"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 8 avril 2017

Sur le blog saint Materne


Rameaux : Comment confectionner des croix en feuille de palmier (ou en papier)
Un bricolage facile à réaliser avec ses enfants à la maison ou avec les enfants de la catéchèse paroissiale:
Découpez des lanières de 1,5cm sur 50cm
pliez selon le schéma ci-dessus

nb: en feuille de palmier, une fois séchées, elles restent intactes pendant des années, quoique blanchies. 

Saint Théophane le Reclus: Aimez le silence




Cultivez la crainte de Dieu en vous, ainsi que le respect de Sa majesté indescriptible. Ayez un cœur brisé et contrit. Considérez tout le monde comme supérieur à vous.

Aimez le silence, l'isolement et la conversation avec le Seigneur, Qui deviendra votre guide et votre maître.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Pemptousia

Chant Orthodoxe byzantin



vendredi 7 avril 2017

Métropolite Hiérothée [Vlachos]: L'Union n'est pas un artifice de langage



  Plusieurs fois, lors de diverses rencontres avec des gens, même au sein des corps synodaux ecclésiastiques, on s'impose de devoir toujours se mettre d'accord sur une question, même si nous avons une opinion différente, pour "l'amour de l'unité". Il se trouve que ces corps synodaux, dans lesquels les mêmes personnes participent, décident d'une manière différente, une question qui justifie que cela se fasse "pour l'amour de l'unité" ou "pour l'unité".

Car il y a des individus, des politiciens, des ecclésiastiques, qui prétendent travailler pour l'unité du corps auquel ils appartiennent, comme si d'autres ne se préoccupaient pas de l'unité.

Il faut noter dès le début qu'une unité, dans la communion et l'Église, est finalement la cible que nous devrions viser.

Dans l'Église, en particulier, c'est le but de tous, puisque c'est ce qui a été réalisé le jour de la Sainte Pentecôte, selon le kondakion de la fête: «Quand le Très-Haut est descendu et a confondu les langues, Il a divisé les nations. Quand Il a distribué les langues de feu, Il a appelé tout à l'unité ". C'est la fonction de l'Esprit Saint qui opère dans l'Église. Par conséquent, l'unité de l'Église est l'expérience de la Sainte Pentecôte, c'est pourquoi l'unité (accord) existe dans la théologie des Apôtres et des saints Pères.

Cependant, il est impératif de noter que l'unité peut être trouvée parmi ceux qui font le mal et ceux qui forment une organisation criminelle et visent à créer de la division et du malaise dans la société. Ces personnes s'inquiètent de leur unité afin de pouvoir faire le mal et ne pas être confondues. Par conséquent, l'unité seule n'est pas le but, mais il y a combinaison de l'unité avec la vérité.

Dans la Diivine Liturgie, les fidèles sont encouragés par les mots: «Ayant demandé l'unité de la foi et la communion du Saint-Esprit, recommandons-nous nous-mêmes et les uns les autres au Christ notre Dieu.» L'unité en langage ecclésiastique n'est pas abstraite et inconditionnelle, mais liée à la foi. C'est une unité de foi, telle qu'elle a été révélée par Dieu aux saints, liée clairement à la «communion du Saint-Esprit», et présuppose certainement la reddition de toute notre vie au Christ. Une telle unité est bénie par Dieu et non une unité qui pourrait être partagée par les hérétiques, qui sont basés sur des raisons spéculatives et combattent la doctrine orthodoxe.

L'apôtre Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, conseille aux chrétiens de lutter pour garder l'unité du Saint-Esprit, qui est liée à l'Éternel Dieu, avec la foi unique et le seul baptême. Il écrit... essayant de maintenir l'unité de l'Esprit dans le lien de paix. "Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul Dieu et Père de tous Qui est au-dessus de tous, parmi tous, et en tous"(Ephésiens 4: 3-6). L'unité de la foi est liée à l'Éternel unique, à la foi unique, au baptême unique, au corps unique, à l'unique Esprit.

En outre, le même apôtre dans un autre verset parle de l'unité dans la déification: "Il a donné des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des enseignants, pour le perfectionnement des saints pour l'œuvre du ministère, et pour l'édification du Corps du Christ, jusqu'à ce que nous arrivions tous à l'unité de la foi et à la connaissance du Fils de Dieu, à un homme parfait, à la mesure de la stature de plénitude du Christ (Ephésiens 4 : 11-13)". Cela signifie que l'unité de la foi est liée à la connaissance du Fils de Dieu, et son but est la perfection qui est d'acquérir la mesure de la stature de plénitude du Christ, qui est la deification.

Les Pères de l'Église ont poursuivi la même perspective et se sont efforcés de préserver l'unité de l'Église dans la foi révélée, en chassant les hérétiques de l'Église... id est ceux qui rompent l'unité de l'Église avec leurs doctrines hérétiques. Les hérétiques étaient anathématisés pour assurer l'unité de la foi et l'unité de l'Église. Lorsque les Pères ont éloigné les hérétiques de l'Église, ils n'ont pas brisé l'unité mais l'ont défendue. Toute autre interprétation contredit la fonction des Conciles œcuméniques de l'Église.

Abba Dorothée rapporte l'unité entre les chrétiens avec la même conviction. "Rien ne s'unit autant que de se réjouir pour les mêmes choses et d'avoir la même croyance en Jésus-Christ!" Cette déclaration est associée à de nombreux passages de l'apôtre Paul. Par exemple, il écrit aux chrétiens de Rome: "Que le Dieu de la persévérance et de la consolation vous donne d'avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres selon Jésus Christ, afin que tous ensemble, d'une seule bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ." (Romains 15: 5-6). De même, pour les chrétiens de Philippes, il écrit: "Si donc il y a quelque consolation en Christ, s'il y a quelque soulagement dans la charité, s'il y a quelque union d'esprit, s'il y a quelque compassion et quelque miséricorde, rendez ma joie parfaite, ayant un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée. "(Phil 2: 1-2).


Saint-Isaac, le Syrien définit ce que l'on entend exactement par l'unité spirituelle. Il écrit: «L'unité spirituelle est un souvenir non scellé et perpétuel, qui brûle sans cesse dans le cœur avec un désir ardent; Et de la persévérance dans les commandements, le cœur reçoit sa capacité pour ce lien, pas au sens figuré, ni de manière naturelle ". (Homélie Ascétique 1: 8). L'unité spirituelle se réalise grâce à la garde des commandements du Christ et enflamme le désir divin dans le cœur des gens.

Dans la société, on parle beaucoup de l'unité malgré les différences d'opinion existantes, et c'est ce que vise la démocratie. Les différentes autorités et leurs différents programmes divisant les partis, les différentes positions et leurs opérations internes du parti, qui sont démontrées par des élections, lorsqu'elles sont exprimées de manière démocratique, sont considérées comme un élément d'unité. Dans l'Église, les choses sont différentes. L'unité n'est pas un accord superficiel de vues, et certes pas celles qui sont distinctes de la tradition passée, mais elle est le fruit de l'Esprit Saint, une communion du Saint-Esprit; C'est une unité de foi.

Par conséquent, pour l'Église, il n'est pas possible, par souci d'unité, de nier l'ecclésiologie orthodoxe, la théologie orthodoxe et, enfin, de saper la foi entière révélée. Quand une divergence de foi prévaut, l'unité n'est pas louable. Au contraire, celui qui conserve l'unité est celui qui conserve la foi révélée. De même, on ne peut pas suivre la voie de la diplomatie dans les affaires ecclésiastiques, retravailler et changer ses opinions à chaque fois et caractériser cette mentalité comme contribution à l'unité.

Nous vivons dans un temps où la dégradation des mots ne peut être autorisée, en particulier la signification du mot unité, dans l'intérêt d'une mentalité diplomatique artificielle et changeante qui dissimule des éléments d'intention et d'utilitarisme.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Jean-Claude LARCHET: Recension/ Vladimir Dimitrijević, Béni soit l’exil !


Vladimir Dimitrijević, Béni soit  l’exil ! Entretiens avec Gérard Conio. Coédition Éditions des Syrtes et L’Age d’Homme, Genève et Lausanne, 2017, 360 p.
Arrivé en Suisse en 1954 à l’âge de vingt ans, fuyant le régime communiste alors établi en Yougoslavie, Vladimir Dimitrijevic (1934-2011), passionné de littérature, devint libraire puis fonda en 1966 les éditions L’Age d’Homme à Lausanne, et créa aussi à Lausanne, Genève et Paris des librairies avant tout dédiées à la diffusion de ses publications, mais qui furent aussi des lieux de débat et d’échange. Il publia de grands auteurs russes et serbes alors inconnus du public francophone, mais aussi des auteurs oubliés, ou marginaux et parfois maudits, rejetés par les autres éditeurs mais en lesquels son goût et son intuition littéraires lui faisaient croire. Il publiait alors toutes leurs œuvres, même quand la vente de certains titres ne suivait pas, faisant preuve à leur égard d’une fidélité sans faille quitte à sacrifier la prospérité économique de sa maison d’édition. Son idéalisme littéraire le conduisait aussi à se sacrifier lui-même, notamment en prenant en charge personnellement les travaux de secrétariat, de manutention et de transport. Gérard Conio note dans sa préface: « On a souvent reproché à Vladimir Dimitrijević un refus des pratiques commerciales courantes. Vladimir Dimitrijevié était un mystique de l’édition. Il avait envers l’art littéraire un véritable culte qui l’empêchait de l’associer aux trois idoles dénoncées par Charles Péguy: l’argent, le pouvoir et l’orgueil. On a aussi reproché à Vladimir Dimitrijevié de restreindre excessivement ses dépenses aussi bien envers lui-même qu’envers ses collaborateurs. Il menait une vie ascétique, mangeant des sandwiches et dormant dans son camion, afin de pouvoir éditer un livre de plus. Et il exigeait des autres ce qui lui paraissait naturel à lui-même pour la gloire de la littérature. Et il a résisté jusqu’au bout à la marchandisation qui est devenue aujourd’hui la principale règle de l’édition. »
Béni soit l’exil ! est le titre choisi par Vladimir Dimitrijević lui-même à une série d’échanges qu’il eut entre 1996 et 2011 avec Gérard Conio – l’un des auteurs de la maison devenu ami de l’éditeur – et dont il corrigea lui-même la rédaction finale. Ces dialogues laissent voir l’éditeur inspiré, avant tout lecteur passionné, découvreur intrépide et passeur prenant tous les risques, habité par une frénésie de publication hors norme, mais également l’homme engagé, résolument insoumis à la dictature de la pensée unique.
On y retrouve son parcours personnel, la Serbie, ses positions pas toujours comprises mais toujours assumées, ses choix éditoriaux, son regard sans concession sur ses contemporains, la Russie, les médias, le communisme, l’Occident, la religion, l’art …
Ces entretiens laissent régulièrement apparaître la foi vibrante de ce chrétien orthodoxe qui fut aussi l’un des principaux éditeurs de livres orthodoxes dans le monde francophone, faisant place 1) d’abord à la collection « Sophia », fondée et dirigée et par Constantin Andronikof, qui en fut aussi le principal traducteur; 2) puis à la collection « La Lumière du Thabor » qui publia notamment les premières œuvres du Père (aujourd’hui saint) Justin Popović, les première œuvre de l’évêque (aujourd’hui saint) Nicolas Vélimirović, un précieux recueil d’études sur saint Augustin et quelques beaux ouvrages hagiographiques; 3) et enfin à la collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle », qu’il accepta avec enthousiasme lorsque je lui en présentai le projet, qu’il me permit de diriger avec une complète autonomie et une totale liberté, qui comportera bientôt près de 30 volumes, qui est devenue la principale collection de livres de spiritualité dans le monde orthodoxe, et dont le rayonnement touche tous les milieux.
Comme ultime hommage à ce grand éditeur, je voudrais citer les dernières pages de ce livre, qui témoignent à la fois de son bel enthousiasme, de son activité brûlante, foisonnante et inlassable, de sa distance critique vis-à-vis du monde moderne, et de sa foi orthodoxe:
« À la fin de sa vie, mon père m’a dit quelque chose qui m’a bouleversé. Je n’avais pas eu beaucoup d’occasions de parler avec lui, pendant ses années d’emprisonnement, puis avec mon exil. Mais il m’a dit cette phrase. Je la dirai d’abord en serbe, puis je tâcherai de la traduire en français. Il m’a dit: “Ne umri neistrosen”, ce qui veut dire: “Ne meurs pas sans avoir tout accompli, tout donné, meurs sans reste.” Ça m’a bouleversé et je l’ai aussitôt rattaché à un souvenir d’enfance qui m’avait beaucoup marqué. Oh! C’était une petite fable de mon livre de lecture, à l’école, quand j’étais tout petit, une histoire assez anodine, mais dont le sens m’avait frappé et m’était resté. On y racontait que deux charrues étaient à vendre. Un paysan en a acheté une. Le vendeur, dans le magasin, se moquait de l’acheteur et lui disait: “Maintenant, tu vas travailler, tu vas peiner, et moi, je vais me reposer dans le magasin.” Puis, quelque temps après, le paysan est revenu avec sa charrue pour faire une réparation. Et la charrue qui était restée dans le magasin était rouillée, tandis que l’autre avait acquis par le travail cet éclat qu’a l’outil usagé. Hier, on regardait un livre de photos sur les outils, ces outils qui ont été le prolongement de l’homme, qui ont une histoire. Quand mon père m’a dit cela, cette petite histoire m’est tout de suite revenue en tête. Je me suis dit: “Effectivement, je vais me dépenser, mais je vais me dépenser pour quelque chose. Je ne resterai pas rouillé. Je ne resterai pas là à pourrir.” Parce que je suis absolument certain que quelque chose doit sortir de nous tout le temps. Je ne veux pas parler forcément d’un travail physique. Autrement, c’est la catastrophe. Le grand danger pour la vie d’aujourd’hui est qu’on ne donne pas assez de travail aux gens, je ne parle pas du travail stupide, mécanique, mais du travail créateur, même le plus simple qui soit. Le travail artisanal est un travail créateur, tandis que le travail industriel, le travail administratif n’est pas un travail créateur, c’est une occupation dans laquelle on tue simplement le temps.
Aujourd’hui, nous avons les machines. Nous disposons de beaucoup de facilités qui soulagent le travail physique de l’homme. Mais il faut au plus vite trouver une activité qui aide l’homme à se développer. Et je ne parle pas du sport, parce qu’il ne faut pas remplacer une forme de travail par une forme de loisir, mais stimuler tout ce qui doit faire fonctionner nos cellules, car, étant donné toutes les découvertes réduisant les hommes à l’inactivité, elles pourraient un jour ne plus fonctionner. Il faut le faire, car pour moi la régression guette l’homme, la société. C’est comme quelque chose qui nous pousse vers la mort, vers la mort dans la vie. C’est un sentiment terrifiant, c’est pire que la mort. Il faut réagir.
Curieusement, ce monde-là ne veut pas dépenser de l’énergie, il ne veut pas se dépenser, il est, comme disait mon père, neistrosen. Il n’est pas utilisé. “Dépense-toi, disait-il, c’est la seule chose qui compte.” Ce n’est pas un appel au saccage ni à une quelconque manière de gaspillage. C’est les Actes des Apôtres. Les apôtres marchent tout le temps. Ils ne sont pas là comme des bouddhas. Je n’ai rien contre Bouddha. Bouddha est là et enseigne. C’est très bien.
Je ne peux pas entrer en contradiction avec Bouddha ou avec les gens qui se prosternent devant lui. Mais, pour moi, ce que j’ai senti dans l’appel de ma religion et de mon Dieu, c’est la nécessité de me dépenser. La passion est quelque chose qui brûle, une dépense. Pour moi, la charrue est une image d’enfant qui dit bien ce qu’elle veut dire: “Dépense-toi!” Les apôtres se sont dépensés. Ils ont témoigné, ils ont écrit des livres, des épîtres. C’est cela notre vision du monde et c’est cela notre vision de la fin du monde. Parce qu’il y aura une fin, il y aura un jugement. »
Jean-Claude Larchet

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



25 mars /7 avril
ANNONCIATION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

Saint Tykhon, patriarche de Moscou et de toute la Russie (1925) ; Saint Sabbas le nouveau, de Kalymnos (1948) ; Saint Justin de Tchélié (1979).

Vêpres avec Liturgie de St Jean Chrysostome


Lectures: Hébr. II, 11-18 ;  Lc. I, 24-38 

L’ANNONCIATION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU[1]

R
acine et principe de toutes les autres fêtes du Seigneur, par lesquelles nous commémorons chaque année notre Rédemption, cette fête de l’Annonciation doit toujours être célébrée à la même date, car, selon une ancienne tradition, c’est au mois de mars que le monde fut créé par Dieu et c’est le 25 mars précisément qu’Adam, trompé par la promesse du serpent et voulant se faire dieu, transgressa le commandement divin et fut exilé du Paradis. Il convenait donc que la guérison de notre nature s’accomplisse, telle une seconde création, par les mêmes moyens et en ces mêmes jours qui ont été ceux de notre chute. Et, de même que le genre humain avait été assujetti à la mort par la désobéissance d’Ève, au printemps du monde, il convenait qu’il en fût délivré au mois de mars par l’obéissance de la Vierge. Après notre chute, Dieu, prenant patience dans sa miséricorde infinie, avait peu à peu préparé l’humanité, de génération en génération, par des événements heureux et malheureux, à la réalisation du Grand Mystère qu’Il tenait caché avant tous les siècles dans son Conseil trinitaire : l’Incarnation du Verbe. Alors qu’Il savait, bien à l’avance, qu’elle allait être la faute de l’homme et ses tragiques conséquences, c’est en ayant en vue le terme de ce mystère qu’Il avait pourtant créé la nature humaine, afin de s’y préparer une Mère qui, par la beauté de son âme immaculée, relevée de l’ornement de toutes les vertus, attira sur elle les regards du Tout-Puissant et devint la chambre nuptiale du Verbe, le réceptacle de Celui qui contient tout, le Palais du Roi du Ciel et le terme du dessein divin.
Six mois après la conception miraculeuse de celui qui devait être en toutes choses le Précurseur du Sauveur (Lc I, 17), Gabriel, l’Ange de la miséricorde, fut envoyé par le Seigneur à Nazareth en Galilée, auprès de la Vierge Marie qui, au sortir du Temple, avait été fiancée au juste et chaste Joseph, pour qu’il fût le gardien de sa virginité. Surgissant soudain dans la maison sous une apparence humaine, un bâton à la main, l’Ange salua celle qui devait devenir la consolation des larmes d’Ève, en disant : « Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ! » (Lc I, 28). Devant cette étrange apparition, la Vierge toute troublée par ces paroles de l’incorporel se demandait si cette annonce de joie n’était pas, comme pour Ève, une nouvelle tromperie de celui qui sait se transformer en ange de lumière (II CorXI, 14). Mais l’Ange la rassura et lui dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu, ne t’étonne pas de mon étrange aspect et de ces paroles de joie, alors que, trompée jadis par le serpent, ta nature a été condamnée à la douleur et aux gémissements, car moi, c’est la vraie joie que je suis venu t’annoncer et la délivrance de la malédiction de la première mère (cf. Gn III, 16). Voici que tu concevras et enfanteras un fils, en accomplissement de la prédiction du prophète Isaïe qui disait : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils (Is VII, 14) ! Et tu l’appelleras du nom de Jésus, — ce qui signifie Sauveur — Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut (Lc I, 30). » À ces paroles inouïes, la Vierge s’exclama : « Comment cela serait-il possible, puisque je ne connais point d’homme ? » Elle ne mettait pas là en doute la parole divine par manque de foi, comme Zacharie qui avait été pour cela puni de mutisme (Lc I, 20), mais elle se demandait comment ce mystère pourrait bien se réaliser en elle, sans l’union nuptiale, devenue la loi de la reproduction du genre humain soumis à la corruption. Comprenant ses doutes, l’Ange ne la blâma pas, mais il lui expliqua le mode nouveau de cette naissance : « L’Esprit Saint viendra sur toi, qui a été comblée de grâce en préparation de sa venue, et la puissance du Très-Haut te couvrira de Son ombre. » Puis, rappelant qu’Élisabeth, celle qu’on appelait « la stérile », venait de concevoir un fils dans sa vieillesse, il lui montra ainsi que là où Dieu le veut l’ordre de la nature est vaincu, et il lui confirma que par sa venue en elle le Saint-Esprit allait accomplir un miracle plus grand encore que la création du monde. Abaissant les cieux, le Roi de l’univers, Celui qui contient tout, allait s’anéantir Lui-même (Phil II, 7) par une ineffable condescendance, afin de demeurer en son sein, de s’y mêler en une union sans confusion à la nature humaine, et de se revêtir de sa chair, teinte en son sang virginal, comme une pourpre royale. Inclinant alors humblement son regard à terre et adhérant de toute sa volonté au dessein divin, la Vierge répondit : Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ! Par ces paroles, elle acceptait — et avec elle la nature humaine tout entière — la venue en elle de la Puissance divine transmise par les paroles de l’Ange. C’est à cet instant même que s’accomplit la conception du Sauveur. Le Fils de Dieu devient Fils de l’Homme : une seule Personne en deux natures. Dieu se revêt de l’humanité et la Vierge devient en toute vérité Mère de Dieu (Théotokos), afin que, grâce à cet échange des propriétés naturelles, les hommes, délivrés de la corruption, puissent devenir fils de Dieu par la grâce. L’accomplissement de ce mystère de l’Incarnation, caché même à la connaissance des anges, ne fut donc pas seulement l’œuvre du Père, dans sa complaisance, du Fils qui descendit des cieux, et de l’Esprit qui recouvrit la Vierge de Son ombre ; mais le Seigneur attendait que celle qu’Il avait choisie entre toutes les femmes y prenne aussi une part active par son acquiescement libre et volontaire, de sorte que la Rédemption du genre humain fût l’œuvre commune de la volonté de Dieu et de la foi de l’homme. Ce fut donc par une libre coopération (synergie) de l’humanité au dessein divin que s’est accompli ce Grand Mystère préparé depuis l’origine du monde, que « Dieu devient homme pour que l’homme soit déifié en Lui », et que la Vierge, Épouse inépousée, est devenue pour notre nature renouvelée la source et la cause de tous les biens. La création entière, soumise jadis à la corruption par la faute de l’homme, était elle aussi dans l’attente de ce « Oui ! » de la Vierge, qui annonçait le début de sa délivrance. C’est pourquoi le ciel et la terre réunis, forment aujourd’hui un chœur de fête avec les fils d’Adam, pour rendre gloire à Dieu en honorant la conception de sa Mère inépousée.

Tropaire de l’Annonciation, ton 4
Дне́сь спасе́нія на́шего глави́зна, ижe отъ вѣ́ка та́инства явле́ніе : Сы́нъ Бо́жій, Сы́нъ Дѣ́вы быва́етъ, и Гавріи́лъ  благода́ть благовѣcтвýeтъ, тѣ́мже и мы́ съ ни́мъ Богopóдицѣ возопіи́мъ : ра́дуйся благода́тная, Го́сподь cъ Тобо́ю.
En ce jour est le principe de notre salut et la manifestation du Mystère éternel ; le Fils de Dieu devient Fils de la Vierge et Gabriel annonce cette grâce. Crions donc avec lui à la Mère de Dieu : Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi !


Kondakion de l’Annonciation, ton 8
Взбра́нной воево́дѣ побѣди́тельная, я́ко изба́вльшеся отъ злы́хъ, благода́́рственная воспису́емъ Tи́́ paби́ Tвои́ Богopóдицe ; но я́ко иму́щая держа́ву непобѣди́мую, отъ вся́кихъ на́съ бѣ́дъ свободи́, да зове́мъ Ти́ : ра́дуйся Невѣ́сто неневѣ́стная.
À toi,  vaillante Stratège, nous offrons l’hymne de victoire. Délivrés des malheurs, nous tes serviteurs  te dédions cette action de grâces, à toi, ô Mère de Dieu, mais puisque tu possèdes la puissance invincible, délivre-nous de tout péril, afin que nous te clamions : réjouis-toi, Épouse inépousée !

Au lieu de « Il est digne en vérité », ton 4
Благовѣству́й земле́ ра́дость велію, xвали́те небecá Бо́жію сла́ву. Я́ко одушевле́нному Бо́жію ківо́ту, да ника́коже ко́снется рука́ скве́рныхъ, устнѣ́ же вѣ́рныхъ Богopóдицѣ немо́лчно, гла́съ а́нгела воспѣва́юще, cъ páдостію да вопію́тъ: ра́дуйся благода́тная, Го́сподь cъ Тобо́ю.
Terre, proclame la bonne nouvelle d’une grande joie ; cieux, louez la gloire de Dieu. Comme à l’Arche vivante de Dieu, que jamais n’y touche une main profane, mais que les lèvres des fidèles ne cessent de moduler à la Mère de Dieu la parole de l’Ange, et que, dans leur transport, ils lui crient : « Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ».



Stichères du Lucernaire* ton 4.
Въ шесты́й мѣ́сяцъ по́сланъ бы́сть арха́нгелъ къ Дѣ́вѣ Чи́стѣй и, ра́доватися Ей прире́къ, благовѣсти́ изъ Нея́ Изба́вителю проити́. Тѣ́мже, пріе́мши цѣлова́ніе, зача́тъ Тя́, Превѣ́чнаго Бо́га, несказа́нно благоволи́вшаго вочеловѣ́читися во спасе́ніе ду́шъ на́шихъ.
Le sixième mois,  l'Archange fut envoyé vers la pure Vierge; lui ayant dit: Réjouis-toi, il lui annonça que d'elle viendrait le Rédempteur. Ayant accueilli cette salutation dans la foi, Dieu d'avant les siècles, elle Te conçut, Toi qui as daigné t'incarner ineffablement pour le salut de nos âmes.


Язы́ка, его́же не вѣ́дяше, услы́ша Богоро́дица: глаго́лаше бо къ Не́й арха́нгелъ благовѣ́щенія глаго́лы; отоню́дуже вѣ́рно, пріи́мше цѣлова́ніе, зача́тъ Тя́ Превѣ́чнаго Бо́га. Тѣ́мже и мы́, ра́дующеся, вопіе́мъ Ти́: изъ Нея́ воплоти́выйся непрело́жно Бо́же, ми́ръ мíрови да́руй, и душа́мъ на́шимъ ве́лію ми́лость.
La Mère de Dieu entendit une langue inconnue lorsque l'Archange prononça les paroles de bonne nouvelle; aussi est-ce dans la foi qu'elle reçut la salutation  et Te conçut, Dieu d'avant les siècles;  et nous aussi, nous Te crions dans la joie: ô Dieu qui sans changement t'es incarné,  donne la paix au monde et à nos âmes la grande miséricorde.


Се́ воззва́ніе ны́нѣ яви́ся на́мъ: па́че сло́ва Бо́гъ человѣ́комъ соединя́ется, арха́нгеловымъ гла́сомъ пре́лесть отгоня́ется. Дѣ́ва бо пріе́млетъ ра́дость, земна́я бы́ша не́бо, мíръ разрѣши́ся пе́рвыя кля́твы. Да ра́дуется тва́рь, и гла́сы да воспое́тъ: Тво́рче и Изба́вителю на́шъ, Го́споди, сла́ва Тебѣ́.
Celui qui vient nous rappeler se révèle à nous maintenant: aux hommes Dieu s'unit, sans qu'on puisse l'expliquer. À la voix de l'Archange, l'erreur est dissipée  et la Vierge reçoit la joie; le ciel descend sur terre et le monde est libéré de l'antique malédiction. Se réjouisse la création, qu'elle chante au Seigneur à pleine voix: Notre Créateur et notre Rédempteur, gloire à Toi.


Гавріи́лъ вели́кій, у́мъ богови́днѣйшій, свѣтоза́рный и спаси́тельный, Свѣ́тъ Трисо́лнечный зри́тъ и пое́тъ съ вы́шними чи́ны боже́ственное и стра́шное пѣ́ніе, мо́литъ дарова́ти душа́мъ на́шимъ ми́ръ и ве́лію ми́лость.
L'archange Gabriel, esprit céleste et lumineux, tout à fait divin par son aspect, contemplant la lumière du triple Soleil qu'il voit en compagnie des armées célestes, s'est présenté devant la Vierge pour annoncer le redoutable mystère de Dieu, auprès Duquel il intercède pour nos âmes.



[1] Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petra (version abrégée).
* Il s’agit des trois premiers stichères.

jeudi 6 avril 2017

Confession et Communion (4)


 

4. "Vous n'avez pas jeûné ces trois derniers jours."*
Dans de nombreux endroits, il existe une coutume de jeûne pendant trois jours ou même une semaine complète avant l'accueil de l'Eucharistie. Ce n'est pas une coutume universelle parmi tous les chrétiens orthodoxes, et il semble y avoir une variété d'explications sur la raison pour laquelle cette coutume a pris place dans certains endroits. 
Bien que ce ne soit pas la coutume parmi peut-être la majorité des fidèles au sein de l'OCA, c'est une coutume enracinée de longue date ailleurs. Ce qui est regrettable, c'est qu'en général, l'accent ici n'est ni sur le repentir, ni sur la modification de nos vies, ni sur la recherche du pardon ou de la réconciliation ou d'une union commune avec Dieu ou de son peuple, mais plutôt avec un règlement ou une «obligation» de jeûner pour une période de trois jours. Je pense toutefois que, si c'est la coutume à l'endroit où l'on se trouve, il faut tout d'abord humblement et tranquillement la suivre, plutôt que de créer plus de gêne ou de scandale.
Moi, comme vous, je suis allé dans des pays traditionnellement orthodoxes à plusieurs reprises, et moi, comme vous, j’ai également était témoin de telles attitudes. Je dirais cependant que le retour à la Table du Seigneur se produira dans le Temps choisi de Dieu plutôt que dans le nôtre.
En Russie, par exemple, on est susceptible de trouver les attitudes précises que vous avez rencontrées ci-dessus, même si l'un des saints les plus vénérés à l'heure actuelle, saint Jean de Kronstadt, était un défenseur de la communion fréquente - avec une bonne préparation, cependant. Les icônes de saint Jean le reconnaissent invariablement, car il est généralement représenté en tenant un calice dans sa main gauche en indiquant son ouverture avec sa dextre, dans un geste d'invitation à la Communion. 
Mais il faut garder à l'esprit que, entre le temps oùaint Jean est décédé au début du XXe siècle et le temps où l'Église fut libre de la persécution communiste quelque 80 ans plus tard, beaucoup de choses se sont passées qui ont repoussé considérablement le processus. Par conséquent, si vous considérez les attitudes que vous avez rencontrées à la lumière de la société et du lieu dans lequel elles se déroulent, vous devriez apprécier davantage pourquoi ces attitudes se sont développées et continuent à se perpétuer.
Alors que vous n'avez pas mentionné le pays que vous visitez souvent et que je risque de me tromper en supposant qu'il s'agit d'un pays autrefois communiste, je pense que les mêmes principes pourraient être appliqués, même si vous parlez de terres traditionnellement orthodoxes qui n'ont pas dû endurer la persécution et la répression sous les régimes communistes du passé.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

* Canon 64/ in 85 Canons des Saints Apôtres : S’il se trouve un clerc qui jeûne le saint jour du dimanche, ou les samedis, excepté le seul et unique  samedi-saint, qu’il soit déposé. Si c’est un laïc, qu'il soit excommunié.

mercredi 5 avril 2017

Confession et Communion /3)


3. "Vous avez mangé de la viande avec nous hier soir donc vous ne pouvez pas recevoir les Mystères aujourd'hui."
J'ai même déjà rencontré des prêtres qui avaient mangé avec des laïcs à la veille de la Liturgie, mais qui communiaient en chassant les laïcs avec lesquels ils avaient mangé et bu la veille. L'esprit de cette réglementation est, encore une fois, trouvé dans une préparation appropriée pour l'Eucharistie: on ne doit pas "faire la fête profane" la nuit avant l'accueil de l'Eucharistie. Bien sûr, si l'on a «bien fait la fête»  la veille de la Liturgie, il faut s'abstenir de recevoir l'Eucharistie; Cependant, si l'on partage simplement un repas normal du samedi soir, cela ne devrait pas être un obstacle. 
Tout le monde ne comprend pas « l’esprit» de la réglementation, qui doit également être reconnu humblement sans jugement, ce qui peut amener certains individus à sentir que manger, même dans le but de se maintenir, n'est pas autorisé. En outre, il y a aussi ceux-ci étendent le règlement qui stipule que rien ne doit être pris par la bouche à partir de minuit la nuit avant que l'on ne reçoive l'Eucharistie au N-ième degré, ce qui interdit que rien ne soit  mis en bouche, pas seulement à partir de minuit, mais pour une période plus longue. 
Ce n'est que mon avis, mais si l'on s'associe à des individus qui croient que manger à la veille de l'Eucharistie, sans fête, ni boisson et beuverie, est un obstacle à la réception de l'Eucharistie, il faut éviter de manger avec ces individus, en optant pour manger seul, ou pour manger avec ceux, pour ainsi dire, ne sortent pas de la lettre de la loi.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après