Cellules
de l'Ermitage à Karoulia
Sa
nourriture habituelle était le fruit du nopal (Figuier de Barbarie/cactus) dont
Karoulia abonde, car il semble avoir été planté il y a très longtemps et s'est
tellement multiplié depuis qu'il s'est répandu partout sur les rochers. Le Père
Philarète prenait ses fruits, qu'ils soient frais ou secs, et les écrasait tels
quels, avec des épines... Puis il les mélangeait avec du son et les consommait
crus ou cuits...
Il
avait une grande révérence et une grande admiration pour la Très Sainte Génitrice
de Dieu ; chaque fois qu'il prononçait son Nom, des larmes coulaient de ses
yeux. Chaque fois qu'il entendait des hymnes de l'Église, en particulier « Il
est digne en Vérité… ", il éclatait en larmes, et son cœur débordait de
joie et de jubilation.
Un
jour, le Père Daniel dit au staretz Philarète :
"Père
Philarète, je t’ai observé pendant longtemps et je vois que lorsque nous
chantons les psaumes tupleures au lieu de te réjouir avec tous les autres.
Pourquoi ? Qu'est-ce qui te fait pleurer exactement ?"
Il
répondit avec hésitation :
"Quand
j'entends les frères chanter des psaumes, je voyage de la terre au ciel dans
mon esprit et il me semble que j'entends les anges de Dieu chanter. Mon âme se
réjouit tellement que mes yeux se remplissent de larmes de joie. Une autre
fois, sentant mon péché, je pleure, incapable de chanter avec ces anges
terrestres de Dieu. Et alors mes larmes se mettent à couler plus intensément
car je pense que si je ne peux pas chanter à l'unisson avec ces frères ici sur
terre, comment deviendrai-je digne de glorifier le Seigneur notre Dieu et de
chanter Son nom en harmonie avec les hiérarchies célestes des anges, indigne et
pécheur que je suis ? Avec toutes ces pensées, mon frère, de mes yeux coulent
toujours des larmes de joie et de tristesse, et dans mon âme je commence à
glorifier le Nom très saint, précieux et glorieux du Seigneur notre Dieu".
Vers
la fin de sa vie
Ayant
atteint l'âge de quatre-vingts ans, après des labeurs ascétiques austères, le
staretz Philarète devint physiquement faible, mais ses pensées et son zèle pour
la vie spirituelle se renforcèrent et augmentèrent, comme le dit l'Apôtre Paul
: Car nous savons que si notre maison terrestre de ce tabernacle était
dissoute, nous aurions un édifice de Dieu, une maison, éternelle dans les cieux
qui n'a pas été faite de main d'homme (2 Corinthiens 5:1) ; et comme le dit
Christ : L'esprit est certes prompt, mais la chair est faible (Matthieu
26:41).
Sentant
que le moment de son départ pour l'éternité était proche, le staretz Philarète demanda
au staretz Géronte, chef de la Fraternité des Danielites, de lui donner sa
bénédiction et de permettre aux moines Géronte et Acace de venir à sa kalyve
dans le désert et de lui chanter quelques hymnes d'Église pour la gloire de
Dieu.
Philarète
staretz de Karoulia.
Photo de Pávlos Mylonás, 1959
Le
staretz Géronte, connaissant l'état spirituel du Père Philarète, bénit les deux
chantres aux voix exceptionnelles, qui aimaient le staretz Philarète et le respectaient.
Ils se rendirent avec joie à sa kalyve à Karoulia et lui chantèrent quelques
hymnes avec un sentiment spirituel, à savoir, " Très Sainte Dame
Souveraine ", " Ne me confie à aucune protection humaine ",
" Pères du désert d'Athos " et d'autres beaux hymnes athonites en
échange de sa prière et de sa bénédiction.
Des
larmes coulaient des yeux du staretz Philarète comme deux ruisseaux. Il
chantait à haute voix des louanges à Dieu, remerciant la toute Sainte Mère du
Christ et Génitrice de Dieu Marie. En fléchissant les genoux, il adressait une
supplication fervente au Christ son Maître :
"Préserve,
Seigneur, la communauté de la Fraternité des Danielites, ces anges du désert.
Et protège, ô mon Christ, je Te prie, tous les moines qui, par amour pour Toi
et par amour divin, ont abandonné le monde et tout ce qui s'y trouve, en sont
venus à haïr les biens illusoires de la terre, et cherchent maintenant à jouir
des bénédictions promises de la vie éternelle, dont Tu as parlé par la bouche
de Ton apôtre Paul : L'œil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu, et il n'est
pas entré dans le cœur de l'homme, les choses que Dieu a préparées pour ceux
qui l'aiment (1 Corinthiens 2:9). Protège ces moines qui sont venus ici, dans
ce lieu saint - le Mont Athos - et aussi tous ceux qui ont cherché refuge dans
ce havre appelé le Jardin de la Génitrice de Dieu, des illusions de Satan par
Ta puissance et Ta grâce. Accorde leur sobriété d'esprit, pureté de cœur et
salut pour leurs âmes et pour tous les peuples. Je Te remercie, ô mon Seigneur
!"
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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