"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 21 décembre 2021

Le raisin de saint Macaire

 Un jour, dans le désert d'Égypte vivait un moine appelé Macaire. Celui-ci était bien connu dans tout le pays pour les bonnes actions qu'il avait faites et beaucoup de gens venaient  lui demander conseil.

Dans le même désert vivait un autre moine du même nom de Macaire et celui dont nous allons parler fut appelé par tout le monde le citadin parce qu'il était originaire de la célèbre ville d'Alexandrie. Saint Macaire était vieux alors et dirigeait un monastère de moines lorsque eut lieu la situation que nous allons raconter.

Un jour, un homme vint vers saint Macaire et lui apporta un raisin très mûr et savoureux. Nous devons savoir que dans le désert, les moines n'avaient pas d'endroit où cueillir des raisins parce qu'il y avait une chaleur brûlante tout le temps, des sables sans fin et les plantes manquaient presque complètement.

L'homme pensait qu'il ferait une grande joie à Macaire, plus âgé, en lui apportant ce raisin qui est très précieux dans le désert où l'eau manque. Le saint prit le raisin et remercia son invité pour l'amour qu'il lui montrait.

Restant seul dans sa cellule, Macaire l'ancien pensait manger ce beau raisin qui était si itentant avec sa bonne odeur. Mais quand il voulut prendre un grain de raisin tout à coup, il se souvint de toute la communauté de moines qu'il dirigeait et pensa qu'ils voudraient bien sûr goûter à un raisin comme celui-là. Que faire ? Il ne voulait pas le manger seul parce que la pensée des autres moines le faisait se sentir avare et avide.

`Suis-je si égoïste de manger ce raisin seul pendant que d'autres frères endurent la soif ? Je ne ferai pas cela. » se dit cet ancien à lui-même. Et en pensant à ce qu'il fallait faire de ce raisin, il décida de le donner au premiier venu.

Peu de temps après, un moine a frappé à sa porte. En le voyant, l'ancien se réjouit et après lui avoir parlé, il sortit le raisin et le lui donna en disant : "Voilài, frère, prends-moi ce raisin, je suis vieux et j'ai l'estomac malade, donc je ne peux pas manger de raisins. ` Saint Macaire mentionna la maladie que pour faire recevoir son cadeau au frère, mais il aurait aimé goûter au moins un grain de ce beau raisin qui sentaitt bon. Le frère prit le raisin et en remerciant il retourna à sa cellule.

Mais quand il eut atteint sa cellule et voulut manger le raisin, le jeune moine eut la même pensée que saint Macaire.

`Comment mangerai-je ce raisin quand les autres frères endurent la soif ? J'irai le donner à un frère malade. Il alla chez un frère qu'il savait fragile. « Il a plus besoin du raisin que moi », se dit-il à lui-même.

Mais il se trouve que ce moine frêle ne garda pas le raisin pour lui-même et décida de le donner à quelqu'un d'autre. De cette façon, le raisin passa d'un moine à un autre car chacun pensait aux autres et non à lui-même. Le soir, l'un des moines qui venait de recevoir en cadeau ce beau raisin d'un autre frère pensa en lui-même : « Quel beau raisin. Comment est-il arrivé dans ce désert brûlé par le soleil et manquant de verdure ? J'irai donner ce raisin à notre père Macaire, car il est vieux et a beaucoup plus besoin de ce fruit que moi qui suis jeune et fort. En disant que ce moine cacha le raisin sous sa soutane et alla avec lui à la cellule de Macaire.

Quand Macaire l'ancien, vit le raisin, il fut très surpris car il le reconnut immédiatement . C'était exactement le raisin qu'il avait reçu et ne voulant pas le manger l'avait donné à un autre moine. Il fut surpris parce que le moine qui lui donna le raisin n'était pas le même que celui du matin. Le saint se rendit compte très rapidement de ce qui s'était passé: aucun des frères ne voulait garder le raisin pour lui-même et ils l'e donnèrent de l'un à l'autre et le raisin lui fut rendu. Faisant semblant de ne rien savoir, saint Macaire a pris le raisin et remercia en s'émerveillant de l'amour que les moines de sa communauté avaient prouvé car personne ne pensait à lui-même, mais aux autres.

Restant seul, Macaire l'ancien, prit le raisin en disant : « Puisqu'aucun des frères n'a mangé ce raisin, comment le mangerai-je quand je serai leur père et leur conseiller ? et disant cela, il prit le raisin et le mit sur une pierre. Un oiseau vint et l'enporta à ses petits. C'est ainsi que finit le raisin de saint Macaire.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après 

THE ATHONITE TESTIMONY

Extrait du petit patericon

Raconté et illustré pour les enfants

 par le père Savatie Baștovoi

Cathisma Publishing, 2008.

lundi 20 décembre 2021

Prêtre Visarion Alexa: La Croix donne du pouvoir à l'homme


La Croix a un grand pouvoir. Elle sanctifie, garde l'homme qui se signe, le lit que nous marquons de son signe le soir avant d'aller dormir, le pain, la nourriture où nous faisons le signe de la croix, la maison que nous bénissons avec le signe de la croix.

La Croix donne du pouvoir à l'homme, elle le ravive. Lorsque l'homme qui est en difficulté a la foi, il met toute sa foi et son espérance en Dieu et fait le signe de la Sainte Croix: son âme obtiendra du pouvoir et son corps sera ressuscité.

Lorsque vous faites face à une grande tentation et que vous sentez que vous coulez, le signe de la croix devient une ancre.

Malheureusement, à notre époque, le signe de la Sainte Croix est souvent pris en dérision. La Croix n'est pas un accessoire, un simple bijou porté au pied ou à l'oreille.

La Croix représente une attitude de vie, ce n'est pas un signe auquel nous nous accrochons ou avec lequel nous faisons un tatouage, Dieu sait où, c'est plus que cela, c'est un état.

Vivre dans l'état de Croix, c'est vivre dans un état de sacrifice (de dévouement) pour les autres. Mais ce modèle de sacrifice de notre temps est fortement perturbé par notre façon d'être.

Nous sommes dès notre plus jeune âge habitués à devenir égoïstes, à rechercher notre plaisir, notre joie, notre satisfaction et à devenir les maîtres des autres dans un désaccord total avec l'état de sacrifice auquel le christianisme nous appelle.

Ce n'est pas une offrande toxique, manipulatrice et abusive, mais une offrande sacrificielle. Le père Sofian, mon staretz, me disait toujours : « Prends soin de ne pas être pris en possession par personne, de ne pas devenir l'esclave de quelqu'un.

Ceci n'est pas un sacrifice, c'est un abus. Le sacrifice chrétien est fait sereinement, avec dignité et joie.

Lorsque vous vous sacrifiez pour l'autre, vous faites quelque chose de bien pour lui, vous le ressuscitez de la mort à la vie, vous n'accomplissez pas pour lui un fantasme, vous ne devenez pas un misérable esclave de celui-ci, vous ne devenez pas victime de certains abus.

Saint Paul, l'apôtre, dit : " Portez les fardeaux les uns des autres [...] mais veillez à ne pas tomber sous leur poids".

Le sacrifice du Sauveur n'était pas quelque chose d'ordinaire, l'accomplissement de certains caprices, de certaines choses superficielles de la vie du peuple, c'était la différence entre la vie et la mort.

Le sacrifice apporte la paix de l'âme, l'amour et la douceur envers les autres. Lorsque vous pensez vous sacrifier en écumanant de rage et en jugeant, vous échouez.

J'ai vu ce genre de sacrifice en famille. Habituellement, la femme/mère/femme est celle qui se sacrifie pour ses proches, mais au lieu d'être heureuse de son sacrifice/de sa dévotion, elle devient un être amer, qui a perdu toute sa joie pour la vie.

Elle vit chaque jour en luttant, en critiquant et en jugeant et de cette façon, elle perd son propre salut et de salut de l'autre aussi parce que cette relation devient toxique.

La sainte fête de la Croix nous appelle à un état de sacrifice sain, notre esprit étant en Dieu et priant pour l'homme pour qui vous vous sacrifiez afin qu'il puisse se relever de sa chute. De cette façon, vous garderez votre tranquillité d'esprit, la joie de vivre et vous vivrez avec l'espoir qu'un jour le Seigneur bénira votre sacrifice et que du fruit en sortira.

C'est le temps de la confession : « Je suis chrétien, je crois en Dieu, je vais à l'Église, je me confesse, je communie et je n'ai pas honte de la croix que je porte.

C'est une confession que vous faites à tous ceux qui vous entourent, à votre travail, lorsque les gens vous demandent si vous jeûnez, si vous allez à l'Église et si vous n'avez pas honte d'admettre que dans la rue lorsque vous faites le signe de la Croix devant une Église et que de cette façon, le Sacrifice du Sauveur devient une œuvre qui ravive ta vie et ne reste pas seulement une histoire qui s'est passée il y a longtemps.

Version Française Claude Lopez-Ginisty

d'après


dimanche 19 décembre 2021

Pr. Paul Siladi: La solution de la Compassion

 

Le Patéricon est essentiellement un livre de réunions, de dialogue, de questions et réponses. Si vous regardez attentivement l'échange de remarques des ascètes, vous remarquerez qu'il y a quelque chose qui va au-delà du simple échange d'informations, que les anciens ne sont pas recherchés pour donner des solutions et que souvent ce qui est offert n'est que la solidarité réciproque des ascètes.

Il est très normal qu'il en soit ainsi. Même les grands startsy n'ont pas de solutions instantanées à tous les problèmes auxquels les hommes sont confrontés. Mais ils ont autre chose de beaucoup plus important, ils ont de la compassion, des soins et de la prière pour ceux qui viennent à leur rencontre.

Un frère demanda un jour à abba Pimen : « Que faire, les pressions viennent me troubler? `

Le staretz répondit : « La violence trouble complètement les petits et les grands. ` 

Nous voyons à nouveau abba Pimen ne pas répondre directement à la question, il brise les cadres déjà créés par les attentes de celui qui pose la question et il évite d'offrir des solutions faciles. Il n'y a probablement pas de solutions sans problèmes aux grandes questions. Mais à son tour, il offre au frère la confirmation du fait que les expériences qu'il traverse sont normales. Il y a un grand danger qui se cache derrière la vie psychique et spirituelle : l'isolement. Au moment où les choses ne se passent plus comme vous le souhaitiez, vous perdez l'équilibre et vous commencez à croire que vous êtes le seul dont la vie ne correspond pas à ses attentes que c'est seulement vous qui ne trouvez pas son chemin. C'est une illusion perfide qui peut être surmontée lorsque vous vous découvrez dans une relation étroite de solidarité avec les autres.

Abba Pimen n'offre aucune solution, mais ses paroles montrent une direction. Si tout le monde est troublé face à la force ou à la violence, au moment où il fait face à des situations et à des événements défavorables, cela signifie qu'il n'y a pas de solutions miraculeuses pour résoudre les problèmes. Par conséquent, il n'y a qu'une seule façon : la patience. Mais la patience se ressent complètement différemment dans la communion que bloquée dans votre propre solitude sans échappatoire.

Le staretz Pimen parle également au nom des conseillers en général. Par son attitude, il dit aux générations qui le suivent : libérez-vous du fardeau de l'obligation d'offrir des réponses et des solutions de tous les temps. Le plus souvent, les gens n'en ont pas besoin, mais [ils ont besoin] de votre amour, de votre attention, de votre temps, de votre prière et de votre solidarité.

Quand quelqu'un parle de ses problèmes, il veut d'abord être moins seul, il veut être entendu et compris, il a besoin de quelqu'un qui prie le cœur ouvert pour lui et ce n'est qu'après qu'il a besoin de solutions. 

Aujourd'hui, nous vivons dans un monde plein de réponses (beaucoup d'entre elles fournies efficacement par les moteurs de recherche), mais [elles sont] sans compassion. Dans ce monde, les paroles d'abba Pimen sont plus vivantes et plus réelles que jamais.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE ATHONITE TESTIMONY