Aujourd'hui [8/21 novembre] est le jour de la fête de saint Nectaire
d'Egine, comme la plupart d'entre vous le savent probablement déjà.
Pourquoi est-ce que je mentionne ceci? Pour deux raisons. Comme vous le
savez, ce blog n'est pas personnel (pour cela j'ai une page Facebook). Au lieu
de cela, j'ai essayé de commenter principalement des questions d'actualité importantes.
Des choses comme la religion, la politique et la culture. Je me suis efforcé
puissamment de ne jamais en parler avec seulement des mentions péremptoires
d'expériences personnelles. C'est en partie parce que ma mère nous a élevés à
ne pas attirer l'attention sur nous-mêmes mais à mettre les autres en premier.
Fondamentalement, je suis mal à l'aise de parler de moi.
Aujourd'hui cependant, je fais une exception et j'espère que vous me
pardonnerez.
Le 9 novembre 1969 fut un dimanche lumineux et chaud. J'avais dix ans.
Ma sœur et moi jouions à l'extérieur et j'ai trébuché et je suis tombé à plat
sur le béton, fracturant le côté droit de mon crâne. Je suis revenu à moi, mais
environ 30 minutes plus tard tout le côté gauche de mon corps a commencé à
devenir engourdi. Je ne me souviens pas vraiment de ce qui s'est passé plus
tard, mais je me souviens vaguement d'être dans une ambulance. Bref, j'ai été
transporté en chirurgie et je me suis réveillé de l'anesthésie le lendemain.
Quelque temps plus tard, ma mère m'a dit que
pendant mon opération, quelqu'un lui avait dit que ce jour était le jour de la
fête de saint Nectaire. (À l'époque, il était sur le calendrier mais ce n'était
pas un jour mentionné en lettres rouges, donc je ne suis pas sûr que mes
parents avaient tous entendu parler de lui.) Quoi qu'il en soit, pendant mon
opération, elle et mon père ont prié lui pour demander son intercession. Ils lui
ont fait un tama [ταμα] (terme difficile à traduire en français, mais essentiellement un
vœu/une promesse) que si je survivais, ils feraient un pèlerinage à sa tombe à Egine.
Je m’en suis sorti, un peu amoché sans doute. Après beaucoup de sacrifices
financiers, nous sommes allés en Grèce deux ans plus tard pour honorer leur promesse.
Bref ! Il y a là une image plus large, qui reflète assez
négativement notre culture aujourd'hui. Ce n'est pas en rapport avec le saint
lui-même sinon par le fait que ce jour a changé ma vie. Laissez-moi expliquer.
À cause de ma blessure, je n'avais pas le droit de participer à la
gymnastique quotidienne ou à des sports de quelque sorte que ce soit pendant au
moins un an. Il a été décidé que plutôt que de m'asseoir et de me morfondre en
regardant les autres enfants faire de l'exercice et jouer, je passerais plutôt
du temps avec le gardien de notre école, M. Bill Owens.
On pourrait penser que ce serait une sorte de punition. Au lieu de cela,
c'était l'un des meilleurs moments de ma vie si je peux le dire. M. Owens avait
un petit bureau - un coin en réalité - qui mesurait environ 1,20 m de large et 2,4
m de profondeur, juste à côté du bureau du directeur. Il avait un petit bureau
avec une chaise et plein d'outils et de gadgets. Les murs en étaient remplis.
Quant à M. Owens lui-même, c’était un homme impressionnant. Il m'a parlé
de son passé dans la Troisième Armée de Patton et de la façon dont il s'était
approché de lui à quelque 3 m pendant sa traversée de la France. Quelque temps
plus tard, mon père et mon oncle m'avaient emmené voir le film (avec George C.
Scott) et le lendemain quand je me suis présenté à son bureau, je me suis mis
au garde-à-vous parce que j'avais l'impression d'être en présence d'un
demi-dieu.
M. Owens m'a appris beaucoup de choses: comment épisser les fils
électriques, comment réajuster les portes, comment savoir quand utiliser un
marteau et un clou ou utiliser un tournevis. Trucs du métier; des choses comme
comment utiliser des cales, quand utiliser une scie à métaux, et ainsi de
suite. Pour tout ce qui devait être réparé, il m'a emmené avec lui. C'était une
culture masculine; sans le vouloir. Obtenez ceci: il fumerait ses L & M (ou
était-ce des Pall Malls?) dans le bureau quand il n'y avait rien à faire et il
me parlait du monde en général.
Avec le temps, je connaissais la routine et je l'aidais à ramasser les
ordures, balayer les déchets et remplacer les ampoules. Avec le temps, je fis
ces tournées tout seul.
Maintenant, imaginez si vous voulez, est ce scénario qui peut être joué
dans la culture hautement sexualisée d'aujourd'hui? Aucune chance.
Il n'y avait aucune indication de quoi que ce soit qui indiquerait
n'importe quel abus sexuel. Une telle chose était au-delà de l’inimaginable.
Mes parents n'ont jamais passé une seconde à penser que quelque chose de
fâcheux pouvait arriver. Le principal Smith, sa secrétaire, les autres
enseignants, ou quelqu'un d'autre, associé d’une manière lointaine à Riverview
Elementary School non plus d'ailleurs...
Même aujourd'hui, au moment où j'écris ces mots (avec des larmes coulant
de mes yeux), pas même la moindre insinuation ou rien ne me vient à l'esprit
pendant un instant. Mes souvenirs de M. Owens sont pleins de tendresse, pas
simplement parce qu'il m'a traité avec gentillesse mais pour toutes les choses
qu'il m'a enseignées. Des choses que j'ai mises à profit lorsque ma femme et
moi avons acheté notre première maison, une "maison à retaper" si
vous voyez ce que je veux dire. (Mon père m'a aussi appris beaucoup dans le
domaine mécanique, étant un touche-à-tout, mais c'était plus tard, quand
j'étais adolescent.)
Qu'avons-nous perdu? Eh bien, d'une part, le concept de mentor et d’apprenti.
La civilisation occidentale a été construite sur ce concept dans une large
mesure. Je pense que nous le savons et c'est peut-être une des raisons pour
lesquelles le légendaire Star Wars est si populaire. Je crois fermement que
grâce à la promiscuité rampante, une telle chose est impossible maintenant. Le
freudisme a ordonné que nous cédions à nos sentiments, sinon nous serions «refoulés».
Et ce n'est pas bon, en tous cas on nous le dit. Implacablement. Et le marxisme
culturel nous dit que si vous dites le contraire, vous êtes un type de
"phobe."
Je parierais que toute personne de moins de quarante ans qui lit ces mots
pense que je décris la vie sur une autre planète. Pas du tout !
Reviendrons-nous à cet endroit vers 1969? J'en doute plutôt. Et pour cela, nous
pouvons remercier tous les libérateurs. Dans le monde d'aujourd'hui, les
histoires à faire pleurer dans les chaumières sont à la pelle et, par
conséquent, la force motrice pour «l'améliorer» exige que toute notre
civilisation soit réorganisée pour s'adapter à tous les caprices du moment.
La vertu -Αρετήe-a été perdue.
Pour être remplacé par … quoi exactement? Un monde plus juste et équitable? Un
monde plus heureux? Si vous le croyez, j'ai un pont à Brooklyn à vous vendre.
Saint Nectaire d'Egine, prie pour nous !
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après