"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 4 mars 2016

Père Peter Alban Heers: LE MYSTÈRE DU BAPTEME ET L'UNITÉ DE L'ÉGLISE L'idée « d’Unité Baptismale » et son acceptation par les œcuménistes orthodoxes (4)

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Pour nos besoins ici, ce qui devrait être évident est le rôle important de la théorie catholique romaine de «l'unité de baptême» mentionnée dans cet accord. Dans cette brève analyse du document, le Métropolite Hierotheos (Vlachos) de Nafpaktos déclare la fausseté de l ' «unité de baptême» et à juste titre l'identifie comme simplement une autre version de «la théorie des branches, » amplement condamnée. Il a écrit qu'il est «évident que les [ orthodoxes] œcuménistes comprennent l'acceptation du baptême des hérétiques (catholiques et protestants, qui ont modifié le dogme de la Sainte Trinité et d'autres dogmes) pour signifier l'acceptation du statut ecclésial des corps hérétiques et, pire encore, que les deux «Églises» latine et orthodoxe, sont unies en dépit de petites différences, ou que nous venonsons de la même Église et devrions chercher à y revenir, formant ainsi la seule et unique Eglise. Ceci est une expression flagrante de la théorie des branches» . [39]

Une expression de la théorie des branches sur la base d'un «baptême commun» est aussi clairement trouvée dans un texte adopté et signé par les œcuménistes orthodoxes à l'Assemblée Œcuménique européenne du Conseil des Eglises européennes en juin 1997. Nous y lisons: «Dans l'eau du baptême, nous reconnaissons la présence de l'Esprit, qui est la source de toute vie et nous fait parties du corps du Christ. « [40] «nous recommandons que les églises. . . cherchent à obtenir une reconnaissance mutuelle du baptême entre toutes les églises chrétiennes. "[41]

Enfin, en juillet de cette année (2004), les diocèses australiens des patriarcats de Constantinople, d'Antioche et de Roumanie ont signé le soi-disant "Document d’Accord" du Concile national des Eglises d'Australie, par lequel ils reconnaissent le sacrement du baptême administré dans les communautés hétérodoxes (catholiques, non-chalcédoniennes, anglicanes, luthériennes, congrégationaliste et Unies) et promeuvent l'utilisation d'un «certificat de baptême» commun. [42] Autrement dit, les hiérarques orthodoxes en Australie, et par implication à Constantinople, Damas et Bucarest, ont reconnu le baptême comme existant en soi dans les confessions hétérodoxes. Bien que sans précédent pour les orthodoxes, cet accord est conforme à la déclaration du Concile Vatican II, à savoir que «les hommes qui croient en Christ et ont été correctement baptisés sont amenés dans une certaine communion, bien qu'imparfaite, avec l'Église catholique… tous ceux qui ont été justifiés par la foi dans le baptême sont incorporés au Christ; ils sont donc avec de bonnes raisons acceptés comme des frères par les enfants de l'Eglise catholique. [43]. . . Le baptême est donc le lien sacramentel de l'unité, en effet le fondement de la communion entre tous les chrétiens. »[44] (souligné dans l'original)

Conclusion: Appel pour un retour à la rigueur


Les points de vue présentés par ces théologiens et hiérarques orthodoxes sont clairement en résonance avec ceux soutenus par les théologiens catholiques, en particulier les vues exprimées et développées depuis le Concile Vatican II. Ce sont des vues qui sont contre le consensus patristique et les canons de l'Eglise; vues qui compromettent l'intégrité de l'Eglise et entravent sa mission. Par-dessus tout, ce sont des vues qui ne respectent pas la prééminence de la foi à l'égard de l'unité-tout type d'unité, qu’elle soit soi-disant «partielle» ou «complète». Comme saint Jean Chrysostome l’a déclaré: «Quand tous croient semblablement, alors l'unité existe ». [45]

Le témoignage patristique sur la question du baptême hérétique n'a jamais été remis en question, malgré les affirmations récentes du contraire. Saint Athanase le Grand, par exemple, a clairement considéré la foi droite c,omme indispensable pour l'accomplissement d'un baptême authentique et qui donne la Grâce. Ses paroles expriment succinctement le consensus patristique:

Pour cela, par conséquent, le Sauveur n'a pas non plus commandé simplement Baptisez, mais Il a d'abord dit, Enseignez; et puis: Baptisez au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; afin que la foi droite puisse suivre l'apprentissage, et qu’en même temps que la foi puisse venir la consécration du baptême. Il y a beaucoup d'autres hérésies, aussi, qui utilisent les noms seulement, mais pas dans un sens droit, comme je l'ai dit, ni avec la foi correcte, et en conséquence l'eau qu'ils administrent est sans profit, comme déficiente en piété, de sorte que celui qui est aspergé par elles est plutôt pollué par l’irréligion que racheté. [46] (souligné par moi).

Hélas, le genre de clarté et la franchise avec laquelle saint Athanase parle manquent grandement. En effet, dans la vision papiste-œcuméniste du baptême et de l'Église, il y a confusion et contradiction intérieure incroyable, ce que nous sommes encouragés à croire est vraiment paradoxal ou antinomique. [47] Cela n’est pas. C’est tout simplement trop logiquement tordre la réalité afin de se conformer aux formes dysfonctionnelles de la vie chrétienne occidentale. [48] Et pourtant, «l’unité baptismale» représente la pensée dominante dans les milieux œcuméniques, y compris parmi les œcuménistes orthodoxes. Là est la grande tragédie et parodie du «témoignage» orthodoxe dans le mouvement œcuménique. En embrassant la théorie dite de «l'unité primordiale» dans le «baptême un, et commun» les œcuménistes orthodoxes ont opposé la charité à la vérité et encore obscurci l'actuel «désunion.» [49]

Que faut-il faire pour l'instant, face à cette infidélité? Comme dans le passé, lorsque «la clémence semblait mettre en danger le bien-être du troupeau orthodoxe, en l’exposant à l'infiltration et en l’encourageant à l’indifférentisme et à l'apostasie," [50] l'Église doit «recourir à la rigueur» [51] pour la réception des hétérodoxes. Comme l’a écrit un hiérarque contemporain (et avec cela, je conclus mes remarques): "Quand il y a une telle confusion, il est nécessaire d'adopter une attitude de rigueur, ce qui préserve la vérité: tous ceux qui tombent dans l'hérésie sont hors de l'Eglise et le Saint-Esprit n’œuvre pas pour amener leur déification. "[52]
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavie.ru
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NOTES

[39] Ekklesiastike Parembase, n ° 71 (Décembre 2001) [en grec]. Traduit par et imprimé par Orthodox Tradition, Vol XX, n ° 2, pp. 40-43. Le Métropolite Hierotheos inclut l'extrait suivant du Protopresbytre Georges Dragas ' "Résumé et critique» de la Déclaration d’Accord, dans lequel il conclut que «cette enquête sur la théologie sacramentelle est dénuée de tout fondement ecclésiologique et qu'il interprète-ou d'une manière unilatérale « interprête mal » plutôt -les faits de la pratique sacramentelle orthodoxe, et en particulier vis-à-vis des hétérodoxes à différentes périodes de l'histoire de l'Eglise. Ces recommandations et conclusions et, en effet, l'ensemble de la Déclaration d’accord sont la quintessence de scepticisme occidental. Leur acceptation par les théologiens orthodoxes signale une trahison délibérée des vues orthodoxes et une capitulation devant les perspectives de l'œcuménisme occidental. Ceci est quelque chose que nous devrions rejeter ».

[40] Document final 2, Texte de base, §§ A33.

[41] Document final 3, Recommandations pour l'Action, §§ 1.1

[42] Le texte de l'accord, dit ce qui suit: "Nous sommes d'accord ensemble pour reconnaître le sacrement du baptême administré dans l'église de l'autre, et de promouvoir l'utilisation du certificat commun de baptême. Signé par: L'Eglise anglicane d'Australie, l’Eglise orthodoxe d’Antioche, l'Eglise apostolique arménienne, la Fédération de la Congrégation d'Australie, l’archidiocèse grec orthodoxe d'Australie, l’Église luthérienne d'Australie, l'Eglise catholique romaine d’Australie, l’Eglise orthodoxe roumaine, L’Eglise Unie d’Australie "Pour le document complet voir le site NCCA: www.ncca.org.au/_data/page/2/A_National_Covenant_July_041.doc.

[43] Décret sur l'œcuménisme, chapitre 1, numéro 3.

[44] Répertoire sur l'oecuménisme, chapitre 2, numéro 11.

[45] Saint Jean Chrysostome, Homélie sur Ephésiens, 11.3, P.G. 62-85.

[46] Saint Athanase le Grand, Patrologia Graeca, Vol. XXVI, col 237B (Second Discours contre les ariens, 42-43).

[47] Voir Callam, Neville, Présentation Un seul baptême: vers la reconnaissance mutuelle de l'initiation chrétienne (Faverges II révisée), une conférence également remise à la Commission plénière de la Commission de la Foi et au cours des réunions du 28 juillet - au 6 août 2004, tenue à Kuala Lumpur, en Malaisie. Là, M. Callam, interprétant la déclaration sur le baptême, l'eucharistie et le ministère [BEM, Faith and Order No. 111, Genève: Conseil Œcuménique des Eglises, 1982] indique que «parce que le baptême se produit au sein des communautés particulières avec une identité confessionnelle, c’est la foi de l'église telle qu'elle est exprimée dans cette communauté dans laquelle une personne est baptisée qui détermine-intentionnellement ou comme un fait-l'identité confessionnelle des baptisés »(§52). Parce que ces communautés ne sont pas en pleine communion les unes avec les autres, il en résulte un paradoxe, à savoir que «si le baptême amène les chrétiens dans l'unité du Corps du Christ, qui est Un, dans le même temps, l'emplacement du baptême dans une communauté confessionnelle spécifique signifie que le baptisé fait l'expérience de la désunion avec beaucoup d'autres chrétiens. "On voudrait demander à M. Callam comment les baptisés en Christ, peuvent être désunis entre eux? En cela, il doit être clair que ce «un seul baptême» n’est pas aussi «tous les (soi-disant) baptêmes», car si ceux-ci étaient de vrais baptêmes ils amèneraient le croyant dans l'unité à la fois horizontalement et verticalement, avec le Christ et avec l'Église. Voir aussi Scampini, Père Jorge A, OP, «Nous reconnaissons un seul baptême pour la rémission des péchés»: «Ce« oui »de la foi, dit dans le baptême, qui nous fait membres du Christ et de l'Eglise une, est un oui universel»… Ce «oui» nous incorpore à l'unique Église… Pour un catholique, les baptisés ne sont pas sauvés en dépit d'être orthodoxes, anglicans, luthériens, réformés ou méthodistes, mais en étant orthodoxes, anglicans, luthériens, réformés ou méthodistes. C’est dans cette communauté chrétienne particulière que le «oui» de la foi a été dit. Les parties séparées de l'unique Église sont, malgré le péché des chrétiens, au service de l'unique mystère du salut… Ainsi, en dépit des divisions et des condamnations réciproques, toutes les communautés des baptisés avec un vrai baptême sont en communion dans ce «oui» de la foi… Cependant, en plus de cette unification, divinement inspirée et de ce «oui» transcendant, qui nous amène en communion avec le Christ et dans son corps, un autre «oui» intervient, provoquant la division et le schisme. Ce second «oui» est une réponse à des interprétations particulières de la révélation données dans la forme de Confessions… Par le baptême, nous devenons des chrétiens qui sont aussi catholiques, orthodoxes, anglicans, ou autre chose. Le premier «oui» nous permet de recevoir la réalité de la grâce commune à tous les chrétiens, mais le second «oui» conduit à la perpétuation des signes de division… Il est donc essentiel pour les communautés chrétiennes d’être plus motivées par le désir de la vérité que par la fixation passionnée fermée sur leurs traditions confessionnelles. » La théorie de Père Scampini n’est-elle pas une formulation assez claire de la théorie hérétique des branches, exprimée en termes catholiques? Est-ce qu'il ne nous dit pas que l'Orthodoxie est juste une des nombreuses confessions, et qu’en nous cramponnant à notre « oui »particulier, nous créons des obstacles à l'unité et combattons la volonté de Dieu? En disant oui aux particularités de l'orthodoxie, il affirme que nous disons non à l'unité de l'Eglise. Ainsi, n’oppose-t-il pas clairement la vérité contre la confession orthodoxe de la foi et la Tradition orthodoxe?

[48] ​​Voir: Scampini, Père Jorge A, OP, «Nous reconnaissons un seul baptême pour la rémission des péchés»: «Il ne semble cependant pas clair pour moi que, alors que dans le passé, la tentative a été faite pour répondre à des situations concrêtes, il n'a pas été possible de prévoir toutes les demandes que de nouvelles situations sans précédent nous feraient, ce qui rend peut-être nécessaire de faire ressortir d'autres aspects implicites dans le baptême. "

[49] Fr. Georges Florovsky fut une exception notable. Père Georges rejetait "formellement et fermement ces théories existantes de la désunion existantes, comme la théorie des branches de beaucoup de protestants et l'unité primordiale dans un baptême commun récemment soulignée dans le catholicisme romain, parce que ces deux efforts iréniques et œcuméniques pour trouver un brillant dénominateur commun minimisent plus ou moins le scandale de «désunion», qui pour lui devait plutôt être confronté franchement et il a expliqué en termes de «la véritable [orthodoxe] Église et sécessions.» et il se retourna toute critique de son un peu plus Cyprianic que Stephanic conception de l'unité ecclésiologique et sacramentelle ainsi: L’intransigeance n’est jamais que l’autre nom -méprisant- pour la condamnation » et il reprit:« la séparation fait partie de notre croix. »Ailleurs, il écrit de façon caractéristique: «la charité ne doit jamais être contre la vérité» "Voir: Williams, George H.,« Synthèse néopatristique de Georges Florovsky [en anglais] "in George Florovsky: Intellectuel russe, clerc orthodoxe, Andrew Blane, rédacteur en chef (Crestwood, NY: St. Vladimir Seminary Press, 1993), p. 313.

[50] Ware, Eustratios Argenti, p. 85.

[51] Ibid.

[52] Métropolite Hierotheos (Vlachos) de Nafpaktos, Ekklesiastike Parembase, n ° 71 (Décembre 2001) [en grec].

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