PAUSE PENDANT QUELQUES TEMPS
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Ce volume des « Paroles » de saint Païssios l’Athonite est considéré comme l’un des meilleurs des six recueils publiés par le monastère Saint Jean le Théologie de Souroti, dont deux ont déjà paru en français (Avec amour et douleur – Le combat spirituel), dans l’excellente traduction de Mère Photinie (Marchal).
Comme son titre l’indique, il est consacré principalement à la vie familiale. Une première partie, après avoir abordé la question du choix d’un chemin de vie (vie conjugale ou vie monastique), traite des conditions d’une vie familiale harmonieuse, et de la patience comme vertu qui « sauve la famille ». La deuxième partie traite des obligations des parents (« La procréation », « Le rôle de la mère dans l’éducation des enfants », « La responsabilité des parents dans l’éducation des enfants »). La troisième partie parle des enfants et de leurs obligations (« Les enfants, leurs joies et leurs difficultés », « Le respect et l’amour des enfants pour leurs parents »). La quatrième partie traite de « la vie spirituelle dans la famille », puis, après ce chapitre, s’étend à une sphère plus vaste : « Le travail et la vie spirituelle », « La tempérance dans la vie quotidienne ».
Les deux dernières parties s’écartent davantage encore du thème de la vie familiale pour aborder deux sujets également fondamentaux : « Les épreuves dans notre vie » (en particulier la maladie et le handicap), et « La mort et la vie à venir ».
Comme dans les volumes précédents de la série, la plupart des propos du Père Païssios ont été enregistrés lors de rencontres avec le sœurs du monastère.
Les enseignements du saint Géronda sont denses, profonds, d’une grande richesse spirituelle, imprégnés par la grâce qui l’habitait, toujours simples, concrets, et souvent teintés d’humour. La plupart de problèmes de la vie conjugale et de la vie familiale sont ici abordés, sur la base d’une vaste connaissance des âmes et des situations que le saint a acquis à travers ses rencontres avec les milliers de personnes venues le consulter au Mont-Athos et lors de ses séjours au monastère de Souroti ; on en trouve d’ailleurs de multiples traces dans les exemples concrets qui émaillent les propos de l’Ancien.
Certains conseils trouvent une limite dans le fait qu’il ont été dispensés dans un contexte qui était encore celui d’un pays dont les structures familiales étaient traditionnelles et qui était imprégné par l’Orthodoxie, une situation qui a aujourd’hui beaucoup changé, y compris en Grèce, et où il n’existe plus dans le couple la hiérarchie de l’homme dominant et de la femme soumise, où la plupart des femmes sont une activité professionnelle, et où les enfants subissent, dans leur vie sociale et par le biais des médias numériques, des influences d’une société désormais fortement sécularisée. Il ne fait pas de doute que l’Ancien, s’il vivait encore en ce monde, trouverait à ce nouveau contexte, pour certains sujets qu’il aborde, des réponses plus adaptées. À noter aussi que sur la façon d’affronter la maladie et le handicap, si la perspective de l’Ancien a sa cohérence, d’autres perspectives sont également possibles et tout aussi conformes aux valeurs chrétiennes. Ces deux réserves étant faites, le livre fourmille de tant d’analyses et de conseils pertinents que chacun pourra, à sa mesure et selon ses propres conditions de vie, en tirer un grand profit spirituel.
Saint Passïos l’Athonite, Paroles 4. La vie familiale, Éditions du monastère Saint-Jean-le-Théologien, Souroti de Thessalonique, Grèce, 2020, 300 pages. On peut se procurer le livre dans les librairies des monastères orthodoxes, notamment sur le site du monastère de la Transfiguration, et à la librairie La Procure.
Jean-Claude Larchet