lundi 23 juin 2014

Métropolite Hilarion: La lutte contre les pensées parasites

On Prayer XVIII: The Battle with Extraneous Thoughts

L'un des principaux obstacles à la prière attentive est l'apparition de pensées parasites. Saint Jean de Cronstadt, le grand ascète de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, décrit dans son journal comment, lors de la célébration de la Divine Liturgie, dans les moments les plus cruciaux et les plus sacrés, devant les yeux de son esprit apparaissait une tarte aux pommes ou une autre récompense qui pourrait lui être donnée. Et avec un amer regret, il suggère comment ces images et ces pensées parasites peuvent détruire un état de prière. Si une telle chose s'est produite avec les saints, il n'y a rien d'étonnant qu’elle nous arrive à nous aussi. Pour nous protéger des pensées et des images parasites, nous devons apprendre, comme l'ont fait les anciens Pères de l'Église, "garder nos esprits."
Chez les écrivains ascétiques de l'Eglise ancienne, il y avait un développement détaillé de la façon dont les pensées de l’extérieur pénètrent progressivement chez une personne. La première étape de ce processus est appelée "suggestion [démoniaque]", c'est l'apparition soudaine d'une pensée. Cette pensée nous est encore complètement étrangère, mais apparaît quelque part à l'horizon; sa pénétration à l'intérieur de nous débute quand on commence à lui prêter attention, lorsque l’on entre en conversation avec elle, qu’on l’examine et l’analyse. Commence alors ce que les Pères de l'Église appellent "combinaison", quand l'esprit de l'homme en quelque sorte se confond avec la pensée. Enfin, la pensée se transforme en passion et embrasse l'ensemble de la personne, puis à la fois la prière et la vie spirituelle sont oubliées.
Pour que cela ne se produise, il est très important de couper les pensées parasites à leur première apparition, ne leur permettant pas de pénétrer profondément dans l'âme, le cœur et l'esprit. Apprendre à faire cela exige beaucoup de travail sur soi. On ne peut qu'être distrait à la prière, si l'on n'apprend pas à se battre avec les pensées parasites.
Une des maladies de l'homme moderne, c'est qu'il est incapable de contrôler le travail de son propre cerveau. Son cerveau est autonome, et les pensées vont et viennent spontanément. L'homme moderne en règle générale ne suit pas ce qui se passe dans son esprit. Mais pour apprendre la vraie prière, on doit suivre ses pensées et en expulser sans ménagement celles qui ne correspondant pas à une disposition de prière. De courtes prières aident à surmonter les distractions et les pensées parasites: "Seigneur, aie pitié", "Dieu, sois miséricordieux envers moi, pécheur", et d'autres, qui ne nécessitent pas une attention particulière sur les mots, mais inclinent à la naissance de sentiments et de mouvements du cœur. Avec l'aide de ces prières, on peut apprendre à prier avec attention et à se concentrer sur la prière.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



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