"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 1 mars 2025

Sagesse des Pères Théophores (suite)


Saint Théophane le Reclus





Tous les chrétiens veulent aller au paradis, mais ils ne veulent pas œuvrer pour le paradis.

Il ne suffit pas de vouloir le salut.

Pour que votre souhait soit accompli, vous devez lutter, vous devez avoir une détermination de fer.


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Saint Jean de Cronstadt






Le doute est un blasphème contre Dieu. Il est insolence, mensonge de l'esprit du Malin qui se niche dans votre cœur à la place de l'Esprit de vérité.

Craignez autant le doute que vous le feriez pour un serpent venimeux, ou, pour mieux dire, n'y prêtez aucune attention.

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Un des stratagèmes les plus puissants du Diable est d'affaiblir le cœur par la paresse. De cette façon, il affaiblit à la fois notre puissance spirituelle et notre puissance corporelle.

Dans de tels cas, le cœur est vidé de foi, d'espérance et d'amour. Nous sommes accablés de manque de foi, de désespoir et d'insensibilité envers Dieu et envers les autres: "Le sel a perdu sa saveur."

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Saint Isaac le Syrien




Les gens ne peuvent pas connaître leurs faiblesses à moins qu'ils ne tombent dans les tentations du corps.

Alors ils prient, sont désemparés et deviennent humbles.

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Saint Amphilochios [Makris] de Patmos








Vos cœurs sont jeunes et veulent aimer. Donc, vous devriez seulement avoir le Christ dans votre cœur.

Votre époux vous souhaite de n'aimer que Lui.

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*

Saint Porphyrios l'Athonite



La sainteté des parents sauve les enfants.

Pour cela, la grâce divine doit agir sur les âmes des parents. Les gens ne deviennent pas tous seuls des saints.

La même Grâce divine éclairera ensuite, réchauffera et donnera vie aux âmes des enfants.
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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 28 février 2025

Saint Ephrem le Syrien: La préparation du cœur




Ô mes frères,
Efforçons-nous de faire
Que nos cœurs soient prêts devant Dieu:


Prêts à écouter la Parole de Dieu,
Prêts à suivre la volonté de Dieu,
Prêts à glorifier le Dieu Vivant.


Ô Dieu, notre immortel Créateur,
Aide-nous à préparer nos cœurs,
Afin qu'ils soient des vases de Ta Grâce vivifiante.


A Toi soit la gloire et la louange à jamais.
Amen!


Combien merveilleuse est cette abondance
Qui fait que le Seigneur
Puisse résider en nous continuellement,
Car Il a quitté les Cieux
et
Il est descendu [parmi nous]:


Sanctifions pour Lui
La chambre nuptiale de nos cœurs.


Saint Ephrem le Syrien
Homélies Arméniennes 47,
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Sebastien Brock
The Luminous Eye

jeudi 27 février 2025

TUCKER CARLSON ET L'AVOCAT DE L'ÉGLISE UKRAINIENNE DISCUTENT DE LA PERSÉCUTION [de l'Eglise ukrainienne canonique] , DU RÔLE DES ÉTATS-UNIS. (+ VIDÉO en Anglais)



 Tucker Carlson s'est récemment entretenu avec Robert Amsterdam, l'avocat international qui représente l'Église orthodoxe ukrainienne canonique pro bono alors qu'elle fait face à une persécution féroce de la part de l'État ukrainien.

La vidéo, "Bob Amsterdam : Comment l'USAID aide Zelensky à détruire le christianisme avec de fausses églises et de la violence", fait suite à la révélation que l'argent américain était utilisé pour soutenir des organisations qui s'opposaient ouvertement et persécutaient l'Église vieille de 1 000 ans en Ukraine, aujourd'hui dirigée par Sa Béatitude, le Métropolite Onuphre de Kiev et de toute l'Ukraine.

L'interview couvre de nombreux sujets que le site OrthoChristian mentionne depuis des années : la saisie violente de plus de 1 000 églises, l'arrestation sans fondement du clergé, le passage à tabac des paroissiens, le rôle du patriarcat de Constantinople et du gouvernement américain dans la déstabilisation de la situation ecclésiastique ukrainienne et la création de l'« église orthodoxe d'Ukraine » schismatique, l'indépendance de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, et bien plus encore.

Ils ont également discuté du silence général dans les médias et de nombreux chrétiens au sujet de la persécution de la majorité des croyants ukrainiens.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

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Archiprêtre Geoffrey Korz, prêtre à Hamilton, en Ontario, au Canada.


C'est l'affaire des évêques (et par extension, des prêtres) - en effet, l'appel même du clergé par Dieu - de dire aux loups qui entourent l'Église [...]: regardez l'icône du Christ et dites-lui que vous interdisez son Église.

Le bâton de berger est porté par chaque évêque pour défendre le troupeau - les Pères de l'Église nous rappellent que c'est le symbole de l'autorité pour combattre les loups qui attaquent l'Église. Cette responsabilité s'étend également à chaque membre du sacerdoce, à exercer contre les mensonges prononcés par ceux qui sortiraient les fidèles de l'Église orthodoxe canonique.

Saint Grégoire Palamas nous rappelle que le silence du clergé est athéisme. Les évêques et les prêtres du reste du monde doivent maintenant parler au nom de l'Église orthodoxe persécutée en Ukraine, qui souffre maintenant aux mains de l'État ukrainien à la demande d'une secte schismatique.

C'est un échec de notre vocation dans le sacerdoce de faire moins.

Père Anthony Rusakevich:COMMENT LIRE, COMPRENDRE ET ACCOMPLIR LES SAINTES ÉCRITURES


      

Lorsque nous nous tournons vers les textes du Nouveau Testament afin d'obtenir un bénéfice spirituel maximal et la tranquillité d'esprit, la satiété intellectuelle et la motivation morale, nous devons garder à l'esprit plusieurs choses extrêmement importantes.

Premièrement, les Saintes Écritures ne sont pas seulement un don du Ciel, mais une collection de livres d'inspiration divine que l'Église a sélectionnés sur près de trois siècles (les textes canoniques du Nouveau Testament de vingt-sept livres ont commencé à se répandre dans la seconde moitié du quatrième siècle après J.-C.). Malgré le fait que tous les livres du Nouveau Testament ont été écrits par des auteurs inspirés par Dieu cinquante à soixante-dix ans après la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ, l'Église a soigneusement et de manière conciliaire distingué ces écrits parmi les autres, dont certains étaient falsifiés ou déformés, ce qui ne leur permettait pas d'être inclus dans le Nouveau Testament. L'Église du Christ a créé une fondation dogmatique pour les générations suivantes, sur laquelle diverses opinions et jugements peuvent être fondés.

Deuxièmement, la nature ecclésiastique des Saintes Écritures ne nous soulage pas de la tâche d'interpréter correctement chaque livre et chaque fragment du Nouveau Testament. Nous devons également nous rappeler la nécessité de nous tourner vers les richesses de la Sainte Tradition. L'Évangile de Jean contient un appel important de notre Seigneur Jésus-Christ, qui s'applique non seulement aux Juifs qui ont vécu il y a environ 2000 ans, mais à tous les gens qui lisent les Saintes Écritures : Vous sondez les Écritures ; car en elles vous pensez avoir la vie éternelle : et ce sont elles qui témoignent de Moi (Jean. 5:39). Il faut dire que ces paroles s'appliquent aux chrétiens dans une bien plus grande mesure. L'interprétation des Saintes Écritures est une tâche assez difficile, car l'objet de la recherche n'est pas un monument mondain de fiction, mais un texte religieux et inspiré par Dieu.

Les livres des Saintes Écritures sont uniques et inimitables parce qu'ils ont été écrits d'une manière extraordinaire - leur co-auteur est le Seigneur Lui-même. Écrire un livre inspiré par Dieu est une coopération mystérieuse, une synergie de deux esprits : divin et humain. Osons supposer que de nombreux Pères de l'Église se sont retrouvés dans une situation similaire de coopération respectueuse alors qu'ils se sont mis à l'interprétation des livres du Nouveau Testament.

Troisièmement, bien que les livres du Nouveau Testament aient été créés il y a des centaines d'années, ils n'ont pas perdu leur pertinence aujourd'hui ; au contraire, l'intérêt pour eux augmente. Le Seigneur, par l'intermédiaire de l'apôtre Paul, a donné une définition importante du message de l'Évangile : « Une pierre d'achoppement que personne ne peut contourner » (cf. Rom. 9:32). C'est la « pierre de vérité » dont tout le monde a entendu parler. Certains - incroyants - essaient de l'éviter ; d'autres, "croyants", tentent de "creuser" une tranchée sous cette pierre, déformant les paroles des Saintes Écritures et leurs interprétations en rejetant l'histoire et les traditions inséparables de l'Église. 

Les protestants, ainsi que les sectaires, utilisent les paroles de Dieu pour les diriger vers leurs canaux égoïstes. Et seuls les membres de la véritable Église orthodoxe - les chrétiens orthodoxes - la protègent de tous les côtés ; car préserver et comprendre la pureté des Saintes Écritures équivaut à protéger la foi orthodoxe elle-même. L'origine divinement inspirée et la nature ecclésiastique des Saintes Écritures suggèrent que lorsque nous nous référons à des textes inspirés par Dieu, nous devons nous fier à la tradition d'interprétation patristique.

Le toujours mémorable métropolite Anthony de Sourozh, prédicateur respecté et commentateur des Saintes Écritures, nous a laissé plusieurs recommandations qui nous aident à percevoir correctement les paroles bibliques et à nous imprégner véritablement de l'esprit de l'Évangile lors de la lecture du Nouveau Testament.


Métropolite Anthony (Bloom) de Sourozh
     

Vladyka Anthony a suggéré que nous nous référions plus souvent aux textes de l'Évangile qui trouvent la plus grande réponse et la plus grande réaction émotionnelle et éthique dans l'âme du lecteur : « En lisant l'Évangile, marquez pour vous-même les endroits qui réchauffent votre cœur, vident votre esprit, renouvellent rapidement votre volonté et font couler un certain pouvoir en vous ; les endroits sur lesquels vous pourriez dire : « Comme c'est beau, comme c'est vrai ! » (extrait de Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit : Sermons).

Vladyka Anthony a également constamment fait appel à la clarté de conscience du lecteur chrétien ; l'Évangile ne doit pas être perçu comme une source magique inconsciente de salut. Au contraire, la synergie est nécessaire, un couplage conscient du sens de l'Évangile avec l'esprit humain. « Lisons l'Évangile, en choisissant tous les passages qui nous émeuvent, et non ceux qui nous laissent indifférents ; les passages qui frappent nos cœurs ; ou dans les mots des voyageurs d'Emmaüs, font brûler nos cœurs pendant qu'il nous parle » (On Hearing and Doing).

Le principal motif pour interpréter les textes sacrés est de comprendre leur véritable signification. Du point de vue du Métropolite Anthony, c'est toujours une tâche compliquée, car il y a des endroits faciles, et il y a aussi des endroits où "des formulations sont utilisées qui traitent à la fois d'une expérience humaine très simple et d'une expérience religieuse profonde et diversifiée simultanément" (Prière et vie).

Il y a des dictons et des paragraphes qui sont difficiles à interpréter correctement par vous-même, sans vous fier à la preuve de la Sainte Tradition (les commentaires patristiques). Malgré les changements socioculturels, l'Église est restée inchangée depuis sa fondation du point de vue de l'expérience intérieure, de sorte qu'elle peut toujours suggérer la bonne solution et une véritable réponse. « Après une perception préliminaire dans notre propre langage moderne, nous devons nous tourner vers ce que l'Église comprend par cette parole ; ce n'est qu'alors que nous pourrons être sûrs du sens de ce texte et avoir le droit de commencer à réfléchir et à tirer des conclusions » (Prière et vie).


Père Anthony Rusakevich
     

Presque tous les épisodes de l'Évangile ont une signification dogmatique et morale significative, et toute distorsion, même la plus insignifiante apparemment, peut induire en erreur un grand nombre de chrétiens. Chaque fragment de l'histoire de la vie de notre Seigneur Jésus-Christ a été discuté pendant de nombreuses générations, non seulement dans l'Église, mais aussi dans le monde laïc. Avec l'influence considérable d'Internet, où toute hérésie a du poids, et où le nombre de "théologiens" avec leurs "opinions" se multiplie, il est vital pour nous de découvrir la véritable interprétation non seulement d'un passage particulier, mais de l'intégralité de la Sainte Écriture.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

mercredi 26 février 2025

A Dieu rien n'est impossible

Père Raphael

Père Raphael Noica dit : « Dieu, en nous commandant ces choses, ne s'attend pas à ce que nous puissions les faire, car Il sait que nous n'avons pas le pouvoir en nous pour accomplir Sa Parole. »

Comment cela peut-il être ? Cela signifie-t-il alors que Dieu nous demande « l'impossible » ?

Oui, et dans un certain sens, c'est ce qu'Il nous demande ! Car Ses Commandements ne sont pas seulement des demandes morales accessibles à la volonté de l'humain simple. Les Commandements de Dieu sont « une révélation de la Vie divine » à laquelle le Christ nous appelle. Ce sont des Commandements divins et non des commandements humains.

Ce qui sauve un homme, encore une fois, ce n'est pas ce que l'homme fait dans son impuissance, mais ce que la Parole de Dieu qui demeure  en nous.

Même dans l'Ancien Testament, dans les Dix Commandements, Dieu dit à l'homme : « Soyez saints, car moi je suis saint ! » Il ne dit pas « Soyez saints parce que c'est bien, c'est agréable ».

C'est Dieu qui parle ce mot par Moïse. À Moïse, Il a révélé ce « JE SUIS ». Dieu est Celui qui est. Et Il veut amener l'homme au même état d'être. Il a partagé une partie de cela au début ; et dans la mesure où l'homme se permet de partager cette Parole de Dieu, il trouve dans cette Parole de Dieu la vigueur de la vie.

Et nous demandons à Dieu de cultiver en nous ce que l'homme ne peut accomplir par lui-même, selon Sa parole : « Pour les hommes, c'est impossible, mais pas pour Dieu ; car pour Dieu toutes choses sont possibles. » 

Et, plus qu'à toute autre moment, nous devons dire cette prière plus fréquemment : « Seigneur, viens et demeure en moi et Toi-même, accomplis en moi les choses qui Te plaisent ! » 

De ces choses qui plaisent à Dieu, de nos jours, nous avons [surtout] besoin d'une foi capable de nous faire traverser les événements les plus difficiles qui deviennent de plus en plus inimaginables. 

Non seulement ce n'est pas le moment de perdre espoir, mais c'est le moment de nous accrocher plus que jamais à la barre, jusqu'à ce que la vague passe. Qui sait ce qui sera et de quelle manière ?

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 25 février 2025

Père Raphael [Noica]: La crainte de Dieu est la peur de perdre la Grâce de Dieu

Père Raphael [Noica]

 

Conférence tenue à la cathédrale archidiocésaine d'Alba Iulia, Grand Carême 1995 

Je voudrais dire quelques mots sur la crainte de Dieu, parce qu'elle est « le commencement de la sagesse », comme le dit le Psalmiste (Psaume 110/111, 10). Je crains que nous ne comprenions pas ce qu'est la crainte de Dieu, la crainte de Dieu : en d'autres termes, faut-il craindre Dieu si l'on fait quelque chose de mal et si, par crainte de châtiment, on ne fait pas ceci ou cela ? Mais alors, si nous craignons Dieu de cette manière, comment pouvons-nous proclamer un Dieu d'amour, et où est cet amour si nous craignons Dieu comme nous craignons un animal dangereux ?

Qu'est-ce donc que la crainte de Dieu ? Et en quoi est-elle « le commencement de la sagesse » ? J'ai rencontré une bonne âme qui, pour se protéger du mal, avait mis dans sa chambre une sorte d'icône, qui était plutôt un tableau représentant le Jugement dernier, et surtout les tourments de l'enfer ; et cette personne espérait que lorsque de mauvaises pensées lui viendraient, elle aurait peur et les écarterait de son esprit en regardant les tourments de l'enfer. Elle disait qu'au début, cette tactique fonctionnait, que son « ascèse » fonctionnait un peu, mais qu'à présent elle regardait avec insouciance toutes les abominations représentées dans le tableau et que le « début de la sagesse » n'entrait pas dans son cœur pour une raison ou pour une autre. Et je voulais lui dire : la peur de l'enfer, la peur du supplice, est-ce la même chose que la crainte de Dieu ? Et je vois comment d'autres personnes, pensant de la même manière, ont peur (ou font peur aux autres) en pensant aux démons et à tout ce qu'ils nous apportent, à leurs mauvaises actions et aux malaises qu'ils nous causent pour nous troubler. Mais je me dis alors : la peur du Diable, est-ce la crainte de Dieu ? Est-ce à dire que notre Dieu est le Diable ? Ou notre Dieu est l'enfer ?

La peur de Dieu. J'aime dire « la crainte de Dieu » parce que cette expression a une portée plus large, elle signifie beaucoup plus, et j'aimerais vous l'offrir pour que vous puissiez la garder dans vos pensées maintenant, quand vous êtes jeunes. Chaque mot divin a une portée beaucoup plus large que le mot humain. Avec l'aide de Dieu, j'essaierai de vous en parler.

Je préfère « la crainte de Dieu », tout d'abord parce que « la crainte de Dieu comprise comme peur de Dieu » suggère trop que tu as peur « de » quelque chose, et si tu as peur « de » - que ce soit de Dieu, que ce soit d'un dragon - que fait-on alors ? On s'enfuit et on se cache. Mais c'est exactement l'erreur d'Adam : il fut trompé et n'obéit à Dieu. Dieu entre dans l'Eden avec Son amour, cherchant Adam, et Adam, entendant la voix de Dieu « marchant dans le jardin à la fraîcheur du jour » (Genèse 3,8), s'enfuit et se cache derrière les arbres. L'Église nous enseigne à ne pas nous cacher, mais à nous confesser. Et qu'est-ce que la confession ? Nous venons à Dieu et nous nous montrons, sans même attendre que Dieu vienne à nous (comme Adam en Eden) et nous dise : « Adam, où es-tu ? » Mais nous allons à la rencontre de Dieu en chemin avec notre confession. 

Et quelle a été la réponse d'Adam en Eden ? « J'ai eu peur parce que j'étais nu ». Dieu lui demande alors : « Qui t'a dit que tu étais nu ? As-tu mangé [du fruit] de l'arbre dont je t'ai défendu de manger ? ». Et voilà comment Dieu Lui-même se confesse à Adam. Et que se passe-t-il à la fin ? Adam, lorsqu'il se présenta devant Dieu, avait couvert sa nudité avec des feuilles de figuier. Mais à la fin de ce dialogue tragique (tragique parce qu'Adam avait perdu sa beauté originelle et ne l'avait pas retrouvée par la confession, par le repentir), quand Adam a perdu l'Eden dans lequel il se complaisait, qu'est-ce que Dieu a fait d'Adam ? Il l'a revêtu d'un « vêtement de peau ». 

Ces vêtements de peau - le vêtement de peau n'est-il pas une couverture plus parfaite que les figuiers ? 

C'est-à-dire que lorsqu'il y a eu une querelle, pour ainsi dire, entre Adam et Dieu, Adam est resté retiré dans sa condition et ne s'est pas retourné pour dire à Dieu : « Oui, Seigneur, j'ai mangé [du fruit] de l'arbre : « Oui, Seigneur, j'ai mangé du fruit dont Tu m'avais dit de ne pas manger, et regarde ce qui m'est arrivé. Je pensais que mes yeux s'ouvriraient pour que je puisse les lever vers Dieu, parce que c'est ce que m'avait dit le serpent, mais Tu m'avais dit que je mourrais, et je suis mort, je suis mort spirituellement. 

Mes yeux se sont ouverts, et qu'ai-je vu ? La nudité et la honte. Mais pourquoi cette honte ? J'ai perdu Ta Grâce, je suis mort ! Adam n'a pas répondu de cette manière. Il a dit : « Voilà, la femme que Tu m'as donnée, elle m'a donné le fruit à manger, et bien sûr, je l'ai mangé » (donc en conclusion, à qui la faute ? à Dieu !). Dieu a alors gentiment essayé de sauver Adam par l'intermédiaire d'Eve, mais Eve ne s'est pas non plus montrée telle que la Mère de Dieu le serait plus tard - afin que, par son amour, par son humilité, elle puisse sauver Adam. 

Eve a également répondu dans un esprit de dispute, dans le même esprit qu'Adam : « Le serpent m'a séduite, et j'ai mangé ». Et c'est pour cela que je dis « contestation », parce que ni Adam ni Eve ne se sont repentis, ils ne se sont pas humiliés devant Dieu, ils n'ont pas fait preuve d'humilité (cet état merveilleux que connaissent tous ceux qui l'ont goûté ne serait-ce qu'une fois, ne serait-ce qu'un peu) pour permettre à Dieu de se montrer « bienveillant et compatissant, lent à la colère, débordant d'amour bienveillant et attristé par ce mal » (Joël 2 : 13) d'être guérisseur - afin qu'après leur mort par le péché, Dieu puisse les guérir et que l'Eden ne soit pas perdu. Et ils restèrent dans la querelle.

Ils s'éloignèrent de la Face de Dieu, et l'Eden, avec les archanges et les séraphins, fut fermé, gardé par une épée de feu. Et je le répète, qu'a fait Dieu ? 

Il les a couverts, il a couvert la honte de leur nudité avec des vêtements plus beaux que ceux qu'ils pouvaient fabriquer eux-mêmes. Ainsi, vous pouvez voir une partie de l'amour infini de Dieu - parce que même au sein d'une querelle, Il les a bénis avec de meilleurs cadeaux que ce qu'ils pouvaient produire eux-mêmes. Si Dieu est ainsi, pourquoi n'allons-nous pas vers Lui dès le début pour Lui dire, comme je l'ai dit, qu'Adam aurait dû lui dire : « Oui, Seigneur, j'ai péché, mais je ne veux pas perdre la Vie ! » - car Dieu ne veut pas non plus que nous perdions la vie, « mais que le méchant se détourne de sa voie et qu'il vive. » (Ezéchiel 33:11)

La crainte de Dieu, dans le mauvais sens du terme [la peur], est ce que le péché a provoqué chez Adam : la séparation d'avec Dieu. Il ne l'a pas achevée, car il y avait encore de la place pour la repentance, mais l'état de péché est devenu enraciné dans une certaine mesure.

Oh, si Adam avait compris « la peur de Dieu » comme la crainte de Dieu, au bon sens du terme... Nous le voyons chez ceux qui ont vécu dans la crainte de Dieu : chez les Saints, chez les Saints Pères, dans les Psaumes qui nous en parlent - la crainte de Dieu est quelque chose qui rend l'homme proche de Dieu. Et comment peut-on encore parler de crainte, si elle vous rapproche et ne vous sépare pas ?

La crainte de Dieu est un sentiment d'amour, quand on a peur de perdre Dieu, parce qu'Il est si précieux, si cher, si aimé, si doux pour l'âme. Ce n'est que lorsque vous perdez la Grâce de Dieu que vous comprenez vraiment ce qu'est la mort.  Car la « mort » n'est pas la séparation de l'âme et du corps, mais la séparation de l'esprit de l'homme et de l'Esprit Saint, de la Grâce de Dieu. Voilà ce qu'est la mort, et nous en souffrons tous. Mais si nous avons connu la Grâce, nous avons plus d'expérience qu'Adam avant la chute, paradoxalement parce que nous connaissons aussi le mal. Adam n'avait connu que le bien, et nous pouvons dire qu'il ne savait pas reconnaître une bonne chose quand il la voyait - dans le sens où il n'était pas capable de chérir ce bien jusqu'à ce qu'il le perde.

Si quelqu'un reçoit la Grâce de Dieu, la Grâce produit une certaine crainte, une certaine tristesse. Comment cela m'est-il arrivé ? Qui habite mon esprit ? Qu'est-ce qui a fait changer toutes mes pensées, tous mes sentiments ? Mais, plus effrayant encore : comment la conserver ? Comment ne pas la perdre ? 

Et plus la Grâce est forte, plus la peur est intense. Certains saints parlent d'« horreur », non pas dans le sens laid du terme, mais l'« horreur » de perdre cette Grâce si précieuse. Et comme il est facile de la perdre ! Une pensée, aussi insignifiante soit-elle, mais qui n'est pas en harmonie avec Lui, et la Grâce s'en va ! Et vous ne l'avez même pas sentie quand elle a disparu. Vous réalisez soudain : où est-elle ? Où est ce qui m'était le plus précieux ? Je me sentais si bien quand je l'avais. Comment, où puis-je la retrouver ?

La vérité est que, sans la « crainte » de Dieu, nous sommes incapables de chérir ses dons et, sans aucun doute, nous perdrons Sa Grâce. Et je pense que l'expression « crainte de Dieu » est plus appropriée que « crainte au sens peur de Dieu », peut-être aussi parce que Dieu aussi aurait cette crainte s'il vivait notre imperfection pendant un certain temps ; c'est un attribut divin d'un « Dieu en devenir » tel que l'être humain. Et je crois que c'est pourquoi la crainte est le « commencement de la sagesse », et c'est pourquoi certains qui « ne changent pas, donc ne craignent pas Dieu » comme le dit le Psalmiste (Psaume 54/55:19) ne peuvent pas non plus recevoir et ne peuvent pas garder la Grâce de Dieu.

Si cette grâce vient au début de la vie, elle est perdue, parce que l'homme ne sait pas la protéger et ne sait pas encore vivre sans péché. Mais si l'instruction spirituelle de l'homme se poursuit, alors la Grâce revient après un certain temps, quand Dieu le veut. Et même si cette seconde Grâce est déjà moins indulgente que la première, l'homme, ayant passé par des épreuves de repentir, sait que même si la Grâce est perdue, elle peut être retrouvée (voir St. Sophrony, « St. Silouane l'Athonite », pages 49-50). Cependant, l'âme ressent la Grâce avec tant de tendresse qu'elle est remplie de la crainte de ne pas la perdre à nouveau.  Et cette crainte qui conduit à l'horreur est la crainte de Dieu, ou, si l'on veut, la peur-dans un certain sens- la peur de perdre Dieu, Celui qui nous a faits. Nous voyons ici déjà en germe l'amour de Dieu, l'amour envers Dieu, l'amour qui, dans notre imperfection, dans notre état de péché, se manifeste comme une crainte - la peur d'être indigne de cette vie ineffable.

Cependant, n'essayez pas d'imaginer à quoi peut ressembler cette beauté, mais demandez à Dieu de vous la montrer, de vous la dévoiler, afin que vous puissiez la vivre dans vos âmes, dans vos cœurs, dans vos os, dans votre chair, parce qu'elle est réelle - et si elle n'est pas réelle, alors nous n'en avons même pas besoin. Je vous le dis en tant que prêtre de l'Église orthodoxe, après avoir été moine pendant plus de trente ans. Si tout ce qui est prêché dans notre Église n'est que de la philosophie, jetez-la à la poubelle ! Pardonnez-moi de parler si grossièrement, mais je veux que vous sachiez que c'est la vérité. Dieu est Vérité, et la Vérité se vit ; il est possible, littéralement, que la Vérité soit vécue « dans vos os ».

Littéralement dans les os ? Le saint dont j'ai parlé une autre fois, saint Silouane, disait que la Grâce pénètre les os d'une personne, et c'est pourquoi les os de cette personne, après sa mort, deviennent des reliques. Les reliques ne sont pas seulement des os, les reliques sont des os sanctifiés par la Grâce de l'Esprit Saint qui les habite - et cette Grâce peut être ressentie dans le cœur, dans l'âme, dans l'esprit, dans le corps, et même dans les os ! Et c'est pourquoi je vous demande, en tant que moine de l'Église, de ne pas essayer d'imaginer ces choses, parce que toutes nos imaginations sont des caricatures bon marché par rapport à la vérité de la Grâce, et sont nécessairement des mensonges. 

Vivez dans la vérité, demandez à Dieu : « Si Tu es réel, Dieu, réveille-moi ! Sors-moi de l'obscurité dans laquelle je vis. Et si Tu me châties pour mon péché, Père, fais-le avec bonté, parce que je suis faible, et apprends-moi à pleurer pour être sauvé, et donne-moi la force de me repentir ! Rends ma vie véritablee, si Tu es le Dieu de la vérité ! ». Et je dis cela parce que soit Dieu est la Vérité, soit nous n'avons pas besoin de Lui. Et je dis cela avec la certitude que j'ai de ma propre expérience limitée, et encore plus du témoignage de nombreux saints, dont certains que j'ai connus dans des livres, mais dont certains sont encore en vie.

Ensuite, la crainte de Dieu commence à être « le commencement de la sagesse », le commencement et pas encore la sagesse, parce que la fin de la sagesse est l'Amour - un amour si fort qu'il chasse la crainte, comme le dit le saint apôtre Jean dans l'une de ses épîtres (1 Jean 4:18). Le début de la sagesse est la crainte de Dieu, et la crainte de Dieu est ressentie comme la vie, même si elle peut conduire à l'« horreur ». Mais, comme le décrivait notre staretz Sophrony, elle est vivifiante et non paralysante comme nos peurs et nos horreurs habituelles. Elle est vivifiante et vous la ressentez comme un don précieux, que vous ne voulez instinctivement pas perdre (en fait, cela se produit intuitivement et non pas instinctivement, mais j'ai utilisé ce mot qui est peut-être plus proche de notre compréhension : tout comme l'instinct nous crée, nous pousse, nous conduit, si vous voulez, dans notre vie matérielle, corporelle, de même, l'intuition le fait dans notre vie spirituelle).

La crainte de Dieu crée en nous une crainte du péché différente de celles que j'ai décrites au début. Parce qu'en voyant des choses qui ne sont pas en harmonie avec cette beauté indicible, indescriptible mais réelle, et en sachant que cette beauté est si tendre qu'on peut la perdre sans même savoir qu'elle est partie et qu'on se rend compte qu'on ne l'a plus, alors on est saisi par la peur de tout ce qui n'est pas en harmonie avec elle (voir St. Sophrony, « Nous verrons Dieu tel qu'il est », pages 124-125). 

Et « tout » ce qui n'est pas en harmonie avec elle, c'est cela le péché. Pour nous, la définition du péché n'est pas morale, sociale, éthique ou logique (il y a une part de vérité dans tout cela, mais ce n'est pas la vérité ultime). 

La définition du péché est vitale, existentielle : c'est tout ce qui n'est pas en harmonie avec cette fragrance indicible que nous appelons la Grâce de Dieu. Voilà ce qu'est le péché ! Et nous sommes saisis par la crainte du péché . Pas une peur malsaine : « Malheur à moi si je fais ceci, malheur à moi si je fais cela ». L'âme sait que Dieu est magnanime et puissant pour nous guérir de nos péchés, mais nous commençons à vivre ce que le Psalmiste a dit : « Je les hais d'une haine parfaite » (Psaume 138/139, 22). 

Tout ce qui n'appartient pas à la Grâce devient haïssable, et je le répète, pas une haine malsaine, mais une haine parfaite. Une haine qui, si vous aimez la Lumière et la Vie (nous parlons spirituellement et non matériellement), vous fait haïr tout ce qui appartient à la mort et à la corruption avec une « haine parfaite » - c'est-à-dire, non pas avec une haine passionnée, comme quelqu'un qui vous hait avec passion, mais avec une haine par laquelle vous voulez vous séparer par tous les moyens du mal.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Sayings of the Romanian Elders 

lundi 24 février 2025

St. Dumitru Staniloae : Comment le clergé peut-il revigorer l'Église ?



Un prêtre ne devrait pas être un homme de prière distant et réservé, mais devrait chercher à attirer et à inspirer tous les fidèles à la prière par sa propre prière. Il ne devrait pas être préoccupé par une récompense pour sa contribution. Les fidèles ne le laisseront dans le besoin ni lui ni sa famille.

La foi doit surtout être connue des jeunes chrétiens, dans l'esprit desquels toutes sortes d'arguments contre la foi ont été imposés. Les prêtres ne devraient pas attendre que les fidèles les cherchent pour demander de l'aide, mais eux aussi devraient chercher des occasions de se rencontrer, de parler et d'illustrer la vérité et l'importance de la foi chrétienne : en rencontrant des gens dans les rues et les ruelles, en les cherchant pour différentes raisons dans les usines et les bureaux, en leur parlant en voyageant, mais surtout en leur rendant visite dans les hôpitaux. Ils devraient appeler les adultes et les enfants à l'église pour des cours de catéchisme dans l'après-midi. Le Christ et les apôtres n'ont pas attendu que les gens les cherchent afin qu'ils leur enseignent la foi, mais ils l'ont fait eux-mêmes tout le temps en cheminant parmi les gens.

Il est approprié que la prédication du Christ et son exemple d'amour pour les gens soient unis aux exemples pratiques de cet amour montrés par les prêtres. Les orphelins devraient trouver un substitut à leurs parents dans les prêtres ; les personnes âgées, les pauvres et les malades devraient également sentir qu'ils ne sont pas seuls au monde grâce aux prêtres.

Cette activité devrait être stimulée et supervisée par les évêques eux-mêmes. Il serait très bénéfique que les évêques reviennent au mode de vie des apôtres, dont ils sont entièrement les descendants - un mode de vie qui a été préservé à chaque époque par certains. Ils ne doivent pas oublier qu'au fond, ils sont des moines qui ont fait les vœux d'humilité et de pauvreté. Ce serait merveilleux s'ils marchaient parmi les fidèles avec simplicité, comme les apôtres, pour que chaque évêque soit dans une paroisse comme les évêques des premiers siècles qui étaient chefs de chaque paroisse - le prêtre n'étant que leur adjoint. L'évêque donnerait une base réelle et pratique au titre que le Pape de Rome s'est donné il y a longtemps : servus servorum Dei, le serviteur des serviteurs (des prêtres et des fidèles) de Dieu. Celui qui est le plus grand est celui qui sert les autres, comme le Christ a servi (Matthieu 20:26-28).

Même dans les écoles de théologie, la théologie pastorale ne devrait pas être seulement un cours théorique, mais un moyen pour les étudiants de se familiariser et de s'engager dans une activité pastorale caritative sur le terrain ; tout comme le département de musique d'église devrait également devenir le département de théologie pastorale.

St. Dimitru 


C'est le testament que je souhaite laisser à nos serviteurs de l'Église : ayez toujours votre esprit en Christ et cherchez à Le servir, en gagnant les gens à la foi en Lui et à leur salut par tous vos actes. De cette façon, vous serez en mesure d'acquérir une vie bénie et éternelle pour vous-même et pour ceux pour qui vous avez une grande responsabilité. C'est la conclusion à laquelle je suis arrivé à mon âge, qui touche à sa fin.

J'ai cherché à servir le Christ par le travail acharné de l'écriture, cherchant à attirer la foi en Lui ceux qui étaient tentés par des écrits étrangers à la foi, si répandus depuis l'époque où la presse écrite l'a rendue facile à se répandre, surtout au cours des deux-trois cents dernières années, et surtout pour nous pendant la période communiste.

Mais parfois, je pense qu'il aurait été préférable pour moi d'avoir été prêtre de paroisse afin de mettre en pratique ce que j'ai écrit.

[St. Dumitru Staniloae s'est endormi dans le Seigneur le 5 octobre 1993]

Extraits de «  Le testament spirituel de Père Staniloae pour la revitalisation de la vie chrétienne »

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

dimanche 23 février 2025

DIMANCHE DU JUGEMENT DERNIER

                
Icône du Jugement Dernier


LE  DIMANCHE DU JUGEMENT DERNIER est appelé Meatfare Sunday [Dimanche de la "viande"] en anglais parce que, dans la tradition orthodoxe, c'est le dernier jour où l'on peut manger de la viande jusqu'à Pâques. Nous progressons, par étapes, vers le jeûne du Grand Carême. La semaine prochaine est la semaine des laitages [Tyrophagie], au cours de laquelle les produits laitiers (fromage, œufs, beurre, lait, etc.) peuvent être consommés tous les jours, même le mercredi et le vendredi.

St. Grégoire Palamas

St. Jean Climaque

Ste Marie d'Egypte

Les dimanches du Triode sont conçus pour nous enseigner les principes de la vertu et de la piété chrétiennes. C'est ce que l'on trouve dans les premiers dimanches des leçons tirées des Paraboles et, plus tard, nous apprenons également la vie de diverses âmes justes, les restaurateurs des icônes, ainsi que saint Grégoire Palamas, saint Jean Climaque et sainte Marie d'Égypte. Ces commémorations sont les mêmes chaque année mais, comme Pâques n'est pas à date fixe, la conjonction avec le calendrier des saints varie d'une année à l'autre. De nombreux saints, énumérés dans le calendrier, nous fournissent d'autres exemples inspirants d'une vie agréable à Dieu. 

Parmi les saints commémorés aujourd'hui, nous trouvons Sainte Anne de Novgorod, qui vécut juste avant le Grand Schisme, alors que le pays de la Rus' n'était converti que depuis peu. L'exemple des saints démontre beaucoup de choses, mais une chose toujours évidente est qu'il illustre l'universalité de la  foi véritable.

Ste Anne de Novgorod

Anne était fille du roi suédois Olof Skotkonung (994-1022), qui était populairement connu comme le roi très chrétien. Olof et sa famille avaient embrassé le christianisme en 1008 et avaient été baptisés. Sa fille reçut le nom d'Ingigerd. Plus tard, elle utilisera la forme hellénisée de son nom, Irène. Elle reçut une très bonne éducation et étudia la littérature, l'histoire et les Saintes Écritures. Elle épousa Yaroslav le Sage de Novgorod en 1019. Ils eurent six fils et quatre filles. En outre, elle hébergea Edmund, Edwin et Edward, les princes anglais exilés, ainsi que le prince Magnus de Norvège. Elle inspira également la construction de la cathédrale Sainte-Sophie à Kiev. La première pierre fut posée en 1037. Puis en 1045, à Novgorod, elle initia la construction d'une cathédrale, également dédiée à Sainte-Sophie. C'est à Novgorod qu'elle reçut la tonsure monastique et fut rebaptisée Anne. Il s'agit du premier exemple d'une princesse veuve de Rus' consacrant sa vie au Christ dans l'état monastique, établissant ainsi une coutume permanente. Cette princesse suédoise, qui est décédée en ce jour en 1050, fut glorifiée comme sainte par l'archevêque Euthyme de Novgorod en 1439.  

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Ce jour est également connu comme le dimanche du Jugement dernier, car la lecture de l'Évangile pour ce dimanche est Matthieu 25, 31-46, et le paragraphe suivant de l'introduction au Triode de Carême résume l'essence du message :

Ce dimanche nous présente la dimension « eschatologique » du carême : le Grand Carême est une préparation à la Parousie [seconde venue] du Sauveur, à la Pâque éternelle de l'ère à venir. (C'est un thème qui sera abordé au cours des trois premiers jours de la Semaine Sainte.) Le jugement n'est pas non plus simplement à venir. Ici et maintenant, chaque jour et chaque heure, en endurcissant nos cœurs envers les autres et en ne répondant pas aux occasions qui nous sont données de les aider, nous nous jugeons déjà nous-mêmes.

D'après le Dictionnaire Anglais d'Oxford - eschatologie n. théologie de la mort et des fins dernières. Les deux derniers dimanches nous ont rappelé l'amour et la patience de Dieu dans Sa volonté d'accepter tous ceux qui reviennent à Lui dans le repentir. Aujourd'hui, le Seigneur nous donne un avertissement. Nous avons un autre exemple où il est utile de noter le contexte dans lequel ce conseil est donné. Il fait suite à la parabole des dix vierges et à la parabole des talents, qui concentrent toutes deux notre attention sur cette grave question. 

Dans la lecture de l'Évangile d'aujourd'hui, le Christ fait référence à toutes les nations, ce qui est significatif car il y a des nations où la divinité du Christ est rejetée. Plus tôt dans l'Évangile de saint Matthieu, nous trouvons le Seigneur disant : « Quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux. (Chapitre 10, verset 33). Gardez cela à l'esprit lorsque nous examinons la discussion qui est rapportée ici au chapitre 25.

Nous ne connaissons pas l'identité des auditeurs dans ce cas, mais il est clair que parmi les personnes présentes se trouvaient des disciples et d'autres personnes qui suivaient le Christ. Ils ont supposé que les commentaires devaient être pris au pied de la lettre, comme se référant à eux-mêmes, alors que le contexte est celui de la seconde venue [du Seigneur], d'où la référence à toutes les nations. Il s'agit d'un précepte qui s'applique à tous les pays et à tous les siècles. Non seulement cela, mais c'est pour tout le monde, y compris les plus petits de ces frères. Nous avons ici un écho d'une autre parabole, celle du bon Samaritain, car l'interlocuteur demande au Christ : « Qui est mon prochain ? (Luc 10:29). Prochain ou frère, il n'y a pas lieu d'ergoter sur les mots, car l'implication est la même. Il s'agit de notre relation avec l'humanité en général et avec tous ceux que nous rencontrons dans notre vie quotidienne en particulier.

Le Bon Samaritain


Saint Théophylacte souligne que Dieu ne donne pas d'honneur ou de punition avant d'avoir d'abord jugé. Car Il aime l'humanité et nous enseigne à faire de même, à ne pas punir avant d'avoir procédé à un examen minutieux. Ainsi, ceux qui seront punis après le Jugement n'auront pas à se plaindre. Nous en venons donc à l'examen de la deuxième catégorie, ceux qui n'aiment pas le Seigneur et n'obéissent pas à Ses préceptes. Ils reçoivent un châtiment éternel.  Le commentaire se réfère ici aux « ténèbres extérieures », une expression qui n'est pas utilisée dans ce passage particulier, mais qui apparaît dans le passage précédent. Le serviteur inutile est condamné aux ténèbres extérieures. Tous ceux qui manquent de vertu et tous ceux qui vivent leur vie sans la lumière du Christ vivent effectivement dans les ténèbres dans une certaine mesure, mais ils ont encore le temps de changer. Après leur jugement, il n'y aura pas de retour en arrière, pas de possibilité de conversion. Ils seront alors dans les « ténèbres extérieures ». Dans ce passage, le Seigneur fait référence au châtiment éternel lorsqu'il dit : « Éloignez-vous de moi, maudits ! Retirez-vous de moi, maudits, pour aller dans le feu éternel préparé pour le Diable et ses anges. Le commentaire nous rappelle que l'enfer n'était pas destiné à nous, mais au Diable. Malheureusement, certains membres de la création de Dieu ont librement choisi de suivre le Malin dans ce royaume maudit. Saint Théophylacte observe que l'hérétique Origène a enseigné qu'un jour le châtiment prendra fin et que tout le monde sera sauvé. Cependant, cette affirmation est démentie par les paroles mêmes du Christ et a été condamnée comme une erreur par le cinquième concile œcuménique en 553 après J.-C.

Ikos du Canon de Matines

Sous les reproches de ma conscience je tremble et je crains, me rappelant Ton terrible tribunal et le jour du Jugement, 
Seigneur très bon, quand Tu viendras siéger sur Ton Trône et nous sonder. Alors nul ne pourra nier ses fautes. 
La vérité dénoncera et la peur étreindra. Alors grondera le grand feu de l'enfer et les pécheurs frémiront. 
Aie pitié de moi avant la fin, pardonne-moi, très juste Juge.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 

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