10/23 février
Dimanche de l’abstinence de viande ou
du Jugement Dernier
Saint hiéromartyr Charalampos et avec lui saints
Porphyre, Baptos et trois autres martyrs à Magnésie en Asie Mineure (202) ;
sainte Scholastique, sœur de saint Benoît (543) ; sainte Anne, princesse
de Novgorod (XIème s.) ; saint Prochore des Grottes de Kiev (1107) ; saint
Longin de Koriajemka (Vologda) (1540) ; sainte Galina (IIIème s.) ;
saintes martyres et vierges Ennaphe, Valentine et Paule (308) ; saints
hiéromartyrs Pierre Groudinsky et Valérien Novistky, prêtres (1930).
Lectures : I Cor.
VIII, 8 - IX,2 / Мatth. XXV, 31-46
Icône du Jugement dernier ; xiie siècle ;
Monastère de Sainte Catherine, Sinaï, Égypte.
LE DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DE VIANDE OU DU JUGEMENT
DERNIER
a première
appellation de ce dimanche s’explique par le fait que commence, dès le
lendemain, l’abstinence de viande, et la seconde, par la lecture évangélique du
Jugement redoutable universel des vivants et des morts, qui est mentionné dans
tout l’office liturgique. Par la mémoire du Jugement, la sainte Église incite
plus fortement les pécheurs au repentir et indique le véritable sens de
l’espoir même en la miséricorde Divine. Dieu est miséricordieux, mais Il est
également le juste Juge, qui rend à chacun selon ses œuvres. Pour cette raison,
les pécheurs ne doivent pas se méprendre quant à leur responsabilité pour leur
condition morale et faire mauvais usage de la longanimité de Dieu. En nous
rappelant le Jugement et en dirigeant nos regards vers « l’examen
impartial », la sainte Église nous inspire la pensée de la nécessité
impérative du repentir et du redressement de sa vie : « Renonçant
en ce jour aux aliments, travaillons avec ardeur à réparer nos fautes dignement ».
Tout particulièrement, elle nous appelle au œuvres de charité : « Connaissant
les commandements du Seigneur, vivons ainsi : nourrissons les affamés,
abreuvons ceux qui sont assoiffés, vêtons ceux qui sont nus, accueillons les
étrangers, visitons les malades et les prisonniers, afin que Celui qui viendra
juger la terre nous dise : venez les bénis de Mon Père, héritez du Royaume
qui vous est préparé depuis la fondation du monde ». A partir de ce
jour, nous franchissons « le seuil » du saint carême, selon
l’expression liturgique désignant
la semaine qui
vient. L’Église, qui mène graduellement les fidèles à l’ascèse du jeûne, les
place sur la dernière marche de l’abstinence les préparant au carême par
l’interdiction de manger de la viande et la permission de consommer les œufs et
le fromage. Ainsi, le passage au jeûne est-il facilité. Dans les hymnes
liturgiques de cette semaine, l’Église nous invite à « ne point
souiller, par le mal de l’intempérance et de l’ivresse, l’entrée et le seuil du
carême ». Il est clair que, selon l’enseignement de l’Église, la
semaine des laitages ne doit pas donner lieu à des excès de nourriture et des
réjouissances effrénées. St Tykhon de Zadonsk (†1783) dit que « durant la semaine des laitages, les véritables
enfants de l’Église doivent agir avec bien plus de tempérance que durant les
jours précédents ».
Tropaire du dimanche, ton 2
Егда́ снизше́лъ ecи́ къ сме́рти, Животе́
безсме́ртный, тогда́ áдъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́ : eгда́
же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя
взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
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Lorsque Tu
descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par
l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures
souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô
Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
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Kondakion du dimanche du Jugement dernier, ton 1
Егда́
пріи́деши Бо́же на зе́млю co cлáвою, и тpeпе́щутъ вся́ческая ; pѣка́ же
о́гненная предъ суди́щемъ влече́тъ, кни́ги paзгиба́ются, и та́йная явля́ются;
тогда́ изба́ви мя́ oтъ огня́ неугаси́маго, и cподо́би мя́ одесну́ю Teбе́
ста́ти cyдіе́ пра́веднѣйшій.
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O
Dieu, lorsque Tu viendras sur la terre dans la gloire et que trembleront
toutes choses, un fleuve de feu coulera devant le tribunal, les livres seront
ouverts et les secrets révélés. Délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi
digne de me tenir à Ta droite, Juge très juste.
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AU SUJET DU JUGEMENT DERNIER
Dans l’image de Dieu que l’être humain porte
en lui, se trouve le Verbe Divin immortel. En cela est la majesté immortelle et
divine même chez l’un des « plus petits » parmi les hommes. Cette
vérité évangélique est fondamentale : tout ce que tu fais aux hommes, tu
le fais en fin de compte au Christ, au Créateur, au Sauveur, au Juge. Chaque
homme porte en lui le Christ, qu’il en soit conscient ou non. Pour cette
raison, toute attitude que tu adoptes envers quelque homme que ce soit, chacun
de tes sentiments pour un homme, toute pensée sur un homme, revêt une
importance infinie et décisive pour toi. Car c’est cela qui définit ton destin
éternel dans l’autre monde, c’est en fonction de cela que tu seras jugé. Chaque
homme, chaque frère le plus petit, porte en lui tout l’Évangile pour toi ; et de chacun de ces
« frères les plus petits » dépend ton salut. En fait, dans l’Évangile sur le Jugement, le Seigneur nous dit
cette vérité, cette vérité universelle : ton salut dépend de ton attitude
envers le prochain, envers tes frères à l’image du Christ. C’est là tout
l’Évangile. Autrement dit : l’homme se sauve et se condamne par le
prochain. Néanmoins, comme il est facile de se sauver ! Tu nourris
l’affamé en tant que créé par Dieu, et tu es sauvé ! Tu donnes à boire à celui
qui est assoiffé, tu es à nouveau sauvé ! Tu reçois un voyageur, encore
une fois, tu es sauvé ! Tu rends visite à un malade, tu es renforcé dans
le salut ; tu visites un prisonnier, tu es encore une fois sauvé. Ainsi,
de jour en jour, tu es le créateur de l’Évangile, et ainsi ton propre sauveur.
Car en accomplissant cela, tu t’unis continuellement spirituellement avec le
Sauveur : « C’est à Moi que vous l’avez fait ». Le salut n’est
rien d’autre que l’union de l’homme avec le Sauveur par les saints Mystères et
les saintes vertus évangéliques.
St Justin de Tchélié
LE SAMEDI DE L’ABSTINENCE DE VIANDE
Le
premier samedi, dit « universel », consacré à la mémoire des défunts,
est celui qui précède le dimanche de l’abstinence de viande. Ce samedi est dit
« universel » parce que l’on y fait mémoire de tous les défunts
depuis Adam jusqu’à nos jours. Dans les livres liturgiques, il est mentionné
« que l’on fait mémoire de tous les
chrétiens orthodoxes, de nos pères et frères, qui se sont endormis depuis les
siècles ». Il est écrit dans le synaxaire (commentaire
du jour ou de la fête, figurant dans les livres liturgiques après le kondakion)
: « Les saints Pères ont disposé
qu’il convenait de faire mémoire de tous les défunts pour la raison suivante.
Nombreux sont ceux qui meurent souvent d’une mort non naturelle, par exemple
lors d’un voyage en mer, ou encore sur des montagnes infranchissables, dans des
gorges ou précipices ; il arrive encore que certains meurent de faim, du
fait d’un incendie, de la guerre, ou du gel. Et qui énumérerait toutes les
sortes et tous les genres de mort soudaine et inattendue ? Tous ceux qui
entrent dans lesdites catégories sont privés des chants et des prières
funèbres. C’est la raison pour laquelle, les saints Pères, mus par l’amour des
hommes, ont décidé, sur le fondement de l’enseignement apostolique, d’accomplir
cette commémoration universelle, afin que personne, achevant sa vie terrestre
de quelque façon, à quelque moment et en quelque lieu que ce fût, ne se vît privé
des prières de l’Église ». La fixation du samedi des défunts à la
veille du dimanche de l’abstinence de viande remonte à une tradition ancienne,
confirmée par le fait qu’elle se trouve dans le Typicon de St Sabbas au Vème siècle. Cette tradition résulte de la
coutume pour les chrétiens des premiers siècles de se rassembler dans les
cimetières pour commémorer les défunts, ce à quoi font allusion des témoignages
écrits du IVème siècle. La raison pour laquelle l’Église a retenu le samedi
précédant le dimanche du Jugement Dernier est précisément que nous demandons au
Juste Juge de manifester Sa miséricorde en ce jour envers tous les défunts,
dont ceux qui sont restés sans enterrement chrétien. En outre, cette
commémoration a lieu peu avant le Grand Carême, lorsque nous devons entrer dans
une union plus étroite avec les vivants et les morts.
Hiéromoine
Grégoire de la Sainte Montagne
COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME
L’hymne de victoire (suite)
Saint Jean
Chrysostome compare l’hymne de victoire
que nous chantons à la divine Liturgie et le cantique de victoire que chantèrent les Juifs lorsqu’ils furent
libérés de la tyrannie des Égyptiens : « Chantons
pour le Seigneur, car Il s’est couvert de gloire » (Exode XV, 1-19). La comparaison montre que le
cantique de victoire « est bien au-dessus du leur… Ce n’est pas la défaite de
Pharaon, mais celle du diable… Ce ne sont pas des armes sensibles dont on s’est
emparé, mais c'est le mal qui a péri… Ce n’est pas nous qui nous dirigeons vers
la Terre promise, mais nous quittons la terre pour le ciel. Nous ne mangeons pas la manne, mais nous
nous nourrissons du corps du Maître. Nous buvons, non pas l'eau qui coule du
rocher, mais le sang qui jaillit du côté du Christ ». Le sens de l’Hymne
de victoire sur lèvres des Puissances angéliques, comme elles le chantaient
autour du saint trône de Dieu, était double. C’était une doxologie au Dieu
Trinitaire et, en même temps, une prophétie : « Ce chant n'est pas
seulement une louange, mais une prophétie des biens que recevra la terre… Toute la terre est remplie de Sa gloire
[Isa. VI,3]… Quand donc la terre a-t-elle été remplie de sa gloire? Lorsque
cette hymne est descendue sur terre, lorsque les hommes ont chanté avec les
puissances célestes, qu'ils n'ont plus fait entendre qu'un même chant, retentir
qu'une même louange » (Saint Grégoire de Nysse). Sur nos propres lèvres, la
signification de l’Hymne de victoire est analogue. C’est une doxologie pour la
victoire du Christ qui s’est déjà réalisée, et une prophétie sur la seconde et
dernière venue du Vainqueur. C’est la bonne nouvelle de la venue finale du Fils
de l’homme, précédée de la Croix, signe de Sa victoire : « Alors,
toutes les nations et tous les peuples de tous les siècles se prosterneront devant
Lui, offriront le culte sans émettre d’objection, et il existera une
merveilleuse symphonie de louange ; les saints chanteront des hymnes,
comme ils l’ont toujours fait, tandis que les impies feront des supplications
par nécessité. Alors, réellement, l’Hymne triomphale sera chantée par tous
d’une même voix : par les vainqueurs et par les vaincus (Saint
Grégoire de Nysse). De même que le Christ vainqueur est Celui qui est, qui était, et qui vient (Ap. I,4), Sa victoire
a existé, existe et existera sans interruption. De la même façon, l’hymne de
célébration de Sa victoire sera chantée imperturbablement. Dans la Liturgie
céleste, il y aura un mouvement constant des anges et des hommes autour de
Dieu, lesquels loueront la Divinité Une en Trois
personnes (Saint Maxime le Confesseur).
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Mc. XVI, 9-20 Liturgie :
Rom. XIII, 11-XIV, 4 ; Маtth. VI, 14-21