"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 2 avril 2016

Trois hiérarques chrétiens grecs orthodoxes qui ont essayé d'arrêter l'Holocauste dans leur pays. (2/3)


 
JOACHIM, métropolite de Volos
 *
"Je suis Juif."
 *
Le 30 septembre 1943, pour le Nouvel An juif, il a été ordonné au grand rabbin de la ville grecque centrale de Volos d’aller voir le chef militaire allemand, Kurt Rikert, et de soumettre une liste des noms de la communauté juive de la ville dans les 24 heures. À l'époque, il y avait 872 habitants juifs.
Le rabbin se tourna vers son ami, le métropolite Joachim (Alexopoulos) qui présidait le troupeau orthodoxe grec de la région et qui n’hésita pas un seul instant lorsqu'on lui demanda son aide.
Il ordonna à tous les prêtres de son diocèse d’aider tout Juif qui le demandait et il signa de son propre nom une lettre de recommandation que le rabbin utilisa pour rechercher une cache. La lettre disait en partie "Je recommande chaudement l'enseignant, porteur de cette lettre, et je demande à chaque frère qui le rencontrera, de l'écouter attentivement et avec bonne volonté, de lui donner toute forme d'assistance pour tout ce dont il pourrait avoir besoin dans sa vie, ainsi que pour son troupeau, afin qu'ils ne deviennent pas victimes de cette situation difficile. "
Joachim mobilisa la résistance de la région et dans les 24 heures, 702 Juifs grecs fuirent et furent pris dans les mains protectrices des étrangers dans les villages des montagnes qui entourent la ville. Lorsque les allemands lui  demandèrent des informations sur les Juifs, il refusa fermement leurs demandes de listes de résidents juifs, en leur répondant: "Je suis Juif"
Les 130 Juifs qui décidèrent de rester en arrière furent arrêtés par les SS et envoyés à Auschwitz. Les nazis firent sauter la synagogue et saccagèrent et pillèrent les magasins et les maisons du quartier juif.
En Novembre 1944, après la libération de la Grèce, les Juifs sortirent de leur cachette, Joachim fit une déclaration exhortant tous les habitants à redonner aux résidents juifs des objets de valeur qu'ils avaient soit pris lors du pillage ou qui avaient été laissés entre leurs mains pour les garder.
Pour avoir sauvé la vie de quelque 700 personnes, il a été reconnu à titre posthume, en 1998, par l'Etat d'Israël avec une inscription dans le Musée de l'Holocauste à Washington et sur le mur d'honneur des Justes à Yad Vashem à Jérusalem.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
www.pappaspost.com



vendredi 1 avril 2016

Trois hiérarques chrétiens grecs orthodoxes qui ont essayé d'arrêter l'Holocauste dans leur pays. (1/3)


Trois hiérarques chrétiens grecs orthodoxes qui ont essayé d'arrêter l'Holocauste dans leur pays.
Les histoires de mort et d'anéantissement sont celles qui sont généralement associées à l'Holocauste. Mais il y a aussi des histoires d'humanité, où les gens, partout sur le continent ont risqué leur propre vie pour aider un ami, un voisin, et même un étranger.
Dans ces histoires on trouve plusieurs dirigeants grecs très médiatisés de l'Église orthodoxe qui ont risqué la vie de leurs propres fidèles, ainsi que la sécurité de leur troupeau chrétien, si leurs efforts pour aider les Juifs avaient été découverts par les nazis.
Archevêque Damaskinos d'Athènes

"J’ai fait le signe de la Croix, j’ai parlé avec Dieu, et j’ai décidé de sauver autant de Juifs que possible."
Le rôle du chef de file de la tête de l'église orthodoxe de Grèce, l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, Damaskinos, fut sans précédent dans toute l'Europe. Ne se cachant pas derrière la lâche "neutralité" de ses homologues du Vatican et d'autres Eglises européennes, Damaskinos s’opposa ouvertement et sans retenue à la déportation des Juifs de Grèce, et prit des mesures drastiques, et parfois dangereuses pour sa vie, afin d'accomplir sa mission.
Avec le soutien du chef de la police d'Athènes, l’archevêque Damaskinos supervisa la création de plusieurs milliers de "certificats de baptême", et fournit plus de 27.000 faux papiers permettant d’identifier les Juifs désespérés qui cherchaient une protection contre les nazis. 
Les faux papiers leur donnèrent des noms chrétiens et leur permirent le libre passage des points de contrôle nazis. L'archevêque ordonna également  aux monastères et couvents d’Athènes de donner abri aux Juifs, et il exhorta ses prêtres à demander à leurs congrégations de cacher les Juifs dans leurs maisons. En conséquence, plus de 250 enfants juifs furent cachés par les seuls membres du clergé orthodoxe.
Damaskinos fit également une protestation directe auprès des Allemands, sous la forme d'une lettre de défense audacieuse des Juifs qui étaient persécutés.
La lettre incita la rage du féroce général nazi Jürgen Stroop, l'homme responsable de la répression brutale du soulèvement du ghetto de Varsovie et de la perte de 50.000 vies qui avaient depuis été transférées en Grèce. Il menaça l'archevêque de mort face à un peloton d'exécution.
La réponse de Damaskinos fut, "les chefs religieux grecs ne sont pas abattus, ils sont pendus. Je demande que vous respectiez cette coutume. " Le simple courage de la réponse du chef religieux désarma le commandant nazi.
L'appel de l'archevêque et de ses compatriotes grecs est unique; il n'y a pas un seul  document de protestation similaire contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale qui ait vu le jour dans tout autre pays européen. Il dit, entre autres choses:
"Dans notre conscience nationale, tous les enfants de la Mère Grèce sont une unité inséparable: ils sont des membres égaux de l'organisme national sans distinction de religion... Notre sainte religion ne reconnaît pas de qualités supérieures ou inférieures fondées sur la race ou la religion, comme il est dit: "Il n'y a ni Juif ni grec," et elle condamne ainsi toute tentative de discrimination ou de création de différences raciales ou religieuses. Notre destin commun aussi bien dans les jours de gloire que dans les périodes de malheur national, ont forgé des liens inséparables entre tous les citoyens grecs, sans exemption, sans distinction de race... "
"Aujourd'hui, nous sommes profondément préoccupés par le sort de 60.000 de nos concitoyens qui sont juifs... nous avons vécu ensemble dans l'esclavage et la liberté, et nous avons appris à apprécier leurs sentiments, leur attitude fraternelle, leur activité économique, et ce qui est plus important, leur patriotisme indéfectible..."
 Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


jeudi 31 mars 2016

Père Arsène (Arsenie [Papacioc]) se souvient: audésert avec Père Cleopa [Ilie]


Permettez-moi de vous dire ce que signifie l'obéissance. Cette forte pluie est venue sur nous une fois que nous étions dans une forêt avec des arbres qui n’étaient pas si hauts; les arbres n’étaient plus hauts qu’une maison ordinaire. Père Cleopa était assis dans un endroit, j'étais dans un autre, à la recherche d'arbustes plus épais pour nous y mettre à l’abri. Cependant, le père Cleopa m’appela de dessous les branches pour venir m’asseoir à côté de lui dans cet endroit particulier. Il y avait environ 30 mètres entre nous deux. Je lui dis que ma place était meilleure, en disant "Non!" Mais après réflexion, je me suis dit: Attends une minute ! Pourquoi ne pas tout simplement écouter le Père Cleopa! Donc, je suis parti de là en courant, et à l'instant je l'ai quitté, la foudre a frappé cet endroit précis où j'étais assis une seconde auparavant. J'ai été impressionné. L'obéissance est une chose précieuse.
***
- Quand nous sommes revenus du désert, en 1954, le Patriarche Justinien partagea ce point de vue qu'il avait avec nous: nous envoyer dans tous les monastères de Roumanie au moins deux fois par an, pour confesser et fournir des conseils spirituels à tous les pères là-bas. Pourtant, je lui ai dit que je me pensais différemment, parce que les monastères avaient leurs propres pères confesseurs et on n’avait pas le droit de faire irruption chezeux, de peur de créer un certain antagonisme: "Qui sont ceux-ci? Que sont-ils? Des habitants du désert? Maintenant, je ne dirais pas qu’ils sont de grands saints! " Etc.

Donc, j'ai dit à notre Patriarche que nous devrions garder notre propre monastère, Slatina, ouvert pour tous ceux qui voudraient venir chercher un profit spirituel. Et c'est exactement comment cela s’est passé.

Après avoir été arrêté à Suceava, nous avons été emmenés en voiture à Bucarest, pour être jugés. L'enquête a duré 90 jours et a été très mauvaise. Passages à tabac, agression physique, ils tiraient ma barbe de toutes les manières possibles ... En fin de compte, l'enquêteur lui-même a eu peur, aussi. C’était un capitaine très agressif. Il a coupé ma barbe à moitié (et ma barbe est restée aussi longue). Et je lui ai dit: "Tu répondras de cela devant Dieu!" Vous savez ce qu'il m'a dit? "Cela ne fait rien, ce n'est pas la barbe qui fait le moine!" Quand il a dit cela, je lui ai dit: "Ce n’est pas toi qui as parlé, mais le Saint-Esprit". Seul Saint Clément d'Alexandrie a un commentaire sur la barbe; il dit: "La barbe a beaucoup d'influence spirituelle sur la façon de penser de quelqu'un."
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après



mercredi 30 mars 2016

Staretz Sofian [Boghiu]: Cœur et intellect



Lorsque nous unissons ces deux centres - le cœur et l'intellect -, ils deviennent une unité spirituelle et l'homme est un tout, comme Dieu l'a fait: un homme complet. Grâce à la prière du cœur, on obtient cet idéal saint de notre vie terrestre.

Cependant, avant d'atteindre cet objectif ultime de l'anoblissement, de la sanctification intérieure, pour faire s'élever cette chose de passion déchirée qui est notre être humain, nous devons travailler durement pour éliminer nos passions - ce qui n'est pas facile du tout - dans le but de chasser le mal de nos intellects et de nos cœurs, et de rassembler notre intellect, qui ne cesse de se disperser pendant la prière, comme je l'ai mentionné auparavant.

Si nous ne sommes pas aidés d'en Haut dans ces efforts, notre combat avec nous-mêmes serait presque vain. 

Pourtant, pour notre grande consolation et notre affermissement, nous pouvons demander de l'aide et des conseils à l'expérience de nos Saints Pères, aide que l'on peut trouver dans les vies des saints, et dans toute la littérature patristique.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 29 mars 2016

Père Sofian [Boghiu]

*
Père Sofian Boghiu 
(7 octobre 1912-1914 septembre 2002)
*
Paroles du staretz:

Donnez tout ce que vous pouvez, mais donnez! Parce que la charité est une grande chose devant Dieu, elle efface beaucoup de péchés!. 

"Homme, la charité t'élève jusques au ciel, et Dieu écoute tes prières".
 
"Si vous recevez, donnez. Même une petite chose. Si quelqu'un vous donne un petit pain, et qu'à côté de vous se trouve quelqu'un comme vous, un pauvre homme, un frère pour vous, brisez un morceau du pain et donnez-le lui. Parce que Dieu est grand et Il peut vous nourrir tous deux de ce morceau."
*
Bienheureux ceux qui sont irréprochables dans la voie, qui marchent dans la loi du Seigneur (Psaume 118: 1).
Père Sofian Boghiu fut choisi par Dieu à un âge précoce pour servir son Eglise avec une triple bénédiction de dons: le don du chant, le don de la peinture d'icônes, et le don de la parole. Utilisant ses talents avec humilité au cours de son séjour lumineux de nonante ans sur terre, il accomplit les paroles sacramentelles de la Divine Liturgie, "Confions-nous nous-mêmes et les uns des autres, et toute notre vie au Christ notre Dieu."
Né en Bessarabie et entrant dans la vie monastique comme enfant, Serghie (Serge, son nom de baptême) apprit avidement le chant d’Eglise à l'école du monastère de Dobrusa. Plus tard, il étudia l'Écriture au Séminaire de Cernica, la peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Bucarest, et enfin les plus hauts mystères de l'économie divine, à l'École de théologie de Bucarest.
Tonsuré moine au monastère de Dobrusa en Bessarabie, il se réfugia au monastère Antim à Bucarest en 1940, quand les soviétiques prirent à la Roumanie, la terre entre le Dniestr et la rivière Prut. Là, il participa avec enthousiasme au mouvement Rugul Aprins (Le Buisson ardent), l'étincelle destinée à raviver la prière de Jésus. Les expériences spirituelles qu'il eut à ce moment-là, scellèrent à jamais dans le cœur du Père Sofian l'amour de cette pratique hésychaste, qu'il recommanda plus tard à ses enfants spirituels, en disant que "La prière de Jésus semble avoir été faite par Dieu, surtout pour la vie moderne d'aujourd'hui. Peu importe combien nous sommes pressés, nous pouvons dire de temps en temps aussi longtemps que possible, Jésus, aie pitié de moi! " De cette façon, en dépit de l'agitation de notre vie, en dépit de tous nos problèmes, nous pouvons gagner une nourriture plus satisfaisante par cette prière. "
La participation du Père Sofian aux réunions du mouvement du Buisson Ardent [Rugul Aprins] fut la charge principale pour son arrestation en 1958, et pour la peine de seize ans de travaux forcés en raison "d’activités mystiques hostiles." Les années passées en prison à Aïoud, Jilava et au camp de travail de Salcia, jusqu'à sa libération en 1964, furent pour lui, comme il l'avouait lui-même, composées de jours "plus heureux que ceux de l'extérieur, parce que le bonheur vient de l'intérieur, pas de l'extérieur."
Il a encore rappelé, "dans le camp de travail, tout comme dans nos cellules de prison, outre les yeux impitoyables des gardes qui nous espionnaient avec haine, l’œil du Père céleste Qui voit tout et Son cœur bienveillant nous gardaient jour et nuit. Ce fut de Lui que nous reçûmes la patience et la paix que nous avons ressenties tout au long de notre emprisonnement".
Trois ans après sa libération, le Père Sofian retourna au monastère d’Antim, et la lumière de sa sagesse et de son expérience spirituelle sortirent du boisseau pour guider le peuple roumain à travers les ténèbres athées. Pendant plus de trente ans, avec gentillesse, patience et un amour sans fin, le Père Sofian acheva là la dernière œuvre et la plus méticuleuse que Dieu lui avait réservée : l'ancien peintre accompli imprimait maintenant l'image du Christ dans le cœur des gens avec la plume de la Grâce et les couleurs des enseignements divins. Il supporta un martyre sans effusion de sang par les longues heures passées à entendre les confessions, jusqu'à son repos en Christ, lors de la fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix en l'an de Grâce 2002.
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après


Monastère de la Transfiguration



Le Monastère de la Transfiguration, dépendance du Monastère de Simonos Pétra au Mont-Athos, propose un programme d’entretiens spirituels avec le Père Élie, fondateur, aumônier et père spirituel de la communauté.

Ces journées auront lieu le 14 et 15 mai 2016. Deux thèmes y seront abordés :

« Il est vivant le Dieu devant lequel  je me tiens » ou pourquoi aller à l’église aujourd’hui ?
 
Et
 
« Je vous le dis vous verrez mieux encore » (Jean 1.50). Est-ce encore possible aujourd’hui ?



Plus d'informations

Réservation en ligne
 

lundi 28 mars 2016

Quelques conseils de Père Arsenie [de Roumanie]


Père, peut-on surmonter les difficultés?
- Tu le peux si tu veux. Tu ne peux pas faire quoi que ce soit, si tu ne le veux pas. Aime ton prochain!  Bon, pas comme tu aimerais ta propre femme et tes propres enfants - personne ne te demande cela. Mais ne lui nuis pas. CECI est un acte d'amour. Parce que tu ne réalises pas - si tu voulais secouer le ciel et la terre, combien d'énergie réside dans le simple fait de dire: "Dieu, s'il te plaît pardonne-lui!"
Tout le monde se rendra compte alors combien il est important pour quelqu’un de ne pas avoir haine, dans ce monde. Si tu peux aider quelqu'un - et aussi te sentir désolé pour ton propre manque de contrôle et d'attitude chrétienne correcte - alors c’est bien.
Comment peut-on obtenir sa paix du cœur?
 - Remplissons-nous de la Parole du Christ; suivons le Christ. [Et pensons à notre ange gardien] - notre ange gardien nous est donné par Dieu; il a une beauté ineffable! [Pensons que certains disent qu'il n'y a pas d’anges, et pas de démons, et pas de Dieu.] Mais s'il est un Dieu? Qu'as-tu à perdre? Penses-y de cette façon: s'il y a ce grand abîme et un pont étroit au-dessus - et il y a quelqu'un qui dit qu'il n'y a rien là-bas (car le gouffre est couvert de feuilles et tout ce que tu peux voir est un chemin sans danger) - que fais-tu alors? Tu dois traverser pour aller de l'autre côté, parce que - si tout cela est vrai? Cela ne vaut rien de risquer ta vie en ne croyant pas. On peut risquer son argent, sa réputation - mais pas sa vie.
Et c'est là le conseil du père confesseur, je vous le dis. [il sourit]
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

Nouveaux livres!

Le monastère de la Transfiguration a le plaisir de vous annoncer la parution de quatre nouveaux ouvrages.
"La Mort est vaincue" Les fin dernières selon les Pères de l'Eglise.

Archimandrite Placide Deseille


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Chroniques du Monastère de Séraphimo - Divéyevo. Tome 1 Saint Séraphim de Sarov.

Métropolite Séraphim (Léonid Tchitchagov)
 


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Chroniques du Monastère de Séraphimo - Divéyevo. Tome 2 - Les Moniales et le Monastère

Métropolite Séraphim (Léonid Tchitchagov)

 

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La vie liturgique

Jean-Claude Larchet
 


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dimanche 27 mars 2016

Le Christ mesure de toute chose



+

Souviens-toi toujours
Que la lumière de ton âme,
de tes pensées,
et de ton cœur
vient de Jésus-Christ.
+

Saint Jean Chrysostome

+
++++
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Tableau: Ncolas Gysis, L'école secrète, (1885)

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



14/27 mars
2ème dimanche de Carême – St Grégoire Palamas

Synaxe de tous les saints de la Laure des Grottes de Kiev ; Saint Benoît de Nursie, (543) ; saint Alexandre de Pidna en Macédoine, martyr (vers 310) ; saint Euschimon, évêque de Lampsaque, confesseur (IXème s.) ; saint Rostislav-Michel, prince (1167) ;  saint Théognoste, métropolite de Kiev (1353).

Liturgie de saint Basile le Grand

Lectures: Hébr. I, 10- II, 3 ; Hébr. VII, 26 – VIII, 2; Mc. II, 1-12 ; Jn. X, 9-16

L’ENSEIGNEMENT DE ST GRÉGOIRE PALAMAS[1]

À
 l’époque de St Grégoire Palamas, un moine originaire de Calabre, Barlaam (1290-1348), s’était acquis une brillante renommée dans les milieux intellectuels de la capitale, grâce à son habilité pour les spéculations abstraites. Il aimait particulièrement commenter les écrits mystiques de saint Denys l’Aréopagite, mais il en donnait une interprétation purement philosophique, ne faisant de la connaissance de Dieu que l’objet de froids raisonnements et non le fruit d’une expérience vécue. Ayant fait la connaissance de quelques moines simples à Thessalonique, ce délicat humaniste avait été scandalisé par leurs méthodes de prière et par la place qu’ils laissaient à l’élément sensible dans la vie spirituelle. Il prit cette occasion pour calomnier les moines et les accuser d’hérésie messalienne auprès du Synode permanent de Constantinople (1337). Les hésychastes firent alors appel à St Grégoire qui rédigea plusieurs traités, dans lesquels il répondait aux accusations de Barlaam en situant la spiritualité monastique dans une vaste synthèse théologique. Il y montrait que l’ascèse et la prière sont l’aboutissement de tout le mystère de la Rédemption et qu’elles sont le moyen offert à chacun pour faire éclore la grâce déposée en lui au baptême. Il défendait aussi le bien-fondé des méthodes utilisées par les hésychastes pour fixer l’intelligence dans le cœur, car, depuis l’Incarnation, c’est dans nos corps sanctifiés par les sacrements et greffés par l’Eucharistie au Corps du Christ que nous devons rechercher la grâce de l’Esprit. Cette grâce est la gloire de Dieu elle-même qui, jaillissant du corps du Christ le jour de la Transfiguration, a frappé les disciples de stupeur (cf. Mt XVII) et qui, lorsqu’elle resplendit dans notre cœur purifié de ses passions, nous unit vraiment à Dieu, nous illumine, nous déifie et nous donne un gage de la gloire qui brillera aussi sur le corps des saints après la Résurrection générale. En affirmant ainsi la pleine réalité de la déification, Grégoire ne niait pourtant pas que Dieu soit absolument transcendant et inconnaissable dans Son essence. À la suite des saints Pères, mais de manière plus nette, il distingue en Dieu l’essence imparticipable et les énergies éternelles, créatrices et providentielles, par lesquelles le Seigneur fait participer les êtres créés à Son Être, à Sa vie et à Sa lumière, sans toutefois n’introduire aucune division dans l’unité de la Nature divine. Pour saint Grégoire, Dieu n’est donc pas le concept des philosophes, mais il est Amour, Personne vivante et feu dévorant, comme l’enseigne l’Écriture, et Il fait tout pour nous déifier. D’abord reconnues par les autorités de l’Athos en 1340, les réfutations du saint furent ensuite adoptées par l’Église, qui condamna Barlaam — et avec lui l’humanisme philosophique qui devait bientôt animer la Renaissance européenne — au cours de deux conciles réunis à Sainte-Sophie, en 1341.

Tropaire du dimanche, ton 2
Егда́ снизшéлъ ecи́ къ смéрти, Животé безсме́ртный, тогда́ а́дъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́: eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
Tropaire de St Grégoire Palamas, ton 8
Правосла́вiя свѣти́льниче, Цépкве утвержде́нie и yчи́телю, мона́ховъ добро́то,  богосло́вовъ побо́рниче непpeбори́мый, Григо́рiе чудотво́рче, Фeccaлонíтская похвалó, проповѣ́-дниче благода́ти, моли́cя вы́ну спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Flambeau de l’Orthodoxie, soutien et docteur de l’Église, modèle des moines, défenseur invincibles des théologiens, ô Grégoire thaumaturge, fierté de Thessalonique, prédicateur de la Grâce, intercède toujours pour le salut de nos âmes. 

Kondakion de St Grégoire Palamas, ton 8
Прему́дрости свящéнный и Боже́ственный opга́нъ, богосло́вія свѣ́тлую coглácно трyбу́, воспѣва́емъ тя́ Григо́рiе Богоглаго́льниче ; но я́ко у́мъ умý пе́рвому предстоя́й, къ Нему́ у́мъ на́шъ О́тче наста́ви, да зове́мъ : ра́дуйся проповѣ́дниче благода́ти.

Instrument sacré et divin de la Sagesse, porte-voix lumineux de la théologie, nous te chantons d’une seule voix, Grégoire aux paroles divines ; mais toi qui es intelligence devant la Première Intelligence, conduis vers Elle notre intelligence, pour que nous te clamions : réjouis-toi, ô père, prédicateur de la Grâce.


Kondakion du triode, ton 4
Ны́нѣ вpéмя дѣ́лательное яви́ся, при двépexъ cýдъ, воста́немъ у́бо постя́щеся, пpинесе́мъ сле́зы умиле́нія, ми́лостынями, зову́ще : coгрѣши́хомъ па́че песка́ морска́го, но осла́би содѣ́телю всѣ́xъ, я́ко да пріи́мемъ нетлѣ́ныя вѣнцы.

Maintenant est venu le temps de nous mettre à l’œuvre, le jugement est proche ; hâtons-nous donc de jeûner, apportons les pleurs de componction avec des œuvres de miséricorde et disons : nos péchés sont plus nombreux que les grains de sable de la mer, mais Toi, le Créateur de toutes choses, pardonne-nous, afin que nous recevions les couronnes incorruptibles.

Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR LE JEÛNE

C'est aujourd'hui un jour de fête et d'allégresse, et notre assemblée est plus nombreuse qu'à l'ordinaire. A quoi faut-il l'attribuer? Au jeûne. C'est le fruit de sa présence, ou plutôt de son approche. Le jeûne nous rassemble dans la maison de notre père; le jeûne réveille notre zèle, et nous ramène dans les bras de notre mère. Mais si l'attente seule nous inspire une telle ardeur, combien plus sa présence même nous rendra-t-elle vigilants et attentifs ! Une ville que doit visiter un gouverneur sévère sort de son engourdissement, et déploie toute son activité. Mais que cette comparaison du jeûne avec un gouverneur sévère ne vous effraye pas; ce n'est pas pour vous qu'il est redoutable, c'est pour les démons. Qu'un homme soit agité de l'esprit impur, montrez-lui seulement la figure du jeûne; enchaîné par la crainte, il deviendra calme et aussi immobile qu'un terme, surtout s'il voit associée au jeûne sa sœur et sa compagne, je veux dire la prière. Cette espèce de démon, dit Jésus-Christ, ne se chasse que par le jeûne et la prière. (Matth. XVII, 20) Puisque le jeûne chasse les ennemis de notre salut, et qu'il est redoutable à nos adversaires les plus terribles, nous devons, loin de le craindre, le chérir et l'embrasser avec joie. C'est l'ivresse, c'est l'intempérance, et non le jeûne, qu'il faut redouter. L'intempérance nous charge de fers, elle nous livre à la tyrannie de nos passions comme à un maître dur et cruel, au lieu que le jeûne, brisant nos liens, nous affranchit du joug insupportable d'une odieuse servitude, et nous rend la liberté que nous avions perdue. Si donc il combat nos ennemis, s'il nous fait passer de l'esclavage à la liberté, où trouver une preuve plus forte de son amour pour l'espèce humaine ? La plus forte preuve d'amitié que l'on puisse donner à quelqu'un, n'est-ce pas d'aimer ce qu'il aime et de haïr ce qu'il hait? Voulez-vous apprendre comment le jeûne est le plus bel ornement de l'homme, et sa plus forte défense, pensez à l'ordre bienheureux et admirable des solitaires. Ils ont fui le tumulte de ce monde pour se réfugier sur le sommet des montagnes, et se formant des cabanes dans la solitude, comme dans un port tranquille, ils ont pris le jeûne pour leur associé et pour leur compagnon. Le jeûne en a fait des anges; il les élève au faîte d'une philosophie sublime, et non seulement eux, mais tous ceux encore qui dans les villes suivent fidèlement ses leçons. Moïse et Elie, qui s'élèvent comme des tours sublimes parmi les prophètes de l'Ancien Testament, ces hommes si illustres et si grands, avaient beaucoup de crédit auprès de Dieu; cependant toutes les fois qu'ils voulaient en approcher et converser avec lui, autant qu'il est possible à un simple mortel, ils avaient recours au jeûne, qui les conduisait comme par la main auprès de la Divinité. Aussi lorsque Dieu eut créé l'homme, il le mit aussitôt entre les mains du jeûne, comme entre les mains d'une mère tendre et d'un excellent maître. Ces paroles : Tu peux manger de tous les fruits des arbres de ce jardin, mais ne touche pas au fruit de l'arbre de la science du bien et du mal (Gen. II, 16, 17), sont une espèce de précepte du jeûne. Or, si le jeûne était nécessaire dans le paradis terrestre, à plus forte raison l'est-il dans le monde. Si le remède était utile avant la blessure, à plus forte raison l'est-il après; si nous avions besoin d'armes lorsque les passions ne nous avaient pas encore déclaré la guerre, à plus forte raison le jeûne nous est-il nécessaire, maintenant que les passions et les démons se liguent pour nous combattre. Si Adam avait écouté la première parole de Dieu, il n'eût pas entendu cette seconde : Tu es terre et tu retourneras en terre. (Gen. III, 19.) C'est parce qu'il a désobéi qu'il a trouvé la mort, les ronces, les épines, le travail, une vie agitée par les inquiétudes, une vie plus triste que la mort même.


VIE SUCCINCTE DE SAINT BENOÎT DE NURSIE

Saint Benoît naquit à Nursie en Italie vers 480. Il abandonna vers l’an 500 toutes les richesses paternelles et ses parents eux-mêmes pour se retirer dans la solitude ; à Enfide d’abord, puis à Subiaco où, se rapprochant de Dieu par la vertu et les exercices ascétiques, il obtint de Lui le don des miracles et des guérisons. Son exemple suscita de nombreux imitateurs ; c’est pourquoi il construisit un monastère sur le mont Cassin en Campanie et fixa ses règles de vie monastique. Il mourut en paix vers 547. Une partie de ses saintes reliques se trouvent aujourd’hui au Mont Cassin, et une autre, en France.



[1] Tiré du Synaxaire du P. Macaire de Simonos Petras