"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 6 décembre 2014

Les dits de Papa Dimitri [Gagastathis] (R)

Priest Demetry (Papa-Dimitrios) Gagastathis - Greece (2)

Je ne suis absolument pas éduqué, mais je puis vous dire empiriquement (c'est ce que la vie m'a enseigné) que c'est la nuit, et l'estomac vide que l'on peut prier le mieux.

Nous n'avons pas mis le Christ en nous, et c'est pourquoi nous ne savons pas ce que sont l'amour, la paix, la concorde, etc...

Puisque je ne puis prêcher, laissez-moi au moins pleurer pour les péchés et pour ceux qui se sont égarés.

La prière est un téléphone sans fil, avec lequel on communique directement avec Dieu. On compose le numéro sur le téléphone de la prière pour parler avec Dieu, et Il répond. On L'entend clairement, on Le sent très proche.

La prière vient d'abord dans le larynx, puis elle monte dans le cerveau et ensuite elle descend dans le cœur. Et alors, eh bien, alors les larmes viennent aux yeux. 
A partir de ce moment, il n'y a rien de plus à dire. C'est vrai qu'au début, tu auras des difficultés. Tu essaieras de prier et parfois tu ne le pourras pas; tu auras des pensées vagabondes et des tentations, et à d'autres moments, tu ne seras pas capable de te réveiller la nuit. 
Mais tu dois insister. Le Seigneur, voyant ta disposition, te soutiendra et te délivrera de toutes les tentations. Nous ne devons pas perdre toute la nuit à dormir, car Satan fait ce qu'il veut de nous. 

La prière nocturne est de grande valeur. Les gens dorment et Dieu écoute.

Où que j'aille, je m'en tiens à mon programme que l'on a appelé selon l'ordre de Melchisédek, et qui a été contresigné par de nombreux Pères spirituels.

Les vêpres, les prières de supplication, le prêche, les Complies avec les salutations à la Génitrice de Dieu, quel travail béni!

J'ai vu beaucoup de choses dans ma vie, l'une d'elles est que les prières, les supplications et les Divines Liturgies, ont fait que beaucoup sont revenus dans le giron de l'Eglise.

Nous trouvons difficile en ce jour et en ces temps, de bien travailler dans cette vie selon la volonté de Dieu, parce qu'il nous manque les deux ailes de l'amour et de l'humilité.

Dieu nous a sauvé du communisme, mais Satan nous a livré au matérialisme.

Maintenant il est temps de pleurer et de prier pour la condition dans laquelle se trouve le monde actuel. Nous devons prier Dieu qu'Il éclaire [les hommes] pour qu'ils voient le chemin de la vérité et de la vertu.

Le peuple et le clergé, tous deux ont perdu leur spiritualité. Ils ne parlent constamment que de choses matérielles et de politique.

Qui peut comprendre la volonté de Dieu ou sonder Sa pensée, puisque nous nous sommes détournés et sommes si loin de Lui?

Par son icône qui pleure, la Génitrice de Dieu montre qu'Elle est triste, parce qu'Elle voit que la Russie souffre par les athées, et parce qu'on blasphème à son propos.

Dans ce pays [Allemagne], il y a la liberté en toutes choses, et c'est pourquoi nous allons périr.

Notre foi est vivante, mais nous l'avons abandonnée parce que l'égoïsme et le matérialisme nous ont éloignés d'elle.

Des miracles arrivent à chaque instant, mais nous ne les percevons pas, parce que nous avons des cœurs de pierre. Des cœurs doux et de la simplicité, voilà ce qu'il nous faut!

En chantant [à l'église], tu dois comprendre et ressentir ce que tu dis. Ne deviens pas fier sous prétexte que tu chantes bien. Un jour, je chantais une hymne sur l'apôtre Pierre, à propos de sa trahison. Quand je dis: " Et il pleura amèrement," je vis des larmes couler sur son icône. Le saint devait être content...

Bien que je sois pécheur, je demande sans arrêt [à Dieu], en me basant sur "Demandez, et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira." (Mat. 7:7). C'est ce que j'ai compris dans ma vie: Ce qui est impossible aux hommes, est possible à Dieu (Luc 18:27).

Les grandes vertus sont au nombre de trois: l'humilité, l'obéissance et l'amour.

Je ne puis me reposer, je veux aider tous ceux qui me demandent de l'aide, et le monde entier s'il le faut...

Je ne prie pas pour moi. J'aime tant les humains, que je ne prie que pour les autres.

Quand tu aimes Dieu et tous les hommes dans ton cœur alors tu es dans la Loi de Dieu. Nous serons jugés parce que nous n'avons pas d'amour.

Ne crains rien car un homme qui aime, Dieu demeure en lui.

Ayez parmi vous l'humilité et l'obéissance. Dieu et les anges se réjouissent de cela... Aimez par-dessus tout la Très Sainte Génitrice de Dieu, Elle Qui aide tant notre race humaine pécheresse.

Le but de toute prière ou office que nous faisons, est là pour nous rapprocher de Dieu et pour L'aimer plus.

C'est une chose terrible! Les gens ont abandonné l'Eglise et ils vont travailler aux champs le dimanche pour cueillir le coton... Les champs sont pleins, et les églises sont vides. Ils sont intéressés par l'or (grec chrysos) et non par le Christ (Christos).

Je ne suis jamais soucieux au point d'être angoissé à propos de quoi que ce soit. Je me suis occupé de mes enfants sans ennui ni anxiété. Dieu Qui me les a donnés, S'est aussi chargé de tout.

En ce lieu, [Le Monastère de Saint Jean le Théologien à Patmos], un athée peut même se transformer en chrétien

Nous "rafistolons" le corps, mais ce qui est plus important et qui devrait toujours être saine, c'est l'âme. 
Tandis que nous courons vers les docteurs et les cures thermales, et que nous dépensons beaucoup d'argent pour le corps, nous devons également nous tourner vers le Père spirituel pour l'âme- et de plus, c'est gratuit!


Le monachisme est l'armée du Christ et l'ennemi de Satan. Les monastères sont les avant-postes de l'Église. Sans avant-postes, l'Ennemi nous capturera. La prière dans les monastères atteint Dieu avec la rapidité d'une balle. Comme l'armée ennemie craint l'aviation et se cache, ainsi Satan craint la prière des moines et s'enfuit.

Bien sûr, notre foi est vivante, mais nous ne voulons pas la suivre parce qu'elle est un peu difficile et demande quelquefois des engagements de notre part. Les gens veulent la liberté et une pente descendante afin de ne pas être fatigués et de ne pas transpirer, mais ils ne savent pas que cette descente mène vers une mauvaise fin. 
La voie de la perdition semble initialement bonne, heureuse et facile. Elle offre des délices et des plaisirs artificiels, mais tout cela s'évanouit rapidement. Nous devons prier instamment pour eux. Peut-être qu'une âme pourrait alors être sauvée. Nous prêtres, avons une responsabilité particulière devant Dieu et devant les hommes.

Je ne pense pas que nous nous rencontrerons à nouveau physiquement, mais veillons à nous rencontrer dans la Jérusalem Céleste.

Celui qui court vers les magiciens et les diseuses de bonne aventure est une racaille, et il perd la protection de Dieu.

Je ne me souviens de rien dans cette vie, de rien, si ce n'est du lourd fardeau de mes péchés.

Si vous apprenez que j'ai quitté ce monde, ne soyez pas tristes, soyez plutôt joyeux, car l'Église sera débarrassée du prêtre le plus pécheur et le plus ignorant de cette époque.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
Papa-Dimitri ( Gagastathis) 
The Man of God (1902-1975)
"Orthodoxos Kypseli" Publications
Thessaloniki 1997

vendredi 5 décembre 2014

Sur orthodoxie.co: Pétitions en Grèce au sujet des déclarations œcuméniques du Patriarche Bartholomée

Papa-Dimitri (Gagastathis) (R)

Papa-Dimitri par Père Aimilianos de l'Athos (Simonos Petra)



[...] Il y a certains Psaumes de David qui portent le titre inscription sur colonne (Psaume XV, Στηλογραφία τῷ Δαυΐδ dans la version des Septante)Ils étaient supposés rester profondément inscrits sur des colonnes, avant tout dans le cœur, afin que les gens n'oublient pas le miracle spécifique de Dieu. Ils étaient là pour demeurer comme une louange à Dieu. Une telle inscription sur colonne nous a été laissée à nous aussi. Le lieu où Papa-Dimitri repose, attendant le son des trompettes, est une hymne à notre Dieu, parce qu'il recouvre un saint.


A l'ensevelissement de ses précieuse reliques, durant la procession, des gens ont dit: " Il est comme saint Nectaire!" Eh bien, pas comme saint Nectaire seulement! Il est comme tous les saints!

"Quand je trouverai une place là-bas [au paradis], avait-il l'habitude de dire,  je viendrai vous aider. Je ne puis oublier mes enfants spirituels!"

Pendant les derniers jours de sa vie, dans ses souffrances intolérables, il essaya de rester calme, concentré, abandonné à Dieu. On pensait qu'il dormait, et quand les visiteurs venaient, ils le bousculaient pour le réveiller. Comme il était triste alors! Il expliquait alors à quelques personnes seulement:" Quelles choses, quelles hymnes c'était là! Un peu comme ce que j'avais entendu une fois, mais infiniment supérieur... Des choses superbes!..."

Eh, Papa-Dimitri! Tu fixais alors l'Eternité; maintenant regarde vers nous! Ecoute ce que dit l'Ecriture: "A moi Galaad, à moi Manassé!" (Psaume 108:8). Tu es Sien. Hâte  pour nous le moment où nous serons Siens. Tu te souviens? Cette nuit, audoxasticon des Laudes, quand tu pris la main de celui qui célébrait avec toi et que tu ordonnas aux chantres, de chanter au lieu du Théotokion, le doxasticon du saint dont le jour de commémoration était passé?"(*)

Que le jour de ta commémoration passe à présent. Le doxasticon est chanté par les anges, il est chanté dans nos cœurs aussi.

Au Saint Monastère de Simonos Pétra
le 26 février 1975, Higoumène Aimilianos (Vafidis)

(*) Père Aimilianos fait ici allusion à une anecdote que Papa-Dimitri raconta lui même... Un jour, il alla servir la Divine Liturgie avec Père Aimilianos au Monastère de Dousiko. Voici ce qu'il dit:" Nous nous sommes levés à deux heures du matin. Cependant, avant d'entrer dans la Liturgie, je demandai aux chantres de chanter le doxasticon de saint Bessarion. Ils me dirent que sa fête n'était pas en ce jour. Quelques jours étaient passés depuis. "Ça ne fait rien," dis-je, dites-le!". Quand ils commencèrent à chanter, une ineffable fragrance se manifesta et nous vîmes un hiérarque passer devant l'Autel Saint. Je fis un mouvement pour aller le vénérer, mais le staretz Aimilianos me retint. Le hiérarque disparut. C'était saint Bessarion qui était venu nous remercier parce que nous avions chanté son doxasticon. Nous avons reçu notre récompense! Les mots sont impuissants à décrire cette expérience.


Un pieux mensonge de Papa-Dimitri 


Un de ses fils spirituels a raconté l'anecdote suivante... 


Un matin, en février 1973, j'ai rencontré fortuitement Papa-Dimitri sur la place centrale de Trikala. J'étais dans une situation difficile, et sa présence m'a donné beaucoup de joie et de courage. Après qu'il m'ait donné un conseil, je lui ai demandé s'il avait un problème, car il paraissait quelque peu préoccupé. Il me dit: " Avec l'aide de Dieu, j'ai arrangé quelque chose selon la volonté de Dieu. Les Saints Archanges [icône de son église vers laquelle il allait souvent] m'ont en cela grandement aidé; je leur dois ma vie-même! Je veux donc, moi le petit prêtre ignorant, le berger du village, faire quelque chose pour eux pour manifester ma gratitude. J'ai pensé à beaucoup de choses, mais je ne suis pas digne de donner quelque chose pour l'intérieur de l'église; je suis aussi pécheur, et je ne puis me le permettre non plus. J'ai parlé de ce problème avec Père Aimilianos et j'ai décidé de faire faire une cloche.


La cloche sonnera et rassemblera le brebis dans l'église, et quand, finalement le berger ira dans la tombe, la cloche sonnera et son âme sera réjouie. J'ai l'argent pour cela, bien que personne ne le sache. Ce que je veux, c'est que personne ne découvre de mon vivant que c'est moi qui ai fait faire la cloche. 


La première raison, c'est que certains pourraient s'opposer à ce plan que j'ai; la seconde raison, c'est que je veux éviter les louanges; et la troisième raison est que je désire qu'il en soit ainsi... C'est pourquoi je veux te demander que je paie pour la cloche, mais que nous fassions un reçu formel en ton nom, indiquant que tu es le donateur, afin que personne ne puisse faire d'objection..."


Je lui ai dit que j'étais à sa disposition. Nous sommes allés chez un forgeron de Trikala et nous avons tout de suite commandé la cloche. Je lui ai demandé si je pouvais contribuer financièrement aussi à cet achat, afin d'avoir une part active dans toute l'affaire et de ne pas être totalement étranger à ce pieux mensonge. Il accepta avec joie et amour. Quand je lui ai rendu visite après quelques mois, il sonna continuellement la cloche comme s'il accueillait un Patriarche. 


Il me dit alors: Tu vois comme ta cloche sonne bien? Cette cloche cache un grand secret!"


Papa Dimitri et les créatures de Dieu




Un jour, je travaillais dans le champ. Toute la journée, je portais de l'eau dans un tonneau, et un tuyau qui en sortait la distribuait au champ. A chaque fois que je vidais l'eau dans le tonneau, je disais: " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!"


Le soir, je fis les Complies, et après je chantai plusieurs hymnes. 

J'entendis alors une grenouille qui croassait, comme si elle appelait les autres, et quelle merveille! Toutes les grenouilles du lieu se rassemblèrent autour de moi, à deux mètres à peu près, et elles écoutèrent attentivement les hymnes que je chantais.

L'une d'entre elles, vint même plus près pour écouter. 

Quand j'eus fini les hymnes, elles chantèrent aussi, et comme si elles étaient des êtres humains, elles partirent.


Je me dis alors: " Papa-Dimitri, puisque tu n'es pas digne de prêcher aux gens, tu prêches aux grenouilles!"

Deux miracles

En mai 1920, après avoir laissé le troupeau de moutons (Papa-Dimitri enfant était alors berger) à midi, je rentrai à la maison, mangeai un morceau de pain et je fis un somme. Pendant que je dormais, à côté de mon jeune frère Jean, un vieil homme vint me dire dans mon sommeil: "Lève-toi vite, sors immédiatement en courant, la maison est sur le point de s'écrouler, et vous serez tués!" Je me levai, mais je ne vis rien. Je réveillai immédiatement mon frère et nous nous précipitâmes hors de la maison.
Dès que nous fûmes sortis, étant alors à environ cinquante mètres, le toit s'effondra complètement. Si ce vieil homme n'était pas venu me réveiller, nous aurions péri.

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Pendant les années d'occupation italienne, un dimanche en février 1942, à la fin de la Divine Liturgie, l'armée italienne vint dans mon village et demanda à tous ceux qui avaient des armes de les donner. J'avais déjà ramassé toutes les armes et les avait données à ceux qui étaient chargés de les collecter. Il eut un second appel pour donner les armes. Entre temps, ils arrêtèrent vingt-quatre hommes et se préparèrent à les exécuter.


Le village fut saisi de panique avec cette calamité imminente. Il n'y avait nul espoir de salut. Il ne nous restait que l'aide de Dieu. Je courus immédiatement à l'église des Archanges, endroit où ils ont accompli d'innombrables miracles.


Je tombai à genoux et je les implorai avec des larmes du fond de mon cœur de faire un miracle tout de suite, et de sauver les vingt-quatre hommes. je ne puis me souvenir de ce que j'ai dit dans ma prière. J'ai seulement senti l'assurance des saints Archanges selon laquelle tout serait sous leur protection.


Je courus vers l'officier italien, tandis que la file de ceux qui avaient été arrêtés se dirigeait vers son Golgotha, et je lui dis: " Je déclare en toute responsabilité qu'ils n'ont pas d'armes!" L'officier s'arrêta aussitôt qu'il me vit. Il me salua et dit: " Nous ferons ce que veut le pasteur!". Je lui dis: " S'il vous plaît, si cela est possible, laissez aller ces vingt-quatre hommes, ils sont innocents!". Il accepta. "Grâce à votre pasteur, j'épargne votre vie!"


Leur joie et la mienne sont au-delà de toute description... Voyez-vous le pouvoir qu'a la prière? Le Seigneur a dit: Demandez et il vous sera donné, cherchez et vous trouverez, frappez, et l'on vous ouvrira." (Matthieu 7:7)




Papa-Dimitri et l'amour des ennemis

(Ceci s'est passé pendant la guerre civile grecque entre les communistes et les nationalistes. Condamné à mort par les communistes et par son propre évêque (!), Papa-Dimitri échappa à plusieurs reprises à la mort et garda toujours une attitude chrétienne authentique qui recommande l'amour des ennemis.)

Un jour, une patrouille nationaliste du village a capturé quatre maquisards et les a préparés pour les exécuter. L'un d'eux, qui avait signé ma condamnation à mort, demanda à me rendre visite dans ma maison. Les soldats l'y autorisèrent, sachant que j'étais un ennemi avoué du communisme. Il vint chez moi quand nous venions de mettre la table. Je l'ai invité à manger avec nous. Il m'a demandé de l'aider parce qu'il était en danger. Que pouvais-je faire? Je me suis levé, j'ai prié Dieu de m'aider. Je l'ai conduit hors du village, loin de l'armée et je lui ai dit: " Va-t'en, je prendrai ta place!"

Je suis allé vers le commandant, et je lui ai dit: " Je l'ai aidé à s'échapper...S'il te plaît, supporte que je t'explique. Je suis prêtre et père spirituel. J'ai seulement accompli mon devoir. J'ai écouté la voix du Seigneur: " Je donne ma vie pour les brebis" (Cf. Jean 10:11). Tu sais que je suis le plus grand ennemi du communisme et que j'ai beaucoup souffert pour cela. Cependant, Dieu dit que nous devons aimer nos ennemis et faire du bien à ceux qui nous font du mal (Cf Matthieu 5:44). Il m'a dit: "Que puis-je te faire maintenant pasteur? Il a eu de la chance de vivre!"


J'ai rendu grâce à Dieu car il m'avait seulement éprouvé.


Père Amphilochios de Patmos par Papa-Dimitri

En été 1971, je suis allé en grand pèlerinage à Patmos, au Monastère de Saint Jean le Théologien. J'ai aussi visité le Saint Monastère de l'Annonciation. Le Père Amphilochios, homme saint, y avait vécu. Je l'avais connu par correspondance pendant plusieurs années, mais je ne fus pas jugé digne de le rencontrer en personne. On m'a informé du fait qu'il avait prévu sa mort trois jours avant. Il avait demandé à saint Jean de prolonger un peu sa vie, parce que Pâques approchait, mais il entendit une voix qui lui dit: " Le Seigneur t'appelle pour célébrer Pâques dans la Jérusalem Céleste!"

Un des ordres qu'il laissa à la communauté de moniales, était que je devais venir célébrer un office commémoratif sur sa tombe: c'était là son désir personnel. Dans cet office le troisième mois, au commencement de la Divine Liturgie, un oiseau inconnu vint et se tint près des collybes. Il prit sa place sur le banc comme un être humain, et assista à la Liturgie.
L'higoumène le prit dans ses mains, et il resta là sans s'envoler. Après, il s'envola vers la tombe du staretz et se tint au-dessus d'elle. 
Le staretz Amphilochios aimait beaucoup les oiseaux et il avait l'habitude de les nourrir. Il leur avait également construit un abri où ils pouvaient se rassembler l'hiver: Une des recommandations qu'il laissa, était de continuer à nourrir les oiseaux...
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Papa-Dimitri ( Gagastathis) The Man of God (1902-1975)
"Orthodoxos Kypseli" Publications
Thessaloniki 1997
Photo: Papa-Dimitri

jeudi 4 décembre 2014

Saint Nectaire d'Egine: Sagesse spirituelle (8)




Les miracles

Les miracles ne sont pas impossibles d'un point de vue logique, et la juste raison ne les nie pas. 
Les lois naturelles n'ont pas la prétention d'être les seules, elles ne sont pas menacées d'être renversées par l'apparition d'autres lois, surnaturelles, qui sont aussi propices au développement et à la poursuite de la création... Les miracles sont la conséquence de l'amour du Créateur pour Ses créatures.
*

Les miracles sont accomplis par certaines lois inhabituelles lorsque l'imperfection de l'homme a besoin du secours Divin.


L'apparition de nouvelles lois n'est pas un rejet des lois établies, parce qu'elles ne sont pas introduites pour les remplacer -car les lois anciennes, après cela, restent non affectées- mais afin d'aider la création qui souffre, et dans un sens, pour aider les lois naturelles.


Les nouvelles lois eussent été subversives seulement si elles n'avaient pas agi comme le reste des lois, pour soutenir, développer, favoriser le monde créé, mais si elles avaient fait le contraire.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
(Dr.) Constantine Cavarnos
Modern Orthodox Saints, 
St. Nectarios of Aegina
Institute for Byzantine 
and Modern Greek Studies 
(Belmont, Massachusetts,USA)
198

mercredi 3 décembre 2014

Saint Nectaire d'Egine: Sagesse spirituelle (7)


Le monachisme

La vie monastique est oubli de soi et soumission à la Loi Divine, esprit de non possession, contrôle de soi, difficultés, lutte par la prière continue pour atteindre toute vertu, et tension patiente vers la perfection.

Le divin Jean Climaque définit le moine comme suit: "Le moine est quelqu'un qui contraint sans cesse sa nature, bride sans faille ses sens, garde son corps chaste, pure sa bouche, et son intellect illuminé." (Discours Premier)

Et saint Isaac le Syrien dit: "Le moine est celui qui reste en dehors du monde, priant toujours Dieu pour atteindre les bénédictions à venir. La richesse du moine consiste en une prière de supplication contrite, et en cette joie qui vient de la foi et qui brille dans les demeures de l'intellect."

Chaque jour, je déclare bénis ceux qui se sont dédiés à Dieu et qui vivent et se meuvent en Lui. Qu'est-il en effet de plus précieux que cette manière de vivre, qu'est-il de plus glorieux?

Cette vie façonne magnifiquement l'image divine et lui restitue sa beauté originale. Elle conduit à la béatitude, elle conduit à la philosophie spirituelle, elle révèle les mystères, elle enseigne la vérité, elle fait que la Parole de Dieu est nouvelle dans le cœur, elle conduit à la certitude du plus désiré des buts, elle élève l'homme vers le Ciel. 

Elle fait de la respiration une mélodie incessante, elle rend toute la vie harmonieuse, elle unit l'homme aux anges, elle fait que l'homme est semblable à Dieu, elle le conduit en Haut vers le Divin, elle l'unit à Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
(Dr.) Constantine Cavarnos
Modern Orthodox Saints, 
St. Nectarios of Aegina
Institute for Byzantine 
and Modern Greek Studies 
(Belmont, Massachusetts,USA)
1981

mardi 2 décembre 2014

Saint Nectaire d'Egine: Sagesse spirituelle (6)


La Sainte Communion

Le Mystère* de la Divine Eucharistie qui nous a été transmis  par le Seigneur est le plus élevé de tous les Mystères; il est le plus merveilleux de tous les miracles que la puissance de Dieu a effectués; il est le plus élevé que la sagesse de Dieu a conçu; c'est le plus précieux de tous les dons que l'Amour de Dieu a faits aux hommes. 

Car tous les autres miracles résultent d'une transcendance de certaines lois de la nature, mais le Mystère de la Divine Eucharistie transcende toutes ces lois. Par conséquent, il peut à juste titre être appelé et être considéré comme, le miracle des miracles et le Mystère des Mystères.

Voulez-vous devenir participants aux bénédictions dévolues par la Divine Communion? 
Voulez-vous votre salut? Devenez un chrétien véritable, ayez la crainte de Dieu, ayez foi au Mystère de la Divine Communion, et en l'Amour pour Dieu et pour votre prochain.

Le jeûne, l'assistance dans la contrition à des offices de l'Eglise, et l'abstinence des causes de péché sont autant de moyen de repentance et de préparation pour la Communion.

A ceux qui reçoivent la Sainte Communion dignement, elle offre non seulement le salut, mais aussi un grand nombre d'autres dons, par lesquels l'homme est rendu à l'Image et à la Ressemblance de Dieu.

Par la Divine Communion, nous sommes unis avec Dieu, et nous entrons en relation et en contact avec Lui. Par une telle union nous recevons les dons du Saint-Esprit: l'amour, la joie,la paix, la patience, la bonté, la foi, l'humilité, le contrôle de soi, et beaucoup d'autres vertus. 

Les yeux de l'âme sont ouverts, l'intellect est illuminé et le cœur est purifié. La Divine Communion guérit le cœur et le corps malades de ceux qui s'approchent d'elle avec foi. Elle nous sauve souvent la vie et nous délivre des dangers et elle accomplit beaucoup d'autres choses merveilleuses.

Ô, combien heureux et béni doit être considéré celui qui reçoit dignement les Divins Mystères (id est la Communion)! Une telle personne sort de l'église entièrement renouvelé, parce que le feu de la Divinité est entré dans l'âme de l'homme par la Divine Communion, a brûlé ses péchés, l'a rempli de la Divine Grâce, l'a raffermi, a illuminé son intellect et fait de son cœur le tabernacle du seul Saint-Esprit.

L'Eglise appelle à voix haute ceux qui sont prêts à participer à la Sainte Communion par les paroles inspirées suivantes: "Avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez [du Seigneur]!" Et en effet qui, n'ayant pas la crainte de Dieu, la foi et l'amour, peut-être considéré digne de la Communion?


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
(Dr.) Constantine Cavarnos
Modern Orthodox Saints, 
St. Nectarios of Aegina
Institute for Byzantine 
and Modern Greek Studies 
(Belmont, Massachusetts,USA)
1981


* Mystère a le sens de sacrement

lundi 1 décembre 2014

Saint Nectaire d'Egine: Sagesse spirituelle (5)


L'attention intérieure

L'attention est la première à enseigner la vérité et par conséquent absolument nécessaire. L'attention, réveille l'âme à elle-même et à ses désirs d'étudier, d'apprendre leur vrai caractère et de repousser ceux qui sont contre nature. 
L'attention, c'est l'ange gardien de l'intellect, la conseillant toujours ainsi: sois attentif. L'attention, éveille l'âme, la réveille de son sommeil... L'attention examine chaque pensée, chaque désir, chaque souvenir. Les pensées, les désirs et les souvenirs sont engendrés par des causes diverses, et souvent apparaissent masqués et avec un splendide costume, afin de tromper l'intellect inattentif et pour entrer dans l'âme et la dominer. Seule l'attention peut révéler leur forme cachée. Souvent, leur dissimulation est si parfaite que le discernement de leur vraie nature est très difficile et nécessite la plus grande attention. Il faut se rappeler les mots salvifiques du Seigneur: "Soyez vigilants et priez que vous ne tombiez pas en tentation." Celui qui est éveillé n'entre pas en tentation, parce qu'il est vigilant et attentif.

La prière

La prière véritable est sans distraction, prolongée, réalisée avec un cœur contrit et un intellect alerte. Le véhicule de la prière est partout l'humilité, et la prière est une manifestation de l'humilité. Pour être conscient de notre propre faiblesse, nous invoquons la puissance de Dieu.

La prière unit à Dieu, étant une conversation divine et une communion spirituelle avec l'Être qui est la plus beau et le plus élevé.

La prière c'est l'oubli des choses terrestres, une ascension au ciel. Par la prière nous fuyons vers Dieu.

La prière est vraiment une armure céleste, et elle seule peut garder en sécurité ceux qui se sont consacrés à Dieu. La prière est le remède commun pour nous purifier des passions, pour entraver le péché et guérir nos fautes. La prière est un trésor inépuisable, un havre imperturbable, la fondation de la sérénité, la racine et le mère de myriades de bénédictions.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
(Dr.) Constantine Cavarnos
Modern Orthodox Saints, 
St. Nectarios of Aegina
Institute for Byzantine 
and Modern Greek Studies 
(Belmont, Massachusetts,USA)
1981





dimanche 30 novembre 2014

Saint Nectaire d'Egine: Sagesse spirituelle (4)



Les saints

Notre Église honore les saints non pas comme des dieux, mais comme de fidèles serviteurs, comme des hommes saints et des amis de Dieu. Elle vante les luttes qu'ils ont engagées et les actes qu'ils accomplirent pour la gloire de Dieu avec l'action de Sa Grâce, de manière à ce que tout l'honneur que l'Église leur donne se réfère à l'Être suprême, Qui a vu leur vie sur terre avec satisfaction. 

L'Eglise les honore en les commémorant chaque année par des célébrations publiques et par la construction d'églises en l'honneur de leur nom.

Les saints hommes de Dieu, qui ont été magnifiés sur terre par le Seigneur, ont été honorés par la sainte Eglise de Dieu à partir du moment même où elle a été fondée par le Christ Sauveur.

Le repentir

Deux facteurs sont impliqués dans le salut de l'homme: la Grâce de Dieu et la volonté de l'homme. Toutes deux doivent œuvrer ensemble, si on veut atteindre le salut.

La repentance est un Mystère par lequel celui qui se repent de ses péchés, se confesse devant un père spirituel qui a été nommé par l'Eglise et a reçu le pouvoir de pardonner les péchés, et reçoit de ce père spirituel la rémission de ses péchés et se réconcilie avec la Divinité , contre laquelle il a péché.

La repentance signifie le regret, le changement d'esprit. Les marques distinctives de la repentance sont la contrition, les larmes, l'aversion du péché, et l'amour du bien.

La vertu

Nous devons faire tout notre possible pour l'acquisition de la vertu et de la sagesse morale (φρόνησις/ phronesis), car le prix en est beau et grand l'espoir.

Le chemin de la vertu est un chemin d'effort et de labeur: "Etroite est la porte et resserré le chemin, qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent"; alors que la porte du vice est large et le chemin spacieux, mais il mène à la perdition.

La formation spirituelle

La formation spirituelle (πνευματική γυμνάσια/ pneumatike gymnasia) est ascèse pour la piété. Elle est très précieuse, "ayant la promesse de la vie qui est maintenant, et de celle qui est à venir." Les efforts déployés pour l'amour de la piété apportent la joie spirituelle.

Théophylacte dit: "Entraînez-vous à la piété, c'est-à-dire, pour la foi pure et la vie droite. L'entraînement alors, et des efforts continus sont nécessaires, car celui qui s'entraîne s'exerce jusqu'à ce qu'il transpire, même quand il n'y a pas de compétition."

L'entraînement habitue à être indulgent, tempéré, capable de contrôler sa colère, de dompter ses désirs, de faire les œuvres de charité, de montrer de l'amour pour ses semblables, de pratiquer la vertu. Cet entraînement est une ascèse vertueuse, qui rend notre mode de vie admirable.

L'ascèse est pratique, méditation, entraînement, maîtrise de soi, amour du labeur.

Le jeûne

Le jeûne est une ordonnance de l'Eglise, obligeant le chrétien à l'observer en des jours spécifiques. Concernant le jeûne, notre Sauveur enseigne: "Quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin que tu ne paraisses pas jeûner aux yeux des hommes , mais à ton Père qui est dans le secret secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera ouvertement."

De ce qu'enseigne le Sauveur nous apprenons (a) que le jeûne est agréable à Dieu, et (b) que celui qui jeûne pour élever son esprit et son cœur vers Dieu sera récompensé pour sa dévotion par Dieu, Qui est le dispensateur très libéral des dons divins.

Dans le Nouveau Testament le jeûne est recommandé comme un moyen de préparer l'esprit et le cœur au culte divin, à une longue prière, pour s'élever du plan terrestre, et pour la spiritualisation.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
(Dr.) Constantine Cavarnos
Modern Orthodox Saints, 
St. Nectarios of Aegina
Institute for Byzantine 
and Modern Greek Studies 
(Belmont, Massachusetts,USA)
1981


L'Orthodoxie, ici et maintenant - Novembre 2014: Jean-Claude LARCHET


FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

FEUILLETS LITURGIQUES
DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION
DE LA SAINTE CROIX
N°493/2014 – disponible sur le site internet du diocèse : www.diocesedegeneve
17/30 novembre
25ème dimanche après la Pentecôte

Saint Grégoire le Thaumaturge, évêque de Néocésarée (vers 266-270) ; saint Nikon, higoumène de Radonège (1426) ; saint Lazare, iconographe à Constantinople (vers 857) ; saint Gennade, patriarche de Constantinople (471) ; Saint Gobronne, Michel au saint Baptême, et ses 133 soldats, martyrs en Géorgie (914).

Lectures : Еph. IV, 1–6. Lc. XII, 16–21. St hiérarque: 1 Cor. XII, 7–11. Мatth. X, 1, 5–8.

VIE DE SAINT GRÉGOIRE DE NÉOCÉSARÉE[1]

N
otre saint Père Grégoire vit le jour vers 213, au sein d’une illustre famille païenne de Néocésarée dans le Pont (auj. Niksar). Sa mère, restée seule responsable de l’éducation de ses trois enfants à la mort de son mari, se soucia de leur donner une éducation raffinée. Grégoire, alors nommé Théodore, manifestait non seulement de grands talents pour l’étude — en particulier pour la rhétorique —, mais aussi une profonde sagesse et une grande douceur. Dès l’âge de quatorze ans, il dédaignait les jeux turbulents de ses compagnons pour se livrer à la contemplation de la création et il en tira une vague idée de l’existence du seul Créateur. En effet, la foi chrétienne était presque inconnue dans cette région : on comptait en tout et pour tout dix-sept chrétiens à Néocésarée. Les compagnons du jeune homme, jaloux de le voir mener une vie si sage et si chaste, payèrent un jour une prostituée, pour qu’elle proclamât publiquement que Théodore s’était livré à la débauche avec elle. En entendant ces calomnies, le jeune garçon ne chercha pas à se justifier, ni ne se mit en colère contre ceux qui en étaient coupables, et il se contenta, pour avoir la paix, de renvoyer cette courtisane en lui donnant autant d’argent qu’elle en avait reçu pour répandre ses mensonges. Mais dès qu’elle eut pris en main cet argent, la femme s’affaissa à terre, en proie à de terribles convulsions suscitées par le démon. Et elle ne retrouva la paix que lorsque le saint eut prié pour elle. La mère de Théodore avait décidé de l’envoyer, avec son frère Athénodore, poursuivre leurs études de droit dans la fameuse école de Béryte (Beyrouth) ; mais elle leur avait demandé d’accompagner auparavant leur sœur à Césarée de Palestine, afin qu’elle y retrouvât son époux, qui était conseiller juridique du gouverneur. C’est là que les deux jeunes gens firent la connaissance du grand Origène († 254), récemment venu d’Alexandrie pour y délivrer son enseignement. Fascinés, dès les premiers jours, par les paroles du maître qui avaient jeté dans leur âme, telle une étincelle, le feu de l’amour de Dieu, les deux jeunes gens décidèrent d’abandonner tout autre projet d’études, et ils suivirent avec avidité ses leçons pendant cinq ans (233-238). Passant en revue toutes les sciences du temps, ils furent initiés à la théologie chrétienne par le maître alexandrin, mais gardèrent suffisamment de discernement pour ne pas le suivre dans certaines spéculations trop audacieuses sur les mystères divins. Menant vie commune avec les autres élèves, ils passaient tout leur temps dans l’étude des Écritures, et regardaient leur maître comme un modèle de vertu et de piété. « Cet homme, dit-il, a reçu de Dieu le plus grand don et du ciel la plus belle part : il est l’interprète des paroles de Dieu auprès des hommes, il comprend les choses de Dieu comme si Dieu lui parlait, et il les explique aux hommes afin qu’ils les appliquent ». Quittant la compagnie de son maître, une fois ses études achevées, comme s’il était expulsé du Paradis de délices, Grégoire revint dans sa patrie. Un grand nombre de notables l’assaillirent alors de propositions avantageuses pour l’engager comme précepteur de leurs enfants. Mais le jeune homme rejeta tous les attraits trompeurs du monde pour s’enfuir au désert, afin d’y vivre seul devant Dieu, dans l’ascèse et la prière. Or, l’archevêque d’Amasée, Phédime, ayant entendu parler de ses vertus et de ses dons pour l’art oratoire, essaya de l’attirer vers la métropole, pour l’y consacrer évêque de Néocésarée. Mais Grégoire refusa d’échanger sa retraite pour les troubles du monde. Phédime fit alors une chose inhabituelle — que seule permettait la souplesse canonique d’une Église encore toute jeune —, il ordonna Grégoire à distance, sans lui imposer les mains directement, et lui envoya une lettre attestant que, bon gré mal gré, il était désormais évêque de sa patrie. Grégoire, alors âgé d’environ trente ans, dut s’incliner devant la volonté de Dieu ; mais il ne quitta le désert qu’après avoir passé un grand nombre de jours et de nuits en prière, afin que Dieu l’affermît dans son œuvre pastorale. Une nuit, la Très Sainte Mère de Dieu et saint Jean le Théologien lui apparurent, et lui révélèrent avec clarté le mystère de l’unité de la nature divine et de la distinction de ses trois Personnes par ces mots : « Il est un seul Dieu, Père du Verbe vivant, de la Sagesse subsistante, de la Puissance et de l’Empreinte éternelle. Il est Générateur parfait du Parfait engendré. Il y a un seul Seigneur, unique issu de l’Unique, Dieu issu de Dieu, empreinte et image de la Divinité, Verbe efficace. Fils véritable du Père véritable, invisible issu de l’Invisible, éternel issu de l’Éternel. Et il y a un seul Saint-Esprit, qui tient son existence de Dieu (le Père) et est révélé par le Fils. Il est cause de la vie, source sainte et principe de sanctification. En lui, se manifestent Dieu le Père, qui est au-dessus de tous et en tous, et Dieu le Fils, qui est à travers tous. Trinité parfaite. Dans la Trinité, il n’y a rien de créé ou d’esclave, rien qui n’eût existé auparavant et qui y aurait été introduit par la suite. Ainsi, ni le Fils n’a jamais manqué au Père, ni l’Esprit au Fils ». Ainsi confirmé par la grâce du Saint-Esprit et devenu digne de recevoir, tel Moïse, la révélation des mystères directement de Dieu, Grégoire se montra un apôtre infatigable de la vraie foi dans toute la région de Néocésarée. Il convertissait aussi bien par sa parole que par ses nombreux miracles, démontrant ainsi de façon éclatante que la puissance de Dieu était avec lui et non du côté des démons impuissants des païens. C’est ainsi qu’il déplaça à plusieurs reprises le cours d’un fleuve en invoquant le Nom du Christ et assécha un étang qui était un objet de litige entre des frères cupides, qu’il arrêta une inondation du Lycos, qu’il exorcisa un jeune possédé et qu’il choisit sur un signe divin saint Alexandre comme évêque de Comane. Saint Basile le Grand écrivait à son propos : « Ses prédictions furent telles qu’il ne le cède en rien aux grands prophètes ! Bref, il serait long d’exposer en détail les miracles de cet homme qui, en raison de la surabondance des dons de grâce que l’Esprit produisait en lui, en toute œuvre de puissance, en signes et en prodiges, était proclamé “second Moïse” par les ennemis mêmes de l’Église. Ainsi, en chacune de ses paroles, en chaque acte qu’il accomplissait sous l’action de la grâce, il brillait comme une lumière, indice de la Puissance céleste qui l’accompagnait invisiblement. » C’est à cause de ces miracles éclatants qu’il reçut bientôt le surnom de « Thaumaturge ». En 250, lors de la violente persécution de Dèce, Grégoire et un grand nombre de ses fidèles préférèrent fuir dans les montagnes qui se trouvaient à proximité de Néocésarée, plutôt que de s’exposer inutilement à la mort. Quant à lui, le saint évêque était déjà mort au monde depuis longtemps, et partir de cette vie pour être avec le Christ était pour lui, comme pour saint Paul, la meilleure part (Phil I, 24). Mais l’amour de ses fidèles et le souci de préserver l’Église en confirmant la foi des plus faibles l’avaient convaincu de préférer la fuite. De sa retraite, il priait cependant avec ardeur pour les martyrs qui offraient leur sang et décrivait à ses compagnons leurs combats, comme s’il les avait sous les yeux. Un jour, des soldats, ayant découvert leur cachette, s’apprêtaient à venir les arrêter ; mais, à la prière du saint, Dieu le rendit, lui et ses compagnons, invisibles à leurs poursuivants qui rentrèrent bredouilles. À la fin de la persécution, il fit recueillir les reliques des saints martyrs et ordonna de célébrer de grandes fêtes en leur honneur les jours mêmes où les païens avaient coutume de se livrer à leurs festivités, de sorte que toute la région devint profondément chrétienne et même ses mœurs les plus païennes furent bientôt transformées en réjouissances spirituelles. Vers 254, la province se trouva envahie et dévastée par les Goths et les Borades, et saint Grégoire fit tout ce qui était en son pouvoir pour soutenir son peuple éprouvé. En 264 (ou 265), il assista, avec son frère Athénodore, qui était devenu évêque d’une autre cité de la région, au premier synode d’Antioche, réuni contre Paul de Samosate, adversaire de la Sainte Trinité. Grégoire continua de briller par ses miracles et sa prédication de la foi orthodoxe pendant de nombreuses années. Quelques jours avant de partir vers les Demeures éternelles (vers 275), il demanda à ses proches combien il restait de païens dans son diocèse. On lui apprit que ceux-ci n’était plus que dix-sept : le nombre exact des chrétiens de Néocésarée lorsque il l’avait prise en charge. Il s’endormit alors dans la paix et la joie du serviteur qui a accompli fidèlement l’œuvre que lui avait confiée son Maître.
Tropaire du dimanche du 8ème ton
Съ высоты́ снизшéлъ еси́, Благоyтpо́бне, погребéнiе прiя́лъ ecи́ триднéвное, да на́съ свободи́ши страстéй, животé и воскресéнiе на́ше, Го́споди, сла́ва Teбѣ́!
Des hauteurs, Tu es descendu, ô Miséricordieux ! Tu as accepté d’être enseveli trois jours afin de nous libérer des passions : ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur, gloire à Toi !


Tropaire du saint hiérarque, ton 8
Въ моли́твахъ бо́дрствуя, чуде́съ дѣ́ланьми претерпѣва́я, тезоиме́ніе стяжа́лъ еси́ исправле́нія; но моли́ся Христу́ Бо́гу, о́тче Григо́ріе, просвѣти́ти ду́ши на́ша, да не когда́ у́снемъ въ сме́рть.
Vigilant dans la prière et assidu à l'œuvre des miracles, tu as mérité par ces vertus le nom que tu portais; Père Grégoire, prie le Christ notre Dieu d'illuminer nos âmes, pour que nous évitions de nous endormir dans le péché qui mène à la mort.
Kondakion du saint hiérarque, ton 2
Чуде́съ мно́гихъ пріе́мъ дѣ́йство, зна́меньми ужа́сными де́моны устраши́лъ еси́ и неду́ги отгна́лъ еси́ человѣ́ческія, всему́дре Григо́ріе, чудотво́рецъ же имену́ешися, зва́ніе отъ дѣ́лъ пріе́мъ.
Très-sage Grégoire ayant reçu le pouvoir de nombreux miracles, tes prodiges ont effrayé les démons et tu éloignas des hommes les maladies; c'est pourquoi de Thaumaturge tu reçus, à cause de tes œuvres, l'appellation bien méritée.

Kondakion du dimanche du 8ème ton
Воскpécъ изъ гро́ба, уме́ршыя воздви́глъ ecи́ и Aда́ма воскреси́лъ ecи́, ива лику́етъ вo Tвое́мъ воскресе́нiи, и мipcти концы́ торжеству́ютъ е́же изъ ме́ртвыхъ воста́нieмъ Tвои́мъ Mногоми́лостивe.
Ressuscité du Tombeau, Tu as relevé les morts et ressuscité Adam ; Ève aussi exulte en Ta Résurrection, et les confins du monde célèbrent Ton réveil d’entre les morts, ô Très-Miséricordieux !

Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne

COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

Le commencement de la Prière du Seigneur manifeste l’adoption selon la grâce que nous avons reçue par le baptême. « Dès lors que nous sommes rendus dignes d’appeler Père, par grâce, Celui qui nous a créés par nature, nous apprenons à nous annoncer à nous-mêmes la grâce de la filiation. Ainsi révérant l’invocation de Celui qui nous engendre par la grâce, nous nous efforçons de signifier dans la vie que nous menons les empreintes de Celui qui nous a fait naître : nous sanctifions Son Nom sur la terre, nous L'imitons comme un Père, nous nous montrons Ses enfants par nos actes et nous magnifions dans ce que nous pensons ou dans ce que nous faisons le Fils du Père par nature, qui opère Lui-même cette filiation » (St Maxime le Confesseur).

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 1–12. Liturgie Еph. V, 8–19. Lc XIII, 10–17. Mégalomartyre: Еph. VI, 10–17. Lc XXI, 12–19.



[1] Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petras