"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 11 mars 2023

Higoumène Nektariy (Morozov): ABSTINENCE, SIMPLE ET COMPLEXE

Le carême implique nécessairement l'abstinence [la tempérance]. Et bien que beaucoup de choses aient déjà été dites et que beaucoup seront probablement encore dites, à savoir que la composante "gastronomique" du carême n'est pas la principale et encore plus la seule, elle est néanmoins disponible. Et cela provoque presque invariablement certaines pierres d'achoppement. Quelqu'un lui assimile une valeur absolue - et a tort. Et quelqu'un, au contraire, croit que ce n'est pas du tout important, et fait aussi une erreur. L'un, sans calculer sa force et non en accord avec l'état de son corps, s'efforce de jeûner aussi strictement que possible, en essayant de se conformer aux prescriptions de Typicon, et se retrouve ainsi sur un lit d'hôpital. Un autre, ayant une excellente santé et une grande force physique, est sincèrement convaincu qu'il ne pourra pas survivre à un jeûne "sans dispense de laitages".

Il est nécessaire, lorsqu'on jeûne, de suivre la voie royale : ne pas prendre sur soi des charges insupportables, mais ne pas oublier que le jeûne demande un effort.

Sans aucun doute, "Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat,…" (Marc 2: 26). Et de la même manière, l'homme n'est pas fait pour le jeûne, mais le jeûne pour l'homme. Par conséquent, pour le jeûne, il est nécessaire de suivre la voie royale, c'est-à-dire le juste milieu : ne pas assumer des fardeaux insupportables, ne pas jeûner plus strictement que les capacités du corps ne le permettent, mais ne pas oublier que le jeûne nécessite un effort [podvig], l'oppression de la chair, et cette oppression doit être ressentie nécessairement, sinon quel est le sens de cet exploit spirituel [podvig] ? Et je suis sûr que peu importe à quel point les gens sont raisonnables, peu importe à quel point nous sommes sains d'esprit, et plus corrects, un chrétien, se préparant à jeûner, consulte son confesseur sur tout, y compris sur son  côté dit gastronomique.

Pourquoi l'abstinence est-elle toujours si importante ? L'homme, par sa nature même, aspire naturellement au bien-être. Mais dans un état de chute, nous idées sur ce qu'est exactement ce bien-être sont considérablement déformées, et le plus souvent, nous considérons la satisfaction de nos passions comme "bonne" - peut-être pas de manière flagrante et évidente, mais subtile et discrète. 

Cependant, tout est interconnecté, et sans ascèse pour éradiquer une passion, nous nous retrouvons naturellement sans défense devant une autre passion. Et l'abstinence de nourriture devient une sorte de base, la première et la plus simple expérience d'abandonner ce qui nous donne du plaisir - pas pécheur, tout à fait innocent. Mais c'est ce refus, volontaire, non forcé, qui nous aide à renforcer au moins légèrement notre volonté, nous donne, d'une part, une idée de la dépendance réelle de notre chair et de ses désirs, et d'autre part, qui nous permet d'affaiblir considérablement cette dépendance.

L'homme en jeûnant, refuse pour l'amour de Dieu, pour son bénéfice spirituel ce qui lui plaît, refuse ce dont il peut se passer en principe, mais en même temps, il lui est difficile de s'en passer. Et il ne le fait pas par son propre arbitraire, mais par obéissance à l'Église, en essayant, dans la mesure du possible pour lui d'aborder le respect des exigences des prescriptions de l'Eglise. Ce faisant, il peut, comme le psalmiste, dire dans la prière : "Vois l'état si humilié et humble où je me trouve et remets-moi mes péchés" (Psaume 24, 18) - si, bien sûr, non seulement il s'humilie devant les prescriptions du Typicon, mais qu'il pense humblement à son jeûne - et non pas comme à une haute vertu

Cependant, pouvons-nous penser que tout ce qui a été dit épuise et clôt le sujet de l'abstinence ? Après avoir déterminé la mesure du jeûne corporel et pris la bonne attitude à son égard, avons-nous accompli tout ce qui concerne l'abstinence ? Bien sûr que non.

L'homme moderne est principalement un consommateur. L'esprit du consumérisme a pénétré profondément dans nos cœurs - si profondément qu'il est difficile pour nous de ne pas avoir une attitude consumériste non seulement dans le monde dans lequel nous vivons, envers les gens, mais aussi envers Dieu : nous attendons constamment quelque chose du Seigneur, exigeons quelque chose, et ne l'obtenant pas, nous sommes offensés et nous maugréons contre Lui.

Et l'abstinence est le meilleur moyen de déclarer la guerre au consommateur soi. L'oppression de vous-même dans la nourriture est, je le répète, limitée. Nous nous souvenons probablement tous de l'âne de Nasr Eddin Hoda, qu'il avait habitué à la mortification de la chair : chaque jour, Hodja réduisait la mesure de nourriture qui lui était destinée, jusqu'à ce que finalement, en arrivant à l'écurie, il voit l'âne étendu sur le sol, sans souffle. Mais voici l'abstinence de ce que nous consommons avec excès, de ce qui n'est en aucun cas nécessaire ou simplement nocif pour nous - là, nous avons un champ vraiment immense pour l'ascèse.

En voici quelques exemples. Nous tous, même si le Seigneur ne nous a pas dotés du don de l'éloquence, nous péchons beaucoup avec notre langue. Et en particulier, notre coutume de parler sans réfléchir, sans se méfier, de dire plus que nécessaire. Si nous décidons de nous limiter à jeûner au moins un peu dans les conversations inutiles, si nous décidons de ne pas parler sans réfléchir, si nous décidons de ne pas prononcer ce que notre conscience indique clairement qu'il n'est pas nécessaire de faire - nous obtiendrons de grands profits, et une telle tempérence sera très louable.

Combien d'informations superflues une personne moderne consomme-t-elle ! Il s'écoule en nous avec un flux incontrôlé à partir d'écrans de télévision, de moniteurs d'ordinateur, de réseaux sociaux, de haut-parleurs de nos radios et de radios de voiture. Nous en sommes surchargés, notre système nerveux ne peut pas résister à une telle abondance de stimuli, et l'esprit n'est pas capable d'analyser et d'évaluer pleinement tout ce que nous voyons et entendons. Et la Parole de Dieu, si nécessaire pour notre âme, disparaît dans toute cette multiplicité de nouvelles, d'histoires, de rumeurs, dans la diversité de la vidéo et de la séquence de photos, comme la même graine de la parabole évangélique - dans les épines. C'est pourquoi il est clair que la restriction de l'information, le contrôle sur celle-ci, une sorte de "jeûne informationnel" est une composante obligatoire de l'ascèse [podvig] du Carême, sans laquelle nous ne réussirons rien.

Il existe un phénomène de la réalité d'aujourd'hui, le shopping. Quelque chose ne va pas dans la vie, les problèmes vous tourmentent, votre âme est lourde - que devez-vous faire dans cette situation ? C'est exact - faire du shopping ! L'achat permet de se ressourcer, d'améliorer son humeur, d'augmenter le tonus vital, d'oublier les difficultés et les contradictions, de se réjouir, d'espérer le meilleur, de ne pas s'ennuyer et de ne pas arriver au point de se dire qu'il est temps d'aller faire du shopping à nouveau! Et tant pis si cette "recette magique" n'était accessible qu'à ceux qui ont beaucoup d'argent! Aujourd'hui, il existe une chose aussi magique que la carte de crédit : l'argent n'a pas seulement disparu - vous êtes vraiment endetté jusqu'au cou, mais vous avez encore une merveilleuse possibilité - celle de continuer à faire du shopping, puis, en vous réjouissant un peu, de sombrer dans la tristesse du fait que l'on ne sait absolument pas comment rembourser l'emprunt et payer en plus les intérêts. S'abstenir d'achats superflus, inutiles, d'achats en guise de divertissement est l'exercice spirituel le plus important pour l'homme moderne. En le faisant, il renforce sa volonté, se débarrasse de nouvelles raisons de se sentir triste (à cause d'un énième gaspillage) et économise l'argent qui peut l'aider à acheter quelque chose de vraiment nécessaire ou même à aider quelqu'un dans le besoin.

L'abstinence - ce type d'abstinence totale - donne à l'âme une force et une liberté extraordinaires.

Je pense que tout le monde sera en mesure d'y parvenir s'il examine de près sa vie, et essaie de comprendre ce qui, dans celle-ci, saute littéralement dans son  "panier"[lors des courses], dont il est temps de se libérer. Le tempérance - telle, complète - donne à l'âme une grande force et liberté, donne la possibilité de voir la réalité complètement différemment, sans se fixer sur le fait que littéralement tout en elle est un objet de consommation.

Et ce n'est pas suffisant. Elle libère au moins un petit coin dans nos cœurs pour commencer par ce qui devrait idéalement le remplir : pour le contenu spirituel qui, en fait, est la vie - dans un sens véritable, rt non déformé.

C'est le premier fruit, vraiment important, du jeûne - le bon jeûne, celui qui est pratiqué dans l'esprit.



Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

vendredi 10 mars 2023

FIDÈLE AU CHRIST : HIEROMARTYR VALERIAN NOVITSKY

 

Il faisait froid en janvier 1930.

Parfois, en regardant le cercle blanc de flocons de neiges à l'extérieur de la fenêtre de la prison froide de Slutsk, il abandonnait ses pensées pendant un court moment, mais bientôt il reprenait ses esprits  et a recommençait à prier, ne sachant pas ce qui se passerait au moment suivant...

Saint Martyr Valérian

23 janvier 1930:

En tant qu'ancien prêtre du village de Bobr, je coupe tous liens avec la religion, et je porte ceci à la connaissance du public.

Mikhail Mikhailovich Bobrikov '"Journal Communiste de Mogilov")

Sur un rapport d'un enseignant local, le père Valerian Novitsky fut absurdement accusé d'agiter contre les fermes collectives après avoir sincèrement critiqué la formation d'un groupe antireligieux dans un village voisin. Les membres du groupe jouaient des pièces et des sketches blasphématoires, et le prêtre  déclara qu'il n'officierait pas à leurs funérailles. Il plaida non coupable à l'accusation.

26 janvier 1930

Les profiteurs ainsi que les autres nuisibles ennemis de la classe ouvrière trompent le prolétariat de la ville, vont à la campagne où ils trouvent refuge avec les prêtres et les koulaks. Le public est scandalisé et exige des mesures.

Étudiant en deuxième année du département de droit de l'Université d'État biélorusse, il était rempli d'espoir, de foi et d'attentes élevées en faisant un choix ferme et courageux en 1923. Il accepta la prêtrise bien qu'il ait été bien conscient de la persécution qui se déroulait contre l'Église.

« Nous devons protéger la foi »,  déclara le jeune prêtre en réalisant la nécessité de servir son peuple, en lui apportant la parole du Christ à l'époque de la persécution et d'incrédulité. Il avait 26 ans.

7 février 1930

Les cloches firent enlevées et l'église devint un club militaire. Une manifestation d'athées eut lieu à Minsk, à la fin de la campagne anti-chrétienne de l'association athée du 8ème Régiment de Cavalerie.

Journal La vérité de l'Armée Rouge, N°31

Il comprit et accepta tous les risques encourus. Digne fils de son père, l'archevêque Vasily Denisovich Novitsky, et fidèle soldat du Christ, il prit sans crainte sa croix et la porta jusqu'à la fin. Le Seigneur bénit le Père Valérien en lui accordant une belle femme, des enfants merveilleux et sept ans de ministère dans l'église de la Sainte Trinité au village de Telyadovichi dans la région de Minsk.

Sa femme, Dominika Ignatievna, alla pour voir son mari en prison, mais elle ne fut pas autorisée à lui rendre visite. Elle reçut une note, dans laquelle Père Valerian écrivait : « Ils m'ont proposé de sauver ma vie en renonçant à Dieu et à la prêtrise. J'ai refusé. Comment vas-tu réussir à élever nos enfants seule ? » Matouchka Dominika répondit : « Ne renonce ni à Dieu ni à la prêtrise. Le Seigneur m'aidera. 

Les yeux profonds de ce beau couple brillent de la beauté surnaturelle de leur âme. Ils rêvaient de vivre leur vie dans l'amour et la fidélité, en élevant leurs petits-enfants ensemble. Ils durent faire un choix différent et en assumer l'entière responsabilité.

8 février 1930

L'URSS est le seul pays qui n'est pas affecté par la crise globale. La haine contre l'URSS grandit., Les impérialistes préparent activement une guerre contre la dictature du prolétariat.

Journal La vérité de l'Armée Rouge, N° 32

Matouchka Dominika fut laissée seule avec trois enfants. Jusqu'en 1975, la famille ne savait rien du sort du père Valérien. Toutes leurs questions reçurent la même réponse formelle : "...mort d'une maladie gastrique en exil." *

Le 23 février 1930, le pays célébra la Journée de l'Armée rouge et de la Marine pour la 12e fois.

Trois hommes condamnés à mort furent conduits dans les bois. On leur  proposa de nouveau  de renoncer à la foi en Dieu et à la prêtrise.

Creuser une tombe dans un sol gelé n'est pas facile. Il est encore plus difficile de la creuser pour vous-même lorsque vous n'avez que 33 ans.

En entendant le coup de feu, plusieurs hommes crièrent de peur. Ils furent les seuls témoins de la tragédie.

L'emplacement de ces trois tombes est encore inconnu. Ce que nous savons, c'est que le hiéromartyr Valerian Novitsky se tint devant Dieu en intercédant pour nous tous et en priant pour la paix dans notre pays.

Saint Valérian et son épouse Dominika

*Le prêtre Valerian Novitsky fut arrêté le 14 janvier 1930. Le 23 février de la même année, il fut exécuté.

Le 28 octobre 1999, le père Valérien fut canonisé par le Saint Synode de l'Église orthodoxe biélorusse en tant que saint vénéré localement.

En août 2000, il fut canonisé par le Conseil épiscopal du Jubilé de l'Église orthodoxe russe et inclus dans la Synaxe des nouveaux martyrs et confesseurs de Russie.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE CATALOG OF GOOD DEEDS

jeudi 9 mars 2023

LA PROCHAINE FOIS Un rêve du Jugement Dernier

Tout le monde sait que vous ne devriez pas croire vos rêves. Mais quand ma sœur m'a raconté ce rêve, je voulais vraiment le partager.

J'ai couru par la porte quand un son aigu, mince et précis. Il était doux et il a fait vibrer le sol.

Je me tenais entre la maison et la cuisine d'été, et sur la droite il y avait des érables, à gauche - desmélèzes, et dans l'écart entre eux, rouge écarlate, le soleil se couchait lentement, descendant vers l'est.

Je suis restée debout et j'ai pensé : c'est vrai, quand le Jour du Jugement viendra, il n'y aura pas besoin de mots, tout le monde saura  - Il est venu.

Je me restée là à penser : j'ai besoin de me confesser, de me repentir, ici, je vais juste dire l'essentiel, s'il vous plaît, je n'ai besoin que d'une minute, s'il vous plaît !

Je me suis tenue debout et j'ai pensé : je ne serais pas en mesure d'entrer dans le temple, les routes sont déjà bondées de voitures, et j'ai vu mentalement des milliers de personnes entourer le père Grégoire, le père Maxime, le père Léonide, suppliant de les confesser. Demandant la communion.


Je me suis tenue là et j'ai pensé : j'aurais pu, oui, tout à fait communier avant-hier, il y a une semaine, deux semaines. Qu'est-ce qui m'a arrêtée, m'a empêchée, m'a éloignée du Calice ? Je n'arrivais pas à me souvenir.

Je me suis tenu debout et j'ai pensé : je pourrais me repentir au moins comme ça, au moins maintenant, devant Dieu.

Je suis tombée à genoux, mais je ne pouvais pas prier. Je pensais que maintenant, à l'heure de la mort, à la dernière heure de la mort, qui s'en irait bientôt, la prière coulerait de mon cœur, une dernière prière, toute purificatrice, couvrant tout, celle qui sauva le Bon Larron.

Mais mon cœur resta muet, aveugle et sourd, c'était mon cœur ordinaire, quotidien - étroit et sale.

Et il n'y avait plus rien à faire.

***

Quand je me suis réveillée, j'ai chuchoté : "Il est encore temps !"

Et je me suis promis de me souvenir de cette minute pour toujours. Rappelez-vous comment c'est. Lorsque le cœur est si lumineux et calme, comme si toutes les passions avaient déjà été vaincues, tous les péchés avaient été vaincus. Lorsque vous croyez fermement que vous ne péchérez plus jamais (ni librement ni involontairement), vous ne pouvez tout simplement pas [pécher].

Alors l'aube se lève à l'extérieur de la fenêtre, et que vous avez entre les mains une énorme quantité d'heures, de jours, d'années entre vos mains. Et pas une de plus ne sera gaspillée.

Et la prochaine fois au Jugement Dernier...


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Pravoslavie.ru

mercredi 8 mars 2023

Prière du patient avant une opération


Seigneur, mon Dieu, je confesse devant Ta face mes nombreuses faiblesses et mes manques. 

Une grande peur s'est emparée de moi devant cette épreuve, au point de me confier à Ta miséricorde et à Ta sollicitude pour les hommes. 

Si Ta Grâce ne m'avait pas couvert, la tempête du désespoir m'aurait fait tomber à terre. 

Je n'ai pas, Seigneur Omnipotent, le courage qu'ont Tes élus devant les épreuves de la vie, mais tout ce que je peux faire, c'est me prosterner le cœur brisé devant Toi et Te demander de ne pas me laisser sans secours. 

Toi, Seigneur, Qui es le médecin céleste, accorde-moi par la main du médecin terrestre, que je puisse Te louer tous les jours de ma vie. Amen.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Farmacia Domnului

lundi 6 mars 2023

Souvenirs de la bienheureuse Gérondissa Taxiarchia


https://catalogueofstelisabethconvent.blogspot.com/2018/01/memories-of-blessed-gerontissa.html?m=1



Gérondissa Taxiarchia (Dukas) vint aux États-Unis en provenance du monastère grec de Panagia Hodigitria en 1989 par la bénédiction de son père spirituel, le staretz athonite Ephraim (Moraïtis) de Philothéou,  fils spirituel du grand staretz Joseph l'Hésychaste. Gérondissa Taxiarchia est devenue la première habitante et higoumène du monastère de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu à Saxonburg, en Pennsylvanie. Ce monastère fut la première des vingt établissements fondés par le staretz Ephraïm de Philothéou et d'Arizona sur le sol américain.


La bienheureuse gérondissa Taxiarchia acquit les dons de la prière incessante, de la guérison du corps et de l'âme humains, de la clairvoyance, de foi fervente et d'amour du Christ. Gérondissa œuvra aux podvigs [exploits ascétiques] monastiques pendant de nombreuses longues années. Il y a des cas connus où ses prières ont guéri les patients atteints de cancer. Après la dormition bénie de Gérondissa Taxiarchia, le Seigneur attesta de la véracité de ses podvigs par l'apparition d'un myrrhon parfumé sur son visage. Vous trouverez ci-dessous un recueil de souvenirs de Gérondissa, par ceux qui la connaissaient bien.


Eleana Mitchell, fille spirituelle du staretz Ephraim :


La bienheureuse Gérondissa Taxiarchia naquit et grandit dans le village grec d'Agria, près de la ville de Volos. Dans sa petite enfance, pendant la guerre civile, elle resta sans père. Son nom dans le monde était Aphrodita Dukas. La gerondissa bénie était généreusement dotée de beauté, à la fois externe et interne. Elle était, dès son plus jeune âge, comme on dit, une véritable épouse du Christ.



Dans sa petite enfance, on lui diagnostiqua une maladie cardiaque grave. Une lutte pour sa santé commença à partir de cette époque. De temps en temps, elle devait rester à l'hôpital de Thessalonique pendant au moins deux mois. Au début, étant encore assez jeune, elle devait se rendre à l'hôpital de Thessalonique toute seule, en raison d'un manque de fonds dans sa famille. Personne ne lui rendait visite, comme les autres patients, et elle n'a reçu aucune correspondance. C'est alors que la bravoure de son âme se manifesta pour la première fois.

Toute seule dans une ville étrangère, au milieu de personnes inconnues, devenant faibles, émaciées, avec des joues creuses, la jeune fille  combattit seule sa maladie, ne rêvant que de voir sa mère plus tôt et de lui parler de toutes ses souffrances. Cependant, lorsque ce jour tant attendu arriva finalement, et que sa mère vint la voir, Aphrodite entendit comme la voix de Dieu, ce qui l'éclaira à s'abstenir de parler de ses souffrances. C'est comme si son ego était mis au second plan.

Elle commença à raisonner avec une sagesse surprenante pour son jeune âge : « Oh, comme je pleure pour ma maman, pauvre veuve ! Après tout, ne m'aime-t-elle pas ? Ne s'inquiète-t-elle pas pour moi ? » Et, reconnaissant dans cette voix intérieure la voix de Dieu, Aphrodite dit à sa mère : « Oh, chère maman ! Je vais bien à l'hôpital : ils prennent soin de moi et me nourrissent ici ! Il y a plusieurs femmes qui me rendent visite et m'apportent des bonbons, des chocolats et des livres. Le temps est passé si vite ! » « Alors, Aphrodite, tu n'étais pas contrariée que je ne puisse pas souvent te rendre visite ? » « Non, maman, je n'ai pas eu le temps d'être triste ou contrariée ! » Ses paroles réconfortèrent grandement sa mère et elle rentra chez elle l'âme en paix.

La jeune fille fut de nouveau laissée seule, mais maintenant sa maladie et ses besoins n'étaient d'aucune conséquence par rapport à la joie de voir et de réconforter sa mère.

À ce moment-là, elle priait tous les jours, comme elle nous le disait elle-même, pour que le Seigneur la retire de cette vie, parce qu'elle se considérait comme isans mérite et sans valeur et ne compliquant que la vie de sa mère, de ses frères et de ses sœurs.

Mais le Dieu Omniscient n'accéda pas à sa demande, mais lui permit plutôt d'accepter le schéma angélique au monastère de la Panagia Hodigitria, non loin de Volos, avec la grande gérondissa Makrina, qui lui enseigna et nourrit en elle, avec les autres sœurs du monastère, les vertus du sacrifice, d'amour, de patience et d'obéissance.

Si je me souviens bien de ses paroles, elle a dit : « Savez-vous quand j'ai compris pourquoi le Seigneur ne m'a pas pris alors ? Quand le staretz Éphraïm m'a dit, qu'à l'âge de cinquante ans, je devrais vivre en Amérique ! »


Béni soit le Seigneur Dieu, qui laissa cette âme bénie sur terre, afin qu'il nous soit accordé de la rencontrer et de la connaître ! La gérondissa bénie était un pieuse staritza, chaste, bonne et noble, encline au sacrifice de soi. Elle était la gardienne des orphelins ici aux États-Unis.

Les bonnes choses du monde et les points de vue mondains ne l'intéressaient pas du tout. La seule préoccupation de la mère était le salut de tous et de sa propre âme. Jour et nuit, bien qu'elle ait été fatiguée au point d'être épuisée, elle s'aonnait à une prière sincère. « Avez-vous déjà dormi debout, les yeux ouverts ? » Gérondissa nous demanda, souriant de son sourire béni qui remplissait nos cœurs de bonheur céleste. « Non, Gérondissa, jamais ! » « Cela m'est arrivé », répondit cette âme bénie.

Sans violence, rigueur, condamnation ou reproche, mais seulement avec sa gentillesse et sa douceur, elle pouvait facilement ouvrir l'âme d'une personne et la purifier. Et elle savait comment faire vivre chaque jour de vos journées avec elle à la gloire de Dieu ! Dès que le soleil se lève à l'aube, vous dites immédiatement et involontairement : « Que puis-je faire aujourd'hui pour remercier Dieu ? » et vous le faites automatiquement, de tout votre cœur.





Elle s'est endormie dans le Seigneur le 3 août 1994. De l'hôpital au monastère, d'énormes ruisseaux de pluie purs ont accompagné son exode. Il y eut un autre miracle - que de nombreuses gouttelettes de myrrhon odorantes, scintillant au soleil, sont apparues sur son visage après la mort. Nous avons tous vécu ce bienheureux « chagrin joyeux ».


Gérondissa Théophano, l'higoumène actuelle du monastère de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu :

En juillet 1989, Gérondissa Taxiarchia est venue en Pennsylvanie, et je suis venu en mars 1990, de New York. Au début, nous avions juste une petite maison en bois avec deux chambres à coucher, et rien de plus. Nous étions trois moniales.

Lorsque le staretz Éphraïm est venu visiter notre monastère pour la première fois (à cette époque, il passait trois mois en Amérique et neuf mois au monastère de Philothéou sur le Mont Athos), je lui ai dit à propos de Gérondissa Taxiarchia : « C'est vraiment une sainte ! » ce qui était évident à première vue. Et il m'a répondu : « J'ai envoyé ici une de mes meilleures moniales... Non, c'est ma meilleure moniale. »

Gérondissa Théophano

Gérondissa Taxiarchia était vraiment une personne sainte. Elle avait une maladie cardiaque, et à son arrivée en Amérique, ils ont découvert qu'elle avait un cancer du sein. D'autres femmes atteintes de cancer ont été guéries par ses prières. Par exemple, il y a eu un cas où trois ou quatre pèlerins nous ont rendu visite pour rencontrer Gérondissa. Parmi eux se trouvait une moniale, la mère d'une de nos sœurs, à qui l'on avait découvert un cancer. Elle voulait en parler à Gérondissa, mais celle-ci ne lui a rien permis de dire, mais elle a seulement répété : « Ce n'est rien, rien. » Et donc, ne demandant rien, Gérondissa a touché l'endroit où le cancer avait été découvert.

Les moniales évitent généralement de se toucher, mais Gérondissa a touché précisément l'endroit souffrant et lui a dit : « Ne t'inquiète pas, matouchka, vous êtes toute saine. » Lorsque matouchka est rentrée chez elle, les médecins n'ont pas trouvé le moindre cancer.

Une autre pèlerine, qui avait également un cancer du sein, est venue nous voir dans le prolongement du même groupe. Gérondissa Taxiarchia donnait quelque chose comme bénédiction, et cette femme voulait faire la queue. Ici, Gérondissa commença à la pousser hors de la queue. Cette pèlerine fut assez surprise et, au bout d'un certain temps, elle revint et se remit à la fin de la ligne. Gérondissa lui demanda de nouveau  de partir. Cela se répéta plusieurs fois, puis Gérondissa lui dit : « Tu n'as plus de cancer. »

Un autre miracle s'est produit avec une famille du Tennessee que nous connaissons bien. Pendant de nombreuses années, ils n'ont eu aucun enfant, et Gérondissa leur a dit : « Ne vous inquiétez pas ! L'année prochaine, vous viendrez me voir avec un enfant. » Et c'est ainsi qu'un an plus tard, ils sont venus avec leur fille nouvelle-née.
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Il y a eu un autre cas de guérison déjà après la mort de Gérondissa. Il y avait une femme qui travaillait dans un salon de beauté comme coiffeuse. Après avoir travaillé avec des produits chimiques pendant tant d'années, elle eut de sérieux problèmes avec ses ongles. Elle prit de l'huile de la lampade que nous avions allumée à l'église pendant les funérailles de Gérondissa. Nous ajoutons toujours de l'huile à cette lampade. Alors, cette femme oignit ses doigts avec l'huile de la lampade et après cela, elle fut guérie.

Il y avait une autre femme, qui est déjà décédée, qui, dès sa jeunesse, souffrait d'une forme très grave d'asthme. Elle avait aidé le staretz Éphraïm à construire notre monastère. Avant que Gérondissa ne naisse au Ciel, cette femme lui demanda : « Gérondissa, puis-je te demander une faveur ? S'il te plaît, faut disparaître mon asthme ! » Alors, après la dormition de Gérondissa, et cette femme avait déjà environ quatre-vingts ans, son asthme l'a quittée pour toujours.

Nous avons recueilli beaucoup de ces histoires. Elle était sainte, une vraie sainte. Tout comme  Géronda Ephraim, elle pouvait lire nos pensées. Elle était tout amour.

Parce qu'elle fut la première des moniales du staretz à déménager en Amérique, et aussi à cause de son amour dévorant, des femmes d'endroits complètement différents sont venues la voir, d'endroits où d'autres monastères du staretz Éphraïm ont été construits par la suite - de New York, de Chicago, etc. Parfois, elle disait à ces pèlerines : « Lorsque vous construirez un monastère pour votre maison, n'oubliez pas que vous devrez aider votre gérondissa tout comme vous m'aidez. » Elle les préparait donc à l'avance à cette mission.

Un jour, un homme nous a apporté une vieille icône de la Très Sainte Mère de Dieu. Il ne s'est pas rendu compte de quel genre d'icône il s'agissait. C'était un homme orthodoxe marié à une protestante. Sa femme voulait jeter toutes les icônes. Il est ainsi arrivé que deux moniales, mère et fille, passaient par là  et entendirent leur conversation, alors qu'il essayait de convaincre son épouse de ne pas jeter les icônes. Elles lui suggérèrent de donner les icônes au monastère.

L'homme arriva au monastère avec l'icône enveloppée et dit à Gérondissa : « Je ne l'ouvrirai pas avant demain. » Il ne se rendait pas compte du trésor qu'il avait. Le lendemain, nous fêtions l'icône  de la Mère de Dieu Fleur Inflétrissable. Elles déballèrent le paquet et virent qu'il s'agissait précisément de la même icône, Fleur Inflétrissable. Lorsque Gérondissa prit l'icône, tout le monastère fut rempli d'une douce fragrance. Vous pouviez la sentir partout - en haut, en bas, même au sous-sol. Cette icône est toujours dans notre monastère.

Gérondissa Taxiarchia est partie vers le Seigneur le 3 août 1994 à l'âge de cinquante-huit ans. Probablement un millier de personnes sont venues ici pour ses funérailles. Chaque personne s'est sentie plus que tout aimée par Gerontissa...

Lorsque Gérontissa est née au Ciel, avant que nous ne l'ensevelissions, des gouttelettes de myrrhon sont apparues sur son visage, qui exhalaient un parfum merveilleux. J'ai recueilli ce myrrhon avec du coton que j'ai conservé jusqu'à présent. Cela fait vingt et un ans, et cet coton à ce jour est toujours flagrant.


Moniale Nektaria, la plus ancienne résidente du monastère de Panagia Hodigitria à Portaria :

Gérondissa Makrina et Gérondissa Taxiarchia

Je connus Gérondissa Taxiarchia dès son arrivée dans notre monastère. Elle avait une maladie cardiaque et avait dû subir deux chirurgies cardiaques : l'une alors qu'elle vivait encore dans le monde, et la seconde après être devenue moniale. Avant la première opération, elle  fit un vœu : si l'opération était couronnée de succès, elle passerait six mois dans un monastère, aidant les sœurs et priant, remerciant ainsi la Très Sainte Mère de Dieu.

Ayant passé six mois à Portaria, elle se rendit compte qu'elle aimait la vie monastique et qu'elle voulait rester ici. Elle commença à demander à Gérontissa Makrina de l'accepter dans le monastère. Au début, Gérondissa avait peur de la garder, craignant que son cœur faible ne puisse supporter le mode de vie monastique strict. Mais elle supplia tellement et fut si gentille et obéissante qu'à la fin Gérondissa accepta, et le staretz Éphraïm lui donna la bénédiction pour rester.

Gérondissa Taxiarchia fut très rapidement jugée digne de tonsure dans le schéma, parce que, selon les paroles de Gérondissa Makrina, "elle était complètement prête pour cela".

Elle avait des obédiences dans la cuisine et la maison d'hôtes. Gérondissa Mkcrina avait beaucoup de sucre dans le sang, et sœur Taxiarchia apréparait sa nourriture. Elle effectuait cette obédience très attentivement, mesurait tout méticuleusement - combien de ce qu'il faut ajouter pour ne pas violer les ordres du médecin. Elle aimait beaucoup sa gérondissa.

Travail inachevé de Gérondissa Taxiarchia

Elle était très douée pour broder, chose qu'elle avait commencé à faire alors qu'elle était encore dans le monde. Sa broderie avait l'air de ne pas être créée par des mains humaines. Lorsque Gérondissa Taxiarchia vécut dans notre monastère, elle broda de ses propres mains des tissus d'autel dorés pour la Sainte Montagne. Elle avait beaucoup de dons et de grâces de la part de Dieu. Elle aimait tout le monde et était également gentille avec tout le monde.

Sa deuxième obédience dans le monastère était de rencontrer les hôtes et les pèlerins. Elle avait le don des mots. Elle pouvait trouver un cheminement vers n'importe quelle personne, et ses paroles étaient toujours éclairées par l'amour ; c'est-à-dire qu'elles éclairaient les autres. Elle aidait les sœurs dans d'autres obédiences - elle s'empressait toujours d'aider là où on avait besoin d'aide.

C'était une personne de Dieu et une grande femme de prière. Elle se distinguait par sa  noblesse, sa miséricorde et son sacrifice. La prière sortait continuellement de sa bouche. Lorsque on lui parlait,  on sentait que le Saint-Esprit habitait en elle.

Elle dut subir une deuxième opération avant de partir pour l'Amérique. Elle avait tellement confiance en Dieu qu'elle n'avait même pas un peu peur de cette opération. Après son départ pour l'Amérique, nous avons continué à communiquer, en nous écrivant des lettres.

D'après l'histoire d'Elena Xenu de Volos, soixante-cinq ans, fille spirituelle du staretz Éphraïm pendant douze ans :

Gérondissa Taxiarchia venait du village voisin, Agria. On disait qu'enfant, elle était très gentille et douce. Dès l'enfance, son futur caractère était évident - très facile et accommodant.

C'était une iconographe très talentueuse et elle brodait à la main des icônes. Les visages du Christ, de la Mère de Dieu et des saints venaient d'elle comme des visages vivants, parce qu'elle le faisait avec la prière.

Elle avait une sorte de douceur particulière sur le visage, et ses paroles étaient très réconfortantes - on avait le sentiment comme de parler avec un ange. C'est pourquoi le staretz Éphraïm choisit de l'envoyer en Amérique lorsqu'il y ouvrit son premier monastère. Elle y vivait seule au début.

Je connaissais sa sœur selon la chair, qui est déjà partie vers le Seigneur. Elles vivaient toutes deux à Agria. Sa sœur m'a montré une brindille séchée d'un arbre, que Gérondissa Taxiarchia lui avait envoyée dans l'une de ses lettres d'Amérique. Elle écrivaitt : " Ma chère sœur, vois-tu cette brindille ? Cette brindille provient de l'un des arbres qui poussent ici, autour de mon monastère. Chacun d'eux a été abondamment arrosé par les larmes de ma solitude."

Staretz Ephraïm

Elle ne connaissait pas la langue ou les coutumes, rien. Le staretz décidait, et elle faisait preuve d'obéissance inconditionnelle - c'est ainsi que le premier monastère du staretz Ephraïm apparut en Amérique. Elle ne s'opposa pas à la décision du staretz, pas la moindre parole. Elle l'accepta en paix. Elle partit pour l'Amérique pour y vivre ; et là, elle y mourut.

Après un certain temps, les Grecs et les immigrants locaux apprirent l'existence du monastère et commencèrent à y aller pour les offices du dimanche. Au début, ils sont apparus dans le monastère bien habillés, avec des coiffures élégantes, et ils venaient au monastère pour socialiser les uns avec les autres. La diaspora grecque en Amérique à cette époque avait sérieusement dévié [de la Voie Orthodoxe] et était tombée sous l'influence de l'Église catholique. Gérondissa en a très rapidement refaits des chrétiens orthodoxes.

Certaines moniales plus âgées de Portaria m'ont raconté cette histoire sur Gérondissa Taxiarchia. Au cours de sa deuxième chirurgie cardiaque en Grèce, un prêtre grec orthodoxe était là à côté d'elle. Lorsqu'elle est revenue à elle-même après l'opération, elle a beaucoup souffert de douleur. C'était si douloureux qu'elle a perdu connaissance. À ce moment-là, alors qu'elle venait de se rétablir, ce prêtre l'entendit dire : « Ô, Mère de Dieu, comme tu es belle ! Tu es la plus belle, la plus belle de la terre ! » Elle avait vu la Mère de Dieu juste devant elle. Elle avait vu les saints apôtres et leur avait parlé : « Ô saints apôtres Pierre et Paul, comme vous êtes beaux, comme vous êtes beaux ! Oh, comme c'est beau ! »

Gérondissa Taxiarchia œuvra en Amérique pendant cinq ans et mourut en raison de sa mauvaise santé. Après sa mort, immédiatement après ses funérailles, des miracles commencèrent à se produire à sa tombe. Quelques jours après ses funérailles, une famille qui avait déjà rendu visite à Gérondissa  vint au monastère. Leur fille avait de l'eczéma. Ils ont découvert que Gerontissa était morte et ils furent bouleversés. La peau de la jeune fille fut ointe avec de l'huile de la lampade qui brûlait sur sa tombe. Son eczéma disparut immédiatement et n'est pas encore revenu. Il y eut beaucoup d'autres miracles.


Ioannis Devorak, un Américain d'origine russe vivant près du Monastère de Saint-Antoine en Arizona :

Lorsque mon épouse et moi sommes allés pour la première fois au monastère de Pennsylvanie, je ne savais rien de Gérondissa Taxiarchia. Je n'avais même pas vu de photo d'elle. Nous n'avions pas passé beaucoup de temps dans le monastère, nous avions déjà l'intention de partir et sommes montés dans la voiture lorsque ma femme m'a demandé de retourner à l'église et d'acheter des cierges. C'était déjà le soir et l'église était déserte. Il n'y avait personne d'autre à l'intérieur, sauf une moniale âgée qui était assise et faisait des chapelets de prière. Au loin, j'ai repéré trois cerfs paître paisiblement.

Je suis allé voir la moniale pour lui dire bonjour et prendre sa bénédiction. « As-tu vu ces trois cerfs ? Ils viennent ici tous les soirs quand je m'assieds ici et que je fais ces chapelets de prière. Sais.tu comment faire des chapelets de prière ? » me demanda-t-elle. J'ai répondu que je ne savais pas comment, alorss elle m'a demandé : « Veux-tu que je t'apprenne? » J'ai répondu que, malheureusement, nous partions à ce moment-là, et qu'ils m'attendaient. Elle a dit : « Ok, alors je t'apprendrai la prochaine fois que tu viendras me rendre visite dans un an. »

Je n'avais pas l'intention de revenir ici, mais je ne me suis pas opposé, j'ai poliment dit au revoir, j'ai acheté des cierges, et nous sommes partis. Quelque temps plus tard, j'étais chez une amie et j'ai vu une photo de Gérondissa Taxiarchia, et j'ai été surpris de la reconnaître comme la même moniale qui m'avait parlé en Pennsylvanie. J'ai commencé à poser des questions à son sujet et j'ai été encore plus surpris d'apprendre qu'elle était déjà morte. Et après un an, je suis vraiment retourné au monastère. Exactement un an plus tard, c'était l'invention des reliques de la bienheureuse Gérondissa Taxiarchia ; les startsy Éphraïm et Païssios m'ont invité à les accompagner, et, bien sûr, j'ai accepté.


Par les prières de nos Pères Saints, Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu, aie pitié de nous !

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

dimanche 5 mars 2023

TRIOMPHE DE L'ORTHODOXIE - PREMIER DIMANCHE DU GRAND CARÊME

 


En ce premier week-end du Grand Carême, nous avons deux commémorations importantes, celle de St Théodore Tyron (qui signifie recrue ou conscrit) le samedi, et celle de la Restauration des icônes le dimanche, qui a été célébrée pour la première fois le 11 mars 843. 

Saint Théodore était un soldat romain qui fut martyrisé au début du IVe siècle, sous le règne de l'empereur païen Maximien. Il servait en Asie Mineure, dans la ville d'Amasée (aujourd'hui la ville turque d'Amasya). Là, il refusa de participer aux sacrifices païens ordonnés par l'empereur. Il fut arrêté mais fut libéré après avoir reçu un avertissement sévère. Nullement découragé, Théodore mit ensuite le feu à un temple païen. Il fut arrêté et torturé mais refusa toujours de renier le Christ. Il fut condamné à la mort par le feu.


Sa fête est actuellement célébrée le 17 février, mais il fut associé au Grand Carême pour une raison particulière. L'empereur Julien l'Apostat, qui régna de 361 à 363 après J.-C., connaissait bien les coutumes chrétiennes et, pour causer un maximum de détresse aux chrétiens, il  ordonna que tous les aliments en vente sur les marchés de Constantinople soient aspergés du sang des sacrifices dans les temples païens. Saint Théodore apparut à l'archevêque Eudoxe et lui ordonna d'avertir les fidèles de ne rien acheter sur le marché. Il leur conseilla plutôt de faire bouillir du blé sucré au miel (kolyva/collyres) et de le manger seul. C'est ainsi que le kolyva est fabriqué et béni à l'église le premier samedi du Grand Carême en l'honneur du martyr. Le thème du martyre se poursuit dimanche, lorsque nous nous souvenons de toutes les âmes courageuses qui ont souffert pendant la controverse des Iconoclastes.

En ce premier dimanche du Grand Carême, nous commémorons un événement qui s'est déroulé en l'an 843 et qui mit un terme au fléau de l'iconoclasme. Ce problème avait commencé plus d'un siècle auparavant et le 7e concile œcuménique de 787 avait, en théorie du moins, établi la Vérité et résolu le problème. Cependant, les hérétiques ne cédèrent pas de bonne grâce et une deuxième vague d'iconoclasme commença en 815. (Il convient de noter ici qu'un bref aperçu de l'histoire de cette époque malheureuse fut publié dans les notes du 20e dimanche après la Pentecôte, lorsque nous avons commémoré les Pères du 7e Concile œcuménique. Si un lecteur ne l'a pas vu, il peut en demander une copie).  

Comment la question de l'iconoclasme s'est-elle posée ? Une théorie avancée pour l'expliquer est que l'histoire de l'Empire byzantin a été ponctuée de quelques graves échecs militaires. L'essor de l'Islam semble avoir été facilité par des succès militaires. En termes simples, la question était de savoir pourquoi les musulmans semblaient être bénis, alors que les Byzantins ne l'étaient pas. L'Islam interdisant les images religieuses, l'Église chrétienne avait-elle irrité Dieu en utilisant des icônes ? Les icônes furent donc été condamnées comme superstitieuses en citant l'Ancien Testament. On se rappellera volontiers que l'histoire s'est répétée en Occident aux XVIe et XVIIe siècles sous l'impulsion de Calvin, Knox, Cromwell et autres.

On dit qu'aux 8e et 9e siècles, l'Occident n'a pas approuvé l'ikonoclasme. Bien que cela soit vrai, il y avait une réserve. Charlemagne, roi des Francs et plus tard empereur, exprima ses réserves dans la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle qu'il commença à construire en 792 et qui comprend de l'art figuratif, mais qui est situé à un niveau élevé de l'édifice. La vénération est rendue impossible du fait qu'elle est hors de portée. Le 7e concile œcuménique avait déclaré qu'il devait y avoir des icônes dans les églises et qu'elles devaient être vénérées. L'Occident utilisait l'imagerie religieuse pour la décoration et l'enseignement, mais la vénération n'était pas totalement approuvée. 

L'empereur Léon III avait lancé la campagne contre les icônes, mais il est mort en 741 et son fils Constantin V lui a succédé. Il semble avoir été un archétype du protestant, car il aurait été hostile aux icônes, aux sanctuaires, à l'invocation des saints et au monachisme. Il convoqua un "concile" pour promulguer son opposition aux icônes. Ce faux concile réunit environ 300 évêques qui étaient prêts à obéir à ses désirs, mais aucun des cinq patriarches ni leur représentant n'y assista ; Constantinople était vacant, Antioche, Jérusalem et Alexandrie étaient alors hors de l'Empire byzantin et Rome l'ignora.

Deux femmes furent les championnes de la foi. L'empereur iconoclaste Léon IV subit son jugement en 780 et sa veuve Irène, en tant que régente pour son jeune fils, l'empereur Constantin VI, fut déterminée à restaurer les icônes. Sous son inspiration, le 7e concile œcuménique se tint à Nicée. Les hérétiques ne se repentirent pas mais attendirent leur heure et trouvèrent un nouveau champion en la personne de l'empereur Léon V, l'Arménien, qui entama une deuxième période de persécution en 815. Le dernier empereur iconoclaste, Théophile, mourut en 842 et sa veuve Théodora, en sa qualité de régente, ordonna la restauration immédiate des icônes. Celle-ci est officiellement proclamée le premier dimanche du Grand Carême en 843.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND