D’après les souvenirs de Martha:
- Matouchka Alypia observait très
strictement le jeûne - les première et dernière semaines du Grand Carême et
aussi tous les mercredis et vendredis de chaque semaine, elle ne mangeait rien.
Elle restait à prier jusques au matin, et à son cou, elle portait un lourd
trousseau de clés. Il y a une histoire intéressante associée aux clés. Lorsque
Matouchka travaillait dans le camp allemand, la nuit, elle allait à la grille,
la coupait et laissait les gens partir en toute sécurité et personne ne savait
où ils allaient. Pour chaque vie sauvée, elle ajoutait une clé - petite ou
grande, blanche ou jaune. Une chaîne de ficelle mince coupait son cou en
laissant une cicatrice d'un bleu profond sur sa peau et ce lourd trousseau de
clefs Matouchka le porta à son cou jusques à son dernier souffle.
De toutes les parties de la
grande Russie, les gens venaient pour rendre visite à cette fragile lampe de grâce: des archimandrites et des
abbés, des moines et des laïcs,
des chefs importants et des travailleurs ordinaires, des vieux et des jeunes, des
gens d'âge moyen et des enfants, des malades, des affligés et des persécutés.
Au cours d'une journée il y avait environ 50 à60 personnes qui venaient vers
Matouchka et toutes étaient acceptées par elle avec amour, même si elle savait
parfaitement ce qu'il y avait en chaque personne: la foi, l'amour, la curiosité
ou le mal. Dans son cœur, il y avait une place pour tout le monde. Pour chaque
personne, elle savait quoi dire et comment guérir. Elle n'a jamais donné une
bénédiction à ses enfants spirituels pour faire appel à la chirurgie, surtout
au niveau abdominal.
Un jour Matouchka m'a dit: "Viens
demain matin pour préparer le bois de chauffage pour l'hiver." Cette
nuit-là était particulièrement froide et pluvieuse. J'ai commencé à me
préparer: mettant des vêtements propres et des bottes de cuir neuves pensant
que chez Matouchka, je trouverais des vêtements de travail plus usés pour me
changer. Je suis venue plus tôt, mais la Mère était déjà partie et à la fois sa
maison et la grange étaient fermées... Dans les bois, c’était humide et sale,
et j'ai dû porter de lourdes branches d'arbres et les empiler à côté de la
maison... À environ 5 heures du matin, Matouchka est rentrée à la maison
fatiguée avec un panier sur ses épaules. Elle m'a regardée et m'a dit: "Tu
a marché dans les bois, n'est-ce pas?"
- Oui.
- Et comment tes chaussures et
les vêtements ne sont pas sales?
J'ai regardé mes pieds et j'ai vu
que mes chaussures et mes vêtements étaient complètement propres, comme si je
n’étais jamais allée dans la boue et n’avais jamais porté ces grosses branches
humides sur mes épaules ce jour-là...
D'après les mémoires de Anna K.:
- C’était une source inépuisable
de miracles et de guérisons qu'aucune vie, années, ou mort ne pouvaient
détruire. La puissance donnée par la grâce se déversait littéralement sur tous
ceux qui venaient la voir avec leurs problèmes et leurs maladies. Personne ne
la quitta sans recevoir de consolation et de paix.
La première fois, je suis venue
vers Matouchka à cause d'une terrible maladie dont je souffrais à cette époque.
Je ne pouvais rien manger… Mon corps entier était asséché, la peau était
devenue noire et en plus de tout cela, j’avais deux petits enfants sur les
bras. J'étais très faible et j’ai eu beaucoup de peine pour arriver jusques à Matouchka.
J’ai frappé, elle ouvrit la porte tout de suite et me dit avec un beau sourire:
"Oh, viens, viens, maintenant, tu commenceras à manger"... Je me
souviens avec quelle attention elle regarda directement au fond de moi... Elle
mis une poêle à frire devant moi, fit le signe de croix sur la nourriture et me
demanda de manger... et ce fut le premier miracle que Matouchka fit avec moi.
J'ai mangé de tout et je ne me suis même pas sentie rassasiée. Depuis lors, la
noirceur sur mon visage a commencé à disparaître, j'ai commencé à manger, et
devint bientôt tout à fait bien... Matouchka m'a invitée à venir plus souvent,
et gloire à Dieu d’avoir un endroit où je pouvais venir. On venait à elle
malade, brisée, à peine vivante, et on retournait voler comme un personne
nouvellement née. Toutes vos tristesses et misères s'en allaient. Vraiment, Dieu
est admirable dans Ses saints!
Plusieurs fois, grâce à ses
prières, Matouchka prévint des catastrophes qui pesaient sur ma famille et moi...
Tout le monde sait que Matouchka guérissait les gens avec un onguent, qu’elle-même
préparait. Avant sa préparation, elle jeûnait et priait. Elle passait toute la
nuit à prier sur son chapelet lors de la préparation de la pommade. Un jour,
après s’être penchée vers moi, elle murmura à mon oreille: "Tu dois
savoir, cet onguent mange toutes les cellules cancéreuses. " Cela fut dit
à voix basse, mais très sérieusement et je me suis dit: "Cela signifie que
la pommade a déjà été testée… Elle peut vous sauver. " Mais ce
n'était pas la pommade, mais la puissance de la prière de Matouchka qui agissait
à travers elle. Par humilité, elle ne voulait pas que les gens fasse l'éloge de
ses actions et elle attribuait la force de guérison à la pommade, et, bien sûr,
par la grâce de Dieu, la pommade devenait la guérison. Quand les gens se
plaignaient de douleurs, elle disait: "Applique la pommade et elles s'en
iront. "Et c’est ce qui se passait...
Ceux qui ont rendu visite à
Matouchka disent souvent qu'elle avait prédit l'accident de Tchernobyl 5 ans
avant que cela n’arrive. Je lui ai rendu visite 2 semaines avant l'accident, et
je me rappelle comment elle dit en regardant les icônes "Regarde comment
elles brillent, quel feu!" Mais je ne pouvais pas le voir. Deux semaines
plus tard - l'accident s'est produit. Ce jour-là, la mère était habillé tout en
noir, et elle a répété à plusieurs reprises: "Nous vivons à cause de la
douleur des autres!"
Un jour j'ai apporté à la Mère
deux icônes - la Sainte Trinité et saint Nicolas du Japon et elle m'a dit: "Je le connais...
aide-nous très cher... ne laisse pas se produire... aide le 11... non, ne laisse
pas ceci arriver. " Des larmes remplirent le visage de la Mère. J'ai eu un
sentiment que quelque chose de mauvais allait se passer pour moi le 11. Elle a longtemps
prié Saint-Nicolas et a dit, "C’est un grand saint." Et puis elle a
mentionné un autre nombre qui était le 8.
C'était la date du 11, l’hiver touchait
à sa fin, tout a commencé à fondre et les toits étaient couverts de lourds morceaux
de glace. Mon mari allait travailler, tout à coup, un énorme bloc de glace est
tombé depuis le toit d'un immeuble de grande hauteur et est tombé devant lui à
une distance d'un pas. Un instant seulement le séparait d'une mort terrible.
Une fois suivante, je rentrais
chez moi très tard, après avoir rendu visita à mon père malade à l'hôpital.
Quand j'étais juste à côté de la porte de quelqu'un au niveau supérieur a jeté
une bouteille vide et elle s’est brisée en morceaux à quelques centimètres devant
mon visage! C'était à une seconde près que je fus sauvée - c'est arrivé le 8.
Version française Claude Lopez-Ginisty