Le hiéromartyr Petru Focsaneanu naquit le 18 avril 1914 dans la commune de Podu Turcului, dans le comté de Bacau, en Roumanie. Il fréquenta l'école primaire du village, puis le séminaire théologique de Galati, et poursuivit ses études pendant deux ans à l'école de théologie de Bucarest.
Cependant, il interrompit ses études en raison de sa situation financière précaire. Il fut ordonné prêtre en 1935 et servit dans la nouvelle église de la Dormition de la Génitrice de Dieu dans le village de Tipletesti de la commune d'Alexandreni, dans le comté de Balti. La construction de l'église fut réalisée avec beaucoup de difficultés en raison du manque de moyens financiers, jusqu'en 1938. En raison de l'insistance du prêtre et du conseil paroissial, lors de la réunion du conseil diocésain du 1er avril 1938, la demande d'aide pour l'achèvement de la construction de l'église fut approuvée sur le budget diocésain. L'église fut achevée à l'automne de la même année.
Le 28 juin 1940, les troupes soviétiques entrent en Bessarabie. Avec les autorités civiles et militaires, 486 prêtres de Bessarabie ont fait retraite à travers le Prut, dont 237 du diocèse de Hotin. Sur les 166 paroisses du comté de Balti, 94 prêtres devinrent exilés. Le père Petru Focsaneanu, ainsi que sa presbytéra Melania et leur fille, durent également s'exiler. Les prêtres restants furent contraints par les autorités soviétiques à payer des impôts excessifs, d'autres subirent la répression par des arrestations, des déportations en Sibérie, furent contraints d'accomplir diverses tâches dégradantes, furent humiliés, battus et même tués. De nombreuses églises furent également détruites au cours de cette période.
Pendant son exil, le père Petru Focseneanu servit à l'église Saint-Georges de Ploiesti, dans les villages de Sarbi et Danceni, dans la paroisse de Podu Turcului. Si à Ploiești il était considéré par beaucoup comme éfugié, il ne se sentait pas chez lui près de son village natal. Pour ces raisons, il écrivit : "J'ai l'impression d'avoir commencé une maison et de ne pas l'avoir terminée. Par conséquent, je ne veux rien d'autre que de servir à nouveau dans l'église d'Alexandreni."
Après la libération de la Bessarabie, la vie religieuse revint à la normale. Les prêtres exilés retournèrent dans leurs paroisses pour reprendre leur activité pastorale. Le père Petru Focsaneanu servit également dans l'église de la Dormition de la Génitrice de Dieu dans le village de Tipletesti de la commune d'Alexandreni jusqu'en octobre 1943. Il fut nommé aumônier militaire et envoyé sur le front de l'Est, avec la 1ère division de chasseurs de montagne. Il arriva en Crimée, à Simferopol, puis sur le front dans la région de Iasi, et après le 23 août 1944, sur celui de Transylvanie. Après son départ, il servit dans la paroisse de Bordeni, comté de Prahova, Podu Turcului, puis à Nistoresti, comté de Valcea.
En mai 1948, le père Petru Focsaneanu fut arrêté. Il fut accusé d'"activité politique légionnaire" et considéré comme un "homme de confiance" du métropolite Visarion Puiu, déclarant les communistes comme des "criminels de guerre". En réponse, le père Petru rejeta toutes les accusations, déclarant avec force : "Je n'ai jamais été impliqué dans aucune sorte de politique, considérant mon appartenance politique comme une humiliation à la fonction sacerdotale". Et "il n'est pas vrai que j'aurais été impliqué dans la politique des légionnaires, ni que j'ai jamais sympathisé avec ce mouvement, ni que j'ai jamais manifesté ma présence sous quelque forme que ce soit au nom de ce mouvement". Par manque de preuves, il fut libéré. Il fut cependant arrêté à nouveau et tenta de s'échapper, mais il fut attrapé et fit l'objet d'une enquête. Suite à la signature d'engagements, il fut libéré.
Pénitencier de Gherla
La dernière paroisse du Père Petru Focsaneanu se trouvait à Nistoresti, dans le comté de Valcea. Il y était impliqué dans l'activité des groupes de résistance anticommuniste dans les montagnes de Vrancea. C'est pourquoi il fut arrêté en août 1950 et jugé par le tribunal militaire de Galati, condamné à dix ans de prison avec confiscation de ses biens. Il fut incarcéré au pénitencier de Gherla.
Pendant son incarcération, le père Petru osa célébrer le service de la résurrection dans sa cellule le jour de la fête de Pâques. Quand il chanta "Le Christ est ressuscité", tous les prisonniers se joignirent à lui depuis leur cellule. Il donna aux prisonniers la joie et l'espoir avec la Lumière de la Résurrection du Christ dans l'obscurité et la solitude de leur détention. Et ils eurent un sentiment de liberté. Cependant, le Père Petru a été soumis à des tortures indicibles pour avoir agi de la sorte, ce qui lui a valu, à l'âge de 39 ans seulement, de s'en aller vers le Seigneur, le 17 juin 1953.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après