- Et comment l'appel de Dieu à l'homme peut-il être exprimé
? Pour une personne qui n'a pas encore trouvé la foi, c'est très difficile à
comprendre. Vous parlez d'énergies incréés, comment peuvent-elles se faire
sentir? Nous comprenons comment la chaleur, le froid ou un incendie peuvent se
faire sentir, mais comment peut-on sentir ce qui se passe au-delà des limites
des cinq sens ordinaires?
- Ceci est vraiment difficile à sentir avec les cinq sens
ordinaires. Mais voilà, ici est rendue manifeste l'humilité
incroyable, la douceur incroyable de la Divinité. Si le Seigneur devait
apparaître à toute personne visiblement, même dans une petite fraction de Sa
Splendeur, alors la question de la foi tomberait. Ce serait une sorte de
démonstration devant laquelle aucun homme ne pourrait rester debout, car tout
le monde tomberait tremblant à Ses pieds. Mais le Seigneur ne pousse, ni
surtout ne force la volonté humaine. Par conséquent, Il appelle simplement à ce
qui est meilleur en nous, à ce que , quel que soit notre état de chute dans
le péché, à ce qui reste néanmoins à chaque personne, et c’est comme s’Il se
révèle à cette partie de nous qui est la meilleure. C'est un mystère insondable
de l'âme humaine - pourquoi une personne voit et reconnaît Dieu, tandis que
l'autre ne voit pas et ne reconnaît pas Dieu. Tout, dans ce cas, dépend
uniquement de la personne.
Pendant les jours de sa vie terrestre, le Christ était sur
la terre, et il y avait des gens qui ne voyant que Ses yeux, Son visage, comprenaient
sans mots Qui se tenait devant eux. Ils quittèrent tout, et Le suivirent. Pour
certains d'entre eux, le Seigneur manifesta l’un ou l'autre miracle divin,
tandis que d'autres, sans miracles, constataient miraculeusement que devant eux
se tenait Celui pour Qui ils laisseraient tout, et qu’ils suivraient jusques aux
extrémités de la terre. D'autres, même après avoir vu les miracles que le Christ
accomplissait, restèrent absolument sourds à la manifestation de la divinité et devinrent
les ennemis du Christ, avides de le trahir à mort, ce qu’en fait ils firent
avec une cruauté particulière, Le crucifiant sur la Croix.
La même chose se passe dans nos propres vies. Le Christ se
révèle peu à peu à nous de la même façon. Et il faut dire que plus une personne
est consciencieuse, mieux elle se comporte avec les personnes, plus vivante
sera son âme et plus grande seront ses chances de voir le Christ dans sa vie et
de Le reconnaître. Le Christ est particulièrement proche de chacun de nous dans
tout le bien que nous faisons, et il est plus facile de Le reconnaître dans ce
domaine. Bien qu’il arrive qu'une personne qui est absolument endurcie et cruelle
puisse, en un instant, inexplicablement, vivre une véritable renaissance de
cette rencontre même. C'est aussi un mystère .
- Il y a une injustice regrettable dans le fait que certains
puissent connaître Dieu, tandis que d'autres ne semblent pas être si favorisés...
- Non, il ne faut jamais dire cela. Si une personne veut
être meilleure, si elle apprend à aimer ceux qui sont autour d’elle, si elle apprend
à sacrifier quelque chose pour eux, de cette façon, elle ouvre un chemin vers
la connaissance du Christ. Mais si elle n'a pas besoin de tout cela, et que sa
volonté est dirigée dans la direction opposée, dans le sens du péché, alors elle
ne peut pas rencontrer le Christ sur ce chemin; c'est à dire que la principale chose
dépend de chaque personne. Les gens choisissent tout eux-mêmes, aussi
inconsciemment que cela puisse être, mais le choix est toujours en fonction de
l'inclination de leurs cœurs.
Il y a encore un autre point important. Dans un de ses livres,
Saint Théophane le Reclus parle d'une chose choquante. Il dit que si une
personne est à la recherche de la vérité et non pas du confort ou du bonheur,
ou de quelque chose qui correspond à son idée d'une vie prospère qui lui
convient, alors dans cette recherche de la vérité désintéressée, elle va
certainement trouver le Christ. Elle ne peut pas Le manquer, car la recherche
de la vérité la conduira très inévitablement à Christ.
- Elle recherche la vérité, et non pas le bonheur... Mais le
bonheur n'est-il pas synonyme de vérité ?
- Non, bien sûr que non, parce que les gens peuvent avoir
des idées très différentes du bonheur. Pour une personne le bonheur pourrait
être une mine d'argent, pour un autre, il pourrait être l' occasion de gouverner
les autres, de les humilier et de les rabaisser. D'autre part, le bonheur peut
être l'occasion de faire sa propre volonté, sans entrave et en toute impunité,
pour satisfaire ses instincts les plus vils, les plus cruels. Par exemple, quel
est le bonheur des démons ? Le bonheur ténébreux, monstrueux d'un démon se consiste
à voir les gens périr, parce que chaque ange déchu sait ce que
sa propre fin terrible sera, et c'est sa joie que de voir la création du Dieu bien-aimé
aller au même endroit, vers le même abîme. Malheureusement, bien que tous soient
créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, pour certains de nos
contemporains, l'idée du bonheur est très similaire à celle des démons, car il en est
beaucoup ces jours-ci qui aiment la destruction de gens comme eux, et se réjouissent
dans leur perversité et leur corruption.
- Mais ce ne serait pas le "bonheur", entre guillemets ? Ce
ne serait pas le vrai bonheur, après tout.
- Beaucoup ne savent pas ce qu'est le vrai bonheur. Tout
bonheur que l'homme cherche en dehors de Dieu n'est que le "bonheur" entre guillemets. Bien sûr , il y a des
idées totalement monstrueuses de bonheur, et il y a, disons, de bonnes idées
décentes. Quand une personne voit le bonheur dans une famille, dans l'amour, en
faisant le bien, c'est une idée plus parfaite, mais n'est pas tout à fait
parfait, parce que le bonheur ne peut être donnée à l'homme que par Celui Qui
l'a créé.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après