"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 13 février 2025

GRIG GHEORGHIU: St. Sofian d'Anthimos sur la souffrance

Saint Sofian
 



Toute souffrance est difficile et désagréable parce qu'elle est une défaite de notre volonté et de nos projets, un obstacle placé sur le chemin que nous avons choisi.

Extraits d'un livre qui sera bientôt publié par St. George Press avec des lectures quotidiennes tirées des paroles du vénérable Sofian du monastère d'Anthimos, récemment canonisé (a rejoint le Seigneur en 2002, ce qui fait de St. Sofian le premier saint orthodoxe du 21e siècle).


Dieu laisse expressément dans nos vies les souffrances et les peines dont tout le monde a peur afin qu'elles nous humanisent, qu'elles nous servent de modèles et qu'elles nous rendent meilleurs, plus honnêtes, plus tolérants et peut-être plus compréhensifs à l'égard de la souffrance d'autrui. Celui qui ne souffre pas n'en croit pas un autre... « Qui n'a pas goûté à l'amertume ne sait pas ce qu'est le sucre ».


La souffrance est permise précisément comme un ciseau dans les mains d'un habile sculpteur qui modèle dans le marbre ou la pierre un portrait ou un objet de grande valeur. C'est ce que Dieu veut faire avec ceux qu'Il aime. La souffrance est donc permise comme la médecine ou la chirurgie sur un corps mourant, dont il faut amputer certains membres pour pouvoir le sauver. 

Nous sommes tous confrontés dans la vie aux ennuis, aux peines, aux déceptions, à la haine, à l'envie, au déshonneur, à la moquerie, à la méchanceté de nos semblables ; nous sommes confrontés à la maladie, à la vieillesse, à la mort. 

Toute souffrance est difficile et désagréable parce qu'elle est une défaite de notre propre volonté et de nos plans, un obstacle placé en travers du chemin que nous avons choisi.


Certaines personnes, confrontées à la souffrance et au chagrin, se révoltent, grincent des dents, ripostent, maudissent, insultent, se rebellent même contre Dieu, blasphèment et jurent, demandant, sans humilité et remplies de colère, pourquoi elles souffrent. 

Ces personnes, qui ne reconnaissent pas leurs propres transgressions et péchés, sont semblables au mauvais larron du Golgotha. Nous sommes tous ainsi, nous qui nous révoltons contre la souffrance que Dieu laisse venir sur nous. Leur révolte, au lieu de les aider et de soulager leur douleur, au lieu de les ciseler et de les modeler, approfondit encore leur souffrance et les isole de Dieu et des autres.


Il y a des personnes qui, confrontées à des maladies graves, des défaites, des blessures, des humiliations et des pertes de toutes sortes, au lieu de se révolter, de maudire ou de se venger, font le point, se regardent et, à la question « Pourquoi je souffre ? », trouvent des réponses dans leurs propres abus et péchés commis contre les autres et contre Dieu lui-même. 

Ainsi, en admettant leurs péchés, en se désolant de les avoir commis, en se repentant au plus profond de leur conscience et en prenant la résolution de ne plus commettre ces péchés, ils constatent un changement profond dans leur vie.


Saint Vénérable Père Sofian, prie pour nous !

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




mercredi 12 février 2025

Jean-Claude Larchet : « La prière de Jésus selon les moines du Mont Athos. Quels enseignements pour les laïcs vivant dans le monde ? »


Le mardi 4 février Jean-Claude Larchet, dans le cadre des Rencontres de Saint-Stéphane, a abordé le thème « La prière de Jésus selon les moines du Mont Athos. Quels enseignements pour les laïcs vivant dans le monde ? ».

Son dernier live La prière de Jésus. Selon les moines du Mont Athos est paru dans la collection des éditions Salvator « Voix de l’orthodoxie » dont le père Jivko Panev est directeur.

Saint Gérasime et le lion

St Gérasime et le lion


*



Saint Gérasime 
était un grand ascète:
il avait un lion
[comme compagnon]:
nous sommes petits
alors 
nous avons des chats!

Saint Nectaire d'Optino

*




 

Rencontre entre Dostoïevski et le staretz Ambroise d'Optino

 

Je crois qu'il n'y a rien de plus beau, de plus profond, de plus sympathique, de plus rationnel, de plus viril, de plus parfait que le Sauveur ; je me dis avec un amour jaloux que non seulement il n'y a personne d'autre comme Lui, mais qu'il ne pourrait y en avoir aucun. 

Je dirais même plus : Si quelqu'un pouvait me prouver que le Christ est en dehors de la vérité, et si la vérité excluait vraiment le Christ, je préférerais rester avec le Christ et non avec la vérité"[1].


Ce grand penseur ne pouvait qu'être attiré par la majesté d'Optino. Il était très intéressé à suivre le processus de formation des startsy et à faire connaissance avec le staretz éclairé, Ambroise. En juin 1878, il lui rendit visite et resta deux jours. 

Naturellement, nous ne savons pas de quoi ils discutèrent en privé. Le père Ambroise apprécia Dostoïevski et dit de lui : « Voilà un homme qui se repent ».

Le staretz Ambroise était un personnage qui résonnait profondément dans l'âme de Dostoïevski, tout comme son œuvre. Il est présenté de manière vivante dans les premiers chapitres des Frères Karamazov, que Dostoïevski commençait à écrire. 

Cette œuvre majestueuse, chef-d'œuvre de la composition romanesque, présente en camaïeu la vie, l'activité et l'enseignement du staretz Zossima. L'ensemble de la description extérieure du lieu, de la cellule, des pièces du monastère, voire certains détails plus fins, parlent d'Optino.  Certains traits de la personne du staretz Zossima peuvent être attribués à Père Ambroise.  Ils trahissent certainement les impressions personnelles de l'auteur.  

Il écrit que « la première fois que le staretz regardait quelqu'un qu'il n'avait jamais rencontré auparavant, il comprenait pourquoi cette personne était venue, ce dont elle avait besoin et, très souvent, ce qui troublait sa conscience. 

La personne qui se repentait était étonnée, souvent même terrifiée, sentant que son âme avait été ouverte avant même qu'elle n'ait prononcé un mot. 

Beaucoup de ceux qui venaient pour la première fois lui parler en privé entraient dans sa cellule avec crainte et tremblement. Ils en sortaient presque tous radieux ».

Source: 

Ο Στάρετς Αμβρόσιος, p. 186, 

Holy Monastery of the Paraclete, Oropos, Athens

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

PEMPTOUSIA

NOTE:

[1] Dostoïevski: Lettre à Mme. N. D. Fonvisin (1854), in Letters of Fyodor Michailovitch Dostoevsky to his Family and Friends (1914), Letter XXI, p. 71.



mardi 11 février 2025

Père James Guirguis: À QUOI RESSEMBLE LA PRIÈRE ?

     

Lecture du Saint Évangile selon St. Luc. (18:10-14)

Quel est le cœur de la prière ? Quel est son rôle ? Quel est son but ? 

Prions-nous pour « avoir l'air religieux ou spirituel ? » Prions-nous parce que c'est exactement ce que nous sommes censés faire ? Prions-nous parce que nous pensons que d'une manière ou d'une autre, c'est notre devoir ou notre obligation de le faire ? Ou peut-être avons-nous encore moins de nobles intentions. 

Nous voyons deux aspects différents de la prière dans la lecture de l'Evangile d'aujourd'hui. Cette parabole du publicain et du pharisien, racontée par Notre Seigneur Jésus-Christ, place effectivement tous ceux qui prient dans l'un des deux camps, dans l'un des deux côtés. Ceux qui prient à juste raison et ceux dont la prière est totalement fausse.

Il y a quelques différences entre les deux et elles sont suffisamment importantes pour que Notre Seigneur Jésus-Christ ait jugé nécessaire de nous enseigner, nous Ses enfants, afin que nous soyons comme l'un de ces deux hommes et non comme l'autre. Notre Seigneur enseigna tout cela de la manière la plus chargée et la plus controversée possible, afin que tout le monde reçoive le message et que personne ne soit laissé interté ou dans l'ignorance.

Il dit : « Deux hommes sont entrés dans le temple pour prier, l'un un pharisisien et l'autre un collecteur d'impôts. » Dieu merci ! C'est une bonne chose que ces hommes soient allés au temple pour prier. C'est une bonne chose quand un homme ou une femme vient à l'église pour prier. Pourtant, ce n'est pas suffisant. Le Seigneur nous donne un aperçu des prières de chaque homme. Il dissèque le cœur humain d'une manière qui n'est vue nulle part et à aucun moment dans aucune autre tradition religieuse. Il nous dit que le pharisien, homme religieux qui est publiquement considéré comme pieux, saint et bon, pria de cette manière : « Dieu, je te remercie de ne pas être comme les autres hommes, les voleurs, les injustes, les adultères, ou même comme ce collecteur d'impôts. Je jeûne deux fois par semaine ; je donne la dîme de tout ce que je gagne. »

Et puis Notre Seigneur nous parle de la prière du publicain. On nous rappelle que les publicains ou les percepteurs d'impôts étaient considérés avec suspicion et qu'ils étaient généralement très détestés. Ils étaient considérés comme des hommes méchants et injustes parce qu'ils coopéraient avec les Romains pour taxer leur propre peuple, les Juifs. Beaucoup d'entre eux prenaient également beaucoup plus que leur juste part parce qu'ils avaient le pouvoir de le faire. Si un agent de l'IRS [fonctionnaire des impôts aux USA] veut venir prendre tout ce que vous possédez, vous serez presque impuissant à riposter, car il a le pouvoir et les ressources de l'empire à sa disposition, et vous n'avez rien. C'est ainsi que le publicain était vu. Mais écoutez sa prière mes amis, « le collecteur d'impôts, debout loin, ne lèvait même pas les yeux vers le ciel, mais se frappait la poitrine, en disant : « Dieu, sois miséricordieux à moi qui suis pécheur ! »

Lorsque je lis ce verset, je dois prendre du recul et me demander si j'ai déjà prié comme ça pendant un seul instant de toute ma vie. Chacun de nous devrait probablement se poser cette question. Nous sommes-nous déjà sentis vraiment brisés dans nos prières ? Avons-nous déjà sondé les profondeurs de notre cœur et nous sommes-nous retrouvés si bas et si impuissants que nous n'avions même pas de mots substantiels à adresser au Seigneur, nous n'avions même pas le pouvoir de lever les yeux vers les cieux. Comme si nous ressentions le poids de nos péchés et que nous nous sentions complètement nus et exposés devant Dieu. C'est un sentiment de véritable vulnérabilité et de véritable faiblesse. Et il s'avère que c'est exactement l'état d'esprit et l'état du cœur qui provoqueront une réponse de notre Dieu. « Un cœur brisé et humble, Dieu ne le méprisera pas. »

La prière du publicain est comme un remède pour nous. Cela devrait nous humilier et nous servir d'exemple puissant de ce que peuvent être nos prières. La prière est bonne quand elle ressemble et résonne ainsi. Cependant, la prière du pharisien était tournée vers l'extérieur. Il était préoccupé par ses actes extérieurs de piété et il était même concentré sur l'échec des autres et se comparait aux autres et se faisait se sentir vraiment bien en se comparant aux autres. Mais il était dans un délire. Il se concentrait sur l'apparence extérieure des autres et ne pouvait pas voir leur cœur. Donc, sa prière ne fut pas considérée en sa faveur. C'était le contraire de la véritable prière, elle fut comptée contre lui parce qu'il la transforma en une arme contre les autres et comme une occasion de se vanter de toutes ses bonnes qualités. Il vint à la maison du Seigneur, lieu où nous rencontrons Dieu d'une manière puissante, mais il gâcha cette chance et transforma ce qui aurait dû être quelque chose de vraiment bon en quelque chose de vraiment mauvais. Il dilapida le don de la prière et le don du temple.

De l'autre côté de cette équation, nous voyons un homme qui n'a rien fait d'autre que de déverrouiller le royaume des cieux ! Il captura le cœur de Dieu ! Il vola l'attention de Dieu. Il se fit comme un mendiant et Dieu le récompensa richement. 

Cet exemple du publicain nous rappelle ce qu'il faut vraiment non seulement pour devenir saint, mais aussi pour apporter la guérison au monde qui nous entoure. Parce qu'il ouvrit le royaume, il fut guéri. Lorsque nous apprenons à vraiment prier, tout est restauré dans la vie.

Notre compréhension chrétienne orthodoxe n'est pas tellement que nous devons sortir et participer à des manifestations et à des défilés pour changer les choses, non ! De même, l'affichage de messages moralisateurs en ligne et même trop de discussions politiques au sein de la paroisse, rien de tout cela ne glorifiera vraiment Dieu ou ne changera le monde. Le changement qui affectera le monde entier se trouve ici même (dans le cœur). Nous ne transformons pas le monde en agitant des bannières, mais en changeant la bannière de nos cœurs. C'est pour cette raison que saint Séraphim de Sarov a dit : « Acquiers un esprit de paix et des milliers de personnes autour de toi seront sauvées ».

Quel cadeau que Notre Seigneur Jésus a donné à chacun d'entre nous dans cette parabole. Adoptons cette parabole et la prière qui s'y trouve. Car c'est la feuille de route vers le cœur du Christ, et ce n'est que dans le cœur du Seigneur Jésus-Christ que notre espérance et notre salut seront trouvés. Gloire à Dieu pour toujours AMEN.


Version française Claude Lopez-GInisty

d'après


lundi 10 février 2025

Nick Kampouris: Les courageux Grecs qui ont sauvé les Juifs de Zakynthos [Zante]

Le maire Loukas Kerrer et l'évêque Chrysostomos de Zakynthos. Illustration : Reporter grec

Les Juifs de Zakynthos [Zante], la belle île ionienne de Grèce, doivent leur survie pendant les jours sombres de l'occupation allemande à deux courageux Grecs.

Zakynthos, également connu sous le nom de Zante, est célèbre dans le monde entier pour sa splendide beauté naturelle et l'hospitalité incomparable de ses habitants chaleureux.

Cependant, Zante est également connu des millions de Juifs à travers le monde pour un moment héroïque qui a changé à jamais le cours de l'histoire de l'île.

Au plus profond de la Seconde Guerre mondiale, et à une époque où la cruauté des occupants nazis à travers l'Europe avait atteint son point mort, une petite histoire d'héroïsme et de courage était sur le point d'être écrite sur Zakynthos.

Le 9 septembre 1943, pendant l'occupation nazie de la Grèce, le commandant allemand de Zakynthos, un officier nommé Berenz, a demandé au maire de l'île, Loukas Karrer, de lui donner une liste complète de chacun des résidents juifs de l'île.

Choqué par la demande, et sachant ce qui arriverait certainement à tous ces individus, le maire Karrer est allé consulter l'évêque de l'île, Chrysostomos.

Ils ont tous deux pris la décision courageuse et manifestement périlleuse de ne pas respecter la demande de Berenz. Ils ne révéleraient pas les résidents juifs aux Allemands.

Le lendemain, l'administration allemande de Zakynthos était furieuse de la décision prise par le maire et l'évêque Chrysostomos.


Le cimetière juif de Zakynthos, où sont enterrés les premiers Juifs arrivés sur l'île au XVe siècle. Crédit : Conseil central israélien de Grèce - KIS.gr

Le maire Karrer et l'évêque Chrysostomos ont tous deux été rapidement convoqués pour comparaître devant le commandant allemand, où ils ont reçu l'ordre de préparer immédiatement la liste de tous les résidents juifs de Zakynthos. Karrer a catégorisément rejeté la demande pour la deuxième fois.

Dans une grande démonstration de courage et de défi en faveur des puissants occupants de la Grèce, le maire et l'évêque ont remis un simple morceau de papier au commandant nazi.

Le maire et l'archevêque de Zakynthos défiant l'occupant

Sur ce bout de papier, seuls deux noms étaient écrits : le maire Loukas Kerrer et l'évêque Chrysostomos.

L'évêque dit au commandant allemand de l'île que bien que les Juifs ne partageaient pas la même religion avec les chrétiens orthodoxes et les autres chrétiens de l'île, les Juifs vivaient aux côtés des Zakynthoniens depuis des siècles d'une manière complètement harmonieuse et paisible.

Chrysostome aurait dit aux Allemands que les Juifs de Zakynthos étaient égaux aux autres citoyens grecs de Zakynthos, expliquant que si quelque chose de mal vu leur arrivait, cela serait préjudiciable à toute la communauté de l'île.


Mémorial dédié à l'évêque Chrysostomos et au maire Kerrer sur le site où se trouvait autrefois la synagogue juive de Zakynthos. 

Crédit : Wikipédia
En outre, Chrysostome écrivit également une lettre personnelle adressée à Hitler lui-même dans laquelle il révéla qu'il avait placé toute la population juive de Zakynthos sous son autorité personnelle, espérant que le leader allemand n'ordonnerait jamais publiquement le meurtre de toute une communauté.

Les responsables allemands de Zante furent perplexes face au mouvement rare et provocateur de la part des deux dirigeants grecs et ils décidèrent d'arrêter leurs plans, demandant des éclaircissements sur les ordres de Berlin elle-même.

Les Juifs de Zakynthos ont été alertés du danger imminent

Pendant ce temps, Karrer et Chrysostomos se sont précipités sur l'île, avertissant les familles juives et leur disant de disparaître et de se cacher soit avec des familles grecques qui étaient prêtes à offrir refuge, soit à aller dans les montagnes, où il serait difficile pour les Allemands de les trouver.

Et voici ce qui s'est finalement passé. Presque toute la population juive de Zakynthos, qui ne comptait pas plus de trois cents personnes à un moment donné, a tout simplement disparu. Les Allemands ont rapidement déclaré qu'ils ne continueraient pas à demander la liste, et leurs plans ont été définitivement arrêtés.

À la suite du mouvement courageux de ces deux hommes, les 275 Juifs de Zakynthos ont été sauvés tandis que les communautés juives d'autres régions de Grèce ont été complètement effacées de la carte, d'Ioannina et Veria aux grandes villes de Thessalonique et d'Athènes.

Un an plus tard, en octobre 1944, les Allemands ont finalement quitté l'île de Zante. Les familles juives de l'île avaient survécu, et dans les quelques années qui ont suivi après la création de l'État d'Israël, la plupart d'entre elles sont parties pour commencer une nouvelle vie cette fois dans leur propre pays.

Juste parmi le quartier des Nations pour le maire

Cependant, les Juifs de Zante n'oublièrent jamais que la seule raison pour laquelle leurs familles avaient survécu était grâce à la bravoure du maire Karrer et de l'évêque Chrysostomos. Loukas Karrer reçut rapidement le titre de "Juste parmi les nations" de la Foundation Yad Vashem Memorial , ainsi que 327 autres courageux Grecs.

Dans un autre acte d'appréciation, les Juifs de Zakynthos firentdon de blocs de pierre pour l'emblématique église Saint-Dionysios de l'île, qui avait été gravement endommagée lors du puissant tremblement de terre de 1953.

Tout le quartier juif de la capitale de l'île fut également détruit par ce tremblement de terre, et la poignée de familles juives qui y furent laissées déménagèrent finalement à Athènes.

Plaque commémorant la bravoure du maire et de l'évêque sur le site de la synagogue de 1489 sur Zakynthos. 

Crédit photo : motl.org

Des décennies plus tard, lors de chaque journée annuelle du souvenir de l'Holocauste, nous nous souvenons tous des millions de personnes qui ont péri et de tous ceux qui ont courageusement combattu le régime nazi inhumain et cruel qui a systématiquement assassiné des millions de Juifs, de Tsiganes, de handicapés, d'homosexuels et de milliers d'autres à travers l'Europe de 1939 à 1945.

Parmi ceux qui méritent d'être rappelés pour leur position courageuse figurent le maire Kerrer et l'évêque Chrysostomos de Zakynthos, qui auront toujours une place spéciale dans le cœur du peuple de Zakynthos, d'Israël et du monde entier.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Greek Reporter

Père Zacharias Zachariou: A propos de la Toute Sainte


Que les anciens qui gouvernent bien soient estimés dignes d'un double honneur, surtout ceux qui travaillent à la parole et à la doctrine » (1 Tim. 5:17). 

Saint Paul nous recommande d'honorer nos aînés et ceux qui « travaillent à la parole et à l'enseignement », car c'est par la parole de Dieu que la Grâce divine nous est communiquée et nous renouvelle. 

Dans cette perspective, la Mère de Dieu occupe une place unique, que personne n'a jamais eue ni n'aura jamais. Bien que la Sainte Vierge Marie n'ait pas travaillé « en paroles et en enseignement », elle a donné tout son être en prêtant sa nature humaine au Christ Verbe, grâce auquel le Seigneur a pu accomplir le salut du monde. C'est pourquoi nous devons magnifier la Mère de Dieu jusqu'à la fin des temps, car elle nous a donné la Parole même de Dieu.

À l'approche de la Mère de Dieu, Élisabeth perçut le mystère qui était à l'œuvre en elle et « elle s'écria d'une voix forte... d'où me vient que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » (Lc 1, 42-43). 

Depuis lors, telle est l'attitude de tous ceux qui ont été touchés par la Grâce divine par la parole du Seigneur, par Son Nom, par Son Corps et Son Sang ; ils ne peuvent que déborder de gratitude, et leur seul souci est de rendre grâce à Dieu pour un don si grand et si inattendu de sa bonté.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


 

dimanche 9 février 2025

DIMANCHE DU PUBLICAIN ET DU PHARISIEN

Publicain et pharisien

Bien que l'Évangile d'aujourd'hui se concentre sur la question de notre attitude et de notre mode de pensée, il se situe dans le contexte de la prière. Nous sommes habitués à voir les gens en deux grandes catégories : les croyants et les incroyants ; ceux qui croient que Dieu existe et ceux qui rejettent le concept même de l'existence de Dieu. Pourtant, il existe un groupe intermédiaire de personnes malavisées qui, tout en prétendant accepter l'existence de Dieu, ne voient pas la nécessité de Lui parler. Cela peut sembler extraordinaire, mais c'est trop courant dans cette génération insouciante. Ils devraient peut-être se rappeler que : ...un de ses disciples lui dit : Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples (Luc 11:1). Le Christ ne leur a pas dit qu'il était inutile de prier. Non, il leur a enseigné la prière que nous appelons aujourd'hui le Notre Père.

Le passage de l'Évangile d'aujourd'hui (Luc 18, 10-14) nous donne l'exemple de deux hommes qui ont parlé à Dieu. Bien que ce qui est lu à l'Eglise commence au verset 10, pour une meilleure compréhension, nous pouvons regarder le verset précédent : Il (le Christ) adressa cette parabole à certains qui se croyaient justes et méprisaient les autres. À bien des égards, cela s'applique facilement à chacun d'entre nous, car nous pouvons juger et critiquer les fautes de ceux qui nous entourent. C'est le péché d'orgueil, contre lequel le Seigneur donne de nombreuses mises en garde.  

Dans son commentaire sur ce passage, Théophylacte dit : « Il purge ici la pire forme d'orgueil, car il y a de nombreuses ramifications de l'amour-propre. La présomption, l'arrogance et la vaine gloire découlent toutes de cette racine, mais la plus destructrice de toutes ces formes d'amour-propre est l'orgueil, car l'orgueil est un mépris de Dieu. Lorsqu'un homme attribue ses réalisations à lui-même, et non à Dieu, ce n'est rien d'autre que le refus de Dieu et l'opposition à Lui. 

+

Kondakion ton 4

Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité d’un langage humble, criant dans le repentir : «Sauveur du monde, purifie Tes serviteurs ».


Dans cette parabole, nous voyons deux prototypes. Le pharisien était le gardien de la loi, combinant les caractéristiques d'un avocat, d'un policier et d'un magistrat. En tant que tel, il cultivait l'image publique de la droiture et de la vertu. Le publicain (collecteur d'impôts) était un objet de méfiance, voire de haine, dont on ne disait jamais rien de bon. 

Il nous est montré que l'amour de soi est la cause première du problème. La parabole est une leçon pour tous ceux qui se fient à eux-mêmes et n'attribuent pas tout à Dieu. Regardez les premiers mots du pharisien : « Dieu, je te remercie ». Cela ressemble à l'attitude d'un homme reconnaissant qui remercie Dieu de l'avoir sauvé de l'erreur.  Il ne le fait pas, mais il s'attribue ses vertus imaginaires et en informe Dieu. S'il croyait avoir reçu un don de Dieu, il n'aurait pas jugé les autres, mais aurait eu pitié d'eux. Au contraire, confiant dans sa propre justice, il regarde les autres hommes de haut, les juge et les méprise. Notez que le pharisien et le publicain se tenaient tous deux dans le temple, mais il y avait une différence. Le premier se tenait droit avec une attitude qui disait « regardez-moi », tandis que le second s'inclinait humblement, les yeux baissés, conscient de son indignité. 

Le pharisien était tellement obsédé par lui-même qu'il avait dressé la liste de ses vertus imaginaires, ajoutant qu'il respectait exactement la lettre de la loi, en jeûnant deux fois par semaine (le lundi et le jeudi, comme c'était la coutume à l'époque), et en donnant la dîme. L'Église nous enseigne à jeûner deux fois par semaine, mais le mercredi (jour où le Christ a été vendu pour trente pièces d'argent) et le vendredi (jour où le Christ a été crucifié). Cette semaine, pour nous rappeler de ne pas être orgueilleux comme le pharisien, il nous est interdit de jeûner le mercredi et le vendredi. 

Le publicain était beaucoup moins loquace. Il murmura une seule phrase : "Que Dieu me fasse miséricorde, à moi qui suis pécheur". Si cette phrase vous semble familière, c'est qu'elle l'est. C'est le sentiment de la prière de Jésus : Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. Cette expression d'humilité de la part du publicain attira sur lui la bénédiction de Dieu, car Dieu résiste aux orgueilleux et fait grâce aux humbles (Première épître générale de Pierre 5:5). 

Chapelet orthodoxe

La prière de Jésus occupe une place très particulière dans la spiritualité orthodoxe. Dans le classique russe Récits d'un pèlerin russe, nous rencontrons un homme dont le cœur a été touché par une phrase qu'il a entendue à l'église : « Priez sans cesse » (1 Thessaloniciens 5:17). Par la suite, il s'est mis en quête de découvrir comment une telle chose était possible. Dans sa quête, il a rencontré un staretz (père spirituel) qui lui a fait découvrir la prière de Jésus et la Philocalie. Le tchotki (chapelet de laine) peut être considéré comme un dispositif de comptage. 


Prière de Jésus en roumain

Dans les siècles passés, de nombreux chrétiens pieux étaient analphabètes et ne pouvaient donc pas utiliser de livres de prières. Une règle de prière conçue pour eux consistait à réciter la prière de Jésus un nombre déterminé de fois, par exemple 600 prières à la place des vêpres et 400 pour les petites complies. Par ailleurs, le tchotki peut être une aide à la concentration, mais il n'est pas indispensable à cette fin. 

Saint Syméon le Nouveau Théologien

 Le staretz a expliqué qu'il s'agit d'une prière intérieure et qu'il n'est pas nécessaire de la prononcer à haute voix. Il cite le conseil de saint Siméon le Nouveau Théologien, qui conseille d'être silencieux et de laisser ses pensées aller de la tête au cœur en disant la prière, dans son esprit, tout en expirant. Cela peut être fait juste quelques fois ou de manière continue. Tout en étant avertis d'éviter l'orgueil du pharisien par la dispense de jeûne, nous sommes encouragés à cultiver une âme humble en utilisant la prière de Jésus, en particulier lorsque la tentation nous assaille.   

Dans l'introduction du Triode, nous lisons : Le défaut du pharisien est qu'il n'a aucun désir de changer sa façon de voir les choses ; il est complaisant, satisfait de lui-même, et il ne laisse donc aucune place à l'action de Dieu en lui. Le publicain, en revanche, aspire vraiment à un « changement d'esprit » : il est insatisfait de lui-même, « pauvre en esprit », et là où il y a cette insatisfaction salvatrice, il y a de la place pour que Dieu agisse.

...o0o...

Les offices qui se déroulent à partir de maintenant et jusqu'à Pâques se trouvent dans le livre d'offices appelé Triode de Carême et sont divisés en trois périodes. La première période de trois semaines commence par un dimanche et se termine par un dimanche. Ces quatre dimanches englobent la période de pré-carême ; il s'agit de ce dimanche, puis du dimanche du fils prodigue, du dimanche du jugement dernier et du dimanche du pardon.

 Viennent ensuite les quarante jours du Grand Carême, puis la Semaine Sainte. Cette période de préparation a évolué au cours des premiers siècles. Au IIIe siècle, le jeûne durait une semaine, essentiellement la Semaine sainte. À l'époque du premier concile œcuménique, en 325, il est fait référence au jeûne de 40 jours. L'histoire de ce développement n'est pas soigneusement documentée, mais il semble que le jeûne de 40 jours ait été établi et universellement observé avant la fin du 4ème siècle. Nous sommes donc aujourd'hui les héritiers d'une tradition ancienne et pieuse.

Saint Jean Chrysostome

Saints nouveaux Martyrs grecs

Saints Nouveaux Martyrs et Confesseurs de Russie

Les commémorations de ce dimanche sont quelque peu complexes, car le calendrier des saints inclut saint Jean Chrysostome, dont la translation des reliques sacrées a eu lieu ce jour-là en 437. Ce dimanche, on commémore également les nouveaux martyrs et confesseurs de Russie. Au cours des siècles, la Sainte Mère l'Église a connu des périodes de persécution. Dans l'Église primitive, elle a été persécutée par les empereurs romains païens. Plus tard, elle a été persécutée par les hérétiques iconoclastes, puis par les Ottomans après la chute de Constantinople. Au XXe siècle, l'Église russe a souffert des mains des bolcheviks athées. Nous devons nous rappeler que l'Ennemi ne dort jamais. La vraie foi est toujours attaquée, parfois ouvertement, mais parfois aussi de manière plus subtile et insidieuse, qui n'est pas toujours évidente. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 

ENGLAND 



Boris Vysheslavtsev: Redécouvrir la culture du cœur


« Un grand staretz a dit à propos de l'homme contemporain : « Voici son esprit, et voici son cœur, et entre eux se trouve un mur de pierre »... 

Un homme sans cœur est à moitié un homme dont l'existence se transforme en une mort progressive. 

Toute notre civilisation contemporaine est affligée par cette sclérose du cœur, par conséquent, toute notre existence est transformée en une mort lente. 

C'est pourquoi notre vie ressemble tellement à la mort, la joie ressemble plus facilement à la douleur, et ce siècle finissant est malade de cette tristesse incurable - parce qu'elle a abandonné la culture du cœur. »

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Sayings of the Romanian Elders