"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 19 novembre 2023

Une icône unique au monde


 Comment le saint archange Michel a été "peint" avec du sang et de la terre

Chaque année, le 8 novembre, notre Église orthodoxe célèbre les saints Michel et Gabriel, connus comme chefs de l'armée angélique. Il s'agit de la dernière grande fête de l'Orthodoxie, célébrée avant le début du glorieux Carême. Plus d'un million de Roumains célèbrent le jour de leur fête onomastique ce jour-là, parmi lesquels, sans doute, beaucoup de nos amis et de nos proches.

Si, les années précédentes, nous avons porté à votre attention,  quelques considérations historiques et étymologiques, liées à l'origine et à la signification des noms Michel et Gabriel, ainsi que de leurs dérivés, et quelques aspects de la signification des symboles présents dans les icônes byzantines des Saints Archanges, cette année, nous avons pensé aborder un sujet que peu de gens connaissent. Plus précisément, à l'occasion du 8 novembre, nous vous proposons de lire quelques informations intéressantes sur une icône spéciale de saint Michel Archange, spéciale au sens propre du terme puisqu'il s'agit de la seule icône en relief dans tout le monde orthodoxe. Qui l'a peinte, de quelle manière et quelle est son histoire, découvrez-le dans les lignes ci-dessous !

Avant de présenter la merveilleuse histoire, il est important de rappeler que les Saints Archanges forment l'un des neuf choeurs angéliques (plus précisément le huitième choeur angélique), qui sert Dieu sans relâche et communique Sa volonté aux hommes. Le nom "Michel" vient de l'hébreu "Miha'El", un terme composé de mi, (qui) ; ke, (comme) ; El (abréviation de Elohim, "Seigneur des Puissances", le Nom de Dieu dans l'Ancien Testament). Le mot se traduit par "Qui est comme Dieu ? Saint Michel est l'archange qui porte toujours une épée flamboyante, ayant été désigné par Dieu pour garder les portes du Ciel après l'expulsion de nos ancêtres, Adam et Ève, punis pour le péché de désobéissance au commandement de Dieu. 

Dans l'Apocalypse, il est mentionné que l'archange Michel conduira les armées angéliques dans la bataille contre le Diable, ce qui est confirmé par les représentations iconographiques dans lesquelles il est représenté comme un prince tenant une lance dans sa main droite, transperçant le Diable avec celle-ci et portant le signe de la Sainte Croix à l'extrémité et un rameau de pin à gauche.


Icône de l'île de Lesbos

Pour en revenir au sujet de notre article, en effet, le 8 novembre habille en habits de fête l'île de Lesbos et notamment le monastère du village grec de Mandamados, situé dans la partie nord-est de l'île. 

La raison ? Des milliers de pèlerins viennent ce jour-là offrir leurs prières et leur gratitude au saint archange Michel et honorer son icône comme il se doit. Et cette icône n'est pas comme celles que l'on voit habituellement dans les églises ou dans nos coins de prière... c'est une icône qui raconte sa douloureuse histoire à travers les âges à tous ceux qui prennent le temps de l'écouter.

Son histoire remonte aux environs du XIe siècle, lorsque des pirates sarrasins menés par Sirchan envahirent l'ancien lieu monastique dédié à saint Michel Archange et tuèrent tous les frères et moines du monastère, sauf un. Le frère Gabriel se trouvait dans l'autel et, rapide et fougueux, il grimpa rapidement sur le toit de l'église. Entendant les bruits, les pirates sortirent et commencèrent à escalader les murs pour l'attraper. Mais à ce moment-là, un grand rugissement se fit entendre et, de nulle part, apparut un guerrier immense et redoutable qui, avec une épée de feu, commença à frapper d'effroi les cœurs des envahisseurs, qui quittèrent immédiatement le monastère. 

Comprenant qu'il ne s'agissait de rien d'autre que du Saint Archange Michel, le frère Gabriel courut dans l'église et, tombant devant son icône, le remercia de l'avoir laissé vivre, priant avec beaucoup de larmes et une douleur sans bornes pour les âmes de ses frères. 

Lorsqu'il leva les yeux, il vit que le visage de l'archange était différent de celui qu'il connaissait... il avait une bonté paternelle, une douceur et une joie comme s'il était vivant. Alors, inspiré comme par l'Esprit Saint, il prit une éponge, recueillit pieusement le sang des moines dans un récipient, le mélangea à de la terre et commença à modeler son icône. Dès qu'il commença cette mission, le frère sentit clairement l'aide de l'Archange. "Ses mains, comme poussées par une puissance invisible, esquissèrent avec l'argile, rapidement et sûrement, l'image de l'archange Michel. C'est-à-dire le visage qu'il avait vu sur le toit de l'église, le visage effrayant, mais avec la grâce divine", dit la tradition locale.

Depuis lors et jusqu'à ce jour, l'icône de l'archange Michel se trouve dans le monastère de Mandamados, aidant les habitants de l'île dans toutes leurs difficultés, ils invoquent leur protecteur avec espoir : "Saint Archange, aie pitié de moi !  Chaque année, les fidèles se rassemblent pour célébrer cette icône au cours d'une procession religieuse et d'autres événements spécifiques au site. La procession est un moment spirituel spécial pour la communauté locale, mais aussi pour les pèlerins d'autres régions de Grèce et du monde orthodoxe en général, qui viennent ici pour vénérer et remercier le saint archange Michel.

L'archimandrite Daniil Gouvalis, abbé de l'église d'Agia Paraskevi à Malakasas, raconte dans son livre "The Miracle of Faith" que le Saint Archange change de visage en fonction des fidèles qui viennent à lui : "Il accueille certains avec gentillesse, lorsque son visage prend des couleurs, comme s'il était vivant. Il en accueille d'autres avec un visage sombre et inspirant la peur. Par exemple, lorsque l'île fut conquise par les Turcs, ceux-ci n'osèrent pas s'approcher de cette église de l'icône, par crainte de l'archange. Parfois, des perles de sueur apparaissent sur le front de l'archange, recueillies par les fidèles en guise de bénédiction".

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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