(D'après une entrevue avec le Métropolite Hiérotheos de Nafpaktos)
Question: Quand on parle de questions de bioéthique, l'attitude habituelle de l'establishment laïc, c'est que celles-ci sont des questions de science moralement "neutres", et, que par conséquent, il n'y a pas de place pour la religion ou l'éthique en elles. Quel devrait être faire l'Eglise Orthodoxe en réponse à cela et comment peut-elle faire entendre une différence en ce qui concerne ces problèmes?
Réponse: La bioéthique est en effet la réaction de la science elle-même pour les applications potentielles négatives du génie génétique et de la biologie moléculaire. C'est-à-dire, le génie génétique et la biologie moléculaire ont progressé vers des découvertes qui peuvent exercer un type d'impérialisme sur l'humanité, l'impérialisme dit génétique, d'une part détruisant l'homme lui-même et d'autre part créant une pollution génétique dans l'environnement. Pour cette raison, plusieurs scientifiques ont tenté de fixer certaines limites à cette catastrophe potentielle et ont donc développé la science de la bioéthique qui relie le génie génétique avec les sciences humaines.
Il y a certains scientifiques bioéthiciens qui affirment que les problèmes de la bioéthique sont d'ordre scientifique et que les religions ne devraient pas s'en mêler. Cependant, la vérité est que des généticiens, des bioéthiciens et des théologiens traitent tous avec l'homme, donc ils ont un objectif commun, et l'homme est constitué par l'ensemble de l'âme et du corps. Si nous limitons notre attention seulement au corps, il est possible que nous percevions l'homme comme une machine vivante et que nous laissions ses problèmes existentiels sans solution. Il est connu que dans le passé, parce que la science médicale était mécaniste dans une large mesure, la psychanalyse s'est développée afin d'équilibrer les choses.
Pour cette raison, le message des Eglises orthodoxes après le Congrès de Constantinople de Septembre 2000, sous les auspices du Patriarcat œcuménique, ont mentionné que les problèmes de bioéthique devraient également être traités par la biothéologie.
C'est pourquoi, dans ces dernières années de nombreux clercs et des Synodes des Eglises locales s'occupent des problèmes théologiques qui gravitent autour du commencement, de l'extension et de la fin de la vie biologique, ainsi qu'avec la protection de l'environnement.
Bien sûr, la théologie orthodoxe ne s'oppose pas à la science, lorsque celle-ci reste dans ses limites. C'est la science de la bioéthique, qui fixe les limites de la science et la théologie orthodoxe s'occupe de la pastorale de l'homme et le conduit où la science s'arrête, vers la déification.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Sobornost,
Septembre 2006
cité par