Saint Théophane le Reclus fit remarquer un jour : « Nous prions pour les défunts comme pour les vivants, qu'ils aient suivi ou non le chemin de justice, ou qu'ils aient été désignés comme saints ou pécheurs ». Beaucoup de saints ont dit que notre prière pour les défunts peut les sortir de l'enfer. Dieu entendra notre prière comme expression de notre amour et fera preuve de miséricorde pour l'âme du pécheur décédé. Comment connaissons-nous les tourments de nos morts et leur besoin de prière ? Comment en bénéficient-ils lorsque nous mentionnons leur nom ? Nous pouvons le découvrir, par la Grâce de Dieu, de ceux à qui ces âmes sont apparues.
Comment notre prière aide nos morts
Saint Païssios de la Sainte Montagne a reçu cette question de sa fille spirituelle, et il y a répondu par un exemple concret.
— Et si vous me trouviez un jour dans une cave profonde et demandiez à l'higoumène de faire preuve de pitié pour moi et de me mettre quelque part au-dessus du sol pour que je puisse voir le soleil de mon vivant. Pensez-vous que l'higoumène vous écouterait ?
« Certainement, Père. »
« Eh bien, si vous pensez que l'higoumène vous écouterait, Dieu n'interviendrait-Il pas pour soulager le sort des défunts parce que nous le demandons ? Ne ferait-Il pas sortir cet homme de sa prison et l'hébergerait-Il dans une meilleure demeure, peut-être même dans un appartement séparé ?
« Le Seigneur veut aider les morts parce qu'Il a de l’empathie pour eux, mais Il a le sens de la bienséance. Il ne veut donner au diable aucune raison de lui dire : "Pourquoi sauves-tu ce pécheur - il a si peu œuvré dans sa vie !" Notre prière pour les morts est son droit d'intervenir », enseigna le staretz.
Par son amour pour toute âme, le Seigneur prend des dispositions pour que tous les défunts aient quelqu'un sur terre pour prier pour eux. Chaque âme a une chance d'être sauvée jusqu'à Sa Parousie [seconde venue] et au Jour du Jugement.
Un soldat mortellement blessé sur un champ de bataille demanda de l'eau à un aumônier, mais celui-ci ne lui donna rien à boire, même s'il avait de l’eau dans sa fiole. Il fit preuve d'indifférence, ce qui n'était pas typique de lui. Lorsque le soldat mourut, le prêtre se rendit compte de son méfait, tomba dans le désespoir et commença à le mentionner dans toutes ses prières. Il rapporta son chagrin à Père Païssios. Normalement plein d’empathie, le prêtre ne savait pas pourquoi il avait agi de cette façon avec le soldat. Père Païssios lui expliqua que Dieu avait temporairement retiré Sa Grâce au prêtre parce que le soldat avait besoin de ses prières. S'il avait donné de l'eau au soldat blessé, il ne se serait pas souvenu de lui. Mais ses remords l'avaient motivé à tout le temps prier pour lui.
« Lorsque je prie pour les défunts, je commence généralement par ceux qui en ont le plus besoin, puis pour ceux qui ont des besoins plus petits, puis pour tout le monde. Je ne passe pas de temps à penser à ma famille, mais si je néglige de prier pour les défunts par fatigue ou manque de temps, mes parents m'apparaîtront dans mon rêve. C'est parce que mes prières aident les morts et les rassurent, et l'absence de mes prières les prive de ce soulagement indispensable. Si nos humbles prières soulagent la souffrance de nos défunts, même dans la moindre mesure, nous, les moines, devrions avoir la peau arrachée et enduite de sel, si nous ne le faisions pas", a écrit Père Païssios. Nos morts ne peuvent pas se repentir de leurs péchés, et ils ne vivent que par nos prières.
L'importance de se souvenir des morts pendant la liturgie
Au début de chaque liturgie, le prêtre prend des parcelles de Prosphore pour les vivants et nommés dans les dyptiques. Il les met dans le Sainte Calice après la Communion. Ces parcelles ont un contact avec le Corps et le Sang de Christ, et les défunts sont lavés de leurs péchés par les tourments expiatoires du Christ. Commander quarante jours de prières pour les morts et soumettre des dyptiques sont un bon moyen d'apaiser le sort de nos défunts.
Comme l'a écrit saint Jean de Changhai, "La meilleure façon de donner notre amour pour les défunts et de faciliter leur progrès est de prier pour eux, et surtout de laisser une note commémoration durant la Divine Liturgie. Il n'y a rien de plus ou de mieux que nous puissions faire pour eux. Ils ont toujours besoin de nos prières. »
Nous trouvons de nombreux exemples dans la vie des saints Pères et des prêtres ordinaires montrant comment même quelques offrandes et prières intenses peuvent changer la situation de nos morts.
Saint Grégoire le Dialogue a laissé un récit d’un prêtre qu'il connaissait. Un pécheur notoire rendit visite un jour au prêtre. [Il raconta qu’] Il appréciait son séjour aux bains publics lorsqu'il remarqua un étranger qui commença à l'aider immédiatement. Il le rencontra encore et encore lors de chacune de ses visites aux bains publics. Pour remercier le bon étranger pour son service, il apporta avec lui deux prosphores et les offrit à l'homme. Mais il ne put pas les prendre et s'écria amèrement : « Père ! Vous ne le savez peut-être pas, mais je ne peux pas prendre ce saint pain et le manger. Dans ma vie, j'étais le propriétaire de cet endroit, mais j'ai été condamné pour mes péchés. Si vous voulez me donner votre amour, veuillez offrir ce pain au Seigneur et prier pour moi à son trône. Si vous ne me revoyez plus, considérez-le comme le signe que votre prière a été entendue. Le prêtre pria en larmes pour le pécheur tous les jours de la semaine, offrant en son nom le sacrifice non sanglant [La Liturgie] au Seigneur. Lors de sa visite suivante aux bains publics, il fut soulagé de ne plus y voir l'étranger.
« Chaque quarante jours de prière, un pécheur est libéré de l'enfer », enseignait le staretz Nikolay Guryanov.
Le bienheureux staretz de l'Église le savait bien. La moniale mégaloschème Maria, amie spirituelle de l’higoumène Savva (Ostapenko), a raconté cette histoire. Au décès de la moniale mégaloschème Sergiya, une sœur moniale, la clairvoyante Savva déclara aux gens à l'église : "L'âme de la bienheuseuse startitza Sergiya se tient maintenant devant une montagne de glace. Elle essaie de l'escalader, mais chaque fois qu'elle en atteint la moitié, elle glisse jusqu'au pied ; elle atteint presque le sommet et redescend tout le chemin. Elle a été soumise à cette épreuve pour le péché de murmure. Elle l'a commise alors que les sœurs s'occupaient d'elle avant sa mort", expliqua le père Savva et il a ajouté avec joie - mais nous pouvons l'aider maintenant. Nous prierons ensemble et dégagerons cet obstacle de son chemin, afin qu'elle puisse poursuivre son voyage. Le quarantième jour de son départ, le Seigneur accueillera son âme et lui accordera un réconfort et une gloire éternels. »
Des détails sur la vie de l'âme juste dans les quarante premiers jours après le départ ont été révélés à Père Païssios. Il a dit que ces jours-ci étaient un temps de détresse pour l'âme, encore incertain de ce qui l'attend après le Jugement Dernier. Mais elle trouve réconfort et réconfort dans les prières des vivants. Un jour, le staretz rencontra une vieille femme devant un hôtel. Elle prit sa bénédiction, et il lui embrassa la main en retour, remarquant la lumière de la Grâce émanant d'elle. Bientôt, elle devint moniale. Après son décès, le staretz vint vénérer ses précieuses reliques. Quelques jours plus tard, plusieurs incidents merveilleux lui sont arrivés. Le septième jour après le repos de la moniale, le staretz Païssios vit son âme. Elle ressemblait à un ange, paraissant dans son apparence à une petite fille de douze ans, et elle brillait. « Dans la vie à venir, tout le monde sera comme un ange ; il n'y aura ni hommes ni femmes, ni vieillard ni nouveau-né ; tous seront du même sexe et du même âge. Si nous pouvions voir une âme quitter un corps, elle nous apparaîtrait comme un jeune enfant. Le visage de chacun aura des caractéristiques distinctives, mais tout ressemblera à des enfants", déclara le staretz. Lorsque le staretz vit l'âme de la moniale nouvellement décédée une deuxième fois, elle vint à lui en rêve et s'inclina devant lui en reconnaissance de ses prières. Le père Païssios ressentit une grande joie. Il compta les jours et se rendit compte que cela s'était produit exactement quarante jours après son décès.
Prière privée
La prière de l'église n'est pas la seule chose qui peut aider le défunt. Saint Joseph l’hésychaste a raconté cette histoire sur le juste prêtre Père George qui l'avait baptisé dans son village natal et pour qui le staretz pria toute sa vie. Le père George vivait dans le célibat, donnait l'aumône et chassait les démons. Il servait la liturgie tous les jours, se souvenant de milliers de personnes, et il se promenait dans le cimetière servant des offices commémoratifs pour les défunts De cette façon, il espérait délivrer les pécheurs de l'enfer.
Finalement, le staretz vit le père George dans son rêve, et le prêtre lui dit : « Dans ma vie, je pensais que seule la commémoration liturgique pouvait sauver une âme de l'enfer. Mais après ma mort, j'ai également réalisé que les prières que vous faites délivrent également les défunts des tourments de l'enfer. »
À partir de ce moment-là, le vénérable Joseph ordonna à tous ses moines de prier avec le chapelet pour tous les morts afin de sauver le plus grand nombre d'âmes possible.
« Grand est le réconfort et la récompense énorme pour tous ceux qui sauvent quelqu’un autre d'une douleur temporaire ; encore plus grand sera le réconfort de ceux qui prient pour les défunts pour le pardon de leurs péchés et leur passage des ténèbres de l'enfer aux demeures du Ciel », a déclaré l'archimandrite Kirill (Pavlov) dans un sermon.
Alors que nous progressons vers le Grand Carême, souvenons-nous de notre famille et de nos proches défunts, et de tous ceux qui sont décédés dans l'esprit de l'amour chrétien. Faisons-le avec ferveur, pendant la Liturgie et dans nos prières privées. Que le Seigneur leur pardonne leurs transgressions et les place dans Son royaume céleste, un lieu où toute maladie, tous les soupirs et toute tristesse ont fui. Alors, lorsque viendra le temps de notre départ, Il trouvera les vivants qui prieront pour nous. « Car de la même manière que vous jugez les autres, vous serez jugés, et avec la mesure que vous utilisez, vous serez mesurés. » (Matthieu 7:2)