"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 8 octobre 2022

Père Aimilianos: En attendant la Parousie


L'archimandrite Aimilianos de Simonopetra est passé à la vie éternelle.

Ici, nous avons un enregistrement audio de sa voix, désirant la joie éternelle.

Père Aimilianos :

Nous attendons tous la Parousie. Et ces saints qui se sont endormis il y a de nombreux siècles et qui sont maintenant au Ciel, sont impatients de nous dire : « Mais quand finirez-vous votre voyage et viendrez-vous ici, afin que nous devenions tous parfaits ensemble, en nous réjouissant de nos couronnes éternelles ? »

La joie parfaite du jour où Dieu nous dira : « Vous êtes tous mes enfants spirituels ! Viens, béni de mon Père, assieds-toi ici, à ma droite". C'est-là, la joie éternelle.

Les saints ont déjà une joie éternelle, mais dans une faible mesure. 

Nous pouvons dire que la joie leur est offerte "avec une petite cuillère". Par rapport à ce que nous avons goûté nous-mêmes, leur joie et leur bonheur sont un océan, mais par rapport à la joie éternelle, leur bonheur, leur amour et leur perfection ne sont rien et ils veulent devenir plus parfaits.

Et c'est maintenant notre heure, (et le saint apôtre Paul nous le dit ): « Pour le perfectionnement des saints, pour l'œuvre du ministère, pour l'édification du corps du Christ ».

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



jeudi 6 octobre 2022

Staretz Jérôme d'Egine, maître d'amour et de paix


 

Jérôme d'Égine (1883 - 1966) est l'un des startsy les plus aimés de notre époque. Ses multiples enfants spirituels dans toute la Grèce ont conservé de bons souvenirs de leurs rencontres avec le staretz et les ont réunis pour écrire sa vie. Le staretz Jérôme est également connu au-delà de la Grèce, vénéré comme un exemple de bonté, d'humilité, d'art de maintenir la paix et d'amour du Christ.

Il vécut à une époque de grands bouleversements et de troubles. Il parlait souvent de la venue de l'antechrist avec ses disciples. Pourtant, avec sa vie, il montra l'exemple de vivre toutes les épreuves avec dignité. De chaque adversité, il sortit plus fort et plus riche en esprit qu'auparavant.

Né en Cappadoce à l'époque de l'empire ottoman, il grandit dans une communauté chrétienne confrontée à d'intenses pressions de son environnement. Vasilios ([Basile] son nom avant le monachisme) avait reçu l'ordination en tant que diacre et avait servi à Constantinople. Il inspira beaucoup des brebis de son troupeau par sa sainteté, sa vie ascétique et sa voix mélodieuse. Mais il s'attira aussi des ennemis, effrayé par son zèle et sa fermeté dans la foi. Vasilios était confronté à la question amère : devrait-il continuer à servir la liturgie face à l'opposition et risquer d'exacerber les divisions entre les fidèles ? Bientôt, il eut une vision du Seigneur Lui-même qui le convainquit de son indignité de servir la Liturgie. Il prit sa retraite du ministère actif et alla dans l'ascèse en tant qu'ermite dans un petit monastère.

L'effondrement de l'Empire ottoman au début des années 1920  déracina de nombreux Grecs orthodoxes, les forçant à se déplacer en Grèce dans le cadre des échanges massifs de population. Parmi ces nouveaux réfugiés, Jérôme s'installa à Égine, et devint rapidement  connu pour ses soins aux malades et son ministère parmi plusieurs patients atteints de tuberculose.

Finalement, il établit un hôpital à Égine, où il prêcha parmi les patients et trouva de nombreux disciples. Il construisit également des églises et fondé l'ermitage de l'Annonciation de la Mère de Dieu. Il pratiquait l'aumône et donnait des instructions spirituelles à ses multiples disciples.

Toujours dans les années 1920, il fut pris dans une amère controverse sur la transition de l'Église grecque vers le nouveau calendrier. Pour lui, cette décision était un signe dangereux de sécularisation de l'Église. Comme il le déclara en 1940, « L'Église de Grèce, en changeant le calendrier festif, est devenue malade, changement qui a été le début et la cause de nombreuses mauvaises choses. » Des factions au sein de l'Église commencèrent à apparaître. Pourtant, Jérôme appréciait l'unité de l'Eglise avant tout et il ne rejoignit aucun groupe séparatiste. Ce faisant, il suivit l'enseignement de saint Jean Chrysostome : "même si l'Église faisait une erreur, l'exactitude dans l'observance des temps ne serait pas aussi importante que l'infraction causée par la division et le schisme".

Il vécut le reste de sa vie en tant que moine et ermite. De nombreux croyants le choisirent comme père spirituel. Ceux qui le rencontrèrent pour la première fois sont souvent repartis avec l'impression qu'ils avaient rencontré un saint. Simplement et calmement, il leur révélait les aspects les plus secrets de leur monde intérieur et les pensées les plus soigneusement secrètes. Il irradiait la Grâce de Dieu, et ses paroles étaient des leçons de paix, d'amour et de sagesse.

« Trouve chez ton prochain au moins un bon trait, une qualité que tu n'as pas, et par ce trait positif, apprécie, aime, admire, réjouis-toi et perçois-le [par ce biais]. Ne porte pas trop d'attention au reste", conseillait-il.

À une femme mariée qui envisageait de divorcer, il dit : "Aie à l'esprit l'image d'un homme qui porte beaucoup de choses et qui est accablé. Pourquoi n'irais-tu pas vers lui, pour prendre quelque chose pour alléger sa charge ? Fais ça, ma sœur, et laisse ton amour prendre une partie du poids. Sois calme, ne te fâche pas et parle avec bonté." Pour lui-même, il  établit la règle suivante : "Aime tout le monde, mais n'aime personne. C'est-à-dire, n'attache pas ton esprit à autre chose qu'au Christ."

Depuis sa naissance au Ciel en 1966, le staretz Jérôme n'a pas été canonisé par les Églises russes ou grecques. Pourtant, pour de nombreux chrétiens, il reste un maître d'humilité, de paix et d'amour pour les autres.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Obitel-minskorg

mercredi 5 octobre 2022

The Tree Heals the Tree 


Les lecteurs du Nouveau Testament connaissent bien la description que fait saint Paul du Christ comme le "second Adam". C'est un exemple de l'utilisation apostolique fréquente d'une lecture allégorique de l'Ancien Testament (j'utilise le terme "allégorie" dans son sens le plus large - incluant la typologie et d'autres formes). 

Le Christ lui-même avait déclaré que l'Ancien Testament lui rendait témoignage (Jean 5:39). Dans les Évangiles, le Christ identifie Sa propre mort et Sa résurrection avec le voyage du prophète Jonas dans le ventre de la baleine. Il compare Sa crucifixion au serpent dressé sur un bâton par lequel Moïse guérit le peuple d'Israël. Sans l'utilisation allégorique de l'Ancien Testament, une grande partie du contenu des Evangiles et du reste du Nouveau Testament serait inintelligible.

Les chrétiens orthodoxes sont très habitués à cette manière de traiter l'Écriture - l'hymnographie (écrite en grande partie pendant la période patristique) de la vie liturgique de l'Église est totalement imprégnée de cet usage de l'allégorie. Les liens entre le Nouveau Testament et l'Ancien - entre le dogme et l'allégorie de l'imagerie scripturaire se retrouvent dans presque chaque verset proposé dans un office. Ceux qui ne sont pas familiers avec la vie liturgique orientale ne sont pas conscients de ce riche héritage chrétien et de sa piété et signification doctrinale profondes.

Lors de la fête de la Sainte-Croix, l'hymnographie affirme à un moment donné : "L'arbre guérit l'arbre". C'est l'un des merveilleux commentaires sur la vie de la grâce et sa relation avec la situation difficile de l'homme. Il fait référence à la relation entre la Croix du Christ et l'Arbre de la connaissance du bien et du mal. Ce dernier était la source du fruit qu'Adam et Eve ont consommé et qui a été à l'origine de leur chute de la Grâce. L'"Arbre qui guérit" n'est autre que la Croix du Christ.

Je suis particulièrement frappé par ce traitement de l'imagerie biblique. La méditation ne dit pas que la Croix détruit l'arbre dont le fruit, ainsi que notre désobéissance, entraînèrent la tragédie humaine. L'arbre guérit l'arbre. De la même manière, le Royaume de Dieu ne détruit pas la création - il la rend plus cohérente.

Nous avons tendance à considérer l'échec et les catastrophes (qu'elles soient auto-infligées ou non) comme des tragédies profondes qui font dérailler notre vie et le monde qui nous entoure. Notre cœur s'embrouille lorsque la pensée du "si seulement" s'installe. Mais l'Arbre guérit l'Arbre. En Dieu, rien n'est perdu.

L'habitude spirituelle de la vie liturgique de l'Église consiste à voir la présence du Christ en toute chose. Toute histoire impliquant du bois ou un arbre semble trouver son chemin dans l'hymnographie de la Croix. Il en va de même pour de nombreuses autres images. Je crois que cette façon de lire les Écritures est aussi une clé de la vie chrétienne. 

Nos cœurs sont tels qu'ils ne voient généralement pas le Royaume de Dieu - nous ne voyons que l'arbre et notre désobéissance. Mais le Christ Lui-même s'est fait péché pour que nous devenions en Lui justice de Dieu (2 Cor. 5:21). Il a pris notre vie sur lui afin de pouvoir nous donner Sa propre vie. Ainsi, le Christ est entré en toutes choses pour faire toutes choses nouvelles. Rien n'est perdu.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

PRAVMIR

mardi 4 octobre 2022

Un petit ermite citadin: Quel est le rôle d'un père spirituel ?

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Ces extraits proviennent d'un article sur la vie monastique chrétienne orthodoxe, mais tout ce qu'ils disent sur le rôle du père spirituel, je le trouve tout aussi pertinent pour ceux qui vivent dans le monde.

« ... vous choisissez, ou plutôt, vous reconnaissez votre père ou votre mère spirituels, et il/wllw vous reconnaîtra comme son enfant spirituel.

...

Le père spirituel n'a pas besoin d'être une sorte de staretz clairvoyant. Il est plutôt quelqu'un à qui vous pouvez ouvrir votre cœur. Il y a souvent une reconnaissance mutuelle,  « c'est mon père » et « c'est mon fils ». Ou, du moins, que c'est une personne avec qui je veux œuvrer à mon salut.

...

Le maître, le père ou la mère spirituels, est celui/celle  à qui vous promettrez l'obéissance, comme moyen d'être obéissant au Christ. C'est une relation sacramentelle l'obéissance donnée au père spirituel pour l'amour du Christ devient l'obéissance au Christ

Le père spirituel ne vous transmettra pas quelque chose d'immoral ou d'illégal - il serait de votre devoir de désobéir à un tel commandement. Être obéissant signifie couper notre propre volonté. C'est de la formation. Mais c'est aussi un moyen de grâce, parce que nous obéissons au Christ par notre obéissance au père spirituel. C'est lui-même un moyen de grâce, de synergie ou de coopération avec Dieu, et accompli par la puissance de son énergie. Nous nous efforçons d'harmoniser notre volonté avec la volonté de Dieu, en coupant notre volonté propre dans l'obéissance. Alors l'activité de Dieu en nous, devient toute grâce. Mais plus nous résistons, nous rebellons et protestons, plus nous sommes volontaires et indépendants, plus nous rejetons la grâce de Dieu.

Les passions de l'envie et de la jalousie, de l'anxiété d'abandon, de la fierté et de tout le reste font surface dans les premières années [du disciple], si les choses fonctionnent bien.

L'obéissance n'est pas une question de soumission. Il ne s'agit pas de priver le disciple de sa volonté, ou encore moins de renoncer à sa personnalité. Ce sont des abus. Au contraire, l'obéissance est une soumission volontaire dans l'amour. 

C'est une relation d'intimité et d'ouverture les plus profondes.

La relation entre un père spirituel et un fils est une relation d'amour et de respect, mutuelle dans toutes les dimensions. Elle devient le contexte dans lequel nous développons authentiquement notre personnalité et transcendons notre egocentrisme. Se soumettre à un père spirituel signifie entrer ensemble dans une lutte mutuelle pour le salut (1Pierre 5:5). C'est une relation d'intimité et d'ouverture les plus profondes. Vous en venez à vous connaître profondément. Et pourtant, la relation d'un père spirituel et d'un fils est aussi une participation à la paternité du Christ envers le Père. C'est une relation sacramentelle, pleine de grâce. Cette grâce ne dépend pas des dons charismatiques du père spirituel, de sa maturité ou de sa clairvoyance. Bien sûr, il devrait être quelqu'un de béni par l'Église pour avoir un tel ministère, et il sera probablement prêtre. Si la relation est entreprise de bonne foi, des deux côtés, elle devient ce lien sacramentel en Christ par l'Esprit.

Nous devons nous rappeler que cette relation, parce qu'elle est le moyen même de trouver notre salut, sera jugée par le feu.

Il est important de respecter et d'avoir foi en votre père spirituel. Mais sachez avec certitude que votre père spirituel est un homme pécheur avec des passions et des défauts, comme vous. Si vous avez l'idée qu'il est sans péché et infaillible, vous ne faites que vous préparer à une énorme chute. Et si vous jugez votre père spirituel pour ses échecs inévitables, vous vous préparez également à une chute à cause de votre propre orgueil et de votre arrogance. Nous devons nous rappeler que cette relation, parce qu'elle est le moyen même de trouver notre salut, sera éprouvée par le feu. Notre foi en notre père spirituel sera tentée par d'énormes tentations, par ses erreurs et ses défauts, et par notre propre rupture, notre rébellion et notre arrogance. Mais ce qui est important, c'est de persévérer à travers les tentations, et de ne pas nous laisser le juger. On dit qu'il y a très, très peu de grands startsy dans le monde, mais ce qui est encore plus rare, c'est le vrai disciple. Nous devons nous rappeler que notre jugement expose notre propre hypocrisie, plus que celle de quiconque.

Notre foi en notre père spirituel sera tentée par d'énormes tentations, par ses erreurs et ses défauts, et par notre propre rupture, notre rébellion et notre arrogance.

La parabole du Fils prodigue est l'une des illustrations les plus vives du Seigneur et largement utilisée pour la vie monastique. Comme nous trahissons profondément notre Père, en allant vivre prodigue, gaspillant ses richesses dans une vie de prostitutions et de rebellion. En venant à nous-mêmes, enfin, nous nous repentons et retournons au Père. Comment le Père a attendu le retour de son fils bien-aimé, peu importe à quel point l'insensibilité, les paroles et les actions du fils ont blessé le père. Le Père ne nous assigne pas de place avec les serviteurs, mais nous restaure notre droit d'aînesse, maintenant un don de Grâce. De même, notre père spirituel attend que nous nous repentions, que nous revenions, afin que nous puissions recevoir le don de son amour.

« Hâte-toi de m'ouvrir ton étreinte paternelle, car comme prodigue, j'ai gaspillé ma vie. Dans la richesse infaillible de Ta miséricorde, ô Sauveur, ne rejette pas mon cœur dans sa pauvreté. Car avec componction je crie vers toi, ô Seigneur : Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi. '(Tropaire de la tonsure monastique)

Vous avez trouvé votre père spirituel quand, vous connaissant, vous vous rendez rendez compte qu'il vous aime inconditionnellement.

Toujours dans un esprit d'amour et d'acceptation inconditionnels, même lorsque les passions font rage et que le fils est dans un état de rébellion et d'entêtement...

La relation avec le père spirituel est la façon de trouver une acceptation de soi authentique. Le père spirituel aime le fils spirituel inconditionnellement, et cet amour est le fondement pour que le fils apprenne à aimer l'autre, à s'accepter et à se regarder lui-même en toute honnêteté et à s'aimer d'une manière saine. La confession constante, l'ouverture du cœur au père spirituel et l'exposition des pensées et des penchants les plus honteux et les plus profonds, est le chemin vers cette purification profonde du cœur. Le père doit donner à son fils à la fois les encouragements et les réprimandes qui l'aident à se voir. Mais c'est toujours dans un esprit d'amour et d'acceptation inconditionnels, même lorsque les passions font rage et que le fils est dans un état de rébellion et d'entêtement.

Toute la rage, la colère, la rébellion et la haine qui sont cachées dans le cœur sont projetées sur le père spirituel.

Le père spirituel est donc appelé à être patient, peu importe à quel point le fils peut être blessant. Toute la rage, la colère, la rébellion et la haine qui sont cachées dans le cœur sont projetées sur le père spirituel. Les passions de l'envie et de la jalousie, de l'anxiété de l'abandon, de l'orgueil et de tout le reste font surface dans les premières années [du disciple], si les choses fonctionnent bien.

Le père spirituel est appelé à être patient, peu importe à quel point le fils peut être blessant.

L'obéissance est l'une des choses les plus importantes pour révéler les passions. L'obéissance exige de retrancher sa volonté ; et nos passions sont dans ce que nous voulons. 

L'obéissance exige également la coopération avec les autres frères. Nous coopérons facilement lorsque nous voulons faire quelque chose ; lorsque nous ne le faisons pas, c'est le point clé de la confrontation avec notre volonté. Et si nous avons des passions sous-jacentes, telles que l'envie et la jalousie, l'org et l'arrogance, pourquoi a-t-il pu faire cela? [Il] l'aime plus que moi... Pourquoi devrais-je faire cela ? ... ou aurais-je dû le faire... etc. - donc le véritable champ de bataille de la purification est l'obéissance. »

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Orthodox Christian Faith and Life


lundi 3 octobre 2022

Père Andreas Agathokleous: Qui aime parfaitement ?


Je ne sais pas si, à d'autres époques, les gens ont ressenti de la confusion concernant les mots, c'est-à-dire qu'ils ont dit une chose et en voulaient dire une autre. Malgré les grandes réalisations du progrès scientifique, du développement technologique, de la réduction des distances et de l'énorme communication, je pense que, à notre époque, il y a la contradiction particulière suivante : bien que nous soyons toujours lyriques sur l'amour (dans les chansons, la poésie et la prose), en réalité, nous ne savons pas ce que c'est, parce que nous ne le vivons pas!

L'insularité, l'intérêt personnel et l'égocentrisme sont les principales caractéristiques de notre époque, tant chez les jeunes que chez les personnes âgées. Le sentiment de solitude, l'indifférence à l'égard de la vie ou de la mort, n'est pas seulement vu chez certaines personnes, quelque part ; il imprègne le monde et est confirmé par de nombreuses personnes.

L'intérêt personnel est considéré comme un intérêt authentique, l'égoïsme comme l'amour. « Je t'aime » est interprété comme « Je te veux pour moi-même, pour mes propres besoins ». Tout mouvement vers l'aide pour quelqu'un en difficulté est précurseur d'une demande d'aide pour vous-même lorsque vous en aurez besoin à l'avenir.

Quand tout est dit et fait, est-ce que tout est sombre ? Est-ce que personne n'aime vraiment ? Est-ce que tout le monde fonctionne par intérêt et par intérêt personnel ? Certainement pas. Il en est toujours qui sont « le sel de la terre » et « la lumière du monde ». Ce sont des gens qui aiment parfaitement et vraiment.

Les saints Pères nous offrent un miroir dans lequel nous pouvons nous regarder et voir si nous aimons vraiment, si nous pensons que nous aimons et si nous voulons connaître l'amour parfait.

Saint Maxime le Confesseur dit : « Les gens qui changent d'attitude envers les autres en fonction de leurs personnages n'ont pas encore acquis l'amour parfait. Ils peuvent aimer une personne et en haïr une autre, ou même parfois aimer et parfois haïr la même personne, pour les mêmes raisons » 

Il poursuit en expliquant « l'amour parfait », en disant que nous sommes tous des gens, de même nature. Nous sommes tous bons et mauvais. Et Dieu nous aime tous avec la même intensité, même si nous-mêmes ne le comprenons pas.

Les Pères ne se contentent pas simplement d'identifier le problème, mais nous disent aussi comment y faire face. 

En d'autres termes, non seulement ils font le diagnostic, mais ils offrent aussi le remède. Saint Maxime dit à ceux qui souhaitent acquérir l'amour parfait : « Les gens qui ne méprisent pas la gloire humaine et les humiliations, les richesses et la pauvreté, les plaisirs et les peines, n'ont pas acquis l'amour parfait. Parce que l'amour parfait n'est pas seulement au-dessus de toutes ces considérations, mais il ne tient pas non plus compte de cette vie fugace, ni même de la mort elle-même ».

Cela peut nous sembler difficile, au point où nous disons « Ce n'est pas pour moi. Je ne peux pas. Certes, si j'accepte qu'il soit trop difficile pour moi d'escalader une montagne, alors je n'essaierai pas de le faire, auquel cas je manquerai le plaisir de la vue. Si je me soumets à la pensée que l'amour parfait n'est pas réalisable, je ne ferai jamais d'effort pour cela et je me priverai alors de la joie de l'expérimenter.

Le Christ n'est pas venu pour nous accabler de culpabilité, ni pour nous demander ce qui est au-delà de nos pouvoirs de faire si nous le voulons. Il dit également qu'avec Son aide, nous serons en mesure de réaliser des choses qui ne seraient pas possibles par nous-mêmes. 

Il ne nous donnera pas des gouttelettes de Sa Grâce, mais des rivières entières, afin que nous puissions ensuite étancher la soif du monde qui nous entoure, par le grand amour de notre grand Dieu.


Version française claude Lopez-Ginisty

d'après

PEMPTOUSIA


dimanche 2 octobre 2022

16ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE ET LE DIMANCHE SUIVANT LE JOUR DE LA SAINTE CROIX


La lecture de l'Évangile du dimanche du jour est Matthieu 25, 14-30 et c'est la Parabole des Talents. Les versets précédents racontent l'histoire des vierges sages et des vierges folles, et se terminent par cet avertissement : Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure où le Fils de l'homme viendra. L'évangéliste poursuit avec un autre exemple tiré de l'enseignement du Christ dans les paraboles. Le Seigneur utilise souvent les termes "roi", "seigneur", mais dans ce cas, "homme", pour symboliser soit Dieu le Père, soit Lui-même. Le Christ montre ici qu'il n'exige pas de nous une réponse immédiate, mais qu'Il nous donne le temps de faire nos preuves. Lorsque nous pensons aux talents, nous avons l'image d'une compétence ou d'un don de Dieu. Il existe également un usage biblique du mot qui a un lien financier avec les pièces de monnaie et le poids de l'argent.

Le Seigneur donne des responsabilités à Ses serviteurs. Dans notre contexte ecclésial, les serviteurs sont le clergé et les fonctionnaires de l'Église, dont la tâche est le salut des âmes. Il est clair que la nature humaine entre en ligne de compte et que tous n'ont pas la même force d'intention. Dans la parabole, celui qui a reçu cinq talents se met immédiatement au travail, de même que celui qui a reçu deux talents s'est attelé à sa tâche avec intégrité, mais l'homme qui a reçu un talent était d'un caractère différent. Il a agi de manière égoïste, ne pensant qu'à son propre bien-être et n'a pas utilisé le talent au service des autres. Les talents sont largement distribués et nous pouvons voir de nombreux exemples de personnes utilisant cet avantage à des fins égoïstes ou même criminelles.  Ils enterrent leur talent dans des activités terrestres plutôt que célestes, et on peut donc dire qu'ils enterrent leur talent dans la terre. 

Au temps voulu, il y a le jour du jugement. L'analogie avec les affaires est utilisée. L'investissement, utilisé à bon escient, produit un bénéfice. Les dons de Dieu, utilisés de manière désintéressée, apportent le bénéfice du salut à de nombreuses âmes. Ceux qui ont fait preuve de dévouement et de loyauté sont félicités. Comme le fait remarquer Théophylacte dans son commentaire, les saints ont le Seigneur comme richesse et ils se réjouissent en Lui. Le troisième homme a cherché à se justifier en utilisant l'excuse que son maître était un homme dur. Par là, il s'est condamné lui-même. Cette connaissance aurait dû le pousser à un plus grand effort, mais au lieu de cela, il l'a utilisée comme excuse pour son indolence improductive. Comme l'explique clairement le commentaire : "Vois-tu que celui qui s'applique le plus à la tâche s'attire le plus grand don ? A celui qui a la plus grande diligence, il sera donné plus de grâce et en abondance. Mais à celui qui n'est pas diligent, même le don qu'il pense avoir lui sera enlevé.. car il l'a effacé par sa négligence. 

La lecture de l'Évangile pour le dimanche après le jour de la Sainte-Croix est Marc 8:34-9:1 et elle est assez brève. Ce passage suit les versets dans lesquels nous lisons que Pierre avait blamé le Seigneur pour avoir voulu être crucifié et, en retour, il avait été réprimandé pour avoir pensé en termes humains. Prendre sa croix ne doit pas nécessairement être compris littéralement, bien que les saints martyrs l'aient fait. 

Nous notons que le Seigneur n'oblige personne car il dit : "Quiconque veut me suivre..." Le Christ nous appelle mais notre réponse doit être volontaire. Il nous est recommandé de ne pas nous soucier de notre corps, même si nous sommes battus ou tués. Beaucoup ont souffert la mort pour leurs crimes, mais il n'y a pas de vertu en cela, alors le Seigneur ajoute une condition "à cause de moi". Bien que l'idée semble dure au premier abord, le Christ dit ensuite : "Quiconque perdra sa vie à cause de Moi et de l'Évangile, celui-là la sauvera. Maintenant, nous entendons l'avertissement. Pensez au nombre de personnes qui s'efforcent d'obtenir le succès, le prestige et le pouvoir dans le monde. Ils jouissent d'un bref moment de plaisir, mais à un tel prix! La richesse du monde ne peut acheter le salut. Puis vient un autre avertissement. Il ne suffit pas de croire comme un pur exercice intellectuel, mais nous devons aussi confesser notre foi. Nous sommes doubles, et donc notre sanctification est double. L'âme est sanctifiée par la foi mais le corps est sanctifié par la confession. Si nous avons honte de confesser notre foi en Christ notre Sauveur, Il aura honte de nous. 

Mardi était le jour de la Sainte Croix, ou plus officiellement de "l'exaltation universelle de la Croix précieuse et vivifiante", qui commémore principalement l'invention de la Vraie Croix par sainte Hélène. Les offices font également référence à la vision de la Croix par l'empereur Constantin en 312, peu avant sa victoire sur Maxence. Il est également fait référence à l'histoire de la Croix qui est tombée aux mains des Perses lorsqu'ils ont pris Jérusalem en 614. La Croix fut ensuite reprise par l'empereur Héraclius et amenée à Constantinople en 629, où elle fut vénérée dans la cathédrale d'Agia Sophia. Il y a également des allusions à la dédicace de l'église de la Résurrection construite sur le site du Saint Sépulcre et achevée en l'an 335.

Dans les Matines du jour de la Sainte Croix, nous lisons : 

Nous vénérons le bois de Ta croix, ô Toi l'Ami des hommes, car c'est sur elle que Tu fus cloué, Toi, la vie de tous. O Sauveur, Tu as ouvert le Paradis au larron qui s'est tourné vers Toi dans la foi, et Tu l'as rendu digne de la bénédiction quand il s'est confessé à Toi en criant : "Seigneur, souviens-toi de moi". Accepte-nous comme lui quand nous crions : "Nous avons tous péché, dans Ta miséricorde ne nous méprise pas". 

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

 Joy of All Who Sorrow Church 

in Mettingham. 

ENGLAND