Père Dimitry Torchine: LES VOIES DE DIEU ET CELLES DES GENS (1)

Avec Père Héliodore

Que se passe-t-il lorsque les gens suivent la volonté de Dieu, aussi étrange ou inattendue que cela puisse paraître, et que se passe-t-il quand ils s'obstinent à suivre leur propre voie? Trouvez la réponse dans ces trois histoires du Père Dimitry Torchine, prêtre de l'église de la Dormition au village d'Ozerskoye (Podborki) près de Kozelsk.

Première histoire

"Sans Moi, vous ne pouvez rien faire"

Un de mes amis était un homme riche qui vivait à Moscou et il possédait un centre de réparation de voiture à succès. Il avait fait cinquante pour cent avec son ami et a investi une grande quantité d'argent dans cette entreprise. Tout semblait aller bien et il gagnait beaucoup d'argent. Cependant, il se sentait parfois déprimé et frustré, comme si quelque chose manquait dans sa vie, quelque chose qui était plus important que d'être capable d'acheter toutes les choses qu'il voulait avoir.

Par chance, il rencontra un jour l'archidiacre Héliodore du monastère d'Optina et cette rencontre l'incita à changer sa façon de penser. Soudainement, il s'est rendu compte qu'il y avait une composante spirituelle à la vie et que cette composante spirituelle était plus importante que la composante matérielle.

Un jour, il a demandé au Père Héliodore, "Comment puis-je changer ma vie?"

L'archidiacre l'a envoyé au staretz Père Elie (Nozdrine). Sans tourner autour du pot, le Père Elie a dit à l'homme d'affaires: «Laisse tes affaires et déménage à Belev."

Staretz Elie

Ces mots frappèrent l'homme d'affaires comme un coup de foudre dans un ciel bleu. Comment pourrait-il quitter sa vie bien établie à Moscou et abandonner son entreprise prospère? De plus, retirer sa moitié de l'entreprise mettrait en faillite son partenaire commercial ...

En entendant ces arguments, le staretz a répondu: "Laisse cet argent à ton partenaire."

Mon ami a accepté de tout cœur les paroles du staretz, croyant inconditionnellement que c'était là la Divine Providence pour lui. Il a donc signé tous les papiers nécessaires pour transférer le titre à son partenaire, a fait venir son épouse (qui travaillait à l'hôtel de ville de Moscou), a entré Belev dans son GPS et s'est mis en route vers l'inconnu.

On peut facilement imaginer Belev, une petite ville reculée avec deux rues pavées (les autres rues sont des chemins de terre). Le staretz donna sa bénédiction à la famille de l'homme d'affaires pour déménager à Belev, mais de toute évidence, ils n'avaient aucun lieu où vivre dans cette ville inconnue. Donc, quand ils sont arrivés, ils se sont tout simplement rendus au bout de la rue pavée et se sont ensuite dirigés vers un chemin de terre. Après avoir dépassé quelques maisons simples, ils ont atteint une impasse.

Ils sortirent et demandèrent aux passants si quelqu'un vendait une maison aux alentours.

Les passants ont répondu: "Il se trouve que cette maison près de vous est à vendre."

La famille s'est installée dans cette maison. L'ancien homme d'affaires a entrepris de rénover l'ancien monastère voisin qui avait été désolé depuis l'époque soviétique. Il rassembla une petite équipe de travailleurs qui utilisaient des brouettes pour enlever les débris des bâtiments déserts d'énormes églises à deux étages. Le staretz Elie aida cette équipe en priant et ils obtinrent des sponsors presque immédiatement. Avec le soutien des sponsors, la construction progressa à un rythme beaucoup plus rapide, toujours géré par l'ancien homme d'affaires. C'était un bon architecte, car sa formation était en architecture.

Belev

    

Il se souvint des choses qu'il connaissait et il laissa transparaître son talent architectural. Il  commença également à apprendre à prier, et sa vie s'épanouit et prit plus de sens. Ses yeux étaient pleins de lumière, il n'y avait chez lui aucun signe de dépression et sa femme qui l'aimait beaucoup était heureuse que son mari soit heureux et ne soit plus déprimé.

Il va sans dire qu'au début, ils n'avaient pas l'abondance et la richesse matérielle dont ils jouissaient à Moscou, mais finalement Dieu  géra tout de façon miraculeuse.

Par exemple, un jour son voisin lui offrit plusieurs vieilles maisons de briques d'avant la révolution, dans un village, à un prix ridiculement bas. Il utilisa ces briques  pour construire une excellente maison. Tous les autres problèmes ont été résolus de la même manière.

Avec le temps, le père Elie lui donna sa bénédiction de s'adresser au département de correspondance du séminaire théologique et il le fit volontiers. Simultanément, ils découvrit que la maison qu'il avait initialement achetée appartenait auparavant à un prêtre et que, dans la zone adjacente, il y avait une église détruite à l'époque soviétique.

Tout se mit en place. Maintenant, il prévoit de restaurer cette église et d'y servir, si Dieu le veut.

Quand je le croise ces jours-ci, je vois une lumière vive dans ses yeux. Il est évident qu'il vit pleinement sa vie, sans aucune frustration, et qu'il a tellement de joie spirituelle qu'il peut facilement la partager avec les autres.

Cependant, une telle bénédiction n'est accordée à personne; les gens la gagnent en abandonnant leur autonomie et en mettant leur confiance en Dieu et dans Ses voies.

Malheureusement, cela n'arrive pas toujours, car parfois les gens décident qu'ils peuvent construire tous seuls leur bonheur sur la terre, même contre la volonté de Dieu. Peu importe à quel point une telle décision peut sembler tentante, malheureusement elle finit toujours tragiquement, car Dieu a dit: Sans Moi, vous ne pouvez rien faire.

L'histoire suivante parle d'un choix si tragique.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Orthochristian com