L'un
des principaux obstacles à la prière attentive est l'apparition de pensées
parasites. Saint Jean de Cronstadt, le grand ascète de la fin du XIXe et du début
du XXe siècles, décrit dans son journal comment, lors de la célébration de la
Divine Liturgie, dans les moments les plus cruciaux et les plus sacrés, devant les
yeux de son esprit apparaissait une tarte aux pommes ou une autre récompense qui
pourrait lui être donnée. Et avec un amer regret, il suggère comment ces images
et ces pensées parasites peuvent détruire un état de prière. Si une telle chose
s'est produite avec les saints, il n'y a rien d'étonnant qu’elle nous arrive à
nous aussi. Pour nous protéger des pensées et des images parasites, nous devons
apprendre, comme l'ont fait les anciens Pères de l'Église, "garder
nos esprits."
Chez
les écrivains ascétiques de l'Eglise ancienne, il y avait un développement
détaillé de la façon dont les pensées de l’extérieur pénètrent progressivement chez
une personne. La première étape de ce processus est appelée "suggestion [démoniaque]",
c'est l'apparition soudaine d'une pensée. Cette pensée nous est encore
complètement étrangère, mais apparaît quelque part à l'horizon; sa pénétration
à l'intérieur de nous débute quand on commence à lui prêter attention, lorsque
l’on entre en conversation avec elle, qu’on l’examine et l’analyse. Commence
alors ce que les Pères de l'Église appellent "combinaison", quand
l'esprit de l'homme en quelque sorte se confond avec la pensée. Enfin, la
pensée se transforme en passion et embrasse l'ensemble de la personne, puis à
la fois la prière et la vie spirituelle sont oubliées.
Pour
que cela ne se produise, il est très important de couper les pensées parasites
à leur première apparition, ne leur permettant pas de pénétrer profondément
dans l'âme, le cœur et l'esprit. Apprendre à faire cela exige beaucoup de
travail sur soi. On ne peut qu'être distrait à la prière, si l'on n'apprend pas
à se battre avec les pensées parasites.
Une
des maladies de l'homme moderne, c'est qu'il est incapable de contrôler le
travail de son propre cerveau. Son cerveau est autonome, et les pensées vont et
viennent spontanément. L'homme moderne en règle générale ne suit pas ce qui se
passe dans son esprit. Mais pour apprendre la vraie prière, on doit suivre ses
pensées et en expulser sans ménagement celles qui ne correspondant pas à une
disposition de prière. De courtes prières aident à surmonter les distractions
et les pensées parasites: "Seigneur, aie pitié", "Dieu, sois miséricordieux
envers moi, pécheur", et d'autres, qui ne nécessitent pas une attention
particulière sur les mots, mais inclinent à la naissance de sentiments et de
mouvements du cœur. Avec l'aide de ces prières, on peut apprendre à prier avec
attention et à se concentrer sur la prière.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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