"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 26 février 2016

Saint Nicolas, Tzar & Martyr (R)


Le 11 août 1927, dans un journal de Belgrade (Serbie), parut une notice sous le titre: "Le visage de l'empereur Nicolas II dans le Monastère de saint Naoum sur le lac d'Ochrid". Elle disait ceci: " Le peintre russe S.F. Kolesnikov avait été invité à peindre la nouvelle église dans l'ancienne église du vénérable monastère de saint Naoum, il lui fut donné pleine liberté pour la décoration du dôme intérieur et des murs. Tandis qu'il achevait sa tâche, l'artiste pensa peindre quinze visages de saints placés dans des médaillons.
 
Il peignit immédiatement quatorze visages, mais l'espace pour le quinzième resta vide, car, un sentiment inexplicable força Kolesnikov à attendre un peu. Un jour, au crépuscule, il entra dans l'église. Il faisait sombre, et seul le dôme était éclairé par les rayons du soleil couchant. Comme Kolesnikov le rapporta lui-même, à cet instant il y eut un jeu de lumière et d'ombres dans l'église, et tout autour sembla détaché de la terre et singulier. A ce moment, l'artiste vit que le médaillon vide qu'il avait laissé inachevé, s'animait et de lui comme venant d'un cadre, il vit le visage affligé de l'Empereur Nicolas II. Frappé par l'apparition miraculeuse du Tzar Russe Martyr, l'artiste resta immobile quelques instants, comme s'il était enraciné sur place, saisi par une sorte de paralysie.
 
Puis, comme il le décrit lui-même, sous l'influence d'une impulsion irrésistible de prière, il appuya une échelle contre le médaillon, et sans marquer au fusain les contours du visage miraculeux, il commença à le peindre avec ses pinceaux.
 
Il ne put dormir de la nuit et, à la première lueur du jour, il alla dans l'église, et dans les premiers rayons du soleil matinal, il était assis en haut de l'échelle, travaillant avec une ardeur qu'il n'avait jamais connue auparavant. 
 
Comme il l'a écrit lui-même: " J'ai peint sans photographie. Dans le passé, j'ai plusieurs fois vu de près le défunt empereur, lui donnant des explications lors d'expositions de peinture. Son image s'était imprimée dans ma mémoire..."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 


Holy Icon Of Tsar Martyr Nicholas II. A copy of the holy icon that is Myrhh-streaming in Moscow, Russia. This icon is from America.
Icône miraculeuse ( myrrhoblyte) du Tzar Martyr Nicolas II

La signification de l'utilisation des cierges, de l'encens et des lampades (4 et fin)

Avec l'offre de l'encens à l'heure de la prière, l'élévation de l'âme reçoit de l'aide pour s'élever: "Elevons nos cœurs!" Comme l'encens chauffé sur le charbon monte vers le haut, parfumant à l'entour, de même, l'âme du croyant avec une foi forte doit battre des ailes vers le haut avec cette douce odeur, détachée des préoccupations matérielles. La base de l'encensoir indique l'humanité du Christ, le feu Sa divinité, et la fumée fragrante nous fait sentir le parfum de l'Esprit Saint Qui nous conduit.
 
Moïse obéissant à Dieu construisit un autel des parfums et le plaça devant l'Arche de témoignage (Ex. 30: 1-10). La méthode de préparation de l'encens fut enseignée par le Seigneur lui-même (Ex. 30: 34-36). L'offrande de l'encens
dans l'Ancien Testament était à la demande de Dieu. L'encens devait être offert au début de la journée, le matin et le soir lorsque l'on allumait la Lumière (Ex. 30: 7-8).
 
Cette bonne habitude fut introduite dans le culte chrétien. L'encens en particulier, est offert aux Vêpres avec la Lumière Joyeuse du coucher du soleil et le chant du deuxième verset du Psaume 140, où il est chanté "Que ma prière monte devant Toi comme l'encens." Nous demandons au Seigneur que notre prière puisse monter vers son trône, tout comme un encens fragrant monte au ciel.
 
Ce moyen de dévotion crée un climat de prière fervente, et attire la Grâce sanctifiante de Dieu. La bénédiction de l'encens à la cérémonie de l'offertoire montre clairement le grand avantage dont bénéficie la congrégation par l'offrande de l'encens. 

De façon caractéristique, le prêtre qui officie dit: "A toi, Seigneur, nous offrons de l'encens comme un parfum de  spirituelle fragrance; accepte-le à Ton céleste autel et envoie sur nous, en retour, la Grâce de l'Esprit Saint "(C'est-à-dire cet encens nous Te l'offrons à Toi, ô Christ Dieu tout-puissant, comme un doux parfum spirituel, et après l'avoir accepté à Ton autel céleste, renvoie-nous la Grâce de ton Saint-Esprit). Il est aussi surprenant que le prêtre qui officie, utilise des paroles semblables aussi pour l'offrande des Dons Précieux de la Divine Liturgie: "Pour que notre Dieu aimant Qui les a reçus à Son autel saint, céleste et spirituel comme une offrande de parfum spirituel, nous envoie en retour la Grâce divine et le don du Saint-Esprit, prions!"
 
Quand le prêtre encense les fidèles, ils doivent s'incliner respectueusement, attendant la bénédiction et la grâce de Dieu. Quand le prêtre encense les icônes des saints, il demande leurs prières d'intercession au Seigneur pour l'aide de l'Eglise militante. 

Malheureusement, lorsque le prêtre les encense, de nombreux chrétiens restent immobiles (un peu comme des colonnes). Et cela, bien sûr, en raison de l'ignorance! Un léger enclin [lorsqu'il encense] est le signe que nous participons à ce qui est célébré, et un signe de réponse élémentaire de bonté envers le prêtre qui prie en notre nom!
 
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
THE MESSENGER
PARACLETOS GREEK ORTHODOX MONASTERY
October 2013 

jeudi 25 février 2016

La signification de l'utilisation des cierges, de l'encens et des lampades (3)


L'Encens
 On appelle encens depuis les temps anciens, la résine aromatique ou gomme qui provient d'incisions dans le tronc d'un arbre du Liban d'où le terme grec λίβανος, nom de l'arbre pour désigner l'encens. A la maison, il est conseillé d'offrir de l'encens régulièrement et toujours accompagné par la prière. Les symbolismes spirituels de l'encens sont les suivants:
 
1. L'encens symbolise surtout la prière qui monte vers le trône de Dieu. "Que ma prière monte devant Toi comme l'encens". C'est l'élan de l'âme se tournant vers le Ciel. Et en même temps, il symbolise notre désir d'ardeur, pour que notre prière devienne acceptable" comme un doux parfum de fragrance spirituelle. "Saint Jean Chrysostome écrit: "Comme l'encens en soi est bon et parfumé, c'est alors qu'il révèle son parfum, quand le feu parle. Il en est ainsi par la prière, il est bon en soi, mais il est devient meilleur et plus fragrant quand il est utilisé avec l'ardeur de l'âme; lorsque l'âme devient l'encensoir et allume un feu fort. "Autrement dit, lorsque l'on est en train de prier, il est souhaitable de brûler de l'encens à la maison.
 
2. Il symbolise aussi les langues de feu de la Sainte Pentecôte, quand le Seigneur envoya à Ses disciples Son Esprit Saint "comme des langues de feu." La prière que le prêtre dit, lors de la bénédiction de l'encens à l'oblation, est la suivante: "Pour Toi, Seigneur, nous offrons de l'encens comme un parfum de spirituelle fragrance; accepte-le à Ton céleste autel et envoie sur nous, en retour, la grâce de l'Esprit Saint. "

Avec l'encens par exemple, nous demandons au Seigneur de nous envoyer Sa sainte grâce spirituelle. Voilà pourquoi les croyants quand ils sont encensés par le prêtre, inclinent légèrement leur tête comme signe d'acceptation de cette Grâce. Saint Siméon de Thessalonique interprète comme suit l'importance de l'encens, "il montre la Grâce du ciel, librement donnée au monde par Jésus-Christ et le parfum de l'Esprit qui monte dans le ciel par lui "

3. L'encens parfumé symbolise d'ailleurs la louange adressée à Dieu. La combustion d'encens est signe de culte et d'expiation. Et l'agréable sentiment, créé par l'odeur de l'encens dans tout l'espace du Temple, signifie le remplissage de nos cœurs par la joie divine, qui est le fruit de notre amour pour Dieu. Dans ce cas, chaque croyant se transforme en "fragrance du Christ."
 
4. Et l'encensoir où les charbons sont brûlés, et sur lesquels l'encens est placé, symbolise le sein de la Mère de Dieu, qui portait dans ses entrailles la Divinité, Qui est "un feu dévorant" sans subir de dommages ou de modification. Selon saint Germain, patriarche de Constantinople "L'encensoir montre l'humanité du Christ, le feu la divinité et la fumée odorante suit la fragrance de l'Esprit Saint en procession." Ailleurs "Le ventre de l'encensoir est compris par nous comme le sein sanctifié de la Génitrice de Dieu, portant le Christ, charbon divin en Qui habite la plénitude de la Divinité. C'est pourquoi le parfum fragrant est envoyé pour parfumer l'univers." 

En termes simples saint Côme d'Aitolie décrit ce symbolisme, en disant "L'encensoir signifie la Souveraine, la Mère de Dieu. Tout comme le charbon de bois est à l'intérieur de l'encensoir et celui-ci ne brûle pas, de même la Souveraine Génitrice de Dieu reçut le Christ et ne brûla pas, mais elle en fut d'autant plus illuminée.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
THE MESSENGER
PARACLETOS GREEK ORTHODOX MONASTERY
October 2013  

Grand Concile

Sa Sainteté le Patriarche et Catholicos de Tbilissi et toute la Géorgie Ilia II avec le Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe géorgienne apostolique, le 16 février 2016 a rejeté le document "La relation de l'Eglise orthodoxe envers le reste du monde chrétien" qui a été préparé pour le Grand Concile qui se tiendra en Crète, en juin 2016.


mercredi 24 février 2016

La signification de l'utilisation des cierges, de l'encens et des lampades (2)



Et le cierge symbolise aussi la Lumière du Christ, la flamme de la foi. Dans son illumination se trouve un symbolisme profond

Siméon de Thessalonique nous dit que le cierge qui éclaire, a six symboles:

1. Il symbolise la pureté de notre âme, parce qu'il est fait à partir de cire d'abeille pure.
2. Il symbolise aussi la plasticité de notre âme, puisqu'il devient plus facile d'y graver quoi que ce soit sur elle.

3. Il symbolise la Grâce divine parce que la cire provient des fleurs odorantes.
4. En outre, il symbolise la divinité, que nous devons atteindre parce que la cire est mélangée avec le feu et elle le nourrit.

5. Et la lumière du Christ se montre également, quand elle brûle et illumine l'obscurité.
6. Enfin, il symbolise l'amour et de la paix qui doivent caractériser tout chrétien, parce que le cierge brûle jusques à la fin quand il illumine, mais il réconforte aussi l'homme avec sa lumière dans les ténèbres.

En allumant un cierge nous devons nous rappeler que nous devons vivre dans la Lumière que nous avons reçue à notre baptême. Voilà pourquoi nous appelons aussi le baptême illumination. Pour cette raison, pendant le baptême, nous tenons cierges. Cette lumière est le feu de la Pentecôte, la lumière de l'Esprit Saint. Et cette Lumière est renouvelée en nous dans nos âmes à chaque fois que nous participons à la Divine Liturgie et chaque fois que nous recevons la Sainte Communion et que nous prions. Voilà pourquoi à la fin de chaque Divine Liturgie nous chantons: «Nous avons vu la vraie lumière, nous avons reçu l'Esprit céleste, nous avons trouvé la foi véritable. Adorons l'Indivisible Trinité.
La Lumière de l'Eglise, nous devons cependant le dire, conserve mieux son symbolisme et aide l'âme à venir à la contrition quand elle est naturelle, comme dans la plupart de nos monastères, à savoir, comprenant des cierges et des lampades qui brûlent plutôt que des lumières artificielles dérivées de l'électricité.
Les cierges, comme l'huile, sont une offrande à Dieu de ces biens matériels qu'Il nous donne (Ce qui est à toi, de ce qui est à toi, dit la Liturgie) et ils symbolisent d'une part les cierges, l'âme souple et douce et la force unificatrice de l'Esprit Saint, car les cierges sont faits, ou du moins ils devraient être faits, à partir de cire pure que l'abeille fait, quand, dans le but de préparer la cire, elle recueille le pollen de fleurs diverses. Pour cette raison, le cierge nous rappelle aussi la diligence de l'abeille et le fait qu'elle recueille tout ce qui est bon et rejette tout ce qui est sale. La cire, il rappelle aussi la manière dont le feu c'est-à-dire la Divinité, est jointe à l'âme souple et l'adoucit, mais il l'éclaire également et avec elle tous ceux qui sont en communion avec elle. Le cierge, tandis qu'il brûle, éclaire ce qui l'entoure.

Ainsi également le chrétien conscient, quand il se sacrifie pour l'amour de Dieu, éclaire ses semblables et leur montre la voie du salut. Quand le croyant entre dans l'église, il devrait allumer un cierge sur l'un des candélabres pour les vivants et un cierge pour les parents et les connaissances décédés. Mais si certains parmi les vivants ont des problèmes particuliers, alors il est bon d'allumer des cierges pour chacun d'eux. Allumer le cierge doit toujours être accompagné par des paroles de prière. Pour les vivants, nous demanderons la miséricorde et la protection de Dieu, tandis que pour les défunts la miséricorde divine et leur salut éternel.


La cire, pur produit des abeilles vierges, symbolise la nature humaine du Christ, qui est venu de la vierge Marie immaculée. Le support de trois cierges de l'évêque symbolise la Sainte Trinité, tandis que le support de deux cierges les deux natures du Christ. Les cierges ou les grands cierges qui sont allumés au baptême symbolisent la lumière spirituelle que le néophyte reçoit. Les cierges de l'enterrement, de la tombe et des monuments symbolisent la lumière du Christ, dans laquelle nous espérons que les défunts vont entrer. Le Chandelier symbolise l'Eglise triomphante dans les cieux. Les cierges ou les lampades symbolisent les saints. Aux grands jours de fête dans les monastères, on se met en cercle autour du lustre, pour révéler que les saints dans les lieux célestes, célèbrent et dansent simultanément avec l'Eglise terrestre du Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
THE MESSENGER
PARACLETOS GREEK ORTHODOX MONASTERY
October 2013

mardi 23 février 2016

La signification de l'utilisation des cierges, de l'encens et des lampades (1)


Le mot cierge dérive du latin cereus [en cire] comme chandelle vient du latin candela = bougie. Dans l'Église chrétienne le cierge est placé devant les saintes icônes. Ce qui est placé devant le crucifix, dans le sanctuaire, est toujours maintenu allumé et qui est pourquoi on l’appelle quelquefois lampade « perpétuelle ».
Un cierge est également mis dans « le beau coin » de la maison et il est allumé chaque jour selon la tradition orthodoxe... C’est une habitude qui maintient la symbolique chrétienne profonde de la Lumière du Christ qui éclaire tout homme, qui renouvelle l'espoir, console et accompagne les longues heures de solitude.
Le fait d'allumer la lampade [lampe à huile] symbolise ce qui est offert comme un sacrifice de respect et d'honneur à Dieu et à Ses saints. Il symbolise aussi la Lumière du Christ qui illumine tous les hommes, et symbolise le commandement familier de notre Seigneur [qui stipule] que nous, les chrétiens devrions être, les lumières du monde.
"Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière." (Matth.17: 2).
L'huile qui brûle dans nos lampades,« τον του Θεού υπεμφαίνει έλαιον "" écrit saint Syméon de Thessalonique, la miséricorde de Dieu qui a été révélée lors du retour de la colombe à l'arche de Noé avec en bec un rameau d'olivier pour signifier la cessation du déluge, ou quand Jésus, pria longuement, il arrosait de sa sueur de sang l'olivier, sous les branches duquel Il était agenouillé lors de la terrible nuit sur le Mont des Oliviers. Bien sûr, nous savons tous combien infiniment supérieure à la lumière matérielle est la lumière interne, une lumière éclairée par l'Esprit Saint. Voilà ce qu'écrivait le père théophore Grégoire de Nazianze: «Φωτίσωμεν ... γλώσσαν" "allumons... la langue» et le commentateur ajoute: cela fut-il accompli?
L'huile symbolise l'infinie miséricorde de Dieu, mais les lampades, symbolisent aussi l'Église qui confère la Divine Miséricorde et l'illumination. Elles symbolisent aussi les saints eux-mêmes qui par leur lumière brillaient selon la parole du Seigneur: «Que ta lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient tes bonnes œuvres et glorifient ton Père Qui est dans les cieux." (Mt 5:16) Il y a plusieurs raisons pour lesquelles nous orthodoxes devrions allumer une lampade, par exemple: 
1. afin de nous rappeler la nécessité de la prière,
2. pour éclairer l'espace et éloigner les ténèbres où sont les forces du mal,
3. pour nous rappeler que le Christ est la seule vraie Lumière et que la foi en Lui est Lumière,
4. pour nous rappeler que nos vies doivent être lumineuses,
5. afin de nous rappeler que, de même que le cierge a besoin de notre propre main pour éclairer, ainsi l'âme a besoin de la main de Dieu, c’est-à-dire de Sa Grâce,
6. pour nous rappeler que notre volonté doit être brûlée et être sacrifié
7. pour l'amour de Dieu, et beaucoup plus. 
Inutile de dire que l’huile de la veilleuse doit être une huile d'olive et de la meilleure qualité possible. Par ailleurs, le Seigneur a prié dans le jardin des Oliviers et le temple avec les lampades est converti en un nouveau jardin et en miséricorde (huile) et la Divine Miséricorde, les lampades, leur huile nous rappelle la compassion de Dieu et leur lumière dans nos vies,  celles-ci doivent être brillantes et saintes. L'effusion de la lumière dans le temple symbolise la Lumière divine de la présence de Dieu qui illumine le cœur non seulement des néophytes, mais également de tous les chrétiens. Le Seigneur a révélé cette grande vérité sur Lui-même dans les termes suivants: «Je suis la lumière du monde» (Jean 8:12). Il est Lumière, non seulement en raison de Ses enseignements lumineux, mais principalement en raison de Sa présence lumineuse. Ceci est confirmé en particulier par la Transfiguration miraculeuse, où "Son visage resplendit comme le soleil, et Ses vêtements devinrent blancs comme la lumière »(Matth.17: 2). Dans le Symbole de la Foi (le Credo), le Fils de Dieu est présenté comme "Lumière de la lumière ". Au service des vêpres l’hymnographe présente également le Seigneur comme " Lumière joyeuse." Et les chrétiens avec les mystères de l'Eglise et leur lutte spirituelle peuvent recevoir la Lumière de la Grâce de l'Esprit Saint et la faire rayonner dans leur vie.
Dans "le Sermon sur la Montagne" le Seigneur conseillant ses disciples, leur a dit: "Vous êtes la lumière du monde... Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père Qui est dans les cieux »(Matthieu 5: 14-16) Ici, il est clair que la lumière des disciples du Christ consiste en les bonnes œuvres de leur vie spirituelle sainte. Les saints, dans l'après-vie seront comme le Seigneur, ils deviendront "dieux par la Grâce." Le Seigneur l’exprime clairement par Ses paroles prophétiques: "Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père." (Matt 13:43.).

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
THE MESSENGER
PARACLETOS GREEK ORTHODOX MONASTERY
October 2013 

lundi 22 février 2016

LA SPIRITUALITÉ interview de Maxime Martinez par Tudor Petcu


1.)    Pour commencer ce dialogue, s'il vous plaît de bien vouloir parler sur vos expériences spirituelles et préciser comment vous avez découvert l'Orthodoxie.
 
Mon entrée dans l’Orthodoxie est simplement, à un moment de ma vie, de mon histoire spirituelle, ce qu’on pourrait appeler l’ajustement et l’aboutissement ecclésial naturel et logique de ma conversion profonde. Je ne pouvais aller ailleurs, eu égard à ce que j’étais devenu ; ce ne pouvait être ailleurs que je pouvais aller, c’était de l’ordre de la nécessité. De quelque manière que ce soit, je ne peux qu’attribuer à la Providence Divine d’avoir été guidé et accompagné jusqu’à l’Église orthodoxe qui est alors apparue clairement à mes yeux, surpris et émerveillés de la rencontre, comme la véritable Église à laquelle mon cœur aspirait. Cela a été aussi fort que la rencontre amoureuse de la personne avec laquelle votre cœur a la conviction intime que c’est elle qui est véritablement celle avec laquelle vous allez vivre votre vie ; celle qui vous a été destinée.
Voici, dans les faits, ce qui s’est passé.


Je ne sais pas si l’on peut dire que je suis d’une famille catholique. Culturellement si. J’ai été baptisé dans cette église comme la plupart des enfants de ma génération. Mes parents s’étaient mariés à l’église selon les vœux de ma mère mais je ne l’ai su que tard. Mon père était cependant très anticlérical, le clergé était pour lui un modèle répulsif à qui l’on pouvait faire le reproche constant et universel de prêcher ce qu’il ne faisait pas lui-même et qui se résumait dans la phrase « Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais ». Ma mère était fille d’un père également anticlérical mais sa grand-mère avait fait en sorte qu’elle suive sa scolarité dans une institution religieuse dont ma mère a toujours parlé avec une distance un peu moqueuse. Ni l’un ni l’autre ne mettait les pieds à l’église sauf circonstances exceptionnelles sans doute : baptêmes, mariages, enterrements. Mes parents étaient commerçants et donc travaillaient tous les jours même le Jour du Seigneur. Néanmoins mes parents m’envoyaient à la messe le dimanche et mon père me donnait chaque fois quelques pièces pour donner à la quête en me demandant de prier pour mes parents. 


De la même façon que j’ai été baptisé, j’ai fait ma communion solennelle et cela a été l’occasion de fêtes familiales bien sûr d’où la foi n’était sans doute pas absente autour de moi mais je ne saurais l’évaluer précisément. Quant à moi, en ces circonstances, j’ai pris alors très au sérieux la retraite que j’avais faite avec un jeune et sympathique aumônier du Lycée qui nous préparait à recevoir ce sacrement. Je me rappelle qu’avant de nous rendre à l’église, je m’étais réfugié dans la chambre des parents pour prier seul et j’avais été contrarié fortement de ne pas pouvoir le faire à mon gré car constamment dérangé par la famille.

Comment lire le secret des cœurs et connaître la relation intime et cachée que chacun entretient avec le Seigneur ?... Nul ne le peut.


Mon père vénérait sa mère comme une «sainte»; il disait qu’elle était «libre penseuse » mais que, dans sa maison uniquement, quand elle en avait besoin, elle sortait une image pieuse devant laquelle elle faisait brûler une bougie pour prier. Son mari était sans doute pieux car lors des rares rencontres avec lui dont je me souviens, il apportait toujours en cadeau pour les enfants des images religieuses dont j’ai encore le souvenir. Poète, il ne subvenait guère aux besoins d’une famille de neuf enfants et ma grand-mère maternelle devait travailler dur pour pourvoir à l’entretien de la famille. Aussi les enfants durent-ils aller travailler très jeunes : à l’âge de onze et douze ans pour les aînés.



Ma mère, qui ne parlait guère de choses religieuses (jusqu’à ma conversion ayant entraîné son retour à l’église au grand dam de mon père) a toujours néanmoins conservé près d’elle un buste en porcelaine de la Mère de Dieu avec l’enfant Jésus, très maternelle, douce et souriante que je garde.


J’ai été un enfant docile et ma scolarité fut brillante jusqu’à la cinquième, mais à mon adolescence j’entrai dans un état de révolte tel qu’il a semblé nécessaire à mes parents, pour me mettre à l’abri des mauvaises fréquentations, de me faire poursuivre mes études, comme interne, dans une institution religieuse tenue par des Pères Assomptionnistes. Là j’ai repris des études sérieuses avec à nouveau d’excellents résultats malgré une colère entretenue par le sentiment d’être en quelque sorte emprisonné. Quant à ma foi elle a subi des fluctuations pour finir par vaciller sérieusement. Certes j’avais du plaisir à jouer de l’harmonium à la messe quand le Père organiste me l’autorisait car j’étudiais toujours le piano ; j’aimais aussi me lever tôt le matin, quand mes camarades restaient encore dans leur lit au dortoir, pour aller servir la messe basse du matin; j’aimais les liturgies solennelles encore en latin et correctement encensées et la procession du Saint Sacrement... mais les cours d’instruction religieuse étaient devenues l’occasion de moqueries et je m’étais rapproché de camarades qui raillaient volontiers les travers des « curés »... et surtout, sans doute le plus grave, j’avais le sentiment que Dieu n’entendait pas mes prières, qu’elles restaient sans réponse et cela me désespérait de me sentir pécheur sans aucune aide divine. Ce désespoir, conjugué à la frustration conséquente aux « colles » du week- end pour mauvaise conduite – qui m’obligeaient à rester à l’internat et m’empêchaient de rentrer à la maison, les conflits avec certains surveillants et certains enseignants qui m’avaient fait convoquer plusieurs fois chez le Révérend Père préfet de discipline – qui malgré sa bienveillance me qualifiait de « bête noire » de l’institution – tout cela remplissait mon cœur d’un tel ressentiment qu’il me poussa à tout faire pour obtenir de sortir de l’institution religieuse et retrouver juste avant le bac le lycée laïc de mes premières années d’étude secondaires.


Bien que j’aie toujours conservé beaucoup de respect pour deux pères respectivement professeurs de lettres et de maths – auxquels je pense encore avec émotion et avec un sentiment de profonde reconnaissance – le rejet de l’institution de l’Église et de la foi chrétienne m’a alors habité assez longtemps et mes années d’étudiant ont été caractérisées par un esprit de révolte militant, plutôt destructeur à bien des égards, virulent, allant même jusqu’au blasphème.
 

J’ai alors beaucoup lu de philosophie, pendant mes études supérieures de Lettres, domaine qui me semblait bien plus important que la poésie et la littérature de même que la critique littéraire me paraissait assez vaine et faible par rapport à la Linguistique et à la stylistique structurales, disciplines qui m’apparaissaient comme bien plus rigoureuses et scientifiques. Le tout investi majoritairement dans un combat idéologique que j’ai totalement rejeté depuis ma conversion. Tant et si bien que je suis devenu réellement athée, c’est à dire sans Dieu, car il était devenu clair que me révolter contre Dieu et la religion était encore leur donner suffisamment d’importance pour les faire exister et il s’agissait de s’en débarrasser complètement. Donc que Dieu existât ou non importait peu et ce n’était même plus une question : je vivais de la même manière, comme bon me semblait.

Cela a duré quelques années pendant lesquelles un esprit de révolte demeurait en moi mais s’exprimait plutôt dans des préoccupations humaines et sociales. Jusqu’à l’âge de quarante ans pour être précis. Quadragesima, ce nombre n’est pas sans faire signe bien sûr puisque ce sera pendant le Carême (commun en cette année là aux catholiques et aux orthodoxes) que j’ai vécu cette grâce de la conversion. Douloureuse, libératrice, illuminatrice, don inestimable. Ayant tout reçu, d’un coup, intensément, en une seule fois, il m’a fallu – après une période de grâce merveilleuse qui n’a eu qu’un temps – des années pour tenter de tout retrouver, en percevoir tous les aspects, toutes les richesses et les expérimenter, petit à petit, besogneusement, non sans trébucher souvent avec ma faible constitution spirituelle. Et certes je n’ai pas encore fini de tendre à me conformer, avec mes faibles forces, à la beauté de tout ce que j’ai reçu.


Avant cela je peux dire que ce qui a jalonné l’avancée dans ma vie spirituelle, c’est le renoncement.
 

Tout a commencé par la prise de conscience des conséquences sur ma famille d’alors, dues à la mise en œuvre des ambitions professionnelles que j’avais et qui me rendant de moins en présent à la maison, augmentaient les conflits avec ma compagne et ne favorisaient guère un développement idéal de nos enfants. Pour faire bref j’ai eu la conviction qu’il fallait faire cesser au plus tôt ce que je percevais comme un chaos que je n’avais pas souhaité. Sans entrer dans les détails j’ai brusquement, non sans déchirement, renoncé à tout ce qui donnait tant de satisfaction à mon ego. Cela a été si brutal que j’en ai fait une dépression dont je ne suis sorti que par une thérapie de groupe appelée « activation mentale » qui a été le point de départ fondamental d’une quête spirituelle sans fin.

Ayant toujours eu dans mes études la préoccupation de rechercher les traces d’une cohérence dans les sociétés passées ou exotiques entre les différents domaines (désormais séparés – à tort, selon mes convictions – dans notre culture occidentale) de la vie individuelle, culturelle et sociale, j’ai toujours été poussé par instinct à m’orienter vers un retour aux sources.
 

C’est ainsi que les pratiques de la thérapie me semblaient avoir été détachées de leur contexte originel pour en faire uniquement un usage utilitaire par les occidentaux. Je me suis tourné vers l’Orient qui m’apparaissait comme leur lieu d’origine et qui comme chacun sait se trouve juste en face de la région du monde que je considérais comme la plus avancée en Occident, la Californie, à l’origine en seconde main de ces pratiques.

Bien que je ne me sois pas éloigné de la France afin de demeurer près des miens, mes recherches ne se sont pas contentées de quelques lectures. J’ai pratiqué ce que je pouvais trouver dans mon pays en m’y consacrant chaque fois corps et âme.
 

Pour ne pas ennuyer le lecteur avec toutes mes expériences je résumerai les apports de chacune comme des étapes d’un changement d’esprit qui m’a permis de me déprendre d’une vision religieuse occidentale, une sorte de « nettoyage », me rendant plus disponible plus tard à la vision du monde, à l’esprit et à la vie de l’Orthodoxie.
 

En termes plus mystiques je dirais qu’après coup j’ai le sentiment d’avoir été guidé par la Providence divine conformément à ma culture, mon tempérament et ma mentalité de l’époque pour cheminer, étape après étape, vers le véritable lieu du salut. Bref j’ai reçu les médicaments dont j’avais besoin pour mon âme malade, même si à priori ils peuvent être éventuellement considérés, à certains égards, comme des poisons dangereux dont on aurait cependant isolé certains éléments curatifs.
Dans l’ordre donc : 
•    L’ « activation mentale » m’a fait prendre expérimentalement conscience de
l’interdépendance des êtres, de la responsabilité vis à vis de tous qu’a chacun de nous, pas seulement par nos actes et nos discours, mais jusque dans nos pensées. Elle m’a fait comprendre combien la pensée positive est importante pour la santé du monde. Elle m’a    également convaincu que sans une foi forte notre prière est faible. Ceux qui se révoltent et rejettent Dieu avec la conviction qu’Il ne peut exister puisqu’Il accepte l’existence de tellement de malheur sur notre terre devraient savoir que seuls nous les hommes, dans notre liberté, en sommes responsables. Mais je n’ai pas suivi sa stratégie de réussite sociale et ses préoccupations d’enrichissement.
 

•    Le Taoïsme m’a appris (mais uniquement par la lecture) que quelquefois ne rien faire c’est la meilleure façon d’agir. Nos moines de la Sainte Montagne à qui les ignorants spirituels reprochent d’être inutiles feraient bien de l’apprendre. Mais n’étant guère amateur du Taoïsme populaire et de ses pratiques magiques. Je n’avais rien à y faire.
 

• Le bouddhisme de Nichiren m’a fait expérimenter essentiellement que la prière devait engager l’être tout entier corps, âme et esprit. De même il m’a initié à la prière monologique même s’il ne faut pas confondre mantra et prière de Jésus. Mais comme je n’ai pas l’esprit de club et de société fermée, j’en suis sorti.
 

• Le bouddhisme tibétain m’a initié à la méditation silencieuse et m’a habitué à la longueur des offices. Il m’a fait également apprécier sa profonde connaissance de l’âme humaine, la douceur des maîtres, leur absence de jugement et le sérieux de leur engagement monastique. Mais ses pratiques ésotériques d’ « apprivoisement » pour soi des divinités bonnes et mauvaises sentent parfois un peu le souffre à mon avis. Trop exotique de surcroit pour moi, je n’ai pas poursuivi.
 

• Le bouddhisme zen en dernier, plus dépouillé, m’a confirmé dans l’importance qu’il fallait donner à la participation, à l’ascèse et à la posture du corps dans la prière, à l’assise silencieuse, à la transmission de maître à disciple et à la tradition fidèlement respectée dans l’enseignement comme dans le rituel, et il m’a ouvert l’esprit à la théologie apophatique et aux paradoxes dont il émaille constamment son enseignement. L’accent mis sur la gratuité de la pratique sans attente de résultat et le don de soi sans attente de retour resteront gravés dans mon esprit. C’est là ce que j’ai pratiqué le plus longtemps, mais l’absence de réel maître à l’époque ne semblait pas palliée par de simples instructeurs même qualifiés. Je me suis éloigné des dojos et j’ai pratiqué seul à la maison.

Engagé que j’étais dans un processus de « développement personnel », comme on dit, où l’on expérimente pour se « libérer » et développer son potentiel, et s’épanouir, essentiellement, j’ai à cette époque entrepris une thérapie de l’audition (rééquilibrage droite-gauche et élargissement du spectre sonore) qui s’est terminée dans un monastère catholique dans lequel je suis allé pour simplement écouter un chant « particulier » que préconisait le professeur-phoniatre pour reposer l’esprit et les oreilles en fin de traitement : le chant grégorien.


Et dans ce lieu où je pensais écouter ce chant pour en expérimenter les bienfaits il est arrivé ce que je n’avais pas prévu du tout... délaissant assez tôt dans ma cellule mon zafu (coussin de méditation zen) emporté pour continuer ma pratique, j’ai alors passé en revue toute ma vie et prenant conscience de tout le mal que j’avais fait, j’ai tout assumé, sans chercher la moindre excuse, et dans une immense et profonde douleur, j’ai pleuré pendant trois jours. Je me suis rendu compte alors que j’étais dans un lieu chrétien, que je l’avais été jadis et que dire Notre Père avait plus de sens que de rester devant un mur nu, sur un coussin noir. J’ai ressenti alors une immense libération. J’ai entendu la parabole du fils prodigue à l’église de ce monastère de Bénédictins, dans ce temps de Carême, je me suis senti intimement pardonné et je n’ai plus eu qu’un seul désir : intégrer le Corps du Christ. Ma vie en a été totalement bouleversée et toute ma vision du monde dans tous les domaines sans exception a changé. Moi qui avais vécu indifféremment avec ou sans Dieu, je ne le pouvais plus désormais. Il était devenu évident pour moi que tout était lié et que tel point de vue et telle position que j’avais auparavant sur les relations humaines dans le domaine personnel ou social n’étaient plus tenables.
 

Je suis resté dans la grâce pendant toute une période merveilleuse et puis, comme il arrive souvent à ceux qui ont vécu ce genre d’expérience, la grâce s’est peu à peu retirée, le don des larmes s’est tari et j’ai éprouvé le besoin de rechercher un Père spirituel sûr et une tradition solide et fiable pour continuer mon chemin. Je ne savais pas où chercher, alors je suis revenu en arrière et j’ai contacté le lama tibétain qui m’avait initié à la méditation, je l’ai informé de ma conversion, je lui envoyé mes anciens objets de culte et je lui ai demandé, à lui qui avait organisé des rencontres interreligieuses, s’il ne pouvait pas me conseiller quelqu’un. Il m’a envoyé trois adresses : je n’ai jamais pu joindre les deux premières personnes de la liste, la troisième a répondu aussitôt en revanche à mon coup de téléphone. La voix était avenante, d’une personne cultivée, douce et accueillante. Je pouvais aller au monastère quand je voulais, et même y séjourner une période pour y faire une retraite, j’étais le bienvenu. Quand je suis arrivé à destination, devant le portail, j’ai deviné que j’étais arrivé dans un monastère orthodoxe, ce que m’a confirmé le chauffeur de taxi. Une belle aventure s’annonçait : j’en étais heureux, nullement inquiet. J’avais lu quelques articles dans des revues et l’Orthodoxie ne m’était pas inconnue, j’étais curieux d’en apprendre davantage. Le moine qui m’avait répondu au téléphone était Père Placide Deseille, higoumène du monastère orthodoxe de St Antoine le Grand dans le Vercors.
 
2.)    Quelle a été la raison principale pour laquelle vous avez choisi la conversion à l'Orthodoxie?

Je suis donc resté une semaine chez Geronda Placide. Son nom ne m’était pas inconnu ; je me suis alors souvenu de l’avoir lu dans la liste des conférenciers ayant participé à un colloque inter-religieux organisé par Lama Denis supérieur de Karma Ling, la communauté bouddhiste tibétaine installée à l’ancienne Grande Chartreuse de Saint Hugon où j’avais été initié à la méditation... Voilà pourquoi il était dans les adresses que m’avait données Lama Denis à ma demande : il le connaissait bien sûr.
 

J’ai été reçu avec la même amabilité et la même douceur que je l’avais été au téléphone. J’ai bien sûr raconté, non sans une certaine crainte, mon itinéraire spirituel au Révérend Père Archimandrite et j’ai trouvé auprès de lui une immédiate, profonde et chaleureuse compréhension. Sa sérénité comme son humour, sa fermeté doctrinale comme son absence de jugement, sa préoccupation de vivre et de faire vivre la Tradition comme sa connaissance du monde contemporain, sa filiation athonite comme son intimité profonde et ancienne avec le monachisme d’orient et d’occident, sa simplicité comme son évidente érudition, la beauté frappante à mes yeux de ses mains d’intellectuel, comme l’étonnante simplicité avec laquelle je l’ai vu préparer la cuisine des moines, ceint de son tablier, devant son fourneau, tout contribuait à faire naître en moi le désir qu’il devienne le Père spirituel que je recherchais.

Chaque fois que le Père pouvait me recevoir en entretien, il répondait à toutes mes questions sans hésitation, avec simplicité et précision et tout cela me fut précieux pour compléter et éclaircir ce que je lisais avec grand intérêt dans la bibliothèque du monastère dans laquelle je me plongeais avec avidité. J’étais comblé en même temps que je comprenais de plus en plus qu’il n’y avait pas de cohabitation ni de compromis avec les autres « confessions ». On était en plein Carême – comme à l’époque de ma metanoia – et j’assistais avec ferveur à tous les offices des moines. Ce n’était malgré tout pas très aisé de me conformer aux usages athonites au début. Je ne savais trop sur quel pied danser, craignant de commettre quelque impair à l’église mais mes yeux et mes oreilles étaient grand ouverts pour m’imprégner le plus possible de toutes les différences de l’Orthodoxie. J’ai tout de suite apprécié d’y trouver beaucoup d’éléments qui étaient devenus importants pour moi lors de ma recherche passée: évidemment des convictions et une foi fortes, le sens du sacré dans les offices, la virilité du chant byzantin a capella, la déférence due à la hiérarchie, l’investissement physique dans la prière, la façon de réciter les psaumes avec énergie et componction à la fois, l’importance de la transmission de Père Spirituel à disciple dans une chaîne ininterrompue depuis les Apôtres. Tout cela s’accordait à mes besoins profonds d’une authentique tradition. Il ne manquait plus que de pouvoir communier à la Sainte Table... ce serait alors de plus en plus une souffrance pour moi de ne pouvoir encore le faire, tant que je n’aurais pas été reçu dans l’Orthodoxie. 


Deux textes, d’une lumineuse beauté, trouvés dans la bibliothèque, me révélant la splendeur, la profondeur et la richesse de la théologie orthodoxe ont emporté mon adhésion chassant tous les doutes: La magnifique introduction de Jean-Claude Larchet aux Questions à Thalassios de St Maxime le Confesseur et le précieux Chant d’entrée du Père Basile Kondikakis. J’ai su que je n’avais pas besoin de chercher plus loin, ni plus longtemps, ni ailleurs, le champ de l’Orthodoxie s’étalait à l’infini devant ma vie à venir et je n’avais plus qu’à faire le premier pas.
 
3.)    J'apprécierais beaucoup si vouliez nous dire quelques mots sur les plus belles expériences que vous avez vécues en tant qu'orthodoxe.

Évidemment cette première rencontre avec l’Orthodoxie a été un des moments les plus précieux de ma vie d’orthodoxe avec ma réception dans l’Église au monastère St Antoine. Bien sûr ma chrismation. Et puis faire des kilomètres en récitant la prière de Jésus en voiture, avec la faim physique et spirituelle au ventre et au cœur pour alle écouter à Mongeron les conférences de Geronda Placide, recevoir la communion de ses mains et me confesser à lui, c’est aussi une belle période. 


Aller pendant toute une période au Skite du St Esprit de Père Barsanuphe au Mesnil St Denis, qui m’a initié à l’iconographie orthodoxe, tous les mercredis matins, pour m’y confesser juste avant de communier dans ce petit sanctuaire peint par le moine Grégoire Krug (d’éternelle mémoire), comme en pèlerinage à la grotte de Bethléem, et aller célébrer, après la liturgie, une pannychyde sur la tombe de l’iconographe, c’est aussi un souvenir précieux. D’ailleurs prier pour les morts est une chose qui m’est devenue chère, je n’hésitais jamais quand, dans ma paroisse, il fallait participer avec le chœur à la célébration d’un office pour un défunt au cimetière de Ste-Geneviève-des-bois. 

Chanter la pannychyde avec les moines de St Panteleimon sur la Sainte Montagne dans la crypte-ossuaire a été un office inoubliable. Vénérer le crâne de St Silouane dans le Catholicon de ce monastère russe a été aussi pour moi une grande bénédiction. À l’Athos également, voir pour la première fois tourner le polyéleos lors de l’office monastique au monastère de Simonos Petra a produit chez moi l’émerveillement en constatant comment absolument tous les éléments de l’église étaient mis à contribution pour enrichir la symbolique de la foi chrétienne orthodoxe pour glorifier Dieu. 

L’Orthodoxie est pour moi comme un immense, extraordinaire et sophistiqué capteur de la grâce de Dieu : tout dans les moindres détails et dans tous les éléments qui la composent est en harmonie et en résonance avec le tout et tout est orienté vers Dieu, et tout participe à l’union du Ciel et de la terre, à la divinisation de l’homme. Participer à l’agrypnie de Sainte Marie Madeleine dans ce même monastère de Simonos Petra et émerger des chants des psaltes, et de l’encens de la nef pour monter sur la terrasse supérieure et rencontrer la nuit étoilée et la mer s’étendant à l’infini, et reprendre souffle avec quelques autres fidèles et quelques moines avant de replonger dans l’église, c’était avoir l’âme comblée, jusqu’au plus profond de soi, de la Gloire divine pour communier avec toute la création. Une belle expérience sur la Sainte Montagne également aura été d’avoir le privilège de chanter avec des moines de St Pantaleimon le достойно есть de Lvov devant l’icône Axion estin de l’église du Protaton à Karyes ; ce fut également un grand moment de piété.
 

J’aurais bien d’autres belles choses à raconter mais elles sont difficiles à partager car elles concernent quelques grâces qui ont été accordées à notre famille non pas certes en raison de nos mérites, mais certainement par pure miséricorde, pour conforter notre foi, nous consoler et nous soutenir dans des périodes d’épreuves particulièrement difficiles à traverser. Tout ce que je peux dire – et ce n’est pas original pour un orthodoxe - c’est que ce n’est pas en vain que l’on supplie et qu’on appelle au secours la Toute Sainte Mère de Dieu, dont j’ai la conviction indéracinable qu’elle a veillé sur moi tout au long de ma vie. Aussi récité-je bien souvent des chapelets de cette prière « Toute Sainte, sauve-nous des passions et des dangers ».
 

Enfin il faut quand même que je dise que ce qui remplit mon cœur de joie dans l’Orthodoxie et qui est une expérience continue, c’est tout simplement de pouvoir vivre chaque jour notre foi en famille, ce qui est une des plus belles choses de ma vie.

4.)    Que signifie pour vous le fait d'être orthodoxe dans une société occidentale et quel serait votre témoignage pour la conscience occidentale contemporaine?

Être orthodoxe en nos contrées implique selon mon point de vue un retour aux sources du Christianisme, et comme beaucoup d’obstacles s’y opposent cela implique aussi une posture de résistance.
 

Il s’agit à la fois de renouer avec nos propres origines orthodoxes, tout en se sentant solidaire avec le monde orthodoxe en son entier et c’est une belle chose. La résistance ne se fait pas sans une lutte, d’abord bien entendu contre nos propres passions, et ensuite pour vivre, connaître et transmettre ce qu’est le Christianisme authentique dans un environnement culturel, à la fois naguère marqué par le Christianisme, et désormais sans repères fiables pour sa partie encore chrétienne – de plus en plus minoritaire, malgré une surreprésentation médiatique. Le tout dans une société qui est à la fois sécularisée, et de plus en plus antichrétienne par l’imposition militante de ses propres valeurs athées et relativistes, avec son idéologie omniprésente, ses lois et ses décrets, société elle-même menacée par une islamisation croissante non intégrée (parce que non traditionnelle comme en Russie par exemple) et revancharde. 

Cette société antichrétienne ne se rend pas compte qu’elle «a scié la branche sur laquelle elle était assise» et comme «la nature a horreur du vide » (selon Aristote), l’Islam ayant perçu le vide, a le projet, clairement affirmé, de le combler et a bien commencé de le faire et très souvent violemment...
 

Il s’agit donc bien d’une forme de combat à tenir. Les adeptes « spirituels » de l’Advaïta et la Non-Dualité qui méprisent la «religion» et ne jurent que par la « spiritualité » condamnent une telle posture de combat. Le chrétien orthodoxe ne devrait-il pas donner un exemple de sagesse, de paix, de sérénité et de fraternité ?
 

En fait, particulièrement dans cette partie du monde habité que l’on appelle occident, être orthodoxe c’est d’abord se sentir totalement minoritaire et en butte à une omniprésente représentation qui défigure – volontairement ou par ignorance – ce qu’est le Christianisme véritable.
 

Ensuite, particulièrement quand on a des enfants, et c’est bien là ce qui motive le plus pour être en posture de résistance et de combat, un orthodoxe qui a la ferme conviction qu’il a trouvé la vraie foi, est sans cesse appelé à l’affirmer à bon escient, mais clairement, corriger ce qui est transmis de façon erronée, malveillante et massive sur le Christianisme, par les media, l’enseignement public et malheureusement aussi par les représentants et les fidèles de ce qu’on appelle les autres « confessions » chrétiennes. 

On ne peut pas se contenter de dire : je veille à mon salut car je fais mes prières, je respecte les périodes de jeûne, je vais à l’église, je fais l’aumône etc. et le monde admirera de lui-même les fruits attirants et appétissants que porte l’arbre orthodoxe. Non, éduquer ses enfants dans la foi orthodoxe est difficilement compatible avec une attitude qui laisse les enfants s’identifier à des formes trompeuses de la foi chrétienne, se conformer aux fallacieuses valeurs du monde et ingurgiter tous les poisons distillés à grand débit continu, partout.
 

Donc il y a lieu d’insister, d’expliciter, de rappeler, de répéter, de rectifier, de contrer, de résister et donc de combattre car les valeurs et la propagande adverses ne laissent aucun répit. C’est une forme de militantisme. Ce à quoi je tente personnellement de consacrer une partie de ma vie, modestement toutefois mais avec persévérance, sur la plus grande source d’informations, Internet.
 

Bien sûr il ne s’agit pas de prosélytisme et vouloir convertir qui que ce soit, ce n’est pas cela le bon combat. Il s’agit, pour nous qui sommes revenus à l’Orthodoxie de nos pères et qui sommes souvent si peu nombreux, perdus, isolés, quelquefois même parmi nos frères orthodoxes immigrés dans notre pays et qui sont orthodoxes d’origine, pour nous qui sommes quelquefois loin de tout lieu de culte, de tout confesseur, et bien souvent encore plus loin d’un Père spirituel, de tenir bon dans la foi avant tout, pour nous et notre descendance.    Il y faut du courage, de la ténacité et bien sûr de la prière car Notre Dieu compatissant pourvoit souvent à nos besoins qu’Il connaît.
 

Mais dans la vie de tous les jours, dans le milieu professionnel, dans le voisinage, c’est toujours une surprise, un étonnement pour les non-croyants (par conviction ou par ignorance) d’apprendre que nous sommes orthodoxes (ce que nous ne clamons pas à tous les coins de rue). Souvent naît alors le désir plutôt bienveillant en eux d’en connaître davantage et c’est seulement à ce moment que nous leur apprenons ce qu’ils désirent savoir. Ils font alors le lien avec certaines attitudes que nous pouvons avoir dans nos relations, vis à vis du comportement de certaines personnes, certaines paroles que nous pouvons prononcer, certaines interprétations du monde qu’ils nous ont entendu donner auparavant. Ils sont également souvent étonnés d’apprendre qu’il n’y a pas que les musulmans qui ont une foi forte, des convictions fermes et précises, des périodes de jeûne, qui font des prosternations... et tout cela discrètement. Si les gens ne sont pas chrétiens, il ont alors une autre perception des « chrétiens », particulièrement s’ils sont musulmans modérés ; s’ils sont chrétiens, ils mesurent alors les différences profondes qu’ils ne soupçonnaient même pas, et soit ils se voilent la face en répétant le discours de l’idéologie indifférencialiste dominante (« c’est du pareil au même »), soit ils se remettent en question dans leurs convictions et leur pratique, et mesurent la distance entre ce qui se fait chez eux et ce que vivent et confessent les orthodoxes dans leur Église.
 

C’est pourquoi il est si important pour la défense de notre foi, c’est à dire pour la préservation et la sûreté de notre voie de salut, de cultiver notre différence et de ne pas entrer dans la tentation du relativisme. Jamais ; car dans ce combat le rapport de forces (qui est indéniable malheureusement) n’est pas en notre faveur, d’autant plus quand l’Orthodoxie est calomniée et identifiée comme alliée de régimes autoritaires et nationalistes, archaïque dans son essence et donc réactionnaire... Nous pouvons demeurer fraternels avec tous sans rien lâcher de notre spécificité qui pour nous est simplement la juste glorification de notre Dieu et la voie de la déification qui nous a été léguée en droite ligne sans interruption ni modification, pour tous. Prêter le flanc de quelque manière que ce soit, à l’identification et à la réduction au même à ce qui est connu dans le Christianisme occidental et qui selon le monde ne mérite même plus d’être transmis, c’est perdre notre foi et s’empêcher de la transmettre fidèlement aux générations qui nous suivent.

5.)    Quels sont les livres orthodoxes qui vous ont impressionné le plus et qui devraient être lus par ceux qui désirent découvrir et comprendre l'orthodoxie?

 
Notre Seigneur sait à qui Il a affaire avec chacun de ses enfants. Il connaît tout de nous et sait comment nous guider pour nous emmener à Lui. J’en témoigne. Le Psalmiste l’exprime magnifiquement dans le psaume 138 :
 

« Seigneur Tu m’as mis à l’épreuve et Tu m’as connu Tu as connu mon repos et mon réveil Tu as pénétré de loin toutes mes pensées.. Tu as vu par avance toutes mes voies...»  Le Saint Esprit nous met donc entre les mains les livres qui conviennent à chacun selon ses besoins spirituels à chaque étape de notre cheminement vers la conversion. Cela peut-être des livres d’écrivains comme Féodor Dostoïevski qui m’ont bouleversé et m’ont tenu éveillé des nuits entières, ceux de Virgil Gheorghiu qui m’ont emporté dans le désir de retrouver la même force dans la foi, de Nikolaï Leskov qui m’ont émerveillé et pénétré de la vie dans la foi orthodoxe. La littérature est bien souvent un guide plus enthousiasmant et profond que la théologie savante. Ce peut être aussi le Pèlerin Russe et aussi les récits de vies de saints orthodoxes comme celle de St Silouane l’Athonite, de St Seraphim de Sarov. Et leurs œuvres spirituelles qui emportent encore davantage l’adhésion. Les œuvres de Père Sophrony, de St Païssios, de St Porphyre. Et puis tous les petits livrets, sur toutes les questions que l’on peut se poser sur l’Orthodoxie, qu’a écrits Père Placide Deseille dont toutes les œuvres par ailleurs sont à lire et bien précieuses pour un francophone. Tous les livres de la collection Grands Spirituels orthodoxes du XX° siècle, dirigée par Jean-Claude Larchet sont des guides profonds et sûrs. Jean-Claude Larchet dont la connaissance des Saints Pères de l’Antiquité à nos jours fait autorité dans le monde entier a écrit bien des livres dont les thèmes répondent profondément et précisément à toutes les questions de ceux qui voudraient connaître, sans errer, l’Église orthodoxe et qui sont tous à recommander. Chacun de ses livres fait preuve non seulement d’une rigueur, d’une érudition et d’une exhaustivité remarquables mais également d’une intimité profonde et vivante avec la spiritualité orthodoxe. Mais il y en aurait bien d’autres et chaque livre est une rencontre bien souvent prévue par la Providence selon les besoins.
 
6.)    Klaus Kenneth, un penseur orthodoxe de Suisse disait : "l'orthodoxie est une voie royale et il n'y a pas une autre voie qui pourrait aider l'homme pour gagner la rédemption". Êtes-vous d'accord avec cette affirmation ?

Oui, c’est ma conviction. Sans doute Dieu dans le secret reconnaîtra les siens d’où qu’ils viennent, sans doute y a-t-il un cheminement différent pour chacun, mais reprenant la phrase attribuée au clerc du XIII°s, Alain de Lille, « Mille viae ducunt homines per saecula Romam Qui Dominum toto quaerere corde volunt. » (« Mille routes conduisent depuis des siècles à Rome les hommes qui désirent rechercher le Seigneur de tout leur cœur. ») je dirai plutôt : « Mille routes conduisent depuis des siècles à l’Église Orthodoxe, Église du Christ des origines, les hommes qui désirent rechercher le Seigneur de tout leur cœur. » c’est la grâce que j’ai reçue et que je souhaite de tout cœur à tous les hommes. 


L’Orthodoxie est un trésor vivant inépuisable, la partager avec le plus grand nombre est mon vœu le plus cher et cela ne peut que l’enrichir et la multiplier davantage comme L’Amour infini de Dieu pour les hommes. Le Seigneur nous rappelle dans Matthieu 7:15-21 « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. »
 

La succession, ininterrompue jusqu’à nos jours, des saints de l’Église orthodoxe suivant l’enseignement des Saints Pères « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu» en témoignent: portant les bons fruits de la vie en Christ dans l’Orthodoxie, Ils expérimentent déjà dans leur vie sur terre le Royaume des Cieux. Jamais ils n’ont renié leur sainte foi orthodoxe, ni n’ont tenté de la remettre en question, encore moins de la modifier, de la mettre au goût du jour ou de la réduire en un quelconque point mais bien au contraire ils ont fait preuve de la plus grande fidélité, de la plus grande humilité et de la plus grande obéissance malgré l’adversité provenant quelquefois de leurs frères même. Les charismes dont ils ont été gratifiés dans leur vie terrestre et de l’au-delà dont nous pouvons bénéficier, nous confortent dans notre foi et nous confirment que tous peuvent être sauvés et déifiés dans l’unique Église du Christ, l’Église orthodoxe. 

Quant à moi, pécheur que je suis, je rends grâce, avec une joie profonde, tous les jours de ma vie depuis mon entrée dans l’Église, de lui appartenir, et malgré mes chutes innombrables et les épreuves traversées qui auraient pu m’éloigner de Dieu et me faire perdre la foi, je bénis notre Dieu de nous avoir fait ce don merveilleux de son Église, bâtie et nourrie depuis des siècles par l’Esprit Saint de Dieu, à nous pécheurs, assistés, consolés, guéris et protégés que nous sommes par la Toute Sainte, notre sœur et notre Souveraine. Gloire à Dieu au plus haut des Cieux !

*

Les blogs de notre ami Maxime:


Des journalistes payent des réfugiés pour jouer les noyés!

Des journalistes payent des réfugiés pour jouer les noyés!
Download PDF
Selon le site Greek reporter, c’est ce qu’a déclaré Nysiros Nathanael, évêque de Kos, lors d’une interview radiophonique sur Alpha 98.9
L’évêque dit qu’il a vu de ses propres yeux des reporters de télévisions étrangères payer des  « réfugiés » 20 euros pour jouer les victimes de noyade.  Il ajoute que les médias présentent  une image faussée des événements, bien  loin de la réalité et que  c’est un péché d’ainsi exploiter le désarroi de ces gens. Toujours selon l’évêque Nathanael,  les seules personnes qui aident vraiment les réfugiés sont les résidents locaux, les autres organisations, gouvernementales ou non, assistant simplement les volontaires locaux.
Kos est l’une des îles grecques submergées par les clandestins, dont récemment les habitants ont manifesté contre l’ouverture de  cinq nouveaux centres de tris (hotspots).

dimanche 21 février 2016

Tudor Petcu: interview de Bernard Le Caro pour la revue Cultura

Bernard Le Caro

1.) Tout d'abord, je vous prie de bien vouloir parler sur votre parcours spirituel, et de préciser comment vous avez découvert l'orthodoxie.
 
Au préalable, je ne parlerai ici de moi-même que pour parler des autres, ceux à qui je dois d’avoir découvert dans l’Orthodoxie l’Église des Apôtres et des Pères, celle qui a été fondée par notre Seigneur et qui est unique. Mon premier contact avec l’Église a été une émission télévisée, alors que j’étais enfant. C’était en 1956, à l’occasion des événements sur l’île de Chypre, on interviewait l’archevêque Makarios III. Avec sa soutane, sa longue barbe, sa kamilavka et son encolpion, je demandai à mon entourage qui était ce personnage. On me répondit que c’était un orthodoxe. C’est alors que j’appris qu’il y avait une autre Église que celle à laquelle j’appartenais, à savoir l’Église catholique-romaine. 

Ce fut le point de départ d’une longue évolution. Permettez-moi une parenthèse : si l’archevêque Makarios s’était présenté en civil, en « clergyman », comme cela se produit parfois dans la diaspora, il n’y aurait pas eu ce « point de départ ». D’où l’importance pour le clergé de porter des vêtements ecclésiastiques dans « le monde », c’est la présence du Christ, de son Église. Cela dit, bien plus tard, alors que j’étais âgé de 17 ans, cet intérêt ne me quittait pas. J’écoutais une émission orthodoxe à la radio française et, grâce à cela, je découvris que j’habitais non loin d’un couvent russe, dont les moniales avaient émigré en France après la seconde guerre mondiale, après avoir fui la Russie, puis la Yougoslavie sous le régime communiste. C’est donc au cours de ma première visite à ce couvent que je fis connaissance de mon futur père spirituel, le père Čedomir Ostojić de bienheureuse mémoire, originaire du Banat serbe, et qui s’était enfui de son pays peu après l’avènement du régime titiste. Il me fit une profonde impression. J’avais connu de bons prêtres dans l’Église catholique-romaine, mais cette fois, c’était un homme spirituel. 

Après cette « découverte » s’ensuivirent d’autres : les moniales du couvent russe avec, à leur tête, une higoumène d’une grande stature spirituelle, Mère Théodora, dont le propre père spirituel était un athonite renommé, le père Cyrique, qui vécut en Yougoslavie. Sa mère avait été guérie par saint Jean de Cronstadt. La moniale qui l’assistait, Mère Magdalina, était la fille d’un officier, membre du Concile Pan-russe de 1917. Toutes les deux étaient très proches de l’éminent métropolite de Kiev Antoine Khrapovitzky, en exil en Yougoslavie, puis de saint Jean Maximovitch, qui venait souvent au couvent, alors qu’il était archevêque d’Europe occidentale de l’Église russe hors frontières. Quant à l’aumônier du couvent, c’était un moine de Valaam. Autant dire que je me suis trouvé dans une ambiance radicalement différente de celle que j’avais connue dans le monde religieux occidental, et qui correspondait à mes plus profondes aspirations intérieures. Très vite, je pris la décision de devenir orthodoxe, mais la Providence m’imposa quatre années de « catéchuménat ». L’higoumène m’envoya alors pendant un mois faire le tour des monastères de Serbie. Pour reprendre l’expression de saint Païssios l’Athonite, « il fallait que la couleur prenne ». C’est là que je fis connaissance du grand saint contemporain Justin Popovic et aussi du patriarche Paul de Serbie de bienheureuse mémoire, alors évêque de Prizren au Kosovo. On me donna à lire les Pères de l’Église, et finalement, je devins orthodoxe en 1969. Les années suivantes, je me rendis sur le Mont Athos, où j’eus des contacts avec saint Païssios, puis, c’était en 1975, en Roumanie, où je rencontrai les pères Cléopas Ilie et Paissie Olaru. Comme le dit saint Grégoire Palamas, il faut d’abord rencontrer le Christ, et en parler ensuite. C’était la ligne suivie par tous ces saints de Dieu, qui m’ont guidé dans la vie.

2.) La Serbie représente le lieu où vous avez eu l'occasion de découvrir la spiritualité orthodoxe, donc on pourrait sans doute dire que ce pays a changé votre vie, voire votre manière de penser. Etant donné cet important chapitre de votre vie, pourriez-vous parler des plus importants noms de l'orthodoxie serbe qui ont influencé l'évolution de votre personnalité spirituelle?

Effectivement. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai rencontré le père Justin et le futur patriarche Paul. C’était en 1968. Je suis resté en contact avec le père Justin – je lui rendais visite chaque année – jusqu’à son bienheureux trépas en 1979. Cette rencontre a changé ma vie en ce sens que nul comme lui n’a aussi bien mis en valeur le dogme de Chalcédoine - le Christ comme Dieu parfait et homme parfait - présent parmi nous dans l’Église. En outre, et cela découle de ce qui précède, il insistait sur la vie des saints. Il faut dire que dans la Serbie d’avant guerre, la classe intellectuelle – sous l’influence d’une certaine culture française – affichait un souverain mépris pour les vies de saints. Et le combat du père Justin a été, si l’on peut s’exprimer ainsi, de les « réhabiliter ». C’est ainsi qu’il a traduit les vies des saints en langue serbe, en douze volumes, soit au total 8000 pages. Comme il le dit : « La vie des saints, ce sont les dogmes traduits dans la vie. Que sont les dogmes ? La vie des saints réalisée ». « Les actes des Apôtres », précisait-il, «sont la continuation du Saint Évangile du Christ, et les vies des saints sont la continuation des Actes des Apôtres…» En même temps, je découvris la véritable théologie – non livresque mais pratiquée dans la vie – non seulement chez les saints anciens, mais aussi nouveaux, ceux que j’ai évoqués plus haut, et naturellement les saints néo-martyrs de Russie. Lorsqu’il en parlait, le père Justin pleurait. Lui, qui connaissait si bien la vie des saints, disait que St Clément d’Ancyre, martyrisé sous Dioclétien, n’avait passé « que » 28 ans de sa vie en prison, alors que le nouveau confesseur Athanase Sakharov sur trente-quatre ans d’épiscopat, avait souffert plus de trente ans dans les prisons et les exils…. En d’autres termes, il avait dépassé les saints anciens ! C’était la confirmation des paroles de l’apôtre : « Le Christ est le même hier et aujourd’hui… » L’autre aspect du père Justin était son approche « universelle » de l’Orthodoxie. Tout en aimant profondément et en pleurant sur son peuple serbe, tous les orthodoxes lui étaient proches, c’était ce qu’il appelait « la nouvelle humanité en Christ ». À ce sujet, je mentionnerai simplement qu’il avait rencontré le père Cléopas, qui était venu en Serbie et qu’il lui avait conseillé de rester en Roumanie pour aider son peuple, plutôt que de partir sur le Mont Athos comme il en avait l’intention. 

Quant à l’évêque Paul, le futur patriarche, ce fut pour moi encore un autre aspect de l’Orthodoxie. Je ne mentionnerai que le fait suivant : lorsque j’arrivai à son « palais épiscopal » - une vielle maison délabrée où les courants d’air circulaient partout – je vis un moine occupé à balayer l’entrée. C’était lui, l’évêque Paul. Grand ascète et érudit, il me donna des conseils que je gardai précieusement. Il citait constamment l’apôtre Paul et les saints Pères comme si les paroles émanaient de lui-même. En été en Serbie, l’un de ses proches m’a cité l’une de ses sages paroles : « Ce que nous faisons pour l’Église est 1% ; les 99% restants sont du Saint-Esprit. Mais si nous ne faisons pas notre 1%, il n’y a pas non plus les 99% ». À méditer !

3.) Quel est votre avis concernant le livre écrit par Jean-Claude Larchet sur le Patriarche Paul de Serbie? Croyez-vous que ce livre soit une bonne opportunité de mieux découvrir ce trésor de l'orthodoxie serbe?

Mon avis est tout-à-fait positif, j’espère d’ailleurs que ce livre sera traduit en roumain, si ce n’est déjà fait. Ayant connu le patriarche et lu nombre de ses écrits, je peux confirmer que tout ce qui est dit est vrai. Parfois, certains auteurs ont tendance à en “ajouter”, ce qui n’est pas le cas ici. La vérité suffit. Bernard de Clairvaux disait au sujet de la Mère de Dieu, alors que l’on voulait déjà imposer en Occident le dogme de « l’immaculée conception » : La Mère de Dieu n’a pas besoin de fausses gloires ! C’est vraiment également pour les saints. C’est aussi pourquoi le livre de Jean-Claude Larchet est précieux, par sa sobriété.

4.) Comme vous le savez, Jean-Claude Larchet parle sur l'inconscient spirituel, sur le tréfond inconnu du cœur, nous offrant ainsi une perspective tout à fait intéressante sur la beauté de la théologie orthodoxe. Peut-on dire que la compréhension théologique de Jean-Claude Larchet sur l'inconscient spirituel met en évidence l'unicité de la spiritualité orthodoxe? 

Il m’est difficile de répondre à cette question, n’étant pas spécialiste dans ce domaine.

5.) Croyez-vous que "l'amour de la sagesse" soit la meilleure définition de la spiritualité orthodoxe? 

Certes, les premiers apologètes du christianisme parlaient souvent de “philosophie” comme synonyme de la foi chrétienne. Plus tard, St Macaire le Grand parle de « philosophie du Saint-Esprit ». Le mot “spiritualité”, à mon avis, manque de clarté, je parlerais plutôt de “vie spirituelle”, c’est-à-dire de vie en Christ. C’est ce nom qu’ont donné à leurs œuvres les saints Nicolas Cabasilas et Jean de Cronstadt. Il ne s’agit pas “d’imitation du Christ”, comme chez les mystiques occidentaux, mais de vie en Christ. C’est plutôt ainsi que je définirais la spiritualité orthodoxe, pour reprendre votre terme. En tout état de cause, “l’amour de la sagesse” ne peut être que l’amour du Christ, la Seconde Hypostase de la Sainte Trinité. Ce n’est pas un hasard si la basilique Sainte-Sophie à Constantinople est précisément dédiée à la Sagesse de Dieu, le Christ Lui-même !

6.) Que signifie pour vous le fait d'être orthodoxe en France et comment serait-il possible de faire revivre la spiritualité orthodoxe en France? 

Être orthodoxe en France, plus largement dans le monde occidental, c’est être témoin du salut que nous offre le Christ dans Son Église. Notre objectif est de manifester le Visage du Christ, oublié ou altéré en Occident. Naturellement, ce faisant, nous devons être conscients de nos faiblesses, l’apôtre Paul rappelle que nous portons ce trésor dans des vases d’argile. Nous ne saurions tomber dans le pharisaïsme : à qui il est beaucoup donné, il sera beaucoup demandé. Et que l’on soit en France, ou bien n’importe où ailleurs, notre objectif est le même : comme l’a dit le père Cléopas, le chrétien doit être comme la mèche d’une veilleuse. En se consommant, elle illumine tout autour. Cela dit, il y a peut-être une spécificité pour les orthodoxes en France : d’innombrables saints y ont vécu avant la séparation de l’Occident du monde orthodoxe. Si l’on regarde le calendrier, il y a plusieurs saints, et ce chaque jour, qui ont vécu en France pendant les premiers siècles. Et on ne peut être que frappé par l’identité entre ces saints et celles des saints orthodoxes aujourd’hui. Et notre devoir est de faire connaître ces saints, non seulement à l’Occident qui, souvent les a oubliés – ne parlons pas de l’état dans lequel se trouvent parfois leurs reliques ! – mais aussi et peut-être surtout dans la diaspora orthodoxe. C’est une occasion pour tous les orthodoxes de connaître leur vie, de les vénérer, de les prier. C’était précisément la tâche à laquelle s’est attelé le saint archevêque Jean Maximovitch. Dès son arrivée à Paris, il est allé vénérer les reliques de St Denis, le premier évêque de la ville, et d’autres saints locaux. Actuellement, le père Andrew Philips, en Angleterre, a fait connaître les innombrables saints des Iles britanniques, Claude Lopez-Ginisty, sur son blog orthodoxologie, a fait connaître les saints qui ont vécu dans les temps anciens sur les territoires actuels de la France et de la Suisse.

7.) Quels seraient pour vous les noms les plus importants de l'orthodoxie française? Comment caractériseriez-vous la personnalité du père Placide Deseille, par exemple?


Comme je l’ai dit au début de cet entretien, de nombreuses saints, originaires des différentes diasporas, ont vécu en France, dont certains ont été canonisés comme St Jean Maximovitch et saint Alexis d’Ugine. Mais il y en a certainement d’autres, qui nous sont inconnus. Et ce sont eux, les saints, avant tout, qui sont les plus importants noms de l’orthodoxie. Pour ce qui concerne le père Placide Deseille, ce que je dirai est qu’il est l’incarnation de la tradition des Pères – on peut lui être reconnaissant d’avoir traduit St Macaire, St Jean Climaque et St Isaac le Syrien. En outre, il a accompli une œuvre difficile, à savoir « transplanter », si l’on peut dire, le monachisme athonite en terre de France. C’est une réalité de l’Orthodoxie : elle ne peut vivre sans monachisme, et c’est pourquoi, souvent, la mission de l’Église a échoué en Occident. Lorsque j’ai dit au père Cléopas que je fréquentais un monastère orthodoxe en France, il s’est écrié : « Mais c’est une oasis ! » On ne peut qu’espérer que les graines semées par le Père Placide et d’autres encore  porteront leurs fruits dans l’avenir. C’est actuellement « un grain de sénevé ». Que Dieu fasse qu’il devienne un arbre…

***