19 novembre / 2 décembre
26ème dimanche après la Pentecôte
Saint Abdias, prophète (IX° av. J. - C. ) ; saint Barlaam, martyr à Antioche (vers 304) ; saint Barlaam et Joasaph, prince des Indes, et son père Avenir, roi (IVème s.) ; saint Philarète, métropolite de Moscou et de Kolomna (1867) ; saint Azas d'Isaurie, thaumaturge, martyr avec ses compagnons, 150 soldats (284-305) ; saint Héliodore de Pamphylie, martyr (vers 273) saint Hilarion le Géorgien, thaumaturge (875) ; saint Barlaam, premier higoumène de la Laure des Grottes de Kiev (1065).
Lectures :
Eph. V, 9-19 ; Eph. VI, 10-17 ; Lc. XII,
16-21 ; Matth. V, 14-19
VIE DE SAINT PHILARÈTE DE MOSCOU[1]
S
|
aint
Philarète fut une des figures les plus marquantes de l’Église russe au XIXème siècle.
Né en 1782, à Kolomna, près de Moscou, au sein d’une famille sacerdotale, il
fut baptisé sous le nom de Basile. Il entra à l’âge de neuf ans au séminaire
local et continua ensuite son instruction ecclésiastique dans le séminaire
installé auprès de la Laure de la Trinité-Saint-Serge. Le métropolite de
Moscou, Platon, qui résidait fréquemment à la Laure, remarqua les aptitudes
extraordinaires du jeune séminariste pour l’apprentissage des langues
anciennes, la théologie et la poésie, et il le prit sous sa protection. Malgré
ses dons, Basile restait pieux, calme et modeste, et jouissait de l’estime
générale. Ayant terminé ses études premier de sa promotion, on lui confia
aussitôt l’enseignement du grec — langue qu’il écrivait et parlait
couramment — et de l’hébreu. D’une éloquence raffinée, sachant enflammer
les âmes d’amour pour la vertu, il fut bientôt désigné comme prédicateur de la
Laure et nommé professeur de rhétorique. Son bienfaiteur, le métropolite
Platon, qui était considéré comme un grand théologien et orateur de talent,
écrivait à son propos : « Moi, j’écris comme un homme, mais lui il
écrit comme un ange. » Encouragé par le métropolite, et après une mûre
réflexion accompagnée de luttes intérieures, le brillant professeur fut tonsuré
moine sous le nom de Philarète et ordonné diacre quelques jours après (1808).
Transféré, un an plus tard, au Séminaire de Saint-Pétersbourg, il y remplit les
fonctions d’inspecteur et de professeur de philosophie. Après son ordination
sacerdotale, il enseigna l’Écriture sainte, l’Histoire ecclésiastique, le Droit
canonique et la Théologie dogmatique à
l’Académie
théologique. Il continuait de plus sa prédication et sa voix, résonnant dans
les grandes cathédrales, attirait de nombreux admirateurs. Il entretenait des
relations avec les écrivains illustres de ce temps, comme Pouchkine, qu’il
avait réconforté par un admirable poème, et qui lui écrivit avec
reconnaissance : « Le poète, saisi de frayeur sacrée, écoute
religieusement la harpe de Philarète. » Élevé à la dignité d’archimandrite
à l’âge de trente ans, il fut bientôt nommé recteur de l’Académie théologique
et supérieur d’un grand monastère de Novgorod. Infatigable dans les travaux
intellectuels comme dans les responsabilités administratives, il menait
ordinairement de front trois ou quatre besognes à la fois. Son disciple,
l’archimandrite Photius, le décrit en ces termes : « Il avait
toujours le visage clair et joyeux, les yeux perçants, l’air ascétique et
sévère, mais agréable. Son pas était lent et majestueux. Sa voix était douce et
fine, mais bien claire. Il parlait avec finesse et sagacité, et disposait les
étudiants à l’écouter avec entrain, au point qu’ils en oubliaient l’heure du
repas. La force, la beauté, la dignité et la gloire de l’Académie théologique
étaient alors concentrées en Philarète. » Unissant une rare érudition à
une fervente piété, il tâchait de communiquer avant tout à ses auditeurs, ou
aux lecteurs de ses ouvrages qui restent des classiques de la littérature
orthodoxe, l’« esprit de l’Orthodoxie », c’est pourquoi il fut, dès
son vivant, considéré comme un véritable Père de l’Église et surnommé : le
« nouveau Chrysostome ». Après avoir été gratifié du titre de Docteur
en Théologie, Philarète fut consacré évêque à l’âge de trente-cinq ans
seulement (1817). D’abord vicaire du métropolite de Saint-Pétersbourg, il
devint bientôt archevêque de Tver, puis de Iaroslavl et, au bout de cinq ans,
il fut élevé sur le trône de la métropole de Moscou et de Kolomna, charge qu’il
occupa jusqu’à son trépas. Comme hiérarque, il administrait son diocèse avec la
même énergie qu’il avait manifestée en tant que recteur de l’Académie. Dès
qu’il fut nommé à Tver, par exemple, il parcourut en cent jours cet immense
diocèse, en prêchant dans toutes les églises. À la tête du diocèse de Moscou,
il œuvra avec persévérance pour corriger les défauts du clergé. Exigeant pour
la rigueur morale de ses clercs, il n’hésitait pas à leur infliger des peines
canoniques ; mais il savait tempérer cette sévérité en subvenant
personnellement aux besoins matériels des familles des clercs suspendus.
Travaillant sans relâche, il ne s’accordait jamais de loisirs, et nul ne savait
quand il dormait, car quel que fût le moment du jour ou de la nuit auquel son
serviteur se présentât, il le trouvait toujours à sa table de travail. Il
rédigeait des ouvrages de théologie, des manuels, des articles, mais donnait
surtout le meilleur de lui-même dans d’admirables sermons[2]. Il laissa
également une immense correspondance, contenant de précieuses instructions sur
tous les sujets d’ordre ecclésiastique. Il fut par ailleurs l’initiateur de la
traduction en russe de la Bible, tâche de longue haleine, à laquelle il
contribua en traduisant lui-même plusieurs livres, et qui ne put être achevée
qu’au bout de cinquante ans, à cause de l’opposition du tsar et de certains
milieux ecclésiastiques. Ce fut grâce à son appui et à sa collaboration que les
startsi du monastère d’Optino purent
publier leurs traductions des Pères de l’Église, qui allaient devenir
l’instrument d’un grand
mouvement
de réveil spirituel en Russie [10 et 11 oct.]. Sachant consulter ses
collaborateurs et recevant avec humilité leurs critiques, le saint hiérarque
était doux et patient envers ses ennemis, et supportait avec tolérance les
accusations les plus injustes ; en revanche, il se montrait inflexible
quand il s’agissait des saints dogmes, des commandements de Dieu ou de la
tradition de l’Église. Il employait tous ses revenus à des œuvres de
bienfaisance, s’arrangeant pour que ses bienfaits restent toujours secrets, et
c’est avec ses propres ressources que fut construit un grand hospice pour les
orphelins et les enfants des familles ecclésiastiques pauvres. À partir de
1819, il devint membre du Saint-Synode. Nulle question n’échappait à sa
compétence. On le consultait même quand il n’assistait pas aux sessions, et il
ne manquait jamais de donner aux problèmes les plus embrouillés une solution
juste et sagement fondée sur les principes canoniques. Ascète de nature, le
saint évêque aimait à se retirer dans la solitude pour se consacrer à la prière
et à la contemplation. C’est pour satisfaire cette inclination, qu’il fonda la
skite de Gethsémani, près de la Laure de la Trinité, où il passait souvent
quelques jours dans une simple cellule monastique. Débordant de charité divine,
ses yeux luisaient de larmes dès qu’il était question d’une bonne œuvre,
d’intentions droites ou de questions dignes de compassion. Il s’efforçait
d’accomplir tout ce qu’il enseignait aux autres et s’attirait ainsi
l’attachement indéfectible de ses fidèles, qui sollicitaient ses prières,
lesquelles étaient souvent couronnées par des miracles.Ayant brillé pendant un
demi-siècle comme un flambeau de la grâce sur le candélabre de l’Église, saint
Philarète remit en paix son âme à Dieu, le 19 novembre 1867, à l’âge de
quatre-vingt-cinq ans. Quelques mois auparavant, il avait vu en rêve son père
qui lui avait recommandé d’observer la « date du 19 ».
Tropaire du dimanche du 1er
ton
Tropaire de saint Philarète, ton 4
Ayant
acquis la grâce de l’Esprit Saint, ô hiérarque Philarète, tu prêchas la vérité
et la justice aux hommes grâce à ton esprit illuminé ; tu manifestas la
paix et la miséricorde à ceux qui souffraient et tu gardas le troupeau de
Russie, comme un maître de foi et un gardien vigilant, par le bâton de la droiture. Aussi, ayant de la liberté
auprès du Christ Dieu, prie-Le d’accorder l’affermissement à l’Église et à nos
âmes le salut.
Kondakion de saint
Philarète, ton 2
Kondakion du dimanche du 1er ton
Ô Dieu, Tu es ressuscité du tombeau dans la gloire, ressuscitant le
monde avec Toi ! La nature humaine Te chante comme son Dieu et la mort
s’évanouit. Adam jubile, ô Maître, et Ève, désormais libérée de ses liens, Te
crie dans sa joie : « C’est Toi, ô Christ, qui accordes à tous la Résurrection
! »
LECTURES DU
DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Luc
XXIV, 12-35 ; Liturgie : Eph. VI, 10-17 ; Hébr. VII, 26 – VIII, 2 ; Lc. XIII,
10-17 ; Jn. X, 9-16
L’office de l’Entrée au
Temple de la Très Sainte Mère de Dieu est disponible en version slavon-français
sur le site du diocèse : www.diocesedegeneve.net
[1] Tiré du Synaxaire du Père Macaire de Simonos Petras.
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[2]. Un recueil choisi
de ces sermons a été traduit en français par A. Serpinet (Paris, 1866).