"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 7 août 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


18. Portrait spirituel de Jordanville (Fin)
Disons à présent quelques mots sur la manière dont le monde extérieur perçoit le monastère de Jordanville, par quelques descriptions vivantes. Union Soviétique, milieu des années soixante. une certaine Ludmila, voisine du monastère et représentative de l'intelligentsia qui allait partir à Diviyevo en bus... Un de ses compagnons de voyage, un charmant vieil homme commença à parler avec elle.
" Alors, où allez-vous?"
" A Diviyevo."
"Oh... Il n'y a plus rien de bien intéressant à Diviyevo. Ils ont emporté beaucoup de choses de l'Eglise. Même chose à Sarov. C'est là que les savants nucléaires se sont retranchés. C'est comme s'ils avaient établi le communisme là-las, et c'est pour cela qu'ils ne laissent personne y aller. Quelques uns de nos objets saints sont cachés là-bas, mais les plus importants ont bien sûr été emportés."
" Emportés...mais où?"
" Eh bien au-delà des mers à l'étranger évidemment. Il y a aussi une église russe là-bas. Elle a un nom étranger bien sûr, la villa de Jordan. C'est là que sont gardées ces reliques."
C'est ainsi que les gens simples, en Russie captive percevaient Jordanville. Pourtant en Amérique, les gens voyaient et voient encore Jordanville différemment. Un jour un professeur d'une université américaine vint au monastère. Il admirait grandement le fait que la culture médiévale soit préservée à Jordanville: tout le monde était habillé en longue robe noire, les hommes s'occupaient de tout, et il n'y avait pas de femmes. Selon lui, tout ce qui précède permettait de compléter l'image culturelle de la société américaine.
Les voisins, fermiers américains, avaient des attitudes variées par rapport au monastère de Jordanville. Pendant la guerre froide, beaucoup considéraient le monastère avec suspicion, car 'américain moyen considérait tous les russes comme des communistes.
De nos jours, le monastère reste une énigme pour beaucoup de ses voisins américains. Un jour quelques uns de nos séminaristes sont allés dans une ville voisine, où par hasard ils ont engagé la conversation avec des adolescents du lieu qui leur ont dit les choses suivantes:
"Nous savons qui vous êtes! Vous servez la princesse."
" Quelle princesse?"
" Eh bien, celle qui vit dans votre château avec les tours ( ils parlaient du monastère). Et vous tous, vous êtes ses serviteurs."
" Allons, comment en êtes-vous arrivés à cette conclusion?"
" Non, vous ne pouvez pas le nier. C'est vrai. Nous avons même un portrait de votre princesse; celui de l'entrée principale."
Ayant dit cela, l'un d'entre eux sortit une photo de l'icône de la Très Sainte Mère de Dieu, qui est en fait dans l'église principale de la cathédrale du monastère.
Quelle anecdote extraordinaire! Quand un des séminaristes qui prit part à la conversation, me raconta cela, je fus abasourdi. D'un côté, cela me rendait triste que nos voisins non-orthodoxes n'aient absolument aucune idée qde ce qui se passe au monastère, d'un autre côté, j'ai compris qu'une grande vérité était révélée par le biais de ces américains un peu simples. Notre monastère est indubitablement sous la Protection de la Reine des Cieux: il y a plusieurs icônes de la Très Sainte Mère de Dieu, qui sont considérées comme miraculeuses par les fidèles, et l'église du cimetière est dédiée à la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu.
La Très Pure Vierge protège sans aucun doute le monastère de la Sainte Trinité des épreuves et tribulations. Sans Sa protection, les forces du mal se seraient emparé des moines il y a longtemps. En attendant, ces puissances jaugent les moines, prennent leurs mesures. Il y a quelques années quelqu'un a écrit le chiffre de l'Antéchrist (666) avec une peinture indélébile sur la chaussée, en face de l'entrée du cimetière du monastère.

Il est évident qu'une confrontation manifeste avec les puissance du mal est encore à venir. Ce n'est pas pour rien que le mémorable archimandrite Serge ( Romberg) avait l'habitude de dire qu'il y aurait des martyrs dans notre monastère. Sa prophécie, s'est en partie révélée vraie. En 1997 les honorables reliques de celui qui fut diaboliquement martyrisé, José Muñoz, Gardien de l'icône myrrhoblyte d'Iviron, furent apportées au monastère pour leur repos éternel. Pourtant, Père Serge qui utilisait le pluriel quand il parlait de ces martyrs, voulait probablement dire qu'il y aurait des martyrs parmi les frères
O Seigneur, aide-nous à en être dignes!
Je ne voudrais pas terminer le Patéricon de Jordanville sur une note aussi triste, car à la fin, ce n'est pas seulement Jordanville, mais toute l'Eglise combattante du Christ qui finira son chemin au Golgotha. Et la vision du monde des moines de Jordanville a toujours été raisonnablement apocalyptique et eschatologique. Les meilleurs représentants de Jordanville ont toujours été prêt à faire face au jour de la tentation finale. Comment se seraient-ils comportés face aux serviteurs de l'Antécrist? Sans aucun doute, ils n'auraient pas hésité, ils n'auraient pas été ébranlés, ils auraient levé leurs yeux au ciel en criant joyeusement: "Viens, Seigneur Jésus!" Ils se seraient réjouis de ce que l'heure de leur délivrance soit proche.
Et ainsi, sur cette note joyeuse et sans tristesse, je te dis adieu, cher lecteur. Je demande ton pardon pour les inexactitudes possibles de ce récit.
*
Accorde Seigneur, le repos à l'âme de Tes serviteurs qui ont œuvré au monastère de la Sainte Trinité, et par leurs saintes prières accorde que nous puissions atteindre le havre très lumineux de Ton Royaume.
(Travail basé sur les souvenirs des frères du monastère de la Sainte Trinité, ses anciens séminaristes et les membres plus âgés du monastère; les lettres et notes des diaires des moines d'après les archives de l'atelier d'imprimerie de Saint Job de Potchaïev; les articles publiés dans les magazine " Orthodox Russia", "Orthodox Life", "Orthodox Way", "Russian Pastor".
Certaines photographies viennent des archives du magazine " Orthodox Russia".)
Fin & Gloire à notre Dieu!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

2 commentaires:

Osmund Kilrule a dit…

merci beaucoup pour ce partage sur la vie a Jordanville.

femme russe a dit…

Je cherchais ce genre d'info et je suis tombée sur votre blog. Merci google! Cet article et les autres que j'ai lu avant sur votre blog m'ont vraiment plu. J'aime bien aussi votre façon de voir les choses et de sélectionner des idées. En tout cas, un bon blog que je recommande sans restriction !