"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 30 septembre 2008

Saint Eucher de Lyon: Eloge de la solitude




Éloge de la Solitude

Lettre Au saint seigneur Hilaire, prêtre de Lérins, à la fois bienheureux par le mérite et très glorieux dans le Christ.

Le beau geste d'Hilaire
Après avoir dit adieu, naguère, avec un grand courage, à ta maison et à tes proches, tu as pénétré déjà dans les retraites profondes de la mer immense. 

Mais tu as eu plus de vertu encore pour regagner la solitude que pour y venir la première fois ! En y sollicitant une place comme étranger d'abord, tu avais un maître et comme un guide de ta route. Tu retrouvais, en le suivant, un père pour remplacer les parents que tu avais quittés. Mais maintenant qu'il a été appelé à la dignité pontificale, tu as cru que tu devais l'accompagner, et ensuite ton amour du désert t’a ramené à la solitude amie. Tu nous donnes donc un exemple plus noble et plus grand. En venant au désert, tu paraissais te rendre auprès d'un frère. En y revenant, c'est ce frère même que tu abandonnes et quel frère ! Et de quelle dignité ! Et entouré par toi de quelle dilection ! Et attaché à toi-même par quelle tendresse singulière ! A l'amour d'un tel homme, tu ne pouvais rien préférer, si ce n'est peut-être l'amour du désert. Et certes, par cette préférence, tu n'as pas attesté que tu l'aimais peu, mais que tu aimais le désert un peu plus. Tu as donné la preuve de la grandeur de ton amour de la solitude en triomphant pour elle d'un très grand amour. Mais qu'est-ce donc en toi, que cet amour de la solitude, si on ne l'appelle l'amour de Dieu ? 

Tu as donc observé l'ordre de la charité prescrit par la Loi , en aimant Dieu avant tout et ton prochain ensuite. Quant à lui, comme je le conçois en ma pensée, plus attentif à la seule considération de ton progrès spirituel, je pense qu'il ne fut opposé ni à ton dessein ni à ton départ. Et malgré ce qu'il y avait d'inusité en tout cela pour les personnes qui lui sont attachées, il ne voulut pas moins, j'imagine, te renvoyer que tu ne voulais partir. Il t’ aime en effet et tu l'aimes à ton tour, mais en son amour il cherche ton bien, et si démonstrative et haute que soit sa charité à ton égard, sa cime s'étend jusqu'à ton profit. 

Tu avais déjà distribué aux pauvres toute ta fortune, pour n'être riche que dans le Christ. 

Tu possèdes la vertu d'un vieillard avec la jeunesse des années. On admire en toi l'esprit, l'éloquence. Mais plus que tout cela, ce que je place et ce que j'aime en toi en première ligne, c'est ce beau désir de la solitude. Aussi, comme tu me demandes souvent de répondre plus abondamment à tes lettres si étendues et si éloquentes, il faudra bien que toi, qui es si sage, tu supportes un instant ma sottise, pendant que j'essaierai de rappeler la vérité des grâces accordées par le Seigneur à cette solitude même que tu aimes tant . 




Le désert, temple de Dieu



J'appellerais volontiers le désert le temple sans limite de notre Dieu, car Celui que nous savons, avec certitude, habiter dans le silence, nous devons croire qu'Il se réjouit de la solitude. C'est là qu'Il S'est montré, le plus souvent, à Ses saints et, le lieu s'y prêtant, Il n'a pas dédaigné d'y rencontrer l'homme. C'est au désert que Moïse, son visage étant illuminé de gloire, voit Dieu; au désert qu'Élie tremblant voile sa face pour ne pas voir Dieu, et bien qu'Il parcoure tous les lieux comme son domaine et qu'Il ne soit absent nulle part, il est permis toutefois de penser qu'Il daigne visiter plus spécialement la solitude du désert et du ciel. Comme on demandait à quelqu'un, dit-on, en quel lieu il estimait que Dieu se trouvât, ce dernier répondit à son interlocuteur de le suivre hardiment où il le conduirait. Il vint alors, accompagné de l'autre, dans les solitudes d'un immense désert, et lui montrant ces vastes étendues, il lui dit : "Voici où est Dieu, car on peut bien dire qu'Il est plus particulièrement aux lieux où on Le trouve plus aisément." 

A l'origine des choses, quand Dieu faisait tout avec sagesse et distribuait les aptitudes utiles aux usages futurs, Il ne laissa sûrement pas cette partie de la terre dans l'inutilité et le déshonneur, mais en créant tout avec magnificence dans le présent, mais tout autant avec prévoyance pour l'avenir, Il prépara le désert pour les saints. Je crois qu'Il voulut ici l'abondance des fruits et là, en l'absence d'une nature plus indulgente, la fécondité de la sainteté, en sorte que les déserts en fussent fertilisés, et alors qu'Il "arrosait du haut des cieux les montagnes" (cf. Ps 103), Il décréta que les vallées abonderaient en récoltes et que les désavantages des lieux seraient compensés en ce que l'habitant enrichirait l'habitation restée stérile. 




Le paradis et le désert



Ce possesseur du paradis, qui fut aussi le transgresseur du précepte divin, alors qu'il habitait un lieu plein de charmes, se montra incapable d'observer la loi que Dieu lui avait fixée (Il s'agit d'Adam). Plus son séjour était agréable, plus il fut enclin à la chute. C'est pourquoi non seulement la mort le soumit à son empire, mais elle étendit jusqu'à nous son aiguillon. En sens inverse, qu'il aille au désert celui qui aime la vie, puisque l'habitant du paradis a rencontré la mort. Mais venons-en aux exemples ultérieurs qui prouvent la Faveur constante de Dieu pour le désert. 




Exemples de la Faveur de Dieu pour le désert



Moïse conduit son troupeau au désert. C'est alors qu'il voit de loin Dieu en un buisson embrasé par un feu qui ne consume pas. Non seulement il le voit, mais il l'entend. Le Seigneur lui commande d'ôter ses sandales, il déclare sacré le sol du désert : "Le lieu où tu es, lui dit-Il, est une terre sainte !" (Ex 3,1-6). Il révèle donc clairement la Gloire cachée de ce lieu. La sainteté de ce sol est confirmée par la sainteté du Témoignage divin. Et, à mon sens, il suggère secrètement et pareillement par ses paroles qu'en entrant au désert, il faut se délier des anciennes attaches et des soucis de la vie, pour avancer, affranchi des chaînes antérieures, en évitant de souiller ce lieu. 

C'est là que, pour la première fois, Moïse devient l'interprète des Conversations familières de Dieu, il entend ses Paroles et il Lui répond, il s'informe de ce qu'il devra dire et faire et il en est instruit, il s'entretient, par un échange mutuel et comme usuel de discours, avec le Seigneur du Ciel ! 

C'est là qu'il reprend sa verge, désormais douée du pouvoir des miracles. Il était entré au désert en pasteur de brebis, il en sort pasteur de peuples ! 

Mais voici que le peuple de Dieu doit être libéré d'Égypte et arraché aux oeuvres terrestres, que va-t-il arriver ? Ce peuple n'ira-t-il pas chercher Dieu dans les déserts et la solitude, afin de se rapprocher de Celui qui le délivrait de la servitude ? Il se portait donc au désert, rendu terrible au loin par son immensité, sous la conduite de Moïse : "Qu'elle est grande la multitude de ta douceur, ô Seigneur !" (Ps 30,20) Moïse était entré au désert et il y avait vu Dieu. Il y revient pour Le voir encore. C'était Dieu en effet qui choisissait la route de son peuple, et Il le conduisait au désert, en offrant aux voyageurs une colonne pour le jour et la nuit, tantôt rouge comme une flamme, tantôt blanche comme un nuage ! Il donnait ainsi à Ses serviteurs un signe, cette sorte de masse lactée qu'Il illuminait de feux alternés. Israël, à cette lumière, suivait les rayons rutilants de loin, en sorte que le Seigneur, conduisant son peuple dans la solitude désertique, lui montrait très justement la route en Lui fournissant sa clarté ! Et ne voilà-t-Il pas que, sur le chemin des déserts, les gouffres redoutables de la mer infranchissable s'ouvrent devant ce peuple ? 

Entre les flots redressés, les bataillons poussiéreux trouvent une route, sur les rivages rougissants, et contemplant les montagnes menaçantes des eaux suspendues, du fond de la vallée, le gardien du peuple traverse les étendues de la mer ! Et là ne s'arrête pas la puissance de l'oeuvre divine. Les eaux refluent en effet. Elles recouvrent le chemin qu'elles avaient ouvert et détruisent l'ennemi. La mer reprend toute sa place, afin de s'opposer, me semble-t-il, à tout retour d'Israël hors du désert. Dieu avait tracé la route parmi les flots, puis Il l'avait cachée dans la confusion des ondes, afin d'ouvrir un chemin dans la direction du désert et de le fermer en sens opposé. Tel fut le miracle de grâce accordé à ce peuple, en sa marche au désert. Mais il en obtint bien davantage, quand il y fut entré. Là, en effet, le Seigneur le restaura par un prodige inespéré, en fournissant à sa soif des eaux abondantes sorties d'un rocher et en tirant de masses pierreuses arides les ruisseaux d'une source, comme s'Il imposait, d'une main cachée, une nouvelle nature à des canaux cachés. Et il ne Lui suffit pas d'inonder la roche desséchée d'un fleuve nouveau, mais Il confère une douceur surnaturelle aux amertumes des eaux désagréables (cf. Ex 17,6). Il avait fait couler les unes, Il transforme les autres, Il ne fait pas un plus grand miracle en arrachant des eaux de la roche qu'en changeant les eaux en d'autres eaux ! Le peuple entier s'étonne de ressentir le Secours céleste aussi bien dans ces eaux qui existaient déjà qu'en celles qui n'existaient pas encore ! 

Là encore, ce peuple recueille sur le sol blanchissant un aliment venu du ciel (cf. Ex 16,14), et le Seigneur fait tomber des nuages, un pain qui ressemble à une pluie sèche ! Sur les tentes et dans les espaces qui les séparent dans le camp, la manne s'étend comme une neige et "l'homme peut manger le pain des anges" (cf. Ps 77,14). Mais comme "à chaque jour suffit sa peine" (cf. Mt 6,34), l'Indulgence divine ne fournit que la nourriture quotidienne et impose la loi de ne point penser au lendemain. C'est ainsi que jadis, quand les habitants du désert ne pouvaient trouver leur nourriture, le ciel la leur apportait ! 

Mais n'est-ce pas aussi au désert que les Hébreux reçurent la Loi et les Préceptes divins, quand ils eurent le bonheur de voir de près les signes inscrits par le Doigt de Dieu sur les Tables saintes ? Sortant de leur camp, ils vinrent au-devant du Seigneur, au pied de la montagne. Frappés de terreur, ils contemplèrent ce sommet du Sinaï qu'entourait de son effroi une majesté visible. Ils virent la montagne fumante d'une flamme formant barrière, puis recouverte en entier par la nuée la plus épaisse. Ils s'épouvantèrent des fulgurations éclatantes de la foudre et des roulements répétés du tonnerre mêlés aux bruits éclatants des trompettes. C'est alors que les fils d'Israël, habitant au désert, eurent l'honneur de voir le Trône de Dieu, d'entendre sa Voix. Ce fut par de tels miracles ou d'autres du même genre que cette nation fut maintenue, alors qu'elle se trouvait au désert : aliments inusités, breuvages inattendus, vêtements inusables, alors que, autour d'eux, tout demeurait dans son état habituel. Tout ce que la nature des lieux n'accordait pas à leurs besoins, la Magnificence éclatante de Dieu le leur fournissait. Il n'a rien exagéré celui de leurs saints qui a célébré tant de faveurs célestes en s'écriant : "Ce n'est pas à toute nation que le Seigneur en a fait autant." (Ps 148,20). 

Faveurs spéciales, dons inouïs, c'est par ces Grâces divines que ce peuple a été restauré au désert. En vérité tout cela nous est rapporté en figure de ce qui nous arrive. Les apparences de tous ces faits sont pleines de mystères cachés. Tous nous avons été en Moïse baptisés dans la nuée et la mer, tous nous avons mangé de la nourriture spirituelle et bu de la boisson spirituelle. Mais cela n'empêche pas que ces récits, en nous offrant la foi de l'avenir, conservent la vérité du réel. Toutefois, la gloire du désert ne serait pas amoindrie même si tous ces faits devaient être élevés au rang des signes sacrés. Ce ne serait pas une moindre grâce si le prodige des vêtements corporels soustraits à l'usure n'avait d'autre sens que d'annoncer la vie future; ce serait, en effet, une haute dignité du lieu, si la félicité du siècle à venir s'y trouvait préformée dans celle des habitants du désert . 

Et pourquoi les fils d'Israël ne sont-ils parvenus à la Terre promise qu'en passant par le séjour au désert ? Pourquoi, avant de posséder cette terre où coulaient le lait et le miel, ont-ils dû occuper ces étendues arides et incultes ? C'est une loi générale que le chemin vers la véritable patrie s'ouvre dans les demeures désertiques. Il faut qu'il habite une terre inhabitable, celui qui "veut voir les Biens du Seigneur dans la région des vivants" (Ps 26,13), il faut qu'il soit l'hôte de la première pour devenir le citoyen de la seconde (cf. Eph 2,19). 




Autres exemples, dans l'Ancien Testament



Mais laissons ces exemples : David, lui-même, ne put échapper aux embûches d'un roi hostile que par la fuite au désert (cf. I R 23). Devenu l'habitant des étendues arides de l'Idumée, il avait soif de Dieu, de tout coeur; il se montrait à Dieu comme "assoiffé au désert sans eau et sans route" (Ps 67,3 ) et méritait ainsi de contempler, comme un saint, et la Vertu et la Gloire de Dieu. 

Élie, à son tour, le plus grand des hommes du désert, ferma le ciel à la pluie, l'ouvrit aux flammes dévorantes, reçut sa nourriture par le ministère d'un oiseau, triompha des lois immuables de la mort, traversa le Jourdain entrouvert pour lui, monta emporté au ciel par un char de feu. (cf. 3 R 17-18 et 4 R 2). 

Et que dire ensuite d'Élisée, disciple de cette vie et héritier de cette puissance ? N'est-ce pas lui qui a brillé par l'éclat du miracle, quand il a fendu le torrent, fait nager le fer, ressuscité un mort, multiplié les vases d'huile, et qui, enfin, a bien montré qu'il possédait deux fois la puissance de son maître, puisque celui-ci avait, de son vivant, ressuscité un défunt, tandis qu'Élisée, déjà mort, a fait de même (cf. 4 R 2,6-4,3). 

Et voici encore les fils des prophètes : ils délaissaient les villes, gagnaient le Jourdain jailli d'une double source, élevaient leurs tentes dans les lieux secrets, groupées au bord du torrent (cf. 4 R 1-7). 

Toute la cohorte sainte veillait sur les rives du fleuve désert, elle était éparse sous des tentes et des habitations adaptées, et d'une vertu choisie, conservait l'esprit paternel. 




Exemples tirés du Nouveau Testament



Mais voici celui dont nul des fils de la femme n'a surpassé la grandeur ( Le Saint Prodrome et Baptiste Jean). N'est-ce pas dans le désert et clamant dans le désert qu'il a vécu ? 

C'est au désert qu'on nous le montre donnant le baptême, au désert qu'il prêche la pénitence, au désert qu'il fait la première mention du royaume des cieux. Il a, le premier, annoncé à ses auditeurs ces choses, au lieu même où il serait le plus facile pour chacun de les obtenir. Et il serait bien juste que cet habitant intrépide du désert fût envoyé comme un ange devant la Face du Seigneur, ouvrît la porte du royaume céleste, et en qualité de précurseur et de témoin, fût digne d'entendre la Voix du Père parlant du ciel, de toucher le Fils en Le baptisant, et de voir descendre le Saint Esprit. 

Et enfin le Seigneur Lui-même, notre Sauveur, à peine baptisé, comme le dit l'Écriture (cf. Mt 4,1), est conduit au désert par l'Esprit ! Et quel est donc cet Esprit ? Aucun doute que ce ne soit le Saint Esprit. Mais justement, que le Saint Esprit L'entraîne au désert, par là même Il le dicte, Il l'inspire en secret, et le désert devient une digne suggestion de l' Esprit Saint. A peine baigné dans le fleuve mystique, Jésus ne croit rien avoir de plus pressé que de se rendre au désert. Et cependant, Lui, Il avait sanctifié les eaux sanctifiantes elles-mêmes et Il n'avait eu à purifier aucun péché de l'homme, car Il n'avait pas commis le péché et ne craignait pas le péché. Et malgré cela, Il brûlait du désir du désert, et, voulant être en tout un exemple salutaire, Il désirait pour nous ce qui n'était pas digne de Lui ! Or, si le désert était agréable à Dieu en Celui qui était affranchi de nos erreurs, combien est-il plus nécessaire à l'homme soumis à tant d'égarements ! Si l'innocence le recherchait, combien plus le pécheur doit-il le désirer ! 

Et c'est là aussi, loin du vacarme des foules, que le Seigneur reçoit les ministères de la Puissance divine, c'est au désert, comme s'il était déjà remonté au ciel, que les anges lui apportent leur office ! (cf. Mt 4,11). 

C'est là qu'Il a repoussé les tentations insidieuses de l'ennemi antique. Là que le nouvel Adam a repoussé celui qui avait triomphé du premier Adam. Ô gloire magnifique du désert : le démon, vainqueur au paradis, est vaincu au désert ! 

C'est encore au désert que notre Sauveur, à l'aide de cinq pains et de deux poissons seulement, nourrit, rassasia, assouvit cinq mille hommes ! (cf. Mt 14). 

C'est toujours au désert que Jésus nourrit les siens. Jadis la manne fut le signe de la Bonté divine. Mais cette fois, on remporte des fragments. Ce fut un même miracle de faire tomber la nourriture sur des affamés et de la multiplier pour des convives. Grâce à ses Dons, les aliments l'emportèrent sur les besoins du banquet. Au désert, dis-je, au désert il faut que nous accordions le mérite de tant de miracles : la vertu aurait-elle dévoilé sa puissance, si le lieu avait eu l'abondance ? 

Et voici que Jésus, notre Seigneur, monte jusqu'aux sommets les plus reculés d'une montagne. Il n'emmène que trois témoins choisis avec lui. Et son visage se met à briller d'un éclat inaccoutumé ! Et c'est alors que le plus grand des apôtres, contemplant son Humanité publiquement transfigurée, crut pouvoir proclamer au désert sa Majesté, en s'écriant : "Il nous est bon d'être ici !" (Mc 9) Voulant signifier qu'il aimait la splendeur du prodige dans le mystère du désert ! 

Le même Jésus, notre Seigneur, comme il est écrit (Lc 5,16), se retirait en un lieu désert pour y prier. 

On doit donc désormais appeler le lieu de la prière celui qu'un Dieu, en priant Dieu, a déclaré et proclame destiné à cela et duquel, la prière se faisant humble pénètre mieux les cieux, à l'aide du cadre local, parce qu'il avait les honneurs du mystère. En y priant Lui-même, Jésus, en oraison, a montré où Il voulait que nous priions quand nous nous adressons à Lui. 




Exemples tirés de l'histoire récente de l'Église



Que dire maintenant de Jean et de Macaire et de beaucoup d'autres , dont la vie, écoulée dans les déserts, se déroulait dans les cieux, ceux-là ont approché le Seigneur autant qu'il était permis à l'homme. Ils ont été admis à l'accomplissement des œuvres divines autant qu'il était possible à des êtres de chair ! Leur esprit fixé vers les sommets pénétra dans les secrets célestes, et, avec l'aide de la grâce, ils furent élevés soit par des révélations cachées, soit par d'éclatants miracles, si haut qu'avec l'aide de la solitude ils parvinrent à ne plus toucher la terre que par le corps, alors que par l'esprit, ils possédaient déjà le ciel. 




Éloge du désert



Concluons donc que cette demeure du désert est, pour ainsi dire, le siège de la foi, l'arche de la vertu, le sanctuaire de la charité, le trésor de la piété, le tabernacle de la justice. Car de même que dans une grande maison, tous les objets précieux sont enfermés en des cachettes bien closes, ainsi cette richesse des saints cachés au désert, bien enfermée derrière ses barrières propres, est mise en dépôt, pour ainsi dire, dans l'arsenal fermé de la solitude, de crainte que le contact des fréquentations humaines ne la détériore. Et c'est bien à propos que le Seigneur a non seulement caché tous ces trésors en cette partie de la demeure humaine, mais sut également, quand il le fallait, les retirer de cette cachette ! 

Jadis, la divine Providence témoigna, à l'égard du désert, d'une souveraine et supérieure sollicitude. Mais de nos jours encore, elle n'est pas petite. Lorsqu'en effet les habitants de la solitude reçoivent de Dieu, avec une abondance inespérée, leur nourriture, n'est-ce pas comme si elle tombait du ciel ? A eux aussi la Munificence divine accorde la manne et le Seigneur ne déploie pas moins la force de son Bras pour leur fournir, par des voies cachées, leurs aliments ! Et lorsque les rochers transpercés, par la Grâce de Dieu, font couler les eaux du milieu des pierres, n'est-ce pas exactement ce que Moïse avait fait, en frappant le rocher pour en faire jaillir les eaux ? De même, pour les vêtements, voici qu'ils ne connaissent pas l'usure, chez les habitants du vaste désert, puisque la Providence divine les remplace gratuitement, quand il le faut, en sorte qu'ils demeurent intacts, en se succédant ! Le Seigneur a nourri les siens, autrefois, au désert, et Il le fait encore maintenant ; ceux-là, durant quarante ans, et ceux-ci, aussi longtemps qu'il y aura des années ! 

C'est donc avec raison que le saint, enflammé du Feu divin, quitte sa demeure pour celle du désert; qu'il le préfère à ses enfants, à ses proches, à ses parents, à la société de tous les siens. C'est avec raison qu'il dit adieu à une patrie aimée, pour donner le nom de patrie temporaire à celle-ci, d'où ne l'arracheront ni la crainte, ni le regret, ni la joie, ni la peine. C'est avec raison, pour tout dire, qu'elle remplace par lui toutes les affections. 




Les bienfaits du désert



Qui pourra dignement énumérer les bienfaits de la solitude et les avantages de la vertu de ses habitants ? Placés dans le monde, ils ne sont pour ainsi dire plus du monde ! Selon le mot de l'apôtre Paul, "errants dans les déserts, sur les montagnes, dans les cavernes et les grottes de la terre", c'est bien justement que le même apôtre déclare que le monde n'est pas digne d'eux (cf. Heb 11,38). 

Ils sont, en effet, étrangers au tumulte de la république humaine, séparés, tranquilles, silencieux, moins soustraits à la volonté qu'à la faculté même de pécher ! 

Chez les anciens, des hommes illustres de ce monde, fatigués du poids des affaires, se sont parfois réfugiés dans la philosophie comme dans leur demeure propre. Comme il est plus beau encore de se tourner vers les études de cette sagesse éclatante et plus magnifique de se plonger dans la liberté des solitudes et les secrets du désert, pour ne plus s'adonner qu'à cette philosophie, en s'y exerçant dans les déambulatoires du désert comme dans leurs gymnases particuliers ! Où donc, je le demande, la Pâque est-elle mieux observée que dans la demeure érémitique ? Mais observée surtout par les vertus, et spécialement par la continence - la continence, dis-je, qui est comme un désert du coeur. C'est au désert que Moïse a donné au jeûne quarante jours continus, et après lui, Élie, reculant l'un et l'autre les limites des forces humaines. Puis, le Seigneur voulut, à son tour, consacrer le même temps à l'abstinence, mais au désert ! Et nous ne trouvons pas que l'on ait pu remplir par le jeûne ces mêmes espaces de temps en d'autres lieux. On en vient à croire que le Seigneur a conféré à ces lieux mêmes une telle vigueur ! 

Où donc, je vous prie, est-il possible d'avoir plus de loisir pour goûter combien le Seigneur est suave ? Où donc une voie plus commode est-elle ouverte à qui tend à la perfection ? Où trouver un champ plus vaste pour les vertus ? Où le recueillement de l'esprit est-il plus facile pour qu'il puisse regarder autour de lui ? Où le coeur sera-t-il plus dégagé, dans ses intentions, pour s'efforcer d'adhérer à Dieu, que dans ces lieux écartés où non seulement il est aisé de trouver Dieu, mais encore de Le garder. 

Quoique, souvent, au désert, on rencontre des étendues de sable fin, nulle part cependant l'on ne saurait jeter plus solidement les fondements de notre maison évangélique ! Si l'on y réside dans le sable, ce n'est pas sur le sable qu'on y construit sa demeure. Nulle part mieux que là, cet édifice n'est puissamment établi sur le roc, pour durer, en sa masse indestructible, par une stabilité immuable, en sorte que ni les vents des tempêtes, par leurs assauts, ni les flots, par leurs attaques, ne puissent le renverser ! C'est que les habitants du désert se bâtissent de tels édifices, mais dans leurs coeurs ! Ils recherchent les sommets par les bas-fonds, les hauteurs par l'humilité. Ils dédaignent et oublient les choses terrestres pour l'espoir et le désir des célestes ! Ils repoussent, préférant être pauvres, les richesses, et veulent être pauvres, afin de devenir riches. Jour et nuit, dans le travail et les veilles, ils luttent, afin d'embrasser le principe de cette vie qui ne doit pas avoir de fin. Ainsi, le désert, en son sein maternel, abrite ces véritables avares d'éternité, très prodigues de ce qui passe, indifférents au présent, mais assurés de l'avenir. Et grâce à eux, ceux en qui les siècles passés trouvent leur fin, parviennent aux siècles sans fin. En ce lieu, brûlent les saintes lois de l'homme intérieur et les règles du siècle éternel, plus subtilement qu'ailleurs. Les sentences qui frappent les crimes et les forfaits humains perdent ici leur force. Il n'y est plus question de châtier les fautes capitales. Si le coeur n'est très pur, les lois indignes le rendent coupable. Le mouvement intérieur de l'âme met toute son étude à s'enfermer dans les limites de la justice. Le coeur, se jugeant lui-même, frappe jusqu'au principe des plus léger les pensées. Que pour d'autres, il soit mal d'avoir fait le mal, pour eux il est mal de n'avoir pas fait le bien ! Mais comment pourrais-je vénérer, par un hommage juste, toutes les institutions intimes du désert ? Il y a toutefois ceci que je ne puis passer sous silence, que la force de vertu qui se trouve en ses habitants est presque aussi connue qu'elle est cachée ! A mesure qu'ils se retirent plus loin du monde et de la société des humains, dans le désir d'être inconnus, il leur est impossible de dérober leur mérite ! Plus leur vie se tourne vers le dedans, plus leur gloire éclate au dehors, par une disposition spéciale de Dieu, à mon sens, car Il veut que l'habitant de sa solitude soit caché au siècle mais ne soit pas caché comme exemple ! Telle est la lumière qui resplendit à travers l'univers entier, placée sur le candélabre du désert, et répandant de là sa clarté la plus éclatante sur les membres enténébrés du monde ! Telle est la cité qui ne peut être cachée, parce qu'elle est bâtie sur la montagne du désert et qu'elle est l'image sur terre de la céleste Jérusalem ! Si donc on est dans les ténèbres, on doit s'approcher de cette lumière, afin d'y voir clair; si l'on est en péril, il faut se diriger vers cette cité, pour être à l'abri ! 




Hautes faveurs mystiques au désert



O combien douces, pour ceux qui ont soif de Dieu, ces solitudes écartées ! Qu'elles sont agréables à ceux qui cherchent le Christ, ces vastes étendues, où tout se tait ! Alors l'âme joyeuse est excitée par les stimulants du silence à monter vers son Dieu; alors elle se nourrit d'ineffables extases . Nul bruit n'intervient,nulle voix ne se fait entendre, si ce n'est celle qui parle avec son Dieu ! Et lorsque le son exquis de cette voix brise le silence de la solitude et tombe sur cette âme, un frémissement plus doux que le repos même et le saint tumulte de la plus délicate conversation vient rompre cet état de quiétude paisible. Alors les choeurs fervents vont frapper le ciel de leurs hymnes suaves et l'on parvient jusqu'aux cieux à la fois par les voix et par les prières ! 

C'est en vain que frémit, en tournant autour de ce bercail, l'adversaire, comme un loup autour des brebis enfermées dans la bergerie ! Le loup est arrêté par les murailles. De même les ennemis sont repoussés par l'étendue du désert. "Ce n'est pas en vain que veillent ceux qui gardent la cité !" (Ps 126,1). 

On est gardé là par le Christ combattant avec nous. Le peuple adoptif de Dieu est tout ensemble exposé dans l'immensité des espaces du désert et cependant clos à tous ses ennemis ! 

Les beaux espaces du désert sont visités par les choeurs des anges, dans la joie, et ils illuminent par de fréquentes visites les habitants de la solitude, comme par l'échelle de Jacob ! 

C'est là aussi que "l'Époux repose au milieu du jour." (Can 1,6). Les habitants du désert, blessés d'amour, Le contemplent en s'écriant : "Nous avons trouvé celui que notre coeur aime et nous ne le laisserons plus s'éloigner !" (Can 3,4) 

Et il ne faut pas croire, comme on le fait, qu'il est stérile et infructueux, le sol du désert, et que les rochers de la solitude brûlée soient privés de fécondité ! Là les germes se multiplient, et produisent au laboureur cent pour un. Il n'y arrive pas aisément que la semence tombe le long du chemin et soit enlevée par les oiseaux, ni qu'elle s'égare parmi les pierres, où ne trouvant pas de racines, elle sèche au lever du soleil, ni qu'elle s'échappe au milieu des épines et soit étouffée par les ronces quand elles poussent ! Le cultivateur recueillera ici une moisson abondante. Ces pierres produiront une récolte apte à engraisser les os eux-mêmes ! On y trouve le pain vivant qui est descendu du ciel. De ces rochers jaillissent des fontaines abondantes et des eaux vives qui suffisent non seulement à rassasier, mais encore à sauver. C'est là que se trouve le pré et le plaisir de l'homme intérieur. Ce désert inculte offre des agréments merveilleux, il est à la fois désert pour le corps et paradis pour l'âme ! 

En résumé, nulle terre ne peut se glorifier de sa fertilité, en comparaison du désert ! 

Est-il une terre riche en fruits ? En celle-ci, croît le froment qui "rassasie de sa graisse ceux qui en mangent" (Ps 148,14). En est-il une autre qui se réjouit de vignes chargées de raisins ? En celle-ci, se récolte surtout "le vin qui donne la vraie joie au coeur de l'homme " (Ps 103,15). Cette troisième l'emporte-t-elle par l'élevage des troupeaux ? C'est en celle-ci que paissent les plus saintes des brebis, celles dont il est dit : "Paix mes brebis !" (Jn 21,17). Cette autre se décore-t-elle de fleurs au printemps ? C'est surtout en celle-ci que brille "la fleur des champs et le lis des vallées" (Can 2,1). 

Enfin, en est-il une dernière qui soit exaltée pour ses métaux précieux et charmants, ou toute rutilante de son or ? En celle-ci, les divers éclats des pierres précieuses font rayonner leurs couleurs sous une vibrante lumière. Ainsi, sur tous les points, cette terre est supérieure à toutes les autres et dans tous les biens. C'est donc à juste titre, ô terre vénérable que tu as été ou habitée ou désirée par les saints. Tu as été fertile à leur profit, puisque tu remplaçais pour eux toutes les richesses. Tu exiges un cultivateur qui cultive sa terre et non la tienne. Tu es stérile pour les vices, à tes habitants, et féconde en vertus. Quiconque a recherché tes demeures y a trouvé Dieu. Quiconque t'a cultivée a rencontré le Christ. Celui qui t'habite jouit de son Seigneur habitant en son coeur ! C'est la même chose de te posséder et d'être possédé par Dieu. Celui qui ne se refuse pas à tes espaces devient le temple de Dieu. 




A la gloire de Lérins



Je dois, certes, mon respect à tous les lieux du désert que la retraite des justes a illuminés, mais j'aime et honore entre tous ma chère Lérins, qui reçoit dans son sein plein de miséricorde ceux qui lui viennent, au sortir des naufrages de ce monde orageux. Elle introduit affectueusement sous ses ombrages tous ceux qu'a dévorés l'ardente chaleur du siècle, pour qu'ils puissent reprendre haleine, en cet abri intime. Elle abonde en eaux vives, en ombrages verdoyants, en fleurs parfumées. Agréable aux yeux comme aux narines, elle s'offre à ceux qui l'habitent comme un vrai paradis. 

Elle était digne d'être établie dans les célestes disciplines, sous l'autorité d'Honorat. Elle méritait d'avoir un père si grand, pour de si grandes institutions, tout rayonnant de la vigueur et de l'aspect de l'esprit apostolique. Elle méritait, en le recevant, de briller d'un tel éclat. Elle est digne de nourrir les moines les plus éminents et de produire des prêtres que l'on envie. Maintenant, elle possède son successeur, qui se nomme Maxime, illustre par cela même qu'il a mérité d'être mis à sa place. Elle a eu Loup, au nom révéré, qui nous a rappelé ce loup de la tribu de Judas. Elle a possédé son frère, Vincent, une pierre précieuse, éclatante par son éclat intérieur. Elle possède encore le vénérable Caprais que sa gravité égale aux saints d'autrefois. Elle possède enfin ces pieux vieillards qui, en leurs cellules séparées, ont introduit dans nos Gaules les pères d'Égypte. 

Quels groupes de saints, ô bon Jésus, quelles assemblées ai-je vues en ces lieux ! Là, de précieux vases d'albâtre répandaient les parfums les plus suaves. Partout, soufflait l'odeur de la vraie vie ! Leur seul aspect extérieur révélait l'état intérieur des âmes ! Ils étaient étroitement serrés dans la charité, abaissés dans l'humilité, adoucis dans la piété, affermis dans l'espérance, modestes dans leur démarche, prompts à l'obéissance, silencieux en leur rencontre, sereins dans leurs visages ! A les voir, on dirait, dès l'abord, une troupe d'anges de la paix ! Ils ne désirent rien, ne regrettent rien, si ce n'est Celui qu'ils désirent encore en Le regrettant. Au temps même où ils recherchent la vie bienheureuse, ils en jouissent, et pendant qu'ils Le poursuivent, ils L'obtiennent ! Ainsi, veulent-ils être séparés des pécheurs ? 

Ils le sont. Mener une vie chaste ? Ils la mènent ! Consacrer toute leur vie à louer Dieu ? Ils l'y consacrent ! Se réjouir dans les assemblées des saints ? Ils s'y réjouissent ! Posséder le Christ ? Ils le possèdent ! Vivre de la vie du désert ? Ils en vivent manifestement ! De la sorte, par une Grâce très riche du Christ, un grand nombre des biens qu'ils désirent pour l'avenir leur sont accordés dans le présent. Ils ont déjà la réalité, alors qu'ils poursuivent l'espérance. Ils trouvent dans le travail même une magnifique récompense du travail parce qu'ils découvrent, en s'y livrant, presque tout ce qui doit en être le prix. Ton retour en leur société, très cher Hilaire, t’a apporté à toi, mais à eux aussi, le plus grand profit, puisqu'ils se réjouissent allégrement de ce retour même. 

Je te supplie, avec eux, de ne pas oublier de prier pour mes péchés; avec eux, dis-je, dont je ne sais si tu leur as apporté plus de joie qu'ils t’en donnent. Tu es maintenant le véritable Israël, tu contemples Dieu en ton coeur, délivré que tu es de l'Égypte, c'est-à-dire des ténèbres du siècle, ayant passé les eaux salutaires qui ont englouti tes ennemis, suivi au désert la colonne de feu, et tu expérimentes la douceur des breuvages amers d'autrefois transformés par la croix du Christ, cette eau qui jaillit vers la vie éternelle, tu la reçois du Christ. 

Tu nourris ton homme intérieur d'un pain venu d'en haut. Tu entends la Voix divine, qui t’annonce ton trône. Parce que tu es enfermé au désert avec Israël, tu entreras avec Jésus dans la Terre promise ! Adieu, dans le Christ, Jésus, notre Seigneur!

Saint Eucher, évêque de Lyon
(451-491)

Chants grecs à La Mère de Dieu

lundi 29 septembre 2008

Saints





Nids orants dans les arbres de Dieu
dont les racines sont sur la terre
et les branches dans le ciel

ils écoutent les voix
qui espèrent
qui pleurent
et remercient

nous entendons leur chant quelquefois
il nous dit que Dieu espère aussi
même quand nous doutons de Lui

et nous savons avec tous les saints
dans l'amitié du Christ
que le monde ne pourra jamais émonder ces branches
et jeter à bas
les nids orants dans les arbres de Dieu.

Claude Lopez-Ginisty

Saints Raphael, Irène et Nicolas de Lesbos: Video grecque

samedi 27 septembre 2008

Confession: Prières de Saint Ephrem le Syrien


Преподобный Ефрем Сирин

PRIERES DE CONFESSION 

Prière de Saint Ephrem au Très Saint Esprit.

O Seigneur, Roi Céleste, Consolateur, Esprit de Vérité, aie compassion et pitié de Ton serviteur pécheur et pardonne mon indignité, et pardonne-moi aussi tous les péchés que j'ai humainement commis aujourd'hui, et non seulement humainement mais d'une manière pire que celle des bêtes- mes péchés volontaires, connus ou inconnus commis depuis ma jeunesse et ceux venant de suggestions malignes ou de mon impudence et de mon ennui. Si j'ai juré par Ton Nom ou blasphémé en pensées, si j'ai blâmé quelqu'un ou lui ai fait des reproches, si ma colère a porté atteinte à quelqu'un, l'a calomnié ou blessé, si je me suis mis en colère à propos de quelque chose, si j'ai dit un mensonge, si j'ai dormi sans nécessité, si un mendiant est venu vers moi et que je l'ai méprisé ou ignoré, si j'ai troublé mon frère ou me suis disputé avec lui, si j'ai condamné quiconque, si je me suis vanté, si j'ai été orgueilleux, si j'ai perdu mon calme avec quiconque, si lors de la prière, mon esprit a été distrait par l'attrait de ce monde, si j'ai eu des pensées dépravées, si j'ai trop mangé ou bien bu à l'excès, ou ri d'une manière frivole, si j'ai pensé au mal, si j'ai été attiré par quelqu'un et que cela m'ait blessé dans mon coeur, si j'ai dit des choses indécentes, si je me suis moqué du péché de mon frère quand mes propres fautes sont innombrables, si j'ai été négligent dans la prière, si j'ai commis quelque tort dont je ne puis me souvenir- car j'ai commis tout cela et plus encore- aie pitié ô mon Seigneur et Créateur, de moi Ton mauvais et inutile serviteur et absous, pardonne et délivre-moi dans Ta bonté et Ton amour pour les hommes afin que sensuel, pécheur et mauvais que je suis, je puisse m'étendre pour dormir et me reposer en paix. Et je vénère, je loue et glorifie Ton Nom très honorable avec le Père et Son Fils Unique, maintenant et toujours et aux siècles des siècles. Amen!

+

Confession quotidienne des péchés.

Je Te confesse, mon Seigneur , Dieu et Créateur, à Toi glorifié et adoré dans la Sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint Esprit, tous les péchés que j'ai commis tous les jours de ma vie, à toute heure, maintenant et dans le passé, jour et nuit, en pensée, parole et action, par gloutonnerie, ivresse, paroles oiseuses, acédie, indolence, contradiction, négligence, agressivité, égoïsme, avarice, vol, mensonge, malhonnêteté,curiosité, jalousie, envie, colère, ressentiment et souvenir des injustices à mon égard, haine, esprit mercenaire et aussi par tous mes sens, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, et tous les autres péchés, spirituels et corporels par lesquels je T'ai irrité, mon Dieu et Créateur et par lesquels j'ai causé des injustices à mon prochain. Triste à cette pensée, mais déterminé au repentir, je me tiens coupable devant Toi, mon Dieu. Aide-moi seulement mon Seigneur et Dieu, je T'en prie humblement par mes larmes. Pardonne-moi mes péchés passés par Ta miséricorde et absous moi de tout ce que j'ai confessé en Ta présence car Tu es Bon et Ami de l'homme. Amen!

Version française Claude Lopez-Ginisty, 
 d'après le PRAYER BOOK
HOLY TRINITY MONASTERY,
 JORDANVILLE, USA, 1979

Père Sophian Boghiu: La purification intérieure ( Roumain/ Anglais)

vendredi 26 septembre 2008

Acathiste au juste vieillard Siméon




ACATHISTE 
AU 
JUSTE 
VIEILLARD 
SIMEON


Kondakion 1

A Toi, Saint Vieillard Siméon, qui es certainement le plus grand des prophètes, je t'offre cet hymne de louange, moi qui de tous les moines suis le plus pécheur.
Tu as soutenu dans tes bras Celui qui soutient tout l'univers; intercède donc auprès du Dieu de miséricorde, pour qu'Il nous délivre de tous périls afin que nous te chantions:
Réjouis toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu!

Ikos 1

Durant tes fréquentations assidues du Temple, l'Esprit Saint qui reposait sur toi comme sur les eaux primordiales, t'avait prévenu que tu ne mourrais pas avant d'avoir vu l'Objet des Promesses Ancestrales. Ayant eu foi en la Parole Divine, tu as eu la grâce de voir l'Invisible qui se manifestait visiblement à tous en venant à la Rencontre de Son peuple. L'Evangéliste témoigne que tu étais juste selon la Loi et pieux selon le cœur; aussi reconnaissant en toi la lampe des vertus, il est juste que nous t'acclamions en ces termes:
Réjouis-toi, modèle de foi et de piété;
Réjouis-toi, exemple du discernement charismatique.
Réjouis-toi, irréprochable selon la loi;
Réjouis-toi, rendu parfait par la présence de l'Esprit Saint.
Réjouis-toi, que la divine Beauté a paré de ses charmes;
Réjouis-toi, car en la fraîcheur de ton âme, tu as vu l'angélique splendeur.
Réjouis-toi, affectueuse douceur d'un cœur transfiguré;
Réjouis-toi, louange virile d'une âme déjà au Paradis.
Réjouis-toi, car tu as reçu dans tes bras une arche vivante;
Réjouis-toi, car comme sur un trône tu portas la présence divine.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu.

Kondakion 2

Au Saint Vieillard Siméon fut révélé que son trépas n'arriverait pas avant qu'il n'aie vu la Lumière mystique briller dans l'obscurité du monde déchu.
Au temple, il La reçut dans ses bras tremblants et l'annonça à tout le peuple d'Israël. 
Il s'empressa alors de courir vers sa délivrance prochaine en s'écriant: "O Verbe, maintenant laisse-moi m'en aller de la vie éphémère vers la Vie immortelle, afin que je te chante avec toutes les Puissances incorporelles: Alléluia! 

Ikos 2 

Par le corps avancé en âge, mais jeune par l'esprit, ô Saint Simon, tu avais su par divine révélation qu' avant de voir Dieu dans son Royaume tu le verrais parmi les hommes, appauvri en la chair comme un nouveau-né, Lui le Dieu d'avant les siècles, le Créateur de l'Univers. En le voyant tu lui demandes d'être libéré de la chair pour gagner avec allégresse les tabernacles divins. C'est pourquoi avec toi nous exultons de joie en criant:
Réjouis-toi, Vieillesse épanouie; 
Réjouis-toi, nouvelle jeunesse.
Réjouis-toi, Vieillard qui porte l'ancien des jours;
Réjouis-toi, jeunesse de l'âme rénovée.
Réjouis-toi, car le Seigneur t'a rassasié de jours;
Réjouis-toi, car ta vieillesse a été comblée de grâces.
Réjouis-toi, témoin de la vie éternelle;
Réjouis-toi, homme terrestre vivant déjà avec le monde céleste. 
Réjouis-toi, que rassasient les délices sans fin;
Réjouis-toi, spectateur d'une Gloire qui ne peut s'exprimer.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu! 

Kondakion 3

Pris de compassion pour le genre humain déchu de sa condition première et qui gisait aux portes de la mort, ayant perdu en Adam la Ressemblance divine, le Seigneur voulut envoyer son Fils Unique pour déifier la nature humaine.
Il annonça donc au sage Vieillard qu'Il ne mourrait pas avant d'avoir 
vu la Lumière qui éclaire les nations, la Gloire d'Israël pour qu'il la révèle à toute la terre.
C'est pour cela que d'un même cœur nous chantons bien haut: Alléluia! 

Ikos 3:

Saint Siméon poussé par l'Esprit Saint à venir au temple, reçut dans ses bras matériels, des mains de la Toute Immaculée, Celui que les anges servent dans le ciel et supplient en tremblant, et il annonça à
tous que le Divin s'unit aux humains. 
Voyant le Dieu Céleste devenu un mortel, il prit congé des choses d'ici- bas et nous, nous lui proclamons:
Réjouis-toi, car le premier tu as vu se lever le soleil aux mille feux;
Réjouis-toi, car tu annonces aux hommes la nouvelle naissance.
Réjouis-toi, car tu entres dans le mystère de Dieu;
Réjouis-toi, car Dieu t'a révélé l'avenir.
Réjouis-toi, car tu vois le relèvement d'Adam;
Réjouis-toi, car tu sais que les larmes d'Eve sont essuyées. 
Réjouis-toi, car dans tes bras, tu as porté le libérateur de nos âmes;
Réjouis-toi, car tu nous permets de prendre part à la divine félicité.
Réjouis-toi, car tu contemples les verrous brisés des enfers;
Réjouis-toi, car tu vois ouvertes les portes du paradis.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu.

Kondakion 4:

O juste Siméon, dis-nous qui tu portes dans tes bras, pour être si joyeux dans le Temple? A qui t'adresses-tu en ces termes:" Puissé-je être délivré maintenant que j'ai vu mon Sauveur!" 
Les anges aussi sont émerveillés en te voyant porter Dieu qui est chanté comme Fils avec le Père et le Saint-Esprit.
C'est Lui qui est né d'une Vierge, le Verbe de Dieu qui pour nous s'est incarné, et qui sauve l'humanité.
C'est pourquoi nous Lui adressons comme hymne de louange: Alléluia!

Ikos 4

Isaïe voyant Ton image, sur le trône élevé, le Roi de Gloire, escorté par les anges, s'écria: " Je suis perdu car j'ai vu le Dieu incarné." Mais saisissant d'avance la gloire jadis manifestée aux prophètes, et voyant le Verbe que Sa Mère tenait en Ses mains, le Vieillard Siméon s'écria: " Vierge Pure, Réjouis-toi, car Tu portes comme sur un trône notre Dieu. "
Nous aussi, en admiration devant ce mystère, nous chantons unis aux choeurs angéliques:
Réjouis-toi, trône de Feu;
Réjouis-toi, autel des parfums.
Réjouis-toi, interprète de la joie des hommes;
Réjouis-toi, source jaillissante d'allégresse.
Réjouis-toi, car devant toi la Vierge est apparue comme un Séraphin;
Réjouis-toi, car ta purification te conduit au Royaume des Cieux.
Réjouis-toi, car tu as vu le fruit des entrailles bienheureuses;
Réjouis-toi, car tu montres aux hommes la vraie braise de la divinité.
Réjouis-toi, car ce que le Prophète Isaïe avait d'avance annoncé, tu le reçois maintenant des bras de la Mère de Dieu;
Réjouis-toi, car dans tes bras matériels, la pincette mystique a déposé la braise ardente.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon Porteur de Dieu!

Kondakion 5:

C'est de dos que jadis Moïse a pu voir Dieu sur le Mont Sinaï et c'est d'une manière indistincte qu'il lui fut permis d'entendre la voix divine assourdie par le fracas de la tempête; puis le visage voilé, il avait reproché aux Hébreux l'infidélité de leur cœur.
Mais à présent, Siméon a pu tenir dans ses bras le Dieu d'avant les siècles, le Verbe du Père, qui pour nous s'est incarné sans changement; Il nous a alors révélé la Lumière des Nations, la Croix et la Résurrection et plein de joie, il s'est empressé de quitter les choses d'ici-bas pour l'éternelle vie, avant de proclamer sans cesse: Alléluia!

Ikos 5:

En ses bras de chair, c'est un enfant nouveau-né que le sage Siméon reçut dans le Temple de la Présence Divine, mais de ses yeux de voyant, c'est en un Dieu immatériel qu'il crut et qu'il conduisit au Saint des Saints. Le contact charnel lui ouvrit l'esprit comme l'Apôtre Thomas, qui grâce à son incrédulité bénie, ayant posé le doigt de la contemplation sur le côté ouvert du mystique crucifié, reconnut comme Dieu Celui qui s'était relevé d'entre les morts. Nous aussi, en admiration devant le miracle, nous disons joyeusement:
Réjouis-toi, croyant de l'Invisible;
Réjouis-toi, contemplateur des divines beautés.
Réjouis-toi, émule du prophète Ezéchiel;
Réjouis-toi, modèle du Saint Apôtre Thomas.
Réjouis-toi, car tu es devenu plus vénérable que Moïse;
Réjouis-toi, car tu es plus grand que tous les prophètes.
Réjouis-toi, car tu as gravi les pentes de l'autel;
Réjouis-toi, car tu as posé la main sur le Ressuscité.
Réjouis-toi, Charnière entre l'Ancien et le Nouveau;
Réjouis-toi, car ton face à face avec Dieu t'a transfiguré.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu.

Kondakion 6 :

Un noble Vieillard porte comme un enfant dans ses bras, Celui qui jadis avait gravé les Tables de la Loi; il nous révèle une loi plus Sainte : "L'Evangile".
Voici que l'ombre a disparu cédant la place à la vérité lumineuse de la grâce qui survient. L' Ancien des jours se montre comme un nouveau-né; l'auteur de la Loi, pour accomplir sa propre loi est amené au Temple conformément à la loi. Saint Siméon voit s'accomplir sous ses yeux la Promesse Divine et s' écrie dans la joie: Alléluia!

Ikos 6 :

En ces jours ultimes pour le salut du monde, ô Vieillard Siméon, tes yeux ont vu se manifester le mystère caché depuis les siècles; c'est la lumière dissipant les ténèbres du manque de foi des païens, la gloire du nouveau peuple d'Israël. 
Nous aussi allons à la rencontre du Christ en chantant des hymnes inspirées et recevons Celui dont tu vis le salut, que Gédéon contemple dans la Toison, que Moïse vit dans la nuée et Elie dans la brise fraîche de rosée, Lui qu'a annoncé et chanté David.
Avec eux nous chantons nous aussi: 
Réjouis-toi, héritier des prophètes; 
Réjouis-toi, précurseur des Apôtres.
Réjouis-toi, car tu clos la série des prophètes;
Réjouis-toi, car tu fais place au jeune Précurseur.
Réjouis-toi, Prophète de l'Ancien Testament;
Réjouis-toi, témoin de l' Evangile.
Réjouis-toi, car tu fais entrer le Christ dans le Temple;
Réjouis-toi, car le Baptiste va ouvrir les portes de l'Eglise.
Réjouis-toi, car ton âge avancé témoigne de la vieillesse de la loi;
Réjouis-toi, car la jeunesse de ton exultation est celle du Nouveau Testament.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu.

Kondakion 7 :

Dieu qui est de tout Eternité s'est fait pour nous petit Enfant; Lui le Dieu d'avant les siècles participe aux rites de purification pour affirmer qu'Il a vraiment reçu de la Vierge ma chair pour qu' elle soit déifiée en Lui. 
Initié à cet insondable mystère,Siméon reconnaît le Dieu qui se montre à l'Incarnation, il L'embrasse comme la Vie, et ce Vieillard plein de joie nous invite à nous écrier avec lui: Alléluia!

Ikos 7 :

O Saint Vieillard, que s'affermissent tes mains tremblantes et tes genoux défaillants, pour aller à la rencontre du Christ, car en tes propres mains tu tiens le Corps du Créateur qui a façonné l' homme.
Accourons, nous aussi vers la Mère de Dieu pour la voir te présenter son Fils, juste Siméon.

Du haut du ciel les anges à sa vue manifestent leur surprise en disant:
Merveille ce que nous voyons à présent, ineffable, incompréhensible et sortant de l'ordre connu; Celui qui est dans le Saint du Père sans limite pour sa Divinité accepte volontairement d'être limité dans la chair; Celui que nul espace peut contenir trouve place dans les bras du Vieillard Siméon."
Formant un choeur avec les puissances célestes nous te proclamons:
Réjouis-toi, astre Théophore;
Réjouis-toi, ami du Roi de gloire.
Réjouis-toi, car la vieille loi est engloutie;
Réjouis-toi, car la miséricorde fait irruption
Réjouis-toi, avec toi l'Ancien Testament est révolu;
Réjouis-toi, par toi la Bonne Nouvelle est annoncée.
Réjouis-toi, car l'Invisible s'est manifesté à tes yeux.
Réjouis-toi, contemplateur de la divine humilité.
Réjouis-toi, confident de l'admirable Echange;
Réjouis-toi, car le Divin s'unit à l'humain pour que l'humain devienne
divin.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu !

Kondakion 8 :

Voyant accompli l' oracle le concernant et bénissant la Vierge Marie, Siméon lui révèle en symbole la Passion de son fils auquel il demande sa délivrance en disant: "Laisse-moi m' en aller informer Adam aux Enfers et porter la Bonne Nouvelle à la Mère des Vivants". 
C' est pourquoi, exultant avec les prophètes et les saints de tous les 
temps, nous crions notre joie en disant: Alléluia!

Ikos 8:

O Souveraine Toute-Sainte, ainsi que l'avait prédit le Vieillard Siméon,
un glaive de douleur transperça ton cœur lorsque tu vis élevé en Croix par les impies, cloué par les mains et les pieds, abreuvé de vinaigre et de fiel, percé en son coté Celui qui à la parole de l' ange avait surgi lumineusement de ton sein.
Et toi, comme une mère tu pleurais frileusement et lui adressais les paroles: "Est-ce là, ô mon Fils, la reconnaissance d'un peuple ingrat en échange de tes bienfaits; Dieu de tendresse, je suis frappée d'effroi par ta volontaire crucifixion".
Et nous, au Saint prophète, avec reconnaissance nous entonnons le chant:
Réjouis-toi, car tu entrevois la douleur de la Vierge au Golgotha;
Réjouis-toi, toi qui entonnes le thrêne du Grand Vendredi.
Réjouis-toi, Consolateur de celle qui a mis au monde la Consolation d'Israël;
Réjouis-toi, prophète des larmes innocentes de la Nouvelle Eve.
Réjouis-toi, car gorgé des flots divins, tu es parti pour les gorges de l'Hadès;
Réjouis-toi, car à ta vue les captifs des séjours infernaux furent comblés de divine rosée. 
Réjouis-toi, car avec toi l' allégresse des affligés est entrée dans le Temple;
Réjouis-toi, car l'irruption de la Vie dans le Temple t'a fait pénétrer dans l'Eglise de Vie.
Réjouis-toi, car tu as porté dans tes bras le libérateur de nos âmes;
Réjouis-toi, car tu nous permets de prendre part à la divine Résurrection.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu!

Kondakion 9: 

Orne ta chambre nuptiale, Sion; accueille le Christ notre Roi; embrasse Marie la Porte du Ciel, c'est elle le nouveau trône des Chérubim, elle porte le Roi de Gloire, nuée lumineuse portant en sa Chair le Fils engendré avant l' aurore. 
Siméon le recevant dans ses bras révèle à tous les peuples qu'Il est le maître de la vie et de la mort ; il prophétise qu'Il vient, le Messie, pour la chute et pour la Résurrection.
Nous aussi, allons à sa rencontre en chantant joyeusement: Alléluia!

Ikos 9

Sois illuminé, glorieux Siméon, car du ciel apparaît une grande lumière qui dissipe les ténèbres des nations. Tu reçois dans tes bras le Seigneur de Gloire issu de la Vierge, Celui-là que Moïse jadis contempla sous la nuée lorsqu'Il lui remit les Tables de la loi.
A son appel Adam s'était caché parce qu'il avait peur; Moïse qui s'était déchaussé Le vit de dos et crut qu'il allait mourir; Elie se cachait le visage car il était dans la crainte. Mais à toi, le Seigneur donna la liberté de Le porter dans tes bras.
Apprends-moi à moi aussi de porter Dieu sur les paroles du cœur et je te chanterai avec reconnaissance:
Réjouis-toi, Rassasié de vie;
Réjouis-toi, certitude de la vie après la mort.
Réjouis-toi, qui appelles de tes voeux de partir en paix;
Réjouis-toi, qui annonces aux morts la résurrection.
Réjouis-toi, témoin de la glorieuse Théophanie;
Réjouis-toi, illuminé de la Présence divine.
Réjouis-toi, car par avance tu étais sur le Mont Thabor;
Réjouis-toi, car tu proclames aux ténèbres l'irruption de la Lumière.
Réjouis-toi, car tu as su discerner l'Union de l'humain et du divin;
Réjouis-toi, car tu as distingué la Transfiguration de la Chair.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de dieu!

Kondakion 10:

Les bras de Siméon qui portent le Christ Jésus semblent être le sein
du Père où Il siège.
Le conduisant au Saint des Saints, Il emplit la terre de sa Présence, et lui-même est pénétré des Energies Divines qui rayonnent en lui par la prophétie, la paix et l'allégresse.
Ainsi sont les moines en marche vers la Divine Rencontre et dont le cœur s'illumine tout entier sous l'action de la grâce et de leur persé-
vérance, jusqu'à ce que, purifiés par la componction, ils exultent intérieurement et que d'un souffle rythmé la prière jaillisse d'elle-même dans un hésychaste et écclésial: Alléluia !

Ikos 10 :

O Vénérable Siméon, comment chanter ta longue persévérance? Pauvre selon Dieu, tu attendais avec tout le peuple la venue du Messie annoncée par les prophètes. Tu as su à l'avance qu'à la fin de ta vie tu célébrerais l'accomplissement des Promesses de Dieu.
Maintenant, de la Béatitude que tu appelais de tes voeux, tu attends avec nous le Retour promis pour la fin des temps, quand rayonnera la gloire sur tout l'univers. 
Justifie-nous aussi à l'attention des choses d'en haut et donne-nous de scruter le ciel avec les Douze et de brûler du désir de voir le Règne de Dieu; alors nous pourrons t'adresser en paroles: 
Réjouis-toi, modèle et gloire des moines;
Réjouis-toi, ascète rassasié de prière et de Lumière.
Réjouis-toi, car ton esprit était rempli d' obéissance;
Réjouis-toi, car tu as puisé en Dieu la force de ta vie.
Réjouis-toi, car tu as tenu pour vanité les plus belles choses du monde;
Réjouis-toi, car tu aimais Celui que tu n'avais pas encore reçu.
Réjouis-toi, car tu as obtenu une âme pacifiée;
Réjouis-toi, Lumière qui brûle et illumine par les dons de la Grâce.
Réjouis-toi, Illuminé de la Trinité;
Réjouis-toi, Rassasié du mystique festin.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu!

Kondakion 11:

Saint Siméon, ô conducteur de Dieu, à qui aurai-je encore la liberté audacieuse de te comparer?
A Melchisédeck, toi qui es plus grand que lui ? Tu l'es en effet car tu officie au Temple de Dieu mais ce n'est plus Abraham qui vient vers toi, et ce n'est pas la dîme de ses biens, ni du pain, ni du vin qu'il te remît, mais toi, c'est la Très Pure Agnelle que tu as rencontrée et qui a déposé dans tes bras, pour qu'il soit offert au Golgotha l'Agneau de Dieu, le Pain Céleste, la Sagesse Divine, Lui, Prêtre et Victime agréable à Dieu. C'est pourquoi nous te présentons notre vénération en chantant: Alléluia !

Ikos 11 :

Tu as offert des sacrifices sanglants qui de loin préfiguraient le sang du salut qu'a versé par amour ineffable l'Agneau qu'en son corps tu as tenu. Dans tes bras tu as porté l'encens agréable à Dieu. Le Prince mystique a déposé dans tes mains le charbon ardent, la manne céleste, le pain des anges, le corps du Sauveur qui sera livré au Banquet Eucharistique.
C'est ainsi que nous te reconnaissons prophète et prêtre des deux Alliances, le Médiateur entre l'Ancien et le Nouveau et que nous t'acclamons en ces termes :
Réjouis-toi, qui préfigures Melchisédeck;
Réjouis-toi, figure du Divin Prêtre.
Réjouis-toi, car ta joie fut sans limite,
Réjouis-toi, car ton dernier souffle t'a ouvert l'Eternité.
Réjouis-toi, Serviteur juste et pieux des ombres des choses à venir;
Réjouis-toi, Prêtre du Sacrifice Nouveau et dispensateur des mystères.
Réjouis-toi, car Elie a brûlé l'holocauste d'un feu céleste;
Réjouis-toi, car la Lumière Incrée a illuminé ton Sacerdoce.
Réjouis-toi, car ta vie fut une longue prophétie;
Réjouis-toi, car ton service d'un jour fut un sacerdoce charismatique.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu!

Kondakion 12 :

Saintes sont les mains avec lesquelles tu as vraiment touché les membres divins de Celui dont chante David: "Il touche les montagnes et elles fument".
Comment eût-il été possible que ces mains connaissent la corruption, elles qui avaient été en contact avec l'Incorruptible?
Ainsi, pour notre édification et notre émerveillement, dans ta dormition Dieu a préservé ton bras de l'oeuvre de la mort.
Ceux qui ont eu la Grâce de te toucher se souviennent avec émotion que ta chair est restée souple et chaude; c'est pourquoi avec toute l'Eglise, ils jubilent d'allégresse en chantant: Alléluia !

Ikos 12 :

O Saint Siméon, Sage Vieillard porteur de Dieu, de ta main s'exhale un parfum délicat pour embaumer notre nature exhalant la mauvaise odeur du péché.
De ta châsse, pour les croyants jaillissent des guérisons. Par ton intercession des vieillards épuisés ou esseulés retrouvent la paix à l'heure de la mort et des incroyants découvrent avec stupeur que Jésus le Sauveur est Vivant, qu'Il ressuscite les morts et qu'Il illumine le monde du resplendissement de sa Gloire.
Maintenant, Saint Siméon, avec amour nous te magnifions tous ensemble et avec l'univers tout entier nous t'acclamons:
Réjouis-toi, car selon ton espoir tu savourais la divinisation;
Réjouis-toi, car même après la mort tu reste miraculeusement parmi nous.
Réjouis-toi, car tu guéris ceux qui recourent à toi avec foi;
Réjouis-toi, car tu soulages ceux dont un glaive transperce le cœur.
Réjouis-toi, secours de ceux que la mort étreint;
Réjouis-toi, guide de ceux qui aspirent à la vie de l'au-delà.
Réjouis-toi, dont la mémoire resplendit plus que le soleil;
Réjouis-toi, car tu initie les âmes à la connaissance divine.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu !

Kondakion 13:

O Juste Siméon,Vénérable Vieillard, Puissant auteur de miracles et Saint très lumineux, accepte la pauvre prière que pécheurs nous t'adressons.
Et alors que nous baisons ta main vénérable, agrée cet hymne en ton honneur comme notre maître Souverain accepte de la veuve les deux piécettes pour que, à l'heure de notre mort, nous chantions un universel et enthousiaste : Alléluia !

Ikos 1

Durant tes fréquentations assidues du Temple, l'Esprit Saint qui reposait sur toi comme sur les eaux primordiales, t'avait prévenu que tu ne mourrais pas avant d'avoir vu l'Objet des Promesses Ancestrales. Ayant eu foi en la Parole Divine, tu as eu la grâce de voir l'Invisible qui se manifestait visiblement à tous en venant à la Rencontre de Son peuple. L'Evangéliste témoigne que tu étais juste selon la Loi et pieux selon le cœur; aussi reconnaissant en toi la lampe des vertus, il est juste que nous t'acclamions en ces termes:
Réjouis-toi, modèle de foi et de piété;
Réjouis-toi, exemple du discernement charismatique.
Réjouis-toi, irréprochable selon la loi;
Réjouis-toi, rendu parfait par la présence de l'Esprit Saint.
Réjouis-toi, que la divine Beauté a paré de ses charmes;
Réjouis-toi, car en la fraîcheur de ton âme, tu as vu l'angélique splendeur.
Réjouis-toi, affectueuse douceur d'un cœur transfiguré;
Réjouis-toi, louange virile d'une âme déjà au Paradis.
Réjouis-toi, car tu as reçu dans tes bras une arche vivante;
Réjouis-toi, car comme sur un trône tu portas la présence divine.
Réjouis-toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu.

Kondakion 1

A Toi, Saint Vieillard Siméon, qui es certainement le plus grand des prophètes, je t'offre cet hymne de louange, moi qui de tous les moines suis le plus pécheur.
Tu as soutenu dans tes bras Celui qui soutient tout l'univers; intercède donc auprès du Dieu de miséricorde, pour qu'Il nous délivre de tous périls afin que nous te chantions:
Réjouis toi, Vieillard Siméon, Porteur de Dieu!

Cet Hymne Acathiste 
a été écrit  en français
par un moine athonite contemporain