Staretz Jacques [Tsalikis](5 novembre1920-21 novembre 1991)
Jacques
(Tsalikis) d'Eubée – naquit au Ciel le 21 novembre 1991, commémoré le 22
novembre n.s.
(Adapté
de "Le staretz de l'amour, du pardon et du discernement", par
Alexandros Christodoulou.)
Notre
époque et la culture d'aujourd'hui se sont malheureusement éloignées de la
vision et de la recherche de la sainteté. La foi orthodoxe est basée sur la
présence des saints. Sans eux, notre Église est sur le chemin de la
sécularisation. Naturellement, comme nous le savons dans les Écritures, Dieu
seul est saint, et la sainteté découle de notre relation avec Lui, et donc la
sainteté est théocentrique plutôt qu'anthropocentrique. Notre sainteté dépend
de la gloire et de la Grâce de Dieu et de notre union avec Lui, pas de nos
vertus.
La
sanctification suppose le libre arbitre de la personne sanctifiée. Comme le dit
saint Maxime le Confesseur, tout ce que nous apportons, ce sont nos intentions.
Sans elles, Dieu n'agit pas. Et Saint Jean Damascène répète que nous rendons
hommage aux saints " pour s'être librement unis à Dieu et l'avoir fait demeurer
en eux et être devenus par cette participation ce qu'Il est par nature ".
Les saints n'ont pas cherché à être glorifiés, mais à glorifier Dieu, parce que
la sainteté signifie participation et communion à la sainteté de Dieu.
La
source de la sainteté dans l'Église orthodoxe est la Divine Eucharistie. En ayant
part qu Saint, Jésus-Christ, nous devenons saints. Les " choses saintes [les
Saints Dons] ", le Corps et le Sang du Christ, sont donnés comme communion
" aux saints ", les membres de l'Église. La sainteté fait suite à la Sainte
Communion. Les luttes ascétiques des saints ne sont pas un but mais un moyen
qui conduit au but, qui est la communion eucharistique, l'union la plus
parfaite et complète avec le Saint. Dans la prière du Seigneur, le "Notre
Père", nous voyons que la sanctification est associée au Royaume de Dieu.
Nous demandons que Son Royaume vienne dans le monde pour que tous puissent Le
louer et participer à Sa sainteté et à Sa gloire, que nous appelons
"déification."
Jacques
Tsalikis, Staretz d'Eubée
Le
Royaume de Dieu et la déification sont une extension éternelle de la Divine
Liturgie dans l'espace et le temps, comme l'écrit saint Maxime le Confesseur.
En participant à l'Eucharistie Divine, les saints deviennent des dieux par
grâce, mais ils sont conscients « qu'ils ont le trésor dans des vases
d'argile" et ils voient "au moyen d’un miroir, d’une manière obscure " [comme le dit l’apôtre
Paul cf. 1 Corinthiens 13 :12] Ils attendent et espèrent le temps où la
porte du Ciel s'ouvrira et ils verront Dieu 'tel qu'Il est'. Leur lutte contre
les passions et les démons est continue et ils croient que tous les autres
iront au Paradis sauf eux. Ils connaissent leur insignifiance et leur
indignité, ils ne croient pas en leur supériorité morale et en leur valeur et,
avec l'humilité qu'ils ressentent, ils voient les autres comme des saints,
surtout quand ces gens leur rendent des honneurs. Ceci est dû à l'Amour, qui
est la seule chose qui restera dans le Royaume de Dieu.
Jacques
d’Eubée (icône roumaine)
Un
exemple de leur amour pour Dieu est leur lutte personnelle pour observer Ses
commandements. La soumission à la volonté de Dieu purifie les gens de leurs
passions et prépare le lieu pour que la grâce s'y installe. Tous les saints se
caractérisent par une attitude d'ascèse et d'abnégation. Selon saint Isaac, la
vie ascétique est la mère de la sanctification " de laquelle naît le
premier goût du sens des mystères du Christ." Ou, comme le dit Saint Maxime
le Confesseur: Par leur mortification volontaire, niant tous les maux et toutes
les passions... ils se sont fait pèlerins et étrangers à la vie, luttant hardiment
contre les rébellions du monde et du corps... et ils ont conservé l'honneur de
leur âme.
Le
staretz Jacques Tsalikis, était un tel vase de Grâce et une telle demeure de
l'Esprit Saint, il fut l'une des personnalités les plus importantes et les plus
saintes de notre temps, un grand et saint Staretz, un véritable ami de Dieu.
Il
était une incarnation vivante de l'Evangile, et son but était la
sanctification. Dès son plus jeune âge, il aimait prier et se rendait dans
différentes chapelles, allumait les lampades des icônes et priait les saints.
Dans une chapelle de son village, il put parler à Saint Parascève à plusieurs
reprises. Il se soumit à l'appel de Dieu, qui lui advint quand il était encore
tout petit, se renia lui-même et porta la Croix du Christ jusqu'à son dernier
souffle.
Staretz
Jacques, enfant, dans la chapelle de Saint Parascève
(source)
Enfant,
le staretz Jacques fut aussi merveilleusement guéri par saint Charalampos…
En
1951, il se rendit au monastère de Saint David l'Ancien, où il fut reçu de manière
miraculeuse par le saint lui-même.
Il
fut tonsuré en novembre 1952. En tant que moine, il obéissait sans plainte et
ne faisait rien sans la bénédiction de l'higoumène. Il marchait souvent quatre
ou cinq heures pour rencontrer son staretz, dont l'obédience était celle d'un prêtre
de paroisse dans la petite ville de Limni. La violence qu'il s'infligeait était
sa principale caractéristique. Il ne se soumis pas à lui-même facilement. Il vécut
des épreuves et des tentations incroyables. La grande pauvreté du monastère, sa
cellule glaciale avec des stores cassés et le vent froid et la neige qui entraientt
par les brèches, le manque de l'essentiel, même de vêtements et de chaussures
d'hiver, faisait trembler tout son corps et il était souvent malade. Il porta
le poids de la guerre spirituelle, invisible et aussi perceptible, menée par
Satan, vaincu par l'obéissance, la prière, la douceur et l'humilité de Jacques.
Il combattit ses ennemis avec les armes que nous a données notre Sainte Église
: le jeûne, les veillées et la prière.
Son
ascèse était étonnante. Il mangeait comme un oiseau, selon son biographe. Il dormait
par terre, pendant deux heures en vingt-quatre heures. Toute la nuit était
consacrée à la prière. En ce qui concerne sa lutte ascétique, il avait
l'habitude de dire : " Je ne fais rien. Quoi que je fasse, c'est Dieu qui
le fait. Saint David m'aide à le faire."
Jacques
d’Eubée (source)
Son
humilité, légendaire et inspirante, était sa principale caractéristique. Les
démons qui étaient dans les gens possédés qui allaient au monastère le maudissaient
et disaient : " Nous voulons te détruire, te neutraliser, t’exterminer,
mais nous ne pouvons pas à cause de ton humilité." Il souligna toujours son
manque d'éducation, ses insuffisances et son humilité. C'était typique de lui,
lorsqu'il parlait, de dire de temps en temps : "Pardonne-moi."Il ne
cessait de demander pardon aux gens, ce qui était un signe de son humble
attitude. Un jour, lorsqu'il était invité à visiter le monastère de Saint
George Armas, où l'higoumène était feu le Père George Kapsanis, il répondit :
" Pères, je suis un chien mort. Que vais-je faire si je viens vous voir ?
"Polluer l'air ?" Il eut toujours le sentiment qu'il n'était rien.
Saint
David et saint Jacques les
Protecteurs de leur monastère à Eubée
(source)
*
Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après
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