"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 22 décembre 2023

Jad Ganem : Pas de salut en dehors de Constantinople ?


Le patriarche Bartholomée a célébré la fête de Saint-Nicolas dans l'église devenue musée portant son nom dans la ville de Demre, en Turquie. Pendant la liturgie, il a fait un sermon qui comprenait ce qui suit :

"L'Orient n'est pas seulement le lieu de naissance de grands saints, mais aussi le berceau de l'Église dans sa forme actuelle. Notre théologie et notre ecclésiologie sont originaires de ces terres sacrées, dans la juridiction canonique du Patriarcat œcuménique. C'est ici que les synodes œcuméniques se sont réunis, façonnant la conscience ecclésiastique enracinée dans le ministère du Seigneur, transcendant les distinctions nationales ou autres. La sagesse des Saints Pères a établi la pentarchie et son ordre hiérarchique, définissant les frontières, les principes et les valeurs avec une profonde perspicacité, en tenant compte de l'histoire et de la sainteté de chaque région.

Par conséquent, d'Asie Mineure, nous proclamons dans toutes les directions que la véritable et unique Église Mère est la Grande Église de Constantinople. Elle porte exclusivement l'héritage du sacrifice de Jésus sur la Croix pour toute l'humanité, donnant naissance à de nombreuses Églises de la Bulgarie à l'Ukraine. Cette déclaration n'est pas une invention moderne en ecclésiologie, mais une vérité et un héritage d'expérience hérités des Pères des Synodes œcuméniques et locaux.

Ce n'est pas seulement une affirmation théorique, mais un acte continu et béni de l'Église qui confère à Constantinople le privilège du sacrifice de la crucifixion, le chemin du sacrifice et la position de chef de toutes les Églises. Il porte systématiquement la couronne d'épines symbolisant la Passion despotique.

En tant qu'humbles successeurs, par la grâce de Dieu, de ces traditions, nous promettons de sauvegarder cette confiance sacrée. Nous refusons de renoncer au devoir sacré et à la responsabilité qui nous sont confiés.

Nous ne renonçons pas au manteau de la Mère de la Grande Église, rôle qui nous est transmis dans le sang, et nous nous engageons à le transmettre indemne et inchangé. Pendant 32 ans, et à l'avenir, nous embrassons cette tâche avec joie, au service de la Très Sainte Mère de Dieu.

Nous ne renonçons  pas à la Croix à laquelle l'Église de Constantinople s'est consacrée. Nous restons dédiés à notre appel, en honorant notre histoire et la sagesse des Pères.

Nous avons appris à conduire tous les peuples, toutes les races et toutes les langues à la Résurrection par la Croix. Nous sommes prêts à endurer la crucifixion et à nous unir au Christ jusqu'à la fin des temps, pour le bien du monde."

Les observateurs du patriarche Bartholomée se sont habitués à ses déclarations dépourvues de base dans la tradition de l'Église, qu'il répète à chaque occasion afin de renforcer l'autorité de Constantinople et de se convaincre, avant tout le monde, qu'il n'a pas dévié de la tradition et que ce qu'il fait est conforme à la conscience de l'orthodoxie. Il ne devrait donc y avoir aucune raison de rappeler à qui que ce soit que Constantinople n'a jamais été et ne sera jamais la "mère de toutes les églises" [ ce titre est depuis toujours celui de Jérusalem! NdT] et c'est une question historique réglée, n'est-ce pas ? Et que ce qu'il appelle la "conscience ecclésiastique enracinée" qui est apparue en Asie Mineure s'est développée pour la plupart avant l'existence de Constantinople. Et que le système de la Pentarchie place Rome au premier rang et nécessite une consultation entre les églises qui constituent la Pentarchie et non l'imposition de l'opinion de Constantinople sur les autres.

Tous les titres trouvés dans ce sermon, cependant, se transforment en questions secondaires une fois que le patriarche Bartholomée se dépasse lui-même et franchit toutes les lignes, déclarant que "la véritable et unique Église Mère est la Grande Église de Constantinople. Il porte exclusivement l'héritage du sacrifice de Jésus sur la Croix pour toute l'humanité."

Il ne fait aucun doute que cette théorie de l'exclusivité découle de la théorie de Constantinople en tant que "chef des églises" que le patriarche Bartholomée et ses partisans ont développée ces dernières années. Cela signifie en pratique qu'il n'y a pas de salut en dehors de l'union avec Constantinople.

C'est peut-être le sermon du patriarche Bartholomée qui est le plus éloigné de l'esprit d'œcuménisme, dont le patriarche prétend être l'un des plus fervents partisans. C'est aussi l'un de ses sermons qui est le plus éloigné de la vraie foi. De telles paroles trouveront-elles quelqu'un pour les défendre parmi les théologiens de la cour ? Pensez-vous qu'ils développeront une théorie selon laquelle le salut a lieu en confessant la primauté de Constantinople et la primauté de son chef qui est sans égal ?

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Notes on Arabe Orthodoxy

Note: Dans son ouvrage l'Eglise des Sept Conciles, Mgr Kallistos [Ware] affirme que Constantinople a une primauté d'honneur, et non une primauté semblable à celle du pape, et qu'il n'est pas le Chef des autres Eglises orthodoxes. Il est le seul évêque du Patriarcat de Constantinople à avoir protesté contre la dérive papale de son Patriarche. Son livre qui définit correctement le rôle de Constantinople dans l'Orthodoxie ( publié en 1963, et traduit et réédité depuis) n'a pas fait l'objet d'une interdiction de Constantinople.

Le patriarche de Constantinople, peut toujours prétendre que les autres chefs d'Eglises orthodoxes doivent lui obéir, il n'est rien de plus faux dans les faits. La plupart des Eglises orthodoxes n'ont pas reconnu sa création délétère et anti-canonique du schisme ukrainien créé avec des individus réduits à l'état laïc, réduction à l'état laïc qu'il avait reconnu en son temps! Seules trois églises grecques dont la Grèce et Alexandrie, ont reconnu l'aberration canonique d'Istanbul.

Nul sentiment chrétien véritable chez ce patriarche, mais le goût du pouvoir, d'une puissance purement temporelle, et une indifférence criminelle face aux souffrances des chrétiens de l'Eglise orthodoxe canonique persécutée par ses sbires ensoutannés d'Ukraine.

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