"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 24 août 2019

Métropolite Antoine [Pakanitch]: Une foi en Dieu absurde

Vladyka Antoine

Seul le Tout-Puissant et le Dieu Très Bon peut nous aider dans toutes les situations difficiles, tandis que notre égoïsme «modeste» ne peut que nous entraîner vers le bas.

Il est impossible de suivre le Christ et de ne pas Lui faire entièrement confiance. Ceci est, bien sûr, une absurdité construite précisément sur l'égoïsme humain.

L'apôtre Pierre a commencé à douter et a donc commencé à sombrer, mais lorsqu'il s'est écrié: «Seigneur, sauve-moi!» - Le Christ a tendu la main et la tempête s'est calmée. L’apôtre Pierre voulait sortir du bateau pour sauver sa vie: ne faisons-nous pas la même chose lorsque nous essayons de résoudre un problème nous-mêmes et que nous ne demandons pas l’aide de Dieu?

Peut-être que quand une tempête se lève, nous nous souvenons de Dieu, nous savons qu'Il est quelque part là, mais cela ne suffit pas. Il ne suffit pas de se souvenir de Lui: une confiance totale en Dieu est le seul chemin qui mène à Lui. C'est la confiance qui nous manque.

Nous demandons de l'aide à Dieu, mais nous n'acceptons pas l'option qu'Il offre, nous insistons sans compromis sur ce que nous pensons être juste. Nous recherchons une protection contre les malheurs en Dieu, mais nous ne prévoyons pas du tout de rester sous Son homophore *, de suivre Ses règles et Ses conseils, nous recherchons d'autres lieux et repères «calmes», «sûrs». Nous voulons changer notre vie et demander cela à Dieu, mais nous ne voulons pas nous changer nous-mêmes.

Il semble que nous nous efforcions de Le rencontrer, mais nous ne Le reconnaissons pas et ne faisons que passer.

Toute notre vie consiste en ces réunions manquées. Notre égoïsme est coupable de cela, il ne nous donne pas l’occasion de faire confiance à Dieu, de compter sur Lui, mais propose de ne compter que sur nos propres forces.

Notre foi commence là où finissent les pensées égoïstes sur nous-mêmes.

Et si nous commençons à regarder autour des vagues qui font rage et à penser à la menace de la mort, nous céderons à notre peur et, comme l’apôtre Pierre, nous commencerons à couler.

Mais si nous crions, même au dernier moment, réalisant que la mort est inévitable, comme l'a fait l'apôtre Pierre: "Seigneur! Je me noie! Je meurs! ”- Dieu nous tendra la main et nous aidera.

Le Christ viole les lois de la nature pour le salut des apôtres qui se noient: il marche sur l'eau, montrant son pouvoir sur les éléments. Et cela signifie que le Christ fait tout pour nous sauver. Mais il y a un "mais".

Dieu ne peut sauver que la personne qui est consciente de sa perte. Dieu ne nous sauvera jamais contre notre volonté.

Dieu veut nous sauver. Mais tant que nous ne le lui demanderons pas, cela ne fonctionnera pas.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

*Bande revêtue autour des épaules sur ses autres ornements liturgiques par l’évêque; c'est le signe de l’épiscopat, et représente  symboliquement  l’agneau porté sur ses épaules par le Christ, notre bon Pasteur.

jeudi 22 août 2019

Metropolite Antoine d'Ukraine: Avoir un tel Primat est une Grâce de Dieu!



L'élection de Sa Béatitude Onuphre dans des temps si difficiles pour l'Eglise n'est pas un hasard, c'est la Grâce de Dieu, a dit le Métropolite Antoine au site Pravlife à la veille de l'anniversaire de l'accession au siège du Primat de l'Eglise Orthodoxe Ukrainienne.

"Je n'ai pas peur de surestimer le rôle de Sa Béatitude le métropolite Onuphre dans l'histoire de l'Église orthodoxe ukrainienne, a déclaré Son Éminence. "Au cours des cinq années de son ministère, l'Église a passé et passe par le creuset de la persécution, des épreuves, de la calomnie, de la trahison. 

Plus d'une fois, nous avons tous été convaincus dans la pratique que ce n'est pas par hasard que Sa Béatitude dirige notre Église précisément en ce moment. C'est la Grâce de Dieu. Sa fermeté dans la foi, son allégeance à l'Église et aux commandements de Dieu, l'égalité de traitement de tous les gens, quels que soient leur position et leur statut, servent d'exemple d'esprit élevé, tandis que le Métropolite lui-même est une autorité vivante pour tous les gens, même pour les ennemis de l'Église."

Le Métropolite Antoine croit que l'unité des croyants de l'Eglise orthodoxe ukrainienne est devenue possible précisément grâce à la personnalité de son Primat:

"Sa Béatitude est un bon pasteur du peuple. Dans les moments les plus difficiles, les croyants qui lui font confiance, témoins de son calme et de sa fermeté, n'ont pas eu peur de défendre leurs temples, leurs croyances et leur foi. En effet, il répond à l'appel de l'apôtre Paul : "Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui se lamentent" (Romains 12, 15).

Je crois que les temps les plus difficiles, où il était nécessaire de se tenir littéralement épaule contre épaule, sont révolus et le temps de la prédication du Christ par chacun de nous avec sa propre vie selon les Commandements est à venir. 

L'histoire de l'Église est cyclique : les temps de persécution et de paix alternent. Mais le temps de paix n'est pas une raison pour se détendre, mais pour maintenir constamment de bons esprits, comme nous l'a légué le Sauveur, afin de résister aux temps d'épreuve avec l'aide de Dieu."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



mercredi 21 août 2019

Père Arthème Vladimirov: NOTES SUR LA PRIÈRE DE JÉSUS



Des suggestions chaleureuses et succinctes pour faire vivre la prière du cœur, par lepasteur moscovite, le Père Arthème Vladimirov.

Nous plaignons beaucoup les chrétiens orthodoxes qui pensent que le meilleur repos pour leur âme épuisée est de regarder les informations télévisées. Ce n'est peut-être pas une mauvaise chose, mais c'est une chose morte. Vous pouvez passer tout le temps terrestre qui vous a été alloué avec de telles distractions, mais vous ne serez jamais en paix. Si vous voulez calmer votre esprit et apaiser votre cœur, essayez plutôt d'invoquer le très Saint Nom de Jésus-Christ, sans hâte et avec une seule intention : attirer son attention et vous repentir de vos péchés.

Se tenir devant la Face de Dieu, purifier son cœur et sanctifier l'espace de sa vie en invoquant Son Nom, tel est son but. Nous ne savons pas comment Dieu purifie notre cœur par Son Nom, mais nous croyons qu'Il le fait d'une manière surnaturelle. En disant la prière de Jésus, il n'est pas si important que vous soyez "un moine ou un ivrogne", mais vous devez être très déterminé, attentif, humble, doux et concentré.

Essayez de marcher pendant dix minutes en invoquant Son nom miraculeux, et vous verrez un profit spirituel. Commencez d'une manière simple et humble : "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi, pécheur." Vous pouvez même le faire un peu mécaniquement, sachant que cette tradition a été sanctifiée par des générations de saints, mais lorsque vous marchez et priez, essayez de ne penser à rien d'autre. Il suffit de marcher en présence de Dieu.

Pendant ces dix minutes, vous constaterez que votre esprit enfiévré est apaisé, que le bazar bruyant de vos pensées est devenu léger, clair et direct, et que votre cœur a commencé à dire d'autres prières d'une manière qui vous satisfait. Vous priez, vous respirez, vous parlez à Dieu ; vous ne vous contentez pas de répéter des paroles vides. 

Qu'est-ce que cela signifie d'avoir son esprit dans son cœur ? Cela signifie que vous devez contrôler vos sentiments. Vous ne devez pas admettre des envahisseurs dans votre cœur, mais vous devez contrôler votre cœur avec votre esprit, pour observer tout ce qui s'y passe. Avoir votre esprit dans votre cœur est exactement ce que le Seigneur nous prescrit dans Son commandement : Quand tu pries, entre dans ta chambre, et quand tu as fermé ta porte, prie ton Père Qui est en secret..."

Que signifie fermer la porte ? Cela signifie bannir toute image terrestre ou passion avec la concentration de votre esprit et de votre volonté. Quand nous prions, nous ne devons pas admettre nos sentiments de luxure ou ouvrir notre cœur au serpent de l'irritation ; nous devons nous débarrasser de tout ce qui est désagréable. Avoir son esprit dans son cœur, c'est contrôler l'espace de son cœur. C'est le Royaume de Dieu Tout-Puissant et de rien d'autre.

Si vous faites des progrès dans cette humble prière, vous commencerez à comprendre que ce commandement est très complet. Votre cœur sera rempli d'une chaleur spirituelle qui embrasse le centre de vos sentiments. Vous comprendrez ce qu'est la prière attentive, et que votre cœur a été créé pour la prière incessante. 

La prière incessante n'est pas une répétition perpétuelle de tel ou tel mot ou phrase. Les saints Pères disent que c'est le sentiment de votre cœur. De même que vous regardez les objets de ce monde avec les yeux ouverts, de même votre cœur, réchauffé par la prière à Dieu, participera au monde spirituel. Ce ne sera pas à cause de votre piété, mais à cause de la Grâce de Dieu. La prière incessante peut-être ne pas avoir de paroles, mais vous marcherez et dormirez en présence de Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

La crise de Constantinople aux USA

Dans le texte de l'Union des Journalistes orthodoxes (cf. l'article) résumant les 10 erreurs commises par le patriarche Bartholomée à propos de l'Ukraine, l'erreur numéro 4 mentionnait ceci:


Erreur 4
En mai 2018, un événement que l'Église grecque et les médias proches de l'Église ont préféré minimiser l'importance a eu lieu aux États-Unis. Lors d'une cérémonie de remise des diplômes pour les étudiants du Collège grec et de l'École de théologie orthodoxe grecque Sainte-Croix de Boston, Efstathios Valiotis, un grand homme d'affaires et l'un des principaux sponsors de l'archidiocèse américain, a parlé publiquement dans son discours après avoir reçu le titre de docteur honoris causa de l'idée qui plane aux Etats-Unis - la séparation du patriarcat de Constantinople de l'archidiocèse.
Il a dit au Phanar : "Nous ne pouvons pas être contrôlés par un petit groupe de personnes qui se trouvent en Turquie, qui n'ont ni troupeau ni but, sans travail et avec un agenda différent. Que se passera-t-il en cas de conflit gréco-turc, qui aidera notre Église ?"

Effectivement, cet "incident" n'a eu aucun écho réel dans la presse orthodoxe, et pourtant il explique en partie cette fuite en avant dans l'aventure du pouvoir qui semble échapper à Constantinople même aux USA, grand financier de ce qui reste du patriarcat. Le besoin d'argent fait souvent tomber certains ecclésiatiques dans la simonie, et l'on vend un tomos contre l'avis des canons et pour un bénéfice immobilier ou financier, en prétendant comme le fit le "patriarche œcuménique" qu'il n'avait reçu de Porochenko "que des bonbons ou du chocolat!"(sic). 
Cette fuite de certains grecs d'Amérique peut aussi expliquer la déclaration d'Elpidore critiquant les clercs non-grecs de l'Eglise qui, selon lui, ne sont pas aptes à transmettre le message chrétien grécobyzantinohellénique, et d'autre part sa déclaration (oubliant ce faisant qu'il fut bachi-bouzouk* dans l'armée turque) sur l'occupation de Chypre dont il ne semblait pas que le patriarcat s'en souciât depuis 1974!


Voici une petite revue de presse:

Remise de son diplôme au trouble-fête


Par Theodore Kalmoukos 24 mai 2018 

Efstathios Valiotis a reçu un doctorat honorifique lors de la cérémonie d'ouverture, en présence du diacre Antonios, du P. Christopher T. Metropulos, Président du Collège Hellénique - Sainte Croix, et de Son Éminence Mgr Demetrios. Photo : TNH/ Theodore Kalmoukos 

BOSTON - L'Ordre des archontes de Saint-André du Patriarcat œcuménique a publié une déclaration ferme condamnant les déclarations concernant le Patriarcat œcuménique faites dans un discours prononcé par Steve Efstathios Valiotis de New York au Hellenic College and Holy Cross Greek Orthodox School of Theology. M. Valiotis recevait un doctorat honorifique de l'École. 

Il a appelé l'Église en Amérique "à devenir autocéphale ou le Patriarcat œcuménique à s'installer aux États-Unis". Valiotis a également déclaré que "nous ne pouvons pas être gouvernés par un petit groupe de Turcs sans troupeau et sans but, sans mission et avec un agenda différent". 

Son Éminence l'archevêque Demetrios, qui est aussi exarque du Patriarcat œcuménique et les Métropolites Méthodios de Boston, Gerasimos de San Francisco et Savas de Pittsburgh, étaient dans l'assistance lors du discours de Valiotis. Mgr Andonios, évêque de Phasiane, chancelier de l'archidiocèse orthodoxe grec, était également présent. 

La déclaration de l'Ordre de Saint-André affirme entre autres que " toute la Hiérarchie, le clergé et les laïcs du Saint Archidiocèse doivent leur allégeance au Patriarcat œcuménique et nous, les Archontes, exprimons notre profonde préoccupation que, bien que l'on ait parlé contre l'Église mère, personne ne semble avoir parlé pour elle ". 

Le texte intégral suit : 

"Déclaration concernant les sentiments rapportés contre l'Église Mère pendant les remises de diplômes du HCHC - 

L'Ordre de Saint-André l'Apôtre, les archontes du Patriarcat œcuménique, expriment leur inquiétude et leur déception à l'idée qu'au début des cérémonies de remise des diplômes de notre bien-aimé Collège hellénique et de École de théologie grecque orthodoxe de Sainte-Croix, le discours public rapporté incluait des sentiments contre la mère et la grande Église du Christ, ainsi que des références inopportunes à "l'autocéphalie" du Saint-Archevêque de l'Amérique. Comme tout clerc ou laïc doit le savoir, l'archidiocèse orthodoxe grec d'Amérique est une éparchie du très saint patriarcat œcuménique de Constantinople - le premier trône de l'Église chrétienne orthodoxe mondiale - et à ce titre, ses bases ecclésiales, canoniques et liturgiques sont ancrées dans le vignoble planté par la main droite du Seigneur, le premier disciple appelé le saint apôtre André. Toute la Hiérarchie, le clergé et les laïcs du Saint Archidiocèse doivent leur allégeance au Patriarcat œcuménique et nous, les Archontes, exprimons notre profonde préoccupation que pendant qu'on parlait contre l'Église mère, personne ne semble avoir parlé pour elle. 

Nous prions sincèrement et avec toutes les bonnes intentions qu'une telle folie n'afflige plus le Corps de l'Église**, et que nous tous, clergé et laïcs, demeurions fidèles à l'Église Mère de Constantinople avec joie et gratitude pour les bénédictions qu'Elle a accordées, avec sang et larmes, à Ses enfants dans cette grande terre de liberté et de promesse. 

Anthony J. Limberakis, MD 

Archonte Aktouarios

***

Efstathios (Steve) G. Valiotis

Le HCHC [Holy Cross Hellenic College] tient sa 76e réunion et rend hommage à Efstathios G. Valiotis qui a exprimé des opinions controversées 


Cérémonie de remise des diplômes de l'Ecole grecque orthodoxe de théologie de Sainte-Croix du Collège hellénique à l'Auditorium Pappas. (Photo par TNH/Theodoros Kalmoukos)

Source : Le National Herald

Par Theodoros Kalmoukos

BOSTON, MA - Le Collège Hellénique et l'Ecole de Théologie de Sainte-Croix (HCHC) ont tenu leur 76ème cérémonie de remise des diplômes le 17 mai. Vingt-quatre étudiants sont diplômés du Collège et 35 de l'École théologique, dont 19 ont obtenu une maîtrise en Théologie, le diplôme pour ceux qui souhaitent devenir prêtres. Des 35 autres diplômés de l'école, sept ont obtenu une maîtrise en théologie et neuf une maîtrise en études théologiques. De plus, sept d'entre eux ont reçu un certificat en musique byzantine.

Les major de promotion du Collège et de l'École, respectivement, étaient Theofanis Rauch et Jeremy Troy.

John P. Calamos, fondateur, président et directeur informatique de Calamos Investments, a reçu le doctorat en sciences humaines (Doctorat en Humanités), qui est un doctorat honorifique.

Efstathios G. Valiotis, fondateur et PDG d'Alma Realty et fondateur d'Alma Bank, a également reçu un Doctorat honorifique en Humanités.

Le P. Anthony Coniaris, prêtre et auteur, a reçu un doctorat honorifique en théologie (DD).

Dans son allocution, M. Calamos a félicité tous les diplômés et a déclaré que l'obtention d'un diplôme d'études collégiales est considérée comme allant de soi pour beaucoup. Mais pas pour moi. Je viens d'une famille d'immigrants grecs qui sont venus aux États-Unis et qui ont lutté pendant des années. Nos valeurs familiales et notre solide éthique de travail m'ont été très précieuses. Nous avions une épicerie à Chicago où j'ai grandi. En grandissant, nous sommes allés à l'église et à l'école du dimanche. J'ai été le premier membre de ma famille et à aller à l'université.

[suit le parcours de vie de M. Calamos]

[...]

Dans son allocution, Valiotis a appelé l'Église en Amérique "à devenir autocéphale ou au Patriarcat œcuménique à s'installer aux États-Unis". Nous ne pouvons pas être gouvernés par un petit groupe de Turcs sans troupeau et sans but, sans mission et avec un agenda différent. Mgr Demetrios, qui est aussi Exarque du Patriarcat œcuménique, et le Métropolite Methodios de Boston, Gerasimos de San Francisco, et Savas de Pittsburgh, ainsi que Mgr Andonios de Phasiane, Chancelier archidiocésain, étaient présents lors de ces remarques.


Valiotis a dit au National Herald que "le problème de l'Église en Amérique est qu'au cours des trente dernières années, elle a eu deux archevêques. L'un est élu et il est célibataire à New York et l'autre est marié et vit quelque part sur Long Island". Valiotis refusa d'identifier celui qu'il appelait "l'archevêque marié".

Mgr Demetrios a fait l'éloge des lauréats, déclarant que "ce sont des hommes extraordinaires. Ce sont des hommes d'affaires prospères, très créatifs, mais ils ont la caractéristique d'être à l'église le dimanche."


L'archevêque a également fait référence aux premier et troisième chapitres de l'Apocalypse et il a souligné le terme "être victorieux". Il a également transmis les vœux du Patriarche œcuménique Bartholomée.

***

Stathis Valiotis recevant un doctorat Honoris Causa

LE SCOOP ÉTAIT AILLEURS

[…]

Pour nous, les références au Phanar de Stathis Valiotis dans son discours, n'étaient pas le plus important. Des points de vue similaires ont été exprimés dans le passé par de nombreux membres de notre Église, sans aucune résonance particulière. N'oublions pas que pendant la crise ecclésiastique visant à détrôner l'archevêque Spyridon, l'organisation GOAL qui a été créée à l'époque, avait dans ses rangs des personnes qui prêchaient l'autocéphalie, et elle était soutenue financièrement par Michael Jaharis de mémoire bénie et d'autres appréciés par le Patriarche oecuménique. Mais beaucoup de gens qui aujourd'hui expriment leur "indignation" n'ont pas réagi. Le scoop qui est sorti de la cérémonie d'ouverture était la déclaration de Stathis Valiotis au National Herald : "le problème de l'Église en Amérique est qu'au cours des trente dernières années, elle a eu deux archevêques. L'un est élu et il est célibataire à New York et l'autre est marié et vit quelque part sur Long Island. Quel que soit l'effort que fait l'élu, il est torpillé par l'élu."


C'est une paraphrase d'un rapport du Métropolite Antonios de San Francisco, de mémoire bénie, au Patriarche œcuménique Bartholomée, en mai 1998, que nous avons entendu de nos propres oreilles et qui concernait "l'homme du Patriarche œcuménique en Amérique" Père Alexander Karloutsos.


Nous l'avons écrit alors dans le quotidien "Proini" et nous l'avons répété courageusement ces dernières années, surtout après les multiples "remontrances" adressées à l'archevêque Demetrios pour qu'il démissionne, car d'une manière ou d'une autre il y sera obligé - juste pour rappeler un éditorial de l'éditeur du National Herald.


Les archontes "indignés" ont annoncé qu'ils ont décidé d'honorer cette année en octobre avec le Prix Athénagoras le Père Alexander Karloutsos et ils écrivent sur lui - entre autres choses - qu'il a servi comme assistant de trois archevêques. Ce qu'ils ont omis de mentionner, c'est que cet assistant s'est débarrassé de deux archevêques (Iakovos et Spyridon) et qu'il se prépare également à se débarrasser de Démétrios. C'est le Brutus parfait, même si aucun des deux n'a dit : "Toi aussi, Père Alexandre ? (tu quoque Brutus ?) S'il y a un prix Brutus, il le mérite !


Nous répéterons donc que notre Église en Amérique ne peut avoir deux archevêques. Et avant que la succession de Démétrios n'ait lieu (cela arrivera à un moment donné, puisqu'il vient de passer 90 ans), l'archidiocèse d'Amérique devrait :


Tout d'abord, elle doit clarifier ce qui s'est passé avec les finances (d'ailleurs, aucun n'a fait d'effort pour répondre à nos questions concernant le rapport).

Deuxièmement, avoir un et un seul archevêque.

Au cours des dernières années, comme certains, à des fins égoïstes seulement, tentent d'inciter à une crise ecclésiastique, nous, qui l'avons vécue deux fois pendant Iakovos et Spyridon, avons déclaré avec courage que nous n'avons pas l'intention de nous enmêler dans la division de la communauté gréco-américaine, une division dont certains veulent profiter.


Nous avons été témoins avec regret - dans le cas des réactions au discours de Valiotis - de l'utilisation comme réponses avec les mêmes expressions des crises passées. Par exemple, le métropolite Evangelos a utilisé dans son annonce la caractérisation "mitraloias" (μητραλοίας), qui signifie matricide, et avait été attribuée alors à Iakovos par un quotidien gréco-américain. "Nous ne devons pas suivre nos opinions personnelles et même les sentiments matricides ou les sentiments des gens sans fondement et sans raison." (μητραλιών - mal orthographié dans le texte grec). A un autre moment, la même annonce se réfère à "...Arius, Nestorius et tous les Hérétiques, qui ont lutté de l'intérieur contre les enseignements et les traditions de notre foi orthodoxe...".

Valiotis n'a pas parlé de la nature de Dieu ni de la question de savoir si la Panagia est Mère de Dieu, Théotokos ou Christotokos ; et ses critiques ne sont ni des Athanase ni des Cyrille.

Quelle est donc la conclusion ? L'archidiocèse d'Amérique, après Iakovos, a perdu une grande partie de son autonomie ; et toutes les possibilités de prendre ses propres décisions sans le veto du Phanar, elles ont été considérablement limitées par les changements consécutifs à la charte.

Pire encore, les deux grands fonds indépendants qui ont été créés et les changements silencieusement mis de l'avant dans l'organisation des archontes (certains disent que chacun contribuera 10 000 $ et que les sommes seront envoyées au Patriarcat) vont assécher financièrement l'archidiocèse et les paroisses en particulier. Surtout pour ces dernières, lorsqu'il y a des difficultés financières, l'école grecque" est la première victime.


Pour nous, ce sont les questions fondamentales et non pas si l'Archevêque d'Amérique devient le Métropolite de France, Elpidophore, ou Methodios, ou Evangelos, ou quelqu'un d'autre.


-->
Celui que le Patriarche voudra deviendra Archevêque, et quand ce moment viendra, si Dieu le veut, nous l'accueillerons avec amour et respect. Mais pour dire les choses simplement, il n'y a absolument aucune raison à ce stade de chercher un "faiseur de paix", alors qu'il suffit de préserver la paix qui existe, quels que soient les problèmes. –
-->
 Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
les sources citées
Les lecteurs qui souhaiteraient approfondir ce thème peuvent lancer une recherche avec : Efstathios Valiotis May 2018
***
NOTES: 
* Cavalier mercenaire de l'armée turque.

** Elle ne peut le faire sans mal que lorsqu'elle concerne l'Ukraine apparemment





--> -->

mardi 20 août 2019

Hiéromoine Savvaty [Bashtovaya]: HONTE AVANT LA CONFESSION


Que faire quand on est gêné de confesser une certaine sorte de péché? La réponse à cette question se trouve dans n’importe quel guide de confession, mais je pense que la réponse n’est pas la guérison. Je suis sûr que c’est la raison pour laquelle tu recherches une réponse, une réponse différente de celle-ci, que tu connais sans doute déjà, mais qui, dans l’état où tu te trouves, ne t’est d’aucune utilité. Par conséquent, je ne réponfrai pas de manière classique: «Honte au Diable, il doit être vaincu et il faut confesser son péché! » 

L’évêque Anthony [Bloom], évêque de Souroge, s'est rappelé avec émotion un incident de sa jeunesse qui a changé sa vie. J'avoue que cet incident a eu le même effet sur ma vie. 

Un jour, à la fin de l’office, un jeune homme s'est adressé au prêtre pour être oint, et ce dernier l'a troublé en paraissant ivre. Néanmoins, par une courtoisie hypocrite, il voulut embrasser sa main, mais le prêtre la retira timidement, s'excusant pour l'état dans lequel il se trouvait. 

Lorsque les gens se furent dispersés, le jeune homme, touché par cela, s'adressa au prêtre pour lui demander pardon. Le prêtre avait l'air tellement abattu qu'il pleurait presque. Et il avoua au jeune homme qu'il regrettait, mais il n’en pouvait plus, car sa femme et son enfant venaient de mourir dans un accident. 

Le futur métropolite de Souroge fit alors la révélation suivante, simple mais fondamentale. Il comprit que lire la Bible au sujet de la patience de Job était une chose, et la citer à titre d'exemple pour les autres quand on les voit en deuil, en est une autre quand un si grand malheur vous arrive. 

Une vie chrétienne authentique commence par cette tâche simple - comprendre que nous ne pouvons pas toujours suivre les conseils (très bons cependant) des saints Pères et même du Sauveur lui-même. Nous n’avons pas toujours la force nécessaire pour cela, le courage et la volonté. 

Mais malgré cela, nous n'oublierons pas que même alors (que nous soyons tentés par des démons ou même que nous tombions sous leur pouvoir, ou que nous soyons tentés par des impulsions normales de la nature), nous restons néanmoins chrétiens. Les chrétiens sont vulnérables, mais chrétiens. Par conséquent, comprenons que la vie d’un chrétien ne se compose pas seulement de victoires, pas seulement de succès, mais peut-être, pour l’essentiel, de défaites, mais de défaites seulement vécues avec courage. 

Pour nous chrétiens, une défaite subie avec courage est plus qu’une victoire indigne remportée avec arrogance. Une telle victoire peut facilement vous éliminer du champ de bataille. Dans notre cas, si quelqu'un confesse ses péchés avec une grande facilité, il peut alors se demander: pourquoi cela lui arrive-t-il? Est-ce parce qu'ils ne lui semblent pas si lourds? Est-ce parce qu'il n'avait pas l'esprit de véritable repentir? 

Oui, l'avortement, l'inceste, l'homosexualité, la nécrophilie et le meurtre peuvent être votre péché. Mais sachez simplement qu'il y a des gens qui confessent ces péchés presque calmement, mais quelque part, dans un monastère oublié, il y a peut-être un novice terriblement triste parce qu'il a mangé une pomme de cet arbre, et qu'il n'a pas eu la bénédiction de la manger. Nous, dans le Patéric, avons un tel cas lorsqu'un novice était terriblement tourmenté par le fait que, ayant une obédience au réfectoire (dans la cuisine), il avait goûté l'huile dans un pot [sans bénédiction][1] . 

Donc, à mon avis, la honte que nous ressentons au moment de confesser un péché peut dépendre moins de la gravité du péché commis que de l'intensité de notre repentir. Afin d'empêcher la repentance, si courageuse et si agréable à Dieu, récompensée par une couronne de victoire, le Diable s'arme contre nous et renforce notre confusion, en augmentant non seulement la honte, mais également le désespoir. 



Mais qu'est-ce que cela signifie que l’on doit se déclarer vaincu? Est-il possible que tu ne puisses pas confesser un certain péché à un prêtre? Non, Pas encore. Ce n'est qu'un coup, un coup qui implique naturellement chaque lutte. Mais ce n’est pas une défaite, c’est toujours du corps à corps. La défaite se produit lorsque nous commençons à fuir non seulement le prêtre, mais même le Christ, lorsque l’on commence à penser que non seulement le prêtre ne peut pas nous comprendre, mais le Christ non plus. Et même Il ne peut pas te pardonner ! 

Nous avons dit que cette honte peut être causée non pas par le poids du péché, mais par l'intensité de la repentance. Et il serait très triste de manquer l'occasion d'obtenir la couronne de victoire du repentir à cause de notre embarras. Cette couronne attend le vainqueur dans un endroit plus haut que nous et imagine: nous n’avons rien où nous puissions aller pour l’obtenir - pas un banc, pas une pierre, pas une souche. Tout ce que nous avons à portée de main est notre péché, sur lequel il faut marcher, comme sur une échelle, comme sur un dais et obtenir une couronne. 

Donc, si tu ne peux pas voir le prêtre, avec qui tu te confesses habituellement, va voir un prêtre inconnu, va dans une autre ville où personne ne te connaît et vois le premier prêtre sur votre chemin, vois-le. 

Et si tu as cessé de faire confiance aux prêtres, parce que tu peux tomber dans cette tentation, fais appel à une personne en qui tu as confiance. Et si tu n’as pas même une telle personne, parle sans hésiter à Dieu et dis-le Lui constamment. En fait, je suis convaincu que le souvenir du péché te persécute de manière obsessionnelle, mais dis-le ouvertement, dans l’espoir de ne pas fuir Dieu. 

Prenons le cas de Pierre et Judas à titre d'exemple. Judas, également, enflammé par le repentir, courut et jeta de l'argent obtenu du sang. Judas, contrairement à Pierre, reconnaissait le sang du Christ "innocent" (Matt. 27, 4), c'est-à-dire qu'il s'opposait pratiquement à la décision des Juifs, à tout le temple condamnant le Christ à mort. 



Pierre n'avait pas la force de le faire, même devant une simple femme qui disait l'avoir vu parmi les disciples. Pierre jura, renonçant au Christ, tandis que Judas Le déclara sans crainte innocent, non seulement à une femme simple qui ne pouvait rien lui faire, mais également à des législateurs juifs qui pouvaient le mettre à mort. 

Et pour autant, la grande repentance de Judas ne l'aida en aucune manière, car Judas, bien que repenti, s’était éloigné de Dieu, il n'a pas eu le courage de se confesser à Lui. Judas, qui a eu le courage de confesser cela aux gens, n'a pas eu le courage de se confesser à Dieu, et Pierre, bien qu’effrayé et honteux devant les gens, le moment venu, se confessa à Dieu. 

Quelle était la confession de Pierre? Peut-être qu'il a dit: "Seigneur, j'ai péché en te trahissant, pardonne-moi"? Non Pierre s’est confessé d'une manière différente, choquante pour nous. Pierre a dit: «Seigneur! Tu sais tout; Tu sais que je t'aime » (Jean 21, 17). 

Alors répéte, même si tu n’y crois pas toi-même. Dis-le précisément parce que c'est un mensonge, mais seulement le mensonge dont tu rêverais, afin qu'il soit vrai. Peut-être que c'est juste la vérité, la vérité que peu d'entre nous peuvent réaliser, mais dont nous sommes jaloux. Crie et répète ce mensonge à Dieu, dis-le en face. 

- Seigneur! Tu sais tout; Tu sais que je T'aime. 

Dieu connaît notre péché, il le connaissait avant même de nous amener dans le monde. Et pourtant Il n'a pas empêché notre naissance. Cela n'indique-t-il pas la confiance de Dieu en nous, cela n'indique-t-il pas le grand espoir qu'Il a placé sur nous? Pourquoi décevoir un homme-Dieu aussi merveilleux que le Christ? 

Le même métropolite Anthony dans l'un des sermons du jour de Noël […]offre une discussion qui ne porte pas tant sur la foi de l'homme en Dieu - ce sujet est déjà très largement abordé - combien sur la foi de Dieu en l'homme. Vladyka peint le Conseil de la Sainte Trinité lors de la création de l'homme. Dieu le Père aurait alors déclaré: 

- Créons l'homme à notre image et à notre ressemblance (cf. Genèse1, 26). 

"Oui, mais cet homme tombera", dit l'Esprit, "et toi, le Fils, devras mourir pour lui." 

- Alors le créer pour nous ou ne pas le créer? - demanda le Père. 

"Le créer," répondit le Fils. 

C'est l'espoir que Dieu a placé en l'homme! Nous confessons ce Dieu, nous avons honte de Lui, nous L'aimons. 

Si tu ne peux pas toujours confesser ton péché au prêtre, ne désespére pas: dis-le à Dieu. Et ajoute à ce péché toutes les raisons pour lesquelles tu ne peux pas le confesser. Dis tout à Dieu tel quel, simplement. Et ne t’éloigne pas de Dieu. 

Tu peux Lui dire qu'Il est injuste envers toi, que c'est à Lui de se faire des reproches pour ton péché, tu peux Le calomnier devant toute la terre, tous les prêtres et tous les évêques, mais il te suffit de tout dire devant Lui et de ne pas te calmer avant de recevoir Sa réponse. Peut-être qu'à un moment donné, tu comprendras que ce que tu Lui dis est un mensonge, ou peut-être pas. Mais sache simplement qu'Il te comprendra, peu importe ce que tu Lui dis. Et calme-toi. 

Vous pouvez tout lui dire - pour que tu n’as pas à te tourner vers les gens. Mais méfie-toi des calomnies envers les prêtres ou toute autre personne, devant les gens, jusqu'à ce que tu te calmes complètement. 

Blâme tout le monde devant Dieu, car Il te comprendra, Il sait tout. Et toujours, aussi désespéré et indigné que tu puisses être, n’oublie pas que tout n’est qu’une tentation, une tentation temporaire que tu dois vaincre. 



Il viendra un moment où tu pourras dire ceci [ta confession] au prêtre, c'est-à-dire également à Dieu, mais avec un témoin. Cela ne te semblera plus aussi difficile, car c’est aussi un homme tourmenté par les pensées, comme toi, comme le dit le saint apôtre Paul: la créature n’est-elle pas tourmentée et soupire d’une manière indescriptible, en attente d’adoption (cf. Romains 8, 22-23) ? 

Vois cela comme un péché mineur, une sorte de péché. Que la vie dans le futur puisse te plonger dans de si grands péchés, que ce qui tegêne en ce moment te semblera absurde. Et si tu ne peux pas confesser ce péché, que feras-tu avec ceux-là? 

« Prends courage, j'ai vaincu le monde » (cf. Jean 16: 33) 


Version française Claude Lopez-Ginisty 

d’après 

Kirill Aleksandrov : Les dix erreurs du patriarche Bartholomée

Le Patriarche Bartholomée et Petro Porochenko.
Photo : UOJ
Ce que le chef du Phanar n'a pas pris en compte, en passant un accord avec Petro Porochenko et en reconnaissant les schismatiques ukrainiens.
Le Patriarcat de Constantinople, à travers les efforts de ses hiérarques et de ses théologiens, tente ouvertement d'imposer au monde orthodoxe tout entier le concept du "premier sans égal". Cette idéologie prétend que le Phanar exprime l'essence même de l'Orthodoxie, que l'Église du Christ elle-même ne peut exister sans cela.
Certes, pour le moment, il n'y a pas de déclarations sur l'absence de péché du patriarche de Constantinople ou du patriarcat dans son ensemble, mais cela découle logiquement de la notion précitée de "premier sans égal".
"Le patriarche de Constantinople n'est pas sans péché, mais il a toujours raison puisqu'il est le patriarche de Constantinople", semble être l'idée des bienfaits dont bénéficie le chef du Phanar.
C'est exactement ce que disent les monastères de l'Athos qui entrent en communion avec les schismatiques ukrainiens de l'Église orthodoxe d'Ukraine. Ils ne comprennent pas ou prétendent qu'ils ne veulent pas aller en profondeur dans l'essence des décisions prises par le Phanar mais simplement montrer de l'obéissance à leur patriarche.
C'est vrai, dit l'apôtre Paul : "Mais si nous, ou un ange du Ciel, vous annonçons un autre évangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit maudit" (Galates 1, 8). Mais il s'agit d'un autre sujet de discussion. Analysons ici les actions et les décisions du Phanar et du patriarche Bartholomée et réfléchissons à la question de savoir si une personne qui prétend être la plus sage et la plus juste dans le monde orthodoxe peut agir de cette manière.
L'épopée avec le Tomos et l'OCU [« église ukrainienne » schismatique] a commencé le lundi 9 avril 2018, avec la visite du président de l'époque, Petro Porochenko, à Istanbul, et avec les négociations avec le patriarche Bartholomew.
patriarche Bartholomée et Petro Porochenko, Istanbul, 09.04.2018
Photo : president.gov.ua
Le service de presse du Président a rendu compte très rapidement des résultats des négociations. Il n'y avait qu'une seule ligne sur la création de l'Église autocéphale en Ukraine : "Le Président de l'Ukraine a également noté l'importance de l'introduction d’une  église orthodoxe locale unique en Ukraine, à laquelle le peuple ukrainien aspire." Mais malgré cela, comme cela s'est avéré plus tard, c'est alors que le patriarche Bartholomée a pris une décision de principe - de jouer la carte ukrainienne. Et c'est là qu'il a fait la première erreur.
Erreur 1
Le patriarche Bartholomée a fait un pari essentiellement perdant-perdant dans son jeu - premièrement, sur la politique, et deuxièmement, sur l'homme politique qui s'était discrédité pendant quatre ans de règne et avait très peu de chance d'être réélu pour un second mandat.
Dans presque tous les domaines des relations internationales, les pays préfèrent ne pas mener de négociations sérieuses et ne pas signer d'accords avec les dirigeants des États au cours de la dernière année de leur mandat. Un tel leader est appelé le "canard boiteux" en raison de la mise en œuvre douteuse des accords avec lui.
Le patriarche Bartholomée n'avait qu'à attendre les résultats de l'élection présidentielle en Ukraine et à prendre des mesures concrètes. Mais il a préféré négliger cette règle élémentaire des relations internationales et risquer un de ses principaux atouts - le respect des Églises locales orthodoxes. Il a pris un risque et a perdu.
La conséquence de la visite de Porochenko au Phanar fut que la Verkhovna Rada d'Ukraine adopta un appel au Patriarcat de Constantinople avec une demande d'autocéphalie. L'appel fut signé par le Président de l'époque, les parlementaires et les "hiérarques" du « patriarcat de Kiev » et de « l'église orthodoxe autocéphale ukrainienne » toutes deux  schismatiques. Les médias publièrent de fausses nouvelles prétendant que  dix évêques de l'Eglise Orthodoxe ukrainienne [canonique du Métropolite Onuphre] avaient apposé leur signature, mais seulement deux hiérarques ont confirmé l’avoir fait plus tard.
En réponse, le 22 avril, le Phanar a annoncé l'ouverture de la procédure d'octroi de l'autocéphalie à l'église en Ukraine.
Capture d'écran du site web du Patriarcat de Constantinople
Un message sur le site web du Patriarcat de Constantinople disait que son Synode, "ayant reçu de quelques personnalités ecclésiastiques et politiques représentant plusieurs millions d'Ukrainiens orthodoxes une demande d'autocéphalie, a décidé de rester en contact étroit avec d'autres Eglises orthodoxes sœurs afin de les informer et de les coordonner". En effet, les représentants du Phanar commencèrent à faire le tour des Églises locales. Et puis le Patriarcat de Constantinople commit une autre erreur.
Erreur 2
Il n'y eut pas d'accord sur la question de l'autocéphalie ukrainienne. Comme les phanariotes eux-mêmes le déclarèrent plus tard, ils n'étaient pas du tout intéressés par l'opinion des Églises locales sur la question ukrainienne, ils les ont simplement informés de la décision déjà prise. Qui pourrait aimer cela?
Le Patriarcat de Constantinople n’avait pas l'autorité pour accorder l'autocéphalie en Ukraine. Même aux yeux des partisans du Phanar, cette autorité semble discutable car, quoi qu'on en dise, l'Église orthodoxe ukrainienne canonique a plus de relations avec l'Église russe que l'Église de Constantinople. Et même le « patriarcat de Kiev » et « l'église orthodoxe autocéphale ukrainienne »  schismatiques, qui revendiquaient l'autocéphalie, n'avaient pas rompu avec elle, mais avec l’Eglise orthodoxe russe.
Dans ces conditions, quand la justesse des actions de Constantinople n'était pas évidente, il aurait dû coordonner ses actions avec les Églises locales, et pas seulement les informer. Le Phanar s'est avéré agir d'une manière très non-diplomatique, c'est le moins qu'on puisse dire.
Et bien sûr, un tel comportement des phanariotes ne pouvait que provoquer le rejet dans les Églises locales. Il est possible que Constantinople veuille vraiment coordonner ses actions, et pas seulement informer tout le monde, mais cela aurait pris beaucoup de temps. Mais le Phanar a manqué de temps parce qu'il a agi dans le cadre de l'agenda de Porochenko, qui avait besoin d'autocéphalie pour l'élection présidentielle de 2019.
Erreur 3
Après le début de la "procédure d'octroi de l'autocéphalie" par Constantinople, le 23 juin 2018, une délégation de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] conduite par le Chancelier de celle-ci, le métropolite Antoine (Pakanich), a visité Phanar afin de connaître les intentions des phanariotes et de les prévenir de possibles erreurs irréparables.
Après la rencontre, l’évêque Antoine a dit : "A plusieurs reprises il a été mentionné l'impossibilité de légaliser le schisme, la question du traitement devait être posée. Au sens figuré, parfois les médicaments n'aident pas, et maintenant nous sommes à la recherche de quelque chose qui aidera à unir nos frères, qui sont derrière la clôture de l'Eglise depuis longtemps, et nous voyons que le désir du patriarche de Constantinople, l'Eglise dont nous avons reçu le baptême, est d'aider dans ce domaine. Sa Sainteté le patriarche Bartholomée a déclaré qu'il ne voulait pas intervenir dans cette situation, mais qu'en tant que personne responsable et premier parmi les hiérarques égaux du monde orthodoxe tout entier, il voulait aussi aider à résoudre un problème très difficile, et nous voyons que cette ouverture découle de la recherche d'une décision basée sur nos règles canoniques, et non comme certains hauts responsables disent dans nos médias que le problème aurait été résolu.
En d'autres termes, le patriarche Bartholomée a assuré la délégation de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] qu'il n'agirait pas au détriment de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique]  et ne s'immiscerait pas dans les affaires ukrainiennes mais se comporterait exactement dans le sens inverse.
Cette tromperie est devenue encore plus évidente lors de la visite du Patriarche Cyrille au Phanar le 31 août 2018.
Les Patriarches Kirill et Bartholomée lors des négociations à Istanbul le 31.08.2018
Photo : AFP
Voici de brèves déclarations que les journalistes ont entendues du Patriarche Cyrille et du Métropolite Hilarion (Alfeyev) l'accompagnant :
L'ambiance était très bonne.
J'espère que nous continuerons à travailler ensemble pour rendre le monde meilleur.
Nous sommes simplement programmés pour l'interaction et la coopération.
Il n'y avait rien à la réunion qui produirait une sorte d'explosion dans la conscience.
L'entretien était très correct, une conversation entre les deux chefs des Eglises, qui sont conscients de la responsabilité de l'état de l'Orthodoxie Œcuménique.
Un échange de vues très fructueux.
Du début à la fin, la discussion a été très sincère et très fraternelle, nous avons quitté Constantinople avec un sentiment très lumineux.
Comme le Métropolite Hilarion l'a admis plus tard, le patriarche Bartholomée les a assurés de l'impossibilité de ce que le Phanar a fait par la suite et a donc commis l’erreur suivante.
Le patriarche Bartholomée a trompé à la fois les hiérarques ukrainiens et le Patriarche Cyrille. Tout mensonge aide à résoudre le problème actuel mais discrédite le menteur. Le Phanar a fait preuve d'astuce et de malhonnêteté, et ces qualités sont difficilement incluses dans la liste des vertus chrétiennes et sont peu susceptibles d'être inhérentes chez quelqu'un qui prétend être le "premier sans égal".
Erreur 4
En mai 2018, un événement que l'Église grecque et les médias proches de l'Église ont préféré minimiser l'importance a eu lieu aux États-Unis. Lors d'une cérémonie de remise des diplômes pour les étudiants du Collège grec et de l'École de théologie orthodoxe grecque Sainte-Croix de Boston, Efstathios Valiotis, un grand homme d'affaires et l'un des principaux sponsors de l'archidiocèse américain, a parlé publiquement dans son discours après avoir reçu le titre de docteur honoris causa de l'idée qui plane aux Etats-Unis - la séparation du patriarcat de Constantinople de l'archidiocèse.
Il a dit au Phanar : "Nous ne pouvons pas être contrôlés par un petit groupe de personnes qui se trouvent en Turquie, qui n'ont ni troupeau ni but, sans travail et avec un agenda différent. Que se passera-t-il en cas de conflit gréco-turc, qui aidera notre Église ?"
Le Patriarcat de Constantinople n'avait pas l'autorité d'accorder l'autocéphalie en Ukraine. Même aux yeux des partisans du Phanar, cette autorité semble discutable.
Valiotis proposa deux options pour résoudre le problème : soit l'autocéphalie complète de l'archidiocèse américain, soit le transfert du trône de Constantinople du Phanar aux Etats-Unis. Aucun des hiérarques et laïcs présents à la cérémonie n'a exprimé d'objection.
Dans ce contexte, l'effusion d'autocéphalie du Phanar en Ukraine est un catalyseur de sentiments autocéphales non seulement dans les autres Églises locales, mais aussi dans le patriarcat de Constantinople lui-même. Le temps nous dira si l'archidiocèse américain mettra en œuvre ou non le scénario de la séparation, mais en accordant l'autocéphalie en Ukraine, le patriarche Bartholomée a donné un très bon atout aux partisans de la séparation à l'étranger. Et c'est sa grosse erreur.
Erreur 5
L’erreur suivante du patriarche Bartholomée est l'intervention non seulement évidente, mais aussi provocante et claire du Département d'Etat américain dans l'octroi de l'autocéphalie en Ukraine.
Le représentant du département d'État, l'ambassadeur itinérant pour la liberté religieuse internationale, Sam Brownback, le secrétaire d'État adjoint aux affaires européennes et eurasiennes, A. Wess Mitchell, l'ancien ambassadeur des États-Unis en Ukraine et maintenant ambassadeur en Grèce, Jeffrey Payette, l'ancienne ambassadrice des États-Unis en Ukraine, Marie Yovanovitch et d'autres responsables américains, sans rien cacher, ont négocié directement la création de « l’église orthodoxe autocéphale [schismatique] » à Istanbul, Kiev et au Mont Athos, et avec les églises locales orthodoxes.
Sam Brownback et Jeffrey Payette avec Mgr Jerome II, archevêque de Grèce.
Photo : pravoslavie.ru
Ces visites et ces discussions ne pouvaient tout simplement pas passer inaperçues. En conséquence, il est devenu clair : premièrement, le projet de « l’église orthodoxe autocéphale [schismatique] » n'est pas religieux mais politique ; deuxièmement, il est créé dans l'intérêt des États-Unis ; et troisièmement, le Phanar n'est pas un décideur indépendant mais est contrôlé par le Département d'État américain. La question rhétorique est la suivante : le "premier sans égal" peut-il être gouverné par des fonctionnaires américains, dont la religion n'est nullement orthodoxe ?
Ignorant les demandes de la délégation de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique], le 7 septembre 2018, le Patriarche Bartholomée a envoyé ses exarques en Ukraine – l’évêque Daniel de Pamphylia (USA) et l’évêque Hilarion d'Edmonton (Canada) - et a ainsi commis une autre erreur.
Erreur 6
Le patriarche Bartholomée envoya des exarques sur le territoire canonique de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] sans le consentement de Sa Béatitude le Métropolite Onuphre de Kiev et ferma ainsi la possibilité des négociations avec l'Eglise orthodoxe ukrainienne. Le Phanar a clairement indiqué que dans le cas de l'autocéphalie ukrainienne, il s'appuierait sur l’église schismatique mais pas sur l'Église canonique. Et ce n'est pas seulement une erreur, mais une grosse erreur.
Le Phanar a d'abord déclaré que toutes ses actions en Ukraine visaient à unir les fidèles orthodoxes. Et même avant le Tomos, avant la décision de revenir à sa structure, la métropole de Kiev de 1686, Constantinople a montré à tout le monde qu'il traiterait avec les schismatiques et il n'était pas question d'unification avec l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique]. Ceci est prouvé non seulement par l'envoi des exarques sans être d'accord avec Sa Béatitude Onuphre, mais aussi par les personnalités des exarques eux-mêmes.
Si les phanariotes étaient un peu plus intelligents, ils enverraient en Ukraine des anciens nobles grecs qui auraient une certaine autorité pour les évêques de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique], sinon pour persuader l'Église canonique de participer à l'entreprise de l’autocéphalie, au moins pour essayer de gagner d'autres évêques canoniques à leur cause.
Mais au lieu de cela, le patriarche Bartholomée a envoyé deux jeunes émigrants d'Ukraine occidentale, issus des structures américaines de l'église autocéphale ukrainienne, qui sont aussi hostiles à l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] et aussi tolérants que possible envers les schismatiques.


Mgr Hilarion, évêque d'Edmonton, et
 Mgr Daniel, archevêque de Pamphylie.
Photo : vk.com
Pour les évêques de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] qui, peut-être, envisageaient de se joindre au projet de la nouvelle « église », les personnalités de ces exarques ont servi de signal clair : obéissez au patriarche Bartholomée - et vous serez dirigés par de telles figures.
Erreur 7
Le 11 octobre, le Synode du patriarcat de Constantinople prit une décision finale sur la question ukrainienne. Et c'était juste une énorme erreur. Cette décision comporte cinq points :
1. Accorder l'autocéphalie à l'Église en Ukraine (église qui à l'époque n'existait pas du tout).
2. Restaurer la stavropégie de Constantinople en Ukraine, c'est-à-dire prendre les principaux monastères et temples dans sa soumission directe.
3.  Accepter en communion les schismatiques du « patriarcat de Kiev et de « l’église autocéphale ukrainienne [schismatique] sans repentir.
4. Remettre la métropole de Kiev de 1686 dans la structure du Patriarcat de Constantinople.
5. Exhortez tout le monde à éviter la violence.
Le Phanar ne s'est même pas donné la peine de justifier ses décisions, d'indiquer les motifs de telles actions.
La décision d'accepter les schismatiques dans la communion et de reconnaître leurs "sacrements", y compris les "ordinations" après 26 années consécutives de déni d'une telle possibilité, comme en témoignent de nombreux documents [de Constantinople !], semble particulièrement cynique.
Mais le plus stupide, c'est le retour de la métropole de Kiev. Le fait n'est pas seulement que l'Eglise russe aurait violé quelque chose, ni même que le Phanar croit qu'il n'a rien accordé à personne, mais que la métropole de Kiev telle qu'elle était il y a 300 ans n'existe plus aujourd'hui. Inverser l'histoire ne relèvera probablement pas de la compétence du patriarcat de Constantinople.
Par la décision du 11 octobre 2018, Constantinople s'est fait la risée de tous et a montré que non seulement les paroles de l'Évangile sur la nécessité de se repentir des péchés, non seulement les témoignages des saints Pères sur l'impossibilité de la communion avec les schismatiques, mais ses propres documents, modernes et anciens, ne signifient rien pour elle.
Le "premier sans égaux" peut-il dire une chose aujourd'hui et une autre demain ?
Erreur 8
Après les décisions absurdes du Synode de Constantinople du 11.10.2018, le patriarche Bartholomée a signé un accord de coopération avec le Président de l'Ukraine, qui a été immédiatement classé. Et cela a immédiatement conduit à douter de l'honnêteté des intentions tant du côté du Phanar que du côté ukrainien.
Trois mois plus tard, le document a été déclassifié. Le point principal était que le Phanar donnait l'autocéphalie en échange de la stavropégie. Le texte se lit comme suit : L'Ukraine devrait faciliter <...> l'acquisition, conformément à la législation ukrainienne, par la mission du patriarcat oecuménique en Ukraine, à savoir la "Stavropégie du Patriarcat oecuménique en Ukraine", des bâtiments et locaux, autres biens nécessaires au fonctionnement de la Mission de "Stavropégie du patriarcat oecuménique en Ukraine" Mission (article 3 de l'Accord).
C'est devenu clair : premièrement, le projet de « l’église orthodoxe ukrainienne [schismatique] » n'est pas religieux mais politique ; deuxièmement, il est créé dans l'intérêt des États-Unis ; et troisièmement, le Phanar n'est pas un décideur indépendant mais est contrôlé par le Département d'État américain.
Le président de la Verkhovna Rada de l'époque, Andrei Parubiy, a déclaré que les "propriétés" ont été discutées : "Selon les historiens, le Patriarcat œcuménique comptait à différentes époques jusqu'à 20 stavropégies différentes (une église ou un monastère exempté de la juridiction de l'évêque local et directement soumis à l'autorité suprême de l'église territoriale, le patriarche ou Synode - Ed.) sur son territoire canonique d'Ukraine-Rus'. La plus célèbres d'entre eux est la Dormition de la Laure de Kiev-Pechersk, la Fraternité de Dormition de Lviv, le Monastère de Transfiguration de Mejigorye, la Fraternité de l'Epiphanie de Kiev, le Monastère Maniava, etc. L'église Saint-André reste la propriété de l'Etat, je le souligne, nous restaurons la justice historique et rendons la stavropégie de l'Eglise Mère, le patriarcat Œcuménique de Kiev."
La stupidité du contrat est qu'il ne peut pas être exécuté en principe - il est en contradiction avec la Constitution et les lois de l'Ukraine. Et même si Porochenko a accepté de se soucier de la Constitution, il n'a tout simplement pas eu le temps de le faire avant les élections présidentielles. Et il avait très peu de chance de gagner les élections.
En outre, le patriarche Bartholomée a montré par cet accord qu'il n'était pas du tout désintéressé et a accordé le Tomos non pas pour la "paix de l'Eglise" mais pour des biens matériels très concrets.
Erreur 9
L’erreur tactique suivante du patriarche Bartholomée est qu'il a permis de facto le double pouvoir dans l'église schismatique. Lors du soi-disant "Concile d'unification" à Kiev le 15 décembre 2018, il a été décidé que « l'église orthodoxe ukrainienne [schismatique] » aurait deux primats : l'externe - Epiphane Doumenko "métropolite" - et l'interne – le "patriarche honoraire" Philarète Denisenko. Ainsi, une bombe à retardement a été posée sous « l'église orthodoxe ukrainienne » [schismatique], qui a explosé dès que Porochenko a perdu l'élection présidentielle.
Presque immédiatement après l'annonce des résultats des élections, l'inimitié soigneusement dissimulée des deux chefs de l’église schismatique a commencé à se manifester. La démarche du "patriarche honoraire", son retrait démonstratif de « l'église orthodoxe ukrainienne » [schismatique],  et l'accusation du patriarche Bartholomée disant qu'au lieu de créer une église autocéphale en Ukraine, il avait créé « l'église orthodoxe ukrainienne » contrôlée par le Phanar, a prouvé une fois encore l'aventurisme de tout le projet de « l'église orthodoxe ukrainienne » [schismatique] et l'absence de scrupulosité de ses participants.
Erreur 10
Le 8 août, le président nouvellement élu Vladimir Zelensky a rencontré le patriarche Bartholomée à Istanbul dans le cadre d'une visite de deux jours du dirigeant ukrainien en Turquie. Selon le site web "Strana.ua", l'initiateur officiel de la réunion était la partie ukrainienne. Cependant, le Département d'Etat américain était le véritable client de l'événement, ce qui était très important pour démontrer la continuité de la politique religieuse sous les nouvelles autorités ukrainiennes.
La réunion s'est déroulée dans le calme mais sans résultat. A la suite de quoi, Zelensky a dit qu'"ils avaient parlé de tout" : du Donbass, de la Crimée, de la situation en Ukraine, etc. Le seul sujet que le président ukrainien n'a pas mentionné était « l'église orthodoxe ukrainienne » [schismatique de Constantinople]. Ils n'en ont pas parlé ? Ou bien Zelensky a-t-il préféré ne pas le mentionner dans la discussion ?
Mais l'erreur du Patriarche Bartholomée n'est pas celle-ci. Il n'est pas clair pourquoi l'information sur la prétendue signature d'une déclaration conjointe par le patriarche et le Président a été diffusée lors de la réunion. Ils ont même précisé le sujet de cette déclaration - l'écologie, ce qui en soi semble étrange. Avec la tragédie que le Phanar a provoquée en Ukraine, il ne se préoccupe plus que de l'écologie ?


Rencontre entre Vladimir Zelensky et le patriarche Bartholomée à Istanbul le 08.08.2019
Photo : APE
Cependant, ici, le Patriarche Bartholomée a réussi à faire une erreur. Il commença à insister pour que le texte de la déclaration confirme les obligations que Porochenko avait assumées devant le Phanar.
"Strana.ua" cite sa source dans les cercles religieux : "Les Grecs se sont mis d'accord avec Kiev sur un document de nature purement environnementale, et y ont ensuite apporté un certain nombre d'ajouts importants. Parmi eux figurent le consentement de Vladimir Zelensky à assurer la continuité de la politique de Petro Porochenko dans le domaine religieux, la reconnaissance du rôle clé du Tomos dans le développement de la sphère ecclésiastique en Ukraine, la reconnaissance par le Président de « l'église orthodoxe ukrainienne » [schismatique] comme seule Eglise orthodoxe canonique d'Ukraine".
Naturellement, Zelensky a refusé de signer et a dit une fois de plus qu'il n'interviendrait pas dans les affaires de l'Eglise. Pourquoi le patriarche Bartholomée s'est-il exposé comme un politicien si myope et si incompétent ? Pourquoi était-il nécessaire d'imposer à Zelensky un document délibérément inacceptable pour lui ? Ils auraient pu laisser des phrases insignifiantes sur l'écologie - et il y aurait eu au moins quelque chose.
Probablement, en y regardant de plus près, on peut compter un plus grand nombre d'erreurs, mais ce qui précède est suffisant pour comprendre que "la gestion de l’Orthodoxie" ne peut en aucun cas ressembler à l’action du patriarcat de Constantinople en relation avec les affaires ukrainiennes. La seule chose que le Phanar a accomplie au cours de l'année écoulée est de se discréditer aux yeux du monde orthodoxe. Eh bien, en cela le patriarche Bartholomée s'est avéré être vraiment "le premier sans égal".
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

NB: Pour les lecteurs italophones du blog, une version dans la langue de Dante a été publiée par le site orthodossoatorino