"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 14 mars 2020

Le 14 mars, l'image miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu «de la Tendresse» Lokotskaya arrive pour la première fois à Moscou


L'icône sera dans l'église du Saint Martyr Hermogène à Golyanovo.
L'icône miraculeuse de la Mère de Dieu «de la Tendresse» est apparue miraculeuse dans une famille pieuse du village de Lokot, dans la région de Briansk, ancien domaine du grand-duc Mikhaïl Romanov, frère du tsar Nicolas II. En 1999, le 2 novembre, l'icône est réapparue.
Par cette icône, la miséricorde de la Mère de Dieu se manifeste dans de nombreux miracles:
·       au dos de l'icône apparaît l'image miraculeuse de la Mère de Dieu, qui montre encore l'image du Sauveur sur le Suaire de Turin;

·       abondante diffusion de myrrhon avec divers parfums;


·       à plusieurs reprises, l'icône a saigné et s’est déchirée;

·       Par les prières, devant cette image, la multitude reçoit guérison et aide de la Grâce et retrouve les disparus.


Les incroyants et les sceptiques, voyant de nombreux miracles révélés par cette icône de «la Tendresse», se tournent vers la foi orthodoxe et se repentent.
Nous vous invitons à une prière commune et à l'adoration de cette icône miraculeuse.

Saint Jean de Valaam: Conseils spirituels

Saint Jean de Valaam

Liens: 



ENSEIGNEMENTS:

La vie spirituelle est comme la croissance corporelle : une personne n'en observe pas les changements en elle-même. Cependant, le signe de la spiritualité est [...] quand une personne voit ses péchés comme elle voit le sable de la mer. C’est là la santé de l’âme.

Si vous vous mettez sous "surveillance stricte", alors vous vous verrez vraiment comme le pire de tous, et alors celui qui vous louera ne pourra pas vous faire de mal parce que les gens ne regardent que l'apparence extérieure de la personne mais ne la connaissent pas intérieurement.

Nous devons lutter pour la vertu autant que notre force le permet, mais demeurer dans la vertu n'est pas entre nos mains, mais dans le Seigneur et le Seigneur ne nous garde pas pour nos travaux, mais pour notre humilité.

Il n’existe pas un commandement qui exige l'amour et la bonne vie des autres. Que ceux qui y sont mis par la Providence de Dieu prennent soin des autres.

Satisfaire vos péchés, vous ne le pourrez jamais. Plus vous leur donnerez de nourriture, plus ils en voudront.

Les afflictions ont deux avantages: le premier - le zèle pour Dieu et la gratitude de tout notre cœur - le second - l'élimination des vains soucis et de l'anxiété.

Sans prière, la vie sera pleine de problèmes et la prière, lorsque vous en prendrez l'habitude, votre cœur sera heureux et en paix - un état de bonheur.

Nous avons besoin de labeur et le succès dépend de la Grâce. La Grâce n'est pas donnée pour le labeur, mais pour l'humilité. Quand on est humble, alors vient la Grâce.

Si vous trouvez quelqu'un qui est spirituellement proche de vous, alors parlez et demandez-lui conseil: c'est la meilleure chose à faire à notre époque. Et un être inexpérimenté ne peut que nuire au domaine spirituel. Il y a eu beaucoup de tels cas à la fois dans les temps anciens et modernes.

Le plus bénéfique est de considérer que tout le monde est bon et que vous êtes pire que tout le monde.

S'il vous arrive de chanceler dans la vertu, ne tremblez pas, car notre nature est très volatile. Seuls les anges peuvent toujours demeurer dans la vertu.

La vie spirituelle est comme un arbre, les saints pères disaient: sans feuilles, c'est-à-dire sans travail, il n'y a pas de fruit, mais sans fruit, l'arbre est coupé.

Avec notre libre arbitre, nous devons travailler pour remercier Dieu, et alors la Grâce nous aide aussi. Et si nous ne travaillons pas, alors la Grâce de Dieu ne nous aidera pas. Notre travail et la grâce de Dieu vont de pair.

Bien qu'il soit extrêmement difficile de supporter le chagrin, il est néanmoins très utile. Et nous devons nous préparer, avec l'aide de Dieu, à endurer l'opprobre, l'oppression, le mépris et le ridicule. Si nous nous préparons de cette façon, alors lorsque cela se produira, il nous sera plus facile de le supporter.

Il n'y a aucune raison de craindre la faiblesse parce que le Seigneur est descendu du ciel pour les faibles. Si quelqu'un réalise sa faiblesse et se repent, alors le Seigneur, dans sa bonté, ne se souviendra pas de son faiblesse et de ses péchés. Par-dessus tout, nous devons craindre notre fierté diabolique, notre vanité, notre hostilité et nos critiques. D'un autre côté, nos faiblesses rendent humbles notre piété imaginaire.

Lorsque vous dites à quelqu’un quelque chose au profit de l’âme, dites-le simplement. Vous n'avez pas à penser à la façon de l'influencer. Cela sera fait par la Grâce de Dieu, indépendamment de notre désir, tant que c’est seulement pour le bien de l'auditeur.

En période d'embarras, adoptez en règle générale le conseil des Pères sages en Dieu: si vous devez choisir entre deux maux, choisissez le moins mauvais, et si vous devez choisir entre deux vertus, choisissez la plus grande.

L'isolement temporaire est utile car l'esprit se détend un peu de toute nuisance. Et vivre dans la solitude ne guérit pas les passions, mais les diminue plutôt. Si vous vivez en observant les gens, vous atteindrez bientôt la conscience de soi, car il y en a beaucoup qui révèlent notre pourriture.

Chaque fois que quelque chose d'humain nous arrive, souvenez-vous que nous ne sommes pas plus sages que le sage Salomon, ni plus forts que le prophète David, ni plus zélés que l'apôtre Pierre.

Si vous construisez votre propre maison pour vous-même et que vous ne vous souciez pas des tiers, vous apprendrez comment construire des maisons pour les autres.

La connaissance dépourvue d'expériences spirituelles n'est qu'une tromperie.

La Bible ne doit pas être lue pour acquérir des connaissances, mais pour sauver nos âmes.

Ne soyez pas pressé de sauter haut, car dans la vie spirituelle, nous devons avancer avec patience et pas à pas.

L'insulte est très utile et la louange est très nuisible car elle dégrade la vie spirituelle. La vaine gloire nous lie trop et affaiblit notre libre arbitre.

Nous devons croire profondément en la Providence de Dieu et ne pas chercher à trouver les raisons de ce qui nous arrive.

Nous devons tout faire pour l'amour de Dieu et ne pas prêter attention aux gens, parce que les gens louent aujourd'hui et demain ils blâmeront

C'est dans la nature humaine de tomber et dans la "nature" du Diable de ne pas se repentir.

Seuls les saints anges vivent sans changement, glorifiant sans cesse le Seigneur. Et nous devons endurer. Lorsque nous vivons une expérience difficile, nous attendons la joie et lorsque nous ressentons la joie, nous attendons la tristesse.

Pour pouvoir vivre ensemble dans un monde spirituel, nous avons besoin de patience et d'humilité, et comme nous manquons de ces vertus, nous pensons : tout le monde est à blâmer, pas nous. Cependant, nous devons essayer de ne pas nous mettre en colère pendant longtemps, sinon la prière n'aura aucun effet.

Ce n'est que si une personne a le souvenir de la mort qu'elle aura un bon aperçu de sa vie éphémère temporaire.

La maladie et la douleur ne sont pas des manifestations accidentelles, mais sont envoyées par Dieu à notre avantage. Et ils peuvent être appelés habits de noce, dans lesquels nous pourrions entrer pour toujours dans la chambre nuptiale.

Il est très difficile de céder à l'autre - seules les grandes âmes peuvent le faire et les faibles sont attachés à eux-mêmes.

La propriété de l’orgueil est de vous voir seulement bon et tous les autres seulement mauvais. La qualité de l'humilité est de voir vos péchés et chez les autres de bonnes qualités.

Bien sûr, un travail physique est nécessaire, car sans lui, il n'y aurait pas de fruits. Cependant, nous savons que le travail physique n'est pas une vertu en soi, mais est une aide pour la vertu. Beaucoup travaillaient dur, mais ils ne produisaient pas de fruits parce que leur travail était extérieur et avait tué l'esprit.

Nous ne devons pas croire en nous-mêmes avant d’^tre étendus dans la tombe. Rester attaché à la vertu ne dépend pas de nous mais de la Grâce de Dieu. Et le Seigneur garde celui qui est humble: plus l'homme est humble, plus il accomplit de choses dans la vie spirituelle.

L'humanité est en ébullition et les pauvres ne connaissent pas le secret du monde intérieur, ils ne savent pas comment le trouver. Voici le secret : n'intervenez pas dans les affaires des autres et concentrez-vous sur vos propres faiblesses. Connaissez-vous vous-même seulement et en profondeur. Si cela est fait, croyez-moi, vous serez toujours en paix.

La vie que nous vivons est passagère et pleine de chagrins divers, dont on ne peut échapper à aucun, et ces chagrins sont différents pour chacun d’entre nous. Et comme l'âme a été créée à l'image et à la ressemblance de Dieu, personne ne peut jamais trouver de repos et de réconfort sauf en Dieu. Si nous suivons la volonté de Dieu, l’affliction ne nous dérangera que légèrement.

Les pensées d'où jaillissent le monde spirituel et la tendresse sont angéliques. Et les pensées d'où naissent l'embarras émotionnel et la frustration sont démoniaques.

L'humanité a inventé la bonté au lieu de l'amour et sous cette bonté se trouvent la vanité, l'hypocrisie, la méchanceté, la colère et d'autres passions spirituelles.

Celui qui juge les autres agit comme l'Antéchrist parce qu'il aspire à remplacer Dieu dans le Jugement [Dernier].

Plus votre cœur est pur, plus vous êtes proche de Dieu et le Royaume de Dieu sera en vous.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

vendredi 13 mars 2020

Liudmila Selenskaya: "JE SUIS ÉTERNELLEMENT RECONNAISSANTE AU STARETZ ALEXIS METCHOV"

Reliquaire du Juste Saint Alexis de Moscou. 
Photo de V.Khodakov / patriarchia.ru
*
Mes amis ont souvent dit en plaisantant que le quatrième enfant de toute famille a toujours une personnalité difficile et obstinée. Notre quatrième enfant, Aliocha [diminutif d'Alexis], en est la preuve vivante.

Dès sa naissance, il était difficile, regardant autour de lui avec gravité et méfiance, comme s'il nous demandait : "Etes-vous sûr d'être qualifié pour vous occuper de moi ?" Je me considérais comme une mère expérimentée, mais le garçon a rapidement détruit mes stéréotypes, et j'ai dû élever mon quatrième enfant comme si je partais de zéro, car mes techniques parentales éprouvées n'ont pas fonctionné avec lui. Jusqu'à ses deux ans, chaque jour passé avec lui était plus difficile que le jour précédent. J'étais épuisée.

Le chercher à la garderie était une sacrée entreprise. Parfois, il plongeait dans les tas de feuilles sales et je n'avais pas la force de le sortir de là ; une autre fois, il refusait de rentrer chez lui, insistant pour que nous allions ailleurs, et je devais le suivre même si je devais me préparer pour mes cours et finir de préparer la soupe. Le professeur de la garderie était souvent surpris de nous voir encore debout devant les portes une demi-heure après la fermeture de la garderie, parce que je ne pouvais pas le cajoler pour qu'il rentre chez lui. Heureusement, mon fils aîné était encore à la maison car il prenait des cours du soir au collège, alors je pouvais lui demander de l'aide. Je l'appelais et lui disais : "Kolya, s'il te plaît, viens nous chercher." Il descendait, prenait son frère sous le bras et le ramenait chez lui comme s'il était un tapis enroulé. Je me faufilais derrière eux, me préparant mentalement pour le prochain défi.

Quand Aliocha eut deux ans, nous avons voyagé en Russie. Quelques jours avant de quitter Moscou, je l'ai emmené à l'église Saint-Nicolas de Klyonniki, où le juste Alexis Metchov, saint patron d'Aliocha, avait l'habitude d'officier.

Son premier voyage en métro le bouleversa. Le bruit était manifestement trop fort à son goût, alors il s'agita presque tout le long du trajet et, à la fin, il se mit même à pleurer à chaudes larmes. Bien qu'il n'ait que deux ans, il était aussi grand qu'un enfant de quatre ans, ce qui compliquait les choses, car les gens attendaient de lui un comportement plus approprié. Le soulever pour le calmer n'était pas facile : il était trapu et lourd comme s'il était fait de fer.

Je réussie à le transporter de la station de métro à l'église en le poussant dans une poussette ou en le portant sous mon bras. Pour aggraver les choses, nous sortîmes du métro par la mauvaise sortie et nous nous perdîmes. Finalement, j'ai ouvert la porte de l'église et j'ai fait entrer Aliocha, qui pleurait de colère. Ébouriffé, avec mon foulard qui glissait de ma tête, j'ai fermé la porte derrière nous. Les vendeurs de cierges nous ont regardés, et l'un d'eux m'a dit : "S'il te plaît, calme ton enfant". Aliocha continuait à pleurer et n'avait évidemment pas l'intention de se calmer. Le fait de prendre le métro bruyant et bondé et d'être entouré de gens étranges le rendait grincheux. Je lui ai répondu : "Je suis désolée". "Je ne peux pas le calmer. Je suis venu ici pour demander à son saint patron, le père Alexis, de l'aider. Et j'ai conduit Aliocha aux reliques.

Aliocha a embrassé le reliquaire du père Alexis et s'est calmé.

Quand nous nous sommes approchés du reliquaire, je me suis incliné, et Aliocha a fait de même. Puis il a embrassé le reliquaire et s'est assis là, détendu, pendant environ cinq minutes. L'office était déjà terminé, il n'y avait personne autour, et le garçon ne voulait pas quitter l'église. Nous avons allumé un cierge et sommes rentrés chez nous au bout d'un moment.

Après ce jour, les choses ont commencé à s'améliorer. Je pouvais le convaincre, le faire rire, le surprendre ou le persuader de faire quelque chose. Il était prêt à négocier, mais je devais présenter des arguments solides comme le roc.

J'ai commencé à emmener Aliocha dans cette église chaque été. Par chance, nos visites tombaient toujours sur des jours importants pour la paroisse, comme le jour de saint Théodose de Totma ou le jour de l'icône de la Mère de Dieu Fedorovskaya. Nous nous approchions de la fin de l'office et nous écoutions les sermons émouvants.

Aliocha était presque au mieux de sa forme, faisant la queue pour recevoir la communion avec d'autres enfants et regardant autour de lui avec intérêt.

Je suis éternellement reconnaissant au staretz Alexis Metchov d'avoir aidé mon fils. Grâce aux prières du père Alexis, mon fils a une meilleure vision du monde et ne me met plus dans des situations embarrassantes aussi souvent qu'avant.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 12 mars 2020

Moleben d'intercession en cas d'épidémies


Moleben en temps de contagion et d'épidémie mortelle. [1]

Icône serbe

Le Moleben commence comme d'habitude.

Le diacre récite la Grande Ecténie de Paix et ajoute aux demandes :

"Afin qu'Il ne porte pas de jugement contre Ses serviteurs et qu'Il ne considère pas nos iniquités, mais qu'Il nous purifie, qu'Il soit miséricordieux et qu'Il épargne le peuple qui a péché, prions le Seigneur !

Prions le Seigneur pour qu'Il entende notre voix dans Sa Sainte Demeure, pour qu'Il nous guérisse du mal mortel qui nous menace, pour qu'Il éloigne les vagues d'iniquités qui nous troublent.

Prions le Seigneur pour qu'il nous délivre rapidement des liens mortels et nous libère des maladies infernales.

Afin que, par Sa Grâce, Il prolonge le temps de pénitence de Ses Serviteurs, qu'Il ne nous punisse pas comme le figuier stérile, mais que, par Sa Grâce, Il crée une protection autour de nous et nous ondoie avec la rosée de Sa miséricorde et que, dans Son Amour des hommes habituel, Il attende patiemment notre repentance et notre conversion, prions le Seigneur !

Afin qu'Il éloigne avec miséricorde les portes de la mort et qu’Il nous évite le glaive menaçant, l'arc sous-jacent, les flèches brûlantes et les fioles mortelles préparées pour nous et qu'Il ne nous laisse pas mourir, prions le Seigneur..."

Après "Le Seigneur est Dieu et Il nous est apparu..." on chante au Ton 6:

"Délivre Tes serviteurs du malheur.
Seigneur miséricordieux,
car avec ferveur nous avons recours à Toi,
Seigneur Jésus, Maître compatissant,
Et Sauveur de tous."

Prokimenon Ton 4:

"Seigneur dans Ta colère, ne m'oppresse pas / et ne me punis pas dans Ta colère."
Verset : "Parce que tes flèches m'ont transpercé, et que ta main s’est appesantie sur moi "

Lecture de l’Epitre aux Hébreux (12:6,13)

"Car le Seigneur châtie celui qu'il aime, Et il frappe de la verge tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils. Supportez le châtiment: c'est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu'un père ne châtie pas? Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils. D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie? Nos pères nous châtiaient pour peu de jours, comme ils le trouvaient bon; mais Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté. Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice. Fortifiez donc vos mains languissantes Et vos genoux affaiblis; et suivez avec vos pieds des voies droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse.

Lecture de l'Évangile selon saint Luc (4:38,44)

" En sortant de la synagogue, il se rendit à la maison de Simon. La belle-mère de Simon avait une violente fièvre, et ils le prièrent en sa faveur. S'étant penché sur elle, il menaça la fièvre, et la fièvre la quitta. A l'instant elle se leva, et les servit. Après le coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses maladies les lui amenèrent. Il imposa les mains à chacun d'eux, et il les guérit. Des démons aussi sortirent de beaucoup de personnes, en criant et en disant: Tu es le Fils de Dieu. Mais il les menaçait et ne leur permettait pas de parler, parce qu'ils savaient qu'il était le Christ. 

Dès que le jour parut, il sortit et alla dans un lieu désert. Une foule de gens se mirent à sa recherche, et arrivèrent jusqu'à lui; ils voulaient le retenir, afin qu'il ne les quittât point. Mais il leur dit: Il faut aussi que j'annonce aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu; car c'est pour cela que j'ai été envoyé. Et il prêchait dans les synagogues de la Galilée.

*

A l’ecténie : "Aie pitié de nous, Seigneur..." le diacre ajoute:

"Nous avons péché et commis l'iniquité, c'est pourquoi, Seigneur notre Dieu, Ta colère nous a frappés, l'ombre de la mort nous enveloppe, nous nous sommes approchés des portes de l'enfer, mais dans notre chagrin, avec humilité, nous Te crions : épargne, épargne Ton peuple, ne le détruis plus jamais, Nous T’en prions humblement, écoute-nous et aie pitié de nous.

Seigneur Tu es le Maître de la vie et de la mort, ne jette pas les âmes de Tes Serviteurs dans la mort, mais arrête Ta colère, calme Ta fureur, sinon nos jours seront dispersés comme de la fumée, nos forces seront perdues, et nous serons définitivement perdus à cause de nos péchés ; sois miséricordieux envers Tes Serviteurs qui se repentent en pleurant, nous T’en prions, écoute-nous et aie pitié de nous.

Souviens-toi, Seigneur, que nous ne sommes que chair, enclins au mal, ne nous méprise pas, chasse avec miséricorde Ta colère qui nous menace à juste titre, et nous blesse comme un glaive, arrête la maladie, guéris le fléau qui nous anéantit. Ce ne sont pas les morts qui Te loueront, ni tous ceux qui descendent en enfer, mais nous, les vivants, nous Te louons et, dans la douleur, nous te prions en pleurant : écoute-nous et aie pitié de nous.

Plus que tout autre, Maître, nous avons péché contre Toi et commis l'iniquité : si nous n'avons pas accompli notre pénitence, accepte cette supplication comme un repentir, sois-nous favorable, Toi le Tout-Puissant, libère Tes Serviteurs, de tout mal mortel, de toute maladie grave, nous T’en prions en pleurant, écoute-nous et aie pitié de nous.

Oublie les iniquités et les transgressions de Ton peuple, ne juge pas Tes serviteurs, ne Te détourne pas d'eux dans Ta colère, si Tu tiens compte des iniquités, qui subsistera ? Nous sommes poussière et cendre et notre existence n'est rien devant Toi... Sois miséricordieux, généreux et ami des hommes, ne nous détruis pas pour nos péchés dans Ta fureur, nous Te prions, ô Dieu très Bon, écoute-nous et aie pitié de nous.

Toi qui ne veux pas la mort des pécheurs mais qu’il se convertisse et qu’il vive, Toi la source de Vie, renouvelle-nous par Ton juste jugement, nous qui méritons la mort : car Tu es le Dieu Qui a pouvoir sur les vivants et les morts, ne nous détruis pas par Ta colère pour nos péchés, nous Te prions en pleurant avec nos cœurs tristes, écoute-nous et aie pitié de nous.

Seigneur, jette un regard sur les maux de Ton peuple, sois compatissant, ordonne à l'Ange qui a tendu la main pour nous détruire, comme Tu l'as fait au temps de David, de se calmer et de retenir sa colère afin de ne pas nous détruire totalement. Et nous, repentis, nous confessons : nous avons péché et commis l'iniquité et nous ne sommes pas dignes de Ta miséricorde, mais Toi qui es généreux, montre Ta seule Grâce, comme Tu l'as fait autrefois et aie pitié de Ton peuple, des brebis de Ton pâturage, nous Te prions de nous écouter et d'avoir pitié de nous".

Après l'ecphonèse, le diacre dit :

"En toute humilité, en fléchissant les genoux, prions le Seigneur."

Chœur : "Kyrie eleison" trois fois.

Alors que tout le monde est à genoux, le prêtre lit cette prière :

"Seigneur notre Dieu, jette un regard du haut de Ta sainteté pour recevoir la prière de Tes serviteurs indignes et pécheurs, nous qui pour nos iniquités avons suscité Ta colère et irrité Ta compassion et provoqué Tes menaces, apaise Ta colère, Retire Ton glaive menaçant qui nous blesse invisiblement, épargne Tes serviteurs misérables, n'envoie pas nos âmes à la mort alors que nous nous prosternons devant Toi, notre Dieu miséricordieux, propice et bienveillant, le cœur contrit, pleurant et repentant.


Car à Toi appartiennent le pardon et le salut, ô notre Dieu, et nous Te rendons gloire, Père, et Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et aux siècles des siècles.

Pour finir, suit le congé du jour.

*
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


NOTE:

[1] Moleben pour un ou plusieurs malades: 

(En français)
file:///Users/claudelopez/Downloads/intercession_malades-choeur%20(1).pdf

(En anglais)
Ordo habituel du moleben dans l'ERHF  avec prêtre

Service du lecteur ( sans prêtre)

***

Sur Orthodoxie.com: Le métropolite de Volokolamsk Hilarion : « Le format ‘Amman’ des consultations se poursuivra »


mercredi 11 mars 2020

Le chrétien véritable et le monde

Saint Philarète de Moscou

*

Un poisson vivant nage à contre-courant.

Celui qui est mort flotte et descend au fil de l'eau.

Un chrétien véritable va à contre-courant de cette époque pécheresse.

Un faux chrétien est emporté par la rapidité du courant.

*

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Père Stephen Freeman: Comment faire que notre prière durant le Grand Carême soit plus forte!



Photo: https://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/

Les actes traditionnels d'ascèse associés au Grand Carême (et à l'ensemble de la vie chrétienne) sont la prière, le jeûne, l'aumône et le repentir. D'après mon expérience, les fidèles orthodoxes ont tendance à se concentrer sur le jeûne et, peut-être, sur une bonne confession. Si nous avons des faiblesses, elles se trouvent dans nos prières et nos aumônes. Ces deux aspects sont liés. Le Christ a dit :

Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu'ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer. (Luc. 16, 9)

Pour beaucoup, ce dicton semble extrêmement obscur. Qui sont ces amis qui nous recevront ? Ce sont les pauvres. Comme Lazare dans la parabole, ils reposeront dans le sein d'Abraham. Le riche a appelé à l'aide mais n'en a pas trouvé. Le Christ suggère ici que si le riche s'était "lié d'amitié" avec Lazare par des actes de miséricorde, de bonté et de générosité, il aurait trouvé une aide immédiate et un chemin de l'Hadès au Paradis.

Si vous voulez renforcer vos prières, faites-vous des amis des pauvres. Cette histoire en est une excellente illustration :

Sous le règne d'Alexandre Ier, un certain noble tomba en disgrâce avec le tsar. Sa femme demanda au Père Nazaire [Higoumène du Monastère de Valaam] de prier pour que le cas de son mari se termine bien. "Très bien, répondit le staretz, mais il faut d'abord demander l'aide des proches du Tsar".

"Nous l'avons déjà fait", a-t-elle répondu, "mais il y a peu d'espoir."

"Mais vous n'avez pas demandé à ceux qui avaient besoin qu'on leur demande", a déclaré le Père Nazaire. "Donne-moi de l'argent, et je demanderai à ceux que je connais."

La femme lui donna cinq pièces d'or. "Non," dit-il, "elles ne sont pas bonnes. Vous n'avez pas de petite monnaie en cuivre ou en argent ?" Le père Nazaire  prit l'argent et pendant la journée, il le donna aux pauvres et aux malheureux. Il retourna chez la femme vers le soir.

"Gloire à Dieu", dit-il, "les proches du Tsar ont promis de vous aider. Après cela, il fut informé de l'issue favorable de l'affaire du dignitaire. L'homme et sa femme se réjouirent et voulurent savoir exactement qui l'avait aidé avec le Tsar. Ils furent étonnés lorsque le staretz leur dit que c'était les pauvres, ceux qui sont proches du Roi Céleste. Profondément touchés par la piété du staretz, ils gardèrent pour lui un grand respect et un grand amour jusqu'à la fin.

Par lui [le Christ], offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-a-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n'oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir.(Cf.Hébreux 13:15-16 )
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Humour noir phanariote et mégalochutzstpah (חֻצְפָּה)

Mégalohoutspatrologue* Bartholomée

***


Ceux qui conduisent les brebis du Christ 

pour les soumettre à eux-mêmes 

plutôt qu’au Christ 

prouvent qu’ils n’aiment pas le Christ, 

mais eux-mêmes. 

(Bienheureux Augustin d'Hippone)

***


Comme le dit la sagesse profane, quand les bornes sont passées, il n'y a plus du tout de limites! Quels chrétiens orthodoxes dignes de ce nom peuvent encore entendre de tels mensonges éhontés dans la bouche d'un clerc sans avoir de sérieux doutes sur la santé mentale de ce persécuteur de l'Eglise, locuteur mégalomane imbu de sa propre haute suffisance?

Par pitié, que l'on cesse une fois pour toute d'invoquer le respect qui serait dû à sa personne. Que l'on n'excipe pas non plus de sa qualité (?) de patriarche (?) pour faire taire les critiques légitimes que provoquent sa conduite inqualifiable. S'il suscitait par sa rectitude et ses actes le respect, il serait non seulement possible, mais obligatoire de manifester ce respect. Ce n'est plus, hélas! depuis longtemps le cas! Alors que l'on cesse de s'incliner devant l'orgueilleuse ignominie.

Seuls l'indignation et le mépris conviennent pour celui qui n'entend pas les voix multiples qui lui disent qu'il se trompe et qu'il fait du mal à unité de l'Orthodoxie dont il se vante abusivement d'être le représentant universel. 

Son cas ne relève plus des canons orthodoxes, ni de la tradition des Pères -qu'il méprise et piétine sans cesse- mais de la psychiatrie.

Si la Tradition des saints Pères avait donné aux Patriarches de Constantinople, un rôle quasi-papal, comment peut-on expliquer qu'un relativement grand nombre de ces patriarches aient été déposés ou bien aient abdiqué?

Petite liste sommaire:


535–536 : Anthime Ier de Constantinople ; déposé [avait défendu le monophysisme].


552–565 : Eutychius de Constantinople (1) ; déposé [condamné par ses évêques].


847–858 : Ignace (1) déposé condamné par un synode.


Voici les suivants, on peut découvrir les raisons de leur déposition en faisant une simple recherche...

1075–1081 : Cosmas Ier, abdication ;

1081–1084 : Eustrate Garidas, abdication ;

1146–1147 : Cosmas II Atticus, déposé ;

1179–1183 : Théodose le Boradiote, déposé ;

1183–1186 : Basile II Kamatéros, déposé ;

1276–1282 : Jean XI Vekkos ; destituté

1353–1354 : Philothée Kokkinos (1), déposé

et récemment...

1921-1923 Mélèce IV chassé par le peuple orthodoxe de Constantinople. Si la personne du tenancier du siège est si sacrée, comment expliquer que le peuple orthodoxe lui-même ait pu chasser cet aventurier méphitique responsable du schisme du calendrier? Et si le rôle de Constantinople/Istanbul est si unique et exceptionnel, pourquoi fut-il ensuite patriarche d'Alexandrie où son plus grand titre de gloire fut de chasser d'Egypte saint Nectaire d'Egine!


1946-1948 Maxime V, Ecarté du siège de Constantinople pour complaire aux USA: il sera remplacé par l'américanophile impénitent Athénagoras de malheureuse mémoire. On prétend encore que Maxime V était malade, raison pour laquelle il avait dû se retirer! Pieux (!) mensonge dont le siège d'Istanbul semble avoir le génie et la spécialité récurrente.
C-L.-G.


***

Message suivant paru dans orthodoxie.com à l'origine du commentaire ci-dessus...

Dans son homélie du Dimanche de l’Orthodoxie, le patriarche Bartholomée a évoqué l’autocéphalie ukrainienne:

Lire ce tissu d'incommensurable culot phanariote

NOTE:
Mégalohoutspatrologue, grand spécialiste du bavardage insolent/impertinent, vient de Chutzpah (/ˈhʊt.spə/ ou /ˈxʊt.spə/) qui est une forme d'audace, en bien ou en mal. Le mot provient de l'hébreu ḥutṣpâ (חֻצְפָּה), qui signifie « insolence », « audace » et « impertinence ». Dans l'usage moderne, il a pris un éventail plus large de significations.

En hébreu, le mot chutzpah marque une indignation envers quelqu'un qui a dépassé outrageusement et sans vergogne les bornes du comportement acceptable.

[...]Chutzpah peut être utilisé pour exprimer l'admiration envers un culot non-conformiste. Cependant, dans Les Joies du Yiddish, l'expression est illustrée par l'histoire du parricide implorant l'indulgence du tribunal en s'exclamant « Ayez pitié d'un pauvre orphelin »...


Le mot est aussi passé du yiddish au polonais (hucpa), à l'allemand (Chuzpe), au hollandais (gotspe) et à l'anglais (américain) (chutzpah) ; il désigne l'arrogance, le toupet, l'
audace, le culot et l'absence de honte. (source: Wikipedia)

mardi 10 mars 2020

La vie de Saint Photine, la Samaritaine (26 février/10 mars)

Sainte Photinie et le Christ par Alexandra Tsigkou

Le Nouveau Testament décrit le récit familier de la "femme au puits" (Jean 4:5-42), qui était une Samaritaine. Jusqu'à ce moment, elle avait mené une vie de péché, qui se solda par une réprimande de la part de Jésus-Christ. Cependant, elle répondit à l'avertissement sévère du Christ par une véritable repentance, fut pardonnée de ses péchés et se convertit à la foi chrétienne - en prenant le nom de "Photinie" au baptême, qui signifie littéralement "l'illuminée."

Figure importante de la communauté johannique, la Samaritaine, comme beaucoup d'autres femmes, contribua à la diffusion du christianisme. Elle occupe donc une place d'honneur parmi les apôtres. Dans les sermons grecs du IVe au XIVe siècle, elle est appelée "apôtre" et "évangéliste". Dans ces sermons, la femme samaritaine est souvent comparée aux disciples et aux apôtres masculins et on trouve qu'elle les surpasse.

Plus tard, les hagiographes byzantins ont développé l'histoire de la Samaritaine, en commençant là où Saint Jean s'est arrêté. À la Pentecôte, Sainte Photine a reçu le baptême, ainsi que ses cinq sœurs, Anatolie, Photo, Photis, Parascève, Kyriakie, et ses deux fils, Photinos et Joseph. Elle a ensuite commencé une carrière missionnaire, voyageant de loin en loin, prêchant la bonne nouvelle de la venue du Messie, de Sa mort et de Sa résurrection. Lorsque Néron, l'empereur de Rome, commença à persécuter les chrétiens, Photine et son fils Joseph se trouvaient à Carthage, en Afrique, où elle prêchait l'Evangile chrétien. Après que Jésus soit apparu à Photine dans un rêve, elle s'embarqua pour Rome. Son fils et de nombreux chrétiens d'Afrique l'accompagnèrent. L'arrivée et l'activité de Photine suscita la curiosité dans la capitale. Tout le monde parlait d'elle, "Qui est cette femme ?" demandaient-ils. "Elle est venue ici avec une foule de fidèles et elle prêche le Christ avec beaucoup d'audace."

Les soldats reçurent l'ordre de l'amener à l'empereur, mais Photine les devança. Avant qu'ils ne puissent l'arrêter, Photine, avec son fils Joseph et ses amis chrétiens, se rendit à Néron. Quand l'empereur les vit, il demanda pourquoi ils étaient venus. Photine répondit : "Nous sommes venus pour t’apprendre à croire au Christ." Le souverain à moitié fou de l'Empire romain ne lui fit pas peur. Elle voulait le convertir ! Néron demanda aux saints leurs noms. De nouveau, Photine répondit. Elle se présenta par son nom, ainsi que ses cinq sœurs et son fils cadet. L'empereur demanda alors s'ils avaient tous accepté de mourir pour le Nazaréen. Photine parla en leur nom. "Oui, pour l'amour de Lui nous nous réjouissons et en Son nom nous mourrons volontiers." Entendant leurs paroles provocatrices, Néron ordonna qu'on leur frappe les mains avec des barres de fer pendant trois heures. À la fin de chaque heure, un autre persécuteur se chargeait de les battre. Les saints, cependant, ne ressentaient aucune douleur. Rien n'arriva à leurs mains. Photine cita avec joie les paroles d'un psaume de David : "Dieu est mon secours. Quoi qu'on me fasse, je n'aurai pas peur." ( Cf. Psaume 53) Perplexe devant l'endurance et la confiance des chrétiens, Néron ordonna de jeter les hommes en prison. Photine et ses cinq sœurs furent amenées dans la salle de réception dorée du palais impérial. Là, les six femmes étaient assises sur des trônes d'or. Devant elles se tenait une grande table d'or couverte de pièces de monnaie, de bijoux et de robes en or. Néron espérait tenter les femmes par cet étalage de richesse et de luxe. Néron ordonna alors à sa fille Domnina, avec ses filles esclaves, d'aller parler aux femmes chrétiennes. Les femmes, pensait-il, réussiraient à persuader leurs sœurs chrétiennes de renier leur Dieu.

Domnina salua gracieusement Photine, en mentionnant le nom du Christ. En entendant la salutation de la princesse, la sainte remercia Dieu. Elle étreignit ensuite Domnina et l'embrassa. Les femmes parlèrent. Mais l'issue de la conversation des femmes ne fut pas celle que Néron souhaitait.

Photine catéchisa Domnina et ses cent filles esclaves et les baptisa toutes. Elle donna le nom d'Anthousa à la fille de Néron. Après son baptême, Anthousa commanda immédiatement que tout l'or et les bijoux de la table d'or soient distribués aux pauvres de Rome.

Lorsque l'empereur apprit que sa propre fille avait été convertie au christianisme, il condamna Photine et tous ses compagnons à la mort par le feu. Pendant sept jours, la fournaise brûla, mais quand la porte de la fournaise fut ouverte, on vit que le feu n'avait pas fait de mal aux saints.

Ensuite, l'empereur essaya de détruire les saints avec du poison, Photine proposa d'être la premier à le boire. "Ô Roi," dit-elle, "je boirai le poison en premier afin que tu puisses voir la puissance de mon Christ et de Dieu." Tous les saints burent ensuite le poison après elle. Aucun ne souffrit de ses effets néfastes. En vain, Néron soumit Photine, ses sœurs, ses fils et ses amis à toutes les tortures connues. Les saints survécurent indemnes pour narguer et ridiculiser leur persécuteur.

Pendant trois ans, ils furent détenus dans une prison romaine. Sainte Photine la transforma en "maison de Dieu". De nombreux Romains vinrent dans la prison, se convertirent et furent baptisés.

Finalement, le tyran enragé fit décapiter tous les saints, sauf Photinie. Elle fut d'abord jetée dans un puits profond et sec, puis de nouveau en prison. Photinie s'affligea alors d'être seule, de ne pas avoir reçu la couronne de martyre avec ses cinq sœurs, Anatole, Photo, Photis, Parascève et Kyriakie et ses deux fils, Photinos et Joseph.

Nuit et jour, elle pria pour être libérée de cette vie. Une nuit, Dieu lui apparut, fit le signe de la croix sur elle trois fois. La vision la remplit de joie. Plusieurs jours plus tard, alors qu'elle chantait et bénissait Dieu, sainte Photine remit son âme entre les mains de Dieu. La Samaritaine s'était entretenue avec le Christ au bord du puits de Jacob, près de la ville de Sychar. Elle avait bu de "l'eau vive" et obtenu la vie et la gloire éternelles. De génération en génération, les chrétiens orthodoxes adressèrent cette prière à la femme exaltée par le Messie lorsqu'il s'était assis près du puits en Samarie et parla avec elle :

Tropaire Ton 3

Illuminée par le Saint-Esprit,
Ô Toute Glorieuse,
Tu as bu l'eau du salut du Christ Sauveur
De te main main ouverte, tu en donnes à ceux qui ont soif.
Grande martyre Photine, égale des apôtres,
Prie le Christ pour le salut de nos âmes.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après
Orthognosia
*

Vie/Video en Anglais



Tropaire en Grec



lundi 9 mars 2020

Valery Seryakov: GRAND-MÈRE KATYA, LA FEMME VERTUEUSE DE 105 ANS DE LA BOYAROVKA. UNE HISTOIRE VRAIE

Une vieille femme à la fenêtre un jour de pluie.
Par Valentin Sidorov. 1953
    
La rencontre

C'est ainsi que j'imagine le village dans ma mémoire. Mon père et moi marchions, par un morne matin d'hiver, sur une piste pleine d'ornières faites par une machine au milieu de la rue, avec des maisons qui surgissaient pour nous hors du brouillard. Le nom du village était Boyarovka [un petit village du district de Bachmakovo dans la région de Penza en Russie]. C'était un village ordinaire avec une école, un conseil de village et un pont sur une petite rivière peu profonde qui, en hiver, était gelée jusqu'au fond. Une rue sans nom avec de vieilles maisons délabrées qui s'enfonçaient dans le sol. Les fenêtres des maisons habitées étaient éclairées, et la fumée coulait gaiement par les cheminées. Des bâtiments déserts, abandonnés par leurs propriétaires, regardaient d'un air sombre les étrangers avec les "orbites" de leurs ouvertures noires et vides sans fenêtres. Ils n'accueillaient aucun invité et n'attendaient pas leurs anciens habitants.

Au bout de la rue, sur une petite colline, se dressait une petite maison de presque deux mètres sur deux, avec un petit potager. Son toit en ardoise, bas et en pente, était recouvert d'une couche de neige d'un mètre d'épaisseur. Le portail de la clôture avait été dégagé par quelqu'un, et un étroit sentier battu menait à la maison. Mon père et moi sommes montés jusqu’à la porte, et mon père a frappé. Une femme du conseil du village nous avait prévenus : "Frappez, mais ne partez pas. Attendez. Mamie Katya [diminutif du nom Ekaterina] n'ouvre pas tout de suite". Il est clair que la propriétaire avait 105 ans et, comme nous l'imaginions, elle ne pouvait pas se déplacer rapidement. Nous avons donc attendu...

Finalement, la porte s'est légèrement ouverte. Elle semblait ne pas avoir été verrouillée du tout. Dans l'embrasure de la porte, nous avons vu une petite silhouette fragile dans une robe marron informe qui atteignait le sol. La vieille dame portait un bonnet blanc à l'ancienne avec un large bord. Une voix faible, comme le bruissement du vent, nous a invités à entrer : "Entrez". Nous avons suivi l'hôtesse dans sa hutte. Elle se déplaçait à un rythme normal, pas lentement. Il y avait un poêle, un lit, une table, trois chaises et un tabouret (tous petits) dans sa petite chambre avec son plafond juste au-dessus de nos têtes. Au milieu de la pièce, il y avait une petite cuisinière électrique circulaire à une plaque chauffante de l'époque stalinienne, avec un serpentin de chauffage ouvert sur le tabouret. Des champignons bouillaient dans une marmite en fonte dans la cuisinière.

Le mur opposé à la porte était couvert d'icônes de haut en bas. Il y avait quelques autres icônes, ainsi que de nombreuses vieilles photos brunes, délavées, dans des cadres en bois sur le mur adjacent. Dans mon enfance, dans notre village, la coutume était d'accrocher des photos des maîtres de maison, des ancêtres et des parents à la place d'honneur.

J'ai grandi avec des icônes et je les aime beaucoup. Bien que je ne sois pas un expert, j'en ai une certaine connaissance. À première vue, la vieille dame n'avait pas d'icônes "de valeur". Les icônes en bois (travail des iconographes locaux) avaient été "restaurées" plus d'une fois de façon si amateur que vous n'auriez jamais deviné ce qui était représenté sur les images originales. Et il y avait des œuvres brutes de l'Ere de la Stagnation [1], faites à la main dans des boîtes : des dessins en noir et blanc, peints à l'aniline et décorés avec du papier d'aluminium et des fleurs artificielles.

Mamie Katya nous a fait un geste vers les chaises. Papa et moi nous sommes assis à la table en face de la fenêtre, pendant que l'hôtesse s'asseyait sur sa petite chaise de côté. Le bord de son bonnet était si grand qu'il couvrait la moitié de son visage, et ses yeux étaient complètement cachés. La vieille dame était si petite et si fragile qu'elle semblait éthérée. Il n'était pas évident de savoir s'il était utile de lui poser des questions, si elle comprendrait ce qu'on lui demandait et serait capable de répondre. Papa lui a posé plusieurs questions. Mamie Katya répondit à voix basse et en un mot.

"Mamie, en quelle année es-tu née ?"

"Dans telle ou telle année."

"Et où as-tu travaillé ?"

"A la maison".

J'allais poser la question suivante, mais mon père m'en a empêché :

"Mamie Katya, on dit que tu es très religieuse."

Elle a levé la tête et s'est transformée instantanément. Un regard intelligent, pénétrant et serein. Et sa voix est devenue jeune et résonnante :

"Oui. Et toi? Es-tu religieux ? Crois-tu en Dieu ?" dit-elle en s'adressant à mon père.

"Je ne suis pas sûr", confessa-t-il honnêtement.

"Et toi, fiston ?" m'a-t-elle demandé.

"Oui, je crois en Dieu !"

"C'est lui que j'ai attendu ce jour ! Mon chéri ! s'exclama joyeusement la vieille dame. Elle étendit le bras et me toucha la tête :

"En lisant le Psautier ce matin, j'ai vu que j'aurais un invité aujourd'hui. Parfois, quand je lis le Psautier, je prévois en quelque sorte certains événements. J'ai pensé que Katya, du conseil du village, me rendrait probablement visite. Elle me rend visite de temps en temps. Mais elle n'est pas religieuse, alors que mon invité le serait... Fiston connais-tu des prières, par exemple, le "Notre Père" ?"
"Oui, grand-mère Katya."

"Mon chéri ! Et "Vierge Marie, Mère de Dieu, réjouis-toi " ?

"Oui !
"Tu as une bonne tête ! Et le Credo ?"

"Oui."

Mamie Katya voulait se lever à moitié, mais je l'ai devancée, je me suis levé et je me suis approché d'elle. La vieille dame a posé ses mains sur mes coudes :

"Fiston! Mon trésor ! C'est celui que j'attendais tant !"

La seule femme au monde qui serait aussi heureuse de me voir que grand-mère Katya était ma propre grand-mère. Je me suis penché et j'ai doucement touché son bonnet avec mes lèvres. Tout nageait devant mes yeux à cause des larmes qui s'étaient précipitées à l'improviste...

Ainsi, sans pèlerinage dans des couvents lointains, sans pétitions, sans prières et sans jeûne, le Seigneur m'a béni de la joie de voir une femme sainte dans ma vie, ma grand-mère Katya.

L'histoire de grand-mère Katya

"Personne ne m'a appris à lire. Je ne me souviens pas qu'on m'ait montré les lettres. Je n'ai pas été à l'école. J'ai appris à lire par le Psautier dès l'âge de cinq ans, et j'ai lu le Psautier toute ma vie. L'Évangile, les Actes et les Épîtres - je ne me souviens pas d'un seul jour où je ne les ai pas lus. Je suis allé à l'église dès mon enfance..."

Mamie Katya avait observé tous les jeûnes aussi longtemps qu'elle s'en souvenait, pour ne pas dire plus. En réalité, pour elle, le jeûne était aussi naturel que la respiration. Lui offrir de la nourriture non carémique un mercredi ou un vendredi reviendrait à lui suggérer de voler une voiture. Peu importe qu'il s'agisse d'une Ferrari ou d'une Lada, en danger ou en sécurité, je ne la prendrais pas comme cadeau. Et grand-mère Katya s'est abstenue de manger de la viande toute sa vie.

"J'ai vécu dans cette maison toute ma vie. Je n'en suis partie qu'une fois, pendant un mois, quand mon voisin, que Dieu ait son âme, y a mis le feu", a-t-elle poursuivi, faisant le signe de croix.

"Pourquoi a-t-il fait cela ?" Je me suis demandé.

"J'allais à l'église, et il n'aimait pas les gens religieux. Mais les gens m'ont aidé à réparer les dégâts de ma maison, et je suis revenu... J'étais très malade depuis l'enfance. J'étais tout le temps malade à cause de mes mauvais poumons. Même si je ne pouvais pas travailler dans la ferme collective, j'ai appris à très bien coudre avec une machine à coudre et j'ai travaillé comme couturière. Je cousais donc depuis la maison pour gagner mon pain. Je n'ai rien pris pour mon travail, sauf de la nourriture. Je ne peux pas tenir de l'argent dans mes mains. Dès que je touchais de l'argent, l'Ennemi me battait. Et je me sentais mal pendant plusieurs jours après ça..."

Mon père posa la question :

"Quel Ennemi ?... Oh, oui, je vois..."

Elle a continué :

"Je n'ai pas du tout besoin d'argent. Qu'est-ce que je vais acheter avec ? Je n'ai jamais faim ; je cultive encore quelque chose dans mon potager et cela me suffit. J'ai toujours cousu des vêtements pour moi. Quant à l'argent, j'envoyais toujours mon salaire et, plus tard, ma pension à la Fondation pour la paix. J'ai fait des demandes, en leur demandant de transférer l'argent chaque fois immédiatement pour que je puisse éviter d'y toucher. À l'époque, on ne pouvait pas transférer de l'argent aux églises sans devenir un ennemi. Mais plus tard, il est devenu possible d'envoyer de l'argent pour la construction de la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou et des églises ailleurs...

"J'aimais beaucoup l'église ; j'assistais à tous les offices et ne les manquais jamais. Quand notre églisefut fermée, nous sommes allés à l'église de Lipovka [l'église de l'icône de Kazan à Lipovka, un grand village du district de Bashmakovo dans la région de Penza] qui n'a jamais été fermée. Et maintenant, des prêtres me rendent visite de temps en temps. Notre village n'a toujours pas d'église, alors les prêtres de Lipovka, de Bachmakovo, du district voisin et même de la région de Tambov viennent ici pour faire des services funéraires et d'autres offices nécessaires. Ils me connaissent tous et viennent me voir chaque fois pour me donner la communion. Je communie plusieurs fois par an.

"Je me souviens très bien de la Révolution. J'étais déjà grande à cette époque. Les gens se réjouissaient en traversant le village, portant des drapeaux rouges et criant : "Terre et liberté ! Mais j'étais mal à l'aise et j'avais le pressentiment qu'une terrible tragédie allait se produire. Je voulais aussi dire "Terre et liberté", mais les mots me sont restés dans la gorge et je n'ai pas pu le faire. J'ai versé des flots de larmes...

"Nous, croyants, avons pris très au sérieux l'exécution du Tsar et de sa famille. Les gens ont répandu des rumeurs selon lesquelles ce n'était pas le cas, qu'ils étaient soi-disant vivants. Peu après la révolution, les persécutions anti-églises ont commencé. Notre église a été fermée et notre prêtre arrêté dans les années 30".

Mamie Katya s'est levée de la table et s'est approchée des photos sur le mur. Elle a montré une photo générale de plusieurs clercs en habits.

"C'est l'évêque Benoît de Tambov au centre. Il a été arrêté et exécuté par un peloton d'exécution. Ce prêtre a servi dans le village voisin, puis est mort dans les camps. Je connaissais aussi ce prêtre... Tous les clercs représentés sur cette photo ont été arrêtés et ont péri. Seul notre père Trophime a survécu - le voici. Et voici une photo de lui seul."

Le père Trophime avait le visage d'un intellectuel : un front haut, un contour des lèvres clair. Il portait des lunettes à l'ancienne avec des verres ronds. Il avait des yeux frappants : grands ouverts, intelligents et en même temps naïfs, comme ceux d'un enfant. Son regard était celui d'une personne sans défense et sans peur. Mamie Katya avait exactement les mêmes yeux.

"Le père Trophime et sa femme ont été arrêtés. Il a été condamné à quinze ans de travaux forcés dans les camps et a purgé treize ans. Sa femme fut également condamnée et languit dans les camps de travail. Ils avaient une fille, membre du Komsomol, qui a renié ses parents et n'a donc pas été inquiétée. Elle était très active et se produisait toujours dans le club...

"Je ne me souviens plus en quelle année c'était. C'était en novembre, quand une vague de froid est arrivée en avance. C'était la veille de la fête de l'icône de Kazan. L'obscurité est tombée. Comme j'avais de la farine en réserve, j'ai fait de la pâte à crêpes pour la fête. Au lieu de sucre, j'ai fait mijoter des betteraves dans la marmite en fonte. Soudain, quelqu'un a frappé à ma fenêtre. Et une voix a dit : "Mamie Katya, s'il te plaît, ouvre. Mon Dieu ! Le père Trophime se tenait sur le seuil et frissonnait de froid. Il portait un léger manteau d'automne, des chaussures à semelles de bois et tenait une petite valise dans ses mains.

Mamie Katya, tu me laisses entrer ?

Père ! Bienvenue !!!

"Il avait l'air mince et pâle...

Mamie Katya, je peux rester avec toi un moment ?

Bien sûr !!!

"Alors le père Trophime est resté avec moi. Mais les autorités ne voulaient pas le laisser seul. Il était constamment invité quelque part : pour des baptêmes, des mariages à l'église, des funérailles, etc. Tout cela se faisait en secret : le père Trophime partait et revenait la nuit. Mais on ne peut pas cacher une anguille dans un sac : il était constamment dénoncé aux autorités, et les inspecteurs nous harcelaient. Un chef arrivait, entrait et disait :

Camarade prêtre ! Nous avons reçu des informations contre vous. À telle date, vous avez fait le baptême dans un village voisin, et à telle date, vous avez fait la Sainte Onction sur un malade dans tel endroit. Est-ce vrai ?

Oui, c'est vrai. Vous voyez, je suis un prêtre et je n'ai pas le droit de refuser".

Vous voulez retourner dans les camps de travail ?

Faites ce que vous savez le mieux faire.

"Et le chef faisait un peu de bruit en guise d'avertissement, puis se mettait au travail :

"D'accord, je peux ignorer la plainte. Mamie, tu as du beurre, des œufs, de la viande ? Donne-moi tout ce que tu as".

"Mais où pourrais-je trouver tout cela ? Parfois, j'empruntais de la nourriture à mes voisins... Une fois, deux fonctionnaires du conseil de district sont venus. Ce jour-là, je n'avais pas de beurre, pas d'œufs, rien de valeur... Je faisais cuire des pommes de terre dans la marmite en fonte, je me tenais près de la cuisinière et j'écoutais leur dialogue. Ils mettaient la pression sur le Père Trophime :

"Montre tes documents. Donne-nous ton passeport. Viens avec nous.

"J'ai explosé de colère et je suis sorti avec une fourchette à four dans les mains :

Qui êtes-vous ? Avez-vous montré vos papiers ? Père Trophime, à qui as-tu donné ton passeport ? Ce sont peut-être des voleurs ! Voilà la porte, chers invités ! Au revoir !

"Ils se levèrent et se mirent à rire. Le plus âgé a dit :

"Nous allons prendre ton passeport. Père, tu viendras au comité exécutif du district et nous parlerons là-bas.

"Je me suis mis en travers de leur chemin et j'ai dit :

"Rendez le document au prêtre immédiatement ou vous ne partirez pas !

Que vas-tu nous faire, vieille bique ? Vas-tu nous battre avec cette fourchette à four ?

Non! Mais quand vous marcherez dans la rue maintenant, je vous suivrai, en appelant à l'aide de ma voix ! Tu auras honte devant les gens et tu rendras le passeport".

"Ils ont tous les deux éclaté de rire. Le plus âgé a dit :

"Allons-y, Ivan. Tu n'arriveras jamais à t’entendre avec cette harpie ! Donne-lui le passeport.

"Le père Trophime était un artiste. Il disait que son métier l'aidait à survivre dans les camps de travail. Il fabriquait des bannières, peignait des portraits de gardiens, de leurs femmes et de leurs enfants. Quand ils lui donnaient quelque chose à manger (disons un pain), il l'apportait à sa caserne où les détenus le divisaient en parts égales avec un fil...

"Parfois, ils lui apportaient des icônes à restaurer en secret. A cette époque, les gens ne plaçaient pas d'icônes dans leurs beaux coins. Après la révolution, les icônes furent détruites et jetées dans le feu. Dans les écoles, on les utilisait pour recouvrir les fenêtres et fabriquer des bureaux. Peu de gens ont possédé des icônes après la révolution, et ceux qui en avaient n'en ont pas gardé dans des endroits bien visibles. Certaines icônes présentaient un aspect désolant : elles étaient coupées en morceaux, déchiquetées et carbonisées. Frustré au point de pleurer, le père Trophime prenait une icône et disait : "Ma très chère ! Que t'ont-ils fait... Mais peu importe, nous te réparerons et tu seras comme neuve ! Le soir, il fermait les fenêtres, allumait une lampe à kérosène, prenait ses peintures et s'asseyait à la table :

"Mamie Katya, dors pendant que je travaille.

"Le lendemain matin, il me montrait le résultat. Je regardais et je n'arrivais pas à croire que c'était l'icône même que j'avais vue la veille : elle était meilleure qu'une toute nouvelle !

"Le père Trophime faisait également des tapis sur des thèmes spirituels. Les gens priaient devant eux : ils avaient peur de garder les icônes dans des endroits bien visibles mais pouvaient accrocher des tapis sur les murs. Par exemple, un berger avec un troupeau de moutons était représenté sur le tapis - il était clair pour tout le monde qu'il symbolisait Jésus-Christ, le Bon Pasteur. Ou une femme avec un bébé dans les bras près d'un ruisseau symbolisait la Mère de Dieu... Maintenant, je n'ai pas d'icônes ni de tapis fabriqués par le père Trophime. J'ai donné tout ce que j'avais. Les gens les ont aimés et ont fait des demandes... Qu'ils prient s'ils le veulent...

"Dès son arrivée, le Père Trophime a commencé à envoyer des lettres et à passer par différents canaux. Il a fini par trouver sa femme et l'a amenée ici. Elle avait été libérée avant lui - ils vivaient tous les deux avec moi. Mais le père Trophime n'a pas vécu longtemps - il est revenu des camps, sa santé était ruinée et il toussait tout le temps. Il est mort environ trois ans plus tard, et sa femme est décédée peu après lui".

Mais grand-mère Katya était destinée à vivre une vie extrêmement longue...

Le cœur pécheur pleure à la vue de la sainteté

Au début, je n'avais pas l'intention d'aller à Boyarovka. Mon père m'avait proposé la veille :

"Valera [diminutif de Valery] un de ces jours nous allons à Boyarovka pour le comité de rédaction... Veux-tu te joindre à nous ?"

"Que voudrais-je y faire ?"

"On dit qu'il y a là une femme de 105 ans qui est très croyante et qui a la réputation de  guérir des maladies".

Franchement, je voulus refuser tout de suite. Tout d'abord, j'avais déjà vu des vieilles dames vivant dans des villages qui n'avaient pas d'église. Vous pouvez me jeter une pierre, mais en règle générale, elles sont les gardiennes des superstitions païennes les plus folles : Elles lisent le Psautier "pour le repos du défunt" en brouillant les mots, assistent à des veillées funéraires et "envoient" les âmes le quarantième jour, et font bien d'autres choses bizarres. Lorsqu'un prêtre vient dans ces villages, elles tentent de l'éviter ou de se disputer avec lui. Quant à leurs pratiques de "guérison", elles sont effrayantes. Vous pouvez me jeter une autre pierre. Mais la curiosité a pris le dessus sur moi, alors je suis venu...

Nous avons parlé avec grand-mère Katya pendant longtemps. Elle ne nous a rien dit d'autre sur elle, et nous avons surtout parlé de la foi. Elle parlait, tandis que j'écoutais et m'émerveillais ; je m'émerveillais de l'oratrice plutôt que de ce que j'entendais. Une si bonne grammaire et un si bon discours littéraire, une connaissance et une compréhension aussi profondes des Écritures, et des interprétations aussi claires n'auraient pas semblé surprenantes sur les lèvres d'un professeur de théologie. Mais une femme qui n'avait jamais fréquenté aucune école était assise devant moi.

Quant à la guérison, grand-mère Katya m'a tout expliqué simplement :

"Ce n'est pas moi qui ai guéri. Si l'apôtre Paul se dit "avorton", "le moindre des apôtres" et "je ne mérite pas d'être appelé apôtre" (cf. 1 Corinthiens 15, 8-9), alors qui sommes-nous ? C'est Dieu qui guérit. Parfois, lorsque les gens me le demandaient sérieusement, je lisais une prière ordinaire pour les malades dans le livre de prières et je mettais cette croix de cuivre sur l'endroit douloureux. Mais une fois que le malade allait mieux, l'Ennemi me battait comme plâtre pendant plusieurs jours. Tant que j'étais assez jeune, je supportais cela ; mais quand je vieillis, c'était plus que je ne pouvais supporter. J'ai donc cessé de guérir.

"Quant à la Ccroix, je l'ai déterrée dans mon potager. Pouvez-vous voir "1812" gravé sur son revers ? Un prêtre m'a dit qu'il devait s'agir d'une croix donnée en commémoration de la guerre patriotique de 1812. Je crois que la Mère de Dieu m'a récompensé de cette façon pour ma foi".

Tout nageait sous mes yeux à plusieurs reprises pendant la conversation. J'avais peur de regarder mon père - il est allé à la porte, nous a tourné le dos et a pleuré en silence. Et nous ne pleurions pas à cause de l'histoire de grand-mère Katya... Quand je vins pour la première fois à l'église pour me confesser, j'avais pleuré de la même façon. J'étais gêné devant les gens, je me couvrais le visage avec mes mains et je n'arrivais pas à me ressaisir.

Je regardais la vieille femme et, bien que tardivement, elle m'a rappelé à qui je parlais. Ce n'était ni dans un livre ni dans la Vie des saints, mais dans la réalité : J'ai vu devant moi une personne qui n'avait pas mangé de viande ni touché d'argent depuis 100 ans, qui avait lu quotidiennement le Psautier, les Saintes Écritures, les règles de prière, le Nouveau Testament (qu'elle connaissait probablement par cœur) pendant 100 ans... Bien qu'elle soit physiquement sans défense, il était impossible de l'effrayer avec quoi que ce soit ; elle n'a même pas eu peur de la mort pendant de nombreuses années. Vous ne pouviez pas l'offenser, même si vous aviez essayé - elle n'aurait tout simplement pas pris de mal. "Mon voisin, que Dieu ait son âme, a mis le feu à ma maison." La vérité n'est pas que grand-mère Katya était petite, mais que je suis un pygmée.

Je suis resté muet tout au long de mon voyage de retour dans notre UAZ [2]. Je ne voulais ni parler de quoi que ce soit, ni écouter qui que ce soit. J'avais l'impression qu'une fois que j'aurais ouvert la bouche et prononcé un seul mot, la révérence et la tendre émotion dont mon âme était remplie disparaîtraient. J'ai fait semblant de dormir. Je réfléchissais.

Nous sommes incapables d'apprécier et de garder ce que nous avons. Nous nous efforçons de vivre "comme tous les autres pays civilisés" sans valoriser les trésors les plus précieux dont Dieu nous a dotés : la "Sainte Rus’", la foi orthodoxe et l'Église. Si vous ouvrez l'Ancien Testament, vous verrez que tout y est écrit à notre sujet. Nous aussi, nous voulons conduire des voitures de luxe (chars) ; construire des gratte-ciel (palais) ; vivre dans des appartements de luxe avec tout le confort (au lieu de tentes/huttes de paysans) ; faire progresser les sciences (astrologie) ; profiter de la bonne nourriture et dormir sur des lits moelleux, comme le font les peuples voisins. Mais qui écoute les prophètes qui proclament : L'homme ne vivra pas de pain seulement (Matthieu 4:4) ; cherchez d'abord le Royaume de Dieu, et sa justice (Matthieu 6:33) ? En vérité, un prophète n'est pas sans honneur, sauf dans son propre pays (Matthieu 13:57).

Je n'ai plus jamais rendu visite à grand-mère Katya : elle est morte deux ans plus tard, à l'âge de 107 ans ; il semblait que j'avais été "trop occupé" pendant deux ans. Un ami né à Boyarovka m'a dit qu'une multitude de personnes s'étaient rassemblées dans le petit village pour assister aux funérailles de grand-mère Katya ; les habitants furent surpris de voir tant d'évêques et de prêtres en habits brodés brillants arriver pour lui rendre leur dernier hommage. Ceux qui ont été jugés dignes de la connaître savaient quel genre de personne elle était. Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu (Jean 1:11).

Les gens meurent, et l'époque s'éloigne. Mais, d'un autre point de vue, tout va bien : les églises sont ouvertes, et les gens (jeunes et vieux) y prient. Mais le problème est que nous sommes une autre génération qui n'a pas connu la guerre, la famine, la privation, et qui n'a pas connu les persécutions pour la foi. Nous pouvons sélectionner et commander des icônes en ligne et faire des pèlerinages confortablement en car. Mais nos vieilles dames modernes qui assistent aux offices religieux sont différentes de leurs homologues qui allaient à l'église pendant ces terribles années, mettant en danger leur emploi, leur liberté et leur vie, et qui ont sauvé nos églises de la fermeture. Ce sont d'anciennes membres du Komsomol des années 1960 et 1970. Je suis également un ancien membre des Enfants d’Octobre des Jeunes pionniers et du Komsomol. En apparence, nous sommes comme les paroissiens de cette époque ; nos vieilles dames portent le foulard et les hommes la barbe. Mais sommes-nous de vrais chrétiens ? Comment pouvons-nous le savoir ?

Les vrais chrétiens, éprouvés par la douleur et éprouvés par le feu (comme l'or purifié), s'éteignent, tandis que nous reprenons nos esprits quand il est trop tard. Nous vivons comme si nous avions trois vies devant nous : "Nous aurons le temps d'y aller et de rencontrer quelqu'un plus tard". Mais au moment suivant, nous ne pouvons ni nous rencontrer ni nous parler...

Oh, si seulement j'étais moins entreprenant et moins pointilleux ! Si seulement j'étais plus prévenant envers les gens justes que Dieu m'a envoyés dans ma vie. Si seulement j'avais eu le temps d’aller vers eux, d'être près d'eux, de les écouter, de m'asseoir aux pieds de ces maîtres, de les regarder humblement dans les yeux. Ma vie aurait été différente...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

NOTES:

[1] L'ère de la stagnation est la période de l'histoire de l'Union soviétique qui a commencé sous le règne de Leonid Brejnev et s'est poursuivie sous Yuri Andropov et Konstantin Tchernenko. (Source : wikipedia)

[2] Véhicule tout-terrain russe, nommé d'après le constructeur automobile d'Oulianovsk qui fabrique ce type de voitures.