Le peuple qui accueillait le Seigneur lors de son entrée à Jérusalem, désireux de lui témoigner respect et honneur, utilisait ce qui était facilement disponible, les branches et les palmes des palmiers locaux. Le dimanche des Rameaux*, cela traduit liturgiquement dans les pays du Nord où les palmiers ne poussent pas. Le saule était souvent utilisé à la place du palmier, principalement parce qu'au début du printemps, c'est l'un des premiers arbres à verdir, à s'épanouir, alors que de nombreux arbres à feuilles caduques sont encore dans leur sommeil hivernal sans feuilles. Dans certains endroits, le buis (boxus sempervirens) ou d'autres arbres à feuilles persistantes ont été utilisés. Plus récemment, la coutume de plier les feuilles de palmier en forme de croix s'est imposée. Ces symboles sont bénis à l'église le dimanche des Rameaux et distribués aux fidèles, qui les ramènent chez eux et les conservent avec respect dans le coin des icônes.
Ce week-end spécial et unique, avec le samedi de Lazare et le dimanche des Rameaux, est le lien entre le Grand Carême et la Semaine Sainte. Les offices ont le caractère d'un récit historique, mais ils sont plus que de simples commémorations d'événements d'un passé lointain. Liturgiquement, nous « revivons » ces événements. Cela est souligné par l'utilisation fréquente du mot « aujourd'hui ». Par exemple, le samedi de Lazare, nous chantons : « Aujourd'hui, Béthanie proclame à l'avance la résurrection du Christ ». Marthe et Marie se sont toutes deux lamentées sur la mort de Lazare. Toutes deux ont dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Elles savaient que le Seigneur avait guéri beaucoup de malades et de mourants, et qu'Il avait ressuscité la fille de Jaïre. Même le fils de la veuve de Naïn était mort depuis peu car, en ce temps-là, on enterrait les défunts sans délai, contrairement aux coutumes funéraires actuelles. Lazare était mort depuis quatre jours et il était évident que la décomposition avait déjà commencé à progresser. Pourtant, le Seigneur démontre que ce miracle dépassera tous les miracles précédents, car il s'agit d'une prophétie, non pas en paroles, mais en actes. Le Christ prépare le peuple à ce qui se passera dans une semaine.
Plus tôt dans le Grand Carême, nous avons trouvé l'utilisation grammaticale de la première personne dans les canons mentionnant le fils prodigue, le bon samaritain et l'homme riche (et Lazare). Ainsi, nous ne sommes pas simplement des observateurs et des spectateurs, mais des participants. Nous trouvons également d'autres références historiques dans les textes liturgiques, telles que « Aujourd'hui, la grâce de l'Esprit Saint nous a rassemblés ». Cela rappelle la coutume des moines palestiniens de l'Antiquité, qui quittaient leur monastère pour passer le Grand Carême dans la solitude du désert. Ils se réunissaient à nouveau pour le dimanche des Rameaux afin de commémorer les événements de la Passion du Christ et de célébrer Sa Résurrection le dimanche suivant. Nous rappelons que cette coutume de passer le Grand Carême seul dans le désert a été le moyen par lequel Abba Zossime a rencontré Sainte Marie d'Egypte.
Le passage de l'Évangile du dimanche des Rameaux pour la liturgie est Jean 12, 1-18. La première moitié de cette lecture concerne Lazare, ressuscité des morts par le Christ. Mercredi dernier, les prières et les hymnes des offices mentionnaient la mort de Lazare. Samedi (samedi de Lazare), nous avons commémoré la résurrection de Lazare. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres de la manière dont les offices du Carême et de la Semaine Sainte sont liés par des thèmes. La résurrection de Lazare est le dernier miracle du Christ, mais le thème du retour d'un mort avait déjà été mentionné par le Christ, par exemple dans la parabole de l'homme riche et du pauvre, qui s'appelait aussi Lazare. Dans ce cas, bien que la demande ait été faite, elle fut refusée. En effet, à cette occasion, le Christ a expliqué que le fait que quelqu'un ressuscite d'entre les morts ne convaincrait pas ceux qui ne veulent pas croire. Il s'agit également d'une prophétie concernant ce qui se passera après Sa propre résurrection. Toutes ces références à la résurrection avaient pour but de préparer le peuple à ce qui allait suivre Sa propre crucifixion.
extrait de l'ode 3 du Canon de Matines
Lazare était mort depuis quatre jours,* sur Ton ordre l'Hadès tremblant le congédia de ses charniers; * ô Christ, Tu es la Vie et la Résurrection, * sur Toi fut fondée L'Elisée qui Te crie: Hosanna, * Seigneur qui viens, Tu es béni.
La résurrection de Lazare amena de nombreuses personnes à croire au Christ, au grand désarroi et au ressentiment des pharisiens, qui complotaient contre eux. Lazare s'est assis à table avec le Christ et ses disciples, témoignant qu'il était bel et bien vivant. En effet, il vécut encore trente ans, mais pour échapper à la persécution des Judéens, il alla vivre sur l'île de Chypre.
Marie oignit les pieds du Christ. Le mot Christ signifie « Oint ». Lorsque le Christ s'incarna, Sa nature divine oignit mystiquement notre nature humaine. Lors du baptême, après la triple immersion dans l'eau, le nouveau chrétien est oint d'huile (chrême) qui est le symbole de son union au Christ "Oint".
En ce temps-là, dans la maison de Lazare, Marie et Marthe, Judas Iscariote montra son vrai caractère en critiquant le « gaspillage » du précieux parfum. Parmi les gens, il y avait une certaine confusion dans leurs pensées, car beaucoup d'entre eux espéraient que le Messie libérerait leur pays de l'occupation romaine. En fait, on avait déjà demandé au Christ s'Il était venu restaurer le royaume d'Israël. Ainsi, lorsque le Seigneur fit son entrée solennelle à Jérusalem, Il ne monta pas sur un char ou un beau cheval, mais sur une bête de basse extraction, un ânon. Pourquoi fit-Il cela ? Plus tard dans la semaine, le Christ donna sa réponse lorsqu'Il dit à Ponce Pilate que son royaume « n'est pas de ce monde ». Ainsi, le Christ n'a pas utilisé, ni eu besoin, de l'apparat du monde pour démontrer Sa royauté.
Pourtant, le peuple cria Hosanna et l'honora avec des branches de palmier. Dans son commentaire de l'Évangile, le bienheureux Théophylacte explique que les palmes étaient utilisées pour honorer les vainqueurs dans les compétitions sportives, de la même manière que les couronnes de laurier. Dans son commentaire, il explique également que les apôtres furent assez lents à comprendre la signification de toutes ces choses, bien que tout ait été annoncé par les prophètes. La lecture de l'Évangile d'aujourd'hui se termine en nous disant que tout est devenu clair pour les apôtres après l'Ascension du Christ et, ensuite, à la Pentecôte avec la descente de l'Esprit Saint. Ainsi, comme vous le voyez, les aspects et les thèmes de la foi sont à la fois liés et expliqués dans les diverses fêtes et commémorations de l'Église tout au long de l'année.
Avant Ta passion volontaire, Christ notre Dieu, Tu donnas à tous les hommes l'assurance de la résurrection générale ; en effet, à Béthanie, Tu ressuscitas par Ta toute-puissance Lazare qui était mort depuis quatre jours, et en tant que dispensateur de lumière, ô Sauveur, Tu rendis la vue aux aveugles. Avec Tes disciples, Tu entras dans la ville sainte, assis sur le petit de l'âne comme sur un chérubin, et Tu accomplis ainsi la prédication des prophètes. Les enfants des Hébreux, portant des palmes et des rameaux, allèrent à Ta rencontre. C'est pourquoi nous aussi, portant des palmes et des rameaux d'olivier, nous crions vers Toi en signe d'action de grâces : Hosanna au plus haut des cieux, béni est celui qui vient au Nom du Seigneur. (extrait des stichères des Matines)
* Autrefois aussi appelé Dimanche de l'Hosanne
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