"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 5 mars 2016

Père Peter Alban Heers: LE MYSTÈRE DU BAPTEME ET L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (5 et Fin)

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Epilogue: Une question de foi
Peu de jours après que ce document ait été présenté, un autre accord œcuménique a été annoncé. L'Eglise évangélique d'Allemagne (EKD) principale dénomination protestante -de ce pays, et le Patriarcat œcuménique de Constantinople ont signé un accord pour reconnaître leurs baptêmes respectifs. L'accord a été résumé comme suit dans un article paru le 6 octobre dans International Ecumenical News [Nouvelles œcuméniques internationales]:
Aux termes de l'accord annoncé après une réunion en septembre à Istanbul, les chrétiens qui se convertissent d'une confession à l'autre ne seront pas baptisés à nouveau. La déclaration commune qui a été signée, a déclaré que «bien que n'existe pas encore de communion ecclésiale entre nos Eglises, nous considérons que les membres de l'autre Eglise comme étant baptisés et dans le cas d'un changement de confession, nous rejetons la possibilité de faire un nouveau baptême. L’accord a été signé par le Métropolite d’Allemagne Augustin du Patriarcat œcuménique et l'évêque Rolf Koppe, responsable des relations étrangères pour l'EKD. Dr. Dagmar Heller, l'agent responsable à l'EKD de l’œcuménisme et de l'Orthodoxie a déclaré que «Au cours de nos négociations le Métropolite Augustin a souligné que le Patriarcat œcuménique en Allemagne n'a pas baptisé de convertis depuis de nombreuses années. Mais la signature de ce document aide à lutter contre les malentendus et les préjugés.» Plus tôt cette année, une importante réunion du Conseil œcuménique des Églises a mis en évidence l'importance de la reconnaissance mutuelle du baptême, considéré par certains comme offrant actuellement le moyen le plus prometteur de promouvoir l'unité de l'église. En 2003, alors secrétaire général du COE, Konrad Raiser, a dit qu'il y aurait «une« révolution copernicienne » dans le dialogue œcuménique, si les églises en venaient vraiment à reconnaître le baptême de l'autre.»
Il y a plusieurs questions importantes à noter et analyser ici. Tout d'abord, cet accord continue clairement le chemin mentionné précédemment, à savoir la reconnaissance du baptême hétérodoxe en soi (en soi, en dehors de la conversion à l'orthodoxie) et supprime la possibilité même de l'économie, car ici l'économie est devenue la Règle. Car que reste-t-il là à compléter par «l’économie», si la plénitude de la grâce baptismale existe déjà parmi les hétérodoxes?
Deuxièmement, contrairement à ces accords conclus à Balamand et aux U.S.A., cet accord a été conclu à Constantinople, au Phanar, et signé par l'évêque d'une église locale. Dans le passé, comme moyen d'adoucir la critique, il a été affirmé que ces décisions œcuméniques étaient seulement suggérées par les théologiens dans le dialogue et non pas des décisions des évêques locaux. Avec les pactes signés en Allemagne et en Australie nous avons affaire non pas à des commissions de théologiens ou des accords théologiques qui ne sont pas encore appliqués, mais à des diocèses locaux (Églises) qui, avec leurs évêques signent confessions de foi. Ils croient et confessent-qu'il n'y a pas de différence entre le baptêmes orthodoxe et le baptême hérétique, qu'ils sont un seul et même baptême,le «seul baptême» du Symbole de la foi (Credo de Nicée). Ceci est un défi direct à la foi de tous les chrétiens orthodoxes dans le «seul baptême pour la rémission des péchés» et la croyance que cette « église une» du Credo est l'Eglise orthodoxe.
A chaque chrétien orthodoxe, en substance, on demande: Croyez-vous et confessez-vous que le baptême orthodoxe et le baptême hétérodoxe sont un seul et même baptême, sont tous deux «un seul baptême pour la rémission des péchés»? Si, toutefois, vous acceptez que le «un seul baptême" que nous confessons dans le Symbole de la foi est le même que ce «baptême» effectué par les hétérodoxes, il en résulte que la «seule Église» est identifiée avec une «église» de laquelle les hétérodoxes font également partie.
En outre, si les hétérodoxes sont baptisés dans le Christ et dans la vie du Christ, ont "revêtu le Christ" dans le baptême, alors ils ne manquent rien de la grâce de Dieu et sûrement la seule chose qui les empêche de partager la Sainte Communion avec les orthodoxes est les préjugés et les malentendus. Car, si la vérité dogmatique n’est plus un critère nécessaire à l'adhésion dans l'Eglise, nous ne trouvons pas d'autres raisons que les préjugés et les malentendus pour nous abstenir de l'union.
On peut s'attendre à des revendications selon lesquelles rien n'a changé, que la pratique de recevoir les hétérodoxes «κατ 'οικονομίαν [par l’économie]» par chrismation était la norme depuis des décennies et elle continuera de l'être. Si la pratique n'a pas changé, pratique dont saint Nicodème l’Athonite remet  en question la façon dont elle est interprêtée-il est entendu qu’elle a certainement changé [à présent]. Bien que nulle part dans l'accord il est indiqué que le baptême hétérodoxe est considéré par les orthodoxes comme inactif ou défectueux, certains justifient maintenant la décision au motif que les orthodoxes considèrent le baptême hétérodoxe être un baptême «ν δυνάμει [potentiel]», et pas «ν νεργεία [actif]». Outre le fait que cela n’est indiqué nulle part dans l'accord-et donc fait apparaître les orthodoxes comme des jésuites (en disant une chose et en en pensant une autre) - le «baptême» ν δυνάμη »est inconnu chez les Pères. Quel Père a jamais parlé de mystères existants «ν δυνάμη» parmi les hétérodoxes?
Chers chrétiens orthodoxes, le témoignage canonique et patristique est clair. Les Canons apostoliques 46 et 47 déclarent respectivement: «Nous ordonnons que l'évêque ou le prêtre qui a reconnu le baptême ou le sacrifice des hérétiques soit défroqué. Quel accord a Christ avec Bélial? Ou qu’a un croyant de commun avec un incroyant? (Cf 2 Cor. 6:15) et «Si un évêque ou un presbytre baptisent à nouveau quelqu'un qui a eu un vrai baptême, ou ne parviennent pas à baptiser quelqu'un qui avait été pollué par les impies, qu'il soit défroqué, au motif qu'il se moque de la Croix et de la mort du Seigneur, et ne parvient pas à distinguer les prêtres des faux prêtres ».
Plus important, cependant, que même la nature anti-canonique de ces accords, si elle est possible, est l'implication que des différences fondamentales dans la foi ne nous empêchent d'effectuer l'union avec les hétérodoxes. Ce que nous avons ici, n’est rien moins qu’une «fausse union, » pure et simple : l’union des églises dans le « baptême unique» de l'Église. Une confession de foi a été posée, celle qui dit que le «seul baptême» est tout baptême, que ce soit effectué à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Eglise, par un chrétien orthodoxe ou hétérodoxe, selon la forme apostolique ou non. En outre, par voie de conséquence, cette nouvelle confession de foi soutient également que, puisque nous partageons  «un seul baptême» avec les hétérodoxes, et jouissons d'une union dite partielle avec eux, ils sont également membres de l'Eglise, même si d’une certaine façon, il y a peut-être "ecclésiastiquement un manque"»
Tout chrétien orthodoxe, et surtout  tout berger orthodoxe est appelé à résister à cette nouvelle «confession de foi» en paroles et en actes et à être toujours prêts à donner une réponse à tout homme qui demande raison de l'espérance qui est en [lui] (1 Pet . 3:15).
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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