"Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte". (Hébreux 12, 1)
INTRODUCTION
Le Seigneur Dieu a daigné nous révéler les noms et les actes de quelques-uns de Ses saints. Parmi les centaines de millions de saints du début des temps à travers le monde, nous connaissons les noms de peut-être seulement quelques centaines de milliers d'entre eux. Et beaucoup de ces personnes qui nous ont été révélées, nous les voyons seulement à travers "un verre, obscurément", il ne reste seulement que des noms sans détails. Néanmoins, en Europe occidentale, il y a quelque dix mille saints sur lesquels nous en savons plus et dont la vie finira par être mentionnée sur ce site.
Certains d'entre eux, comme saint Irinée de Lyon ou saint Ambroise de Milan sont connus internationalement et sont vénérés dans le monde orthodoxe.
D'autres, comme sainte Geneviève de Paris ou saint Alban de Vérulamium sont connus surtout à l'échelle nationale, c'est-à-dire seulement dans leur propre pays.
D'autres, comme saint Aignan d'Orléans ou saint Goar d'Oberwesel ne sont généralement connus que dans une seule région de leur pays.
D'autres encore, comme saint Cuthman de Steyning ou saint Pardoux de Guéret, sont pratiquement inconnus en dehors de leur village.
Mais que les saints de l'Europe occidentale soient connus internationalement, nationalement, régionalement ou localement, ils parlent encore avec une seule et même voix, en confessant et en proclamant la foi orthodoxe, la foi du premier millénaire, la foi des Sept Conciles, La foi de l'unique Église du Christ, car ce sont tous des saints orthodoxes.
L'interprétation chrétienne orthodoxe des SAINTS
Un saint est tout simplement un chrétien orthodoxe qui est saint. Bien évidemment, tous les orthodoxes ne sont pas saints, mais tous les saints sont orthodoxes. Un terme comme "saint catholique" est vide de sens pour un orthodoxe, car la conception orthodoxe du terme saint désigne un saint orthodoxe. Il ne s'agit pas de nier que parmi ceux que les catholiques romains qualifient du terme de saints, il n'y ait pas de nombreuses personnes qui sont pieuses, justes, sincères, talentueuses et remarquables. Cependant, aucun de ces mots ne signifie "saint". Ainsi qu'un saint orthodoxe et thaumaturge contemporain, saint Jean de San Francisco (+ 1966) l'a dit:
"La sainteté n'est pas simplement la justice, pour laquelle le juste mérite la jouissance de la béatitude dans le Royaume de Dieu, mais plutôt une telle hauteur de justice que les hommes sont remplis de la grâce de Dieu au point qu'elle se déverse sur ceux qui s'associent avec eux. Grande est leur béatitude, elle procède de l'expérience personnelle de la Gloire de Dieu. Etant remplis aussi d'amour pour les hommes, cet amour qui procède de l'amour de Dieu, ils répondent aux besoins des hommes, et dans leur supplication, ils apparaissent aussi comme des intercesseurs et des défenseurs pour eux devant Dieu ».
Quant à l'un des principaux phénomènes, la stigmatisation, qui est caractéristique de ceux qui sont connus sous le nom de "saints catholiques", l'écrivain jésuite et expert des saints catholiques, le Père Herbert Thurston, a écrit:
"Chez eux une fois qu'elle a été portée à la connaissance des contemplatifs qu'il était possible d'être physiquement conformes aux souffrances du Christ, en portant les marques de Ses blessures dans les mains, les pieds et le côté, alors l'idée de cette forme d'union avec le divin Maître a pris forme dans l'esprit de beaucoup. Elle est devenue en fait une obsession pieuse, si bien qu'en fait, dans un petit nombre d'individus exceptionnellement sensibles l'idée conçue dans l'esprit a été réalisée dans la chair".
En d'autres termes, selon cet expert catholique, les "saints catholiques ne reflètent pas la sainteté de la Gloire de Dieu, les énergies de la lumière divine, mais ils montrent les manifestations physiques d'un désir psychique ou mental", l'obsession "de paraître ressembler au Christ". Ils ne vivent pas intérieurement "en Christ", comme les orthodoxes l'exprimeraient, mais ils cherchent plutôt à "imiter le Christ" extérieurement.
Ainsi, nous voyons que la notion de sainteté dans l'Eglise orthodoxe est très différente de celle du catholicisme. Toutefois, il est aussi un fait que quelques 90% des Européens de l'Ouest vénérés par l'Eglise orthodoxe en tant que saints, sont aussi vénérés par le catholicisme. En effet, le fait est que, après que les chrétiens d'Europe occidentale, se soient séparés de l'Eglise orthodoxe dans le courant du XIe siècle, devenant catholiques romains, la sainteté semble se tarir. Même selon la conception catholique de la sainteté, le fait frappant est qu'il y a très peu de saints catholiques. Depuis le onzième siècle, les villes et de nombreuses régions d'Europe occidentale n'ont même pas connu un "saint catholique". Leurs derniers saints dataient d'avant cette époque, de l'époque de l'Europe occidentale chrétienne orthodoxe. De plus, aujourd'hui, l'Europe occidentale est quasiment devenue une zone sans saints.
L'Église orthodoxe reconnaît comme saints occidentaux, tous ceux qui étaient vénérés comme saints à l'époque, soit localement, en Europe occidentale ou dans le monde orthodoxe, avant le milieu du VIIIe siècle. Après cette période, quand Charlemagne est arrivé au pouvoir en 764, et jusqu'en 1054, date de la séparation officielle de la chrétienté occidentale de l'Eglise orthodoxe, nous avons à étudier très attentivement dans la vie de ceux qui sont appelés saints des signes chez eux d'opposition à la foi chrétienne orthodoxe. S'ils étaient opposés au christianisme orthodoxe, il est clair qu'ils ne peuvent pas être vénérés comme saints. Des questions comme les suivantes doivent être posées:
°Ont-ils été honorés comme saints à l'époque, ou étaient-ils seulement appelé saints, après la séparation du XIe siècle?
°Ont-ils pris part à la promulgation de l'iconoclasme?
°Ont-ils accepté consciemment le Filioque et la mentalité filioquiste, rejetant ainsi l'Église orthodoxe et la foi des sept conciles œcuméniques?
°Ont-ils été acceptés comme des saints simplement parce qu'ils avaient des liens politiques avec Charlemagne?
°Ont-ils été des pionniers du Filioque du XIe siècle, comme le pape Léon IX, qui, bien qu'il soit mort dans l'année 1054 elle-même, est à l'origine du schisme de l'Occident?
Si la réponse à une de ces questions est oui, alors ces personnes ne peuvent être acceptées comme saints par l'Eglise orthodoxe et vénérées par les fidèles. Les orthodoxes ne peuvent vénérer que ceux qui étaient des modèles de foi orthodoxe.
CONCLUSION
À aucun moment dans l'histoire des nations occidentales, la redécouverte de la sainteté de l'Occident n'a été aussi importante. Les saints transportent l'âme ou l'identité spirituelle, "l'hypostase", de chaque peuple dont ils sont issus. Ce n'est pas un hasard si à un moment où les saints d'Europe occidentale ont été oubliés, les nations d'Europe occidentale semblent perdre leur identité dans les mouvements de la mondialisation. La restauration de la vénération des saints de l'Occident conduirait à un triple restauration:
La restauration de l'unité dans la diversité du Dieu trinitaire, adoré par les saints.
La restauration du principe de l'Incarnation du Fils de Dieu, de la vie en Christ.
La restauration de la connaissance en Occident de l'Esprit Saint qui procède du Père et vient par le Fils.
La restauration de la vénération des saints, fondateurs spirituels de l'Occident qui apporte avec elle la restauration des nations de l'Occident dans la connaissance que nous sommes maintenant dans les derniers temps, car notre préparation à ce qui est à venir, ne peut venir qu'à travers les saints:
"Une robe blanche fut donnée à chacun d'eux; et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux". (Apocalypse 6, 11)
Père Andrew Phillips,
St Felix et St Edmund Church,
Felixstowe,
Angleterre.
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Décollation du saint Prophète et Précurseur Jean Baptiste,
29 août / 11 Septembre 2002
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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après