"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 17 septembre 2024

Métropolite Augustinos [Kantiotes] de Florina: Comment reconnaître un bon prêtre ou un bon évêque

Métropolite Augustinos

Le Métropolite Augustinos, de bienheureuse mémoire, mettait en garde les fidèles orthodoxes. La foi orthodoxe était menacée, au temps du patriarche Athénagoras. Que dirait-il aujourd'hui où un patriarche (?) a créé, en Ukraine, une pseudo église à sa botte avec des laïcs venant d'un groupe excommunié,. et qu'il laisse cette secte persécuter l'Eglise canonique.

Mes bien-aimés, je dois admettre une vérité amère : ceux qui luttent pour garder la foi orthodoxe  sont peu nombreux. L'immense tendance est que les gens s'éloignent lentement de la foi orthodoxe.

Je vais dire quelque chose que je n'ai jamais dit auparavant. Vous allez dire que c'est égoïste, mais je vais vous donner une balance pour que vous puissiez peser les prêtres, les évêques et tout le clergé et les théologiens. Quelle est cette balance ? Qu'est-ce qui caractérise un prêtre ? Rassembler des prosphores ? Faire de beaux offices ? Prêcher gentiment et « utilement » depuis l'ambon et faire pleurer quelques jeunes filles émues par ses pensées contemplatives ? Qu'est-ce qui caractérise un prêtre et un évêque en ces années difficiles ?

La caractéristique d'un évêque et d'un prêtre est leur combativité, leur franc-parler. C'est ce qu'a dit l'apôtre Paul : tous ceux qui veulent mener une vie pieuse dans le Christ Jésus souffriront la persécution. (2 Tim. 3:12). Si vous voyez un prêtre, un théologien, un métropolite ou un archevêque qui n'est pas persécuté, mais qui jouit de l'amour et de l'honneur de tous, alors la parole suivante de Dieu est appliquée : Malheur à vous quand tous les hommes parlent de vous en bien (Lc. 6:26). Vous devez savoir que cette personne n'est pas dans la bonne direction. 

 Il en va de même s'il est appelé orthodoxe mais ne veut pas aller à l'encontre de la tendance générale, de l'avalanche qui vient démolir le monde. Un prêtre orthodoxe va à l'encontre de la dérive générale. Saint Athanase le Grand était un seul homme, mais comme l'Atlas mythologique, il portait toute l'orthodoxie sur ses épaules. Saint Marc d'Éphèse était un seul homme, mais il portait à lui seul toute l'orthodoxie. Il en était de même pour saint Photios. Ils étaient peu nombreux, mais l'orthodoxie ne se gagne pas, elle ne survit pas avec le nombre, mais avec la foi. Car la valeur d'un prêtre fidèle, la valeur d'un évêque fidèle, la valeur d'un archevêque fidèle, la valeur d'un laïc ou d'une laïque fidèle ne peut être comparée à celle du monde entier. Nous ne devons donc pas désespérer que cette trahison de la foi se produise autour de nous.

Je vous recommande une chose. Ne me dites pas : « Il est bon, c'est un théologien important, il fait des discours, il a ouvert une académie sur Platon et si vous l'entendez, il est fantastique !... » Pesez-le pour voir s'il a un peu de l'étincelle de saint Marc d'Éphèse, s'il a un peu de l'étincelle de saint Photios, s'il a un peu de l'étincelle de [le patriarche de Constantinople Michel Ier] Cérulaire, s'il a un peu de l'étincelle de Papoulakos - cet homme sans instruction s'est dressé contre le monde entier.

Je dis ces choses en connaissant bien ma position de Grec et d'évêque - j'ai d'énormes responsabilités. Je suis toujours prêt à me sacrifier. J'ose dire, peut-être pour la dernière fois depuis cette sainte tribune : Quiconque aime Dieu, quiconque aime l'Église, nous avons la Toute Sainte [Mère de Dieu] avec nous. Nous avons tous ces saints qui ont lutté et luttent pour notre foi orthodoxe. Que ceux qui sont avec le Diable s'assoient et se taisent, car leur lâcheté est diabolique, leur charme est diabolique, leurs raisonnements et leurs arguments sont diaboliques : ces personnes qui cherchent à s'aliéner une poignée de personnes torturées, terrorisées et persécutées pour la foi du Christ.

Nous avons toujours comme devise le serment des jeunes intrépides d'Athènes. Ces jeunes hommes courageux de la Grèce antique, sur l'Acropole, firent le serment suivant : « Seul ou avec d'autres, je défendrai tout ce qui est saint et sacré. » Et moi, petit soldat, je déclare avec courage : « Seul ou avec d'autres, je défendrai les choses saintes et sacrées de notre foi jusqu'à la dernière goutte de mon sang ». Et vous tous, au lieu d'applaudir en vain, au lieu de me louer, je veux que vous priiez fort.

 Parce qu'il ne reste qu'un petit nombre d'orthodoxes et que la bataille se prolonge, et nous verrons de nouvelles choses se produire. Non seulement dans notre petite Grèce, mais dans le monde entier, Satan a pris les armes et se déchaîne pour déraciner la foi orthodoxe du cœur des gens. Je ne sais pas ce qui va se passer. Je ne sais pas à quelles persécutions seront confrontés ceux d'entre nous, évêques, qui ont interrompu la commémoration du patriarche Athénagoras, ainsi que tous les membres du clergé qui nous soutiennent. Je ne sais pas sur quel Mont Athos nous nous réfugierons. Ce que je sais, c'est que quoi qu'il arrive, même si les étoiles tombent, que les rivières s'assèchent et que le monde est bouleversé, je sais une chose - et j'y crois totalement - qu'à la fin, l'orthodoxie sera victorieuse.

La dernière arme de Satan

Mon meilleur ami, le père Christopher Kalyvas, qui est une personne importante, une figure historique, m'a dit il y a des années lorsque nous parlions : « Hé Augoustinos, tu ne comprends pas ce qui va se passer ? Le Diable utilise tous les moyens possibles pour démolir l'Église. À la fin des temps, il utilisera une dernière arme : il habillera les prêtres et les évêques, qui seront vraiment son peuple. Il leur donnera des croix pectorales et des crosses, dans le but de démolir l'Église par l'intermédiaire des évêques.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHODOXETHOS

lundi 16 septembre 2024

Archimandrite Jean [Krestyankin]: Du pharisaïsme intérieur

Père Jean Krestjankin


Nous sommes tous obsédés par l'estime de soi, et même si nous ne sommes pas très bons à tous égards, nous nous attribuons un prix et devenons pharisiens sans nous en rendre compte : nous nous vantons de ce que la grâce nous a fait (et non pas nous) par la grâce de Dieu, et non pas à cause de nos mérites. 

Nous avons été créés pour les bonnes œuvres, c'est notre nature. 

Il est ridicule d'être fier, par exemple, d'avoir deux bras, deux jambes : c'est notre nature. Et faire le bien est une œuvre naturelle de l'âme.

 Et si nous ne faisons pas le bien, nous péchons gravement, en violant la nature et la volonté de Dieu.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Душеполезные наставления

CROATIE : LES ÉGLISES SERBES SONT PROFANÉES À PLUSIEURS REPRISES


Deux églises orthodoxes serbes en Croatie ont été vandalisées et profanées cette semaine.

L'église de St. Spyridon à Petrinja a été attaqué à plusieurs reprises. En mai 2022, il on y a inscrit des graffiti avec des symboles fascistes oustachis. Selon le dernier rapport du diocèse de Gornji Karlovac, l'église a été attaquée sept fois depuis 2019.

Les rapports du diocèse :

Dans la nuit du 10 au 11 septembre 2024, les églises de St. Spyridon Thaumaturge au centre de Petrinja et St. Nicolas au cimetière orthodoxe de Petrinja a été la cible de vandales, qui ont écrit des graffitis transmettant des messages de haine et d'intolérance.

L'église de St. Spyridon, dont la construction a commencé en 2019, a été la cible de profanation pour la septième fois, cette fois avec des graffitis écrits sur le clocher, tandis que l'église de St. Nicholas de 1798, après rénovation structurelle, a été profanée avec des graffitis sur la façade ouest.

Après un rapport de la communauté de l'Église à Petrinja, les équipes de la police criminelle ont mené des enquêtes et une plainte a été déposée contre des auteurs inconnus.


OrthoChristian a fait état d'attaques contre des églises orthodoxes serbes au Kosovo, en Croatie et dans d'autres endroits à plusieurs reprises. Par exemple, en mars 2021, l'église orthodoxe du Christ Sauveur à Šibenik, en Croatie, et deux églises du Kosovo et de Metochie ont été attaquées.

Version française ClaudeLopez-Ginisty
d'après



 

dimanche 15 septembre 2024

Icône de tous les saints orthodoxes de Suisse

 


Icône de tous les saints orthodoxes de Suisse
du
Patriarcat de Moscou

Dimanche de tous les saints de la terre d'Helvétie

*
En ce dimanche, l'Eglise Russe Hors Frontières et le Patriarcat de Moscou célèbrent en Suisse l'office à tous les saints qui ont fleuri en terre d'Helvétie, office composé par Vladika Ambroise de Vevey d'éternelle mémoire. 



Ton 8


Tropaire à tous les saints de la terre d'Helvétie


Comme le beau fruit de tes semailles salutaires,*

La terre d'Helvétie t'apporte Seigneur,*
Tous les saints qui l'ont illuminée.* 
Par leurs prières, garde en paix profonde*
Ton église et notre patrie,*
Par la puissance de Ta Croix, ô Miséricordieux!

+
Extrait de l'office à tous les saints qui ont fleuri terre d'Helvétie, composé par Vladika Ambroise (Cantacuzène) de Vevey.
Office complet sur:

Icône de tous les saints suisses: Dominique Aymonier-Lopez

12e DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE

Sts Antoine et Théodose de Kiev

Hier, dans le calendrier julien, que l'Église utilise à des fins liturgiques, c'était le premier jour de septembre. C'est la nouvelle année de l'Église. Le calendrier des saints nous offre aujourd'hui quelques commémorations monastiques, dont sainte Hieu de Tadcaster et les saints Antoine et Théodose des grottes de Kiev. 

Au fil des siècles, le monachisme a fait partie intégrante de la vie de l'Église. La vie ascétique s'inspire des exemples de l'Ancien Testament, notamment de saint Jean le Précurseur et du prophète Élie, qui ont servi Dieu dans l'isolement des lieux désertiques. C'est ainsi que les premiers moines étaient des ermites, dont la vocation les éloignait de la clameur des villes et des villages, pour vivre dans des huttes et des grottes dans des lieux isolés. Le monachisme chrétien, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est apparu en Égypte et en Syrie au 4e siècle. 

St Antoine le Grand

Les figures clés du développement de la vie ascétique furent saint Pacôme (286-346) et saint Antoine le Grand (251-356), qui vécurent tous deux dans le désert égyptien. La célèbre Histoire lausiaque de saint Pacôme relate les détails des nombreux pieux ermites qu'il rencontra. Il rédigea également  une règle de vie monastique, qui exerça une influence déterminante sur le grand saint Benoît. Au début de l'Histoire Lausiaque, il est dit : « Ce livre est un témoignage des vertus de l'homme :  Au début de l'Histoire lausiaque, il nous est dit Ce livre est un récit de l'ascétisme vertueux et du mode de vie merveilleux de ces bienheureux et saints pères et anachorètes qui habitent le désert, (écrit) dans le but d'inciter à l'émulation et à l'imitation ceux qui souhaitent réaliser le mode de vie céleste et désirent emprunter la route qui mène au royaume des cieux. L'établissement d'une vie communautaire pour les habitants du désert a suivi un peu plus tard. Saint Basile le Grand, archevêque de Césarée, a observé la vie communautaire des moines et s'est fait l'avocat de cette évolution. Il a vu le potentiel des communautés monastiques dans l'organisation d'œuvres caritatives, telles que des hôpitaux et des orphelinats pour les malades et les pauvres. Des communautés de femmes ont également été créées. 


Ste Hieu, 
quelquefois confondue 
avec Ste Begge 

Sainte Hieu était originaire de Northumbrie. On sait peu de choses sur ses débuts, mais elle a été instruite par le grand saint Aidan de Lindisfarne. Ce saint hiérarque clairvoyant la tonsura dans l'état monastique et elle devint l'abbesse d'une communauté à Tadcaster. Une autre communauté fut fondée à Hartlepool. 

Tropaire Ton 8

Dans le monastère de Tadcaster, ô abbesse Hieu, tu abrillas par les vertus de l'ascétisme et de l'humilité. Prie pour que nous puissions nous aussi suivre l'exemple de ton grand maître, le hiérarque Aïdan, et vivre une vie de lutte spirituelle afin que nos âmes soient sauvées. 

St Aidan
+

Aujourd'hui, la lecture de l'Évangile du dimanche est Matthieu 19 : 16 - 26 et traite de la question difficile de la richesse matérielle. L'homme de cette histoire n'était pas comme les scribes et les pharisiens. Il ne cherchait pas à tester ou à tromper le Christ, mais s'adressait à lui avec respect en l'appelant « bon maître » (certaines traductions utilisent le terme « bon enseignant »). L'enquêteur pense qu'il s'adresse à un simple homme, même s'il est très intelligent. C'est pourquoi le Christ, pénétrant l'âme de l'homme, lui répond : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il n'y a de bon qu'un seul, qui est Dieu ».

Il s'agit là d'un point théologique. Qualifier un homme de bon est risqué jusqu'à l'erreur en raison de la nature humaine déchue. L'enquêteur avait donc raison dans sa terminologie, mais ne comprenait pas pourquoi. Le Christ répond alors à la question en disant à l'homme de garder les commandements. Il le fait avec sagesse, car les Juifs l'accusent souvent de mépriser la loi. Pourtant, cette réponse laisse l'homme un peu perplexe. Il avait fait de son mieux, mais il sentait qu'il devait faire davantage.

Le Christ et le jeune homme riche

C'est à ce moment-là que l'enquêteur a été confronté à la grande question. « Si tu veux être parfait, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. L'homme était riche et il hésitait à faire ce pas. Au fond, ce n'était pas un mauvais homme, mais il n'avait pas bien compris qu'il ne suffisait pas de respecter la lettre de la loi. Le Christ lui donna le choix d'être un disciple, de devenir chrétien, de Le suivre. saint Théophylacte l'exprime magnifiquement en une seule phrase lorsqu'il écrit : Le jeune homme, cependant, était triste, car bien qu'il désirât la vie éternelle, et que le sol de son cœur fût profond et fertile, les épines de la richesse l'étouffaient.

Les disciples étaient naturellement curieux et cherchèrent des réponses auprès du Christ, qui dit qu'il était difficile pour un riche d'obtenir le salut, mais il n'a pas dit que c'était impossible. La question posée par les disciples n'était pas pour eux, car ils étaient pauvres, mais au nom de toute l'humanité. Nous tenons compte de la faiblesse humaine. C'est ainsi qu'il nous est enseigné de nous engager sur la bonne voie, en cessant d'être avides et en réduisant les excès, puis en éliminant même les choses que nous considérions comme des nécessités. C'est le chemin qui mène aux trésors du Ciel. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. (Mt 6:21)


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND

samedi 14 septembre 2024

De la crainte à l'Amour


Chaque chose a son sens, son temps et sa place. 

Le concept de crainte est bon dans les premiers temps. Il est destiné aux débutants, à ceux en qui vit notre nature ancestrale et déchue. Le débutant, dont la sensibilité n'est pas encore affinée, est retenu dans le mal par la crainte. 

Et la crainte est essentielle, puisque nous sommes des hommes de chair et de sang, liés à la terre, mais c'est un stade, un bas niveau de relation avec le divin. 

Nous pensons en termes d'affaires pour gagner le paradis ou échapper à l'enfer. Mais si nous examinons la question de plus près, nous constatons qu'elle est régie par l'intérêt personnel. Ce n'est pas quelque chose qui me plaît. 

Quand quelqu'un progresse et entre dans l'amour de Dieu, qu'a-t-il besoin de craindre ? Tout ce qu'il fait, il le fait par amour, et cela a une valeur infiniment plus grande. Si quelqu'un devient bon par crainte de Dieu et non par amour, cela n'a pas la même valeur.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

 St. Porphyrios, Wounded by Love , p. 105



Hiéromoine Damascene: Quelques dangers pour les convertis à l'orthodoxie

Hiéromoine Damascene [Christensen]

 
1. Du protestantisme

En parlant des convertis protestants à l'orthodoxie, nous ne parlons pas de tout le monde, ni même de tout le protestantisme. Nous ne parlons que des pires tendances du protestantisme, et des problèmes qui se posent lorsqu'elles entrent dans l'Église orthodoxe.

Le protestantisme trouve son origine dans le désir louable de trouver une solution à l'hypocrisie religieuse et à la corruption, et de cultiver une relation personnelle avec Jésus-Christ. Cependant, en raison de la nature humaine déchue, l'hypocrisie et la corruption elles-mêmes sont rapidement entrées dans le protestantisme lui-même, de sorte que, pour beaucoup,  leur motivation principale est l'esprit de protestation, le désir d'avoir plus « raison » que les catholiques, en s'appuyant sur une certaine opinion humaine.

Si telle est leur motivation, les protestants qui deviennent orthodoxes le font dans le désir continu d'avoir raison. Au lieu d'être des experts dans la citation des Écritures pour prouver leurs propres opinions privées, ils deviennent maintenant des experts dans la citation des Saints-Pères, des canons et des dogmes dans le même but ; au lieu de ridiculiser et de combattre les catholiques, ils combattent et ridiculisent maintenant les catholiques et leurs ex-frères protestants ; au lieu de s'impliquer dans des guerres entre dénominations protestantes, ils s'impliquent maintenant dans des guerres entre juridictions orthodoxes. Ils essaient d'avoir plus raison, non seulement que les catholiques et les protestants, mais aussi que les autres orthodoxes. De là naissent leurs protestations continues au sein de l'Église orthodoxe. Comme ils n'ont pas de transmission directe par des instructeurs saints, leurs paroles n'ont pas de pouvoir expérientiel, mais restent dans le domaine bidimensionnel de l'opinion humaine.

Il y a beaucoup de protestants qui sont de bien meilleurs chrétiens que leurs frères qui sont devenus orthodoxes. Dans cette optique, les convertis protestants à l'orthodoxie feraient bien d'écouter la conviction protestante évangélique selon laquelle un homme doit renaître, non seulement dans le baptême, mais dans un processus de conversion radicale qui le transforme de l'intérieur et le rend hors de ce monde. Il y a beaucoup de vérité dans cette croyance. Les problèmes surviennent lorsque les chrétiens « nés de nouveau » arrivent à l'orthodoxie sans être vraiment nés : quand ils sont des protestants ratés, ils sont encore de ce monde, et ils veulent compenser leur manque de profondeur spirituelle en montrant qu'ils ont raison, plus que toutes les dénominations protestantes réunies. Dans de tels cas, leurs conversions restent en grande partie intellectuelles.

Un protestant ne peut pas être vraiment orthodoxe s'il n'est pas né de nouveau, exactement de la même manière que les protestants disent qu'il doit renaître. Lorsque vous vous êtes véritablement converti au Christ, ce n'est qu'alors que vous pourrez vraiment vous convertir à l'orthodoxie. Il pourra comprendre la profondeur de l'orthodoxie et entrer dans son essence, comme l'ont déjà fait de nombreux honnêtes protestants convertis.

2. Du catholicisme romain

Alors que la mauvaise motivation du protestantisme est d'avoir raison, la mauvaise motivation du catholicisme romain est l'autorité. Grâce à son accent sur l'autorité extérieure absolue et l'infaillibilité de l'institution ecclésiastique, l'Église catholique romaine a conservé le plus ancien empire vivant du monde - mais à un prix élevé. Dans l'Église orthodoxe, lorsqu'un évêque ou un patriarche tombe dans l'hérésie, les fidèles n'ont pas besoin de le suivre. Dans le catholicisme romain, cependant, il n'y a pas d'échappatoire. Si le pape prend les positions les plus erronées et proclame les hérésies les plus dangereuses – et s'il convoque un concile comme celui de Vatican II – les fidèles doivent le suivre, sinon ils ne peuvent plus continuer à être catholiques. La raison dominante d'être catholique romain n'est pas de soutenir des doctrines particulières ; c'est plutôt de se soumettre à l'autorité du pape et d'être reconnu par elle. On en voit une preuve simple chez les catholiques de rite byzantin, qui ne sont pas tenus d'accepter la doctrine catholique du filioque tant qu'ils acceptent l'autorité du pape.

Pour la plupart, les catholiques romains qui sont entrés dans l'Église orthodoxe au cours des dernières décennies l'ont fait à la suite de la faillite spirituelle provoquée par Vatican II. En faisant cela, cependant, certains n'ont fait qu'échanger un culte de l'autorité pour un autre. Tout en critiquant le catholicisme, ils portent avec eux la même mentalité papale dans l'Église orthodoxe. Leur Orthodoxie consiste avant tout à être soumis et reconnus par une autorité ecclésiastique qui est elle-même reconnue à un niveau plus large. Pour conserver ce statut de reconnaissance, ils seront prêts à déformer leurs consciences et à faire tout ce qu'ils peuvent, car la reconnaissance leur donne ce sentiment sûr de protection institutionnelle qu'ils avaient sous le catholicisme romain ; et ils paniqueront littéralement lorsque leur statut sera même légèrement menacé.

Être orthodoxe, c'est en partie être sous la protection d'un évêque orthodoxe, mais ce n'est pas la base de l'orthodoxie, comme c'est le cas dans le catholicisme romain.. Lorsque les catholiques romains qui sont esclaves de cette mentalité se convertissent à l'orthodoxie, ils en infectent l'air d'une ecchlésiologie étrangère. Encore une fois, nous ne parlons pas de tous les convertis catholiques à l'orthodoxie, mais seulement de leurs dangers possibles. Beaucoup de ces convertis font honte aux orthodoxes "de naissance" par la profondeur de leur piété. Lorsqu'ils se sont vraiment convertis à l'orthodoxie, et qu'ils n'ont pas simplement changé d'alliance pour une autorité différente, ils ornent l'Église comme de merveilleux chrétiens orthodoxes.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

"The Sunrise of the East",

 in The Orthodox Word Vol. 32, No.5 (190)

cité par 

Ortodossiatorino


vendredi 13 septembre 2024

Ne jugeons pas sur les apparences!





Une petite fille tenait deux pommes dans ses mains quand sa mère lui a demandé : "Ma chérie, pourrais-tu me donner une pomme ?"

La petite fille a regardé sa mère pendant quelques secondes, puis a soudainement pris une bouchée d'une pomme, et ensuite rapidement une bouchée de l'autre.

La femme a senti un sourire se figer sur son visage et s'est efforcée de ne pas montrer sa déception.

Et soudain, la petite fille a tendu l'une des pommes mordues et a dit : "Maman, prends celle-là, elle est plus sucrée !"

Ne nous précipitons pas de juger les autres, car, ne voyant que la situation dans son ensemble, nous pouvons nous tromper sur les véritables motivations des actions d'une autre personne.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 12 septembre 2024

Métropolite Luc (Kovalenko) de Zaporojye et Mélitopol: LA DEMANDE D'HÉRODIADE

Métropolite Luc

     

Le Métropolite Luc commente une fois de plus la situation intenable actuelle de l'Église orthodoxe ukrainienne [canonique], qui a été officiellement interdite dans son propre pays, malgré le fait qu'elle soit la plus grande organisation religieuse d'Ukraine.

Le Christ est au milieu de nous, chers lecteurs !

À la veille de la décapitation de saint Jean-Baptiste, j'aimerais une fois de plus aborder la situation qui s'est développée autour de notre Église aujourd'hui.

Notre seule « faute » réside dans notre désir de suivre la loi de Dieu et notre refus de faire des compromis avec le monde, d'appeler le mal bien. L'État traite l'UOC (Église orthodoxe ukrainienne) comme une institution sociale. Mais l'Église est un organisme mystique, rempli de grâce et gouverné par des lois spirituelles. La violation de ces lois entraînera une catastrophe.

Lorsque les politiciens essaient d'imposer leurs lois à la vie de l'Église, cela s'apparente à des aborigènes sauvages, qui ne savent ni lire ni écrire, essayant de moderniser le travail d'une centrale nucléaire en fonction de leur propre compréhension. C'est essentiellement ce qui se passe maintenant. Les gens qui ne connaissent même pas la prière « Notre Père », qui ne savent pas comment se signerer et qui n'ont jamais lu la Bible, ont soudainement décidé de nous apprendre comment croire, pour qui prier, dans quelle langue prier et comment ordonner nos vies spirituelles.

Nous sommes accusés d'être des « espions russes ». Le Diable n'invente jamais rien de nouveau. Lorsque les terres de l'Ukraine actuelle faisaient partie de la Pologne et que les diocèses orthodoxes étaient sous l'omophorion du patriarcat œcuménique de Constantinople, les autorités polonaises appelaient les Ukrainiens orthodoxes « espions turcs » parce que leur patriarche était basé à Istanbul. Cela s'est déjà produit dans l'histoire. Aujourd'hui, nous reconnaissons l'absurdité des accusations du gouvernement polonais de l'époque. Les accusations portées contre nous aujourd'hui ne sont pas moins absurdes.

Cependant, à notre époque, Satan est allé plus loin. Par exemple, il exige maintenant la « nationalisation » des saints. C'est-à-dire que si un saint est né dans un pays qui, selon la loi ukrainienne, est considéré comme un agresseur, il ne peut plus être un saint. Mais s'il est né dans un autre pays, il est permis de le prier. Auparavant, pendant les guerres avec la Turquie ou lorsque les Roumains se sont battus aux côtés de l'Allemagne contre nous, l'Église n'a jamais été tenue de décanoniser les saints grecs ou roumains. Mais maintenant, la pensée satanique a également évolué dans cette direction.

Tout aussi absurdes sont les demandes de condamner tout patriarche ou patriarcat. Par exemple, le patriarche Bartholomée a soutenu les opérations militaires turques contre les pays voisins. Pourtant, je n'ai jamais entendu parler de chrétiens orthodoxes en Syrie exigeant que leur patriarche condamne le chef du Phanar. Il y a actuellement une guerre à Gaza, et le territoire libanais est sous bombardement. Mais les autorités de Gaza font-elles pression sur les fidèles de l'Église de Jérusalem pour qu'ils condamnent Israël ? Ou les autorités libanaises lancent-elles des ultimatums au patriarcat d'Antioche pour condamner le patriarcat de Jérusalem ? De telles choses sont impossibles parce que la vie de l'Église n'est pas liée à la politique.

Tout aussi absurde est l'idée d'assimiler la sécurité nationale à l'indépendance spirituelle. Peut-on appeler cela l'indépendance spirituelle lorsque l'OCU ("église" orthodoxe d'Ukraine [schismatique]) dépend du Phanar ? Et serait-il juste de transférer de force l'UOC entièrement autonome à la dépendance du patriarche œcuménique, qui est lui-même entièrement dépendant des autorités turques et de ses commanditaires d'outre-mer [id est les USA. NdT]?

Tout cela équivaut aux accusations d'Hérodiade contre notre Église Mère, qui ne désire qu'une chose : nous couper la tête.

Version Française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

mercredi 11 septembre 2024

Staretz Iulian de Prodromos Skete († 3/10/23) : Comment puis-je prier sans cesse ?

 


La prière ? Bien sûr, vous ne passerez pas des heures à prier. Lorsque vous avez le temps - les jours de fête - vous pouvez lire une paraclèse ou quelque chose comme ça... Ne perdez pas votre temps avec des choses vaines, regarder la télévision etc... Vous pouvez dire une prière. Mais vous pouvez dire une courte prière même lorsque vous allez travailler : « Seigneur, aide-moi... » ou « Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. » Si vous vous êtes habitué à dire la prière pendant que vous respirez, alors vous pouvez prier à tout moment. Une courte prière, et vous priez ! Même lorsque vous travaillez, quel que soit le travail que vous faites, ou lorsque vous cuisinez. Ou vous pouvez vous asseoir sur une chaise et y dire « Seigneur, Jésus-Christ... ».

C'est pour que la prière « Seigneur, Jésus-Christ... » puisse être greffée sur votre cœur. Et si elle y est greffée, alors même si vous parlez à quelqu'un, la prière fonctionne. Si vous faites quelque chose de bien pour quelqu'un ou si vous pensez faire quelque chose de bien, si vous dites quelque chose d'utile à quelqu'un - c'est la prière. Ne pensez pas qu'il n'y a pas là de prière.

« Là où deux ou trois se rassemblent en Mon nom, là je suis avec eux », dit le Sauveur. Et donc, si deux personnes parlent de choses spirituelles, des Écritures ou quelque chose comme ça, Dieu est là aussi, parmi elles. Et c'est la prière. Pensez-vous que ce n'est pas une prière ? Et lorsque vous partez de là, dites « Seigneur, Jésus-Christ... » ou d'autres prières - et c'est la prière. Ne pensez pas que ce n'est pas une prière.

Il est dit dans le Patericon : « la prière n'est pas seulement lorsque vous vous asseyez et lisez les prières ; la prière est lorsque vous priez en permanence ». Et le saint apôtre Paul dit dans Thessaloniciens 5:17 : « Priez sans cesse. » C'est ce qu'il dit, et il le dit à tout le monde, pas seulement aux moines : « Priez sans cesse. » 

Et maintenant, réfléchissez-y : comment puis-je prier sans cesse ? En disant même une courte prière : « Seigneur, aide-moi », ou si un chagrin t'abat sur vous, dites : « Aide-moi, Seigneur ! » Faites ce que vous pouvez et priez. Et puis pensez à ce qui est écrit : « Frappez, et on vous ouvrira. »


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Sayings of the Romanian Elders

mardi 10 septembre 2024

IOAN GHEORGHIUIOAN GHEORGHIU: Hésychasme : Un cadeau pour notre temps



Abba Arsenios [Praja], l'un des disciples les plus proches de Néophytos le Reclus, a laissé un testament à son disciple :

« Mon fils, je te laisse le don divin de l'hésychasme comme un héritage, comme une bénédiction transmise par Abba Neophytos le Reclus qui a été rendu digne du don divin de la pratique mystique de l'hésychasme. 
Je vous laisse l'héritage de ce cadeau en tant que talent. Fais attention à ne pas l'enterrer, mais à le donner à des changeurs pour le multiplier et acquérir un intérêt décuplé, afin de ne pas éteindre la flamme mystique de la pratique de l'hésychasme. 

Gardez le ciergee de l'hésychasme allumé et ne t'inquiète pas si tu sembles être seul. Abba Neophytos le Reclus a prophétisé qu'il y aura des milliers de personnes qui suivront le chemin mystique de l'hésychasme. 

Les changements dans le monde seront difficiles, mais tout aussi étonnante sera la renaissance spirituelle de beaucoup. La pratique mystique de l'hésychasme descendra des montagnes et des grottes au cœur des villes. Et de nombreux jeunes, apparemment ignorants, se réveilleront à une vie spirituelle semblable à celle d'autrefois. Cette résurrection sera merveilleuse, exactement là où l'on croit que la mort règne. 

Le Saint-Esprit te montrera le pouvoir qui surpasse toutes choses. La pratique mystique de l'hésychasme s'épanouira dans le désert de nombreux cœurs, qui deviendra alors le ciel incarné. Je te laisse la bénédiction de l'hésychasme, que tu dois garder allumée dans ton propre cierge comme une étincelle à partir de laquelle beaucoup d'autres peuvent allumer le leur. 

N'essaie pas de comprendre comment ce miracle se déroulera ; le mystère de la pratique de l'hésychasme sera le mystère de l'avenir de notre monde. Les temps à venir seront la confrontation la plus terrible entre la lumière et les ténèbres, entre l'esprit de la vie et celui de la mort. Mais le pouvoir de la lumière sera si fort qu'il dépassera toutes les lois naturelles. Prends part à la grande flamme spirituelle de cette pratique mystique. Je te laisse cette bénédiction, et que le don de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec toi et tous les chercheurs de ce mystère divin. Que le Saint-Esprit vous protège. Amen. »

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

lundi 9 septembre 2024

Saint staretz Sophrony [Sakharov] - La méthode de guérison de l'homme


Les observations de la psychologie sur l'homme sont remarquables, car elles décrivent qu'au-delà de la raison, il y a quelque chose de plus profond. Cependant, les analyses psychologiques sont puériles par rapport aux enseignements des Pères de l'Église. 

Bien que les observations de la psychologie soient remarquables, la méthode de traitement qu'elle propose est très déplorable. La psychanalyse ne guérit pas l'homme, mais l'embrouille.

***

Nous devons faire la distinction entre la neurologie et la psychologie. Les neurologues apportent beaucoup à la santé du corps, car ils donnent des médicaments et équilibrent l'homme sur le plan social. Mais ils ne guérissent pas, ils se contentent de calmer l'énergie de la personne. La guérison de l'homme commence par la guérison de l'esprit. C'est à partir de la guérison de l'esprit que le corps est transformé. Donc, oui, les neurologues équilibrent l'homme avec des médicaments, mais ils ne le guérissent pas.

***

Pendant toutes les années que j'ai passées dans notre monastère, ici en Angleterre, je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui ait été guéri par la psychanalyse, bien qu'elle soit développée dans les sociétés occidentales. Mais, il faut être juste, les neurologues - médecins, qui donnent des médicaments aux patients, sont plus humbles que les psychanalystes et aident les gens à s'équilibrer socialement. Ils aident aussi ceux qui, au sein de l'Eglise, ont des problèmes de nature neurologique, pour diverses raisons.

***

Le problème spirituel, c'est-à-dire le fait que l'homme se détourne de Dieu, a des conséquences sur le corps. L'âme de l'homme s'oriente facilement dans la nouvelle direction par le repentir, mais le corps, lorsqu'il a été endommagé, est lent à s'adapter à la nouvelle situation. C'est ici que s'applique la parole du Christ : « L'esprit est prompt, mais la chair est faible ». Dans cette situation, le corps, atteint par les péchés, peut être aidé par des médicaments, mais la guérison définitive viendra de la santé de l'âme, par la grâce de Dieu.

***

Malheureusement, ceux qui confondent vie spirituelle et psychanalyse occupent des positions dans la société et leur opinion est davantage entendue.

***

Chez le malade psychique, ce n'est pas seulement le soi-disant subconscient qui est malade, mais l'esprit, qui est l'œil de l'âme.

***

Lorsque nous suivons la vie spirituelle, nous n'avons pas besoin de psychanalyse. Dans les problèmes héréditaires, la neurologie peut aider.

***

La psychologie des psychiatres est différente, clairement différente de l'enseignement orthodoxe, c'est-à-dire que leur anthropologie est différente.

***

Les psychologues abordent l'homme avec l'homme, c'est-à-dire avec les potentialités humaines. Mais les gens, voyant leur impureté intérieure, désespèrent. Au contraire, lorsque nous voyons notre impureté intérieure dans l'esprit de compréhension, c'est différent, car cela suscite une prière avec l'espoir en Christ.

***

Il y a une différence entre la psychologie et la vie en Christ. La psychologie cherche à débarrasser une personne des complexes de la culpabilité, alors que dans la vie en Christ, nous faisons l'expérience de la souffrance, de la douleur de la séparation d'avec Dieu et nous ne cessons de nous repentir jusqu'à ce que cette souffrance soit transformée.

***

Je plains les Pères spirituels qui prétendent que la vie spirituelle ne suffit pas, mais que la psychologie est nécessaire.

***

La différence entre le psychologique et le spirituel est la différence entre l'humain et le divin. Tout dans la vie spirituelle est le fruit de la coopération humaine et de la grâce divine.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Πνευματικοί Λόγοι

 



dimanche 8 septembre 2024

11e DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE

Saint Apôtre Pierre
 

Nous rencontrons souvent des saints qui étaient évêques ou moines (et moniales), mais de nombreux saints étaient mariés. On nous dit que le saint apôtre Pierre était marié parce que sa belle-mère était malade (Mt 8, 14). Aujourd'hui, le calendrier des saints nous offre la commémoration d'un couple marié, les saints martyrs Adrien et Natalie. 

Ce couple vertueux vécut à la fin du IIIe siècle et subit le martyre en 306. Adrien était soldat au service de l'empereur romain Galère Maximien, protégé du diabolique empereur Dioclétien. Galère Maximien était également connu pour sa haine du christianisme et sa persécution des chrétiens. Il proposait de récompenser quiconque dénoncerait des chrétiens afin qu'ils soient jugés. C'est ainsi qu'un groupe de 23 disciples du Christ fut capturé à Nicomédie. Adrien vit comment ces âmes pieuses confessaient hardiment leur foi dans le Christ Sauveur et s'émerveilla de leur courage face à la persécution et à la torture. Il fut tellement impressionné qu'il les interrogea sur leur foi et fut inspiré par Dieu de se déclarer chrétien, bien qu'il n'ait pas été baptisé. Cette déclaration fut rapportée à l'empereur. Adrien fut immédiatement arrêté et emprisonné. L'empereur, non seulement furieux, mais aussi perplexe, demanda à Adrien s'il était devenu fou en risquant d'être exécuté. Il lui proposa néanmoins de sacrifier aux idoles païennes et de leur demander pardon, mais il refusa. 

Saints Adrien et Nathalie


La tradition rapporte que la jeune épouse d'Adrien, Natalie, avec qui il n'était marié que depuis un an environ, vint le voir à la prison. Elle se réjouie de la nouvelle qu'Adrian était devenu croyant en Christ car, secrètement, elle était aussi devenue chrétienne. Elle encouragea son époux en lui disant qu'il avait acquis un grand trésor en embrassant la Vraie Foi et en lui rappelant que tout le reste n'était que poussière et cendres.

Les tortures auxquelles les captifs étaient condamnés furent extrêmement brutales, mais Natalie encouragea son époux tout au long du processus, craignant qu'il ne s'affaiblisse, mais il resta résolu face au martyre. Il était prévu que les corps soient détruits par le feu, mais un orage éteignit les flammes. De plus, de nombreux bourreaux furent frappés par la foudre. Plus tard, un commandant de l'armée demanda à l'empereur la permission d'épouser la veuve, qui était jeune et riche, mais Natalie se cacha. Dans un rêve, Adrian lui annonça qu'elle irait bientôt rejoindre sa récompense céleste. En effet, épuisée par tout ce qui s'était passé, Natalie s'endormit auprès du Seigneur. Les saints Adrien et Natalie sont aujourd'hui considérés comme les saints patrons des couples mariés. Le monastère du Kykkos, à Chypre, possède une partie des reliques de sainte Natalie.  

+

La lecture de l'Évangile de ce dimanche est Matthieu 18 : 23 - 35 et c'est la parabole du serviteur méchant. Le point de départ habituel de la formulation de ces notes est la lecture du commentaire de Théophylacte, qui dit : « L'interprétation de la parabole dans ses détails ne devrait être faite que par quelqu'un qui a l'esprit du Christ ». En examinant les chapitres qui précèdent immédiatement celui-ci, nous voyons que Pierre demandait au Seigneur : « Combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi et je lui pardonnerai ? » Ainsi, la prémisse de cette parabole est la nécessité du pardon. Comme dans toutes les paraboles, tout est symbolique. Le roi est celui qui s'est incarné pour nous et, en tant que bon juge, Il règle Ses comptes avec Ses serviteurs. Théophylacte le souligne : « Il ne punit pas sans avoir d'abord jugé. Ce serait cruel ». 

C'est nous-mêmes qui devons dix mille talents, en recevant tout de Dieu et en ne rendant rien. Il y a plusieurs niveaux dans la société. Le plus gros débiteur de l'histoire était un homme qui avait un certain niveau de responsabilité, mais qui ne servait pas particulièrement bien son maître en usant de son autorité sur les autres. La référence à la vente est une métaphore de l'aliénation de son seigneur, c'est-à-dire de Dieu. Sa femme et ses enfants représentent les actes de l'homme. Il va donc être livré à un autre maître, opposé à Dieu. Face à cette réalité, l'homme tombe en implorant la pitié, c'est-à-dire un délai supplémentaire pour payer.  Le roi, c'est-à-dire Dieu, est miséricordieux et accorde encore plus que ce que l'homme attendait. Dieu remet entièrement la dette. Ce qui ressemblait à première vue à de la sévérité visait simplement à concentrer l'esprit du serviteur afin qu'il place tout son espoir et sa confiance dans la miséricorde du Seigneur. 



Malheureusement, le serviteur ne retient pas la leçon. Il ne suit pas l'exemple de compassion de son Seigneur, mais traite un compagnon de service avec une inhumanité totale. Il est fort probable que ce compagnon de service était d'un niveau social inférieur, car sa dette était beaucoup moins importante. Les autres serviteurs qui ont rapporté cela au roi représentent les anges, qui aiment le bien. 

Parabole du Serviteur méchant


Théophylacte nous rappelle qu'ils n'ont pas raconté ces choses à leur Seigneur parce qu'il n'en avait pas connaissance, mais pour que nous comprenions comment les anges veillent sur nos vies et ne sont pas heureux de voir l'inhumanité avec laquelle nous traitons si souvent nos semblables. Je cite : " Le Maître, dans son amour pour l'humanité, s'oppose au serviteur, pour montrer que ce n'est pas le Maître, mais la sauvagerie et l'ingratitude du serviteur qui a révoqué le don. Le passage se termine par un avertissement. Il nous est demandé de pardonner avec notre cœur et pas seulement avec nos lèvres. Lorsque nous demandons le pardon, il ne faut pas que ce soit un simple stratagème juridique, mais nous devons le penser vraiment. Sinon, nous serons comme le mauvais serviteur de la parabole et nous savons ce qui lui est arrivé parce que son repentir était faux".

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND