"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 15 juin 2025

Dimanche de tous les saints



Que les prophètes et les apôtres, les maîtres et les vénérables, les hiéromartyrs et tous les justes, la multitude des saintes femmes qui ont souffert et jeûné avec amour et les rangs des justes soient loués par des hymnes sacrés comme héritiers du royaume céleste, comme habitants du paradis. (extrait de la Stichère des Matines)

Aujourd'hui, il ne serait pas déplacé, ni inapproprié, de souhaiter à tous nos frères et sœurs en Christ une heureuse et bénie journée du nom, car nous portons tous le nom d'un saint comme nom de baptême. En d'autres termes, nous avons tous un saint patron personnel. Non seulement nous pouvons commémorer le saint de notre nom dans nos prières privées, mais nous avons aussi le choix de célébrer notre fête patronale, c'est-à-dire le jour où le saint est commémoré dans le calendrier de l'Église. Si nous aimons célébrer notre anniversaire, il s'agit simplement d'un événement égocentrique, alors qu'en célébrant le jour de notre saint, notre fête, nous honorons Dieu, car la vie du saint était théocentrique. 



Dans ce pays, tant de gens ont grandi dans une forme de protestantisme, sans rien savoir de la vie des saints. C'est pourquoi le terme « nom de baptême » a été remplacé par le mot « prénom », neutre et laïque, car le prénom d'une personne peut être tout sauf chrétien. Malgré cela, tant de personnes se considèrent encore comme « chrétiennes ». Sans une connaissance intime des saints et de leur exemple vertueux, ces malheureux sont très démunis et leur expérience spirituelle s'en trouve diminuée. De nombreuses âmes pieuses, dont on se souvient aujourd'hui comme saints, ont été honorées par une glorification formelle (canonisation), mais un nom de baptême peut être le nom d'un ange (Michel, Gabriel, Raphaël) ou d'un prophète de l'Ancien Testament, tel qu'Elie, Jacob, Isaac ou Josué. Dans ces cas, il n'y aura jamais eu de glorification formelle au sens moderne du terme. Il en va de même pour les premiers martyrs, qui ont clairement donné leur vie par amour du Christ. La conscience des fidèles qui les ont enterrés a suffi à les honorer en tant que citoyens du Ciel. Lorsque nous sommes à l'église, nous sommes entourés des icônes des saints, qui nous rappellent que nous sommes mystiquement en présence de Dieu et de toute l'armée céleste.

Saint Dodo de Gareji


Dans l'Église, nous sommes vraiment bénis de connaître les saints et d'avoir une relation avec eux. Ce sujet présente quelques aspects curieux. Des noms tels que Marie, Pierre, Jean, Hélène, Matthieu, Marc, Paul, Élisabeth et tant d'autres sont manifestement des noms de saints, mais certains semblent extrêmement improbables. Qui imaginerait que Dodo puisse être un nom de baptême ? Pourtant, dans le calendrier, nous trouvons saint Dodo de Gareji, en Géorgie. Un autre nom improbable est Or, qui était moine dans le désert égyptien. Pourtant, dans le calendrier des saints, le 7 août, nous trouvons saint Or de la Thébaïde (la Thébaïde est le désert égyptien). (Il est décédé en 390. Il existe également de nombreux saints et martyrs des premiers siècles dont les noms ont une consonance entièrement païenne, tels que Zénon, Claude, Ptolémée et Cléopâtre. Il s'agit là de noms de baptême potentiels. Un autre exemple improbable est Ahmed, mais St Ahmed le Caligraphe était un converti de l'Islam qui fut martyrisé pour sa foi en Christ.  

Saint Ahmed le Calligraphe


Les pays et les villes peuvent également avoir un saint patron. En Angleterre, nous avons Saint Georges. Le drapeau de l'Angleterre, la croix rouge sur fond blanc, est communément appelé la croix de Saint-Georges, bien que l'origine de ce symbole ait fait l'objet de nombreux débats et qu'il soit problématique, d'un point de vue orthodoxe, parce que son histoire complexe inclut les croisades et l'ordre militaire des Templiers. Il existe cependant un autre exemple. La Géorgie est un pays orthodoxe. Saint Georges est le saint patron de la Géorgie et le drapeau national présente une croix rouge sur fond blanc, tout comme notre drapeau, mais avec une croix rouge plus petite dans chacun des quatre quartiers du drapeau. Saint Georges est également le saint patron de la ville de Moscou, dont les armoiries sont constituées de l'icône de Saint Georges.

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Nous célébrons aujourd'hui la Toussaint. Ce premier dimanche après la Pentecôte a toujours été spécial et, dès l'époque de saint Jean Chrysostome, à la fin du IVe siècle, il a été célébré en mémoire de tous les saints martyrs. En effet, nous voyons un écho de la fête originale si nous regardons les hymnes de l'office d'aujourd'hui. Le tropaire [Ton 4] dit :

Parée du sang de tes martyrs du monde entier / comme de pourpre et de lin, / ton Église te clame par leur intercession, ô Christ Dieu : / Étends ta compassion sur tes fidèles ; // accorde la paix à ton peuple et à nos âmes la grande miséricorde.

Dans le Kontakion [Ton 8], nous lisons : 

Comme prémices de la nature, le monde entier t'offre, Seigneur, / les Martyrs théophores, à toi qui fais pousser la création ; / par leurs supplications et les prières de la Mère de Dieu, // garde ton Église dans une paix profonde, ô Très-Miséricordieux.


Tous les saints identifiés ont un jour spécial pour leur commémoration, qui est généralement le jour de leur anniversaire céleste, qu'ils aient été martyrisés ou que leur trépas ait eu des causes naturelles. Le jour de la Toussaint inclut également tous ceux qui ont mené des vies cachées et dont la vertu n'est connue que de Dieu. Ces multitudes sans nom sont toujours capables d'intercéder pour nous, et aujourd'hui est une occasion spéciale pour nous de demander leur aide. 

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L'Évangile d'aujourd'hui est un ensemble de versets (Matthieu 10, 32-33, 37-38 et 19, 27-30). Les versets de l'Évangile de saint Matthieu sont rassemblés pour illustrer, à partir des paroles mêmes du Christ, la manière dont nous devrions comprendre et adopter une véritable échelle de valeurs. 


Le commentaire souligne que les paroles du Seigneur aux fidèles étaient « confessez-moi », ce qui signifie que la force et la grâce seront données d'en Haut. Cependant, pour les incrédules, il dit « quiconque me reniera ». L'implication est qu'ils ne reçoivent pas d'aide d'en Haut. Ils finiront par entendre les paroles « Je ne te connais pas ». Au verset 38, le Christ parle de « se charger de la croix ». La crucifixion est une mort honteuse, mais de nombreux criminels l'ont subie. Ce n'est pas leur exemple qui est recommandé, car le Christ ajoute les mots « et suivez-moi ». Il s'agit d'une proposition métaphorique, ce qui signifie que toute souffrance ou humiliation, pour l'amour du Christ, est une croix.

Dans les derniers versets du chapitre 19, le Seigneur l'explique clairement. Il ne laisse planer aucun doute sur le fait que si, pour l'amour de Dieu, nous ne sommes pas attachés à des terres, nous recevrons le Paradis, ou des maisons, nous verrons la Jérusalem céleste. Pour les mères, nous recevrons les saintes Mères de l'Église. Au verset 30 (la fin du chapitre), Théophylacte dit dans son commentaire : Le Christ suggère ici les Juifs et les Gentils. En effet, les Juifs, qui étaient les premiers, sont devenus les derniers, tandis que les païens, qui étaient les derniers, ont été mis au premier rang. Mais pour que vous compreniez et appreniez clairement ce que cela signifie, il ajoute la parabole suivante. La lecture de l'Évangile d'aujourd'hui, lors de la liturgie, se termine au verset 30. Ce qui suit, au début du chapitre 20, est la parabole des ouvriers salariés. Dans le cadre d'une étude personnelle, il peut être utile de lire les versets 1 à 16 pour suivre la ligne de pensée de Théophylacte.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 

ENGLAND



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