Le Christ
est ressuscité !
La pire
chose qui puisse arriver dans nos vies est la perte de l'espérance chrétienne.
Non seulement l'espérance, mais aussi et surtout l'espérance chrétienne.
Qu'est-ce qui peut être pire que ça ? L'espérance... C'était l'attente, le promesse
de sens et l'aspiration à un avenir heureux. L'espérance donnait la force de
vivre. Elle avait un avant-goût de joie. Et puis, tout s'est écroulé. Un
instant s'écoule et vous comprenez que tout a été irrémédiablement perdu. Il ne
peut y avoir de plus grande catastrophe dans la vie d'une personne.
Aujourd'hui,
alors que nous nous souvenons de cette aube profonde, lorsque plusieurs femmes
ont timidement et secrètement approché la tombe de leur Maître, nous ressentons
involontairement leur état de joie et de tristesse - l'état de personnes dont
l'espoir a été brisé.
Elles sont
venues alors qu'il faisait encore sombre jusqu'à la tombe afin d'oindre le
corps enseveli de leur Maître avec des huiles aromatiques selon l'ancienne
tradition de leurs ancêtres. Elles voulaient lui rendre leurs derniers devoirs.
Oui, pour elles, le Seigneur Jésus-Christ n'était qu'un Maître. Bien-aimé,
incomparables par rapport à tous les mortels, mais tout de même un Maître qui,
à leur grande douleur, n'avait pas été capable de faire s’accomplir ses belles
promesses.
Le malheur
et les pensées cachées, l'amère déception de tous les disciples était avec
douleur de cœur exprimée par les apôtres Luc et Cléopas ce même jour, le soir
sur le chemin d'Emmaüs, lorsqu'ils rencontrèrent le Sauveur ressuscité, ils ne
le reconnurent pas. Ils parlaient tristement du Christ : "Ils L'ont mis à
mort, et avant cela, ils L'ont terriblement torturé et se sont moqués de Lui !
Mais nous avions espéré que c'était Lui, qui restaurerait le royaume d'Israël
!" (cf. Luc. 24, 13-21).
Tout comme
Luc et Cléopâtre, comme tous les disciples, les myrrhophores espéraient dans la
promesse de Jésus d'un Royaume de bonheur et de bien-être, d'amour et de
justice. Et où est-il ? Leur Maître a été horriblement raillé et tué. Tout
autour des disciples orphelins, l'obscurité ne faisait qu'épaissir. Le mal
triomphait de plus en plus effrontément sur terre.
Un royaume
terrestre de bonté et de justice est une illusion éternelle qui séduit toujours
les gens. Jusqu'à la fin des temps, les rêveries à ce sujet nous enivreront.
Mais les fruits de ces rêveries séduisantes et charmantes sont vraiment
horribles. Quand le Fils de Dieu vint sur terre pour amener Sa création dans le
véritable Royaume des Cieux, l'humanité lui répondit par le Golgotha. Il
apporta à l'humanité la nouvelle qu'un royaume qui n'est pas de ce monde était
venu au monde. Les gens prenaient cela pour n'être rien de plus qu'une forme
d'existence terrestre que leur esprit pouvait appréhender.
Les
disciples et les porteurs de myrrhophores, en tant que partie de l'humanité,
portaient en eux la maladie fatale générale de l'aliénation de Dieu. Mais si
dans les dirigeants de l'Ancien Testament l'aliénation du peuple a évolué en
haine diabolique et déicide, chez les disciples du Christ cette maladie s'est
manifestée dans leur aveuglement spirituel humain héréditaire et leur
insensibilité impuissante, qu'ils se sont efforcés de vaincre de tout leur
cœur. Mais cela a pris du temps et, plus important encore, et cela a aussi
nécessité l'œuvre de la Grâce de Dieu.
Seule
l'humanité transfigurée par le Christ - et en Christ - est capable d'entrer
dans le Royaume des Cieux, ineffable et insondable pour ce monde. De quoi
avons-nous besoin, nous aussi spirituellement aveugles, souffrant d'illusions
sur nous-mêmes, d'orgueil et de vanité, pour nous rapprocher de ce Royaume ?
Les
instructeurs d'aujourd'hui, les myrrhophores qui sont venus dans la petite
grotte, dernier refuge de notre Seigneur Jésus-Christ, nous enseignent quoi faire.
C'est avec horreur que les femmes se préparaient à voir le corps profané de
leur Maître. Mais elles ont trouvé quelque chose de totalement inattendu.
L'esprit de
l'homme ne sait pas, Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment.(1 Corinthiens 2:9) ! Au lieu des
restes corruptibles et torturés de leur Maître dans une grotte de pierre, ils
trouvèrent la nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu ressuscité. Devant eux
se tenait un habitant d'un monde divin qui était resté fidèle au Seigneur - un
ange – il prononça ces paroles simples et grandes : "Vous cherchez le
Nazaréen crucifié. Il n'est pas là. Il est ressuscité ! (cf. Luc. 24 :6).
L'ange a
annonça la même chose que le Seigneur Jésus-Christ avait dit plusieurs fois à
ses disciples. On pourrait croire qu'ils se réjouiraient ! Mais quelle fut leur
réaction humaine ? Ils s’enfuirent dans l'horreur et la peur, ne comprenant pas
et étant perplexes! Ils
tremblaient et s'étonnaient : ils ne disaient rien à personne, car ils avaient
peur (Marc 16,8).
Nous regardons
les myrrhophores, et nous nous reconnaissons nous-mêmes.
Les pensées
humaines sont aussi éloignées des pensées divines que les cieux le sont de la
terre, dit le prophète Isaïe (cf. Isaïe 55 :8-9). Nos espoirs et nos rêves
les plus audacieux sur le bonheur humain, sur nous-mêmes, sur nos proches et
sur l'avenir sont au mieux naïfs par rapport à ce que le Seigneur nous a
préparé. On peut comparer cela à un petit enfant à qui son père prépare quelque
chose de merveilleux, une grande vie. Mais incapable d'apprécier ou même de
comprendre une partie du plan de son père, le petit enfant n'est immergé que
dans ses rêves chéris et bien-aimés : "Mon père fera tout pour moi !
J'aurai beaucoup de jouets, de bonbons et de friandisess !" Ce que le père
prépare pour ses enfants est insondable pour l'esprit faible et fragile d'un
enfant.
Qu'est-ce
qui amena les myrrhophores au tombeau de leur Maître ? Au dernier lieu de repos
terrestre de Celui qui n'avait pas
justifié leurs espoirs ? Au Maître Qui leur avait tant promis, mais qui n'a pas
pu tenir ces promesses ? L'amour pour le Sauveur les y a amenés. C'est cet
amour, la seule chose qui est plus grande que notre désir, c'est-à-dire notre
espérance, plus grande que tout notre raisonnement, qui nous lie à Dieu.
Cet amour
même pour le Christ ne fait pas honte aux cœurs des fidèles ! Ce n'est pas un
hasard si les femmes myrrhophores ont été les premières de toute l'humanité à
entendre la nouvelle de la Résurrection.
Qu'est-ce
que les gens n'ont pas inventé pour nous convaincre au sujet de Dieu, du Christ
et de l'Église depuis la Résurrection du Christ et jusqu'à aujourd'hui ! Il y a
cent ans, ils ont commencé à détruire notre pays orthodoxe, et ils l'ont
presque complètement détruit. Il ne restait plus qu'une poignée de croyants
"ignorants" et de prêtres "pitoyables", qui n'osaient même
pas lever la tête. Mais au sein de ces gens "ignorants et pitoyables"
– selon le point de vue du monde-
ardaient cet amour et de l'adoration pour leur Grand Maître. Ils l'aimaient
comme les myrrhophores et les apôtres, qui avaient perdu leur foi et leur
espérance, mais les ont retrouvées.
Et nous,
frères et sœurs, nous nous souviendrons des femmes myrrhophores non seulement
aujourd'hui, mais aussi pendant les moments les plus compliqués de notre vie,
quand les espoirs sont brisés, quand il semble que personne ne nous aidera,
quand arrive la pire chose possible, ce qui, selon les paroles de saint Job le
Grand Souffrant, fait trembler nos âmes. Alors nous nous souviendrons de ces
femmes remarquables. En gardant dans leur cœur l'amour pour Dieu, elles ont
reçu infiniment plus que ce qu'elles espéraient, tant pour elles-mêmes que pour
tous leurs proches, vivants ou morts.
Tel est
notre Seigneur. Il conduit l'existence humaine déchue ; Il conduit chacun de
nous à travers des épreuves qui nous rendent inébranlables dans la foi, la
vérité et la liberté spirituelle. Mais Il ne permet pas que quelque chose
arrive au-delà de notre force. Il sait, comme un père aimant, quand le temps
est venu de faire honte à nos espoirs humains pécheurs et à nos rêves faibles
et fragiles. Et Il sait quand nous sommes devenus prêts pour la révélation du
véritable Amour Divin, afin que nous puissions voir l'abondance infinie de ce
que Dieu a préparé pour tous ceux qui L'aiment.
Amen !
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après