dimanche 6 mars 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


22 février / 6 mars
Dimanche de l’abstinence de viande ou
du Jugement Dernier

Invention des reliques des saints apôtres et martyrs au quartier d’Eugène à Constantinople (VIIème s.) ; saint martyr Maurice d’Apamée et ses 70 compagnons : Photin, Théodore, Philippe, et les autres (vers 305) ; saint Paschase, évêque de Vienne (310) ; saints Thalasse, Limnée et Baradate ermites en Syrie (Vème s.) ; saint Athanase, confesseur en Bithynie (821) ; saints Gouram, Adarnassé, Bakhar, Vatché, Bardzim, Datchi, Djvanchère, Ramaz et Pharrsam, les 9 enfants lapidés par les païens dans le village de Kola (Géorgie, VIème s.) ; saints néomartyrs de Russie : hiéromartyrs Joseph (Smirnov) et Vladimir (Ilinsky), prêtres, Jean (Kastorsky), diacre et Jean (Perebaskine), martyr (1918) ; hiéromartyrs Michel (Gorbounov), Jean (Orlov), Victor (Moriguerovsky), Jean (Parousnikov), Serge (Belokourov), André (Yasenev), Paul (Smirnov), prêtres, Serge (Voukachine) et Antipe (Kirillov), moines, Parascève (Makarov), moniale, Étienne (Frantov) et Nicolas (Nekrassov), Élisabeth (Timokhine), Irène (Smirnov) et Barbara (Lossev) (1938), André (Gnevychev) (1941), Philarète (Priakhine), moine (1942.

Lectures : I Cor. VIII, 8 - IX,2 / Мatth. XXV, 31-46

LE DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DE VIANDE OU DU JUGEMENT DERNIER

L
a première appellation de ce dimanche s’explique par le fait que commence, dès le lendemain, l’abstinence de viande, et la seconde, par la lecture évangélique du Jugement redoutable universel des vivants et des morts, qui est mentionné dans tout l’office liturgique. Par la mémoire du Jugement, la sainte Église incite plus fortement les pécheurs au repentir et indique le véritable sens de l’espoir même en la miséricorde Divine. Dieu est miséricordieux, mais Il est également le juste Juge, qui rend à chacun selon ses œuvres. Pour cette raison, les pécheurs ne doivent pas se méprendre quant à leur responsabilité pour leur condition morale et faire mauvais usage de la longanimité de Dieu. En nous rappelant le Jugement et en dirigeant nos regards vers « l’examen impartial », la sainte Église nous inspire la pensée de la nécessité impérative du repentir et du redressement de sa vie : « Renonçant en ce jour aux aliments, travaillons avec ardeur à réparer nos fautes dignement ». Tout particulièrement, elle nous appelle au œuvres de charité : « Connaissant les commandements du Seigneur, vivons ainsi : nourrissons les affamés, abreuvons ceux qui sont assoiffés, vêtons ceux qui sont nus, accueillons les étrangers, visitons les malades et les prisonniers, afin que Celui qui viendra juger la terre nous dise : venez les bénis de Mon Père, héritez du Royaume qui vous est préparé depuis la fondation du monde ». A partir de ce jour, nous franchissons « le seuil » du saint carême, selon l’expression liturgique désignant
la semaine qui vient. L’Église, qui mène graduellement les fidèles à l’ascèse du jeûne, les place sur la dernière marche de l’abstinence les préparant au carême par l’interdiction de manger de la viande et la permission de consommer les œufs et le fromage. Ainsi, le passage au jeûne est-il facilité. Dans les hymnes liturgiques de cette semaine, l’Église nous invite à « ne point souiller, par le mal de l’intempérance et de l’ivresse, l’entrée et le seuil du carême ». Il est clair que, selon l’enseignement de l’Église, la semaine des laitages ne doit pas donner lieu à des excès de nourriture et des réjouissances effrénées. St Tykhon de Zadonsk (†1783) dit que « durant la semaine des laitages, les véritables enfants de l’Église doivent agir avec bien plus de tempérance que durant les jours précédents ».

Tropaire du dimanche, 7ème ton
Pазрyши́лъ ecи́ Кресто́мъ Tвои́мъ сме́рть, отве́рзлъ ecи́ разбо́йнику pа́й, мироно́сицамъ пла́чь преложи́лъ ecи́ и aпо́столомъ проповѣ́дати повелѣ́лъ ecи́, я́ко воскре́слъ ecи́, Xpистé Бо́же, да́руяй мípoви вéлiю ми́лость.
Tu as détruit la mort par Ta Croix, Tu as ouvert le paradis au larron,  Tu as transformé le pleur des myrophores, et ordonné à Tes Apôtres de prêcher que Tu es ressuscité,  Christ Dieu, accordant au monde la grande miséricorde.

Kondakion du dimanche du Jugement dernier, ton 1
Егда́ пріи́деши Бо́же на зе́млю co cлáвою, и тpeпе́щутъ вся́ческая ; pѣка́ же о́гненная предъ суди́щемъ влече́тъ, кни́ги paзгиба́ются, и та́йная явля́ются; тогда́ изба́ви мя́ oтъ огня́ неугаси́маго, и cподо́би мя́ одесну́ю Teбе́ ста́ти cyдіе́ пра́веднѣйшій.
O Dieu, lorsque Tu viendras sur la terre dans la gloire et que trembleront toutes choses, un fleuve de feu coulera devant le tribunal, les livres seront ouverts et les secrets révélés. Délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi digne de me tenir à Ta droite, Juge très juste.

AU SUJET DU JUGEMENT DERNIER

Dans l’image de Dieu que l’être humain porte en lui, se trouve le Verbe Divin immortel. En cela est la majesté immortelle et divine même chez l’un des « plus petits » parmi les hommes. Cette vérité évangélique est fondamentale : tout ce que tu fais aux hommes, tu le fais en fin de compte au Christ, au Créateur, au Sauveur, au Juge. Chaque homme porte en lui le Christ, qu’il en soit conscient ou non. Pour cette raison, toute attitude que tu adoptes envers quelque homme que ce soit, chacun de tes sentiments pour un homme, toute pensée sur un homme, revêt une importance infinie et décisive pour toi. Car c’est cela qui définit ton destin éternel dans l’autre monde, c’est en fonction de cela que tu seras jugé. Chaque homme, chaque frère le plus petit, porte en lui tout l’Évangile pour toi ; et de chacun de ces « frères les plus petits » dépend ton salut. En fait, dans l’Évangile sur le Jugement, le Seigneur nous dit cette vérité, cette vérité universelle : ton salut dépend de ton attitude envers le prochain, envers tes frères à l’image du Christ. C’est là tout l’Évangile. Autrement dit : l’homme se sauve et se condamne par le prochain. Néanmoins, comme il est facile de se sauver ! Tu nourris l’affamé en tant que créé par Dieu, et tu es sauvé ! Tu donnes à boire à celui qui est assoiffé, tu es à nouveau sauvé ! Tu reçois un voyageur, encore une fois, tu es sauvé ! Tu rends visite à un malade, tu es renforcé dans le salut ; tu visites un prisonnier, tu es encore une fois sauvé. Ainsi, de jour en jour, tu es le créateur de l’Évangile, et ainsi ton propre sauveur. Car en accomplissant cela, tu t’unis continuellement spirituellement avec le Sauveur : « C’est à Moi que vous l’avez fait ». Le salut n’est rien d’autre que l’union de l’homme avec le Sauveur par les saints Mystères et les saintes vertus évangéliques.
St Justin de Tchélié


LE SAMEDI DE L’ABSTINENCE DE VIANDE

Le premier samedi, dit « universel », consacré à la mémoire des défunts, est celui qui précède le dimanche de l’abstinence de viande. Ce samedi est dit « universel » parce que l’on y fait mémoire de tous les défunts depuis Adam jusqu’à nos jours. Dans les livres liturgiques, il est mentionné « que l’on fait mémoire de tous les chrétiens orthodoxes, de nos pères et frères, qui se sont endormis depuis les siècles ». Il est écrit dans le synaxaire (commentaire du jour ou de la fête, figurant dans les livres liturgiques après le kondakion) : « Les saints Pères ont disposé qu’il convenait de faire mémoire de tous les défunts pour la raison suivante. Nombreux sont ceux qui meurent souvent d’une mort non naturelle, par exemple lors d’un voyage en mer, ou encore sur des montagnes infranchissables, dans des gorges ou précipices ; il arrive encore que certains meurent de faim, du fait d’un incendie, de la guerre, ou du gel. Et qui énumérerait toutes les sortes et tous les genres de mort soudaine et inattendue ? Tous ceux qui entrent dans lesdites catégories sont privés des chants et des prières funèbres. C’est la raison pour laquelle, les saints Pères, mus par l’amour des hommes, ont décidé, sur le fondement de l’enseignement apostolique, d’accomplir cette commémoration universelle, afin que personne, achevant sa vie terrestre de quelque façon, à quelque moment et en quelque lieu que ce fût, ne se vît privé des prières de l’Église ». La fixation du samedi des défunts à la veille du dimanche de l’abstinence de viande remonte à une tradition ancienne, confirmée par le fait qu’elle se trouve dans le Typicon de St Sabbas au Vème siècle. Cette tradition résulte de la coutume pour les chrétiens des premiers siècles de se rassembler dans les cimetières pour commémorer les défunts, ce à quoi font allusion des témoignages écrits du IVème siècle. La raison pour laquelle l’Église a retenu le samedi précédant le dimanche du Jugement Dernier est précisément que nous demandons au Juste Juge de manifester Sa miséricorde en ce jour envers tous les défunts, dont ceux qui sont restés sans enterrement chrétien. En outre, cette commémoration a lieu peu avant le Grand Carême, lorsque nous devons entrer dans une union plus étroite avec les vivants et les morts.


VIE DES NEUF SAINTS ENFANTS MARTYRS DE KOLA (GÉORGIE)[1]

Au VIème siècle, la région de Kola, près des sources de la rivière Mtkvari, au sud-ouest de la Géorgie, était encore en grande partie païenne, et les enfants chrétiens jouaient avec les païens. Comme, le soir venu, lorsque retentissait le signal, les petits chrétiens quittaient leurs camarades pour se rendre à l’église, neuf enfants païens : Gouram, Adarnèse, Baqar, Vache, Bardzim, Dachi, Juansher, Ramaz et Parsman, qui étaient âgés entre sept et neuf ans, voulurent les suivre. Mais, les fidèles les repoussèrent, en leur disant que s’ils voulaient entrer dans l’église, ils devaient croire au Christ et être baptisés. Avec grande joie, les enfants répondirent qu’ils désiraient recevoir le saint baptême. Le prêtre ayant été averti, il les emmena de nuit au bord de la rivière gelée et lorsqu’il les plongea dans l’eau, celle-ci devint chaude et des anges apparurent aux jeunes néophytes en chantant l’Alléluia. Ils décidèrent de rester auprès des chrétiens, mais lorsque leurs parents apprirent la nouvelle, ils les traînèrent de force en dehors de l’église en les frappant. Restant sept jours sans nourriture ni boisson et endurant les mauvais traitements de leurs parents, les saints  enfants ne cessaient de déclarer : « Nous sommes chrétiens, et nous ne mangerons ni ne boirons rien de ce qui a été offert aux idoles ! » Comme aucun argument ne pouvait les faire fléchir, après avoir reçu du prince licence de faire subir à leurs enfants ce que bon leur semblerait, leurs parents creusèrent une fosse profonde à l’endroit du baptême. Ils y jetèrent leurs enfants, leur fracassèrent le crâne à coups de pierres, puis, aidés du reste de la population, ils recouvrirent la fosse. Quant au prêtre qui avait célébré le baptême, ils le frappèrent à la tête et le chassèrent de l’endroit après s’être emparé de tous ses biens.


[1] Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petras

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