"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 28 mai 2021

Métropolite Antoine (Pakanitch) : « Le psaume à lire dans la maladie et la souffrance »


 Le psaume 6, c’est le livre de Job en miniature, il nous enseigne la juste attitude envers les souffrances. Job, un homme riche, de juste vie, bénéficiant d’un respect énorme, « le plus considérable de tous les fils d’Orient » (Job 1,3), se trouve soudain privé, en quelques heures, d’une immense propriété, de dizaines d’enfants, qui ont péri pendant un banquet sous des ruines, et de la santé.

Souffrant, de façon insupportable, physiquement et moralement, il cherche du soutien et de la consolation chez ses proches, mais, hélas, il ne trouve aucune aide en la personne de son épouse, qui l’a quitté, lui conseillant de « maudire Dieu et mourir », et pas non plus chez ses amis qui l’accusaient et le couvraient d’opprobres, au lieu de lui donner des paroles de consolation.

À un certain moment, Job pensa que Dieu Lui-même s’était détourné de lui, qu’Il avait oublié son existence, ses souffrances, restait sourd à ses demandes. Il ne comprenait pas pourquoi un tel chagrin l’avait atteint : il était un homme intègre, juste et craignant Dieu, il s’éloignait du mal. En quoi résidait sa faute, en quoi était-il coupable envers Dieu ? Qu’est-ce qui donnait lieu à ces outrages à Job, ces souffrances non méritées ?

Ces lignes du Psaume 6 répètent en quelque sorte les gémissements de Job : « Seigneur, ne me reprends pas dans Ta colère, et ne me châtie pas dans Ton irritation. Aie pitié de moi, Seigneur, car je suis sans force ; guéris-moi, Seigneur, car mes os sont troublés, et mon âme aussi est dans un grand trouble ; mais Toi, Seigneur, jusques à quand ? Reviens, Seigneur, délivre mon âme, sauve-moi à cause de Ta miséricorde ; car dans la mort, nul ne se souvient de Toi, et dans les enfers, qui Te confessera ? Je me suis fatigué à gémir ; de mes larmes, chaque nuit, je baigne ma couche, de mes pleurs, j’inonde mon lit. Ta colère a troublé mon œil, j’ai vieilli parmi tous mes adversaires ».

Ces lignes sont un cri de douleur, une lamentation de l’âme. Elles viennent d’un cœur contrit, qui éprouve l’horreur, le désarroi et de terribles souffrances.

Et tout comme Job n’a pas trahi Dieu, n’a pas commencé à Le blasphémer, de même notre âme, dans les minutes les plus terribles, doit se frayer un passage à travers les ténèbres, la souffrance, les tourments et l’affliction, puis renaître, sortir vers la lumière et la foi inébranlable dans le Seigneur.

Il est incroyablement difficile à tout homme de parvenir à comprendre le sens des souffrances, surtout si elles ne sont pas méritées. Nous n’arriverons jamais à deviner complètement ce mystère. Mais l’histoire qui s’est produite avec Job permet de l’entrouvrir légèrement. Cette histoire montre que le Seigneur permet des épreuves non pas seulement pour le péché, Il a aussi d’autres causes et buts (dans le cas de Job, le Seigneur a permis à Satan de tenter le juste). C’est ainsi que les martyrs et les confesseurs ont été exposés à des souffrances et des tortures, afin de se renforcer encore plus dans la foi, de ne pas trahir Celui qui les a élus, leur confiant de porter les couronnes du martyre.

L’épreuve du juste Job nous rappelle, à nous les croyants, que quelles que soient les épreuves, même si elles nous semblent non méritées, nous ne devons pas renier Dieu. On peut questionner, comme Job, mais en aucun cas murmurer et blasphémer. Il faut faire entièrement confiance à Dieu, à Sa volonté, espérer en Lui. Alors le Seigneur nous justifiera, tout comme Il a justifié Job.

Les versets finaux du psaume 6 en parlent : « Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’iniquité, car le Seigneur a exaucé la voix de mes larmes. Le Seigneur a exaucé ma supplication, le Seigneur a accueilli ma prière. Que tous mes ennemis rougissent et soient dans le trouble, qu’au plus vite ils retournent en arrière, couverts de honte ».

Le psaume comprend dix versets. En eux est placée toute la vie : tous nos doutes et craintes, nos plaintes et nos ressentiments, peines et regrets. 10 étapes, de l’incroyance à la foi, de la mort à la vie, de l’inexistence à l’éternité.

Chaque verset est comme un tir rapide et puissant, qui atteint exactement son but. Dans ce psaume, bref et parfait, est montré de façon étonnante la profondeur de l’âme qui s’humilie devant la beauté et la majesté de Dieu.

Nous sommes tous les enfants de Job le très éprouvé. Nous grandissons, nous faisons des plans, nous festoyons, et dans l’instant suivant, nous croulons déjà sous les ruines des passions. Le juste Job a été justifié et sauvé, mais nous, avons-nous suffisamment d’esprit et de foi ?

Version française Bernard Le Caro

d'après

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