"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 11 mai 2019

Higoumène AIMILIANOS: Mémoire éternelle!

Père Aimilianos
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Père Aimilianos est né au Ciel le 9 mai 2019. La première fois, nous l'avons rencontré chez Père Sophrony de bienheureuse mémoire. Il était en visite en Grande Bretagne. 

Je travaillais alors à la traduction de Sa Vie est mienne dans la bibliothèque du monastère Saint John the Baptist. Père Sophrony est entré avec Père Aimilianos, Père Macaire de Simonos Petra, et il m'a présenté. Je fus très impressionné par l'expression de bonté, de bienveillance  et de douceur qui émanaient de lui.

Il y eu le lendemain la Divine Liturgie concélébrée dans la chapelle de Tolleshunt en bas du monastère. Ce séjour fut trop court!
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Quelques années plus tard, il était en visite en France, chez Père Placide, à Saint Antoine le Grand. Nous avions l'habitude d'aller passer de longues périodes à Fond de Laval, mais là, sortant d'une intervention chirurgicale, il fut impossible d'aller rencontrer Père Aimilianos. Et j'en fus infiniment triste...

Quelques jours après son passage en France, je reçus une lettre. Père Aimilianos, avec grande bonté, m'envoyait ses meilleurs vœux de rétablissement et sa bénédiction. La lettre était en français (traduite par un de ses moines) et signée de sa main. Elle contribua à ma joie après l'épreuve.

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C'est peu de choses, mais c'est beaucoup aussi. Avoir la joie de rencontrer un véritable staretz, est une grande bénédiction et un viatique précieux pour la vie spirituelle.

Si je n'avais pas rencontré Père Aimilianos, le simple fait d'en entendre parler par Père Elie de Terrasson m'aurait convaincu de la haute stature spirituelle du Père. 

Et si j'avais seulement lu le petit livret de Père Elie: L'ORTHODOXIE/ Un guide lumineux et illuminateur de nos âmes: Géronda Aimilanos, j'aurais eu la même conviction d'être en présence d'un authentique père spirituel. Et la lecture de Ses Discours Ascétiques/ Commentaire d'Abba Isaïe (Editions ORMYLIAS 2014), me permet encore et toujours de réaliser la profondeur de ses connaissances spirituelles et son don béni de pédagogue du Christ.

Puissions-nous avoir sa bénédiction et sa prière!

C.L.-G.

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Quelques textes de Père Aimilianos!

LECTURE DU PSAUME 16
extraits

14. Seigneur, fais-les disparaître de la terre;
disperse-les durant leur vie. 
De tes réserves leur ventre est rempli; 
ils ont été rassasiés de fils, 
et ils ont légué leur surplus à leurs petits enfants.

 « Seigneur, fais disparaître les impies de cette terre, éloigne-les des fidèles, qui sont si peu nombreux. Fais disparaître les méchants durant leur vie, lorsqu’ils pensent être à l’apogée de leur prospérité, quand ils croient atteindre bientôt leur but. Fais-les disparaître de la vie présente pour qu’ils ne scandalisent pas les fidèles.» La prospérité des incroyants et des impies est cause de scandale pour les croyants. 

De tes réserves leur ventre est rempli. « Seigneur ! ceux qui ne croient pas en toi, les infidèles, mes ennemis sont comblés de biens! Ils ne leur manquent rien. Ils se rassasient non seulement de la nourriture commune aux mortels mais, de plus, de tes réserves; leur ventre est rempli de ce qu’il y a d’exquis dans cette vie. Ils se délectent de ce que les pauvres et les croyants n’ont jamais vu, même en rêve. Les nombreux enfants étaient le signe du bonheur : Ils ont été rassasiés de fils ».

D’autres manuscrits portent : «ils ont été rassasiés de viande de porc ». Le porc était, d’une part, interdit par la Loi — leur transgression est donc prouvée —, d’autre part, la viande de porc exprime le repas plantureux, l’abondance, la volupté, le bien-être. Ils ont été rassasiés : ils ont mangé autant qu’ils le désiraient et le surplus était si abondant qu’ils en nourrirent leurs petits enfants; ils étaient comblés de bonheur. 

15. Et moi, dans ta justice je paraîtrai devant ta face ;
 je serai rassasié quand paraîtra devant moi ta gloire. 

Comme le psalmiste pense différemment ! Les impies vivent pour le plaisir des sens, alors que le prophète pense uniquement aux délices spirituelles. Ils vivent des biens terrestres et pour les biens terrestres, alors que David, lui, vole au-dessus de tout cela. Il considère comme rebuts ce qui rassasie les autres. Rien de commun entre eux. 

«Ils se rassasient de biens matériels. Mais est-il possible que l’âme de l’homme puisse en être rassasiée? Assurément, Seigneur, ils sont dans l’illusion quand ils pensent posséder. Mais moi, dans ta justice, je paraîtrai devant toi. Je ne me rassasierai pas de biens périssables, je serai comblé seulement quand je verrai ta gloire. »  Il y a contradiction entre les hommes qui se repaissent de bonheur terrestre et ceux qui jouissent des délices spirituelles. 

Lorsque David dit : quand paraîtra devant moi ta gloire et je paraîtrai devant ta face, il sous-entend sa présence dans le Temple, là où Dieu le voit et l’écoute. Mais aussi en toute autre circonstance où Dieu se manifeste à l’homme, comme il est apparu  à Moïse ainsi qu’à tous ceux qui le cherchaient.
Chacun de nous peut voir Dieu et être vu de Dieu en cette vie, en raison de sa justice, de sa pureté. 

Le verset je serai rassasié quand paraîtra devant moi ta gloire est, dans la traduction du texte hébreu : «Au réveil je me rassasierai de ton image. » Il y a une légère nuance qu’il nous faut examiner. Combien de fois ne sommes-nous pas scandalisés lorsque nous constatons le bonheur des impies, quand nous voyons la joie, apparente, de ces hommes. Et survient en nous cette question :  «peut-être ai-je commis quelque erreur ? » Il n’en est rien. Eux vivent dans le temps présent. 

La version des Septante quand paraîtra devant moi ta gloire, cache un sens eschatologique. Le prophète, en pensée mais aussi avec son cœur, vit dans le présent et dans l'avenir, au moment où il ressuscitera et verra la face de son Seigneur. Il vit au-delà de ce monde, après le monde actuel. Nous sommes en présence du bonheur futur. Pour s’encourager, le psalmiste compare le monde présent et le monde à venir. C’est une prophétie sur la béatitude après la mort. Dans la nuit et dans le désespoir qui l’habite, surgit une lueur : 1’autre vie. Là, il verra Dieu « face à face». Mais il ne le contemplera que dans la mesure où il l’aura déjà vu sur terre

Le verbe «se rassasier » renferme, outre son sens évident, une autre signification, laquelle doit retenir notre attention de façon toute particulière. Nous nous rassasions quand nous mangeons. Le rassasiement indique la participation à la gloire divine. Voir Dieu veut dire que nous recevons Dieu, que nous participions à sa vie. Le rassasiement suppose donc aussi une union avec Dieu. Non pas un mélange des deux natures, mais une divinisation par grâce particulière de Dieu. Se rassasier de sa gloire veut dire que nous participons à la vie — c’est-à-dire à l’énergie et non à l’essence — de la Divinité ; nous devenons des dieux. 

Le psalmiste dit :  «Seigneur, ils sont absorbés par les biens matériels, moi je préfère ne pas être une masse de chair animée qui se promène, mais être un intellect qui voit Dieu, une âme qui palpe Dieu. Je veux participer à ta vie, ne faire qu’un avec toi. Ma vie est cachée dans ta vie, je suis toi et toi tu es moi. » 
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*    *

Ce psaume admirable est à la fois si simple et tellement important c'est la prière d’un homme qui souffre. 
Si nous ne souffrons pas aujourd’hui, n’oublions pas que, vraisemblablement, demain nous souffrirons et qu’autour de nous il y a des milliers de frères éprouvés, amis proches ou lointains, qui ne cessent d’être membres de notre corps. Prions avec ce psaume ou avec de semblables paroles pour ces hommes. Nous venons de dire que si nous ne souffrons pas aujourd’hui, nous souffrirons peut-être demain, pour mieux dire, nous souffrons toujours. Chaque chose peut devenir cause de douleur. Le combat du chrétien, notre combat, est lui aussi une cause de souffrance. Satan « comme un lion rugissant » cherche l’occasion de nous induire en tentations. Même nos amis, voire les êtres qui nous sont chers, peuvent être source de souffrances. Nous pouvons dire que notre vie est une passion. Toutefois n'oublions pas le sens profond que nous livre ce psaume : la souffrance, les difficultés, les échecs sont une visite de Dieu. C’est lorsque nous souffrons que Dieu est avec nous.
extrait de 
éditions Ormylia

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Archimandrite Aimilianos, 
L'expérience de la Transfiguration dans la vie du moine athonite
éd. Monastère Saint-Antoine-Le-Grand, 
Saint-Laurent-en-Royans, 1996, p. 23-24.


Au coucher du soleil, lorsque ayant terminé son service (diakonia) et accompli les œuvres du jour, le moine rentre dans sa cellule, il ne cesse pas pour autant de vivre la Transfiguration sous les deux formes dont les Disciples l'ont vécue de façon exemplaire au sommet du Thabor. Tandis que dans l'assemblée liturgique il voit le Christ dans la lumière de Sa gloire et participe avec le monde visible et la communauté à la lumière du Royaume de Dieu, lorsqu'il ferme derrière lui la porte de sa cellule, telle la pierre qu'on avait roulée à l'entrée du tombeau du Seigneur (Mc, 15,46), alors, dans l'obscurité de la nuit, il est couvert par la nuée. C'est à ce moment que, seul avec Dieu, il vit vraiment comme «moine », monachos . Tout vain luminaire de ce monde, des voluptés, des préoccupations et des idées s'éteint. La consolation de la présence des frères et le reflet liturgique de la splendeur de la Nouvelle Jérusalem lui sont retirés, et il doit faire face à sa propre obscurité, aux ténèbres de ses passions, à l'instabilité, à la dispersion de son intellect (noûs) et à l'endurcissement de son cœur. Il descend alors dans son propre enfer intérieur, pour y triompher avec le Christ vainqueur de la mort.


Pendant la journée, il s'est préparé au combat de la nuit, accomplissant les «œuvres de lumière» et purifiant les sens de son âme par la lumière des commandements divins. Il apprête alors, comme l'écrit saint Syméon le Nouveau Théologien, les saintes vertus semblables à des charbons ou à des cierges qui s'embraseront dès que le feu du Saint-Esprit s'en approchera. Le jour est donc le temps de la «praxis », dont le terme est l'impassibilité (apatheia), et la nuit est celui de la contemplation (théoria), de la communion personnelle avec Dieu par la prière. Chaque nuit, dans l'obscurité et la quiétude (hésychia), est pour le moine un sabbat quotidien. Tout travail servile cesse alors et seul reste ce cri incessant adressé à Dieu: « Illumine mes yeux !» (Ps., 12,4) ou, comme le répétait sans cesse saint Grégoire Palamas: « Illumine mes ténèbres! ». Il n'y a plus alors qu'une seule activité pour le moine: laver les yeux de son cœur avec les larmes de son visage, en disant avec le Psalmiste: « De mes larmes ( ... ) je baigne ma couche» (ps., 6,7), et de s'agripper aux franges du manteau de Jésus (cf. Matth., 14, 36) en criant, comme l'aveugle de l'Évangile : « Seigneur, aie pitié de moi, que je recouvre la vue !» (Le, 18, 39-41), de sorte que l'obscurité soit dissipée par l'invocation du Nom du Seigneur. Le Nom de Jésus, de l'Un de la Sainte Trinité, devient alors l'écho personnel et intérieur de la voix divine que les Disciples entendirent sur le Thabor, venant de la nuée, pour témoigner de la divinité du Sauveur. Le Christ se rend présent ici par le mystère de Son Nom, et l'obscurité se transfigure alors en une « nuée lumineuse », en une ténèbre où Dieu habite.

Sur Orthodoxie.com: Le « patriarche » Philarète considère que « le Patriarcat de Kiev n’a jamais été liquidé »

On peut juger à nouveau du sérieux de l'action délétère du patriarche de Constantinople lorsqu'il a accordé l'autocéphalie à cet individu défroqué par le Patriarcat de Moscou, et à ses acolytes aussi peu recommandables! 

Errare humanum est, perseverare diabolicum... 

Jusques à quand le "patriarche" Bartholomée va-t-il attendre pour reconnaître sa faute, revenir à la raison et au respect des canons, et cesser de se prendre pour un pape mégalomane? 

Jusques à quand les satrapes phanariotes qui lui servent d'évêques -à l'exception du sage hiérarque Kallistos qui semble être le seul et unique à avoir gardé raison- vont-ils, contre toute logique canonique, continuer à soutenir sa position insane? 

Jusques à quand certains fidèles rattachés à ce qui reste de ce patriarcat, vont-ils faire semblant de croire que tout cela va s'arranger, mais qu'ils ne veulent rien dire, ni faire, afin de garder "leur" paix? 
C.L.-G.
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Le pseudo "patriarche" M. Denisenko

Dans une interview, le « patriarche » Philarète (photographie  ci-dessus) a déclaré que le « Patriarcat de Kiev continue d’exister ». Dans ce but, il a invité tous les évêques de la nouvelle Église autocéphale, à l’exception du métropolite Épiphane, à une réunion destinée à rétablir le « Patriarcat de Kiev ». L’évêque vicaire de la nouvelle Église, Adrien Koulik-Bogdan, a déclaré à cette occasion : « Le patriarche d’honneur Philarète convoque chez lui les hiérarques de l’Église orthodoxe d’Ukraine – Patriarcat de Kiev », les 13 et 14 mai, sous le prétexte d’honorer la mémoire du saint métropolite Macaire, dont les reliques se trouvent dans la cathédrale Saint-Vladimir. Tous les hiérarques comprennent que le patriarche Philarète veut rétablir l’Église orthodoxe d’Ukraine – Patriarcat de Kiev, qui a été liquidée. Ils comprennent aussi que le rétablissement de celle-ci, c’est le schisme dans l’Église orthodoxe d’Ukraine (du métropolite Épiphane, ndt). Aussi, ceux qui se rendront à l’invitation du patriarche d’honneur Philarète, ne seront que des « séparatistes », conscients de ce qu’ils font. J’espère qu’il n’y en aura pas beaucoup ». De son côté, le « patriarche » Philarète a déclaré lors d’une émission télévisée intitulée « Scandale dans l’Église » de la chaîne « TSN », le 9 mai que « le patriarcat de Kiev n’a pas été liquidé… Seul peut liquider le Patriarcat de Kiev celui qui l’a créé… Les fidèles du patriarcat de Kiev n’ont donné leur accord pour la métropole du Phanar que pour commencer une période de transition sur la voie du patriarcat ». Au cours de la même émission, le métropolite Épiphane a déclaré : « Parler maintenant d’un quelconque retour est inopportun… Si nous revenons au passé, cette voie, automatiquement, ne mènera nulle part, c’est la voie vers l’isolation, au retour à la situation où nous nous trouvions jusqu’au 11 octobre ». De son côté, le « patriarche » Philarète à envoyé la lettre suivante, en date du 10 mai :


« Au primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine

S.B. le métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine Épiphane

Votre Béatitude,

L’information, en provenance des medias, m’est parvenue, selon laquelle vous avez exprimé votre mécontentement parce que je ne vous ai pas invité à la fête en l’honneur du hiéromartyr Macaire, métropolite de Kiev. La raison en est que, après votre élection en tant que primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, vous n’avez pas célébré une seule fois la divine liturgie avec moi, et ce pendant cinq mois. La pensée m’est venue, peut-être est-elle erronée, que vous considérez comme une humiliation de célébrer avec le patriarche Philarète ? En outre, comme je le sais, vous essayez de célébrer la liturgie dans la ville de Dnipro (ex-Dnepopetrovsk, ndt) ou à Marioupol et d’y rassembler des hiérarques de notre Église pour contrebalancer la fête du protecteur de notre Église orthodoxe d’Ukraine, le hiéromartyr Macaire, métropolite de Kiev. Aussi, c’est avec joie que j’invite Votre Béatitude à la fête de saint Macaire en la cathédrale patriarcale le 14 mai 2019, où nous réunissons chaque année tout notre épiscopat pour renforcer notre unité et notre Église. Avec amour en Christ, Philarète, patriarche de Kiev et de toute la Russie-Ukraine ».


vendredi 10 mai 2019

Ils n'abandonneront pas... L'intolérable ingérence américaine dans l'Eglise Orthodoxe



Le Département d'État, en fait n'abandonnera pas...

Geoffrey Pyatt, l'ambassadeur des Etats-Unis en Grèce, vient d'accueillir l'ancien sénateur Sam Brownback (R-KS) à Athènes pour "des rencontres avec les diverses communautés religieuses grecques". En outre, M. Brownback se rendra au Mont Athos, " où il réaffirmera le ferme soutien des États-Unis à Sa Toute Sainteté le patriarche œcuménique et son engagement en faveur de la liberté religieuse et de la tolérance ". (Tout cela est dans le tweet de Pyatt ci-dessous.)

Bien sûr, l'histoire est beaucoup moins rose. Pyatt en 2014 fut ambassadeur en Ukraine et il aida à mettre au point la révolution de Maïdan qui mit Petro Porochenko au pouvoir comme président. Il est important de se rappeler que les vieilles habitudes ont la vie dure (bien sûr, l'idée que la Grèce a une "communauté religieuse diversifiée" est risible). C'est tellement évident que c'est un mensonge qui est évident à quiconque a deux cellules cérébrales actives.)

Pyatt et Brownback ont rencontré l'évêque Jérôme, archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, où ils ont "discuté" avec lui de la situation ukrainienne. C'est parce que la naissance de cette secte ne s'est pas déroulée comme prévu en ce qui concerne les intérêts américains et occidentaux. La rencontre de Brownback (qui est l'ambassadeur américain en général pour la liberté religieuse) avec Jérôme était due à l'incapacité du Phanar à imposer sa volonté au monde orthodoxe. Le désir est bien sûr de faire pression sur l'Eglise de Grèce pour qu'elle se joigne au Phanar dans la reconnaissance de la secte schismatique connue sous le nom d'église orthodoxe d'Ukraine.

Il est de notoriété publique que depuis septembre de l'année dernière, M. Brownback a rencontré le président de l'époque, M. Porochenko, et l'a assuré du soutien continu de l'Amérique à cette église schismatique naissante. Au cours de cette même période, cependant, Pyatt rencontrait en privé des personnalités importantes de l'Église de Grèce, dont le métropolite Hierothée Vlachos de Nafpaktos et l'higoumène Ephraim du monastère de Vatopaidi sur le Mont Athos.

Cela expliquerait le récent (et maladroit) essai pro-Constantinopolitain de Vlachos qui a choqué beaucoup de personnes dans le monde orthodoxe - moi y compris. Son analphabétisme historique et ecclésiastique était si profond que j'ai choisi pour ma part de le considérer comme une vidéo d'otage. Un peu comme ces vidéos de propagande qui ont été diffusées par les Nord-Vietnamiens et dans lesquelles les prisonniers de guerre américains étaient forcés de dire des contrevérités évidentes à propos de leur traitement. Certains de ces prisonniers clignotaient des yeux avec le mot "torture" en Code Morse afin de dire que ce qu'ils disaient était faux.

Quoi qu'il en soit, le moment est venu pour tous les vrais chrétiens orthodoxes de tenir tête aux mondialistes du département d'État et de les laisser en paix. Si on voulait un Pape, on passerait sous le vrai.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Métropolite Hilarion: L’hydre à deux têtes du schisme ukrainien et l’Orthodoxie mondiale

Métropolite Hilarion


Un article du métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, sur le portail orthodoxe « Iissous ». 

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Il y a eu quatre mois, le 6 mai, que le patriarche Bartholomée de Constantinople a signé le « tomos » d’autocéphalie de « l’église orthodoxe d’Ukraine ». Épiphane Doumenko y était nommé chef de la nouvelle structure, avec le titre de « métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine ». Le patriarche Bartholomée l’avait annoncé dans une lettre aux primats de toutes les Églises orthodoxes locales, exigeant qu’ils reconnaissent dans cette structure l’Église orthodoxe canonique d’Ukraine, en lieu et place de l’Église orthodoxe ukrainienne dirigée par Sa Béatitude Onuphre, métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine. 

Durant ces quatre mois, aucune Église orthodoxe locale n’a reconnu l’acte du patriarche Bartholomée, infraction criante aux canons. Plusieurs Églises ont officiellement désapprouvé cet acte, et annoncé qu’elles n’admettaient pas la légalisation des schismatiques, mais qu’elles soutenaient l’Église orthodoxe ukrainienne canonique, dirigée par le métropolite Onuphre. D’autres Églises se sont donné le temps d’étudier la situation. Mais aucune n’a soutenu l’iniquité qui venait d’être accomplie. Pourquoi ? 

Premièrement, comme chacun sait, l’Église orthodoxe ukrainienne rassemble la majorité des orthodoxes d’Ukraine. Elle se compose de près de 13 000 paroisses, de plus de 200 monastères et de millions de fidèles. C’est elle, et non le groupe des schismatiques aujourd’hui légitimé par le patriarche Bartholomée, qui est la seule et unique Église canonique d’Ukraine, ce qu’avait déclaré plus d’une fois le patriarche Bartholomée publiquement, notamment, pour la dernière fois, en janvier 2016 pendant la Synaxe des primats des Églises locales. 

En second lieu, c’est l’Église orthodoxe ukrainienne, dirigée par Sa Béatitude le métropolite Onuphre, qui est l’Église nationale de l’Ukraine. Ce n’est pas une « église russe », comme cherchait à le faire croire le président sortant, P. Porochenko. Ses membres sont des citoyens ukrainiens, qui sont nés et qui ont grandi dans ce pays, qui possèdent un passeport ukrainien et qui aiment leur patrie. Son centre administratif n’est pas à Moscou, mais à Kiev. Quoiqu’en dise Porochenko, dans l’Église ukrainienne, on ne prie pas pour les autorités russes, ni pour l’armée russe, mais pour le pouvoir ukrainien et pour l’armée ukrainienne. L’Église orthodoxe ukrainienne est auto-administrée, elle possède toutes les prérogatives lui permettant d’être vraiment l’Église nationale de ce pays. Elle est liée au Patriarcat de Moscou par des liens d’unité spirituelle et historique, remontant aux temps de la Rus’ de Kiev, mais elle ne dépend de Moscou ni administrativement, ni financièrement, ni en aucune autre façon. 

Troisièmement, tout le monde sait que le groupe schismatique légalisé par le patriarche Bartholomée est le résultat de la fusion de deux groupes, dont aucun n’avait de hiérarchie canonique au moment où il a été reconnu par Constantinople. L’un d’eux, le fameux « patriarcat de Kiev », est dirigée par un homme dont l’excommunication a été confirmée par toutes les Églises locales, dont celle de Constantinople. L’autre groupe remonte à un évêque de l’Église russe réduit à l’état laïc, et à un individu qui n’a jamais été ordonné ni évêque, ni prêtre. Le peuple les appelle « les auto-ordonnés ». La reconnaissance de cette fausse hiérarchie s’est effectuée sans étude de son origine, ni même sans ré-ordination, par la seule volonté arbitraire du patriarche Bartholomée. 

Quatrièmement, même après la réception du « tomos », la communauté schismatique continue à agir dans le chaos canonique le plus complet, à piétiner les canons. L’association dénommée « église orthodoxe d’Ukraine » a deux chefs qui portent à peu près le même titre. L’un se nomme « métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine », l’autre se donne le titre de « patriarche de Kiev et de toute la Rus’ d’Ukraine ». Le premier sert à un usage externe, le second à un usage interne. C’est le second, et non le premier, qui dirige la « métropole de Kiev ». « L’EOd’U est officiellement reconnue par le patriarche œcuménique – a-t-il récemment déclaré. Mais il existe un patriarcat de Kiev, en Ukraine. C’est pourquoi nous ne sommes pas satisfaits du statut de métropolite. Cela fait 25 ans que nous fonctionnons comme Patriarcat. Le peuple a élu ses patriarches. Je suis le troisième. Avant moi, il y a eu le patriarche Vladimir et le patriarche Mstislav. Il y a eu des patriarches ! C’est pourquoi, pour l’Ukraine, nous sommes un patriarcat. Pour le monde extérieur, c’est-à-dire pour le monde orthodoxe, nous sommes la métropole de Kiev. » Les Églises orthodoxes locales peuvent-elle vraiment reconnaître cette hydre à deux têtes ? 

Cinquièmement, le schisme a démontré sa complète faillite spirituelle et canonique. Les positions du « tomos » sont soumises à des interprétations équivoques, et ne sont pas appliquées. Ainsi, le « tomos » prévoit que « l’église orthodoxe d’Ukraine » n’aura pas de paroisses hors de l’Ukraine. Cependant, du point de vue du faux-patriarche Philarète Denissenko, ces paroisses peuvent ne pas quitter le prétendu « patriarcat de Kiev » : « Nous ne pouvons pas les forcer, et, en même temps nous ne pouvons pas les rejeter. Puisqu’elles ne veulent pas nous quitter, nous les considérons comme nôtres. » L’hydre à deux têtes ne peut pas ne pas avoir de comptes doubles. Pour le consommateur intérieur, il y a toujours le « patriarcat de Kiev », avec son réseau de « paroisses étrangères », tandis que pour l’observateur extérieur il n’y a que la « métropole de Kiev », qui n’en a pas. 

Sixièmement, avec le soutien des autorités, qui ont honteusement perdu les élections, une campagne d’usurpations des églises de l’Église orthodoxe ukrainienne a été organisée par les partisans du schisme, à laquelle il n’a toujours pas été mis fin. Ces usurpations se font par la violence : des gens masqués s’introduisent de force dans une église, frappent les fidèles, mettent le prêtre dehors, et se proclament propriétaires légitimes du bâtiment. Comment l’Orthodoxie mondiale doit-elle réagir à ces iniquités ? Comme elle l’a fait en la personne des patriarches Théodore d’Alexandrie, Jean d’Antioche et Théophile de Jérusalem, qui se sont réunis à Chypre autour de l’archevêque Chrysostome de Chypre pour « appeler tous les partis à coopérer pour, d’une part, revenir à l’unité eucharistique, qui est la plénitude de l’Église en Jésus Christ, et, d’autre part, pour protéger les fidèles, les églises et les monastères contre les attaques et les actes de violence, d’où qu’ils viennent et quels que soient les causes et les motifs qui les suscitent. » 

En prenant la décision sans précédent de légaliser le schisme ukrainien, le patriarche Bartholomée comptait que les hiérarques de l’Église canonique rejoindraient la nouvelle structure, et qu’elle serait reconnue par les Églises orthodoxes locales. Ni l’un, ni l’autre ne s’est produit, la « blitzkrieg » a échoué. Au lieu de résoudre le problème du schisme, le patriarche Bartholomée n’a fait que l’aggraver, soulevant une indignation justifiée contre ses actions dans l’ensemble de l’Orthodoxie. Si, auparavant, étant le « premier entre égaux » il pouvait jouer un rôle de coordination et de consolidation dans la famille des Églises orthodoxes locales, il s’est auto-liquidé comme centre de coordination en se décrétant « premier sans égaux ». 

Il est donc tout à fait naturel que les primats des Églises orthodoxes locales commencent à chercher de nouvelles formes d’interaction. La rencontre des quatre primats à Chypre est un premier signe. Dans le communiqué final, il est précisé : « Les trois primats ont approuvé l’initiative de médiation prise par Sa Béatitude Chysostome, archevêque de Chypre, et Sa Béatitude poursuivra son entreprise en vue de l’unité de l’Église orthodoxe en Christ. » 

Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’en l’absence d’un centre de coordination en la personne du « premier parmi les égaux », les Églises orthodoxes vont tenter de créer un autre centre d’interaction. Puisque le premier dans les dyptiques s’est mis à l’écart, le second, le troisième, le quatrième ou le dixième peut coordonner des efforts panorthodoxes pour surmonter les schismes et les discordes, celui auquel les Églises orthodoxes locales confieront cette mission parce qu’il aura la sagesse et l’humilité nécessaires, sans prétendre à la primauté, ni à la souveraineté. 

Lorsqu’au Ve siècle le patriarche Nestor de Constantinople devint hérétique, le patriarche Cyrille III d’Alexandrie, au IIIe Concile œcuménique, joua un rôle décisif pour la condamnation de cette hérésie. Lorsqu’au XIVe siècle le patriarche de Constantinople soutint l’union avec Rome, les autres patriarches orientaux ne le reconnurent pas. Alors que le patriarche Bartholomée a pris le parti du schisme, l’Orthodoxie mondiale n’en est pas pour autant décapitée. Le patriarche de Constantinople n’a jamais été le chef de l’Église universelle. C’est le Seigneur Jésus Christ qui l’a toujours été et qui le restera. Dans la tradition catholique, le pape de Rome est considéré comme le vicaire du Christ, Son représentant sur terre, mais cela ne fait pas partie de la tradition orthodoxe. 

« L’homme étant soumis à la mort, il ne peut y avoir de chef permanent dans l’Église, et notre Seigneur Jésus Christ Lui-même, comme Chef, tenant le gouvernail de l’Église, la dirige par les Saints Pères. » Quatre patriarches orientaux, ceux de Constantinople, d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, ont apposé leur signature sous ce texte, en 1723. En 1895, répondant à l’appel du pape Léon XIII, le Synode de l’Église constantinopolitaine a déclaré : « Nous appuyant sur les Pères et sur les Conciles œcuméniques, nous témoignons que l’évêque de Rome n’a jamais été considéré comme le dirigeant suprême, ni comme le chef infaillible de l’Église, et que tout évêque est le chef et le primat de son église locale, subordonné uniquement aux décrets conciliaires et aux décisions de l’Église catholique, comme étant seuls infaillibles. L’histoire ecclésiastique montre que l’évêque de Rome ne faisait nullement exception à cette règle. Le seul et éternel principe d’autorité et l’unique Chef de l’Église est notre Seigneur Jésus Christ. » 

L’actuel patriarche de Constantinople a renié la doctrine commune, exprimée sans équivoque dans ces textes, en se prenant pour l’unique chef infaillible de l’Église orthodoxe, pouvant traiter les plaintes de n’importe laquelle des Églises locales, intervenir dans leurs affaires, juger à sa convenance, selon son bon vouloir. Mais la triste expérience de son interventionisme volontariste dans les affaires ukrainiennes a montré que, tout en respectant les institutions existantes découlant de la primauté d’honneur selon les dyptiques, le plérôme de l’Orthodoxie rejette les abus de pouvoir du patriarche de Constantinople, comme il avait, dans le passé, empêché les hiérarques de s’approprier des prérogatives qui ne leur appartenaient pas. 

Le schisme reste un schisme, et les épreuves ne font qu’affermir l’Orthodoxie. L’exemple de l’Église orthodoxe ukrainienne, qui suit aujourd’hui la voie des confesseurs de la foi, répondant patiemment et courageusement aux défis externes et internes, l’a montré. Dans sa vaillante défense de la vérité, elle est puissamment soutenue par les Églises orthodoxes locales, dont le soutien et la solidarité aideront finalement à mettre fin au schisme ukrainien.

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jeudi 9 mai 2019

Un professeur orthodoxe serbe est poursuivi par le tribunal de Belgrade pour ses positions en faveur de la famille traditionnelle





Vladimir Dimitrijević, docteur en sciences philologiques et professeur de lycée, connu pour ses prises de positions en faveur de la famille traditionnelle, fait l’objet d’une plainte déposée par une association LGBT devant le Tribunal de Belgrade et le Commissaire à la protection de l’égalité de la République de Serbie [site en anglais ici ]. Dans les deux articles incriminés, l’auteur s’était opposé, en tant que chrétien orthodoxe, à la présentation de l’homosexualité comme une « norme », citant des textes de la Sainte Écriture, des Pères de l’Église et des « Bases de la conception sociale de l’Église orthodoxe russe » et insistait sur les conséquences d’une politique encourageant cette orientation sexuelle. Une pétition a été rédigée, dont nous donnons ci-dessous la traduction française :


« L’essayiste orthodoxe serbe Vladimir Dimitrijević, docteur en sciences philologiques renommé et professeur au lycée de Čačak, réputé pour son travail même au-delà des frontières de la Serbie, fait l’objet d’une action en justice engagée par l’association de citoyens « Da se zna [que l’on sache] », qui s’occupe de la protection des droits des personnes LGBT. Le Procureur demande au tribunal d’établir que le Dr Vladimir Dimitrijević, « dans un texte sur la Défense de la famille naturelle publié sur son site internet du 12 janvier 2018 et dans le texte ‘réponse à la plainte du défenseur des LGBT ou tant qu’il y en a cent’ du 30 mai 2018, a commis une forme de discrimination grave – la discrimination répétée des membres masculins et féminins de la population LGBT fondée sur l’orientation sexuelle ». Selon le procureur, le Dr Vladimir Dimitrijević a commis un acte discriminatoire en publiant des conclusions à partir d’éléments négatifs de textes concernant les conséquences sociales de la propagande politique de l’homosexualité, émanant de certains auteurs de renommée mondiale dans le domaine des sciences sociales qui sont énumérés dans la plainte, à savoir Allan C. Carlson, Slobodan Antonić et Natalia Narotchnitskaïa. Conformément à cette interprétation de la loi, le procureur demande au tribunal d’ordonner à M. Vladimir Dimitrijević de retirer les textes de son site internet et de lui interdire de publier où que ce soit des jugements de valeur similaires à l’avenir. Une telle action montre clairement que le procureur a l’intention d’empêcher l’expression publique, avec l’aide du tribunal, d’une opinion différente de celle du groupe qu’il représente. Gardant cela à l’esprit, nous affirmons que dans les régimes totalitaires seulement, les tribunaux de l’État peuvent s’immiscer dans le domaine de la conscience humaine et, avec l’aide de moyens de contrainte financés par tous les citoyens, imposer « l’opinion officielle » d’un individu. Dans une démocratie libérale et pluraliste, non seulement l’autorité de l’État, représentée par les tribunaux, est absolument exclue de la sphère intérieure de la conscience humaine (forum internum), mais chaque citoyen se voit garantir le droit incontesté de communiquer librement son opinion. Parce que la liberté d’expression et le droit à la libre pensée critique sont scellés dans les fondements mêmes d’une société démocratique et, à partir de la liberté de pensée et d’expression, tous les autres droits politiques sont mis en œuvre. Force est de rappeler que la pratique de la Cour européenne des droits de l’homme confirme clairement que la garantie de la liberté d’expression « vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de « société démocratique »(Handyside c. Royaume-Uni du 7 décembre 1976). Au contraire, les procédures judiciaires engagées contre M. Vladimir Dimitrijević montrent un retour au « délit verbal » de la pensée unique de Broz (Tito, ndt). Par conséquent, même trente ans après le renouveau du pluralisme politique en Serbie, nous devons nous rappeler les paroles remarquables de l’acte fondateur du célèbre Comité pour la défense de la liberté de pensée et d’expression de 1984 (créé en Yougoslavie par l’écrivain Dobrica Ćosić) : « La liberté de pensée et d’expression n’est pas la propriété, le don et le privilège de groupes, partis et autorités étatiques; cette liberté et ce droit appartiennent à toute l’humanité, de sorte que leur réalisation ou leur mise en danger est l’affaire de l’esprit et de la conscience de tous les citoyens de la communauté sociale « . La procédure en instance devant un autre organe de l’État, le Commissaire à la protection de l’égalité, menée à l’encontre du Dr. Vladimir Dimitrijević, à la suite de la plainte de l’association « Da se zna », a malheureusement montré que le droit naturel à la liberté d’opinion et d’expression n’appartient pas à tout le monde dans la Serbie démocratique. En décidant que M. Vladimir Dimitrijević avait accompli par écrit un acte discriminatoire à l’égard de la population LGBT, le Commissaire à la protection de l’égalité (de la non-égalité) avait clairement déclaré que la liberté de pensée et d’expression était refusée à l’immense majorité des citoyens serbes partageant une vision traditionnelle de la sexualité, du mariage et des enfants. Cette décision du commissaire à la protection de la (non) égalité contre l’un des tribunes les plus fortes et les plus éminentes de la majorité « silencieuse » du Dr Vladimir Dimitrijević, nous a incités à suivre, en tant que conscience de cette majorité « silencieuse », la procédure engagée contre celui-ci. Dès maintenant, nous disons à l’opinion publique de la République de Serbie, mais également au tribunal compétent, que le procès dans lequel M. Dimitrijević est jugé pour ses positions précieuses est perçu comme une condamnation de notre droit inaliénable, donné par Dieu, à la liberté de pensée et d’expression. De même que Voltaire appelait le « tribunal de l’opinion publique » à suivre le procès de Jean Calas, nous invitons ici tous les citoyens de la République de Serbie à surveiller de près le procès de la liberté de pensée et d’expression de l’un de nous. Les procédures judiciaires à l’encontre de M. Vladimir Dimitrijević montrent que l’avertissement d’Alexis de Tocqueville est toujours actuel : de nous seuls, citoyens de la République de Serbie, dépendra de savoir si nous voulons « une république libérale ou une république oppressive, une république qui menace les droits sacrés de la propriété et de la famille ou une république qui les reconnaisse et les consacre ».


mercredi 8 mai 2019

Interview du Métropolite Corneille, Primat de Moscou et de Toute le Russie de l'Eglise Orthodoxe russe des Vieux-Croyants

Métropolite Corneille

Il y a exactement 350 ans, le Grand Concile de Moscou a achevé ses travaux [1] ; il a imposé l'anathème aux anciens rites religieux et condamné les opposants à la réforme ecclésiastique menée par le tsar Alexeï Mikhaïlovitch et le patriarche Nikon. A partir de ce moment, les adeptes de l'ancienne foi orthodoxe, ou plutôt de la foi orthodoxe pré-réforme, ont été considérés pendant des siècles comme illégaux. Le primat de l'Église orthodoxe russe des vieux croyants, Métropolite de Moscou et de toute la Russie, Corneill s'est entretenu avec Pavel Korobov, correspondant de Kommersant, sur la vie actuelle des vieux croyants en Russie et sur leurs relations avec les autorités séculaires et l'Église orthodoxe russe.

***
- Combien y a-t-il de paroisses de l'Église du vieux rite (de vieux croyants) en Russie aujourd'hui ?  Combien de vieux croyants vivent-ils dans le pays ?

- Tout d'abord, je tiens à noter qu'après tout, notre Église n'est pas "l'Église des vieux croyants", mais qu'elle est avant tout orthodoxe. S'il est vrai que nous sommes appelés, vieux croyants, depuis le schisme du XVIIe siècle. Le mot clé dans le titre, Église orthodoxe russe de vieux croyants, est orthodoxe, bien que nous soyons communément appelés les vieux croyants, pour nous distinguer des autres confessions religieuses.

Aujourd'hui, nous avons environ 200 paroisses en Russie, 50 en Ukraine et environ 30 en Moldavie. Il y a aussi de nombreuses congrégations plus éloignées.

Aujourd'hui, les vieux croyants sont divisés en deux branches principales - ceux qui reconnaissent le sacerdoce moderne, ayant une hiérarchie ecclésiastique à trois niveaux, et les bezpopovtsi, sans prêtres.  Avant la Révolution, le nombre d'adeptes de l'ancienne foi était estimé à environ 10 à 20 millions. Pourtant, certains disent qu'il y en avait beaucoup plus - pendant longtemps, les vieux croyants n'ont pas annoncé leur foi, craignant d'être persécutés. Aujourd'hui, après l'aventureuse ère soviétique, selon diverses estimations, nous sommes entre un et deux millions. Mais ce sont des statistiques approximatives, il n'y a pas de données officielles.

- Est-ce que de nouvelles congrégations apparaissent en dehors de la Russie ?

- Il y a quelques années, des chrétiens orthodoxes d'Ouganda ont demandé à être reçus au sein de l'Église orthodoxe russe de vieux croyants. Il faut mentionner qu'il ne s'agit pas d'émigrants russes, mais des habitants de ce pays.  Selon eux, ils ont longtemps étudié les différentes religions et ont conclu que l'Eglise la plus salvatrice est celle des vieux croyants. Nous avons parlé avec eux lors d'un Conseil Métropolitain et d'un Congrès général de l'Église, et, par conséquent, ils nous ont rejoints. Maintenant, nous avons plusieurs paroisses et un prêtre ordonné.

Récemment, nous avons reçu un autre appel, cette fois du Pakistan. Leur situation est plus compliquée, car c'est un pays musulman, où le christianisme est persécuté - il n'est pas sûr d'y être orthodoxe. Un prêtre est venu nous voir de là, exprimant le désir de passer à l'ancien rite. Nous avons examiné sa demande et décidé de l'accepter au sein de notre Église. Il est récemment retourné dans son pays natal et prêche activement le christianisme. J'espère que cela inaugurera le salut de nombreux résidents pakistanais.

- Quelle est la différence entre l'Église orthodoxe russe de rite ancien et l'Église orthodoxe russe officielle ?

- Les différences ont commencé après le schisme regrettable de l'Eglise du XVIIe siècle. Pendant sept siècles après le baptême de la Russie, nos ancêtres ont vécu selon les canons qui leur ont été transmis par leurs pères et leurs grands-pères. L'Église a fidèlement préservé ces lois. Puis, soudain, au XVIIe siècle, les autorités ont décidé de tout changer et de justifier la réforme en disant que, en Occident, on prie différemment. A l'époque, il y avait un plan pour libérer Byzance des infidèles, pour qu'Alexis Mikhaïlovitch devienne un tsar-libérateur orthodoxe, et pour le patriarche Nikon - le patriarche universel. Comme nous le savons, cela ne s'est pas concrétisé, mais, pendant que les plans étaient examinés, il a été décidé de réformer l'Église selon le modèle occidental. Ils commencèrent à introduire de force le signe des trois doigts de la croix, car le patriarche Nikon ordonna que le signe des deux doigts de la croix, fermement établi cent ans auparavant, au Concile du Stoglav de 1551, (sous Ivan IV), soit remplacé par le signe des trois doigts [2]. Mais les saints russes canonisés au Concile du Stoglav priaient exclusivement en utilisant le signe des deux doigts, parce que c'est ainsi que le Christ a donné la bénédiction et donc, selon la tradition, les apôtres ont prié. Cette tradition a été rompue au XVIIe siècle. En outre, au cours de la réforme, certaines manifestations ont été abolies. D'une manière générale, un grand nombre d'observances, ou rites, que l'Église a toujours considérés comme essentiels, ont été modifiés. Peut-être ne sont-ils pas aussi importants pour la population d'aujourd'hui : maintenant ils disent souvent : tant qu'il y a la foi, tant qu'il y a de l'amour dans le cœur. Mais ce n'est pas une interprétation parfaitement vraie, parce que la foi est la totalité de toutes les traditions, coutumes, fondements de l'Église. Le Seigneur dit : "Celui qui M'aime vit selon mes lois. "La capacité de le faire légalement a été éliminée. Par conséquent, nos ancêtres, après le schisme, ont décidé qu'ils n'accepteraient pas ces réformes et ces pratiques occidentales étrangères, d'autant plus qu'elles étaient imposées de force. Ils ont compris que les réformes ont été menées à bien sans l'approbation d'un concile général. Notre Église conserve la véritable Orthodoxie non réformée, une Orthodoxie salvatrice, avec le véritable signe de croix, qui existait avant le XVIIe siècle dans la Sainte Russie. 

- Une personne moderne peut avoir l'impression que les vieux croyants sont des gens du Moyen Âge, qui n'utilisent pas les téléphones portables, les ordinateurs, vivent selon les lois du 17ème siècle et utilisent des échardes de bois allumées pour éclairer la prière. Les vieux croyants utilisent-ils la technologie moderne ?

- Que les vieux croyants n'utilisent pas la technologie est un mythe. En fait, les vieux croyants de toutes les époques utilisaient une technologie de pointe. Par exemple, de riches hommes d'affaires de jadis ont, à une certaine époque, acheté et importé des technologies européennes avancées. Ils se sont rendus dans les pays occidentaux pour y étudier et ont mis en place des installations de production à forte intensité technologique en Russie. La famille Ryabushinski, par exemple, a construit la première usine automobile en Russie. Non seulement les anciens croyants utilisaient toujours des technologies de pointe, mais ils les fabriquaient eux-mêmes. C'étaient généralement des gens instruits, érudits et ayant l'esprit d'entreprise.

Comme aujourd'hui, les vieux croyants utilisent tous les types de technologie moderne. Il n'y a pas de rejet idéologique de la technologie par les vieux croyants. Notre métropole, notre séminaire et nos diocèses ont des sites web. Nous utilisons la communication mobile et tout type d'équipement, à condition qu'il soit bénéfique et non nocif pour notre âme. 

- Y a-t-il aujourd'hui des philanthropes parmi les vieux croyants, comme Savva Morozov ou Ryabushinski, qui aident l'Église ?

- Le fait est que le XXe siècle n'a pas été propice à faciliter les intérêts commerciaux des Savva Morozov, Ryabushinski, Kuznetsov et autres entrepreneurs. Tout a été effacé et à la racine éradiqué dans les années 20 et 30 du siècle dernier, lorsque l'"âge d'or" des vieux croyants a pris fin. Comme le disent les historiens, avant la Révolution, environ 60 à 70% du capital mobile total de la Russie était entre les mains d'entrepreneurs vieux croyants. Avant 1917, la plupart des cosaques étaient vieux croyants. Les marchands prospères et les villageois aisés que l'on appellera plus tard les koulaks étaient aussi pour la plupart des vieux croyants. C'étaient des gens honnêtes qui savaient travailler non pas par peur, mais en toute conscience. Ils se sont entraidés, ce qui est très important. Il est également important de dire que les vieux croyants étaient des patriotes, dans le bon sens du terme. Par exemple, la devise des Morozov était "Le bien de la Russie est notre bien." Il serait très souhaitable qu'aujourd'hui, le plus grand nombre de personnes possible, en particulier les entrepreneurs, comprennent qu'ils vivent dans le pays où ils sont nés [qui les a vus naître] - que leur patrie est ici, et non à l'étranger, où ils exportent des capitaux. Les Morozov et les Ryabushinski n'ont jamais fait cela, ils étaient différents, ils ont tout fait pour soutenir le patrimoine culturel du pays. Par exemple, Pavel Tretyakov collectionnait des peintures et construisait sa propre galerie - il faisait tout cela pour son pays. Et, en retour, ils n'ont rien demandé au tsar - ils croyaient que cela devait être fait pour s'assurer que notre patrie soit ferme et puissante, assurant ainsi le bien public. Et Dieu les a aidés dans cette importante poursuite. Je voudrais que cette perception revienne - aujourd'hui, nous n'avons pas beaucoup de gens qui croient que le bien de la Russie est leur bien personnel.

Jusqu'à présent, la Russie n'avait pas créé les conditions pour l'émergence de nouveaux Ryabushinski, Morozov, Kuznetsov, mais je pense qu'ils finiront par apparaître. Aujourd'hui, le gouvernement nous aide à réinstaller en Extrême-Orient de vieux croyants venus de l'étranger. Je pense que si cette réinstallation avait lieu, il y aurait un bon potentiel pour l'émergence de nouveaux philanthropes. Nous avons parlé de la réinstallation des vieux croyants avec Vladimir Vladimir Vladimirovitch Poutine lors de sa visite en mai de cette année.

- Et d'où viennent ces colons ?

- Nous parlons maintenant d'immigrants d'Amérique latine - des centaines de personnes sont prêtes à déménager et un programme spécial a été mis sur pied pour leur faciliter la vie dans des conditions normales ; les premiers établissements seront établis. J'espère qu'avec le temps, ceux qui souhaitent s'installer en Russie bénéficieront du soutien du gouvernement russe, commenceront à se réinstaller et deviendront un bon modèle pour nos concitoyens, car ils ne boivent ni ne volent. Aujourd'hui, les vieux croyants peuvent servir d'exemple positif, comme ils l'ont toujours fait. Je pense que le président le comprend. De nos jours, le travail honnête est très demandé. Si le programme de réinstallation des anciens croyants était mis en œuvre, il produirait sans aucun doute des résultats positifs. 

- Donc vous pensez que les vieux croyants peuvent guérir l'aspect moral de l'économie ?

- L'essentiel ici, c'est la foi. Les vieux croyants peuvent améliorer notre société et accomplir beaucoup d'autres choses. Pour allumer un feu, il faut d'abord souffler sur un peu de charbon, ce n'est qu'ensuite que les flammes s'allument. Les vieux croyants pourraient facilement devenir cette étincelle, ce charbon. Bien sûr, l'aide de Dieu dans l'amélioration de la société est essentielle. Je pense en fait que le Seigneur a préservé les vieux croyants seulement pour que nous puissions prier aujourd'hui pour la Russie de manière vraiment orthodoxe, comme le fait Agathia Lykova (une descendante de notre Église). Je pense que ses prières s'adressent directement à Dieu, parce qu'elle est une sainte ermite. Il est miraculeux que les vieux croyants existent aujourd'hui, parce que, depuis cette terrible persécution sous Alexis Mikhaïlovitch jusqu'au règne de Nicolas II, toute la dynastie des Romanov - certains plus, certains moins - a tout fait pour extirper les vieux croyants de Russie. Et, à l'époque soviétique, dans les années 30 et 40, la hiérarchie de l'Eglise des vieux croyants a peut-être pris fin, mais le Seigneur nous a miraculeusement préservés. Et maintenant, Dieu merci, il y a une perspective positive pour l'avenir des vieux croyants.

- Quels sont les moyens de l'Église du vieux croyant ?

- L'Eglise est le corps du Christ, dont la tête est le Christ. Quand nous vivons selon les commandements du Seigneur, Il prend soin de nous. Le Christ dit que nous devons d'abord prendre soin du salut spirituel de notre âme, et tout le reste suivra, c'est-à-dire qu'Il prendra soin de nous. Oui, la majorité des Russes d'aujourd'hui vit modestement - nous n'avons pas de sols en marbre, ou des lustres dorés. Mais les vieux croyants ont toujours vécu modestement, sans prétention de richesse. Le Seigneur n'a jamais encouragé l'enrichissement personnel et l'accumulation. La simplicité et la modestie sont le style de vie auquel un chrétien doit aspirer et, dans une certaine mesure, nous vivons ainsi. Dieu merci, il n'y a pas de persécution maintenant. Certes, aujourd'hui, les autorités ne nous aident pas beaucoup, mais elles n'interviennent pas - ne détruisent pas les temples, n'emprisonnent pas, comme elles l'ont fait avant et après la Révolution. C'est très important. Les vieux croyants sont autosuffisants, ayant survécu grâce à leur interaction, leur aide mutuelle, leur soutien et leur amour fraternel.

- Quelle est aujourd'hui la relation entre l'Église orthodoxe russe de la vieille-croyance et le Patriarcat de Moscou ?

- Je les qualifierais de "coexistence pacifique". On peut aussi les appeler de bon voisinage.  Si avant la Révolution l'Etat a participé à la confrontation entre nous, aujourd'hui, Dieu merci, il s'est distancié de cette activité, en traitant tout le monde de la même façon, ce qui est très bien. Je suis membre du Conseil présidentiel pour l'interaction avec les associations religieuses. Cela signifie que l'État reconnaît les anciens croyants au même titre que les autres confessions traditionnelles. Bien que les autorités se rendent compte que nous ne sommes pas aussi nombreux, selon les statistiques, nous sommes néanmoins respectés au même titre que les autres confessions traditionnelles, car nous sommes une véritable Église orthodoxe traditionnelle. Les relations de bon voisinage qui se sont établies entre le Patriarcat de Moscou et nous aident à faire en sorte que les gens ne s'aigrissent pas et vivent en paix ; elles aident la société à lutter contre l'ivrognerie, la toxicomanie, l'avortement et autres, ce qui se fait actuellement, Dieu merci.

- Selon vous, est-il possible à notre époque de surmonter la scission du XVIIe siècle, en unissant votre église avec l'EOR [Eglise Orthodoxe Russe]?

- Non, parce que les blessures de la séparation sont trop profondes. Nous sommes très différents par essence, dans les rites, dans l'esprit. Nous ne pourrons jamais accepter leur rituel et il est peu probable qu'ils désirent revenir à leur ancienne foi dans un avenir proche. [3]

- Quelle est l'attitude des vieux croyants envers le pouvoir séculier ? 

- Sous les Romanov et sous le régime soviétique, nous avons été persécutés. L'attitude envers nous a commencé à changer après la célébration du millième anniversaire du baptême de Rus (en 1988), lorsque l'idéologie athée soviétique en béton armé s'est effondrée. Même si nous abusons beaucoup de l'influence de la perestroïka, la chose la plus importante est qu'elle nous a donné la liberté spirituelle. La liberté de croire et la liberté de prêcher sont très importantes pour quiconque a la foi. Les vieux croyants en sont privés depuis longtemps. Nous sommes reconnaissants à Dieu d'avoir maintenant la liberté. Aujourd'hui, les autorités laïques nous traitent avec respect.

Le 31 mai de cette année, un événement historique a eu lieu dans la vie de notre église - Vladimir Vladimirovitch Poutine a visité notre centre spirituel à Moscou (Rogozhskoe). Autrefois, nous ne pouvions pas rêver que des tsars ou des secrétaires généraux visitent notre centre spirituel de Moscou. Pour la première fois en 350 ans (depuis le schisme, dont le début peut être considéré comme le Concile de 1666-1667), un chef d'Etat nous a rendu visite.

- Comment s'est passée la réunion ? 

- Vladimir Vladimirovitch a visité notre cathédrale de Pokrovskiy et a passé en revue l'exposition intitulée "Volonté et fidélité à la tradition". Cette exposition raconte les traditions et la vie des anciens croyants du XVIIe au XXe siècle. On peut dire que le président a inauguré cette exposition. Il a rencontré notre jeunesse - des chanteurs ont chanté pour lui des chants dans un style byzantin ancien que nous, les vieux croyants, avons conservé.  À mon avis, la plus grande chose qui l'a impressionné, c'est le chant de cette même église.  Il a vu des gens qui adhèrent à la vieille tradition russe : des hommes en caftan, portant la barbe, des femmes en sarafan. Il a vu que cette vieille croyance est vivante. Je pense qu'il est vraiment important pour le président que la vieille croyance de la population vive et progresse aujourd'hui. 

- Priez-vous pour Poutine ? 

- Oui, nous prions "pour la santé et le salut de ceux qui sont au pouvoir." Je sais que les anciens croyants priaient pour Pierre le Grand, qui les opprimait, parce que l'apôtre Paul disait que nous devons remercier Dieu pour toutes les autorités. Toute autorité est donnée aux gens par Dieu. Parfois, c'est un châtiment, parfois une bénédiction pour ceux qui vivent selon les commandements de Dieu (comme nous le voyons maintenant), mais, quoi qu'il en soit, prier "pour ceux qui sont au pouvoir" est dans la tradition de l'Église orthodoxe.

- La visite du Président peut-elle être interprétée comme une réconciliation de l'Eglise et de l'Etat qui, depuis des siècles, opprimaient les vieux croyants ?


- Vladimir Vladimirovitch lui-même a dit à un moment donné que l'État rembourserait les dettes à l'Église. C'est une déclaration très importante. Je pense que le président comprend que l'Église est un fondement spirituel pour le peuple, en particulier pour les gens ordinaires. Aujourd'hui, il est très important pour nous de préserver les traditions et coutumes religieuses. Nous sommes reconnaissants aux autorités pour leur soutien. On peut dire que nous avons déjà de bonnes et fructueuses relations avec l'État. Pour cela, nous sommes très reconnaissants à Dieu et au gouvernement.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Notes:


(1) L'article a été publié en 2017.


(2) Lors de cette polémique, les vieux croyants dirent avec justesse que sur la Croix, lorsque l'on se signe, c'est le Christ ( vrai Dieu et Vrai homme, deux natures représentées par 2 doigts) que l'on met sur la Croix, et non la Trinité. 

[3]Il y a cependant une partie de l'Eglise Orthodoxe Russe (Les vieux croyants Unis [Edinoviertsy]) qui depuis le XIXe siècle célèbre selon le vieux rite dans l'Eglise officielle. Idem pour l'ERHF dans les années 1970.