"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 29 novembre 2013

Vie de sainte Rachel moniale du grand schème du monastère du Saint-Sauveur à Borodino [1835-1928] (4)



Mère Rachel était toujours occupée avec les gens: quand elle prenait congé des laïcs, il venait des moniales qu'elle consolait et, prévoyant l'approche de la fermeture du monastère, elle préparait les sœurs à porter patiemment la croix de confesseur du Christ. Elle prédit que le monastère serait fermé après sa mort et que les sœurs se disperseraient, tandis que des impies viendraient s'y installer. Elle prédit aussi la grande guerre patriotique [la seconde guerre mondiale], la réouverture du monastère et sa propre canonisation.

Mère Rachel dirigeait ses enfants spirituels avec sagesse et humilité. Tous ses mandements étalent empreints d'amour maternel et d'une sagesse emplie de grâce.

"Dieu est tellement miséricordieux, disait-elle, que si quelqu’un a foi en Lui, même peu, il ne périra pas. Aucune Mère ne peut aimer autant ses enfants que Dieu nous aime. Comme nos péchés sont insignifiants devant la miséricorde divine! Ce n'est qu'une poignée de sable jetée dans un océan. De même qu'avec cette poignée on ne peut assécher l'océan, ainsi ne peut s'assécher la miséricorde de Dieu envers le genre humain, si pécheur qu'il soit. Et combien Dieu est proche de chacun d'entre nous, mes très chers! Il nous suffit de reprendre conscience, de soupirer du fond de l’âme, de tourner notre cœur vers Le Seigneur, et voilà que nous posons le prisme pour recevoir le soleil. Et aussitôt, Il sera avec nous, Il se reflétera en nous, car Il se tient à la porte de notre cœur et Il frappe. Ouvrons nos cœurs au Seigneur!"

Extérieurement, Mère Rachel, "la vieille" comme elle se nommait, était très petite, maigre et avait un œil qui louchait. Elle avait coutume de cacher sa personnalité spirituelle et selon les souvenirs des sœurs, Matouchka était comme une folle-en-Christ, une bienheureuse, tout d'un coup elle se mettait à gronder tout le monde ou à faire quelque chose d'inutile. Et à ses visiteurs elle répétait souvent qu'elle était "vieille et bête, et qu'elle ne savait rien du tout".

Mère Rachel, comme une grande sainte, était souvent attaquée par l'ennemi du genre humain. Les démons se lançaient à sa poursuite, lançant des bombes de feu, ou bien ils lui barraient l'accès de l'église, en barricadant le chemin d'une multitude d'obstacles (planches, filets, cordes, tas de pierres]; ils entraient dans sa cellule la nuit et ils la battaient cruellement. Mais Mère Rachel surmontait toutes ces tentations par la force du signe de la croix et en appelant à l'aide la Mère de Dieu.

En I925, pendant le Grand carême, Mère Rachel tomba gravement malade et se préparait déjà à passer dans l'éternité. Mais pendant qu'on lisait la prière des mourants, elle vit une grande cloche descendre vers son lit, elle entendit le son puissant de l’Angélus et les voix des anges qui lui annonçaient: "Tu ne mourras pas aujourd'hui! Tu dois encore annoncer la miséricorde de Dieu aux hommes!" Et effectivement, Mère Rachel se releva de son lit de mort et continua comme par le passé à recevoir les affligés et ceux qui portaient leur fardeau. Alors saint Théodose lui apparut encore une fois et en la fortifiant, lui dit: "Il y a beaucoup d'affligés dans le monde, console-les mais ne les invite pas de ta propre initiative".

Ces années-là, les visiteurs furent particulièrement nombreux. Son humilité et son amour sincère lui valurent de la part du Seigneur de grands dons de la grâce, comme on le voit à partir des multiples témoignages des contemporains sur son don de voyance et sur ses miracles. Ainsi elle prédit au diacre Jean Pétropavlovsky, du village de Véchki, canton de Mojaïsk, gouvernement de Moscou, qu'il deviendrait prêtre, ce qui arriva effectivement. L'archiprêtre Alexandre Voskresensky, de la ville de Rouza, gouvernement de Moscou, fut guéri d'un ulcère du duodénum par mère Rachel qui avait tracé de loin le signe de la croix sur l'organe malade, et le paysan du village de Riabouchkino, Vakou Efimou fut guéri par elle d'une malformation du cœur et d'une maladie des jambes. Anna Efimovna, une paysanne du même village qui souffrait d'accès de démonisme, s'entendit dire par mère Rachel: "Ton mode de vie impur t'a mené au bord du gouffre de perdition. Il faut chasser de toi le démon. Voici de l’eau bénite et une prosphore, manges-en pendant quarante jours et ta pelisse tombera." Anna fut bientôt guérie. Le fils d'un cheminot, H.N. Bodrou, de la gare de Borodino, souffrait de la danse de Saint-Guy. Par les prières de mère Rachel, la maladie le quitta.

Dans la ville de Gjatsk vivait un cocher qui par moments s'enivrait tant qu'il avait ruiné sa famille. Sa femme demanda à des connaissances qui allaient consulter mère Rachel, de lui parler de son malheur. Mère Rachel dit que le mari boive pendant trois jours du sirop de baies et de l'eau fruitée, et qu'il ne touche pas à la vodka. Après cela, il redevint définitivement sobre.



Version française
Françoise Lhoest
que nous remercions  chaleureusement

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