  • James Kushiner
    Executive Editor, Touchstone, Chicago, IL
  • George Michalopulos
    Editor and Publisher, Monomakhos.com
  • Sampson (Ryan) Nash, MD, MA
    Director, Ohio State University Center for Bioethics, Associate Professor of Medicine, Ohio State University College of Medicine
  • Alfred Kentigern Siewers, Ph.D.
    Associate Professor of English, Bucknell Universit
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Protodiacre Brian Patrick Mitchell
protodeaconpatrick@gmail.com

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dimanche 28 janvier 2018

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

15/28 janvier
Dimanche du Pharisien et du Publicain
Début du Triode de Carême

Saint Paul de Thèbes, ermite (341) ; saint Jean le Calybite (Vème s.) ; saint Pansophos, martyr à Alexandrie (vers 240-251) ; saints Procore de Ptchina (Serbie, Xème s.) et Gabriel de Lesnovo (XIème s.) ; saint Gérasime, patriarche d’Alexandrie (1714) ; saint hiéromartyr Michel (Samsonov), prêtre (1942).


Saint Paul de Thèbes


Lectures : II Тim. III, 10-15; Lc. XVIII, 10-14.

AU SUJET DU TYPICON ET DU TRIODE DE CARÊME

A

ujourd’hui commence le cycle des fêtes mobiles, le Triode commençant le dimanche du Pharisien et du Publicain et s’achevant avec la Semaine de la Passion. Ce cycle tire son nom d’un livre liturgique, le « Triode », appelé ainsi en raison de certains canons des matines qui s’y trouvent et ne contiennent que trois odes, tandis qu’habituellement celles-ci sont au nombre de neuf. Le ton général du Triode dit « de carême » est celui de la prière unie à la pénitence. Le Triode contient des compositions appartenant à une vingtaine d’hymnographes, dont les plus célèbres remontent aux VIIIème et IXème siècle : André de Crète, Cosmas de Maïouma, Jean Damascène, Joseph, Théodore et Syméon les Studites, l’empereur Léon le Sage, Théophane le Marqué, et d’autres encore. Leurs préceptes, exprimés dans les offices, enseignent aux chrétiens orthodoxes depuis plus de mille ans de quelle manière il convient de passer le temps du Grand Carême. La préparation du Grand Carême commence peu après la Théophanie, parce que Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même,  après Son baptême, s’éloigna dans le désert pour jeûner. Par cette préparation, la sainte Église, agit dans ses offices « comme un général qui, par des paroles opportunes et sages, encourage ses soldats avant le combat » (synaxaire du jour). Pour cette raison, elle montre en ce jour que l’humilité est le commencement et le fondement du repentir : « Par l’élévation (de soi-même) tout bien se vide, par l’humilité tout mal est purifié » (canon des matines). Au cours de la semaine du Publicain et du Pharisien, il est permis de manger toute nourriture, même le mercredi et le vendredi, afin de dénoncer l’orgueil du Pharisien, qui se vantait de jeûner deux fois par semaine.  Selon les paroles du saint hiérarque Athanase de Kovrov (†1962), « les offices et les règles de prières n’ont pas été créés par hasard ou n’importe comment. Tous ces offices, tout ce qui se trouve dans le Typicon [livre contenant les règles de célébration de l’office] et les livres liturgiques, est, pour la plupart, le fruit des labeurs dans la prière des meilleurs enfants de l’Église, les grands saints de Dieu. Ceux-ci consacraient toute leur vie à la prière incessante, brûlaient de l’aspiration pour le monde céleste. Ils « préféraient la rudesse du désert à toutes les douceurs du monde entier » (kondakion de St Gérasime) et, s’éloignant complètement des hommes, devenus habitants du désert, ils « affermirent l’univers par leurs prières » (tropaire de St Antoine le Grand), et, lorsqu’ils « chantaient les saintes prières, ils avaient pour concélébrants les anges » (tropaire de St Spyridon). L’Église a reçu et conservé ces paroles sacrées, dans lesquelles ils épanchaient leur âme devant Dieu. La Sainte Église, guidée par l’Esprit Saint a, dans la richesse de l’expérience de prière de ses meilleurs fils, rassemblée de cette façon, choisi ce qu’il y avait de meilleur, de plus nécessaire, puis l’a systématisé, corrigé ce qui était inachevé, et a ajusté le tout en une unité harmonieuse. C’est ainsi que s’est constitué le Typicon que les anciens écrivains russes appelaient non sans raison « un livre inspiré ».


Tropaire du dimanche du 1er ton
Кмени запеча́тану отъ Iyде́й и во́иномъ стрегу́щымъ пречи́стое Tѣ́ло Tвое́, воскре́слъ ecи́ тридне́вный, Cпа́ce, да́руяй мípoви жи́знь. Ceго́ ра́ди си́лы небе́сныя вопiя́xy Tи, Жизнода́вче : сла́ва Bocкреcéнію Tвоемý Xpисте́ ; сла́ва Ца́рствiю Tвоему́ ; сла́ва cмотре́нiю Tвоему́, еди́не Человѣколю́бче.
La pierre étant scellée par les Juifs et les soldats gardant Ton Corps immaculé, Tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, donnant la Vie  au monde ; aussi, les Puissances des cieux Te crièrent : Source de Vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection, gloire à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique Ami des hommes!


Kondakion du dimanche du pharisien et du publicain, ton 4
Фариcé́eва убѣжи́мъ высоко-глаго́ланія, и мытарéвѣ научи́мся высотѣ́ глаго́лъ смирéнныxъ, покая́нieмъ взыва́юще: Cпа́ce мípa, oчи́сти рабы́ Tвоя́.
Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité d’un langage humble, criant dans le repentir : « Sauveur du monde, purifie Tes serviteurs ».

COMMENTAIRES DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
« Quelles persécutions j'ai endurées, et comment le Seigneur m'a tiré de toutes ». Voilà deux grands motifs d'encouragement. J'ai montré une généreuse ardeur, dit saint Paul, et Dieu de son côté ne m'a pas abandonné; ma couronne a été d'autant plus glorieuse que j'avais plus souffert. Voilà ce qu'il veut dire par ces mots : «Quelles persécutions j'ai endurées, et comment le Seigneur m'a tiré de toutes ». «Ainsi tous ceux qui veulent vivre avec piété en Jésus-Christ seront persécutés ». Pourquoi parler de moi en particulier? dit-il, est-ce que tout homme qui voudra vivre dans la piété ne sera pas persécuté? Par persécutions il entend ici les peines et les tribulations de la vie. On ne peut point marcher par le chemin de la vertu et être exempt de chagrin, d'affliction, de douleur, d'épreuves de toutes sortes. Comment en serait-il autrement puisque c'est marcher dans la voie étroite et resserrée , puisqu'il a été dit : « Vous aurez des tribulations dans ce monde? » (Jean, XVI, 33.) Si de son temps Job a pu dire : « La vie de l'homme sur la terre n'est qu'une épreuve continuelle » (Job, VII, 1), combien cela: est-il plus vrai encore aujourd'hui ? « Mais les hommes méchants et les imposteurs avanceront de plus en plus dans le mal, égarant les autres, et s'égarant eux« mêmes ». Si les méchants sont dans la joie et vous dans les épreuves, ne vous en troublez pas : la nature des choses le veut ainsi. Mon histoire vous apprendra que l'homme qui fait la guerre aux méchants ne peut pas ne pas être dans la tribulation. L'athlète ne peut vivre dans les délices ; le lutteur ne saurait se livrer à la bonne chère. Est-ce qu'un soldat connaît le repos et les délices? La vie présente est un combat,une guerre, une tribulation perpétuelle, une angoisse sans fin, une épreuve, c'est un stade où les luttes sont incessantes. Le temps du repos viendra plus tard, le temps présent est celui des travaux et des fatigues. Est-ce que l'athlète qui est déjà entré dans la lice, qui a déposé ses vêtements et qui s'est frotté d'huile demande à se reposer? Si vous voulez vous reposer, pourquoi êtes-vous entré dans la lice? Il ne vous reste plus qu'à lutter…
OUVRE-NOUS LES PORTES DE LA PÉNITENCE, DONATEUR DE VIE !
Le premier dimanche du Triode, à savoir celui du Pharisien et du Publicain, a été appelé « annonciateur » des combats spirituels, car il est comme une trompette qui nous annonce la préparation du combat contre les démons lors du carême qui vient.
Le premier signal de cette préparation au combat est constitué par les trois stichères qui sont chantés immédiatement après l’Évangile des Matines : « Ouvre-moi les portes de la pénitence, Donateur de vie… », « Conduis-moi sur les chemins du salut… » et « Me souvenant de la multitude de mes mauvaises actions… ». Ces stichères nous emplissent de componction et bouleversent nos cœurs. À leur lumière, nous voyons notre âme et notre corps souillés par les nombreuses actions mauvaises que nous avons accomplies. Nous voyons encore notre vie passée, gaspillée dans l’oisiveté, alors que le Jugement redoutable approchera soudain. Que ferons-nous ? Une profonde affliction et la crainte nous saisissent et jettent de l’ombre sur notre âme. Mais à ce moment, se manifeste un rayon d’espoir : la miséricorde infinie du Seigneur, la prière pleine de force de la Mère de Dieu et l’œuvre de notre purification et de notre renouveau par la pénitence, dont s’ouvre maintenant la porte. L’espoir nous renforce et nous donne la hardiesse de crier, le cœur brisé, avec le prophète David : « Aie pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde… » Ces trois stichères que nous avons mentionnés, nous parlent de la pénitence et nous enseignent toujours à l’accomplir en faisant un retour sur nous-mêmes et en réfléchissant à notre vie dans le péché ; en gardant à l’esprit la crainte du Jugement redoutable ; dans l’espoir et la confiance en la miséricorde Divine. Les sentiments de crainte et d’espoir qu’éveillent en nous ces stichères, doivent nous accompagner constamment durant le Grand Carême. C’est pourquoi nous les entendrons aux matines dès maintenant, chaque dimanche de Carême, jusqu’au cinquième.
Le deuxième signal de préparation au Carême nous est donné dans l’exemple évangélique du Pharisien et du Publicain (Lc XVIII, 10-14) qui, avec les lectures et les chants des Vêpres et des Matines nous invite à cette réflexion : « Frères, ne prions pas à la manière du Pharisien, car celui qui s’élève sera humilié. Humilions-nous devant Dieu à la manière du Publicain, au moyen du jeûne, en criant : ô Dieu, aie pitié de nous pécheurs » (Stichère du Lucernaire). « Le Pharisien vaincu par la vanité… fut privé de Tes biens et l’autre, n’osant parler, fut rendu digne de Tes dons » (idem).
Comme nous l’explique le Synaxaire du dimanche[1],  la parabole nous présente deux états de l’âme : celui du Publicain, auquel nous devons aspirer, et celui du Pharisien, dont nous devons nous tenir éloigner et fuir. Car l’humilité et la pénitence du Publicain se sont avérées décisives dans le combat contre les démons, tandis que l’orgueil et la jactance du Pharisien ont constitué le commencement et la source de tout péché. En effet, c’est l’orgueil qui a causé la chute du diable et c’est le même péché qui a fait expulser Adam du paradis, tandis que la guérison du monde est venue avec l’humilité, celle du Fils de Dieu, qui a pris la forme du serviteur et a subi la mort honteuse sur la Croix. C’est un exemple vivant que nous donne la parabole. Le Pharisien était un homme juste, tandis que le Publicain était un pécheur. Celui-ci, cependant, revint chez lui justifié. En reconnaissant son état de pécheur, il acquit la justice rapidement et sans peine. Non seulement cela, mais tous ceux qui se sont humiliés ont été justifiés, comme le dit le doxasticon des Vêpres du dimanche : « Seigneur Tout-Puissant, je sais ce que peuvent les larmes : elles relevèrent Ezéchias des portes de la mort ; elles délivrèrent la pécheresse de ses fautes accomplies durant de nombreuses années ; et elles justifièrent le Publicain bien plus que le Pharisien ». Ainsi, l’humilité purifie rapidement et soulage du fardeau du péché, comme le dit le Christ Lui-même : « Quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc XVIII, 14). Lorsqu’il s’humilie, l’homme se purifie du péché et commence à acquérir la Grâce Divine, qui le recouvre et empêche le péché de l’assiéger. Pour cette raison, l’Apôtre Pierre dit que « Dieu donne la grâce aux humbles » (I Pierre V, 5). L’humilité devient le liturge de la grâce dans l’homme, tandis que l’œuvre de la grâce mène à l’acquisition de toutes les vertus. De même que l’orgueil est la source de tout mal, l’humilité est la source de toutes les vertus.
Père Petronios (+2011) du Mont Athos


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[1] Le Synaxaire est l’explication de l’événement commémoré ou la vie du saint du jour, placée après l’ikos dans le canon des Matines. Bien que faisant partie de l’office liturgique, il n’est pas lu à l’église.