Sainte Manéfa
Pourquoi les saints souffrent-ils de maladies et de peines ?
De nombreuses personnes prient les saints chrétiens pour être soulagées de leur chagrin et de leur maladie, et beaucoup voient leurs prières exaucées. Pourtant, certains saints, dont sainte Manéfa, furent malades tout au long de leur vie. Pourquoi ne furent-ils pas récompensés par une bonne santé malgré leurs prières ?
Pour répondre à cette contradiction apparente, saint Jean Chrysostome (vers 347 - 407) cita huit raisons pour lesquelles Dieu a permis que Son peuple élu soit affligé.
1.C'était nécessaire pour que les personnes qui avaient découvert de grands talents en elles-mêmes ne se haussent pas au-dessus des autres.
2. Elle empêchait les autres de déclarer que les saints étaient des dieux, et les protégeait ainsi du péché d'idolâtrie.
3. La puissance de Dieu devient plus visible lorsqu'elle se manifeste dans la faiblesse humaine.
4. En acceptant les peines, ils étaient prêts à suivre Dieu sans condition, et non dans l'attente d'un avantage ou d'une récompense du monde.
5. En supportant les souffrances, les saints témoignent à tous les chrétiens de la résurrection à venir, lorsque tous ceux qui auront supporté les épreuves pour Dieu seront glorifiés et honorés.
6. Les saints qui restent fermes dans leurs peines réconfortent et rassurent tous ceux qui en sont accablés.
7. Les saints connaissent leurs moments de faiblesse, ce qui rend leurs expériences plus pertinentes et plus faciles à comprendre pour les autres - ils ne les voient plus comme des super-héros dont ils ne pourraient jamais imiter l'exemple.
8. Dans leurs tourments, les saints nous révèlent le véritable sens du bonheur et du malheur. Le vrai bonheur est d'atteindre l'unité avec Dieu en menant une vie vertueuse, et le malheur est de s'isoler de Lui derrière un mur de péchés.
Saint Jean Chrysostome conclut : "Conscients de ces nombreuses raisons qui expliquent les peines des saints, ne nous plaignons pas dans nos épreuves. Rejetons tout doute ou toute confusion, tempérons notre esprit, et enseignons aux autres à faire de même."
Sainte Manéfa de Gomel suivit ces enseignements à la lettre et en esprit. Elle y trouva le sens de sa vie.
L'ascension vers la sainteté
Maria accepta la tonsure pendant la Seconde Guerre mondiale sous le nom de Manéfa. Elle rejoignit le couvent de Tchyonky en l'honneur de l'icône de la Mère de Dieu de Tikhvine. Cependant, comme ce couvent fut établi sous l'occupation allemande, il eut une histoire très courte. Lorsque le couvent fut fermé, Manéfa retourna dans son village, où elle passa le reste de sa vie.
Finalement, les gens commencèrent à affluer vers elle en nombre croissant. Ils venaient lui demander du réconfort et de l'aide dans leurs multiples peines. À un moment donné, elle commença à recevoir des prêtres qui lui demandaient des conseils et une simple prière. Ces prêtres venaient de la ville voisine de Gomel, mais aussi d'aussi loin que Minsk et Kiev. Beaucoup de ceux qui rencontrèrent Manéfa témoignèrent de son don de clairvoyance et de sa capacité à lire les pensées cachées et les motivations des gens.
Chez beaucoup de gens, elle réussit à allumer la flamme de la foi. Le simple fait de s'asseoir à une table avec elle autour d'un thé, de l'écouter lire ou de la regarder coudre amena beaucoup de gens à l'idée de l'existence de Dieu. Ils étaient convaincus qu'il devait y avoir un Dieu dans ce monde tant qu'il y avait des personnes comme sainte Manéfa.
Sur les photos, sainte Manéfa ressemble à une femme ordinaire, aux formes généreuses et au visage simple de paysanne. Rien dans son apparence extérieure ne révélait une sainte en elle. Elle mourut en 1984 et fut glorifiée par les orthodoxes biélorusses en 2007.
S'il y a une leçon que nous pouvons tirer de sa vie, c'est bien celle-ci… Tourmentée par de graves maladies, elle ne s'est jamais plainte et n'a jamais rien exigé des autres, mais elle leur a donné généreusement son amour, sa joie, son énergie et son optimisme. Elle ne s'est jamais apitoyée sur son sort. Quiconque peut faire de même aura une place au paradis à côté de la moniale Manéfa.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après
The Catalogue of Good Deeds