11/24 décembre
29ème dimanche après la Pentecôte
Dimanche des ancêtres du Seigneur. Saint Daniel, stylite près de Constantinople (490) ; saint Mérax, ermite en Égypte (VIIème s.) ; saint Aïthalas et saint Apsées, martyrs en Perse (354) ; saint Luc le Nouveau Stylite (979) ; saint Nicon « le sec » de la Laure des Grottes de Kiev (XIIème s.) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Théophane, évêque de Solikamsk et avec lui deux hiéromartyrs et cinq martyrs (1918) ; Nicolas (Vinogradov), prêtre (1937), Jean (Bogoyavlensky), prêtre (1941).
Lectures : Col. III, 4–11. Lc XIV, 16–24
LES ANCÊTRES DU SEIGNEUR
L
a préparation la plus importante pour la Nativité du Christ est constituée par les offices des deux derniers dimanches précédant cette fête, qui sont consacrés à la mémoire des ancêtres du Sauveur selon la chair et, en général, à tous les justes de l’Ancien Testament qui attendaient la venue de Celui-ci. L’un de ces dimanches est appelé celui des « ancêtres » et l’autre, celui des « pères ». En fait, le premier a reçu son appellation (en grec « Πропатόрων ») parce qu’il précède le second (« Παтέрων »), mais tous deux célèbrent, sans différence, tous les justes de l’Ancien Testament. Certains des « ancêtres » font l’objet de louanges particulières, par exemple : « Honorons Adam le premier, couronné d’honneur par la main du Créateur » ; « Le Dieu et Seigneur de l’univers agréa les dons offerts par Abel avec une âme pleine de noblesse » ; « Enoch, ayant été agréable au Seigneur fut enlevé en gloire, étant plus fort que la mort ». Le sens de la fête est exprimé de la façon la plus concise dans son tropaire, qui mentionne trois traits distinctifs chez les ancêtres du Seigneur, qui se trouvent en dépendance les uns des autres : 1) leur foi, 2) le fait que par eux le Christ s’est « fiancé » à l’Eglise des païens ; Il a, en quelque sorte, rassemblé des païens pour les appeler à Son Eglise (nombre des ancêtres du Seigneur n’appartenaient pas au peuple élu), et 3), le fait que de leur semence provenait la Très Sainte Vierge Marie qui, cependant, enfanta elle-même le Christ sans semence. Les mélodies du dimanche des saints ancêtres sont plus tristes que joyeuses (par exemple le 2ème ton utilisé pour le tropaire). Ceci reflète la langueur avec laquelle on attendait la venue du Christ.
Tropaire du dimanche, ton 4
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ Áнгела yвѣ́дѣвша Гoспо́дни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Aпо́столомъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.
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Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »
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Tropaire des saints Ancêtres, ton 2
Вѣ́рою пра́отцы оправда́лъ еси́, отъ язы́къ тѣ́ми предобручи́вый це́рковь, xва́лятся въ сла́вѣ cвяті́и, я́ко oтъ cѣ́менe и́xъ écть пло́дъ благосла́венъ, безъ cѣ́менe ро́ждшая тя. Tѣ́xъ моли́твами Xpисте́ Бо́же, поми́луй на́съ.
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Par la foi tu as justifié les Ancêtres, en épousant d’avance par eux l’Eglise de la gentilité. Ces saints sont fiers, dans la gloire, car de leur lignée devait naître un fruit glorieux, celle qui T’a engendré virginalement. Par leurs supplications, ô Christ Dieu, sauve nos âmes.
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Kondakion des saints Ancêtres, ton 6
Рукопи́саннаго о́браза не поче́тше, но неопи́саннымъ cущество́мъ защи-ти́вшеся треблаже́нніи, въ по́двизѣ огня́ просла́вистеся ; cpeдѣ́ же пла́мене нестерпи́маго стоя́ще, Бо́га призва́сте ; ускopи́, o ще́дрый, и потщи́ся я́ко ми́лостивъ въ по́мощь на́шу, я́ко мо́жеши xoтя́й.
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Jeunes gens trois fois heureux, vous n’avez point vénéré l’image faite de main d’homme, mais fortifiés par l’Essence indescriptible, dans la fournaise de feu vous fûtes glorifiés, vous trois fois bienheureux. Dans la flamme de feu irrésistible vous tenant, vous avez invoqué Dieu. Hâte-Toi, ô Miséricordieux, viens vite, plein de pitié, à notre aide, car Tu le peux selon Ta volonté.
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ST JEAN CHRYSOSTOME
SONGEONS À DES MALHEURS PLUS GRAVES QUE LES NÔTRES,
ET NOUS SERONS CONSOLÉS
(Homélie sur l’épître de ce jour)
« Mortifiez vos membres qui sont sur la terre »… Voilà pourquoi l’apôtre a dit : « Qui sont sur la terre » ; car il peut arriver que nos membres n'appartiennent pas à la terre. Ceux qui s'attachent à la terre sont nécessairement sur la terre ; les autres, non. L'oreille qui n'entend pas les bruits de la terre et qui n'écoute que les bruits du ciel, l'œil qui perd le monde de vue, pour regarder en haut, ne sont point sur la terre. Elle n'est point sur la terre cette bouche dont les paroles n'ont rien de terrestre. Elle n'est point sur la terre cette main qui ne fait rien de terrestre, qui ne fait point le mal et qui ne travaille que pour le ciel. Le Christ dit : « Si votre œil droit vous scandalise » par ses regards impudiques, « arrachez-le», c'est-à-dire déracinez toute mauvaise pensée. Tous ces mots, impureté, abominations, mauvais désirs, ont le même sens, le sens de fornication. Il veut nous détourner de ce vice par toutes les expressions qu'il emploie. C'est qu'un pareil vice est une maladie de l'âme fort sérieuse ; c'est la fièvre, c'est la plaie de l'âme. Il ne dit pas « réprimez », il dit «mortifiez», anéantissez cette passion; portez-lui des coups dont elle ne puisse pas se relever. Ce qui est mort nous l'enlevons ; un durillon est une partie morte, nous l'enlevons. Si nous tranchons dans le vif, nous souffrons; mais si nous retranchons un membre mort, nous ne le sentons même pas. C'est ainsi que nous devons agir dans les affections et les maladies de l'âme qui rendent impure et font souffrir cette âme immortelle. Pourquoi l'apôtre appelle-t-il l'avarice une idolâtrie, nous l'avons dit souvent. Les passions les plus tyranniques sont l'avarice, l'intempérance et l'incontinence. « Elles attirent la colère de Dieu sur ses fils désobéissants ». Il parle ici de désobéissance, en les déclarant par là indignes de pardon, en montrant que c'est leur désobéissance qui les plonge dans l'abîme. « Et vous avez vous-mêmes commis ces actions criminelles, quand vous viviez dans ces désordres et quand vous vous laissiez persuader par les impies». Il montre qu'ils ont encore un pied dans le vice; mais il leur adresse un mot d'éloge, en leur disant: « Mais maintenant quittez aussi vous-mêmes tous ces péchés: la colère, l'aigreur, la malice, la médisance: plus de paroles déshonnêtes ».
Pour ne pas les blesser, ce n'est pas sur eux, c'est sur d'autres qu'il fait porter ses reproches. Les médisances sont les mots blessants, les injures, de même que la malice est encore de la colère. Ailleurs, pour faire rougir ses auditeurs de leurs procédés, il leur dit : « Soyez les membres l'un de l'autre ». (Éph. IV, 25.) Il les représente comme devant former un seul homme ayant les mêmes sympathies et les mêmes répulsions. Dans le passage ci-dessus, il se sert du mot «membres». Dans cet épître il dit : « Tous les péchés », désignant ainsi tous les membres du vieil homme, le cœur par la colère, la bouche par la médisance, les yeux par la fornication, les mains et les pieds par l'avarice et par le mensonge, la pensée elle-même et le vieil esprit. Quant à la forme du nouvel homme, c'est une forme royale, c'est la forme du Christ. Saint Paul semble ici faire allusion surtout aux gentils, pour montrer que tous les membres de la société, les grands, comme les petits, sont les membres d'un même corps qui a une forme royale… «Vous supportant les uns les autres», dit-il. C'est justice : supporte ton prochain et que ton prochain te supporte. C'est ce qu'il dit encore dans son épître aux Galates : Supportez le fardeau les uns des autres. (Gal. VI, 2.) « Et soyez reconnaissants, » ajouta-t-il. (Col. III, 15.) Partout il s'applique à recommander la reconnaissance, qui est la première des vertus.
Il faut donc, en toute circonstance et quoi qu'il arrive, rendre grâces à Dieu. Voilà la véritable reconnaissance. Lui rendre grâces dans la prospérité n'a rien de bien méritoire ; car c'est chose toute naturelle. Mais Lui rendre grâces, quand nous sommes dans la détresse, voilà ce qu'il y a d'admirable. Lui rendre grâces de ce qui pousse les autres au blasphème, de ce qui les jette dans l'impatience, voilà la philosophie ! Agir ainsi c'est réjouir le cœur de Dieu, c'est humilier le démon, c'est déclarer que le malheur n'est rien. C'est à la fois rendre grâces à Dieu, emprunter la main de Dieu pour extirper le mal et terrasser le démon. Si vous vous montrez impatient, le démon, parvenu au comble de ses vœux, est là ; Dieu, blessé de vos blasphèmes et de vos outrages vous abandonne, en étendant, en augmentant votre plaie. Mais si vous rendez grâces à Dieu, le démon, voyant qu'il n'a rien à faire là, se retire, et Dieu, que vous honorez, vous honore davantage. L'homme qui rend grâces à Dieu de ses maux ne peut plus les ressentir. L'âme est heureuse de sa vertu; la conscience est heureuse parce qu'elle chante ses propres louanges et sa victoire; or la conscience, étant heureuse, ne peut être affligée. L'homme qui murmure sent peser sur lui le double fardeau de son malheur qui l'accable et de sa conscience qui le flagelle; l'homme qui rend grâces à Dieu est couronné par sa conscience qui proclame son triomphe.
Qu'elle est sainte la bouche du juste qui rend grâces à Dieu, dans le malheur ! Le juste est alors un martyr. Comme un martyr, il est couronné. Car il a, lui aussi, à ses côtés un licteur qui lui ordonne de renier Dieu en blasphémant. Le démon le presse en tourmentant son âme et en jetant sur elle un sombre voile. Si, dans cette situation, le juste supporte la douleur, il reçoit la palme du martyre. Voilà par exemple un petit enfant qui est malade. Si sa mère rend grâces à Dieu, la palme du martyre lui appartient. Quel tourment pourrait égaler son chagrin? Eh bien! Son chagrin ne peut lui arracher une parole amère. L'enfant se meurt; elle rend de nouveau grâces à Dieu. Elle est devenue une vraie fille d'Abraham. Car, si elle n'a pas tué son enfant de sa propre main, elle s'est du moins réjouie de sa mort, ce qui est la même chose; elle ne s'est pas irritée de se voir ravir celui que Dieu lui avait donné… C'est le martyre qu'elle a souffert; car elle a sacrifié son fils en pensée.…. Quand vous avez une affliction, songez à des afflictions plus grandes et vous serez consolé. Dites-vous à vous-même: Et si mon fils était mort sur le champ de bataille? Et s'il avait péri dans un incendie? Songeons à des malheurs plus graves que les nôtres, et nous serons consolés. Quels que soient nos malheurs, jetons nos regards sur ceux qui sont plus malheureux que nous. C'est ainsi que Paul exhorte ses auditeurs, quand il leur dit: « Dans vos luttes contre le péché, vous n'avez pas encore combattu jusqu'au sang ». (Hébr. XII, 4.) Et ailleurs: « Vous n'avez encore eu que des tentations humaines ». Ayons donc les yeux fixés sur les infortunes qui surpassent les nôtres: nous en trouverons toujours, et de cette manière nous serons reconnaissants. Avant tout et en toutes choses, rendons grâces à Dieu ! C'est le moyen de nous calmer, c'est le moyen de vivre pour honorer Dieu et d'obtenir les biens qui nous sont promis.