Epilogue: Une question de foi
Peu de jours après que ce document ait été présenté, un
autre accord œcuménique a été annoncé. L'Eglise évangélique d'Allemagne (EKD)
principale dénomination protestante -de ce pays, et le Patriarcat œcuménique de
Constantinople ont signé un accord pour reconnaître leurs baptêmes respectifs.
L'accord a été résumé comme suit dans un article paru le 6 octobre dans
International Ecumenical News [Nouvelles œcuméniques internationales]:
Aux termes de l'accord annoncé après une réunion en
septembre à Istanbul, les chrétiens qui se convertissent d'une confession à
l'autre ne seront pas baptisés à nouveau. La déclaration commune qui a été signée,
a déclaré que «bien que n'existe pas encore de communion ecclésiale entre nos
Eglises, nous considérons que les membres de l'autre Eglise comme étant baptisés
et dans le cas d'un changement de confession, nous rejetons la possibilité de
faire un nouveau baptême. L’accord a été signé par le Métropolite d’Allemagne
Augustin du Patriarcat œcuménique et l'évêque Rolf Koppe, responsable des
relations étrangères pour l'EKD. Dr. Dagmar Heller, l'agent responsable à l'EKD
de l’œcuménisme et de l'Orthodoxie a déclaré que «Au cours de nos négociations
le Métropolite Augustin a souligné que le Patriarcat œcuménique en Allemagne
n'a pas baptisé de convertis depuis de nombreuses années. Mais la signature de
ce document aide à lutter contre les malentendus et les préjugés.» Plus tôt
cette année, une importante réunion du Conseil œcuménique des Églises a mis en évidence
l'importance de la reconnaissance mutuelle du baptême, considéré par certains
comme offrant actuellement le moyen le plus prometteur de promouvoir l'unité de
l'église. En 2003, alors secrétaire général du COE, Konrad Raiser, a dit qu'il
y aurait «une« révolution copernicienne » dans le dialogue œcuménique, si les églises
en venaient vraiment à reconnaître le baptême de l'autre.»
Il y a plusieurs questions importantes à noter et analyser
ici. Tout d'abord, cet accord continue clairement le chemin mentionné précédemment,
à savoir la reconnaissance du baptême hétérodoxe en soi (en soi, en dehors de
la conversion à l'orthodoxie) et supprime la possibilité même de l'économie,
car ici l'économie est devenue la Règle. Car que reste-t-il là à compléter par «l’économie»,
si la plénitude de la grâce baptismale existe déjà parmi les hétérodoxes?
Deuxièmement, contrairement à ces accords conclus à
Balamand et aux U.S.A., cet accord a été conclu à Constantinople, au Phanar, et
signé par l'évêque d'une église locale. Dans le passé, comme moyen d'adoucir la
critique, il a été affirmé que ces décisions œcuméniques étaient seulement suggérées
par les théologiens dans le dialogue et non pas des décisions des évêques locaux.
Avec les pactes signés en Allemagne et en Australie nous avons affaire non pas à
des commissions de théologiens ou des accords théologiques qui ne sont pas
encore appliqués, mais à des diocèses locaux (Églises) qui, avec leurs évêques
signent confessions de foi. Ils croient et confessent-qu'il n'y a pas de différence
entre le baptêmes orthodoxe et le baptême hérétique, qu'ils sont un seul et même
baptême,le «seul baptême» du Symbole de la foi (Credo de Nicée). Ceci est un défi
direct à la foi de tous les chrétiens orthodoxes dans le «seul baptême pour la
rémission des péchés» et la croyance que cette « église une» du Credo est
l'Eglise orthodoxe.
A chaque chrétien orthodoxe, en substance, on demande:
Croyez-vous et confessez-vous que le baptême orthodoxe et le baptême hétérodoxe
sont un seul et même baptême, sont tous deux «un seul baptême pour la rémission
des péchés»? Si, toutefois, vous acceptez que le «un seul baptême" que
nous confessons dans le Symbole de la foi est le même que ce «baptême» effectué
par les hétérodoxes, il en résulte que la «seule Église» est identifiée avec
une «église» de laquelle les hétérodoxes font également partie.
En outre, si les hétérodoxes sont baptisés dans le Christ
et dans la vie du Christ, ont "revêtu le Christ" dans le baptême,
alors ils ne manquent rien de la grâce de Dieu et sûrement la seule chose qui
les empêche de partager la Sainte Communion avec les orthodoxes est les préjugés
et les malentendus. Car, si la vérité dogmatique n’est plus un critère nécessaire
à l'adhésion dans l'Eglise, nous ne trouvons pas d'autres raisons que les préjugés
et les malentendus pour nous abstenir de l'union.
On peut s'attendre à des revendications selon lesquelles
rien n'a changé, que la pratique de recevoir les hétérodoxes «κατ 'οικονομίαν
[par l’économie]» par chrismation était la norme depuis des décennies et elle
continuera de l'être. Si la pratique n'a pas changé, pratique dont saint Nicodème
l’Athonite remet en question la façon dont elle est interprêtée-il est
entendu qu’elle a certainement changé [à présent]. Bien que nulle part dans
l'accord il est indiqué que le baptême hétérodoxe est considéré par les
orthodoxes comme inactif ou défectueux, certains justifient maintenant la décision
au motif que les orthodoxes considèrent le baptême hétérodoxe être un baptême «ἑν δυνάμει
[potentiel]», et pas «ἑν ἐνεργεία [actif]». Outre le fait que cela n’est indiqué
nulle part dans l'accord-et donc fait apparaître les orthodoxes comme des jésuites
(en disant une chose et en en pensant une autre) - le «baptême» ἑν δυνάμη »est
inconnu chez les Pères. Quel Père a jamais parlé de mystères existants «ἑν δυνάμη»
parmi les hétérodoxes?
Chers chrétiens orthodoxes, le témoignage canonique et
patristique est clair. Les Canons apostoliques 46 et 47 déclarent
respectivement: «Nous ordonnons que l'évêque ou le prêtre qui a reconnu le baptême
ou le sacrifice des hérétiques soit défroqué. Quel accord a Christ avec Bélial?
Ou qu’a un croyant de commun avec un incroyant? (Cf 2 Cor. 6:15) et «Si un évêque
ou un presbytre baptisent à nouveau quelqu'un qui a eu un vrai baptême, ou ne
parviennent pas à baptiser quelqu'un qui avait été pollué par les impies, qu'il
soit défroqué, au motif qu'il se moque de la Croix et de la mort du Seigneur,
et ne parvient pas à distinguer les prêtres des faux prêtres ».
Plus important, cependant, que même la nature
anti-canonique de ces accords, si elle est possible, est l'implication que des
différences fondamentales dans la foi ne nous empêchent d'effectuer l'union
avec les hétérodoxes. Ce que nous avons ici, n’est rien moins qu’une «fausse
union, » pure et simple : l’union des églises dans le « baptême unique» de
l'Église. Une confession de foi a été posée, celle qui dit que le «seul baptême»
est tout baptême, que ce soit effectué à l'intérieur ou à l'extérieur de
l'Eglise, par un chrétien orthodoxe ou hétérodoxe, selon la forme apostolique
ou non. En outre, par voie de conséquence, cette nouvelle confession de foi
soutient également que, puisque nous partageons «un seul baptême» avec
les hétérodoxes, et jouissons d'une union dite partielle avec eux, ils sont également
membres de l'Eglise, même si d’une certaine façon, il y a peut-être "ecclésiastiquement
un manque"»
Tout chrétien orthodoxe, et surtout tout berger
orthodoxe est appelé à résister à cette nouvelle «confession de foi» en paroles
et en actes et à être toujours prêts à donner une réponse à tout homme qui
demande raison de l'espérance qui est en [lui] (1 Pet . 3:15).
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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