Bernard Le Caro
« Ce n'est pas en vain que le Seigneur nous a chassés de notre pays. Ce n'est pas seulement en raison de nos péchés, mais pour que nous fussions les prédicateurs de l'Evangile dans le monde entier »
Saint Jean de Changhaï
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Indubitablement,
la plus grande joie que l'homme puisse éprouver en ce monde est d'appartenir au
Corps du Christ, l'Église Orthodoxe. Cette joie, nous l'exprimons à chaque
Liturgie, lorsque nous chantons «Nous avons vu la vraie lumière, nous avons
reçu l'esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi». Aussi, comme le disait
le saint Patriarche Tykhon, « Nous devons partager notre richesse spirituelle,
notre vérité, notre lumière avec les autres qui ne possèdent pas ces biens ».
Plus que jamais, nous avons le devoir de témoigner la vraie foi dans un monde
qui, à l'instar de l'Empire romain vers le IVème siècle, est en train de
s'effondrer dans le luxe, la débauche et la multiplicité des croyances
syncrétistes. Des théologiens occidentaux, comme D. Bonhoeffer, qui sous
prétexte de « purifier » le christianisme de ses compromis avec le monde, ont
annoncé « la mort de Dieu » - c'est-à-dire du Dieu de la religion
conventionnelle - promouvant une «sécularisation» du christianisme, ont en fait
ouvert la porte aux extrémistes du christianisme social qui ont tout simplement
vidé les églises hétérodoxes. Et l'on se trouve désormais en Occident devant un
christianisme si « purifié » des «superstitions », qu'il est complètement vide
et incapable de nourrir chez les hommes le sens de la vie spirituelle, voire
même le désir de communion avec Dieu. Il est désormais évident - et le nouveau
pape
en est manifestement conscient, sans naturellement pouvoir trouver la solution
qui seule se trouve dans l'Orthodoxie - que l'orientation « sociale » du
christianisme occidental, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a généré
la crise la plus grave que le christianisme en occident ait jamais connue et
qu'il est désormais question de sa survie ou de sa disparition à terme. Je ne
m'étendrai pas ici sur toutes les déviations que connaît le christianisme
occidental à notre époque et le désarroi qu'il produit chez ses fidèles.
En aucun cas, nous ne pouvons éprouver une joie maligne devant ce triste
phénomène, sachant que « beaucoup sera demandé à qui l'on a beaucoup donné»
(Lc. 12,48). Nous ne pouvons pas, lorsque l'homme occidental « est tombé aux
mains des brigands qui l'ont dépouillé», « passer outre » tel le Lévite (Lc.
10,31). Notre devoir est donc de montrer de la compassion - à l'exemple du
hiéromoine Nicandre de Valaam, l'aumônier du Couvent de Lesna en France, qui,
dans sa vieillesse, se promenait souvent la prière sur les lèvres et, se
tournant vers Paris, bénissait en disant : « Bénis, Seigneur, ceux qui ne Te
connaissent pas ! » Il convient aussi d'aider ceux qui frappent à la porte de
l'Église du Christ, sans pour autant tomber dans l'illusion que chaque homme est
un orthodoxe potentiel, sachant qu'il est dit dans l'Evangile : «Alors, de deux
hommes qui seront dans un champ, l'un sera pris et l'autre sera laissé, de deux
femmes qui moudront à la meule, l'une sera prise et l'autre laissée » (Matth.
24,40). Aussi, saint Tykhon nous met en garde contre un prosélytisme « à
l'occidentale » : « L'Église Orthodoxe est étrangère aussi à ces procédés qui
sont parfois permis par les missionnaires hétérodoxes dans la prédication de la
foi chrétienne : elle ne recourt pas à des moyens illégitimes pour convertir au
christianisme, elle n'entre pas en matière avec les préjugés et les passions
humaines, elle n'altère pas la pureté de la vérité évangélique pour acquérir
plus de fidèles, car elle considère important non seulement le nombre des
croyants, mais la qualité de leur foi ». Le saint patriarche insiste ici sur un
aspect extrêmement important : nous ne devons pas imaginer des missions «
grandioses » avec pour corollaire des conversions superficielles, mais nous
préoccuper de l'individu et de la qualité de sa foi. En effet, ce n'est pas par
des « organigrammes » ou des réalisations exemplaires que nous aiderons l'homme
occidental dans son cheminement spirituel. De telles expériences ont été faites
dans le passé avec des conséquences catastrophiques. Aussi, dans la ligne du
Patriarche Tykhon, voyons ce que nous pouvons faire à titre individuel, dans
l'humilité, en insistant précisément sur la « qualité de la foi » des
convertis, sachant que tout le Corps de l'Église est concerné, tant clercs que
laïcs. En effet, comme le dit encore saint Tykhon : « Qui doit s'occuper
de la propagation de la foi orthodoxe, de la multiplication des enfants de l'Église
orthodoxe ? Les pasteurs et les missionnaires, me direz-vous. Mais doivent-ils
être les seuls ? Chaque membre de l'Église doit y participer, doit y prendre
une part active et avec ardeur ! »» . Après avoir vu ce que nous pouvons faire,
il est important de voir aussi ce que nous devons éviter, ce qui éloigne de
l'Orthodoxie les hétérodoxes et qui déçoit ceux qui sont entrés dans l'Église.
En conclusion, nous verrons que ce « sang nouveau » peut apporter aussi
beaucoup à l'Église orthodoxe. Avant d'aborder ces sujets, je voudrais
souligner que la plupart des textes que je citerai ci-après émanent de
plusieurs convertis à l'Orthodoxie et que ce n'est donc pas un témoignage
personnel. Toute la question des convertis est contenue dans l'expression
retenue pour l'édition anglaise de l'oeuvre de saint Théophane le Reclus, sur
l'éducation des enfants : « Raising them right » !
1. « La gangrène de l'incroyance », selon l'expression du père Séraphim Rose,
s'est emparée du monde occidental et nombreux seront désormais ceux qui
viendront à la foi orthodoxe sans avoir pratiqué aucune religion. Nous sommes
là dans le cas d'une tabula rasa, et le problème du nouveau converti sera de
passer de « la vie du péché à la terre promise », mais il n'aura pas à
abandonner d'anciennes croyances et à renoncer à un héritage du passé. Il y a
également ceux qui seront passés par « le supermarché » religieux de notre
époque avec ses expériences pseudo-spirituelles, voire l'occultisme. Il leur
faudra rompre radicalement avec leur passé. Il convient ici de mentionner que
l'Église Orthodoxe Serbe a reçu récemment dans sa juridiction des individus qui
étaient passés par ces « expériences », en leur faisant, entre autres réciter
la catéchèse de saint Cyrille de Jérusalem, qui est frappante par son actualité
: «Ne tiens compte ni de l'astrologie(...), ni de la divination, ni des
méthodes d'occultisme helléniques et païennes, ni de la magie, ni de la
nécromancie » A la liste de ces croyances à abjurer l'Église Serbe a ajouté la
franc-maçonnerie.
Pour ceux qui viennent de l'hétérodoxie, le problème est différent et complexe,
car, dans ce cas, il ne pourra être question d'une rupture totale avec le
passé. Ici, la démarche vers l'Orthodoxie commencera par les innovations
apportées à leur propre foi. Déjà en 1904, saint Tykhon de Moscou disait en
Amérique : « Ne nous arrive-t-il pas souvent, à nous qui séjournons ici, de
voir comme les hétérodoxes, saturés par des innovations continuelles dans leur
foi, se tournent vers l'Église Universelle Orthodoxe et aspirent à trouver en
elle des fondements fermes et inébranlables sur lesquels pourraient reposer
leur esprit tourmenté ?» Avec toutes les déviations que nous connaissons
aujourd'hui dans les diverses confessions occidentales, nous nous trouvons
souvent devant des individus qui sont « désespérés, déçus de l'Occident, désabusés,
blessés et souffrants », comme les décrit un converti à l'Orthodoxie. Est-ce
néanmoins suffisant pour être reçu dans l'Orthodoxie ? Mgr Basile Essey, évêque
orthodoxe du Patriarcat d'Antioche, dit très justement à ce sujet : « Les gens
regardent hors de leurs maisons pour diverses raisons. La décision de passer à
l'Orthodoxie ne peut être fondée uniquement sur des raisons négatives - « Je
suis contre ceci ou cela dans mon Église ». Vous devez venir au Christ et à Son
Église parce que vous y voyez quelque chose de positif : la Vérité. Si certains
viennent à l'Orthodoxie simplement parce qu'ils sont opposés à ce qui se
produit dans leur propre Église, s'ils viennent avec colère et ressentiment sur
ce qui s'est passé dans leur communauté, c'est là un bagage qui, je pense, doit
être laissé de côté. Il se peut qu'il soit inévitable de commencer son voyage
avec ce bagage. Il est cependant intolérable qu'ils continuent à le porter lorsqu'ils
arrivent à destination”. .
C'est justement là une question fondamentale. Si, comme le mentionne l'évêque
Basile, ces faits négatifs peuvent constituer le point de départ d'une
recherche, le message que doit adresser l'Église Orthodoxe à ces futurs
convertis est que l'entrée dans l'Église est bien plus qu'une acceptation
formelle des dogmes, mais l'immersion complète dans la vie de l'Église. Comme
le dit si bien Jean-François Mayer, « L'adhésion à la foi orthodoxe mérite des
efforts, et s'il y a quelque élément d'étrangeté, on peut y voir un appel à une
émigration intérieure spirituellement profitable : 'Va-t'en de ton pays, de ta
patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai» (Genèse
12 :1). Les expériences faites depuis plus d'un siècle montrent bien qu'il ne
suffit pas que des anglicans de la High
Church ou des vieux-catholiques suppriment le Filioque dans le Credo,
reconnaissent uniquement les conciles œcuméniques du premier millénaire et placent des icônes dans
leurs églises pour devenir ipso facto
orthodoxes ; il leur faudrait acquérir un ethos orthodoxe, une sensibilité
orthodoxe dans l'approche de la foi. C'est dans ce sens qu'il convient de se
mettre humblement à l'écoute de la tradition orthodoxe vivante conservée dans
les communautés venues d'Orient - non pas pour y rechercher l'exotisme ou des «
émotions » liturgiques, mais pour s'y imprégner de l'esprit de la foi orthodoxe
». C'est dans cet esprit que l'archevêque Nathanaël (L'vov, + 1986) a dit : «
Ce n'est pas l'appartenance officielle (à l'Église) qui fait un orthodoxe, mais
l'ecclésialité de son esprit et de sa volonté» Comme le disait encore le
staretz Païssios (Eznepidis, + 1994) du Mont Athos : « il faut que la couleur
prenne ! » Or, pour que la couleur prenne, il faut, vivre selon les règles de
l'Église et vivre avec des orthodoxes de naissance. C'est en substance ce que
disait saint Jean de Changhaï aux convertis français : «pour être orthodoxe, il
ne suffit pas de croire selon la foi orthodoxe, mais il faut encore observer
les règles de l'Église ». Un ancien prêtre catholique-romain français devenu
orthodoxe et higoumène d'un metochion athonite en France, le père Placide
Deseille, dit à son tour : « Les paroisses et les communautés orthodoxes (...)
sont maintenant, au moins en partie, composées de convertis (...). Il est très
souhaitable qu'elles entretiennent des liens étroits avec les Églises des pays
traditionnellement orthodoxes. Elles ont beaucoup à apprendre (...) Les
convertis, au départ, ont tout à apprendre. Or, l'Orthodoxie ne s'apprend pas
dans les livres ; on ne peut que s'y initier par un contact vivant avec les
peuples où la tradition est demeurée ininterrompue ». Aussi, il convient
d'encourager ces convertis qui disposent de leur propre paroisse à fréquenter
également des paroisses russes traditionnelles et surtout à visiter les pays
orthodoxes, peut-être en premier lieu, les lieux où la Tradition n'a pas été
interrompue, comme le Mont Athos. Ils convient de mentionner que la plupart des
monastères athonites abritent maintenant des moines d'origine occidentale qui
peuvent aider les convertis et leur éviter bien des écueils dans leur vie
spirituelle. Il est également souhaitable que les orthodoxes de naissance, dans
nos paroisses, soient plus ouverts envers les convertis et leur transmettent la
tradition vivante de l'Orthodoxie.
En tout état de cause, l'entrée dans l'Église orthodoxe doit passer par un
catéchuménat préalable - certains de nos clercs exigent une période de deux ans
- qui constitue une véritable mystagogie, sans quoi le converti risque de
passer à côté de l'essentiel de ce que l'Église du Christ, l'Église Orthodoxe
peut offrir à l'homme contemporain, comme à l'homme de toute époque,
c'est-à-dire l'authentique vie dans le Christ. C'est pourquoi, me semble-t-il,
il est indispensable que les convertis soient assistés dans leur cheminement,
tant par leurs prêtres que par des laïcs expérimentés, et parmi ces derniers,
leur parrain, dont le rôle ne saurait être « décoratif ». En premier lieu, il
faudra aider le converti à s'immerger dans la vie liturgique, à suivre les
offices. Comme le dit le père Basile, higoumène du monastère d'Iviron : «Ce
n'est pas tant par des manuels théologiques que nous apprenons l'Orthodoxie,
mais bien par la divine Liturgie et notre vie. Ou, plus précisément, nous
connaissons l'Orthodoxie par la divine Liturgie lorsque celle-ci devient notre
vie » Dans ce cadre de cet « apprentissage » de la vie spirituelle, il convient
notamment d'insister sur la préparation à la Sainte Communion, celle-ci tendant
à être négligée à notre époque.
Ici se pose néanmoins un problème qui concernent particulièrement les convertis
: la langue dans lequel l'office est célébré. Force est de constater que l'on
entend parfois prôner un concept de « langue sacrée » étranger à l'Orthodoxie.
En effet, comme l'a affirmé l'évêque serbe Daniel (Krstić, +2002) «
lorsque le Seigneur a multiplié les langues, ce n'était pas un acte
destructeur, mais créateur... C'était un acte créateur de Dieu, parce que ces
nouvelles langues avaient chacune une beauté particulière, ses caractéristiques
propres, et ne constituaient pas un obstacle à l'unité de l’Église. Nous avons
dans la Pentecôte la confirmation de cet acte créateur. Chacune des langues
multipliées est devenue digne d'être liturgique, au même niveau que les langues
hébraïque et hellénique. C'est une promotion à la hauteur de l'Autel » L'évêque
Daniel qualifiait en outre la théorie latine selon laquelle trois langues
seulement étaient utilisables pour l'office, de « renfermement anti-pentiscostal
». Au demeurant, depuis la Pentecôte jusqu'à nos jours, l'É du Christ a célébré
dans diverses « langues les merveilles de Dieu » (Actes 2,11) : depuis les
saints Apôtres, en passant par saint Jean Chrysostome, qui aimait présider les
Liturgies dans l'église des Goths de Constantinople, par les saints Cyrille et
Méthode « égaux-aux-apôtres » et saint Nicolas du Japon, sans oublier saint Jean
de Changhaï qui célébra dans plusieurs langues « occidentales ». Aussi, là où
se trouvent des convertis, il est souhaitable, me semble-t-il, d'utiliser en
partie les langues locales sans naturellement préjudicier le slavon. Il s'agit
seulement dans chaque cas d'agir avec discernement. Comme le disait à ce sujet
l'évêque Daniel, « L'Orthodoxie enseigne : il faut observer ceci et ne pas
omettre cela... et les sectes sont pour l'unilatéral ou bien...ou bien ». Dans
notre diocèse d'Europe Occidentale, par exemple, les lectures du dimanche sont
effectuées en deux langues. Parfois, également, une ecténie ou le « Notre Père
» est chanté en français. Toutefois, on doit encourager les convertis à
apprendre, lorsqu'ils en ont la possibilité, la langue liturgique car, cela
facilite, naturellement, la prière. Connaître les langues anciennes de
l'Orthodoxie - je pense aussi particulièrement au grec ancien -est un
enrichissement. Cela permet de pénétrer en profondeur les textes - dans le
domaine du vocabulaire liturgique et ascétique notamment - car il faut bien
reconnaître que les traductions dans les langues vernaculaires quelles qu'elles
soient n'arrivent que rarement à l'exactitude des langues anciennes. Suivre la
Liturgie avec un livret ne semble pas être la solution car, comme le disait
l'évêque Daniel, c'est là « l'attitude occidentale envers la Liturgie, qui
provoque une sorte d'absence, de renfermement individualiste sur soi. Or,
durant la Liturgie, il faut constituer un Corps... Avec des livres dans les
mains, les fidèles ressemblent plus à une école qu'à une synaxe liturgique ».
Néanmoins, on peut conseiller aux convertis de se préparer à la Liturgie en se
pénétrant au préalable par la lecture des textes lus ou chantés. Si la Liturgie
est le ««sacrifice de louanges », offert «d'une seule bouche et d'un seule
cœur» par la communauté eucharistique, les autres offices sont de nature
différente, en partie didactique. Dans ce cas, on peut conseiller aux convertis
- et pas seulement à eux ! - de suivre l'office avec le livre concerné, tout
particulièrement le canon des matines, dont la richesse théologique échappe
souvent à ses auditeurs.
D'une façon plus générale, on peut inciter les convertis qui en ont les
dispositions à apprendre également les langues parlées dans le monde orthodoxe.
Cela permet une incorporation totale dans l'Église. Au XIXème siècle, le
célèbre père Wladimir Guettée, « prêtre romain devenu prêtre orthodoxe », comme
il se désignait lui-même, écrivait : « Je comprends fort mal le russe : mais je
me fortifierai dans cette langue ; j'en sens le besoin. Outre le plaisir de
m'entretenir avec des hommes distingués, il y a en Russie une littérature
religieuse aussi riche que variée et que l'Occident ignore absolument » Cette «
motivation » est toujours actuelle. De nombreux trésors restent encore
inaccessibles - citons par exemple les « Commentaires sur le Typicon » (« Tolkovy
Tipikon ») ou « Les fêtes chrétiennes » («Khristianskie prazdniki ») du grand
liturgiste russe Skaballanovitch, ou encore l'œuvre remarquable du hiérarque
Athanase de Kovrov sur la commémoration des défunts selon le typicon de l'Église
Orthodoxe. En outre, la connaissance de ces langues permet un contact plus direct
avec les « orthodoxes de naissance ». Dans notre diocèse d'Europe Occidentale,
nous avons plusieurs paroisses où des convertis connaissent non seulement le
slavon d'Église, mais parlent également russe, ce qui crée une véritable osmose
entre les différentes composantes paroissiales, ou, exprimé liturgiquement une
union plus profonde du peuple de Dieu. En tout état de cause, il ne s'agit pas
d'imposer l'apprentissage de ces langues, mais d'encourager ceux qui en ont les
capacités.
Outre l'office divin, autour duquel doit s'organiser toute la vie ecclésiale,
la lecture doit accompagner la vie spirituelle du converti. Il n'est pas
question, comme on l'a vu, que la vie spirituelle devienne livresque.
Néanmoins, outre la Sainte Écriture - selon les paroles de saint Séraphim de
Sarov, «il faut que la pensée nage, pour ainsi dire, dans la loi Divine » - il
convient de se pénétrer de l'enseignement des Pères de l'Église. Peut-on être
orthodoxe en les ignorant ? Mais, plus particulièrement pour le converti, il
devra être guidé dans ses lectures : il y a tout un édifice à bâtir, et on ne
peut commencer par le toit ! Il peut être tenté « à droite », en lisant des
Pères qui sont peu accessibles à des « débutants » dans la vie spirituelle, ou
« à gauche » en lisant des auteurs récents dont l'Orthodoxie est discutable. Il
faut donc les encourager en premier lieu, outre naturellement la Sainte
Ecriture, à lire les vies de saints, les apophtègmes des Pères du désert, saint
Dorothée de Gaza, pour passer progressivement à tous les Pères de l'Église,
depuis saint Jean Chrysostome à saint Isaac le Syrien. Comme le dit un converti
devenu moine athonite, « l'Orthodoxie est une orthopraxie fondée sur
l'imitation de l'exemple vivant des saints du passé et de l'époque
contemporaine qui, tous, ont suivi la voie qui nous a été ouverte par le
Seigneur durant Son séjour parmi nous ». Or, comment vivre à l'exemple des
saints, si nous ne connaissons pas leur vie, si nous n'avons pas vu des
exemples vivants ?
Suivant le conseil de saint Séraphim de Sarov, il est nécessaire pour tous - et
j'ajouterai particulièrement pour les convertis - de connaître l'histoire de l'Église.
De nombreux fidèles ont une représentation fausse de celle-ci, imaginant une Église
« cristalline ». Or, s'il y a eu des moments de « floraison », il faut savoir
qu'ils étaient suivis de moments de décadence, ce qui n'empêchait pas l'Église,
au demeurant, de produire des saints ou des décisions inspirées par
l'Esprit-Saint et de vaincre toutes les crises. Pour ne citer que deux exemples
célèbres, que l'on se souvienne des paroles amères de saint Grégoire le
Théologien au sujet des évêques de son époque: « Pour moi, je n'irai pas siéger
dans des conciles où des oies et des grues se battent sans discernement... Si
ma voix est couverte par les croassements des geais.. » . Ou encore saint
Basile : « Toute l'Église est détruite» Mais S. Jean de Changhaï ajoute : «
Plus d'une fois, l'Orthodoxie semblait au bord de l'abîme, mais ensuite
commença le temps de sa puissance non seulement intérieure, mais aussi
extérieure ». Sans connaissance de l'histoire de l'Église, les convertis se
découragent facilement - et pas seulement eux - devant les problèmes que peut
connaître l'Église Orthodoxe à notre époque. Aussi me semble-t-il indispensable
de les aborder maintenant.
3. Le premier contact avec l'Église Orthodoxe se fait habituellement par la
Liturgie. Souvent, les hétérodoxes, assistant à l'un de nos offices, ont la
même réaction que celle des envoyés de saint Vladimir à Sainte-Sophie de
Constantinople. Allant plus loin, ils découvrent que l'enseignement de cette Église
est en tous points celui de l'Église ancienne. Comme l'a dit le père Seraphim
Rose d'éternelle mémoire : « Tout ce à quoi nous sommes accoutumés, tout ce que
nous prenons pour un dû, s'avère être pour eux une découverte stupéfiante : la
splendeur de nos offices, qui remonte aux temps anciens, adaptés aux besoins de
l'âme humaine d'adorer le Seigneur dans l'esprit et la vérité ; la profondeur
spirituelle des écrits des saints Pères ; notre lien ininterrompu avec le
passé, étant donné que nous tenons nos origines non de quelque figure
historique récente, mais du Christ et de Ses Apôtres ; nos clercs conservent la
succession apostolique directe. Si nous, à qui sont confiés toutes ces racines,
menons une vie chrétienne consciente, nous pouvons fournir une aide colossale à
ceux qui (...) de tout leur cœur cherchent la sainte Orthodoxie » Mais il faut
bien constater que cette juste et saine vision est rapidement assombrie par
notre triste réalité, qui n'est pas seulement due à nos faiblesses humaines,
mais souvent hélas à une fausse conception de l'Église, parfois
quasi-protestante. Voici ce que l'on pouvait lire dans une revue
catholique-romaine intégriste, sous le titre évocateur de « Mirage de
l'Orthodoxie » qui contient certaines vérités amères : « Si de nombreuses (...)
conversions du catholicisme à l'orthodoxie ont eu lieu ces dernières décennies,
elles proviennent moins d'un dynamisme récent des Églises « orthodoxes » que de
l'incroyable dégradation de la liturgie de l'Église romaine, et du modernisme
partout répandu en son sein ... Et on doit citer un fait navrant : dans la
sphère « orthodoxe », un clerc en délicatesse avec sa hiérarchie se rebellera
sans grand scrupule, car il trouvera toujours une hiérarchie concurrente qui
l'acceptera. On trouve en effet une dizaine d'obédiences parallèles chez les «
Orthodoxes » (...) Ces concurrences et ces divisions se retrouvent jusqu'en
France, causant parfois d'amères déceptions chez ceux qu'au premier abord
séduisait « l'Orthodoxie ». En outre, certains attachent une importance
démesurée au calendrier julien ou aux détails liturgiques (en Russie et en
Grèce, ces questions sont à l'origine de véritables schismes)». Ce constat venu
de « l'extérieur », corrobore les conclusions tirées par nos Evêques en 1952
déjà, et dont nous reparlerons. Il résulte de tout cela que nombre
d'hétérodoxes, après s'être enthousiasmés par l'Église orthodoxe, se détournent
d'elle et n'y entrent pas. Certains, devenus orthodoxes, l'abandonnent. Comme
le disait l'un de nos évêques, suite à une amère expérience: « Je ne suis pas
contre les convertis (jeu de mots : les Russes d'Amérique utilisent le mot 'convert',
qui en russe signifie 'enveloppe'), mais ils se décollent trop facilement.. ».
Le tout est, naturellement, de savoir pourquoi !
Je dois avouer maintenant que, lorsque la commission pré-conciliaire m'a
proposé de présenter un exposé sur le témoignage orthodoxe en Occident, j'étais
dans la perplexité : ce sujet se rapporte-t-il réellement au thème principal du
Concile, à savoir l'unité de l'Église ? Il m'est cependant apparu rapidement
que les deux questions sont étroitement liées : sans unité de l'Église - à tout
le moins celle de l'Église Russe à l'Étranger - il peut difficilement être
question de notre témoignage orthodoxe en Occident. Commentant les paroles
évangéliques « Afin que tous soient un, comme Toi, Père, Tu es en Moi, et comme
Je suis en Toi, afin qu'eux aussi soient un en Nous, pour que le monde croie que
Tu m'as envoyé» (Jn, 17,21)», saint Jean Chrysostome dit que « Le Seigneur
répète souvent cela, afin de montrer que la paix (ecclésiale) peut attirer plus
que les miracles. Et effectivement, comme la haine a le pourvoir de diviser, de
même façon la concorde unit ». Ainsi, sans unité de l'Église orthodoxe, le
monde qui nous entoure peut difficilement savoir que nous sommes les disciples
du Christ. Il est question ici de ce que doit être notre vie dans l'Église,
comment « il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Église du Dieu
vivant, la colonne et l'affermissement de la vérité » (Tim. 3,15), car, par
notre conduite, nous détournons souvent les autres de l'Orthodoxie, et ainsi, «
comme cela est écrit, le nom de Dieu est blasphémé parmi les païens » à cause
de nous (Rom. 2,24). Au XXème s., la multiplication des «juridictions » russes
a engendré dans la conscience des orthodoxes de la diaspora l'idée que,
finalement, tout était possible. Aussi pouvait-on lire dans le message de nos
Evêques d'Europe Occidentale en 1952 que nous avons mentionné : « Les Russes à
l'étranger... sont maintenant divisés, relevant de différentes hiérarchies, qui
ne sont pas en communion entre elles. Un mal en engendre un autre et les
différends qui se sont manifestés ont mené aux discordes, à l'insoumission aux
pouvoirs ecclésiaux et au mépris des lois, des canons et des règles de l'Église.
Même en soutenant la vérité et en ayant raison quant au fond, nous accroissons
le mal plus encore par nos tentatives de défendre le bien avec un zèle
irraisonné. Tout cela a amené et amène au déclin de la foi et de la piété, à la
perte de la perception de la vérité et à l'indifférence envers elle. Appelés à
devenir les prédicateurs de la foi véritable parmi les autres peuples, nous les
en détournons par nos actions ».
De leur côté, les vieux-calendaristes grecs se sont divisés en une multitude de
groupes - une dizaine maintenant, semble-t-il, et on peut leur appliquer les
paroles de saint Basile : « Pour certains, la soi-disant défense de
l'Orthodoxie est conçue comme une arme pour guerroyer les uns avec les autres.
Masquant leur haine personnelle, ils feignent de lutter pour la piété».
Malheureusement, ils ont exercé une influence sur notre Église Russe à l'Étranger,
y répandant parfois une atmosphère proche de l'inquisition : « très souvent, »
selon les paroles du père Séraphim Rose, « une telle attitude va jusqu'à
rechercher des 'traîtres' et des 'hérétiques' dans le milieu orthodoxe» La
structure même de l'Église Orthodoxe a été ignorée : on voit désormais des
laïcs et des prêtres sans évêques, des évêques hors de toute structure
ecclésiale. Précisément, c'est une grande tentation pour les convertis de
créer, en quelque sorte leur « Église personnelle ».
Dans la confusion qui règne particulièrement dans la diaspora, il est
nécessaire, me semble-t-il, d'enseigner aux convertis l'ecclésiologie
orthodoxe, telle que l'aborde le Métropolite Jean de Pergame : «Le problème
n'est pas la confession de foi - cela constitue un élément fondamental de l'Église.
Le problème est que l'on oublie que les dogmes ne constituent pas une fin en
soi, mais qu'ils mènent au salut dans le corps de l'Église. Tous les Conciles Œcuméniques
qui définirent les dogmes scellèrent leurs décisions par des anathèmes,
c'est-à-dire par le retranchement de la Sainte Communion. Il ne sert à rien
pour notre salut de croire dans les dogmes justes, si nous sommes retranchés de
l'évêque et de l'Eucharistie qu'il préside. Le schisme est un empêchement à
notre salut, même si notre foi est juste. Ma grand-mère ne connaissait pas les
dogmes de l'Église, comme naguère beaucoup de simples fidèles. Elle vécut
cependant et se sauva dans l'Église. Pour elle, l'Église n'était pas une
idéologie, mais quelque chose de différent, un genre de vie et la participation
dans le corps de l'Église ». Les raisons invoquées à notre époque pour se
séparer de son évêque - et créer une « juridiction » - sont multiples : le plus
souvent, il est accusé d'hérésie, ou encore d'immoralité, mais aussi de tout ce
qui est possible et imaginable. Le malheur veut que le fondement même de
l'ecclésiologie orthodoxe soit souvent oublié, lequel était résumé ainsi par le
saint hiérarque Athanase de Kovrov : «Il n'y a qu'une circonstance - à savoir
si le clerc commence a prêcher une hérésie déjà condamnée par les Pères lors
des Conciles Œcuméniques, et ce ouvertement, publiquement, depuis l'ambon - qui
non seulement donne le droit mais oblige également chaque clerc... à rompre la
communion avec un tel prédicateur » , étant entendu que les canons ne
permettent que l'interruption de la commémoration de l'évêque jusqu'à sa
condamnation par un concile et en aucun cas de créer une nouvelle Église . Il
convient aussi de rappeler à nos « zélateurs irraisonnés » que l'immoralité des
clercs ne doit pas entraîner des ruptures de communion : rappelons que le saint
patriarche Taraise et le VIIème Concile Œcuméniques avait pratiqué une large économie envers
les évêques iconoclastes, recevant même l'évêque Grégoire de Néocésarée, accusé
d'avoir frappé et torturé des orthodoxes. C'est pour cette raison que le
métropolite Antoine de Kiev écrivait : « Saint Taraise de Constantinople, par
son exemple, nous enseigne comment nous devons apprécier la paix ecclésiale».
L'expérience prouve que, si l'on choisit la voie du renfermement sur soi-même,
on aboutit inévitablement à la secte, ce que soulignait le hiéromartyr Hilarion
(Troïtzky): «S'isoler, se renfermer su soi, c'est... pour une Église Locale, la
même chose que pour le rayon se séparer du soleil, pour le ruisseau se séparer
de la source, pour la branche se séparer du tronc. La vie spirituelle ne peut
exister que dans le lien organique avec l'Église Universelle ; que ce lien soit
coupé, et la vie chrétienne s'assèche immanquablement ». Or, il est paradoxal,
après avoir découvert la véritable Église, de renoncer de cette façon à la vie
chrétienne ! On arrive alors à cette situation décrite par saint Théophane le
Reclus au sujet des vieux-croyants : «Il y a chez eux partout des différends.
Dans un village, voire même dans une maison, il y a trois ou quatre courants,
et ils ne communient pas les uns avec les autres. Où est là l'Église Une du
Christ ? De quel Corps de l'Église s'agit-il lorsque tous les membres se sont
séparés dans des directions différentes ? Et peut-on dire que le seul Pasteur
Divin est leur Pasteur ?»
Ce qui précède peut sembler une digression par rapport à notre sujet, mais il
apparaît en fait que si nous n'inculquons pas ces principes ecclésiologiques
sains aux gens qui se joignent à l'Église, nous secrèterons encore de nouveaux
groupuscules, nuisibles à ceux qui en font partie, mais aussi à tous les autres
par le trouble qu'ils apportent dans la vie ecclésiale. Les dernières décennies
du XXème s. ont vu naître quantité de tels groupuscules en Grèce, en Russie, et
dans les pays de la diaspora. Or, selon saint Jean Chrysostome « L'Église n'a
pas été faite pour que ceux qui s'y rassemblent se séparent, mais pour que ceux
qui sont séparés s'unissent» . Certainement, ces groupes invoquent la défense
de l'Orthodoxie, motif noble en lui-même, mais ce morcellement est-il la
réponse appropriée ? Notre confession de foi doit être positive : « Par sa
haute prédication, écoutons l'Église de Dieu qui s'écrie : que celui qui a soif
vienne et moi et boive le calice... non de la contradiction, mais de la
confession » (ikos de l'office des Saints Pères). Et si nos « zélotes » se
prévalent de l'autorité de ceux qui, au XXème s. ont confessé la foi orthodoxe,
il faut mentionner que ces confesseurs ont lutté également pour l'unité
ecclésiale. Par exemple, si le père Justin Popovitch a, effectivement et à
juste raison décrié l'œcuménisme comme une doctrine fausse et misanthrope, il
n'en a pas moins plaidé avec la même vigueur pour l'unité de l'Église
Orthodoxe. Il ne rompit pas avec sa hiérarchie, tandis que son primat était
président du COE. Dans une de ses lettres, alors que des schismes se
manifestaient partout, il écrivait que l'on devait prier « jour et nuit » pour
l'unité de l'Église. Il est également peu connu que, tout en dénonçant la
doctrine du patriarche Athénagoras comme hérétique, il considérait que celui-ci
n'avait pas été condamné par l'Église et en restait donc membre. Pour cette
raison, il célébra pour lui une panykhide lorsqu'il apprit son décès.
Dans tous ces problèmes ecclésiastiques, il est nécessaire de souligner à
l'égard des convertis que le destin de l'Église est entre les mains de Dieu,
comme le disait saint Théodore le Studite à ses moines : « Depuis que
l'empereur (iconoclaste) est revenu d'une expédition, peut-être des pensées
s'élèvent dans vos cœurs qui scrutent comment tourneront les affaires de l'Église
(...). Mais il est écrit : « Rejette sur le Seigneur ton souci, et Lui-même agira
(ps. 54,23) ». En fait, on ne peut résoudre les problèmes de l'Église qu'en
commençant à se préoccuper de soi-même, en abandonnant les passions, comme
l'exprimait d'une façon si caractéristique le staretz Paissy : «Si tu veux
aider l'Église, essaye alors plutôt de te corriger toi-même et non les autres.
Si tu te corriges toi-même, une petite partie de l'Église sera corrigée
immédiatement. Et cela est compréhensible que, si tous agissaient ainsi, l'Église
serait remise dans l'ordre parfait. Mais les hommes aujourd'hui s'occupent de
tout ce qui est possible à l'exception de leurs propres personnes, parce qu'il
est aisé de s'occuper des autres, tandis que pour s'occuper de soi-même, il
faut se donner de la peine ». C'est là la voie étroite, c'est la voie
orthodoxe, qui exige un travail sur soi-même et constitue donc un chemin bien
plus ardu que de dénoncer tout ce qui nous déplaît sur l'internet...
4. L'autre question, qui est intimement liée à la précédente est la propension
à « étaler » de toutes manières les scandales ecclésiastiques. Or, si nous
prions, le samedi saint devant l'épitaphion « Toi qui as enfanté la Vie, Vierge
immaculée et très-pure, fais cesser les scandales de l'Église, et accorde la
paix, Toi qui es bonne», comment pouvons-nous les répandre, négligeant les
admonestations du prophète Habacuc : « Malheur à celui qui fait boire à son
prochain un breuvage souillé » (Habacuc 2,15). Le staretz Païssios disait que
si l'on trouve des excréments sur le chemin, il faut prendre une pelle, les
ramasser et les jeter, sans quoi on les étale partout. C'est ainsi que lorsque
nous faisons preuve d'absence de discernement et que nous divulguons les péchés
d'autrui, nous provoquons encore plus de mal Et tout ceci d'autant plus que ces
scandales sont souvent le fruit de l'imagination ou de mauvaises informations.
Souvent, « déballant » tous les scandales possibles et imaginables, nous
déprécions l'Église du Christ, non seulement aux yeux de ses membres, mais
aussi à ceux du dehors et c'est encore plus grave. Je dois mentionner ici les
couples « mixtes », nombreux dans notre diaspora. Parfois, le conjoint non
orthodoxe pourrait entrer dans l'Église, mais devant les scandales, il s'en
détourne. Non que les scandales n'existassent point dans les autres religions,
mais il faut bien reconnaître que celles-ci ont tendance à les passer sous
silence, tandis que nous aimons les mettre en exergue. L'apôtre nous enseigne
au contraire que «l'amour ne se réjouit point de l'injustice, mais il se
réjouit de la vérité» (I Cor. 13,7). Il faut le dire, et c'est précisément la
réponse que l'on peut donner à ceux qui parmi nous se nourrissent de « caroubes
» : comme le dit le psalmiste « Toute la beauté de la fille du Roi est à
l'intérieur» (ps. 44,1). D'après les paroles de saint Nicolas Vélimirovitch, le
« chrysostome » serbe «L'Église est la fille du Roi. Autant elle est pauvre et
peu attirante pour l'œil corporel, persécutée, humiliée, autant, à l'intérieur
elle est remplie de lumière et de beauté». Alors que souvent, durant le siècle
qui vient de se terminer, une certaine presse soi-disant ecclésiastique se
délectait de tout ce qu'il y avait de négatif dans l'Église, à commencer par un
certain nombre de mauvais pasteurs, nous avons oublié le principal : chaque
siècle, comme le disait saint Nicolas, présente une « moisson au Seigneur ».
Or, celui qui vient de s'écouler à apporter une « moisson » peut-être sans
précédent. A commencer par les innombrables saints martyrs russes. Que dire
encore des nombreux martyrs serbes et de tous les saints moines athonites et
moldaves, de saint Nectaire d'Egine - le saint de notre siècle - comme l'appellent
les Grecs, saint Jean de Changhaï, saint Arsène de Cappadoce, saint Alexis
d'Ugine, les pères Justin de Tchélié, Cléopas de Moldavie, Païssios du Mont
Athos... Comme le dit l'apôtre Paul, « Et que dirai-je encore ? Car le temps me
manquerait » pour parler des autres... C'est justement ces exemples vivants
qu'il faut mettre sous les yeux des convertis et non de ceux qui ont
failli.
5. Il faut bien constater que les attitudes décrites plus haut sont dues en
partie à l'ignorance et qu'un effort et des initiatives de notre hiérarchie
pour promouvoir l'instruction de notre peuple ecclésial seraient les
bienvenues. Le saint hiérarque Jean de Changhaï posait cette question :
«Comment les parents pourront-ils éduquer leurs enfants dans l'esprit de
l'Orthodoxie s'ils ne connaissent rien de celle-ci? » J'ajouterais : comment
aiderons-nous les convertis si nous ne connaissons rien nous-mêmes ? Depuis
les Pères de l'Église, mentionnons seulement les Trois Hiérarques, jusqu'à
saint Nectaire d'Égine et saint Jean de Changhaï, l'ignorance a été considérée
comme la racine de nombreux maux. Voici ce que dit saint Jean dans son cours de
pastorale : «Dans les temps exceptionnels, lorsque les hommes n'ont pas la
possibilité d'acquérir le savoir par les moyens habituels, Dieu accorde des
dons extraordinaires. Mais en temps de paix, en l'absence d'obstacles, Dieu
demande des hommes qu'ils acquièrent toutes les connaissances qui leur sont
nécessaires avec Son aide. Pour ceux qui se préparent à devenir prêtres et
pasteurs de l'Église du Christ, il convient de bien connaître les sciences
théologiques et autres matières qui sont nécessaires afin que leur œuvre fût
utile. Dans le cas contraire, ils peuvent s'attendre à ce que la prophétie
d'Osée s'accomplisse à leur endroit : 'Puisque tu as rejeté la connaissance, je
te rejetterai, et tu seras dépouillé de Mon sacerdoce (Osée 4,6) ». Si la
littérature spirituelle a connu un essor sans précédent en Russie au cours de
ces dernières années, il manque encore dans la diaspora un programme structuré
d'études théologiques, avec différents niveaux, qui pourrait être installé sur
nos sites Internet, je pense à celui du Synode, et ce en russe et en anglais.
Par ailleurs, il semble que des initiatives aient été prises - des cours par
correspondance - mais elles restent ignorées et il faudrait les faire
connaître. Finalement, il serait souhaitable que nos prêtres, outre le
catéchisme des enfants, rassemblent les paroissiens au moins une fois par mois
pour leur enseigner les bases qui leur font cruellement défaut.
6. Nous avons vu ce qui, dans un passé récent, a constitué un obstacle à la
propagation de l'Orthodoxie dans notre diaspora. Il convient maintenant
d'envisager l'avenir. Comme beaucoup parmi nous, je souhaite que nous
parvenions un jour à reconstituer l'unité de l'Église Russe, ce qui aura une
incidence capitale pour toute l'Orthodoxie dans la diaspora.
Néanmoins, je ne puis passer sous silence les inquiétudes de nombre de
convertis au sujet de notre rapprochement avec le Patriarcat de Moscou. Cette
inquiétude a pour cause les orientations phylétistes de certains représentants
du Patriarcat, lesquelles, heureusement, ne sont pas partagées par toute l'Église
en Russie, loin de là. Or, il faut bien reconnaître que l’orientation phylétiste existe dans
d’autres Églises locales orthodoxes et aussi, paradoxalement, chez certains
convertis.
Nous savons tous que, selon les paroles de saint Jean de Changhaï, « L'Église
du Christ a été fondée non pour un seul peuple et un seul pays, mais pour le monde
entier. Tous les hommes, tous les peuples, tous les pays sont appelés à la foi
dans le vrai Dieu». Cela, néanmoins, n'est pas en contradiction avec un sain
patriotisme. Saint Grégoire le Théologien rangeait l'honneur dû à la patrie
(ici la Cappadoce) au rang des vertus, au même degré que celui que l'on rend à
sa mère. Se référant à Alexandre Soljenitsyne, l'évêque Kallistos Ware écrit :
« Le patriotisme, la fidélité à sa propre identité nationale, c'est une qualité
précieuse, qui peut être offerte au Seigneur, baptisée et sanctifiée ». Le
métropolite Antoine allait encore plus loin : « A la Laure des Grottes de Kiev,
on lit chaque samedi, aux matines, l'acathiste à la Mère de Dieu et, ensuite,
une longue prière, dans laquelle on adresse des louanges à la Très-Pure pour
avoir délivré sa ville impériale de l'invasion des païens impies et les avoir
précipités dans les flots de la Mer Noire... Contre qui est dirigée cette
prière composée par les Grecs et lue par les Russes ? - Contre nos ancêtres,
lorsqu'ils étaient païens et assiégèrent Constantinople au IXème siècle ! Ce
n'est pas avec eux, par conséquent, que se trouve l'âme et la prière du clergé
et du peuple russes, mais avec orthodoxes étrangers, nos pères selon la foi, de
même que les premiers chrétiens, détestés par les Juifs, continuaient
précisément à se considérer comme les véritables enfants d'Abraham et les
héritiers de sa promesse ». Ces dernières paroles sont, me semble-t-il
particulièrement importantes pour ceux qui viennent à l'Orthodoxie.
Malheureusement, il existe un autre nationalisme dont a souffert l'Église au
cours des siècles récents et qui se transmet chez certains convertis.
Paradoxalement, ce nationalisme trouve ses racines... dans la révolution
française ! Celle-ci, comme l'explique le Père Placide Deseille, « se
considérant comme exportable -« missionnaire » - (...) a posé en principe
éthique le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (...) Ce nouveau
nationalisme est d'une nature très différente du patriotisme qui animait les membres
des anciennes nations chrétiennes. Il n'est plus fait de l'attachement à un
terroir, de la fidélité à un souverain et de l'amour d'un patrimoine commun,
mais il procède plutôt de l'enthousiasme pour l'idée qu'une communauté ethnique
ou linguistique se fait d'elle-même et pour ses mythes nationaux... » Cet
individualisme collectif est facilement xénophobe, chaque nation tendant à
opposer son particularisme à celui des autres. Aussi a-t-il été justement
condamné lorsqu'il s'est manifesté dans l'Église, par le concile local de
Constantinople, en 1872, considérant que le « phylétisme constitue une
déviation de l'amour sain envers son peuple et son Etat, un obstacle réel à la
collaboration entre les Églises orthodoxes dans le monde et le plus grand
ennemi de l'unité dans l'Église Orthodoxe. (..). La formation dans un même
lieu, d'Églises particulières fondées sur la race, ne recevant que les fidèles
d'une même ethnie, excluant tous ceux des autres ethnies, et dirigées par les
seuls pasteurs de même race, comme le prétendent les adeptes du phylétisme, est
un événement sans précédent » .
Ce n'est donc pas très étonnant si certains convertis veulent aussi créer leur
« Église nationale », avec le moins de relations possibles avec l'Église Russe.
En 1867 déjà, Overbeck voulait créer une Église orthodoxe de rite occidental,
sur la base d'une pétition qu'il avait rédigée et transmise au Saint-Synode de
l'Église russe en 1869 : « Nous sommes des occidentaux et devons rester des
occidentaux » Une autre tentative eut lieu dans les années 50 de la part de feu
l'ex-évêque Jean Kovalevsky. Le tout avait commencé en 1925 par la confrérie
Saint-Photius qu'avaient fondée huit jeunes Russes de l'émigration, qui
proclamaient : « Chaque peuple, chaque nation a son droit personnel dans l'Église
Orthodoxe, sa constitution canonique autocéphale, la sauvegarde de ses
coutumes, ses rites, sa langue liturgique » . Après avoir commencé à utiliser
un rite romain expurgé, cette confrérie, dirigée alors par le père Eugraphe
Kovalevsky, créa un « rite des Gaules ». Il ne convient pas ici d'aborder cette
question, mais de montrer à quel point un nationalisme de mauvais aloi est
nuisible pour l'Église. En fin de compte étant « occidentaux » avant d'être
orthodoxes, ils ont fini par vivre complètement en dehors de l'Église. Comme le
dit Jean-François Mayer, certains « tombent dans un nationalisme liturgique et
prétendent que l'implantation du rite byzantin serait une impossibilité, voire
une aberration ». Ayant absorbé cette vision erronée de la vie ecclésiale, les
successeurs de Kovalevsky sont encore, quarante ans après le décès de leur
fondateur, incapable de s'assimiler à l'Église Une, Sainte, Catholique et
Apostolique. Or, c'est attitude est souvent présente chez les convertis et
c'est une source de maux.
Or, force est de constater que certains hiérarques du Patriarcat de Moscou et
d’autres Églises locales déclarent qu'ils souhaitent ne s'occuper que de leurs
propres ouailles. Certes, nous l'avons dit au début de cet exposé, il ne peut
être question pour nous de se livrer au prosélytisme, c'est-à-dire de convertir
à « n'importe quel prix » à l'Orthodoxie, avec des moyens malhonnêtes. Mais
fermer la porte à ceux qui, librement et de par leur pleine conviction, veulent
entrer dans l'unique Église du Christ, c'est renoncer à la mission que le
Seigneur a impartie à Ses disciples. Il se peut que cette indifférence ait pour
cause d’éviter des problèmes avec les catholiques-romains. De notre côté, bien
entendu, nous ne saurions éprouver de haine à leur égard. Selon les paroles de saint
Nectaire d'Egine «les différences dogmatiques, qui concernent uniquement le
domaine de la foi laissent libre et intact celui de l'amour. Le dogme ne combat
pas la charité, qui s'offre comme un don au dogme, car elle est patiente en
tout et supporte tout». Nous n'éprouvons pas non plus de sentiment pharisaïque
à leur égard ou ceux des autres hétérodoxes. Au contraire, nous savons que nous
serons jugés plus sévèrement qu'eux. Cela dit, il convient de souligner que la
doctrine papale, avec tous ses avatars (dont la suppression du jeûne et une
liturgie particulièrement appauvrie) est plus que jamais en vigueur dans l'Église
Romaine, des usages hérétiques et tombés en désuétude étant même remis en
vigueur par le nouveau pape, tels que l'adoration du Saint-Sacrement et les
indulgences. En conséquence, les conversions ont toujours leur raison d'être et
on ne peut que souhaiter sincèrement que ceux qui sont partisans de compromis
avec l’Église catholique-romaine, prennent conscience du fait que l'Église orthodoxe
a une mission à remplir à l'égard de l'homme occidental. Dans ce contexte, l'Église
en Russie, avec ses moyens énormes peut donner cette nouvelle parole au monde
dont parle Dostoïevsky et qui seule peut tirer celui-ci de l'impasse tragique
où il se trouve aujourd'hui. C'est ainsi que se réaliseront les paroles de
Leontiev : « à présent, à l'homme croyant (quelle que fût sa nationalité), la
Russie doit être très chère - comme le plus fort rempart de l'Orthodoxie sur terre
».
7. Il ne faut pas oublier non plus que, si les orthodoxes de naissance peuvent
beaucoup apporter aux convertis, ceux-ci peuvent le leur rendre « au centuple
». A la fin du XIXè siècle, le père Clément (Zederholm) a traduit du grec en
russe les œuvres des Pères de l'Église
, le père Wladimir Guettée a écrit une magnifique réfutation de Soloviev. De
nos jours, le message du Père Seraphim Rose avec sa mise en garde contre le «
new age » se répand en Russie. Par ailleurs, des clercs autochtones, célébrant
en slavon et parlant russe, desservent des paroisses russophones de notre
diocèse d'Europe Occidentale. Deux d'entre eux en témoignent ici.
En outre, mes contacts avec des « convertis » de Russie, j'ai été étonné par la
similarité de leurs attitudes et aspiration avec les nôtres, convertis «
occidentaux ». A juste titre, le Père Séraphim écrivait que « en Russie, les
nouveaux convertis sont exposés aux mêmes bévues qu'en Amérique et en Occident
». Aussi, ayant cheminé sur la même voie, nous pouvons les aider. Le Père
Placide écrit à ce sujet : « De leur côté, les communautés occidentales issues
de la diaspora peuvent elles aussi apporter beaucoup aux Églises des pays
traditionnellement orthodoxes. Ces communautés ont été en effet, depuis leur
origine, confrontées aux défis de la modernité et aux tentations de l'Occident.
Elles ont pu y réagir d'une manière adaptée, et, jusqu'à un certain point,
réaliser comment il est possible de mener une vie authentiquement chrétienne
dans le monde moderne (ou postmoderne !) » . De même, nous qui avons connu tous
les déboires des confessions occidentales - notamment le modernisme - sommes à
même d'expliquer à nos frères dans la foi en Russie quels en sont les
aboutissants.
En conclusion, tout en étant conscients que « ce trésor» de l'Orthodoxie, «
nous le portons dans des vases d'argiles» (2 Cor. 4,7), « nous devons être
prêts à la rencontre avec ceux qui recherchent. Cela signifie vivre selon l'Évangile,
vivre comme l'exige la foi orthodoxe. Notre décision de vivre selon d'autres
règles que celles qui régissent le monde païen ou semi-païen, peut servir de
stimulus à beaucoup de ceux qui cherchent à connaître l'Orthodoxie» comme le disait encore père Séraphim
Rose. « En prêchant aux autres, n'oublie point de t'édifier toi-même »,
ajoutait encore saint Jean de Changhaï.
Comme l'a écrit un moine athonite contemporain, « Être orthodoxe aujourd'hui en
Occident revient donc plus que jamais pour chaque fidèle - pas seulement les
convertis - clerc, moine ou laïc, à devenir un confesseur de la foi, tant par
sa vie que par son intériorisation personnelle du mystère du Christ ».
Ce n'est que dans un témoignage positif et dans l'Orthodoxie que nous pourrons
aider le monde qui nous entoure, qui est crucifié a son insu par l'ennemi de
tous les hommes. Notre devoir est d'agir de façon responsable à l'intérieur de
l'Église, nous souvenant du proverbe français que répétait souvent le
métropolite Philarète (Voznesensky + 1985) d'éternelle mémoire : « Noblesse
oblige ! » Ce n'est que de cette façon que nous pourrons convertir en actes
cette sage parole d'un prêtre russe de France : «L'Église Orthodoxe ne dit pas
aux hommes 'convertissez-vous', mais « Venez et voyez !
----------------------------------------------------
1. Prêtre Serge Chirokov, Histoire de l'Orthodoxie en Amérique, le ministère
missionnaire du saint hiérarque Tykhon (en russe), www.pravoslavie.ru
2. idem
3. idem
4. S. Cyrille de Jérusalem,Catéchèse 4,37
5. Prêtre Serge Chirokov, Histoire de l'Orthodoxie..., op.cit.
6. Jean-Louis Palierne, « Mais où se cache l'Église Orthodoxe ? », Lausanne 2002
7. Again, Volume 16, Number 2, June 1993
8. J.F. Mayer, L'Orthodoxie doit-elle être byzantine ? Regards sur l'Orthodoxie,
Lausanne 1997
9. Archevêque Nathanaël (L'vov), Homélies (en russe), tome 1. 135, New York
1991
10. Vincent Bourne, La divine contradiction, p.332
11. Archimandrite Placide Deseille, L'Église Orthodoxe et l'Occident, Saint
Laurent-en-Royans, 1995
12. Archimandrite Basile, conférence au congrès de la jeunesse orthodoxe à
Blankenberghe, octobre 2000
13. Évêque Daniel, « Au
commencement était le sens » (en serbe), Belgrade 1996
14. id.
15. id.
16. J.P. Besse « Un précurseur, Wladimir Guettée », Lavardac 1992, p. 139
17. Poèmes II, 1,17,13
18. Lettre 82
19. Actes du IIIè Concile Général de l'ERHF, p. 402
20. P. Séraphim Rose, A la recherche de l'Orthodoxie, Russky Pastyr N°
42/2003
21. Fideliter, Mars-avril 2003, N° 152
22. S. Jean Chrysostome, sur la 1ère ép. aux Corinthiens, hom. 17,2
23. Adresse des archipasteurs aux ouailles d'Europe Occidentale, Pravoslavnaya
Rus' N°19/1952
24. S. Basile le Grand, Lettre 91
25. P. Séraphim Rose, « à la recherche de l'Orthodoxie » op.cit.
26. Métr. Jean de Pergame, « ecclésiologie et eschaton » (en grec)
27. S. Athanase de Kovrov, « Peut-on prier dans les églises du Patriarcat de
Moscou ? » Messager de l'ACER (en russe) N° 106/1972
28. Archim . Epiphanios Theodoropoulos “Les deux extrémités” (en grec), Athènes
1986
29. Lettres du métropolite Antoine (Khrapovitzky), (en russe) _. 201
30. Archevêque Hilarion (Troïtzky) « Il n'y a pas de christianisme sans Église
» (en russe), p. 31
31. Sur l'Orthodoxie, p. 105
32. S. Jean Chrysostome, sur la 1ère ép. aux Corinthiens, hom. 17,2
33. Lettre à l'auteur
34. S. Théodore Studite, Catéchèses, 27
35. Staretz Païssios, Paroles, tome II, p.75 (en russe)
35. propos tenus à l'auteur
36. Le prologue d'Ohrid, (en serbe), p. 847
37. Foi transmise N° 78/ 1994
38. Lettre 37
39. Evêque Kallistos Ware, « Comment construire l'Église locale » 1.10.2005
40. Métr. Antoine, op. cit. p. 157
41. La révolution française et le destin spirituel de l'Europe, conférence
donnée à Athènes le 24.4.1990
42. Métr. Maxime de Sardes, « Le Patriarcat Oecuménique dans l'Église Orthodoxe
» (en grec) p. 323
43. J.F. Mayer, L'Orthodoxie doit-elle être byzantine ? Regards sur
l'Orthodoxie, Lausanne 1997
44. id.
45. id.
46. Evêque Hilarion (Alfeev), « Le principe de territoire canonique dans la
Tradition orthodoxe » (en russe)
47. Pastorale (en grec), p. 210
48 K. Leontieff , Père Clément Zederholm (en russe)
50. idem
51. P.Séraphim Rose, « à la recherche de l'Orthodoxie », op.cit.
52. P. Placide, L'Église Orthodoxe et l'Occident, p. 28.
53. P. Séraphim Rose, op.cit.
54. Homélie lors de la remise du bâton pastorale à l'évêque Jean Kovalevsky,
Russki Pastyr, N° 37-38/2000.
55. J.C. Larchet, Le staretz Serge, Paris 2004