Saint Milos
fêté le 10/23 Novembre
Les saints se
révèlent de façon miraculeuse, et au printemps dernier, alors à Patras, Grèce,
recherchant une interview pour St. Andrew’s Journeys (automne 2004), Le
personnel de Road to Emmaüs prit un
café avec Mme Smaragda Pavlou, originaire de Patras, dont la surprenante
histoire pascale fut le clou de notre visite. Hésitant d’abord à avoir
l'histoire enregistrée, à l'instigation de son père spirituel, Smaragda accepta...
*
C’était le Grand Jeudi 1939, ma sœur Photini et moi
étions jeunes filles.
Le Grand Jeudi était le jour où nous teignions nos
œufs de Pâques, et nous avions gardé pour cela beaucoup d'œufs pendant le Grand
Carême. Patras n’était pas très peuplé en ces temps-là; nous avions du terrain
derrière notre maison pour les poulets, et cette année nous avions une jeune poule
nouvelle parmi nos volailles.
Le matin du Grand Jeudi, elle pondit son premier
œuf et elle mourut immédiatement. Nous fûmes très surprises et nous ressentîmes
une grande pitié pour elle; nous avons donc pris l'œuf et l’avons mis avec les
autres que nous teignions en rouge pour Pâques.
Le Samedi Saint, les œufs furent
bénis à l'église, à la paroisse de Saint Dionysios sur Astings Street, et après
la Liturgie pascale, un œuf fut choisi pour être mis dans le coin d’icônes,
comme bénédiction pour l'année. Cette Pâques-là, nous avons choisi l'œuf de la
petite poule qui était morte, et nous l’avons mis dans le coin d'icône de la
maison.
Quelques mois plus tard, le matin du 10 novembre,
sans aucune raison particulière, l'œuf est tombé du coin d'icône de
la maison, et s’est cassé avec un grand craquement. Au milieu des fragments de
la coquille, nous avons trouvé un petit médaillon de cire ovale, avec une
silhouette vêtue d'un homophore et d'un phélonion avec le Saint Evangile dans sa main,
et le nom "Aghios Milos" (Saint Milos) gravé autour de la silhouette
en lettres capitales. Sur le côté
opposé, sans inscription, il y avait l'image familière de saint Stylianos, tenant
un nourrisson. Il nous a semblé que le contenu de l'œuf séché avait façonné
une
icône-non-faite–de-main-d’homme. J’ai demandé à tous ceux que je
connaissais qui était saint Milos, mais personne n'avait jamais entendu parler
de lui, pas même le prêtre.
L'icône de l'œuf!
idem
Tout le monde dans notre famille vit cette
merveilleuse icône venant de l'œuf. Nous savions que saint Milos était venu vers
nous, et nous l’avons tous prié. Pendant toute une année après cela, les
gens vinrent chez nous pour vénérer la petite icône; notre maison devint comme un sanctuaire public.
Ensuite, la Grèce fut envahie. C’était en 1940 et
les Italiens bombardèrent Patras. Beaucoup de gens ont fui pour se mettre en
sécurité dans notre maison, à cause de la présence de l'icône. Et en effet,
notre maison fut une de celles qui restèrent debout après le bombardement.
Tous
les hommes de notre famille étaient allés combattre les envahisseurs italiens
et allemands, chacun d’eux prit, comme protection, un peu de coquille d'œuf cassé cousu dans un
morceau de tissu. Pendant la guerre, nos voisins perdirent un,
deux, trois, parfois tous les hommes de leur famille, mais pas un de nos parents
ne fut tué durant la Seconde Guerre mondiale ou durant la guerre civile qui suivit. Les bombes tombèrent autour d'eux, des balles et des explosions frappèrent des soldats à côté d'eux, mais ils furent sains et saufs. Plus d'une
fois, ils furent les seuls de leurs compagnies restés indemnes, et nous savions
que c’était par les prières du saint.
En Grèce, à cette époque, nos femmes avaient encore
des bébés à la maison, et parce que l’on avait besoin des médecins pour
l'armée, nous avons souvent eu à aider nous-mêmes [ces femmes]. Quand les
voisines avaient des accouchements difficiles, ma sœur et moi prenions la
petite icône pour les bénir. Nous priions saint Milos et saint Stylianos, et la
naissance était toujours plus facile et la naissance du bébé sans problème. Plusieurs
fois, les femmes qui eurent des hémorragies pendant l'accouchement furent aidées
après avoir été bénies avec l'icône. L'hémorragie s’arrêtait simplement.
Personne n'est jamais décédé après avoir vénéré l'icône.
Mais qui était ce saint Milos? Aucun d'entre nous ne
le connaissait. J'ai demandé à beaucoup de personnes instruites, et à beaucoup
de prêtres, mais aucun n'avait jamais entendu parler de lui, jusques il y a
vingt ans, au moment où un pieux chrétien d'Athènes, qui était venu vénérer l'icône,
a raconté l'histoire à un jeune théologien. Le théologien a entendu cette
histoire la nuit du 9 Novembre, et il a été empli du désir de savoir qui était
ce saint. Le lendemain matin, comme il lisait les noms des saints du jour dans
le Ménée du 10 novembre, il a vu "aujourd'hui est célébré Saint Milos (ou
Melisios), thaumaturge, hiéromartyr de Perse."
Il découvrit que saint Milos était un évêque du IVe
siècle à Babylone, consacré après des années d'ascétisme dans le désert par l’évêque
Gennade de Perse (aujourd'hui l'Iran). L'Eglise perse était profondément empêtrée
dans le crime, le péché et la paresse, et les tentatives de Milos pour corriger
le peuple restèrent lettre morte. Les avertissant qu'ils offensaient l'état
aussi bien que Dieu, il les exhorta à se repentir avant que leurs crimes n’apportent
la colère des autorités civiles sur eux. Ils le tournèrent en dérision, et
voyant que leur situation était désespérée, il leur annonça qu'il allait partir
et revenir seulement après qu’ils aient récolté une punition sévère pour leurs
méfaits. Saint Milos partit alors pour la Terre Sainte, où il a vécu pendant
deux ans avec saint Ammon, disciple de saint Antoine le Grand.
La population rebelle fut bientôt punie: le gouverneur
de Babylone en passa des milliers par le fil de l'épée et lâcha sur eux un
bataillon de trois cents éléphants qui écrasa tout sur son passage.
Quand saint
Milos revint, il se mit à rétablir la foi de ceux qui avaient survécu. Dans
toute la Perse, sa réussite fut saluée par des acclamations, mais aussi par de la
jalousie, et en 357, lui et quatre autres membres de son diocèse furent
emprisonnés.
Ceux qui étaient avec lui furent lapidés à mort, tandis que saint Milos
fut d'abord torturé, puis utilisé comme cible vivante pour la chasse du
dirigeant local et de son frère. Avant de mourir, percé de leurs flèches, il
prophétisa que ses deux exécuteurs périraient de la même manière, et peu après,
en chassant dans la forêt, un cerf s'élança entre eux. Chaque frère lâcha sa
flèche, seulement pour la faire pénétrer dans le cœur de l'autre.
Le théologien fut tellement ému par l'histoire de son
audition providentielle à la veille de la propre fête du saint qu'il fonda la
Fraternité Saint Milos pour les orthodoxes de Patras, et il [construisit] une église dédiée à saint Milos, à la gloire de Dieu.
L'église de saint Milos, achevée
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
*