En plus des difficultés d'adaptation, le jeune Haralambos doit se soumettre aux "examens" du staretz. Naturellement, le premier examen arrive rapidement.
Le père Haralambos se souvient : "Environ une semaine après mon arrivée, le staretz m'a donné les instructions suivantes :
"Tu vas monter sur ce rocher là-bas, où une magnifique cabane t'attend. Ce sera un véritable plaisir pour toi d'y résider. Monte donc et ne reviens pas avant que je ne te convoque. Tu comprends ? "
"Que cela soit béni, Géronda !"
Je me prosternai et grimpai immédiatement sur le rocher. Je m'attendais à trouver une hutte bien rangée, mais à ma grande surprise, qu'est-ce qui m'attendait ?
D'un côté, un rocher solide et de l'autre, une porte en bois usée par le temps. En entrant, j'ai découvert qu'il suffisait de faire deux pas pour se cogner la tête contre le rocher. À l'intérieur, il y avait un vieux lit en bois orné d'une seule couverture. De la terre m'entourait des deux côtés, et un humble oreiller de paille reposait à proximité, accompagné de nombreux trous qui pouvaient servir de points d'entrée à des serpents.
"Pourquoi le staretz décrit-il cet endroit comme merveilleux ? Quelle sorte de hutte est-ce là ?" J'ai dû marmonner ces mots cinq ou six fois. Néanmoins, je n'avais pas d'autre choix que de faire confiance au staretz, car c'était lui qui m'avait envoyé ici. "Je persévérerai, même au péril de ma vie. A moins que le staretz ne me convoque, je ne battrai pas en retraite. Il vaut mieux mourir dans l'obéissance que dans le défi."
J'ai prié sans relâche pendant six heures sans discontinuer. Peu à peu, des larmes sont montées en moi et j'ai pleuré pendant une heure entière. J'ai prié Dieu et exprimé ma gratitude, implorant son pardon même pour la dernière personne sur terre. Oh, comme je m'étais bercé d'illusions en pensant que j'accomplissais quelque chose dans le monde ! Comme j'étais malavisé, me précipitant ici et là !
Pourtant, dans ce lieu de lutte constante, jour et nuit, je me trouvais incapable de mettre de l'ordre dans mon propre être. J'ai remercié Dieu de m'avoir amené ici et une transformation s'est produite en moi. J'ai commencé à percevoir cette humble hutte comme un palais, et le désir de m'en éloigner s'est évanoui. Elle m'est apparue si belle et si pleine de bonté ! Le soir, alors que je contemplais le ciel et la mer, les larmes coulaient de manière incontrôlée. Je souhaitais ne jamais quitter ce lieu sacré.
Cependant, après deux ou trois heures, j'ai entendu la voix du staretz qui m'appelait :
"Haralambos, descends !
Croyez-moi, je suis descendu le cœur lourd.
Le staretz m'a emmené dans sa cellule et m'a demandé : "Haralambos, je veux te demander quelque chose ?
"Haralambos, je veux que tu sois honnête avec moi. Comment as-tu passé ton temps là-haut ?"
- Eh bien, Géronda, très bien. Au début, quand j'ai vu cette hutte avec son sol en terre battue et ses trous, je me suis demandé cinq ou six fois : "Pourquoi le staretz prétend-il que cet endroit est bien ? Est-ce vraiment une cellule ? Seuls des serpents pourraient y entrer...". Mais ensuite, j'ai commencé à prier. Oh, mon Dieu, quel réconfort, quelle paix indescriptible et quelle joie profonde j'ai éprouvés ! J'ai commencé à prier pour tous mes adversaires. Finalement, je n'ai plus voulu partir. Tout s'est déroulé exactement comme tu l'avais indiqué."
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
"Mon enfant, répondit le staretz, c'est l'essence même du monachisme. Si Dieu réside en toi, tout est bon et beau. En son absence, tout apparaît déformé."