Sainte Marie d'Egypte
Ce week-end, trois commémorations importantes se rejoignent. Dimanche, nous nous souvenons de sainte Marie d'Égypte et lundi, nous célébrons l'une des douze grandes fêtes, l'Annonciation. Mais ce n'est pas tout : lundi est aussi le centenaire de l'anniversaire céleste du patriarche saint Tikhon.
Saint Patriarche Tikhon de Moscou
Ce noble hiérarque était un homme à la vision véritablement apostolique. Au début du 20e siècle, il servit en Amérique où il constata que les générations suivantes de jeunes issus de familles slaves risquaient de s'éloigner de l'Église s'ils ne recevaient pas une base solide dans la foi. À cette fin, la question de la langue était clairement un facteur majeur. C'est ainsi que Vladika Tikhon bénit la première traduction officielle des offices orthodoxes en anglais, connue sous le nom de Hapgood Service Book, d'après le nom du traducteur. Il connut plusieurs éditions au fil des ans. Aujourd'hui, nous sommes bien conscients des insuffisances de ce livre, car il tente d'être exhaustif en rassemblant tout en un seul volume, ce qui est en fait impossible. Mais son importance réside dans le fait qu'il s'agit de la première tentative sérieuse pour permettre de chanter les offices en langue anglaise. Le zèle missionnaire qui a inspiré cette politique pionnière sera toujours honoré et respecté avec la plus profonde gratitude. Saint Tikhon fut élu patriarche en 1917, à une époque troublée pour la vie de l'Église. Il est honoré en tant que confesseur de la foi, plutôt qu'en tant que nouveau martyr. D'une certaine manière, il s'agit d'un détail technique, car sa vie fut un martyre quotidien en raison des traitements ignobles qu'il subit de la part des bolcheviks.
Saint Patriarche Tikhon - Prie Dieu pour nous.
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Ste Marie d'Egypte
Tropaire Ton 5
Éclairé par la grâce de la Croix, tu fus perçu comme une lumière brillante de repentir, dissipant les ténèbres des passions, ô très saint. Tu apparus comme un ange enchair et en os à saint Zosime dans le désert. Intercéde auprès du Christ pour nous, ô Marie, notre juste Mère.
Sainte Marie d'Egypte passa 47 ans seule dans le désert, se repentant de son ancien mode de vie. Dimanche dernier, nous pensions à saint Jean Climaque, modèle des ascètes, et ce dimanche, nous commémorons sainte Marie d'Égypte, modèle des pénitents. Le patriarche saint Sophrone de Jérusalem (634-638) relata sa vie avec force détails.
La première partie du récit nous parle de saint Zossime, hiérarque en Palestine au Ve siècle. Il avait été emmené dans un monastère dès son enfance et y avait passé toute sa vie. Comme il menait une vie ascétique très stricte, faite de prières et de jeûnes, les gens venaient lui demander des conseils spirituels.
Après avoir passé plus de 50 ans au monastère, il pensait avoir appris tout ce qu'il y avait à savoir sur la vie spirituelle. Le pèlerinage de sa vie le conduisit dans un autre monastère, près du Jourdain. La coutume des moines de ce monastère était d'aller passer tout le Grand Carême dans la solitude du désert, pour ne revenir au monastère que le dimanche des Rameaux.
Il se trouve que Zossime priait seul dans le désert lorsqu'il aperçut une silhouette humaine à quelque distance. Sa solitude étant envahie, il alla voir par qui. La personne s'enfuit et le moine fit de même. L'inconnue finit par révéler qu'elle était une femme et qu'elle était nue. Elle s'adressa au moine par son nom et lui demanda d'emprunter son manteau par souci de pudeur. Le fait qu'elle connaisse son nom choqua Zossime plus que son sexe et son état, mais il comprit qu'elle avait dû recevoir de Dieu le don de vision spirituelle. C'est ainsi qu'ils commencèrent à parler. Elle s'appelait Marie et était née en Égypte. À l'âge de 12 ans, elle avait abandonné ses parents et s'était rendue à Alexandrie. Dans cette ville, pendant 17 ans, elle avait vécu une vie de dépravation totale.
Un jour, Marie vit des gens se presser au port pour embarquer sur des bateaux. En réponse à ses questions, elle découvrit qu'ils se rendaient à Jérusalem pour la Vénération de la Croix et elle décida de les accompagner. À Jérusalem, elle constate qu'une barrière invisible l'empêchait d'entrer dans l'église. Voyant l'icône de la Mère de Dieu à l'entrée de l'église, Marie pria et promit de se repentir de son ancien mode de vie. Ainsi, elle put entrer dans l'église et vénérer la précieuse Croix du Christ. Conformément à son vœu, Marie se rendit dans le désert au-delà du Jourdain et passa les 47 années suivantes, complètement seule, dans la prière et le jeûne, jusqu'à sa rencontre avec saint Zossime.
Saint Zossime communiant
Ste Marie d'Egypte
L'Église utilise l'histoire de sainte Marie d'Égypte pour nous enseigner deux leçons. Dans le cas de Marie, à Alexandrie, elle menait une vie aussi éloignée que possible de la vertu chrétienne, mais elle se repentit et revint sur la voie du salut. Nous nous souvenons donc d'elle comme d'une sainte parce qu'elle nous montre que, même si nous nous éloignons de la vie chrétienne, il n'est jamais trop tard pour se repentir. L'exemple de Zossime est un avertissement pour nous. Il pensait avoir progressé dans la vie spirituelle, mais cela l'avait rendu orgueilleux. C'est alors qu'il rencontra une personne tout à fait improbable, mais qui était bien plus avancée que lui dans la vie ascétique. Cela lui apprit l'humilité. Si vous n'avez pas lu la vie complète de sainte Marie d'Egypte, nous vous recommandons de le faire.
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Il y a deux passages de l'Évangile aujourd'hui, l'un pour le dimanche, Marc 10, 32-45, et l'autre pour le saint, Luc 7, 36-50.
Dans le passage de saint Marc, le Seigneur commence à préparer les disciples à ce qui va se passer. Il le fait pour atténuer leur angoisse. Il a connu à l'avance Sa passion, il est donc clair qu'il pouvait y échapper, mais il montre qu'il accepte volontiers la souffrance et la mort. La consolation qu'il offre est qu'il ressuscitera le troisième jour.
Nous lisons ensuite la question posée par Jacques et Jean. Dans son récit de cet incident, saint Matthieu dit que les disciples ont emmené leur mère avec eux et qu'elle posa la question au nom de ses fils. L'implication est qu'ils imaginaient que le Royaume était terrestre et qu'ils demandaient un statut mondain. Le Christ ne les appelait pas à l'honneur et à la gloire, mais à tout sacrifier pour Lui, et Il leur dit que c'est ce qui se passerait. Nous voyons que même les disciples sont sujets à la faiblesse humaine. Deux d'entre eux cherchaient à obtenir un avantage et dix étaient contrariés parce qu'ils se sentaient exclus. Il nous est facile d'imaginer que les saints étaient tous et toujours parfaits. Nous voyons ici qu'ils sont très humains et qu'ils souffrent des mêmes tentations et difficultés que le reste d'entre nous. La différence est qu'ils finissent par triompher alors que nous continuons souvent à lutter.
Comme le dit Théophylacte : Le Christ les guérit, d'abord en les calmant en les appelant à Lui, puis en leur montrant que la recherche des honneurs et le désir d'occuper la première place sont le comportement des Gentils. (Par Gentils, on entend généralement des païens).
L'onction de la femme pécheresse
Dans l'Évangile de saint Luc, nous rencontrons un pharisien qui, bien qu'il ait invité le Seigneur dans sa maison, n'a pas été franc et honnête dans ses intentions. Il a démontré son manque de foi lorsqu'il a dit de manière désobligeante du Christ : « S'il était prophète... » Le Seigneur accepte les services de la femme dont l'offrande venait de son cœur. Il confronte ensuite le pharisien à son manque de courtoisie envers un invité et lui montre qu'Il connaît le cœur de la femme, qu'Il compare favorablement à celui du pharisien. Le Christ ne dit pas à la femme : « Je te sauverai », mais Il lui dit : « Ta foi t'a sauvée ; va en paix ».
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham.
ENGLAND